Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
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Mr de Talaru
Comtesse Diane
hastur
Mme de Sabran
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Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
.
Ce sont les réformes du médecin/ministre de Christian VII, Stuensee, desquelles nous parlions avant les Fêtes, qui m'ont donné l'idée d'ouvrir ce sujet sur les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIII ème siècle et au cours des âges .
Car en réalité ce dispositif existait depuis des siècles .
Le tour d'abandon de l'hospice général de Rouen
........................................................... ***
Une tour d'abandon est une armoire ronde ( ou pas ) tournant sur pivot placée dans l'épaisseur d'un mur, ayant une sonnette à côté. Quelquefois la tour est fermée au moyen d'une petite fenêtre percée dans le mur de l'hospice, garnie de deux portes, l'une extérieure, l'autre intérieure. Entre ces deux portes dans l'épaisseur du mur se trouve un petit berceau et dès qu'une personne dépose un enfant en tournant la porte extérieure, une sonnette se déclenche permettant à une surveillante de la chambre intérieure d'être avertie.
C'est en Italie que ce système apparaît, avec les Ruote dei trovatelli (Roue pour enfants trouvés) . En 1198 le pape Innocent III ordonne que ces roues doivent être être installées dans les orphelinats afin de permettre aux femmes d'abandonner leur enfant et d'éviter l'infanticide.
L’abandon d’enfant est un phénomène très ancien qui connut un développement important au XVIIIe siècle.
En 1787, Necker, estimait à 40 000 le nombre d’enfants trouvés qui survivaient parmi les vingt-six millions d’habitants de la France. Selon Jean Pierre Bardet, c’est environs 3 millions d’enfants illégitimes (bâtards) qui furent abandonnés en France entre la seconde moitié du XVIIIème à la fin du XIXème, soit 1 enfant illégitime sur 2. On distinguait les « enfants trouvés », exposés dans les lieux publics, recueillis et transportés dans une institution, des « enfants abandonnés » que leurs parents confient à un proche, à une autorité locale, à une institution.
;;;;;;;;;;;;;;;
Ces enfants nés hors mariage sont un symptôme du patriarcat : bâtards illégitimes sans père = souvent abandon.
Mais ce peuvent être également des enfants nés dans une famille beaucoup trop pauvre pour assumer une bouche de plus à nourrir.
Un crime pénal
L’abandon d’enfant longtemps considéré comme un crime expose les mères à des sanctions pénales. En 1556, Henri II avait ordonné la promulgation d’un édit faisant obligation à toutes les filles de déclarer leur grossesse dès qu’elles en avaient connaissance pour limiter l’infanticide. Pourtant, il est avec l’abandon, monnaie courante. On abandonne plus facilement en ville qu’à la campagne, où l’on peut se fondre dans l’anonymat. Un grand nombre d’enfants sont déposés sur la voie publique, devant les porches des églises ou les maisons bourgeoises, la nuit. C’est la culture du secret !
Issus de mariages non approuvé par les pères
Les raisons de l’abandon sont multiples. Ces enfants peuvent être issus de mariage considéré comme illégitime, c’est-à-dire non-approuvé par le père d’un ou des deux mariés. L’ordonnance de 1556 impose le consentement paternel pour les filles jusqu’à 25 ans et 30 ans pour les garçons. Cette pratique se rencontre surtout dans la haute société.
Le mariage est le seul garant de la reconnaissance de paternité
La sexualité hors mariage engendre des enfants sans père. Un enfant né hors mariage était une honte, et avait moins de droits. Au début du siècle encore, en France, les couples qui procréent hors mariage sont bannis de la société, et parfois poussés au suicide ! Dans les sociétés catholiques, les enfants sans pères étaient jetés dans des hospices religieux, et les filles-mères, emprisonnées et esclavagées à vie dans des couvents de bonnes-soeurs.
Jean-Jacques Rousseau qui se pose en pédagogue en matière d’éducation, abandonne sans remord ses cinq bâtards à l’hospice. Ils y seront mieux élevés que par sa maîtresse dit-il.
Quelques illustrations :
Tour d'abandon français du XVIIIe siècle
(Musée de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, Hôtel de Miramion (Paris))
Ici un dessin de H. Pottin, représentant un de ces abandons : d'un côté la mère à genoux, qui embrasse son enfant avant de le laisser dans le tour, en compagnie du papa qui guette la venue d'éventuels passants, de l'autre, les nourrices et religieuses qui réceptionnent le bébé.
Ces bébés étaient gardés quelques jours à la crèche (8 à 10 jours) puis étaient confiés à des nourrices.
Bien souvent, peu de ces enfants en réchappaient : le trajet pour mener l'enfant à la nourrice étaient long, les bébés transportés en carrioles ne résistaient pas tous.
Les nourrices, peu scrupuleuses parfois, souvent mal informées sur les règles élémentaires d'hygiène s'en occupaient peu ou mal, et n'assumaient cette fonction que pour gagner quelques pièces à une époque où la misère faisait des ravages tant en campagne qu'en ville.
