Les cabinets intérieurs de Marie-Antoinette au château de Versailles

Mme de Sabran a écrit:Il en est pourtant glorifié par ses contemporains (Louis Philippe) :

A l'encontre de Jacques Dominique Charles Gavard, grand thuriféraire de Louis Philippe, Alexis de Tocqueville, à la sublime plume, bien que très souvent acide, en dresse le portrait suivant  :
« Quoique ce prince fût issu de la race la plus noble de l'Europe, qu'au fond de son âme il en cachât tout l'orgueil héréditaire et ne se crût assurément le semblable d'aucun autre homme, il possédait cependant  la plupart des qualités et des défauts qui appartiennent plus particulièrement aux rangs subalternes de la société. Il avait des mœurs régulières et voulait qu'on les eût telles autour de lui. Il était rangé dans sa conduite, simple dans ses habitudes, mesuré dans ses goûts; naturellement ami de la loi et ennemi de tous les excès, tempéré dans tous ses procédés sinon dans ses désirs, humain sans être sensible, cupide et doux ; point de passions bruyantes ; point de faiblesses ruineuses ; point de vices éclatants ; une seule vertu de roi, le courage. Il avait une politesse extrême mais sans choix ni grandeur, une politesse de marchand plutôt que de prince.
Il ne goûtait guère les lettres ni les Beaux-arts, mais il aimait passionnément l'industrie. Sa mémoire était prodigieuse et propre à retenir obstinément les moindres détails. Sa conversation prolixe, diffuse, originale, triviale, anecdotière, pleine de petits faits, de sel et de sens, procurait tout l'agrément qu'on peut trouver dans les plaisirs de l'intelligence quand la délicatesse et l'élévation n'y sont point. Son esprit était distingué, mais resserré et gêné par le peu de hauteur et d'étendue de son âme. Éclairé, fin, souple et tenace ; tourné seulement vers l'utile et rempli d'un mépris si profond pour la vérité et d'une si grande incrédulité dans la vertu que ses lumières en étaient obscurcies, et que non seulement il ne voyait pas la beauté que montrent toujours le vrai et l'honnête, mais qu'il ne comprenait plus l'utilité qu'ils ont souvent ; connaissant profondément les hommes mais par leurs vices seulement ; incrédule en matière de religion comme le XVIIIe siècle et sceptique en politique comme le XIXe ; sans croyance lui-même ; n'ayant nulle foi dans celle des autres ; aussi naturellement amateur du pouvoir et des courtisans malhonnêtes que s'il fût né réellement sur le trône ; d'une ambition qui n'était bornée que par la prudence, qui jamais ne se rassasiait ni ne s'emportait et qui toujours se tenait près de terre. »
Dans l'imagerie populaire Louis Philippe est resté comme l'homme au parapluie sous le bras.

Le meuble de Martin Carlin est en fait un coffre à bijoux, livré à la Dauphine Marie Antoinette, l'année de son mariage en 1770.

Merci, chers Berry et Tocqueville, pour ce portrait si bien senti et nuancé.
Je le propulse derechef dans le sujet de Louis-Philippe, le roi bourgeois, en tout si différent de son géniteur.

Déjà complet pour la période estivale. C'est vraiment le rush, il faut se battre pour trouver une date.

Dans l'attente (loooongue attente) que le château de Versailles se décide -enfin- à poster une ou deux vidéos de visite des cabinets privés de Marie-Antoinette  , il faut se contenter de ces quelques images :



...où il est dit, je cite, que : C'est d'ici que Marie-Antoinette s'est enfuie avant d'être arrêtée pendant la Révolution française.    


Et cette autre vidéo :

TF1 Info - Découvrez les appartements privés de Marie-Antoinette

...durant laquelle est évoqué, lors de la visite du boudoir, ce "guéridon à plaques de porcelaine" comme étant l'un des "objets les plus précieux de ses collections".  

