Portraits de Marie-Antoinette et de la famille royale, par Jean-Martial Frédou

Huile sur toile, portrait de Marie-Antoinette, vers 1774-1776, par Jean-Martial Frédou :



Variante coupée ou mauvaise photo, ce n'est pas son meilleur portrait....
Sans doute faut-il préférer l'imaginer tel que sur cette gravure du temps, d'après ce portrait :



Car Frédou était un peintre avec du talent...


Qui est Jean-Martial Frédou ?

Né en 1710 et mort en 1795, il a traversé tout le XVIIIè siècle !

Il est surtout connu pour son activité de peintre du Cabinet du roi.
C'est dans ce cabinet, situé dans l'Hôtel de la Surintendance à Versailles, qu'il dupliquait les portraits officiels des membres de la famille royale peints par Jean-Marc Nattier, Maurice Quentin de La Tour, Louis-Michel Van Loo, Alexandre Roslin ou Joseph Siffrein Duplessis et qu'il composait de nouveaux portraits à partir d'éléments empruntés aux œuvres originales de ces derniers.


Portrait de Louis XV par Frédou, d'après l'original de Van Loo



La Maison du roi employait de nombreux artistes chargés de copier les portraits du souverain et de la famille royale. Ils dépendaient soit de la surintendance des Bâtiments du roi, soit de l’administration des Menus Plaisirs. Les Bâtiments, chargés de l’image officielle du roi, faisaient exécuter des portraits originaux du souverain, des copies de ceux-ci et des copies des portraits des membres de la famille royale – les originaux étaient conservés au Cabinet des tableaux –, tandis que les Menus Plaisirs s’occupaient des présents faits par le roi et la famille royale, portraits soit en grand, soit en miniature.

Mais Jean-Martial Frédou fut aussi un excellent portraitiste.


Marie-Josephe de Saxe, par Frédou


Marie-Josèphe de Saxe
Jean-martial Frédou, d'après Maurice-Quentin de La Tour
Anciennement attribué à Jean-Marc Nattier
Photo : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot

Entre 1760 et 1762, la dauphine Marie-Josèphe de Saxe, belle-fille de Louis XV, lui commanda des portraits de ses enfants, d'une composition moins formelle, destinés à son usage privé.
Ces portraits peints à l'huile ou bien dessinés aux trois crayons (pierre noire, sanguine et craie blanche) rehaussés de pastel, sont tous empreints de vérité et de naturel.


Le duc de Bourgogne et le duc de Berry (futur Louis XVI), par Frédou


Louis-Joseph-Xavier de France, duc de Bourgogne
Par Jean-Martial Frédou, vers 1760
Huile sur toile
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin


Louis-Auguste, duc de Berry (Louis XVI)
Jean-Martial Frédou, vers 1760
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

De tous ces aimables petits portraits, le plus émouvant est, sans conteste, celui représentant Louis-Joseph-Xavier, duc de Bourgogne (1751-1761), fils aîné du Dauphin Louis Ferdinand, qui devait mourir très jeune des suites d'une tumeur maligne :




Louis-Joseph-Xavier de France, duc de Bourgogne
Par Jean-Martial Frédou, vers 1760
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Jean-Marc Manaï


Louis-Joseph-Xavier de France, duc de Bourgogne
Par Jean-Martial Frédou, 1761
Pierre noire, sanguine, craie blanche, rehauts de pastels
RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot

Le portrait du petit duc agonisant « en robe de chambre et bonnet de nuit » est celui qu’il reproduira le plus.
Par exemple cette autre version, présentée en vente aux enchères :


Jean Martial Fredou (1710-1795)
Portrait du duc de Bourgogne malade
Pierre noire, sanguine, craie blanche, et rehauts de pastel sur papier brun.
Photo : Tajan
Notre sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1953-bourgogne-frere-aine-de-louis-xvi#73001

Très aimé de la cour, le duc de Bourgogne meurt le 22 mars 1761 à l’âge de dix ans, et c’est cette œuvre touchante, ainsi qu’un « portrait de Monseigneur le duc de Bourgogne peint à l’huile, en habit de velours cerise brodé en argent », en buste, qui sera répétée plus de vingt fois par Frédou entre le 6 février 1760 et le 17 juillet 1761 !

Ces œuvres établissent à la cour sa réputation de peintre au « genre soigné ».
Il réalise par la suite de nombreux portraits de la famille royale : celui du dauphin, vers 1760, et celui du comte d’Artois, en 1773.