Tour d'abandon pivotante de l'ancien hôpital de Provins, en fonction de 1854 à 1859 ..Il recueillit 1258 enfants, soit pas loin de 5 enfants par semaine.
http://matricien.org/patriarcat/sociologie/abandon/
http://fr.geneawiki.com/index.php/Tour_d'abandon
http://bebe.doctissimo.fr/blog/15823-Le-tour-d-abandon.html
http://un-jour.une-photo.over-blog.com/tour-d-abandon-provins-seine%26marne
philippegeoffroy.free.fr
Ce sont les réformes du médecin/ministre de Christian VII, Stuensee, desquelles nous parlions avant les Fêtes, qui m'ont donné l'idée d'ouvrir ce sujet sur les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIII ème siècle et au cours des âges .
Car en réalité ce dispositif existait depuis des siècles .
Le tour d'abandon de l'hospice général de Rouen
........................................................... ***
Une tour d'abandon est une armoire ronde ( ou pas ) tournant sur pivot placée dans l'épaisseur d'un mur, ayant une sonnette à côté. Quelquefois la tour est fermée au moyen d'une petite fenêtre percée dans le mur de l'hospice, garnie de deux portes, l'une extérieure, l'autre intérieure. Entre ces deux portes dans l'épaisseur du mur se trouve un petit berceau et dès qu'une personne dépose un enfant en tournant la porte extérieure, une sonnette se déclenche permettant à une surveillante de la chambre intérieure d'être avertie.
C'est en Italie que ce système apparaît, avec les Ruote dei trovatelli (Roue pour enfants trouvés) . En 1198 le pape Innocent III ordonne que ces roues doivent être être installées dans les orphelinats afin de permettre aux femmes d'abandonner leur enfant et d'éviter l'infanticide.
L’abandon d’enfant est un phénomène très ancien qui connut un développement important au XVIIIe siècle.
En 1787, Necker, estimait à 40 000 le nombre d’enfants trouvés qui survivaient parmi les vingt-six millions d’habitants de la France. Selon Jean Pierre Bardet, c’est environs 3 millions d’enfants illégitimes (bâtards) qui furent abandonnés en France entre la seconde moitié du XVIIIème à la fin du XIXème, soit 1 enfant illégitime sur 2. On distinguait les « enfants trouvés », exposés dans les lieux publics, recueillis et transportés dans une institution, des « enfants abandonnés » que leurs parents confient à un proche, à une autorité locale, à une institution.
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Ces enfants nés hors mariage sont un symptôme du patriarcat : bâtards illégitimes sans père = souvent abandon.
Mais ce peuvent être également des enfants nés dans une famille beaucoup trop pauvre pour assumer une bouche de plus à nourrir.
Un crime pénal
L’abandon d’enfant longtemps considéré comme un crime expose les mères à des sanctions pénales. En 1556, Henri II avait ordonné la promulgation d’un édit faisant obligation à toutes les filles de déclarer leur grossesse dès qu’elles en avaient connaissance pour limiter l’infanticide. Pourtant, il est avec l’abandon, monnaie courante. On abandonne plus facilement en ville qu’à la campagne, où l’on peut se fondre dans l’anonymat. Un grand nombre d’enfants sont déposés sur la voie publique, devant les porches des églises ou les maisons bourgeoises, la nuit. C’est la culture du secret !
Issus de mariages non approuvé par les pères
Les raisons de l’abandon sont multiples. Ces enfants peuvent être issus de mariage considéré comme illégitime, c’est-à-dire non-approuvé par le père d’un ou des deux mariés. L’ordonnance de 1556 impose le consentement paternel pour les filles jusqu’à 25 ans et 30 ans pour les garçons. Cette pratique se rencontre surtout dans la haute société.
Le mariage est le seul garant de la reconnaissance de paternité
La sexualité hors mariage engendre des enfants sans père. Un enfant né hors mariage était une honte, et avait moins de droits. Au début du siècle encore, en France, les couples qui procréent hors mariage sont bannis de la société, et parfois poussés au suicide ! Dans les sociétés catholiques, les enfants sans pères étaient jetés dans des hospices religieux, et les filles-mères, emprisonnées et esclavagées à vie dans des couvents de bonnes-soeurs.
Jean-Jacques Rousseau qui se pose en pédagogue en matière d’éducation, abandonne sans remord ses cinq bâtards à l’hospice. Ils y seront mieux élevés que par sa maîtresse dit-il.
Quelques illustrations :
Tour d'abandon français du XVIIIe siècle
(Musée de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, Hôtel de Miramion (Paris))
Ici un dessin de H. Pottin, représentant un de ces abandons : d'un côté la mère à genoux, qui embrasse son enfant avant de le laisser dans le tour, en compagnie du papa qui guette la venue d'éventuels passants, de l'autre, les nourrices et religieuses qui réceptionnent le bébé.
Ces bébés étaient gardés quelques jours à la crèche (8 à 10 jours) puis étaient confiés à des nourrices.
