Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
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Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Huile sur toile, 1783.
Dimensions: H 93 cm x L 79 cm.
Localisation: Chàteau de versailles; National gallery of arts de Washington; Collection Hessen und bei rhein, Château de Wofsgarten.
L'original a disparu. Cinq répliques furent réalisées par l'artiste avec des variantes (le chapeau, les fleurs, petits détails du vêtement...). Ce portrait présenté au Salon de 1783 fit scandale (une reine vêtue comme une femme de chambre?? et en chemise??). De nombreux chroniqueurs furent choqués de voir la reine avec un simple toilette, ne correspondant pas à la représentation habituelle d'une reine française. En fait, le tableau fut rapidement décroché. Il connut néanmoins un certain succès car on passera à Mme Vigée-Lebrun, de nombreuses commandes de répliques de son tableau. Pour remplacer ce tableau, l'artiste a peint le fameux portrait de Marie-Antoinette à la rose, en robe de cour, avec une pose plus digne d'une reine.
Dernière édition par J A Gabriel le Sam 05 Avr 2014, 11:47, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Merci JAG.
C'est en effet en 1783 que Marie-Antoinette avait adopté une mode nouvelle : elle portait alors de simples robes de percale ou de mousseline blanche. Elle voulut être peinte ainsi vêtue. Mme Vigée-Lebrun rapporte dans ses mémoires, que lorsque le tableau fut exposé au Salon "les méchants ne manquèrent pas de dire que la reine s'était fait peindre en chemise."
Les mémoires secrets publièrent après le Salon de 1783 que Mme Vigée-Lebrun avait exposé le portrait de la reine et celui de la comtesse de Provence : "Les deux princesses sont en chemise (depuis que ceci est écrit, on a senti l'indécence de ce costume, surtout pour la reine et il est venu des ordres supérieurs de retirer le tableau), costume imaginé depuis peu par les femmes. Bien des gens ont trouvé déplacé qu'on offrît au public ces augustes personnages sous un vêtement réservé pour l'intérieur de leur palais. Il est à présumer que l'auteur y a été autorisé et n'aurait pas pris d'elle-même une pareille liberté."
Le Mercure et le Journal de Paris firent des louanges sur le tableau, mais la critique était si violente que l'ordre vint de retirer le tableau et lui substituer un autre (celui de Marie-Antoinette à la rose).
C'est en effet en 1783 que Marie-Antoinette avait adopté une mode nouvelle : elle portait alors de simples robes de percale ou de mousseline blanche. Elle voulut être peinte ainsi vêtue. Mme Vigée-Lebrun rapporte dans ses mémoires, que lorsque le tableau fut exposé au Salon "les méchants ne manquèrent pas de dire que la reine s'était fait peindre en chemise."
Les mémoires secrets publièrent après le Salon de 1783 que Mme Vigée-Lebrun avait exposé le portrait de la reine et celui de la comtesse de Provence : "Les deux princesses sont en chemise (depuis que ceci est écrit, on a senti l'indécence de ce costume, surtout pour la reine et il est venu des ordres supérieurs de retirer le tableau), costume imaginé depuis peu par les femmes. Bien des gens ont trouvé déplacé qu'on offrît au public ces augustes personnages sous un vêtement réservé pour l'intérieur de leur palais. Il est à présumer que l'auteur y a été autorisé et n'aurait pas pris d'elle-même une pareille liberté."
Le Mercure et le Journal de Paris firent des louanges sur le tableau, mais la critique était si violente que l'ordre vint de retirer le tableau et lui substituer un autre (celui de Marie-Antoinette à la rose).
Invité- Invité
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
C'est en gaulle que je la préfère !!! Comme dans mon imagination !!!
Invité- Invité
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
une copie de ce tableau, d'auteur anonyme, qui se trouve a la National Gallery of Art de washington:
La Reine Marie Antoinette
Huile sur toile, après 1785
137.8 x 106.4 cm
(c) NGA, Washington
Le musée ne spécifie pas si c'est une oeuvre de l'atelier de l'artiste... En tout cas il est de très bonne facture et très proche de la main d'EVLB. :\\\\\\\\:
La Reine Marie Antoinette
Huile sur toile, après 1785
137.8 x 106.4 cm
(c) NGA, Washington
Le musée ne spécifie pas si c'est une oeuvre de l'atelier de l'artiste... En tout cas il est de très bonne facture et très proche de la main d'EVLB. :\\\\\\\\:
Invité- Invité
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
J A Gabriel a écrit:
Le musée ne spécifie pas si c'est une oeuvre de l'atelier de l'artiste... En tout cas il est de très bonne facture et très proche de la main d'EVLB. :\\\\\\\\:
En principe si, c'est une œuvre de la main de Vigée Lebrun. Il faut que je vous retrouve où j'ai lu cette certitude :
Mousseline- Messages : 127
Date d'inscription : 30/03/2014
Age : 32
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Marie-Antoinette, malgré le scandale suscité par le tableau de Mme Le Brun, continue de porter ce qu'on appelle la chemise à la reine, et en envoie même une en cadeau à son amie Georgiana de Devonshire .
La duchesse fait une de ses entrées les plus remarquées lorsqu'elle se présente chez le prince de Galles à l'occasion d'un bal, vêtue de mousseline blanche parsemée de brindilles argentées .
La mode est lancée !
Le Lady's Magazine déclare :
Toutes les femmes désormais de quinze à cinquante ans et même au delà... possèdent leur robe de mousseline blanche, à large ceinture .
