La correspondance de Marie-Antoinette avec son frère Joseph II
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La correspondance de Marie-Antoinette avec son frère Joseph II
Facsimilé d'une lettre de Marie-Antoinette à Joseph II, concernant l'affaire dite des Bouches de l'Escaut :
Transcription :
"Je vous renouvelle de toute mon âme, mon cher frère, mon compliment et ma joie sur la décision de l'affaire de la Hollande. Elle me paraît bien assurée, quoique, dans certains moments, je craigne que ces républicains, qui n'ont pu se décider que par la peur, ne reprennent de la hardiesse en voyant vos troupes s'éloigner, et ne fassent les difficiles sur les articles qui n'ont pu être décidés le jour de la grande conférence.
J'espère qu'actuellement, on ne pourra plus répandre des nuages sur l'alliance. Je n'ai pas besoin d'exhortations pour y veiller ; elle m'est plus précieuse qu'à personne.
Si on était venu à bout de la rompre, je n'aurais plus connu ni bonheur ni tranquillité.
J'ai eu grand plaisir à m'acquitter de votre commission pour M. de Mercy, et je vous remercie, mon cher frère, de ce que vous avez pensé à m'en charger. Il s'est conduit dans cette dernière affaire avec un mélange de fermeté, de patience et de douceur qui a été très utile et qui était peut-être nécessaire, vu la disposition des esprits. Si Mylord Stormond en eût agi de même, nous n'aurions peut-être pas eu la dernière guerre, au moins la rupture n'eût été, ni si violente, ni si prompte.
Mes enfants se portent à merveille. Ma fille est ici à Fontainebleau avec moi, les autres sont restés, l'un à Saint-Cloud, l'autre à Versailles. Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout mon coeur."
Lettre retranscrite dans la Correspondance publiée par Mme Evelyne Lever (pp. 447-448).
Transcription :
"Je vous renouvelle de toute mon âme, mon cher frère, mon compliment et ma joie sur la décision de l'affaire de la Hollande. Elle me paraît bien assurée, quoique, dans certains moments, je craigne que ces républicains, qui n'ont pu se décider que par la peur, ne reprennent de la hardiesse en voyant vos troupes s'éloigner, et ne fassent les difficiles sur les articles qui n'ont pu être décidés le jour de la grande conférence.
J'espère qu'actuellement, on ne pourra plus répandre des nuages sur l'alliance. Je n'ai pas besoin d'exhortations pour y veiller ; elle m'est plus précieuse qu'à personne.
Si on était venu à bout de la rompre, je n'aurais plus connu ni bonheur ni tranquillité.
J'ai eu grand plaisir à m'acquitter de votre commission pour M. de Mercy, et je vous remercie, mon cher frère, de ce que vous avez pensé à m'en charger. Il s'est conduit dans cette dernière affaire avec un mélange de fermeté, de patience et de douceur qui a été très utile et qui était peut-être nécessaire, vu la disposition des esprits. Si Mylord Stormond en eût agi de même, nous n'aurions peut-être pas eu la dernière guerre, au moins la rupture n'eût été, ni si violente, ni si prompte.
Mes enfants se portent à merveille. Ma fille est ici à Fontainebleau avec moi, les autres sont restés, l'un à Saint-Cloud, l'autre à Versailles. Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout mon coeur."
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Lettre retranscrite dans la Correspondance publiée par Mme Evelyne Lever (pp. 447-448).
Invité- Invité
Consommation du mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette : lettres inédites à Joseph II
J'ai retrouvé deux lettres très intéressantes aux archives des Habsbourg à Vienne le mois dernier, qui ne laissent aucun doute sur le rôle critique que joue l'empereur Joseph II dans la consommation du mariage de sa sœur Marie-Antoinette.
Ce qui est encore plus intéressant, c'est le ton de ces deux lettres. La consommation du mariage est un sujet au deuxième plan pour la reine, qui se plaint des reprimandes qui lui envoie son frère au sujet de sa passion pour le jeu tandis que le roi parle franchement de ses espérances d'avoir bientôt un enfant. "C'est à vous que nous devons ce bonheur, " écrit-il à l'empereur.