Bien souvent, peu de ces enfants en réchappaient : le trajet pour mener l'enfant à la nourrice étaient long, les bébés transportés en carrioles ne résistaient pas tous.
Les nourrices, peu scrupuleuses parfois, souvent mal informées sur les règles élémentaires d'hygiène s'en occupaient peu ou mal, et n'assumaient cette fonction que pour gagner quelques pièces à une époque où la misère faisait des ravages tant en campagne qu'en ville.
Tour d'abandon pivotante de l'ancien hôpital de Provins, en fonction de 1854 à 1859 ..Il recueillit 1258 enfants, soit pas loin de 5 enfants par semaine.
http://matricien.org/patriarcat/sociologie/abandon/
http://fr.geneawiki.com/index.php/Tour_d'abandon
http://bebe.doctissimo.fr/blog/15823-Le-tour-d-abandon.html
http://un-jour.une-photo.over-blog.com/tour-d-abandon-provins-seine%26marne
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:
Car en réalité ce dispositif existait depuis des siècles .
Il existe toujours ...
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/06/11/en-europe-les-boites-a-bebes-se-multiplient_1716529_3214.html
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
En effet ce dispositif existe toujours et permet certainement d'éviter les drames auxquels nous assistons parfois ( comme récemment ) : les nourrissons retrouvés morts dans des poubelles , toilettes , etc...
hastur- Messages : 541
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Ce sujet me glace le sang ...
Voir ces tours avec un bébé dedans ! Ah ! Je meurs !
Voir ces tours avec un bébé dedans ! Ah ! Je meurs !
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
J'ai vu une de ces tours à Florence. Même si je n'approuve pas l'abandon c'était au moins donner une petite chance de survie à l'enfant et parfois aussi à la mère.
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
C'est terrible, évidemment...
Mais ce peut, soyons positifs, rappeler l'image des cigognes qui déposent les enfants nouveaux-nés à leurs parents, nouveaux dans ce cas-là...
Songeons qu'à l'époque les centres de planifications n'existaient pas... àè-è\':
Bien à vous.
Mais ce peut, soyons positifs, rappeler l'image des cigognes qui déposent les enfants nouveaux-nés à leurs parents, nouveaux dans ce cas-là...
Songeons qu'à l'époque les centres de planifications n'existaient pas... àè-è\':
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
;
Oui, cela valait mieux que le classique abandon sur les marches d'une église !
Nous nous souvenons bien de ce bambin , le futur d'Alembert, que Mme de Tencin met au monde le 16 novembre 1717, et dont elle n'a nullement l'intention de s'encombrer .
Bizarrement, Wiki fait endosser la paternité au duc Léopold Philippe Charles Joseph d'Arenberg (1690-1754) ...
Quoi qu'il en soit, Le lendemain, le petit est abandonné par sa mère qui le fait porter par un serviteur sur les escaliers de la chapelle Saint-Jean-le-Rond attenant à la tour nord de Notre-Dame de Paris. Comme le veut la coutume, il est nommé du nom du saint protecteur de la chapelle et devient Jean Le Rond. Il est d’abord placé à l’hospice des Enfants-Trouvés, mais retrouvé rapidement et placé dans une famille d’adoption par le chevalier Louis-Camus Destouches que j'ai toujours entendu dire son père naturel .
Destouches veille secrètement à son éducation en lui accordant une pension et le visite quelquefois chez sa nourrice, madame Rousseau, née Étiennette Gabrielle Ponthieux (ca 1683 - 1775)4 la fameuse « vitrière » chez qui d’Alembert vivra jusqu’à ses cinquante ans.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_le_Rond_D'Alembert
Oui, cela valait mieux que le classique abandon sur les marches d'une église !
Nous nous souvenons bien de ce bambin , le futur d'Alembert, que Mme de Tencin met au monde le 16 novembre 1717, et dont elle n'a nullement l'intention de s'encombrer .
Bizarrement, Wiki fait endosser la paternité au duc Léopold Philippe Charles Joseph d'Arenberg (1690-1754) ...
Quoi qu'il en soit, Le lendemain, le petit est abandonné par sa mère qui le fait porter par un serviteur sur les escaliers de la chapelle Saint-Jean-le-Rond attenant à la tour nord de Notre-Dame de Paris. Comme le veut la coutume, il est nommé du nom du saint protecteur de la chapelle et devient Jean Le Rond. Il est d’abord placé à l’hospice des Enfants-Trouvés, mais retrouvé rapidement et placé dans une famille d’adoption par le chevalier Louis-Camus Destouches que j'ai toujours entendu dire son père naturel .
Destouches veille secrètement à son éducation en lui accordant une pension et le visite quelquefois chez sa nourrice, madame Rousseau, née Étiennette Gabrielle Ponthieux (ca 1683 - 1775)4 la fameuse « vitrière » chez qui d’Alembert vivra jusqu’à ses cinquante ans.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_le_Rond_D'Alembert
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Comme le dit Hastur, de nos jours, la poubelle et récemment encore.....Au XXIème, avec les moyens contraceptifs, l'avortement ....quel cauchemar !