( Amanda Foreman )
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
je me pose une question ayant rapport avec la vente de la collection de la BARONNE ELIE DE R... le 3 Novembre 2015
Celle-ci avait pu acquérir un exemplaire de ce célèbre tableau que nous avions eu la chance de voir aux Archives Nationales en 2001 avant qu'il retourne chez sa propriétaire, et ce pour la première fois en France.
Serait-il présenté au GRAND PALAIS en septembre ?????
Ou sera-t-il comme pour le tableau de la duchesse d'Orléans considéré comme "trésor national" donc interdit , de vente aux étrangers, de sortir de FRANCE ? aucun souci de le prêter pour l'exposition.
Je vais lancer NICOLAS LE FLOCH sur le sujet, d'une part auprès de CHRISTIES, et les organisateurs du GRAND PALAIS, car le catalogue n'est pas encore sorti et je l'attends avec un peu d'impatience.
La suite prochainement dans ces pages, sans fautes d'orthographe s.v.p. (réflexion pour l'auteur de ces lignes)
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Je me suis posé la même question que vous, ma chère MARIE ANTOINETTE et d'après le dossier de presse que nous a posté l'ami Olivier il semblerait bien que ce soit la version que nous préférons qui sera présentée au Grand Palais :n,,;::::!!!:
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Portrait de Marie Antoinette en robe de mousseline dite ‘à la créole’, ‘en chemise’ ou ‘en gaulle’.
MARIE ANTOINETTE a écrit:
je me pose une question ayant rapport avec la vente de la collection de la BARONNE ELIE DE R... le 3 Novembre 2015
Celle-ci avait pu acquérir un exemplaire de ce célèbre tableau que nous avions eu la chance de voir aux Archives Nationales en 2001 avant qu'il retourne chez sa propriétaire, et ce pour la première fois en France.
Serait-il présenté au GRAND PALAIS en septembre ?????
Ou sera-t-il comme pour le tableau de la duchesse d'Orléans considéré comme "trésor national" donc interdit , de vente aux étrangers, de sortir de FRANCE ? aucun souci de le prêter pour l'exposition.
(....) car le catalogue n'est pas encore sorti et je l'attends avec un peu d'impatience.
Si, si...Le catalogue est sorti ! Je l'ai feuilleté tout à l'heure, mais je ne l'ai pas acheté. Trop lourd ! Beau livre en tous les cas. Et pas si cher (50 €).
Hélas, j'ai tourné les pages vite-fait, et je n'ai pas prêté d'attention à ce portrait en particulier.
En revanche, j'ai vu celui de l'avatar de notre Madame de Sabran : bien mis en valeur !
Bref, pour en revenir à votre portrait, s'il est avéré qu'il est bien de la main d'EVLB, il ne devrait pas recevoir d'autorisation de sortie du territoire.
A mon avis.
Car, enfin, sauf erreur de ma part, et à la différence du portrait de la duchesse d'Orléans, aucun portrait "en gaulle" n'est conservé en France (du moins dans nos musées).
Nous connaissons celui-ci, qui est personnellement mon préféré. Conservé à la National Gallery of Art de Washington :
Et encore est-il titré : Anonyme, d'après Vigée Le Brun !
Marie-Antoinette
Anonymous, after Elisabeth Vigée Le Brun
Oil on canvas, after 1783
Provenance : Comte Charles de Damas. Comte Arthur de Vogüé. Saint collection.
Photo : National Gallery of Art, Washington
Et cet autre donc (celui choisi pour cette exposition). Conservé au château de Wolfsgarten, collection du prince Ludwig von Hessen und bei Rhein
Élisabeth Louise Vigée Le Brun
Portrait de Marie Antoinette en robe de mousseline dite ‘à la créole’, ‘en chemise’ ou ‘en gaulle’.
Photo : Hessische Hausstiftung, Kronberg im Taunus
Marie-Antoinette en chemise ou en gaulle by Élisabeth Vigée Le Brun
Huile sur toile, vers 1783
Exposition rétrospective Elisabeth Louise Vigée Le Brun au Grand Palais à Paris, 23 September 2015 to 11 January 2016
Image : Yann Caradec - Source : CC BY-SA 2.0 / Wikipedia
Pourtant, nous précisions ici, qu'une version est conservée au château de Versailles : https://marie-antoinette.forumactif.org/t160-marie-antoinette-en-gaulle-1783
Mais je ne vois pas de quel portrait parlions-nous, à vrai dire ?
Enfin, ce site recense 5 versions connues.
Mais, à nouveau, je suis curieux de les voir : http://louveciennestribune.typepad.com/media/2012/08/la-portraitiste-de-la-reine.html
Dans ses Souvenirs, EVLB qui décrit ce tableau comme "La reine Marie-Antoinette avec un chapeau", note et ajoute, la même année : "Copies de la reine avec un chapeau".
Encore faut-il pouvoir les identifier !
Car de nombreuses copies existent, plus ou moins réussies...
Et si je trouve que celui de Washington est particulièrement beau, cet autre vendu récemment par Christie's -18è siècle d'après Vigée Le Brun- également, n'a pas semblé avoir convaincu les amateurs ou connaisseurs.
Adjugé 3300 $, à peine...
http://www.christies.com/lotfinder/paintings/after-marie-louise-elizabeth-v-portrait-of-5886609-details.aspx?from=searchresults&intObjectID=5886609&sid=59df4909-8fc8-48d3-8233-6a7d08467f4c
Dernière édition par La nuit, la neige le Jeu 20 Fév 2020, 19:37, édité 4 fois
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Je suis certaine de mes informations, étant donné que j'étais en 2000/2001 à l'origine de l'achat de ce tableau qui était mis en vente de la main à la main, par son possesseur allemand -
ayant eu l'information, j'avais transmis l'affaire à la BARONNE qui a traité directement .... puis en 2001 aux ARCHIVES NATIONALES elle avait accepté de prêter ce tableau qui venait de revenir d’Allemagne pour nous remercier de lui avoir permis de l'acquérir !!!!!!!