Le comte d'Artois par Frédou (photo de notre ami le comte Axel)

Et de nombreux autres portraits du comte d'Artois :





Faute de mieux pour les images, voici une gravure d'après ce portrait :

Charles-Philippe de France, comte d'Artois
Gravure de Jean Daullé, d'après Jean-Martial Frédou



La même année, il exécute deux portraits en buste du comte de Provence , ainsi que son effigie en pied.



Frédou fut nommé premier peintre du Comte de Provence (futur Louis XVIII) en 1776 à la mort de François-Hubert Drouais.
Il traversa donc tout le règne de Louis XVI, dont il réalisera notamment un portrait d’après nature en 1788 :


Louis XVI, roi de France
Jean-Martial Frédou, 1788
Dessin au crayon noir, sanguine, craie blanche avec rehauts de pastel sur papier
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot


Jean-Martial Frédou n’a jamais tenté d’entrer à l’Académie royale de peinture et de sculpture, de même que les autres copistes du Cabinet des tableaux.
D’autres copistes, employés par les Menus Plaisirs, ont eu des carrières plus brillantes.
Anne-Rosalie Filleul et Élisabeth Vigée-Lebrun furent également des copistes ponctuelles pour les Menus Plaisirs vers 1776.
Contrairement aux copistes des Menus Plaisirs, employés ponctuellement, les copistes travaillant au Cabinet des tableaux étaient attitrés au service du roi.

Ce statut trop contraignant explique sans doute leur carrière en demi-teinte. Le règlement très strict du Cabinet des tableaux et l’ampleur de leur tâche, considérablement accrue sous le règne de Louis XVI, leur ont laissé peu d’occasions de prouver leur talent par des ouvrages originaux.


* Source (images et extraits de texte)
Lire cet article très intéressant : Les copistes du Cabinet des tableaux de la surintendance des Bâtiments du roi au XVIIIè siècle, de Claire Aubaret.

Ici : https://crcv.revues.org/12223?lang=en

Un portrait qui sera présenté à l'occasion d'une vente aux enchères, organisée par l'étude Aguttes, à Paris, ce 16 mai 2017 :

Jean-Martial Fredou (1710-1795)
Portrait de la Comtesse d'Artois, Marie-Thérèse de Savoie
Sur sa toile d'origine 80,5 x 64,5 cm
Signé et daté en bas à droite Fredou/1783
Signé et daté au revers de la toile Peint par Fredou en 1783



* Source et Infos complémentaires : http://www.aguttes.com/html/fiche.jsp?id=7286791&np=&lng=fr&npp=150&ordre=&aff=&r=

Je profite de cette intervention dans ce sujet, afin de revenir sur une erreur d'attribution en amont.
Ma faute, ma faute, ma faute...

Ce portrait-ci, du comte de Provence, ne serait pas de Fredou comme je l'ai annoncé. Le château de Versailles, qui le conserve, l'attribue désormais à Louise Elisabeth Vigée Le Brun (depuis 2013) :





Je vois pourtant beaucoup de similitudes avec le(s) portrait(s) du comte d'Artois que nous avions présenté(s). Voir ces deux variantes, si vous souhaitez jouer au jeu des 7 erreurs...






Comme nous le précisions au début du sujet, Jean-Martial Fredou est connu pour son activité de peintre du Cabinet du roi (ou Cabinet des tableaux).
C'est dans ce cabinet, situé dans l'Hôtel de la Surintendance à Versailles, que Fredou et d'autres peintres dupliquaient les portraits officiels des membres de la famille royale peints par Jean-Marc Nattier, Maurice Quentin de La Tour, Louis-Michel Van Loo, Alexandre Roslin ou Joseph Siffrein Duplessis, et qu'ils composait de nouveaux portraits à partir d'éléments empruntés aux œuvres originales de ces derniers.

Or Elisabeth Vigée Le Brun a un temps fait partie de cet atelier de copistes.
Ce qui explique peut-être aussi cette nouvelle attribution ?

Dans la famille Provence, et donc toujours peints par Jean-Martial Fredou, nous retrouvons ces portraits-ci de l'épouse, que nous avions présentés dans le sujet dédiés à la comtesse de Provence





Ainsi que ces deux autres portraits, en médaillon.
Celui en collection privée


* Source image : http://die-bourbonen-frankreichs.npage.de/galerie244925.html?pagination[galleries][244925]=0

Et cet autre, qui serait conservé quant à lui à la Cathédrale de Saint-Etienne :


Photo : Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine


Attribution à Ducreux ? Voir aussi notre sujet :

Portraits de Marie-Antoinette en buste par Joseph Ducreux

Son coiffeur manquait d'imagination  ...