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
CLIO a écrit: avec les moyens contraceptifs, l'avortement ....quel cauchemar !
Pire qu'un cauchemar, une aberration.
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
.
Partout existent les tours d'abandon .
Dans les pays anglophones, le tour d'abandon s'appelle baby hatch (« guichet pour bébé », anciennement foundling wheel, soit « roue de l'enfant trouvé »), dans les pays germanophones « Babyklappe » (« guichet pour bébé ») ou Babyfenster (« fenêtre pour bébé »), en Italie culle per la vita (« berceau pour la vie »), au Japon こうのとりのゆりかご (« berceau de la cigogne ») ou 赤ちゃんポスト (« boîte à bébé »).
En Italie on trouve les premiers ruote dei trovatelli (« roues pour enfants trouvés »), en Allemagne, un marchand néerlandais installe un tour d'abandon (qu'il appelle « Drehladen »), Au Brésil et au Portugal, les « rodas dos expostos » (littéralement « roues pour les exposés ») Belgique : L'association Moeder voor Moeder (« Mères pour mères ») installe le premier babyschuif dans le district de Borgerhout d'Anvers en 2000. Il est communément appelé « Moeder Mozes Mandje », ou « Panier de Moïse des mères », en Inde ces bébés sont appelés Thottil Kuzhanthai (« bébés berceaux »)
Partout existent les tours d'abandon .
Dans les pays anglophones, le tour d'abandon s'appelle baby hatch (« guichet pour bébé », anciennement foundling wheel, soit « roue de l'enfant trouvé »), dans les pays germanophones « Babyklappe » (« guichet pour bébé ») ou Babyfenster (« fenêtre pour bébé »), en Italie culle per la vita (« berceau pour la vie »), au Japon こうのとりのゆりかご (« berceau de la cigogne ») ou 赤ちゃんポスト (« boîte à bébé »).
En Italie on trouve les premiers ruote dei trovatelli (« roues pour enfants trouvés »), en Allemagne, un marchand néerlandais installe un tour d'abandon (qu'il appelle « Drehladen »), Au Brésil et au Portugal, les « rodas dos expostos » (littéralement « roues pour les exposés ») Belgique : L'association Moeder voor Moeder (« Mères pour mères ») installe le premier babyschuif dans le district de Borgerhout d'Anvers en 2000. Il est communément appelé « Moeder Mozes Mandje », ou « Panier de Moïse des mères », en Inde ces bébés sont appelés Thottil Kuzhanthai (« bébés berceaux »)
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Notre amie Plume d'Histoire
s'intéresse aux cas désespérés des infanticides ou abandons d'enfants .
Infanticides : la détresse des femmes sous l’Ancien Régime
C'est ici : http://plume-dhistoire.fr/infanticides-la-detresse-des-femmes-sous-lancien-regime/
s'intéresse aux cas désespérés des infanticides ou abandons d'enfants .
Infanticides : la détresse des femmes sous l’Ancien Régime
C'est ici : http://plume-dhistoire.fr/infanticides-la-detresse-des-femmes-sous-lancien-regime/
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
C'est horrible à lire; ça me glace le sang; quelle désespérance !
Merci quand même Plume ! :!,,,!!!:
Merci quand même Plume ! :!,,,!!!:
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
désespoir, désespérance n'existe pas
Ayant lu récemment un livre sur la prostitution au XVIIIe, je vais m'autoriser une pause avant de replonger dans ce genre de lecture.
Ayant lu récemment un livre sur la prostitution au XVIIIe, je vais m'autoriser une pause avant de replonger dans ce genre de lecture.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Pour ceux que la petite enfance intéressent , ces conférences sont de qualité :
Conférence publique
Cycle « Les Mardis de l'École des chartes »
L’école des sages-femmes. Naissance d’un corps professionnel (1786-1917)
Débat avec Nathalie Sage Pranchère et Michelle Zancarini-Fournel.
Mardi 2 mai 2017, à 17 h
au 65, rue de Richelieu - Paris 2e (salle Delisle)
Débat avec Nathalie Sage Pranchère et Michelle Zancarini-Fournel.
Mardi 2 mai 2017, à 17 h
au 65, rue de Richelieu - Paris 2e (salle Delisle)
Conférence publique
Cycle « Les Mardis de l'École des chartes »
L’école des sages-femmes. Naissance d’un corps professionnel (1786-1917)
Débat avec Nathalie Sage Pranchère et Michelle Zancarini-Fournel.
Mardi 2 mai 2017, à 17 h
au 65, rue de Richelieu - Paris 2e (salle Delisle)
Débat avec Nathalie Sage Pranchère et Michelle Zancarini-Fournel.
Mardi 2 mai 2017, à 17 h
au 65, rue de Richelieu - Paris 2e (salle Delisle)
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Merci, chère Clio .