Ces lettres sont des copies conservées parmi les papiers du comte de Mercy et je les crois inédites (mais peut-être je me trompe).
Transcriptions : Evelyn Farr
Louis XVI à Joseph II 21 décembre 1777
« Copie de la lettre du Roi de France du 21 Xbre 1777
Mon cher Beau Frère, je ne pense pas laisser partir le courrier de la Reine sans me rappeler à votre souvenir. J’espère que vous ne doutez pas de tous les vœux que je fais pour votre bonheur dans le cours de l’année prochaine. Je n’oublierai jamais celui que j’ai eu dans celle-ci de faire votre connaissance. J’espère que vous vous ne reviendrez de la parole que vous m’avez donné de revenir un jour. Vous me reprocherez pourtant de ne vous avoir pas mandé ce qui s’est passé entre la Reine et moi. J’attendais quelque chose de plus pour vous en faire part. Deux fois nous avons eu quelques légères espérances, mais malgré qu’elles n’aient pas réussi, je suis sûr d’avoir fait ce qu’il faut, et j’espère que l’année prochaine ne se passera pas sans vous avoir donné un neveu ou une nièce. C’est à vous que nous devons ce bonheur, car depuis votre voyage cela a toujours été en mieux jusqu'à parfaite conclusion. Je compte assez sur votre amitié pour en oser vous faire ces détails.
Adieu, mon cher Beau Frère, je vous embrasse de tout mon cœur. Je vous prie d’embrasser l’impératrice de ma part et de Lui renouveler les assurances de mon sincère attachement et les vœux que je fais pour sa santé. Je vous prie de faire mes compliments aussi à toute la famille. »
____________________________________________________
Marie-Antoinette à Joseph II 20 décembre 1777
« Copie de la lettre de la Reine de France du 20 xbre 1777
Votre lettre m’afflige beaucoup, mon cher frère. Vous tournez contre moi ce que était la suite de ma sincérité et confiance en vous. J’ai été véritablement étonnée de certains contes faits à Paris sur le voyage de Fontainebleau, et comme la plupart n’avaient nul fondement ils sont évanouis peu après le retour des témoins oculaires. Il est bien fâcheux pour moi de n’avoir pas la même ressource dans ma patrie, et surtout auprès de vous, mon cher frère ; par exemple, on serait bien surpris ici de voir nommer M. le duc de Chartres comme mauvais joueur. Il n’a pas joué une seule fois du voyage chez moi ; pour le comte d’Artois, je sais les propos qu’on lui a fait tenir ; jamais ils étaient si absurdes qu’ils sont tombés d’eux-mêmes, et mon frère [d’Artois] le premier en a ri. Des friponneries de femmes, je n’en ai vues, ni entendu parler ; la mauvais compagnie il y en a toujours eu un peu au jeu de la Cour lorsqu’on joue à table ronde, parce que c’est l’usage en France de laisser entrer tout le monde depuis près de 8 ans que je suis ici. Je l’ai toujours vu, surtout à Fontainebleau, où il y a beaucoup plus de monde.
J’espérais bien, mon cher frère, vous apprendre cette fois ma grossesse. Mes espérances sont encore reculées, mais j’ai grande confiance que ce n’est pas pour longtemps, le Roi vivant tout à fait avec moi, surtout depuis le retour de Fontainebleau qu’il chasse moins. Je vais parler à M. de Sartine pour votre protégé. Sa situation est bien intéressante et je ne crois pas qu’il y en ait de plus meritant. Le Roi vous écrit – je vous envoie sa lettre. Pour moi, je ne fais des voeux si ardents pour personne que pour vous, mon cher frère Je désire surtout que vous me rendiez votre estime, qui me parait un peu altérée. Pour votre amitié, vous m’en avez donné tant de preuves, et j'en ai tant pour vous, qu’il n’y aurait plus de bonheur pour moi si elle venait à diminuer.
Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout mon cœur. »
Ce qui est encore plus intéressant, c'est le ton de ces deux lettres. La consommation du mariage est un sujet au deuxième plan pour la reine, qui se plaint des reprimandes qui lui envoie son frère au sujet de sa passion pour le jeu tandis que le roi parle franchement de ses espérances d'avoir bientôt un enfant. "C'est à vous que nous devons ce bonheur, " écrit-il à l'empereur.
Ces lettres sont des copies conservées parmi les papiers du comte de Mercy et je les crois inédites (mais peut-être je me trompe).
Transcriptions : Evelyn Farr
Louis XVI à Joseph II 21 décembre 1777
« Copie de la lettre du Roi de France du 21 Xbre 1777
Mon cher Beau Frère, je ne pense pas laisser partir le courrier de la Reine sans me rappeler à votre souvenir. J’espère que vous ne doutez pas de tous les vœux que je fais pour votre bonheur dans le cours de l’année prochaine. Je n’oublierai jamais celui que j’ai eu dans celle-ci de faire votre connaissance. J’espère que vous vous ne reviendrez de la parole que vous m’avez donné de revenir un jour. Vous me reprocherez pourtant de ne vous avoir pas mandé ce qui s’est passé entre la Reine et moi. J’attendais quelque chose de plus pour vous en faire part. Deux fois nous avons eu quelques légères espérances, mais malgré qu’elles n’aient pas réussi, je suis sûr d’avoir fait ce qu’il faut, et j’espère que l’année prochaine ne se passera pas sans vous avoir donné un neveu ou une nièce. C’est à vous que nous devons ce bonheur, car depuis votre voyage cela a toujours été en mieux jusqu'à parfaite conclusion. Je compte assez sur votre amitié pour en oser vous faire ces détails.
Adieu, mon cher Beau Frère, je vous embrasse de tout mon cœur. Je vous prie d’embrasser l’impératrice de ma part et de Lui renouveler les assurances de mon sincère attachement et les vœux que je fais pour sa santé. Je vous prie de faire mes compliments aussi à toute la famille. »
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Marie-Antoinette à Joseph II 20 décembre 1777
« Copie de la lettre de la Reine de France du 20 xbre 1777
Votre lettre m’afflige beaucoup, mon cher frère. Vous tournez contre moi ce que était la suite de ma sincérité et confiance en vous. J’ai été véritablement étonnée de certains contes faits à Paris sur le voyage de Fontainebleau, et comme la plupart n’avaient nul fondement ils sont évanouis peu après le retour des témoins oculaires. Il est bien fâcheux pour moi de n’avoir pas la même ressource dans ma patrie, et surtout auprès de vous, mon cher frère ; par exemple, on serait bien surpris ici de voir nommer M. le duc de Chartres comme mauvais joueur. Il n’a pas joué une seule fois du voyage chez moi ; pour le comte d’Artois, je sais les propos qu’on lui a fait tenir ; jamais ils étaient si absurdes qu’ils sont tombés d’eux-mêmes, et mon frère [d’Artois] le premier en a ri. Des friponneries de femmes, je n’en ai vues, ni entendu parler ; la mauvais compagnie il y en a toujours eu un peu au jeu de la Cour lorsqu’on joue à table ronde, parce que c’est l’usage en France de laisser entrer tout le monde depuis près de 8 ans que je suis ici. Je l’ai toujours vu, surtout à Fontainebleau, où il y a beaucoup plus de monde.
J’espérais bien, mon cher frère, vous apprendre cette fois ma grossesse. Mes espérances sont encore reculées, mais j’ai grande confiance que ce n’est pas pour longtemps, le Roi vivant tout à fait avec moi, surtout depuis le retour de Fontainebleau qu’il chasse moins. Je vais parler à M. de Sartine pour votre protégé. Sa situation est bien intéressante et je ne crois pas qu’il y en ait de plus meritant. Le Roi vous écrit – je vous envoie sa lettre. Pour moi, je ne fais des voeux si ardents pour personne que pour vous, mon cher frère Je désire surtout que vous me rendiez votre estime, qui me parait un peu altérée. Pour votre amitié, vous m’en avez donné tant de preuves, et j'en ai tant pour vous, qu’il n’y aurait plus de bonheur pour moi si elle venait à diminuer.
Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout mon cœur. »
Dernière édition par Lady Bess le Dim 23 Sep 2018, 23:43, édité 1 fois
Lady Bess- Messages : 101
Date d'inscription : 14/01/2018
Re: La correspondance de Marie-Antoinette avec son frère Joseph II
Lady Bess a écrit:
J'ai retrouvé deux lettres très intéressantes aux archives des Habsbourg à Vienne le mois dernier, qui ne laissent aucun doute sur le rôle critique que joue l'empereur Joseph II dans la consommation du mariage de sa sœur Marie-Antoinette.
Merci, merci ma chère Lady Bess !!! Cette lettre de Marie-Antoinette à Joseph est très certainement un inédit ( !!! ) car je ne la vois pas figurer dans le recueil d'Evelyne Lever . Encore une exclusivité de notre Forum, grâce à toi !
Je n'ai jamais lu non plus nulle part celle de Louis XVI.
Lady Bess a écrit:Ce qui est encore plus intéressant, c'est le ton de ces deux lettres. La consommation du mariage est un sujet au deuxième plan pour la reine, qui se plaint des reprimandes qui lui envoie son frère au sujet de sa passion pour le jeu tandis que le roi parle franchement de ses espérances d'avoir bientôt un enfant. "C'est à vous que nous devons ce bonheur."
C'est très juste, très curieux ! Marie-Antoinette semble d'une légèreté choquante, mais tracassée malgré tout de l'opinion que Joseph peut avoir d'elle, soucieuse aussi de garder son estime, son affection . Elle semble réagir comme une petite fille vexée d'être prise en faute et qui n'est peut-être pas vraiment en paix avec sa conscience. .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La correspondance de Marie-Antoinette avec son frère Joseph II
J'aime bien le
Marie-Antoinette a écrit:Des friponneries de femmes, je n’en ai vues, ni entendu parler
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La correspondance de Marie-Antoinette avec son frère Joseph II
Je constate la bonne volonté de Louis XVI ...
J'allais dire, il a tout de même fini par s'en sortir, mais non c'est l'inverse !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La correspondance de Marie-Antoinette avec son frère Joseph II
Mme de Sabran a écrit:
J'allais dire, il a tout de même fini par s'en sortir, mais non c'est l'inverse !
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La correspondance de Marie-Antoinette avec son frère Joseph II
Mme de Sabran a écrit:
Je constate la bonne volonté de Louis XVI ...
J'allais dire, il a tout de même fini par s'en sortir, mais non c'est l'inverse !
Merci à notre chère Lady Bess de nous faire partager ses découvertes. La lettre de Louis XVI est intéressante en ce qu'elle confirme que c'est son beau-frère qui a du lui expliquer comment s'y prendre. Il s'enorgueillit d'avoir pu aller "jusqu'à parfaite conclusion", ce qui paraît confirmer ce que Joseph II avait écrit, à savoir :
Joseph II a écrit:
Dans son lit conjugal, il a des érections fort bien conditionnées, il introduit le membre, reste là sans se remuer deux minutes peut-être, se retire sans jamais décharger, toujours bandant, et souhaite le bonsoir. Cela ne se comprend pas, car avec cela il a parfois des pollutions nocturnes, mais en place ni en faisant l'oeuvre jamais. Et il est content, disant tout bonnement qu'il ne faisait cela que par devoir et qu'il n'y avait aucun goût. Ah, si j'aurais pu être présent une fois, je l'aurais bien arrangé ! Il faudrait le fouetter pour le faire décharger de colère comme les ânes. Ma soeur avec cela a peu de tempérament et ils font deux francs maladroits ensemble.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
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