Aglaé de Barbentane, comtesse d'Hunolstein

Madame d'Hunolstein, fille de M. le marquis de Barbentane, chambellan de M. le duc d'Orléans et ministre plénipotentiaire de France près le grand-duc de Toscane, après avoir épousé M. le comte d'Hunolstein, colonel du régiment des dragons de Chartres, homme d'une ancienne noblesse d'Allemagne, entra dans le monde avec tous les avantages d'une figure charmante et d'un état distingué. Bientôt elle devint dame d'honneur de Madame la duchesse de Chartres, et, avant d'avoir obtenu cette place elle fixa l'attention de la reine au point qu'on cru un moment que Madame d'Hunolstein serait une favorite dans toutes les formes.

L'attention des courtisans à difficultuer (sic) l'arrivée à ce poste glissant, la légèreté de Madame d'Hunolstein, son goût pour les plaisirs de son âge, qui sont mieux suivis à Paris qu'à Versailles, tout concourut à ce que ces apparences de faveurs se bornassent à de l'accueil, mais un accueil très agréable ; et Madame d'Hunolstein fut une femme de la capitale des plus à la mode. Sa mère n'avait d'yeux que pour elle, et lui aida à cacher le résultat d'une première erreur qui l'obligea à faire un voyage en Suisse.

Suit l'histoire de la chute dans la belle ; Enfin monsieur le comte d'Hunolstein, le beau-père, ayant appris à n'en pouvoir douter que la femme de son fils s'oubliait au point d'arrêter les passants dans le jardin du Palais Royal et d'aller sur les brisées des filles publiques les plus infâmes, a exigé que M. et Mme de Barbentane prissent le parti de soustraire à la société de Paris Mme d'Hunolstein.

Par Vigée Le Brun



Par Carmontelle, à droite

Lucius a écrit: elle fixa l'attention de la reine au point qu'on cru un moment que Madame d'Hunolstein serait une favorite dans toutes les formes.

C'est bien bizarrement dit ...
Y aurait-il des formes spéciales pour être favorite de la reine ?  

.

Les honneurs, le pouvoir, l'influence, les bienfaits sociaux et financiers ... certain(e)s n'en avaient qu'une partie.

Notre dernière énigme, cette dame !

Duc d'Ostrogothie a écrit:

La nuit, la neige a écrit:Une maîtresse de Lafayette ?

Lucius a écrit:La peu fréquentable Mme de Hunolstein ?

Oui bravo il s'agit bien du "héros des Deux Mondes", Lafayette et de sa maîtresse indélicate  Aglaé de Barbentane, comtesse d'Hunolstein. Elle fit scandale par son libertinage et ses escroqueries. Sa carrière prit fin lorsqu'elle se piqua de voler un diamant d'une valeur de 32 000 livres à la duchesse de Chartres. A la demande de son époux et de sa mère, elle fut alors enfermée dans un couvent.

Voici les faits tels que rapportés par Imbert de Boudeau (cité par Olivier Blanc in "L'amour à Paris au temps de Louis XVI") : "Mme la comtesse d'Hunolstein, jeune gouvernante des enfants du duc de Chartres, connue par ses intrigues galantes avec le beau marquis de Valence, et surtout par ses faveurs accordés à M. le marquis de La Fayette qui lui faisait 12 000 livres de rente pour un fils naturel qu'elle lui avait donné, et à qui elle faisait accroire que cet enfant vivait encore, quoiqu'il soit mort il y a trois ans, quelques jours après sa naissance. Cette comtesse est très jolie, mais elle était affligée de la passion malheureuse de s'approprier les biens d'autrui. Ce qui a mis le comble à ses fredaines, c'est le larcin d'un diamant appartenant à Mme la duchesse de Chartres et estimé 32 000 livres. On a éclairé sa conduite. elle a été trouvée montée de bijoux, et , sans scandale, on l'a conduite il y a trois jours au couvent de Valdône où il paraît qu'elle restera le reste de sa vie. Ce sont Mme de Barbentane sa mère et le comte d'Olstein (sic) son mari qui ont obtenu et fait exécuter l'ordre qui la prive de sa liberté."

Le marquis de Bombelles évoque également dans son Journal la liaison de la comtesse d'Hunolstein avec Lafayette et la décision prise par ses parents de la conduire  à la campagne pour qu'elle y accouchât, avant d'être reléguée dans un couvent.

Duc d'Ostrogothie a écrit:
ses intrigues galantes avec le beau marquis de Valence, et surtout par ses faveurs accordés à M. le marquis de La Fayette qui lui faisait 12 000 livres de rente pour un fils naturel qu'elle lui avait donné, et à qui elle faisait accroire que cet enfant vivait encore, quoiqu'il soit mort il y a trois ans, quelques jours après sa naissance.

Il s'est fait plumer comme un pigeon, pendant trois ans ?!!
Quelle histoire !!! ... et quel aplomb, cette comtesse !