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
"Ce 16 novembre 1717, a été ramassé un garçon nouvellement né, trouvé exposé et abandonné dans une boîte de sapin blanc exposé dans le parvis de Notre-Dame, sur les marches de l'église Saint-Jean le Rond, que nous avons fait à l'instant porter à la Couche des Enfants Trouvés pour y être nourri et allaité en la manière accoutumée".
Ce bébé baptisé le lendemain sous le nom de Jean le Rond est le futur d'Alembert.
la Couche des Enfants Trouvés
En 1633, Vincent de Paul fonde l'Ordre des Filles de la Charité pour aider les enfants trouvés. D'importants dons financiers charitables, provenant de la haute société permettent financer l'institution. En 1638, est fondée l'institution des Enfants-Trouvés. Elle s'installe tout d'abord près de la porte Saint-Victor. Elle est transférée au château de Bicêtre en 1648, puis vers l'enclos Saint-Lazare. Elle est ensuite fixée rue du Faubourg Saint-Antoine.
Louis XIII le finance pour 4 000 livres, Louis XIV pour 8 000 livres, 120 000 livres lui sont allouées par le roi en 1767.
En 1670, l'institution est rattachée à l'Hôpital Général de Paris.
La chapelle de l'hôpital des Enfants-Trouvés ( devenu Hôpital Trousseau ) du faubourg Saint-Antoine avant sa destruction
Une étude détaillée des entrées et sorties à la maison de la Couche entre 1747 et 1756 laisse soupçonner que l'établissement fut au centre d'un gigantesque trafic d'enfants que l'affaire de l'Hôpital général voulut masquer au public et aux autorités.
Vers 1672, une annexe est créée sur l'île de la Cité dans des maisons de la rue Neuve-Notre-Dame appartenant à l’Hôtel-Dieu situées près de l’église Sainte Geneviève-des-Ardents. Elle accueille les enfants de moins de deux ans non sevrés. En 1747-1748, l’architecte Germain Boffrand (1667-1754) reconstruit cet hôpital qui occupe désormais un large quadrilatère compris entre le parvis Notre-Dame et les rues Neuve-Notre-Dame et Saint Christophe.
En 1772, l'hôpital des Enfants-Trouvés fusionne avec l'hôpital des Enfants-Rouges ( dans le Marais ). L'hôpital de l'île de la Cité est agrandi en 1782 par Charles-François Viel (1745-1819)3.
Ce bébé baptisé le lendemain sous le nom de Jean le Rond est le futur d'Alembert.
la Couche des Enfants Trouvés
En 1633, Vincent de Paul fonde l'Ordre des Filles de la Charité pour aider les enfants trouvés. D'importants dons financiers charitables, provenant de la haute société permettent financer l'institution. En 1638, est fondée l'institution des Enfants-Trouvés. Elle s'installe tout d'abord près de la porte Saint-Victor. Elle est transférée au château de Bicêtre en 1648, puis vers l'enclos Saint-Lazare. Elle est ensuite fixée rue du Faubourg Saint-Antoine.
Louis XIII le finance pour 4 000 livres, Louis XIV pour 8 000 livres, 120 000 livres lui sont allouées par le roi en 1767.
En 1670, l'institution est rattachée à l'Hôpital Général de Paris.
La chapelle de l'hôpital des Enfants-Trouvés ( devenu Hôpital Trousseau ) du faubourg Saint-Antoine avant sa destruction
Une étude détaillée des entrées et sorties à la maison de la Couche entre 1747 et 1756 laisse soupçonner que l'établissement fut au centre d'un gigantesque trafic d'enfants que l'affaire de l'Hôpital général voulut masquer au public et aux autorités.
Vers 1672, une annexe est créée sur l'île de la Cité dans des maisons de la rue Neuve-Notre-Dame appartenant à l’Hôtel-Dieu situées près de l’église Sainte Geneviève-des-Ardents. Elle accueille les enfants de moins de deux ans non sevrés. En 1747-1748, l’architecte Germain Boffrand (1667-1754) reconstruit cet hôpital qui occupe désormais un large quadrilatère compris entre le parvis Notre-Dame et les rues Neuve-Notre-Dame et Saint Christophe.
En 1772, l'hôpital des Enfants-Trouvés fusionne avec l'hôpital des Enfants-Rouges ( dans le Marais ). L'hôpital de l'île de la Cité est agrandi en 1782 par Charles-François Viel (1745-1819)3.
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Jean-Jacques Rousseau, abandonna ses cinq enfants ( !!! ) à l'Hôpital des Enfants Trouvés et avoua que " tout bien pesé je choisis pour eux le mieux, ou ce que je crus l'être. J'aurais voulu, je voudrais encore avoir été élevé et nourri comme ils l'ont été ".
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Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Étant donné qu'il prône une éducation communautaire, comme dans la République de Platon, ça paraît cohérent de sa part, d'autant que les Enfants Trouvés étaient un orphelinat de très bonne tenue.
