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Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle

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Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle - Page 2 Empty Re: Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle

Message par Trianon Sam 29 Avr 2017, 15:03

Il faut dire qu'au XVIIIème siècle la constitution de la femme est plus saine, que ce soit à la campagne que dans les cours et chez les aristocrates. C'est-à-dire qu'une femme tombe très facilement enceinte, d'où beaucoup d'accidents d'enfants illégitimes.
Or, aujourd'hui les choses ont quelque peu changé. Beaucoup de femmes, au contraire, ont d'énormes difficultés pour engendrer. Pourtant, malgré les abandons qui ont probablement diminué, il est extrêmement difficile d'adopter un enfant.
La Tour d'abandon était une très bonne idée même si l'enfant n'était pas toujours sorti d'affaire, mais c'était quand même mieux que ces nouveaux-nés retrouvés dans des poubelles par exemple. Quelle horreur !!! Mais, quelle détresse aussi pour la femme qui arrivait à une telle décision. Et au XVIIIème siècle la grande misère a été un grand fléau pour l'abandon des enfants. Et je reste persuadée que nombre de mères ont dû avoir le coeur déchiré. N'oublions pas que c'est un lien qui dure 9 mois.
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Message par Mme de Sabran Sam 29 Avr 2017, 17:04

Trianon a écrit:Il faut dire qu'au XVIIIème siècle la constitution de la femme est plus saine, que ce soit à la campagne que dans les cours et chez les aristocrates. C'est-à-dire qu'une femme tombe très facilement enceinte, d'où beaucoup d'accidents d'enfants illégitimes.


Je ne sais pas si les femmes étaient plus saines, plus fertiles, plus fécondes, mais vous avez raison, chère Trianon, de soulever le problème des enfants non désirés, même quand il n'y a pas la misère à la clef ( là, je pense à Mme de Tencin . Shame on her ! )

D'une manière générale l'abandon apparaît comme un moyen commode de se débarrasser d'un enfant qui aurait compromis la situation de la famille. Il aurait peut être été plus simple pour la mère d'éviter d'accoucher. Les méthodes contraceptives naturelles, sont connues... l'avortement aussi. Mais depuis l'Edit de 1556, toutes les grossesses doivent être déclarées ; est déclarée meurtrière et soumise à bannissement ou à la peine de mort "toute femme qui se trouvera convaincue d'avoir caché, couvert et occulté tant sa grossesse que son enfantement"..
En 1585, le roi Henry III dut renouveler et ordonner sa publication au peuple tous les trois mois par les curés au prône de messes paroissiales. En 1708 et en 1784 le roi dut renouveler ses ordres : preuves s'il en était besoin que la pratique des avortements se maintenait !

Dans le ressort du Parlement de Paris , la déclaration est faite, en ville à un commissaire, à la campagne au procureur du roi, qui l'inscrit, sous le sceau du secret et sans exiger le nom du père, sur le registre destiné à cet effet.
A Marseille au XVIIIème siècle la déclaration est faite devant le lieutenant général criminel et les "filles" qui essaient de se soustraire à cette obligation peuvent être dénoncées par des voisins et internées à la maternité spéciale de l'Entrepôt de l'hôpital du Refuge ! Mais en Provence sur leur seul avis les mères peuvent faire attribuer la paternité, ce qui provoqua de nombreux abus !

Si l'avortement a lieu, les peines sont très sévères : avant le quarantième jour de la conception (date admise alors pour le début de l'animation du foetus) c'est le bannissement ; après le quarantième jour, c'est la peine de mort !
Il ne reste alors qu'à mener la grossesse à terme et dès la naissance à pratiquer l'exposition de l'enfant ; car les risques sont tout de même moins sérieux : le fouet, l'amende honorable et le bannissement en cas de récidive...

A Nantes si on découvre la fille-mère d'un enfant abandonné, on lui demande le lieu de la conception et on renvoie l'enfant à la communauté d'origine. Si le père est Nantais il doit payer une amende de 150 à 200 livres pour l'entretien de l'enfant jusqu'à ses 10 ans.

