Lettres de Marie-Antoinette à des destinataires inconnus

Petit jeu de l'hiver .  

Cette lettre de Marie-Antoinette (qui passe bientôt aux enchères) était-elle destinée à la princesse de Lamballe ou à Madame de Polignac ?



Transcription de cette lettre inédite de Marie-Antoinette, non publiée dans la correspondance de Mme Lever :   

"Ce 2 décembre
Je n'ai pas besoin de vous dire mon coeur quel plaisir a éprouvé le roy à terminer l'affaire de Mr. de Luxembourg qu'on ne pouvoit plus retarder mais cela est aujourd'hui de l'histoire ancienne. Ce qui n'en est pas c'est que l'on presse fort l'affaire du chapeau à quoi le pape ne semble pas enclin de lui-même. L'archiduchesse est en Italie, j'ai espérée jusqu'à hier d'avoir une solution sur le fait de votre protégée mais j'esprouve que l'intérêt que je porte aux gens n'est pas toujours la meilleur recommandation. Les circonstances présente affectent beaucoup mon coeur. Plaigniez votre amie, je vous promet de rappeler la chose à Mr (?). Je vous embrasse de toute mon âme.
Marie-Antoinette"

Je ne la reconnais pas parmi celles adressées à Mme de Polignac ...

Serait-ce une lettre à la princesse de Lamballe, alors ??

Qu'est-ce que c'est que cette affaire du chapeau ?
Quelqu'un a une idée, à part le parti des Chapeaux, du père de Fersen ?

Un chapeau de cardinal. Elle parle d'une nomination comme cardinal j'ai l'impression.

J'aurais pensé qu'elle était adressée à madame de Polignac...

C'est fort possible en effet.

Cette lettre nous entraîne à plusieurs interrogations.

Premièrement le/la destinataire. Seules mesdames de Polignac et de Lamballe ont droit à "mon coeur" de la part de Marie-Antoinette. Quelqu'un d'autre nous aurait échappé ?

Pour le chapeau, pas de difficulté : c'est bien un chapeau de cardinal, puisque le pape y est nommé dans la même phrase. Et l'Italie est évoquée.

L'archiduchesse ? La seule qui a gardé ce titre jusqu'au bout est Marie-Christine. C'est donc déjà la preuve que Marie-Antoinette n'hésitait pas à la contacter quand elle souhaitait protéger quelqu'un.
Nous n'avons pas de date. Mais il faudrait peut-être savoir quand donc Marie-Christine voyage en Italie. S'y rend-elle suite à son séjour en France ? Et expliqueraient du coup un léger rapprochement entre les deux soeurs ? 1786 si je ne m'abuse ?

Leurs rapports semblent cependant toujours un peu conflictueux puisque Marie-Antoinette avoue elle-même que sa propre recommandation aurait plutôt un effet négatif. Vis-à-vis seulement de sa soeur ? Voire vis-à-vis du pape ?
En tout cas, c'est un situation qui lui donne du chagrin.
Nous sommes si la datation est 1786 à un moment où Rohan, lui-même cardinal, a connu un procès public, mal accepté par le pape, seul en droit de juger un prince d'Eglise. Veut-il du coup bloquer de nouvelles promotions françaises ?
Et surtout refuser ce chapeau à un protégé de la reine par qui le scandale est arrivé...

Sa protégée ? Nous n'aurions pas ce e marque du féminin nous penserions forcément au candidat. Mais là ? Parlons-nous de la mère, de la soeur, bref une femme qui s'intéresse au sort d'un prêtre promis à un grand avenir ? Dame qui fait appel à l'une des personnes les plus puissantes de la cour, approchant facilement la reine, cette dernière essayant à son tour de contribuer vainement au succès de l'entreprise, qui demande ensuite de l'aide à sa soeur sur place.
Mais tout cela est inutile et il n'y a plus qu'à plaindre la solliciteuse...
Peut-être une ouverture auprès de ce Mr, mais là encore mystère. Le cardinal de Bernis ambassadeur à Rome ?  

Bref quelle est cette dame ? Et quel est cet homme qui devrait recevoir le chapeau de cardinal ? L'a-t-il finalement obtenu ?