Bien sûr nos sensibilités modernes nous détournent de ce genre de choix. Quoiqu'on ignore souvent qu'en droit français, l'éducation des enfants de leur naissance à l'âge adulte revient à l’État, et que celui-ci la délègue aux parents.
Bien sûr nos sensibilités modernes nous détournent de ce genre de choix. Quoiqu'on ignore souvent qu'en droit français, l'éducation des enfants de leur naissance à l'âge adulte revient à l’État, et que celui-ci la délègue aux parents.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Triste scène qui aurait pu avoir un tout autre décor : portail ou confessionnal d'une église, porte ou chambre d'auberge, tour "pour les enfants, qui a été fait (généralement près de l'entrée de l'hôpital) dans l'esprit de charité pour les conserver et empêcher l'exposition dans les rues et places publiques qui pourrait causer la mort des enfants soit par les passants qui ne les apercevant pas pourraient les fouler aux pieds, ou qui seraient gâtés par les autres animaux".
Ce système du tour est connu à Bordeaux, Dijon, Besides, à Montpellier et une sonnette destinée à prévenir l'hôpital le complète. A Paris le tour n'existera qu'à partir du 19ème siècle. Il s'agit d'enfants dits "trouvés" ou "exposés", mais on peut aussi se représenter une salle d'hôpital où un sergent de ville, une sage-femme, une entremetteuse viennent, parfois de très loin, apporter un enfant que ses parents abandonnent à l'assistance publique ; il s'agit alors d'enfants dits "abandonnés" .
L'abandon d'enfant est considéré comme un acte répréhensible ; aussi la saison et l'horaire en est-il toujours le même ! En automne 18 - 20 heures, au printemps 19 - 21 heures semblent plus propices ; la nuit est favorable mais l'hiver risque d'être fatal au nouveau né ! La petite Nicole Auger n'est guère âgée : quinze jours environ. Elle n'est pas l'exception ! En 1778 à Paris 80% des enfants recueillis par la Maison de la Couche ont moins de 1 mois. A Besides 57% ont de un jour à trois mois, l'exposition d'enfants de plus de 2 ans est rare : ils pourraient dénoncer ceux qui les abandonnent !
La petite Nicole Auger n'est pas un cas isolé. Dans la seule nuit du 20 avril 1720, il y eut 30 abandons d'enfants recensés à Paris ! A la veille de la Révolution Necker, contrôleur général des finances, estime à 40.000 le nombre d'enfants abandonnés en France et ce pour une population de près de 26 millions d'habitants, chiffre certainement en dessous de la réalité puisqu'il ne prend en compte que les survivants à l'abandon...
Le phénomène atteint une ampleur certaine ; de 1640 à 1789 la Maison de la Couche de Paris recueille près de 390.000 enfants abandonnés, avec une amplitude allant de 300 entrées annuelles vers 1650 à 5.500 vers 1780 ! A Lyon le flux annuel est de 600 vers 1690 (pour 115.000 habitants) et de 1.500 vers 1760 (pour 130.000 habitants). Marseille connaît le même accroissement : 41 abandons recensés en 1621 et 511 en 1788....
http://www.jeanlouis-garret.fr/Abandons_enfants_sous_ancien_regime.html
Ce système du tour est connu à Bordeaux, Dijon, Besides, à Montpellier et une sonnette destinée à prévenir l'hôpital le complète. A Paris le tour n'existera qu'à partir du 19ème siècle. Il s'agit d'enfants dits "trouvés" ou "exposés", mais on peut aussi se représenter une salle d'hôpital où un sergent de ville, une sage-femme, une entremetteuse viennent, parfois de très loin, apporter un enfant que ses parents abandonnent à l'assistance publique ; il s'agit alors d'enfants dits "abandonnés" .
L'abandon d'enfant est considéré comme un acte répréhensible ; aussi la saison et l'horaire en est-il toujours le même ! En automne 18 - 20 heures, au printemps 19 - 21 heures semblent plus propices ; la nuit est favorable mais l'hiver risque d'être fatal au nouveau né ! La petite Nicole Auger n'est guère âgée : quinze jours environ. Elle n'est pas l'exception ! En 1778 à Paris 80% des enfants recueillis par la Maison de la Couche ont moins de 1 mois. A Besides 57% ont de un jour à trois mois, l'exposition d'enfants de plus de 2 ans est rare : ils pourraient dénoncer ceux qui les abandonnent !
La petite Nicole Auger n'est pas un cas isolé. Dans la seule nuit du 20 avril 1720, il y eut 30 abandons d'enfants recensés à Paris ! A la veille de la Révolution Necker, contrôleur général des finances, estime à 40.000 le nombre d'enfants abandonnés en France et ce pour une population de près de 26 millions d'habitants, chiffre certainement en dessous de la réalité puisqu'il ne prend en compte que les survivants à l'abandon...