Image : Château de Versailles

...et que la conservation du château présente plutôt comme un achat personnel de la comtesse de Provence pour son appartement de Versailles

Table en chiffonnière
Adam Weisweiler (ébéniste) ; Manufacture de Sèvres (plaques de porcelaine)
sous la direction de Dominique Daguerre (marchand mercier)
1784-85
Placage de sycomore et satiné ; porcelaine tendre ; bronze ciselé et doré
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

Historique :

Achat personnel de la comtesse de Provence pour son appartement de Versailles, auprès du marchand Daguerre ; transférée à Paris dans l'hôtel du Petit Luxembourg en 1789 ; saisie révolutionnaire. Ancienne collection Martin Alexander ; sa vente Christie's New York, 30 avril 1999, lot 50 ; collection de la galerie Aveline - Jean-Marie Rossi, Paris. Collection Al Thani, hôtel Lambert (Paris), sa vente "Hôtel Lambert, une collection princière, vol. I : chefs-d'oeuvre", Sotheby's Paris, 11 octobre 2022, lot 50 ; préemption à cette vente grâce au legs de madame Jeanne Heymann.

* Voir notre sujet : Sotheby's Paris - Vente Hôtel Lambert, une collection princière

Description :

Réalisée sous la direction du marchand mercier parisien Dominique Daguerre (vers 1725-1796), cette table chiffonnière de forme circulaire provient d’un achat personnel de Marie-Joséphine-Louise de Savoie (1753-1810), comtesse de Provence.


Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

Caractéristique des productions de très grand luxe réalisées sous la direction des marchands parisiens, Adam Weisweiler (1744-1820) en exécuta l’ébénisterie, encastrant deux plateaux fournis par la manufacture royale de porcelaine de Sèvres, sous la supervision de Daguerre.


Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

La princesse destinait cette petite table de salon à ses appartements du château de Versailles, mais la famille royale quitta Versailles pour Paris en octobre 1789. Le comte et la comtesse de Provence s’installèrent alors dans l’hôtel du Petit Luxembourg. La description précise de ce meuble apparait dans l’inventaire révolutionnaire de cette résidence au moment où les biens du couple princier furent saisis après leur départ en émigration.


Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin


Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

La nuit, la neige a écrit:Et cette autre vidéo... durant laquelle est évoqué, lors de la visite du boudoir, ce "guéridon à plaques de porcelaine" comme étant l'un des "objets les plus précieux de ses collections".  

...et que la conservation du château présente plutôt comme un achat personnel de la comtesse de Provence pour son appartement de Versailles

On peut imaginer que le journaliste, tentant de régurgiter ce qu'il a entendu, se sera emmêlé les pinceaux entre le serre-bijoux et le guéridon, tous deux couverts de plaques de porcelaines

Visite radiophonique avec Hélène Delalex, conservatrice du patrimoine au Musée national des châteaux de Versailles et du Trianon, au micro de l'émission Au coeur de l'Histoire (Europe 1) :

INTERVIEW - Dans l’intimité de Marie-Antoinette : “Les cabinets intérieurs, c’est le saints des saints de l’intimité de la reine !”
Invitée : Hélène Delalex
Présentation : Virginie Girod
Durée : 30 mn


Présentation :

A l’occasion de la réouverture des cabinets intérieurs de Marie-Antoinette, l’historienne Virginie Girod vous fait visiter ces appartements privés, avec Hélène Delalex, conservatrice du patrimoine au Musée national des châteaux de Versailles et du Trianon.

C’est ici que la reine recevait ses plus proches amis, et s’octroyait des moments privilégiés avec ses enfants. Au sein du faste et de la grandeur du château de Versailles, les cabinets intérieurs détonneraient presque. “Cela frappe souvent les visiteurs, de voir ces minuscules pièces, parfois très simples, qui sont l’endroit véritablement où vivait la souveraine”, confie Hélène Delalex. Il s’agit d’une succession de pièces à taille humaine, mais toujours richement décorées. Dans la salle à manger, on découvre par exemple une splendide toile de Jouy au motif “ananas”, qui paraît très moderne pour l'époque ! “Les architectes vont rivaliser d’ingéniosité pour essayer de symétriser les pièces et former une sorte de canevas tout à fait charmant.”, détaille Hélène Delalex. Salle à manger, boudoirs, bibliothèque...