A Dijon en est encore plus clément puisque "les religieuses doivent tâcher doucement de découvrir d'où les enfants peuvent avoir été apportés et par qui ; et si elles le découvrent (la tenant secrète à tout autre) elles doivent les déclarer en particulier à MM les Intendants pour les faire reprendre par les mères si elles ont de quoi le faire ou les obliger à venir les nourrir si elles sont pauvres" .

Bien qu'il soit réprimé, l'abandon d'enfants à la faveur des autorités car "si l'exposition est un crime qui ne mérite aucun pardon, il est des cas où on doit fermer les yeux sur certains maux pour en éviter de plus considérables.... On fait sagement de s'imposer le silence, de crainte qu'un excès de rigueur n'engage les personnes qui seraient dans le cas de tomber dans de pareils délits de se mettre à l'abri de toutes poursuites en étouffant les enfants, en les précipitant dans les puits, les rivières ou les latrines... L'exposition ne mérite donc pas de poursuite : vous pourrez seulement faire ordonner l'enquête pour l'exemple seulement....."

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Message par Trianon Dim 30 Avr 2017, 02:03

.............................. Les méthodes contraceptives naturelles, sont connues... l'avortement aussi.
Vous faites bien de le préciser, Éléonore. Parallèlement à cela, les lois au XVIIIème siècle étaient si draconiennes contre l'avortement, l'abandon et les enfants non désirés. Bref, une grande évolution en faveur des femmes avec la loi Veil en 1974. C'est un passé pas si lointain.
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Message par Mme de Sabran Jeu 20 Juil 2023, 12:39

Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle - Page 2 _55

La Société de Charité Maternelle ou Société maternelle, organisation caritative française, est fondée par Anne-Françoise de Fougeret à Paris en mai 1788. Cependant, elle n'est officiellement inaugurée que le 4 janvier 1790, lorsque la première réunion a lieu au palais des Tuileries en présence de Marie-Antoinette , qui avait accepté d'en être la Présidente d'Honneur et Fondatrice d'Honneur ainsi que Protectrice aux côtés d'Anne-Françoise de Fougeret. Par la suite, leurs réunions se tiennent régulièrement à l' Hôpital des Enfants Trouves .

Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle - Page 2 00000011
Mme de Fougeret
Élisabeth Louise Vigée Le Brun

Le but de la Société était d'aider financièrement les mères pauvres car,  phénomène courant, ces femmes confiaient leurs enfants à la garde d'hôpitaux, où les conditions étaient aussi mauvaises que la mortalité des enfants était élevée. Après que la Société ait enquêtées par des visites et des inspections et les en ait jugées dignes, ces mères recevaient une aide pécunière pour élever leurs enfants.

La Société appartenait à une tendance alors nouvelle et moderne d'organisations caritatives laïques privées,  jusque-là gérées normalement par l'église. C'était aussi une innovation pionnière dans le fait que la Société était gérée exclusivement par des femmes, organisation féminine laïque donc à une époque où les organisations féminines étaient jusqu'alors normalement religieuses.

La Société fut fermée en 1793 pendant le règne de la terreur , mais rouverte en 1801.  Napoléon en prit le contrôle en 1810 et en fit  une organisation faîtière impériale , avec intronisation de toutes les autres organisations caritatives féminines françaises similaires et l'impératrice Marie Louise pour présidente d'honneur.
La protection de l'Etat perdura sous Marie-Thérèse, duchesse d'Angoulême jusqu'en 1830,  Marie-Amélie, sous la monarchie de Juillet et  Eugénie sous le Second Empire.
Les tours d'abandon des nouveaux-nés au XVIIIe siècle - Page 2 _56
Paris. La fête villageoise au concert des Champs-Elysées au profit de la Société de Charité maternelle.
La tombola pendant le jour.
Musée Carnavalet

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Message par Monsieur de la Pérouse Sam 22 Juil 2023, 23:09

D'Alembert a la palme, on est d'accord, mais d'autres enfants abandonnés sont-ils devenus célèbres?
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