Je pense que nous pourrions trouver dans d'autres sources (almanachs par exemple) les promotions de cardinaux français et les recalés.
A moins que ce soit un Italien qu'a connu la princesse de Lamballe ? àè-è\':

Chers amis,

Simple hypothèse de travail: et s'il s'agissait du chapeau de cardinal de Loménie de Brienne qui a reçu cette dignité le 15 décembre 1788? Quant à l'affaire avec M de Luxembourg  il s'agit sans doute du duc Anne Sigismond de Montmorency-Luxembourg (1837-1803) qui était l'administrateur général du Grand Orient. Il était partisan de faire donner plus de responsabilités à la grande noblesse ce qui, en cette période agitée, semblait ne pas plaire du tout à Marie-Antoinette ni au roi. Enfin, vous remarquerez que M est suivi de ce qui semble être un n minuscule qui pourrait peut être désigner Necker revenu aux affaires à l'été 1788.
Cela ne résout pas bien sûr le problème posé par l'identité de la destinatrice de cette lettre.

Bien à vous. Roi cavalerie.

Vous êtes une vraie lumière cher Roi-cavalerie !

J'ai l'impression d'avoir déjà lu ce billet mot pour mot et d'avoir eu cette même discussion. Peut être bien par un billet de même teneur écrit à quelqu'un d'autre ? (à la conciergerie ?)

J'avais alors penché pour le chapeau de M. de Toulouse (Loménie). Son athéisme notoire expliquant les réticences (légitimes) du Pape.

Cependant certain disent qu'il obtint le chapeau comme compensation de son départ du ministère en 1788.
Soit le billet est plus tardif, soit c'est un autre.

Roi-cavalerie a écrit: Enfin, vous remarquerez que M est suivi de ce qui semble être un n minuscule qui pourrait peut être désigner Necker revenu aux affaires à l'été 1788.

Bien vu, cher Roi-cavalerie.

Roi-cavalerie a écrit:
Cela ne résout pas bien sûr le problème posé par l'identité de la destinatrice de cette lettre.
.

Je pencherais plutôt pour la duchesse de Polignac. En 1788, cela fait belle lurette que la princesse de Lamballe a été quelque peu mise à l'écart des affaires par la reine. En tout cas, s'agissant de nominations à des charges, le nom "Polignac" fait tout de suite tilt !!

Le seul autre cardinal français nommé en cette fin XVIIIe est Mgr de (Montmorency-)Laval, évêque de Metz. Or sa nomination ne posa aucun problème.
D'autant plus si le M. N parle de Necker, auquel cas il s'agit de l'époque où il est ministre.

La lettre est datée du 2 décembre, or Loménie sera fait cardinal le 15. Donc je pense que le billet est de 1788.

Ce qui serait curieux, ce serait de voir madame de Polignac solliciter un chapeau de cardinal pour Loménie. Il n'était vraiment pas de ses amis. Quant à madame de Lamballe, je ne crois pas qu'elle ait eu le moindre lien avec ce ministre.

D'autant que nous ne savons toujours pas qui serait cette protégée, celle qui veut voir cet homme devenir cardinal. C'est plus cette dame mystérieuse qui occupent Marie-Antoinette et son interlocutrice, elle-même tout autant inconnue.

Pourquoi ne pas s'adresser à Mademoiselle Bertin? N'est-elle pas modiste? : boudoi26 

Bien à vous.

Reinette a écrit:Ce qui serait curieux, ce serait de voir madame de Polignac solliciter un chapeau de cardinal pour Loménie. Il n'était vraiment pas de ses amis.

Non, certes ! Calonne, grand ami des Polignac, avait été viré du contrôle des Finances au profit de Loménie de Brienne ...

Messages déplacés ici.

Lucius a écrit:J'ai l'impression d'avoir déjà lu ce billet mot pour mot et d'avoir eu cette même discussion. Peut être bien par un billet de même teneur écrit à quelqu'un d'autre ? (à la conciergerie ?)