Je pense que l'ami VICQ a fait des photos du tableau et même une petite recherche sur les différentes copies, de l'artiste dudit tableau et leur situation dans le MONDE.
J'avais eu la chance de voir l'original offert par la Reine à son Amie CHARLOTTE de HESSE qui se trouve dans le château de DARMSTADT
MARIE ANTOINETTE
Dès que je reçois mon catalogue acheté sur AMAZON + les différentes publications officielle, je vérifierai l'origine du tableau présenté au Grand PALAIS
ayant eu l'information, j'avais transmis l'affaire à la BARONNE qui a traité directement .... puis en 2001 aux ARCHIVES NATIONALES elle avait accepté de prêter ce tableau qui venait de revenir d’Allemagne pour nous remercier de lui avoir permis de l'acquérir !!!!!!!
Je pense que l'ami VICQ a fait des photos du tableau et même une petite recherche sur les différentes copies, de l'artiste dudit tableau et leur situation dans le MONDE.
J'avais eu la chance de voir l'original offert par la Reine à son Amie CHARLOTTE de HESSE qui se trouve dans le château de DARMSTADT
MARIE ANTOINETTE
Dès que je reçois mon catalogue acheté sur AMAZON + les différentes publications officielle, je vérifierai l'origine du tableau présenté au Grand PALAIS
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
La nuit, la neige a écrit:
En revanche, j'ai vu celui de l'avatar de notre Madame de Sabran : bien mis en valeur !
Super ! Je vais donc pouvoir papoter tout mon soûl avec cette chère Yolande !!! :n,,;::::!!!:
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
MARIE ANTOINETTE a écrit:
Dès que je reçois mon catalogue acheté sur AMAZON + les différentes publications officielle, je vérifierai l'origine du tableau présenté au Grand PALAIS
J'attends le résultat de vos recherches et celles de l'ami Vicq avec impatience, car j'avoue être un peu perdu avec toutes ces variantes...
Qu'en est-il de celle supposée être conservée à Versailles ?
Dernière édition par La nuit, la neige le Sam 05 Oct 2019, 00:52, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Le dossier de presse nous le dit, le prêt du tableau a pour origine : Kronberg, Hessisches Hausstiftung
Élisabeth Louise Vigée Le Brun
Portrait de Marie Antoinette en robe de mousseline dite en gaulle
1783
Je ne lis pas l'allemand alors est-ce la même chose quand La nuit, la neige vous dîtes : Conservé au château de Wolfsgarten, collection du prince Ludwig von Hessen und bei Rhein ?
Olivier, tea for two
Élisabeth Louise Vigée Le Brun
Portrait de Marie Antoinette en robe de mousseline dite en gaulle
1783
Je ne lis pas l'allemand alors est-ce la même chose quand La nuit, la neige vous dîtes : Conservé au château de Wolfsgarten, collection du prince Ludwig von Hessen und bei Rhein ?
Olivier, tea for two
Olivier- Messages : 1007
Date d'inscription : 21/12/2013
XXX
Merci.
Allons bon... :
Je crois qu'il s'agit d'une autre résidence "familiale".
Soit ce tableau voyage d'un château à l'autre en Allemagne, soit il y en a plusieurs...
Allons bon... :
Je crois qu'il s'agit d'une autre résidence "familiale".
Soit ce tableau voyage d'un château à l'autre en Allemagne, soit il y en a plusieurs...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Nos derniers échanges au sujet des différentes copies de cette représentation ont été déplacés ici.
A suivre donc : l'enquête du tableau allemand et celle de celui signalé, en début de sujet, comme étant conservé à Versailles...
A suivre donc : l'enquête du tableau allemand et celle de celui signalé, en début de sujet, comme étant conservé à Versailles...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Marie-Jeanne a écrit:
Je reviens sur le terme de Gaule si souvent employé mais à mon avis erroné. On ne le trouve ni sous la plume des périodiques spécialisés, ni dans les légendes des gravures de mode, ni dans la facturation des professionnels de l'habillement. Ce modèle de robe y est toujours désigné chemise à la reine, robe en chemise, ou chemise tout court.
... et ses fantasmes .
Elle n’était vêtue que d’une longue gaule de mousseline blanche, attachée avec un ruban rose qui faisait le tour de sa ceinture et qui laissait remarquer les contours moelleux de sa taille voluptueuse. […] À peine vis-je que nous étions seuls que je dénouai la ceinture qui empêchait la gaule de s’ouvrir. N’étant plus retenue, elle tombe à ses pieds.
(La Messaline françoise, pamphlet, 1789)
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Nous y voilà !
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Il y a tout juste 240 ans au Louvre : le scandale de la reine en robe chemise…
Le tableau choisi par Marie-Antoinette pour le Salon du Louvre qui s’ouvre le 25 août 1783 figure au catalogue sous le numéro 110. Il est sobrement intitulé Portrait de la Reine, c’est le fameux portrait où Madame Vigée Le Brun la représente en robe chemise, tenue de coton blanc qu’elle adopte au moment de sa première grossesse en 1778 (Pour les meilleures pages sur le sujet - tout un chapitre! - voir l’indispensable Marie-Antoinette l’affranchie, Portrait inédit d’une icône de mode, Sylvie Le Bras-Chauvot ; Armand Colin, 2020).