Oui   Bombelles s'en fait l'écho dans son Journal dont un extrait se trouve ci-dessous . On notera avec intérêt que toutes les fois où Lafayette revenait à Paris, le comte d'Hunolstein s'abstenait d'habiter avec sa femme. Autant dire que comme beaucoup d'autres, sa femme avait réussi à faire agréer à son mari sa liaison avec son amant. Ce qui parait avoir provoqué la chute de la comtesse , ce sont ses vols à répétition. On lui reprocha également de s'oublier au point "d'arrêter les passants dans les jardins du Palais-Royal et d'aller sur les brisées des filles publiques".

Une femme d'esprit dit en parlant de la comtesse d'Hunolstein, qui était rappelons-le dame d'honneur de la duchesse de Chartres : "Voilà ce que c'est que de s'exagérer les devoirs de sa place ! Non seulement elle a fait les honneurs du Palais-Royal, mais elle a cru devoir faire encore les honneurs du jardin".





Ce qui est également intéressant dans le récit de Bombelles, c'est d'apprendre que la comtesse d'Hunolstein "fixa l'attention de la reine" au point que l'on crut un moment qu'elle deviendrait l'une de ses "favorites". Ce genre de fréquentations de la reine peut expliquer les rodomontades de Joseph II au sujet de la conduite et des "liaisons dangereuses " de sa soeur ainsi que la crédulité du cardinal de Rohan qui a pu croire que la femme Lamotte pouvait être proche de Marie-Antoinette.

Merci, Votre Grâce, et merci Bombelles pour tous ces détails sidérants !
Wiki ne trouve rien de palpitant à nous raconter sur ce mari complaisant ( ou résigné ) :

Philippe Antoine Vogt d'Hunolstein naît le 4 mai 1750 à Metz, dans les Trois-Évêchés. Appartenant à une vieille famille de la noblesse lorraine, tirant son nom du chef-lieu de la baronnie d'Hunolstein, dans l'électorat de Trèves, Philippe Antoine se destine très tôt à la carrière des armes. Le 4 février 1770, Philippe Antoine Vogt d'Hunolstein épouse Élise Aglaé de Puget de Barbentane, dont il aura un fils, Philippe Charles quatre ans plus tard. En 1774, il sert au régiment de Chartres, un régiment de cavalerie.

En 1780, Philippe Antoine Vogt d'Hunolstein est nommé « Mestre de camp », soit colonel, du régiment de Chartres-dragons. Un peu plus tard, il est fait chevalier de l'ordre de Saint-Louis. Le 1er janvier 1784, Philippe Antoine Vogt d'Hunolstein est promu « Brigadier de cavalerie », soit général de brigade. Quatre ans plus tard, le 9 mars 1788, Vogt d'Hunolstein est promu « Maréchal de camp », soit général de division.

Lorsque la Révolution éclate, le « Maréchal de camp » Vogt d'Hunolstein quitte l'armée, mettant sa carrière militaire entre parenthèses. Après la chute de l'empereur Napoléon Ier, Philippe Antoine Vogt d'Hunolstein est élu député de la Moselle à la « Chambre introuvable », où il fait partie de la minorité ministérielle (1815-1816). Le 22 mai 1816, le comte d'Hunolstein est promu au grade de « Lieutenant-général », soit Général de corps d'armée, de la nouvelle armée royale.

Philippe Antoine Vogt d'Hunolstein décèdera à Marville dans la Meuse, le 24 avril 1830.

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Une femme d'esprit dit en parlant de la comtesse d'Hunolstein, qui était rappelons-le dame d'honneur de la duchesse de Chartres : "Voilà ce que c'est que de s'exagérer les devoirs de sa place ! Non seulement elle a fait les honneurs du Palais-Royal, mais elle a cru devoir faire encore les honneurs du jardin".

...

Mme de Sabran a écrit:

Lucius a écrit: elle fixa l'attention de la reine au point qu'on cru un moment que Madame d'Hunolstein serait une favorite dans toutes les formes.

C'est bien bizarrement dit ...  
Y aurait-il des formes spéciales pour être favorite de la reine ?  

.

Cette formule ("favorite dans toutes les formes") se réfère sans doute à la rumeur selon laquelle la reine était homosexuelle. Marie-Antoinette se fait l'écho de cette rumeur dans une lettre à sa mère.

Oui, je me souviens de cette lettre à Marie-Thérèse .
Marie-Antoinette sous-estime la méchanceté qui l'environne et la force de la calomnie.

Elle ne connait pas encore la force de l'image politique.

Quel plaisir que d'entendre parler de ma douce Aglaé ici !
Dommage que nous nous soyons séparés et que j'ai récemment appris qu'elle avait fait courir des rumeurs quelque peu.. délicates à mon sujet auprès des nobles de la Cour.