Le phénomène atteint une ampleur certaine ; de 1640 à 1789 la Maison de la Couche de Paris recueille près de 390.000 enfants abandonnés, avec une amplitude allant de 300 entrées annuelles vers 1650 à 5.500 vers 1780 ! A Lyon le flux annuel est de 600 vers 1690 (pour 115.000 habitants) et de 1.500 vers 1760 (pour 130.000 habitants). Marseille connaît le même accroissement : 41 abandons recensés en 1621 et 511 en 1788....
http://www.jeanlouis-garret.fr/Abandons_enfants_sous_ancien_regime.html
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Si c'est pas une misère ! Pauvres gosses .
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
LES ENFANTS DU VICE OU DE LA MISÈRE ?
Nicole Auger, enfant, en "procède des œuvres de Pierre Agree de Between Jolly, fille à marier" fait partie de la cohorte de ces fruits des unions fors mariage. Sommé de s'expliquer, le marchand de blé, Pierre Auger répond " Jolly a été à mon service et je l'ai mise hors de ma maison il y a quatre mois car j'ai découvert qu'elle était de mauvaise vie ; elle m'accuse accomplissement d'avoir eu affaire à elle, qu'elle est enceinte de mes œuvres... je le conteste formellement pour l'affront et le scandale" Cas banal qu'un contemporain résume ainsi "Le peuple consommé par les hommes riches.... les filles de service livrées à des célibataires dans l'âge des passions, se trouvant exposées à des séductions qu'il est très difficile d'éviter dans les grandes maisons, elles sont le jouet des valets, après avoir été quelquefois celui des maitres et finissent par être congédiées par leur maîtresse"
C'est un phénomène répandu. A Toulouse à la fin du XVIIème siècle un enfant sur 94 est illégitime, mais à la veille de la Révolution c'est un sur quatre. A Paris en 1762, sur les 5.032 enfants admis à la Maison de la Couche 4.297 sont nés hors mariage. A Reims vers 1780, les célibataires représentent 85% des mères d'enfants abandonnés : elles sont d'ailleurs souvent fort jeunes.
L'hôpital est aussi un grand pourvoyeur d'enfants abandonnés au sens strict du terme. En 1778, à Paris 30% des enfants admis à la Couche proviennent de l'Hôtel-Dieu. De nombreuses femmes accouchent à l'hôpital dans des conditions souvent mortelles, elles y laissent des orphelins. Beaucoup de femmes pauvres, comme cette Michelle Calais que est entrée malade à l'Hôtel-Dieu de Paris le 28 avril 1698, y font venir leur fils, dans ce cas précis de dénommé Charles Hochant qu'on lui apporte de la Roche Guy le 3 mai. Les prisons et maisons de force expédient aussi les rejetons des "filles de mauvaise vie" quand elles accouchent. A Marseille ces enfants représentent 20% des recueillis de l'Hôtel-Dieu de la ville.
Mais la misère semble être la grande cause des abandons d'enfants car "comment songer à la subsistance des enfants quand celle qui accouche est elle-même dans la misère et ne voit de son lit que des murailles dépouillées ? Le quart de Paris ne sait pas bien sûrement la veille, si ses travaux lui fourniront de quoi vivre le lendemain . C'est dans le dernier terme de la détresse que la pauvre quitte son domicile et abandonne ses enfants".
Le fait est indéniable, et les registres d'admission à la Maison de la Couche ou des Hôtel-Dieu de province montrent un abandon parallèle des abandons d'enfants et des grandes crises de subsistance, des épidémies ou des guerres .
Pour autant qu'on puisse le savoir des parents des enfants abandonnés sont très souvent issus des classes populaires : les pères sont pour 1/3 des ouvriers des manufactures et pour 1/4 des ouvriers agricoles.
Il s'agit alors souvent d'enfants légitimes que l'on abandonne pour un temps, comme le fait cette mère de Rouen en août 1785 : "je vous la laisse en bon état et vous prie d'en avoir bien soin, jusqu'à ce que j'ai gagné un lit pour me coucher, car je couche par terre depuis que je suis sortie de l'hôpital et je suis devenue enflée de fièvre". Encore à Rouen existe-t-il des secours pour les familles pauvres : "à compter du 1er janvier 1773, il ne sera accordé de pension pour les enfants nouveaux nés qu'aux pauvres familles de la ville et des faubourgs qui auront au moins trois enfants nés sur place". Ce sont des "allocations familiales" avant la lettre.
De 1741 à 1761 il y eut 5.600 cas de secours.