Marie-Antoinette a embrassé avec enthousiasme la vogue des cotonnades qui sont désormais de rigueur à Trianon. Son portrait n’est pas le premier que Madame Vigée le Brun peint dans un style qu’elle-même affectionne particulièrement. En 1781, elle fait son autoportrait en robe de mousseline puis fait poser la même année la comtesse du Barry, suivie de la duchesse de Polignac et de la princesse de Lamballe en 1782, puis encore la comtesse de Provence dont le portrait est présenté au Salon de 1783 avec celui de la reine.
Il faut mesurer l’attachement de Marie-Antoinette au Petit Trianon et sa quête d’une vie sans contrainte pour comprendre qu’elle considère ce portrait en robe chemise comme le plus ressemblant jamais peint. Il lui renvoie en effet une image conforme à ses aspirations les plus intimes, habillée d’une robe qui symbolise autant la liberté de mouvement que celle de vivre à sa guise, avec l’entourage de son choix et dans un lieu façonné à son image. Toutes les femmes conviées à Trianon sont priées de s’habiller de la même manière et de venir sans cérémonie avec une robe de percale blanche, un fichu de gaze et un chapeau de paille. En mai 1780, alors qu’elle invite la princesse Louise de Hesse Darmstadt à venir la rejoindre au château, Marie-Antoinette l’implore de ne pas rompre cette harmonie en venant trop habillée : « Si vous voulez venir à mon jardin tout de suite, il fait si beau que je serai charmée de vous le montrer (...). Comme il fait plus beau le matin que le soir, si vous voulez venir à midi, je vous donnerai à déjeuner. Je serai toute seule ; ainsi je vous demande en grâce de ne point venir parée, mais comme on est à la campagne, et ces messieurs en frac. » (Marie-Antoinette à la princesse Louise de Hesse-Darmstadt, mai 1780 ; La Rocheterie et Beaucourt, Vol. 1, p. 219).
Avec le trop séduisant tableau en robe chemise, Madame Vigée Le Brun tend à Marie-Antoinette un miroir où la reine aperçoit la vie qu’elle rêve de vivre et dont elle ne peut que se donner l’illusion à Trianon... Loin de lui apporter la sympathie pour ses manières simples, l’image imprudemment partagée au Salon du Louvre installe un malaise dans le public. Les plus mal disposés lui reprochent une attitude provocatrice et désinvolte, ils voient l’image d’une reine qui néglige ses devoirs quand ce n’est pas celle d’une dévergondée. Ceux-là sont hostiles et le resteront, quoi qu’elle fasse. Quant aux plus bienveillants, ils se demandent tout de même avec circonspection quel tableau du roi pourrait bien être accroché en vis-à-vis de celui de son épouse en robe chemise...
La reine de France a fait le choix de se présenter à son peuple comme elle vit à Trianon.
C’est plus qu’une imprudence, la reine de Trianon va très vite le comprendre.
Le scandale suscité par le tableau de Marie-Antoinette en robe chemise est bien connu et a été très largement commenté. Les biographes ont souligné avec justesse que le public du Salon – attaché à la tradition et de plus en plus sensible aux illustrations des actes de vertu dans la cité – n’est pas prêt à accepter que la reine lui soit montrée comme une personne privée, encore moins comme une femme émancipée.
Les censeurs ne sont pas choqués que la reine puisse être ainsi vêtue dans l’intérieur de son palais, ce qu’ils reprochent à Marie-Antoinette c’est de s’affranchir en public de conventions qu’elle devrait au contraire être la première à observer. Les réactions hostiles au tableau de Madame Vigée Le Brun éclairent une réalité sociétale plus profonde, qui dépasse très largement le personnage de Marie-Antoinette et trahit les préventions croissantes d’une partie de la société face ce qu’elle considère une féminisation excessive des institutions. Les ressorts de la misogynie et de la xénophobie sont très tôt à l’œuvre pour faire de Marie-Antoinette un bouc-émissaire idéal. L’historienne Lynn Hunt a ainsi montré que le procès fait à la reine n’est qu’une pièce parmi d’autres dans un débat beaucoup plus large qui intéresse la place des femmes dans la société, que Rousseau et d’autres ont théorisée dans un sens bien différent du contre-exemple affiché par la reine. (Le Roman familial de la Révolution française, Lynn Hunt ; Albin Michel, 1995).
Dans la vie de Marie-Antoinette, aucune autre œuvre n’exprime mieux que celle-ci le pouvoir extraordinaire qu’un portrait a pu jouer dans la construction de son image publique, à moins qu’il ne faille ici parler de déconstruction.
L’original du tableau en robe chemise ne semble pas avoir échappé aux autodafés de la Révolution. Deux copies de format quasi identique sont aujourd’hui conservées, l’une à la Fondation de Hesse et l’autre à la National Gallery of Art de Washington. Pierre de Nolhac considérait le tableau en possession d’Arthur de Voguë et provenant de Charles de Damas comme celui exposé au Louvre en 1783 (Le Petit Trianon ; Goupil, Paris, 1914). Légué à la National Gallery of Art en 1960, ce portrait reste attribué par le Musée à un peintre anonyme, d’après Vigée le Brun, bien que d’autres experts – et non des moindres à Versailles – voient dans ce travail de très belle tenue la main de l’artiste elle-même (ainsi Elisabeth Maisonnier dans L’album de Marie-Antoinette, Recueil des vues et plans du Petit Trianon ; In Fine, Château de Versailles, 2022, p. 5).
Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
version du tableau de la reine en robe chemise
issue de la collection du comte Charles de Damas
œuvre considérée selon les auteurs comme autographe ou comme une copie.
