Les premières critiques contre la Dauphine
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: L'histoire de Marie-Antoinette :: L'archiduchesse d'Autriche et la dauphine de France
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Les premières critiques contre la Dauphine
Le mauvais goût allemand le dispute encore dans la toilette
de la Dauphine à l'élégante futilité de nos modes :
elle n'a pas entièrement renoncé à surcharger sa parure
d'ornements disparates, mais les conseils ne lui manqueront
pas. Marie- Antoinette, plus instruite que ne le sont
d'ordinaire et surtout en France les femmes de son rang,
sait le latin et l'italien : elle parle notre langue avec facilité
et sans un accent germanique trop marqué. Elle est
bonne musicienne et joue de la harpe avec une certaine
perfection. Somme toute, le prince Louis de Rohan, qui,
dit-on, avait donné sur le caractère de l'archiduchesse des
renseignements peu favorables, passe en ce moment à
Versailles pour lavoir calomniée. Des ennemis de ce diplomate
ont mis sous les yeux de Son Altesse l'original de la
lettre renfermant ces calomnïes.
«J'en prends bonne note», a dit la princesse.
Tout n'a pas été plaisir pour la Dauphine dans les fêtes
de son mariage, il s'y est glissé une circonstance désagréable
et même humiliante. Marie-Thérèse, toujours préoccupée
de la suprématie de sa maison, fit faire à son ambassadeur
en France, M. le comte de Mérey, la ridicule
demande que Mme de Lorraine et le prince de Lambesc,
parents de Sa Majesté Impériale, prissent rang aux
cérémonies du mariage immédiatement après les princes du
sang. Louis XV, plus faible que conséquent, consentit à
cette demande et exigea des grands de sa cour qu'ils s'y
conformassent. La jalousie et l'orgueil des ducs furent
révoltés du sacrifice de dignité qu'on leur imposait : ils
obéirent pourtant; mais les duchesses ne purent jusqu'à ce
point immoler leur fierté : elles refusèrent opiniâtrement
de laisser danser Mme de Lorraine avant elles, demandèrent
leurs équipages et revinrent à Paris.
La duchesse de Bouillon se distingua particulièrement dans cet acte de
désobéissance aux ordres de Sa Majesté par l'éclat de ses observations et de ses refus. Louis XV, offensé, lui interdit la cour. Mais cette punition ne calma point le dépit
de Marie-Antoinette. Elle se procura une copie de la lettre close que le roi avait écrite aux pairs à cette occasion et la renferma dans sa cassette après y avoir ajouté ces trois mots : Je m'en souviendrai.
« Il faut, disait la Dauphine à Mme de Noailles peu de
« jours après cet événement, il faut que l'étiquette soit
« bien impérieuse en France pour vous porter à oublier
« les égards de la plus simple politesse. Eh bien ! madame,
« je m'en affranchirai, moi, et dès demain j'éloignerai de
« ma maison ces dames titrées si fières, si prétentieuses ;
« l'intention de Sa Majesté ne doit pas être que je sois venue à
« Versailles pour me courber devant ses superbes sujettes».
En effet la Dauphine tourne déjà en dérision le ton
gourmé, les manières héraldiques des femmes qui ont osé
soutenir leur préséance sur les princesses de sa maison :
elle se permet des railleries passablement aigres contre la
noblesse de cour, « noblesse la plus souvent factice, dit-
elle, (élevée par le biais de l'intrigue au rang des illustres véritables qui règnent en province dans leurs vieux châteaux. » Pour mieux faire ressortir le ridicule
de l'étiquette, elle en enfreint les lois gênantes : Son Altesse
Royale court à pied accompagnée d'une seule dame ; elle
invite à dîner ses beaux-frères comme ferait une petite
bourgeoise, et va manger chez eux sans y être attendue.
Marie-Antoinette affecte une bonté populaire, une humanité
compatissante qui s'adresse surtout aux personnes de
la dernière classe. Peut-être serait-il trop sévère pourtant
de décider que ses bienfaits ne soient pas dus en partie à
l'humanité de son cœur.