( même source )
Nicole Auger, enfant, en "procède des œuvres de Pierre Agree de Between Jolly, fille à marier" fait partie de la cohorte de ces fruits des unions fors mariage. Sommé de s'expliquer, le marchand de blé, Pierre Auger répond " Jolly a été à mon service et je l'ai mise hors de ma maison il y a quatre mois car j'ai découvert qu'elle était de mauvaise vie ; elle m'accuse accomplissement d'avoir eu affaire à elle, qu'elle est enceinte de mes œuvres... je le conteste formellement pour l'affront et le scandale" Cas banal qu'un contemporain résume ainsi "Le peuple consommé par les hommes riches.... les filles de service livrées à des célibataires dans l'âge des passions, se trouvant exposées à des séductions qu'il est très difficile d'éviter dans les grandes maisons, elles sont le jouet des valets, après avoir été quelquefois celui des maitres et finissent par être congédiées par leur maîtresse"
C'est un phénomène répandu. A Toulouse à la fin du XVIIème siècle un enfant sur 94 est illégitime, mais à la veille de la Révolution c'est un sur quatre. A Paris en 1762, sur les 5.032 enfants admis à la Maison de la Couche 4.297 sont nés hors mariage. A Reims vers 1780, les célibataires représentent 85% des mères d'enfants abandonnés : elles sont d'ailleurs souvent fort jeunes.
L'hôpital est aussi un grand pourvoyeur d'enfants abandonnés au sens strict du terme. En 1778, à Paris 30% des enfants admis à la Couche proviennent de l'Hôtel-Dieu. De nombreuses femmes accouchent à l'hôpital dans des conditions souvent mortelles, elles y laissent des orphelins. Beaucoup de femmes pauvres, comme cette Michelle Calais que est entrée malade à l'Hôtel-Dieu de Paris le 28 avril 1698, y font venir leur fils, dans ce cas précis de dénommé Charles Hochant qu'on lui apporte de la Roche Guy le 3 mai. Les prisons et maisons de force expédient aussi les rejetons des "filles de mauvaise vie" quand elles accouchent. A Marseille ces enfants représentent 20% des recueillis de l'Hôtel-Dieu de la ville.
Mais la misère semble être la grande cause des abandons d'enfants car "comment songer à la subsistance des enfants quand celle qui accouche est elle-même dans la misère et ne voit de son lit que des murailles dépouillées ? Le quart de Paris ne sait pas bien sûrement la veille, si ses travaux lui fourniront de quoi vivre le lendemain . C'est dans le dernier terme de la détresse que la pauvre quitte son domicile et abandonne ses enfants".
Le fait est indéniable, et les registres d'admission à la Maison de la Couche ou des Hôtel-Dieu de province montrent un abandon parallèle des abandons d'enfants et des grandes crises de subsistance, des épidémies ou des guerres .
Pour autant qu'on puisse le savoir des parents des enfants abandonnés sont très souvent issus des classes populaires : les pères sont pour 1/3 des ouvriers des manufactures et pour 1/4 des ouvriers agricoles.
Il s'agit alors souvent d'enfants légitimes que l'on abandonne pour un temps, comme le fait cette mère de Rouen en août 1785 : "je vous la laisse en bon état et vous prie d'en avoir bien soin, jusqu'à ce que j'ai gagné un lit pour me coucher, car je couche par terre depuis que je suis sortie de l'hôpital et je suis devenue enflée de fièvre". Encore à Rouen existe-t-il des secours pour les familles pauvres : "à compter du 1er janvier 1773, il ne sera accordé de pension pour les enfants nouveaux nés qu'aux pauvres familles de la ville et des faubourgs qui auront au moins trois enfants nés sur place". Ce sont des "allocations familiales" avant la lettre.
De 1741 à 1761 il y eut 5.600 cas de secours.
( même source )
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Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Merci, chère Comtesse, pour cette jolie illustration du drame de l'abandon d'enfants .
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle
Aussi curieux que cela puisse paraître, la petite bourgeoisie ne dédaigne pas d'employer l'abandon.
C'est souvent pour passer le cap d'un mouvement difficile sur le plan financier que l'on croit, à tort, que l'enfant recevra à l'hôpital des enfants trouvés une subsistance et une éducation satisfaisante.
Exactement ce que disait Jean-Jacques un peu en amont .
L'abandon alors n'est que temporaire et on prend bien soin de laisser avec l'enfant des signes distinctifs qui permettront de le réclamer.
Ce billet de juin 1730 est révélateur de cet état d'esprit :
"le père et la mère de cet enfant prient instamment d'en avoir grand soin ; il est de naissance et de bonne famille, il a quinze jours, i est baptisé et s'appelle Jean, il a tétée. Dans six mois au plus on ira le chercher... et l'on paiera tout ce que l'on pourra exiger".
C'est souvent pour passer le cap d'un mouvement difficile sur le plan financier que l'on croit, à tort, que l'enfant recevra à l'hôpital des enfants trouvés une subsistance et une éducation satisfaisante.
Exactement ce que disait Jean-Jacques un peu en amont .
L'abandon alors n'est que temporaire et on prend bien soin de laisser avec l'enfant des signes distinctifs qui permettront de le réclamer.
Ce billet de juin 1730 est révélateur de cet état d'esprit :
"le père et la mère de cet enfant prient instamment d'en avoir grand soin ; il est de naissance et de bonne famille, il a quinze jours, i est baptisé et s'appelle Jean, il a tétée. Dans six mois au plus on ira le chercher... et l'on paiera tout ce que l'on pourra exiger".
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