Pierre de Nolhac y voyait le portrait exposé au Salon de 1783...
huile sur toile, vers 1783
92,7x73,1cm
Washington, National Gallery of Art
(source de l'image, site internet du Musée)
Le caractère autographe de la version conservée à Darmstadt n’est pas remis en cause. Nous le connaissons bien et l'avons souvent vu ces dernières années:
Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
copie du portrait exposé au Salon de 1783
offert par la reine à Louise de Hesse-Darmstadt, princesse héréditaire de Hesse
huile sur toile, 1783
90x72cm
Hessische Hausstiftung
Darmstadt, Schlossmuseum
(source de l'image Wikipedia)
Mais pourquoi oublie-t-on toujours que deux versions du même portrait ont été offertes par la reine à ses amies d'enfance, les princesses Charlotte et Louise de Hesse-Darmstadt? Il suffit de la lire, c'est elle-même qui nous le confirme dans une lettre à Louise, en février 1786, quelques semaines après le décès en couches de sa sœur Charlotte (l’exacte contemporaine de la reine, née le 5 novembre 1755) : « La pauvre princesse Charlotte avait un portrait de moi, pareil au vôtre. Ce sont les plus ressemblants qui aient été faits, je désirerais bien le ravoir, ou au moins savoir entre quelles mains il a passé. » (Marie-Antoinette à la princesse héréditaire de Hesse-Darmstadt, 22 février 1786).
Le duc de Mecklembourg-Strelitz ne renvoie pas le tableau à la reine, il est conservé jusqu’en 1945 dans la collection familiale au palais ducal de la Résidence (Residenzschloss) à Neustrelitz, à une centaine de kilomètres au nord de Berlin.
Une maison aux allures de palais dont voici une carte postale coloriée de la première moitié du XXe siècle.
Le tableau de Neustrelitz est vraisemblablement détruit dans la nuit du 29 au 30 août 1945, alors que l’Armée Rouge poursuit son offensive pour encercler Berlin et que la Résidence est incendiée. Le portrait ne figurant pas à l’inventaire des œuvres exposées dans les galeries du Musée national de Neustrelitz (Landesmuseum Neustrelitz), il était par déduction conservé dans les appartements princiers. A-t-il alors fait l’objet de mesures de protection particulières ? S’il ne disparait pas dans l’incendie, il peut aussi avoir été détourné comme butin de guerre et transporté en Union soviétique, hypothèse que n’excluent pas les Archives municipales de Neustrelitz.
image de ce qu'il restait de la Résidence en 1948...
La seule certitude est que le second portrait en robe chemise envoyé à la Famille de Hesse n’est jamais réapparu.
Il existe cependant un cliché, issu de l’inventaire photographique des collections ducales et conservé aux Archives de Neustrelitz. Parfaitement inconnue en France, l’image est à peine moins confidentielle en Allemagne, où elle a été reproduite – en petit format – dans un épais volume consacré à l’histoire du palais ducal perdu (Das Residenzschloss zu Neustrelitz, Ein verschwundenes Schloss in Mecklenburg, Tosten Foelsch, 2016, p. 429).
La photo est très sombre mais de qualité suffisante pour permettre la comparaison entre le portrait reçu par Charlotte et celui de Louise.
Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
copie du portrait exposé au Salon de 1783
offert par la reine à Charlotte de Hesse-Darmstadt, future duchesse de Mecklembourg-Strelitz
tableau conservé au palais de Neustrelitz, résidence des ducs de Mecklembourg-Strelitz,
jusqu’à la destruction du palais en 1945
huile sur toile, 1783
env. 90x72cm
œuvre présumée détruite dans l’incendie de Neustrelitz ou peut-être détournée par les forces d’invasion
(source de l'image : Neustrelitz Stadtarchiv)
Les différences sont minimes, elles existent cependant et il s’agit bien de deux versions distinctes, dans des cadres pratiquement similaires portant au fronton la même inscription : Donné par la Reine à Mad. la princesse de Hesse d’Armestad en 1783. C’est l’orthographe d’usage en français, on la relève par exemple dans le Journal de Paris du 17 juin 1777 dans un article qui annonce la parution d’un recueil de gravures de jardins anglo-chinois, parmi lesquels celui du prince de Hesse d’Armestad à Bessingen. Ainsi rédigées, les inscriptions suggèrent que les deux tableaux ont pu quitter Paris déjà encadrés, emballés dans des caisses et non pas roulés. Sinon pourquoi les princesses de Hesse auraient-elles retenu la forme française d’Armestad ? La tête de Marie-Antoinette est légèrement plus droite dans la version de Neustrelitz, son expression s’en trouve quelque peu modifiée. Les autres différences entre ces répliques parfaitement contemporaines sont infimes (voir en Annexe) et les deux versions témoignent de l’absolue maîtrise de Madame Vigée Le Brun à répéter son travail avec la plus grande précision.
Cadeau pour la Saint-Louis !
Enfin, et puisque c'est la Saint-Louis (re-cadeau!), je termine avec la reproduction du tableau aujourd'hui à Washington qui figure en facsimilé en frontispice du Trianon de Marie-Antoinette dans la série des beaux livres publiés par Pierre de Nolhac avant la première guerre mondiale (Paris, Goupil, 1914).
(Source de l'image, DR)
PS : J'avoue un certain trouble, pour ne pas dire un trouble considérable , en découvrant l'image du tableau passé en vente chez Christie's en 2015 (voir plus haut dans ce fil, le message de LNLN) et vendu pour une somme dérisoire
Il faudrait de meilleures images pour que le trouble se dissipe ou pour qu'un vrai malaise s'installe...