Au total, une vingtaine de pièces se regroupent sur deux étages, dont l’aménagement et les décors reflètent le goût et le style Marie-Antoinette. “La reine est obsédée par la clarté et la blancheur. Ces petits cabinets donnent sur des petites cours tristes, donc il fallait absolument apporter de la lumière. (…) Les fleurs qui sont répandues à profusion partout, sur les bronzes, sur les murs, sur le mobilier. Le XVIIIᵉ siècle, c'est la passion pour les fleurs et parmi lesquelles la rose, l'œillet, le myrte règnent en maître”, explique Hélène Delalex.

Au cours de cette déambulation dans les cabinets intérieurs de la reine, la conservatrice Hélène Delalex nous plonge au cœur de l’histoire et de vie privée de Marie-Antoinette.

Émission à écouter ici : Au coeur de l'Histoire (Europe 1) - Dans l'intimité des cabinets intérieurs de Marie-Antoinette

Dans l'attente d'autres illustrations de nos grands reporters en titre (oui, oui !), je vous propose l'écoute de cet entretien sur Storiavoce :  

Marie-Antoinette : comment recréer les appartements d'une reine
Invitée : Hélène Delalex
Storiavoce, webradio
Durée : 42 mn


Présentation :

Derrière le faste de ses salons, de ses chambres et de sa galerie des Glaces, le château de Versailles cache des pièces à visage humain : les appartements privés. Après plusieurs années d'études et différentes phases de restaurations au cours desquelles sont intervenus plusieurs corps de métiers, ceux de la reine Marie-Antoinette sont désormais accessibles au public.


Conservatrice au château, spécialiste de la souveraine, Hélène Delalex nous prend littéralement par la main afin de nous faire découvrir la réalité de cette "vie privée" de l'épouse de Louis XVI. Elle relate avant tout la façon dont cet incroyable projet a vu le jour et s'est développé pour enfin aboutir : que nous apprennent les archives sur ces appartements ? Une fois ces éléments réunis, comment les spécialistes et les hommes de l'art travaillent-ils ensemble ? Par ailleurs, que disent ces appartements du caractère et des goûts de la reine ? Un parcours étonnant au cours duquel Leslie Villiaume, horlogère du Château, évoque les garde-temps et nous fait écouter la sonnerie de la pendule de Morand.


L’invitée : Hélène Delalex est conservatrice du patrimoine au Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Elle a été commissaire de plusieurs grandes expositions dont Louis XV. 1722-2022 (2022, Château de Versailles), Versailles & le monde. Au cœur des échanges entre Orient et Occident (2021, Louvre Abu-Dhabi), Le Château de Versailles en 100 chefs-d’œuvre (Canberra, National Gallery of Art, 2016-2017, et Arras, Musée des Beaux-Arts 2014-2015), Roulez carrosses ! (2011-2013, Arras, Musée des Beaux-Arts). Elle a publié chez Perrin Marie-Antoinette. La légèreté et la constance (25€, 312 pages).

A écouter ici :



Ou bien sur Youtube :

Merci LNLN !

Et pour mieux s'y retrouver parmi les toiles retissées et les différentes pièces de cet appartement :



(C) EPV

Pour en savoir plus sur le retissage de la tenture à l’ananas de la salle à manger par la Maison Pierre Frey :

https://www.pierrefrey.com/fr/magazine/la-maison-pierre-frey-participe-a-la-restauration-des-cabinets-interieurs-de-la-reine-marie-antoinette-au-chateau-de-versailles