Comme je viens de poster un message dans cet autre sujet, je suis donc tombé sur cette discussion.
Tu n’es pas fou...
C’était ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t280p105-les-lettres-de-marie-antoinette-a-madame-de-polignac

Je poste à nouveau dans ce sujet cette lettre que nous avions présentée, car l’image est plus nette.
Elle fera partie de la vente aux enchères organisée le 3 mars prochain, à Drouot Paris, par l’étude Coutau Bégarie : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1701p15-ventes-aux-encheres-annee-2015

Présentation de l'expert :
Cette lettre autographe signée : Marie-Antoinette, ce 2 octobre (sans date), probablement adressée soit à la princesse de Lamballe, née Marie-Thérèse de Savoie (1749-1792) soit à la duchesse de Polignac (1749-1793), au sujet de l’affaire de Mr. de Luxembourg.

La nuit, la neige a écrit: au sujet de l’affaire de Mr. de Luxembourg.

Je me souviens d'une vague histoire entre Mme de Polignac et Luxembourg qui aurait essayé de lui nuire .
Il faudrait que je retrouve ...

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C'était à l'automne 1775, à Fontainebleau , Besenval soupçonne le duc de Coigny, le chevalier de Luxembourg et le duc de Lauzun d'intriguer pour les perdre, la comtesse Jules et lui, dans l'esprit de la reine .

Ah ? Merci...
Mais en ce cas, quel est le rapport avec cette « affaire du chapeau » que nous évoquions au début de ce sujet ?

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... peut-être une affaire de chapeau de cardinal, puisqu'elle écrit que le pape n'y est pas très enclin ?

L...( ?) est en Italie .

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Où il est encore question de M. de Luxembourg, et nous sommes toujours en ce même automne à Fontainebleau ... son affaire serait-elle de mettre Artois sur le trône de Pologne ?

Mme la princesse de Lamballe, surintendante de la maison de la reine et son amie intime alors, vint à Fontainebleau, donna à souper aux gens que la reine traitait le mieux, et ne me pria pas. La reine me dit d'y aller. Je connaissais trop Mme de Lamballe pour ne pas croire que cela fût léger, et je n'y fus pas. La reine m'y mena le lendemain, et me dit en me présentant à elle : « Je vous demande d'aimer comme votre frère l'homme du monde que j'aime le mieux et à qui je dois le plus : que votre confiance en lui soit sans bornes comme la mienne. » Mme de Lamballe eut le droit de regarder cette présentation comme la confidence la plus importante, et de me croire infiniment plus cher à la reine que je ne l'étais en effet. Sa conduite fut conforme à cette idée, et l'on ne fut pas longtemps à s'apercevoir de notre intimité.
Dans ce temps, M. le chevalier de Luxembourg, précédemment bien traité par la reine et encore une espèce de favori de M. le comte d'Artois, lui demanda une audience particulière pour lui détailler le plan qu'il avait fait de mettre M. le comte d'Artois sur le trône de Pologne. La reine l'écouta avec embarras et avec trouble, et lui répondit froidement qu'elle ne voulait se mêler en rien des affaires d'État. Elle m'envoya chercher, et me raconta la conversation qu'elle venait d'avoir avec lui : j'en profitai pour la presser vivement de s'expliquer sur le traité de Russie, et je vis avec une douleur inexprimable combien cela était au-dessus de ses forces et de son courage ; elle me montra tant d'effroi et si peu de caractère, que je dus dès lors ne plus compter sur elle.

Mémoires du duc de Lauzun

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Mme de Sabran a écrit:.

... peut-être une affaire de chapeau de cardinal, puisqu'elle écrit que le pape n'y est pas très enclin ?

L...( ?) est en Italie .

A consulter la transcription de cette lettre sur le catalogue, je pencherais pour Loménie de Brienne qui s'est effectivement rendu en Italie après avoir quitté son ministère le 24 aout 1788 et il y est resté deux ans.

En effet la reine écrit:

".... mais cela est en effet de l'histoire ancienne ce qui n'en est pas c'est que l'on presse fort l'affaire du chapeau à quoi le pape ne semble pas enclin de lui même, l'arch... est en Italie...."

puis quelques lignes après: "... je vous promets de rappeler la chose à M N..."

On peut alors penser qu'il s'agit de Necker qui était revenu aux affaires à l'été donc on pourrait se trouver en décembre 1788 (xbre)

Amicalement votre Roi-cavalerie