Je vais regarder de plus près
Le tableau choisi par Marie-Antoinette pour le Salon du Louvre qui s’ouvre le 25 août 1783 figure au catalogue sous le numéro 110. Il est sobrement intitulé Portrait de la Reine, c’est le fameux portrait où Madame Vigée Le Brun la représente en robe chemise, tenue de coton blanc qu’elle adopte au moment de sa première grossesse en 1778 (Pour les meilleures pages sur le sujet - tout un chapitre! - voir l’indispensable Marie-Antoinette l’affranchie, Portrait inédit d’une icône de mode, Sylvie Le Bras-Chauvot ; Armand Colin, 2020).
Marie-Antoinette a embrassé avec enthousiasme la vogue des cotonnades qui sont désormais de rigueur à Trianon. Son portrait n’est pas le premier que Madame Vigée le Brun peint dans un style qu’elle-même affectionne particulièrement. En 1781, elle fait son autoportrait en robe de mousseline puis fait poser la même année la comtesse du Barry, suivie de la duchesse de Polignac et de la princesse de Lamballe en 1782, puis encore la comtesse de Provence dont le portrait est présenté au Salon de 1783 avec celui de la reine.
Il faut mesurer l’attachement de Marie-Antoinette au Petit Trianon et sa quête d’une vie sans contrainte pour comprendre qu’elle considère ce portrait en robe chemise comme le plus ressemblant jamais peint. Il lui renvoie en effet une image conforme à ses aspirations les plus intimes, habillée d’une robe qui symbolise autant la liberté de mouvement que celle de vivre à sa guise, avec l’entourage de son choix et dans un lieu façonné à son image. Toutes les femmes conviées à Trianon sont priées de s’habiller de la même manière et de venir sans cérémonie avec une robe de percale blanche, un fichu de gaze et un chapeau de paille. En mai 1780, alors qu’elle invite la princesse Louise de Hesse Darmstadt à venir la rejoindre au château, Marie-Antoinette l’implore de ne pas rompre cette harmonie en venant trop habillée : « Si vous voulez venir à mon jardin tout de suite, il fait si beau que je serai charmée de vous le montrer (...). Comme il fait plus beau le matin que le soir, si vous voulez venir à midi, je vous donnerai à déjeuner. Je serai toute seule ; ainsi je vous demande en grâce de ne point venir parée, mais comme on est à la campagne, et ces messieurs en frac. » (Marie-Antoinette à la princesse Louise de Hesse-Darmstadt, mai 1780 ; La Rocheterie et Beaucourt, Vol. 1, p. 219).
Avec le trop séduisant tableau en robe chemise, Madame Vigée Le Brun tend à Marie-Antoinette un miroir où la reine aperçoit la vie qu’elle rêve de vivre et dont elle ne peut que se donner l’illusion à Trianon... Loin de lui apporter la sympathie pour ses manières simples, l’image imprudemment partagée au Salon du Louvre installe un malaise dans le public. Les plus mal disposés lui reprochent une attitude provocatrice et désinvolte, ils voient l’image d’une reine qui néglige ses devoirs quand ce n’est pas celle d’une dévergondée. Ceux-là sont hostiles et le resteront, quoi qu’elle fasse. Quant aux plus bienveillants, ils se demandent tout de même avec circonspection quel tableau du roi pourrait bien être accroché en vis-à-vis de celui de son épouse en robe chemise...
La reine de France a fait le choix de se présenter à son peuple comme elle vit à Trianon.
C’est plus qu’une imprudence, la reine de Trianon va très vite le comprendre.
Le scandale suscité par le tableau de Marie-Antoinette en robe chemise est bien connu et a été très largement commenté. Les biographes ont souligné avec justesse que le public du Salon – attaché à la tradition et de plus en plus sensible aux illustrations des actes de vertu dans la cité – n’est pas prêt à accepter que la reine lui soit montrée comme une personne privée, encore moins comme une femme émancipée.
Les censeurs ne sont pas choqués que la reine puisse être ainsi vêtue dans l’intérieur de son palais, ce qu’ils reprochent à Marie-Antoinette c’est de s’affranchir en public de conventions qu’elle devrait au contraire être la première à observer. Les réactions hostiles au tableau de Madame Vigée Le Brun éclairent une réalité sociétale plus profonde, qui dépasse très largement le personnage de Marie-Antoinette et trahit les préventions croissantes d’une partie de la société face ce qu’elle considère une féminisation excessive des institutions. Les ressorts de la misogynie et de la xénophobie sont très tôt à l’œuvre pour faire de Marie-Antoinette un bouc-émissaire idéal. L’historienne Lynn Hunt a ainsi montré que le procès fait à la reine n’est qu’une pièce parmi d’autres dans un débat beaucoup plus large qui intéresse la place des femmes dans la société, que Rousseau et d’autres ont théorisée dans un sens bien différent du contre-exemple affiché par la reine. (Le Roman familial de la Révolution française, Lynn Hunt ; Albin Michel, 1995).
Dans la vie de Marie-Antoinette, aucune autre œuvre n’exprime mieux que celle-ci le pouvoir extraordinaire qu’un portrait a pu jouer dans la construction de son image publique, à moins qu’il ne faille ici parler de déconstruction.
L’original du tableau en robe chemise ne semble pas avoir échappé aux autodafés de la Révolution. Deux copies de format quasi identique sont aujourd’hui conservées, l’une à la Fondation de Hesse et l’autre à la National Gallery of Art de Washington. Pierre de Nolhac considérait le tableau en possession d’Arthur de Voguë et provenant de Charles de Damas comme celui exposé au Louvre en 1783 (Le Petit Trianon ; Goupil, Paris, 1914). Légué à la National Gallery of Art en 1960, ce portrait reste attribué par le Musée à un peintre anonyme, d’après Vigée le Brun, bien que d’autres experts – et non des moindres à Versailles – voient dans ce travail de très belle tenue la main de l’artiste elle-même (ainsi Elisabeth Maisonnier dans L’album de Marie-Antoinette, Recueil des vues et plans du Petit Trianon ; In Fine, Château de Versailles, 2022, p. 5).
Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
version du tableau de la reine en robe chemise
issue de la collection du comte Charles de Damas
œuvre considérée selon les auteurs comme autographe ou comme une copie.
Pierre de Nolhac y voyait le portrait exposé au Salon de 1783...
huile sur toile, vers 1783
92,7x73,1cm
Washington, National Gallery of Art
(source de l'image, site internet du Musée)
Le caractère autographe de la version conservée à Darmstadt n’est pas remis en cause. Nous le connaissons bien et l'avons souvent vu ces dernières années:
Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
copie du portrait exposé au Salon de 1783
offert par la reine à Louise de Hesse-Darmstadt, princesse héréditaire de Hesse
huile sur toile, 1783
90x72cm
Hessische Hausstiftung
Darmstadt, Schlossmuseum
(source de l'image Wikipedia)
Mais pourquoi oublie-t-on toujours que deux versions du même portrait ont été offertes par la reine à ses amies d'enfance, les princesses Charlotte et Louise de Hesse-Darmstadt? Il suffit de la lire, c'est elle-même qui nous le confirme dans une lettre à Louise, en février 1786, quelques semaines après le décès en couches de sa sœur Charlotte (l’exacte contemporaine de la reine, née le 5 novembre 1755) : « La pauvre princesse Charlotte avait un portrait de moi, pareil au vôtre. Ce sont les plus ressemblants qui aient été faits, je désirerais bien le ravoir, ou au moins savoir entre quelles mains il a passé. » (Marie-Antoinette à la princesse héréditaire de Hesse-Darmstadt, 22 février 1786).
Le duc de Mecklembourg-Strelitz ne renvoie pas le tableau à la reine, il est conservé jusqu’en 1945 dans la collection familiale au palais ducal de la Résidence (Residenzschloss) à Neustrelitz, à une centaine de kilomètres au nord de Berlin.
Une maison aux allures de palais dont voici une carte postale coloriée de la première moitié du XXe siècle.
Le tableau de Neustrelitz est vraisemblablement détruit dans la nuit du 29 au 30 août 1945, alors que l’Armée Rouge poursuit son offensive pour encercler Berlin et que la Résidence est incendiée. Le portrait ne figurant pas à l’inventaire des œuvres exposées dans les galeries du Musée national de Neustrelitz (Landesmuseum Neustrelitz), il était par déduction conservé dans les appartements princiers. A-t-il alors fait l’objet de mesures de protection particulières ? S’il ne disparait pas dans l’incendie, il peut aussi avoir été détourné comme butin de guerre et transporté en Union soviétique, hypothèse que n’excluent pas les Archives municipales de Neustrelitz.
image de ce qu'il restait de la Résidence en 1948...
La seule certitude est que le second portrait en robe chemise envoyé à la Famille de Hesse n’est jamais réapparu.
Il existe cependant un cliché, issu de l’inventaire photographique des collections ducales et conservé aux Archives de Neustrelitz. Parfaitement inconnue en France, l’image est à peine moins confidentielle en Allemagne, où elle a été reproduite – en petit format – dans un épais volume consacré à l’histoire du palais ducal perdu (Das Residenzschloss zu Neustrelitz, Ein verschwundenes Schloss in Mecklenburg, Tosten Foelsch, 2016, p. 429).
La photo est très sombre mais de qualité suffisante pour permettre la comparaison entre le portrait reçu par Charlotte et celui de Louise.
Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
copie du portrait exposé au Salon de 1783
offert par la reine à Charlotte de Hesse-Darmstadt, future duchesse de Mecklembourg-Strelitz
tableau conservé au palais de Neustrelitz, résidence des ducs de Mecklembourg-Strelitz,
jusqu’à la destruction du palais en 1945
huile sur toile, 1783
env. 90x72cm
œuvre présumée détruite dans l’incendie de Neustrelitz ou peut-être détournée par les forces d’invasion
(source de l'image : Neustrelitz Stadtarchiv)
Les différences sont minimes, elles existent cependant et il s’agit bien de deux versions distinctes, dans des cadres pratiquement similaires portant au fronton la même inscription : Donné par la Reine à Mad. la princesse de Hesse d’Armestad en 1783. C’est l’orthographe d’usage en français, on la relève par exemple dans le Journal de Paris du 17 juin 1777 dans un article qui annonce la parution d’un recueil de gravures de jardins anglo-chinois, parmi lesquels celui du prince de Hesse d’Armestad à Bessingen. Ainsi rédigées, les inscriptions suggèrent que les deux tableaux ont pu quitter Paris déjà encadrés, emballés dans des caisses et non pas roulés. Sinon pourquoi les princesses de Hesse auraient-elles retenu la forme française d’Armestad ? La tête de Marie-Antoinette est légèrement plus droite dans la version de Neustrelitz, son expression s’en trouve quelque peu modifiée. Les autres différences entre ces répliques parfaitement contemporaines sont infimes (voir en Annexe) et les deux versions témoignent de l’absolue maîtrise de Madame Vigée Le Brun à répéter son travail avec la plus grande précision.
Cadeau pour la Saint-Louis !
- Le tableau reçu par Charlotte de Hesse-Darmstadt:
Enfin, et puisque c'est la Saint-Louis (re-cadeau!), je termine avec la reproduction du tableau aujourd'hui à Washington qui figure en facsimilé en frontispice du Trianon de Marie-Antoinette dans la série des beaux livres publiés par Pierre de Nolhac avant la première guerre mondiale (Paris, Goupil, 1914).