Bien à vous.
de la Dauphine à l'élégante futilité de nos modes :
elle n'a pas entièrement renoncé à surcharger sa parure
d'ornements disparates, mais les conseils ne lui manqueront
pas. Marie- Antoinette, plus instruite que ne le sont
d'ordinaire et surtout en France les femmes de son rang,
sait le latin et l'italien : elle parle notre langue avec facilité
et sans un accent germanique trop marqué. Elle est
bonne musicienne et joue de la harpe avec une certaine
perfection. Somme toute, le prince Louis de Rohan, qui,
dit-on, avait donné sur le caractère de l'archiduchesse des
renseignements peu favorables, passe en ce moment à
Versailles pour lavoir calomniée. Des ennemis de ce diplomate
ont mis sous les yeux de Son Altesse l'original de la
lettre renfermant ces calomnïes.
«J'en prends bonne note», a dit la princesse.
Tout n'a pas été plaisir pour la Dauphine dans les fêtes
de son mariage, il s'y est glissé une circonstance désagréable
et même humiliante. Marie-Thérèse, toujours préoccupée
de la suprématie de sa maison, fit faire à son ambassadeur
en France, M. le comte de Mérey, la ridicule
demande que Mme de Lorraine et le prince de Lambesc,
parents de Sa Majesté Impériale, prissent rang aux
cérémonies du mariage immédiatement après les princes du
sang. Louis XV, plus faible que conséquent, consentit à
cette demande et exigea des grands de sa cour qu'ils s'y
conformassent. La jalousie et l'orgueil des ducs furent
révoltés du sacrifice de dignité qu'on leur imposait : ils
obéirent pourtant; mais les duchesses ne purent jusqu'à ce
point immoler leur fierté : elles refusèrent opiniâtrement
de laisser danser Mme de Lorraine avant elles, demandèrent
leurs équipages et revinrent à Paris.
La duchesse de Bouillon se distingua particulièrement dans cet acte de
désobéissance aux ordres de Sa Majesté par l'éclat de ses observations et de ses refus. Louis XV, offensé, lui interdit la cour. Mais cette punition ne calma point le dépit
de Marie-Antoinette. Elle se procura une copie de la lettre close que le roi avait écrite aux pairs à cette occasion et la renferma dans sa cassette après y avoir ajouté ces trois mots : Je m'en souviendrai.
« Il faut, disait la Dauphine à Mme de Noailles peu de
« jours après cet événement, il faut que l'étiquette soit
« bien impérieuse en France pour vous porter à oublier
« les égards de la plus simple politesse. Eh bien ! madame,
« je m'en affranchirai, moi, et dès demain j'éloignerai de
« ma maison ces dames titrées si fières, si prétentieuses ;
« l'intention de Sa Majesté ne doit pas être que je sois venue à
« Versailles pour me courber devant ses superbes sujettes».
En effet la Dauphine tourne déjà en dérision le ton
gourmé, les manières héraldiques des femmes qui ont osé
soutenir leur préséance sur les princesses de sa maison :
elle se permet des railleries passablement aigres contre la
noblesse de cour, « noblesse la plus souvent factice, dit-
elle, (élevée par le biais de l'intrigue au rang des illustres véritables qui règnent en province dans leurs vieux châteaux. » Pour mieux faire ressortir le ridicule
de l'étiquette, elle en enfreint les lois gênantes : Son Altesse
Royale court à pied accompagnée d'une seule dame ; elle
invite à dîner ses beaux-frères comme ferait une petite
bourgeoise, et va manger chez eux sans y être attendue.
Marie-Antoinette affecte une bonté populaire, une humanité
compatissante qui s'adresse surtout aux personnes de
la dernière classe. Peut-être serait-il trop sévère pourtant
de décider que ses bienfaits ne soient pas dus en partie à
l'humanité de son cœur.
Les Chroniques de l'Oeil-de-Boeuf
Bien à vous.
Invité- Invité
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