Lorsque l'on tape "Fredou, comte d'Artois" sur Google Images on remarque en première place un portrait du prince que je ne connaissais pas et me semble très beau.
Le benjamin des frères du roi pourrait avoir trente ans juste avant son émigration.
Il serait intéressant de le faire figurer sur les murs de notre forum. Merci.

Est-ce celui-ci ?

Nous présentons également de nombreux portraits ici, dont ceux du comte d'Artois :

Portraits de Marie-Antoinette et de la famille royale par Fredou

Mais je découvre celui posté par la comtesse, et j'avoue qu'il me surprend.
Pourquoi ces yeux qui semblent si ridés ? On dirait ceux d'un vieillard...
Une sorte de Benjamin Button, non ?  

Bon Ce n'est peut-être pas le meilleur Fredou, ni le meilleur Artois.  

Il était en passé en vente aux enchères chez Christie's New York, en 2001, qui l'attribuait à Jean-Martial Fredou
Avec mentions sur chassis : 'Provenant du Chateau des Comtes de Reiset pres du Creuze ... portrait du comte d'Artois'.

Il avait fait un tout petit prix à l'époque (4000 $), peu convaincant : http://www.christies.com/LotFinder/lot_details.aspx?intObjectID=2055391

Ce portrait, posté par la comtesse Diane , ressemble à un montage.... Le visage est légèrement trop important....et ne ressemble en rien à Artois.... Par contre il est probable que la base soit de Fredou


Bien à vous.

Oui Diane, c'est celui-ci. Merci.

Bon, je l'ai trouvé plutôt beau moi... Yeux fatigués il est vrai, comme après un lendemain de fête mais toujours séduisant prince.

Qui est-ce alors ? Le duc de Bourbon ? Cela aiguise ma curiosité...

Voilà le vrai visage que Jean-Martial Frédou peignit du comte d'Artois....


Aurait-il pu en faire une version aussi différente que celle sur laquelle nous nous interrogeons?  


Bien à vous.

Je ne sais pas trop Majesté...
Les portraits que vous exposez du prince sont ceux d'un prince très jeune, l'adolescence n'est pas si loin.
Celui que j'ai remarqué hier soir représente si c'est le comte d'Artois un homme beaucoup plus mature d’où peut-être les rides autour des yeux et le teint fatigué...
Mais bon le doute, l'erreur sont possibles, je ne suis qu'a peine un amateur pour les tableaux.
J'ai parlé du duc de Bourbon. Même bouche, même front, mêmes petits yeux. Mon interrogation ne fait que grandir. Grrrr.

La liste des candidats ne saurait être longue, notre "client" portant le cordon du Saint Esprit et la Toison d'Or

J'aime beaucoup votre proposition Condé-Bourbon, Dominique

Comme disait  D Poulain au tout début, quand vous tapez sur google image, Fredou, comte d'artois, la 1ère image est bien celle-ci:voyez vous-mêmes !

https://www.google.fr/search?q=fredou,+comte+d%27artois&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwiA1ve7ibvVAhWIPRoKHYYKCS4Q_AUICigB&biw=1920&bih=974

Ce n'est pas Artois . C'est mon dernier mot, Jean-Pierre .
Artois avait le front très haut, un visage long comme un jour sans pain ( ni brioche ) , il ne portait plus perruque à la maturité ...
Non, non et non !

Entièrement d'accord avec Éléonore !



Bien à vous.

Et Bourbon ça vous dit ?

Comtesse Diane a écrit:Est-ce celui-ci ?

http://www.valeursactuelles.com/comment-est-mort-louis-de-bourbon-conde-55297

Pourquoi pas !

Dominique Poulin a écrit:Et Bourbon ça vous dit ?

Je ne le connais pas de visu ...

Bon ce portrait fait un gros bide hi hi....

En comparant plusieurs portraits du duc de Bourbon et avec un ami à l'appui, point de ressemblance ! Je declare forfait !
Ni Bourbon ni Artois !

Les paris restent ouverts !

Je trouve pourtant que le portrait Du duc de Bourbon que j'ai placé en regard de celui dit d'Artois montre pourtant la même personne à quelques années d'intervalle : yeux, sourcils, lèvres, menton... tout y est !