(Source de l'image, DR)
PS : J'avoue un certain trouble, pour ne pas dire un trouble considérable , en découvrant l'image du tableau passé en vente chez Christie's en 2015 (voir plus haut dans ce fil, le message de LNLN) et vendu pour une somme dérisoire
Il faudrait de meilleures images pour que le trouble se dissipe ou pour qu'un vrai malaise s'installe...
Je vais regarder de plus près
_________________
" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Tous les tableaux présentés par Mme Lebrun au salon de 1783 sont superbes. Une grande année ! Nous les connaissons bien ici...
Un grand merci, cher Bonnefoy, pour cette excellente enquête et ces images de portraits inédits ! Et en particulier celle du portait offert à Charlotte de Hesse-Darmstadt. Nous sommes encore gâtés...
Ma foi, c'est vrai que...
A noter ses dimensions sont très, très proches de celles (présumées ?) du tableau de Neustrelitz, et en tous cas de celles de celui de Darmstadt.
A gauche : localisation inconnue (?) ; à droite, vente Christie's
Cependant, le tableau n'est pas daté par les experts Christie's. S'il était ancien, sans doute l'aurait-il signalé. Au lieu de cela, en note au catalogue, est bien trop simplement mentionné : After the picture in a private collection.
Yes ! But which one, pleaaaaase ?
Un grand merci, cher Bonnefoy, pour cette excellente enquête et ces images de portraits inédits ! Et en particulier celle du portait offert à Charlotte de Hesse-Darmstadt. Nous sommes encore gâtés...
Bonnefoy du Plan a écrit:
(...)La seule certitude est que le second portrait en robe chemise envoyé à la Famille de Hesse n’est jamais réapparu. Il existe cependant un cliché, issu de l’inventaire photographique des collections ducales et conservé aux Archives de Neustrelitz.
(...)
PS : J'avoue un certain trouble, pour ne pas dire un trouble considérable , en découvrant l'image du tableau passé en vente chez Christie's en 2015 (voir plus haut dans ce fil, le message de LNLN) et vendu pour une somme dérisoire
Il faudrait de meilleures images pour que le trouble se dissipe ou pour qu'un vrai malaise s'installe... Je vais regarder de plus près
Ma foi, c'est vrai que...
A noter ses dimensions sont très, très proches de celles (présumées ?) du tableau de Neustrelitz, et en tous cas de celles de celui de Darmstadt.
A gauche : localisation inconnue (?) ; à droite, vente Christie's
Cependant, le tableau n'est pas daté par les experts Christie's. S'il était ancien, sans doute l'aurait-il signalé. Au lieu de cela, en note au catalogue, est bien trop simplement mentionné : After the picture in a private collection.
Yes ! But which one, pleaaaaase ?
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette vêtue d'une robe en chemise, dite en gaulle, par Elisabeth Vigée Le Brun (1783)
Merci mon cher Bonnefoy pour tes investigations minutieuses. Passionnant, comme toujours.
Je me rappelle du tableau qui était passé en vente chez Christie's il était alors présenté comme une copie XIXème ou XXème de mémoire. Cela m'avait étonné car je trouvais le tableau très beau mais enfin... ne pouvant le voir (car il était à Londres) j'avais fait confiance à l'expertise de Christie's qui comme chacun sait ne se trompe jamais (dans le même registre, je me rappelle d'un portrait de la comtesse du Barry passé chez Christie's il y a quelques années et qui était alors présenté comme celui d'une "dame de qualité"...). Vu comme il était présenté, pas étonnant qu'il n'ait fait que 3000 livres...
Quelle intéressant lettre, merci. Encore la preuve que la reine pouvait se retrouver "toute seule" selon ses propres termes, contrairement à ce que d'aucuns ne cessent aujourd'hui de prétendre pour tenter de "démontrer" qu'elle n'aurait jamais pu avoir une liaison secrète avec Fersen.
Je me rappelle du tableau qui était passé en vente chez Christie's il était alors présenté comme une copie XIXème ou XXème de mémoire. Cela m'avait étonné car je trouvais le tableau très beau mais enfin... ne pouvant le voir (car il était à Londres) j'avais fait confiance à l'expertise de Christie's qui comme chacun sait ne se trompe jamais (dans le même registre, je me rappelle d'un portrait de la comtesse du Barry passé chez Christie's il y a quelques années et qui était alors présenté comme celui d'une "dame de qualité"...). Vu comme il était présenté, pas étonnant qu'il n'ait fait que 3000 livres...
Bonnefoy du Plan a écrit:
En mai 1780, alors qu’elle invite la princesse Louise de Hesse Darmstadt à venir la rejoindre au château, Marie-Antoinette l’implore de ne pas rompre cette harmonie en venant trop habillée : « Si vous voulez venir à mon jardin tout de suite, il fait si beau que je serai charmée de vous le montrer (...). Comme il fait plus beau le matin que le soir, si vous voulez venir à midi, je vous donnerai à déjeuner. Je serai toute seule ; ainsi je vous demande en grâce de ne point venir parée, mais comme on est à la campagne, et ces messieurs en frac. » (Marie-Antoinette à la princesse Louise de Hesse-Darmstadt, mai 1780 ; La Rocheterie et Beaucourt, Vol. 1, p. 219).
Quelle intéressant lettre, merci. Encore la preuve que la reine pouvait se retrouver "toute seule" selon ses propres termes, contrairement à ce que d'aucuns ne cessent aujourd'hui de prétendre pour tenter de "démontrer" qu'elle n'aurait jamais pu avoir une liaison secrète avec Fersen.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
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