Laure Junot, duchesse d’Abrantès
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Laure Junot, duchesse d’Abrantès
Laure Junot, duchesse d’Abrantès, née Laure Adelaïde Constance Permon le 6 novembre 1784 à Montpellier et morte le 7 juin 1838 à Paris, est une mémorialiste française.
Fille de Charles Martin Permon, pourvoyeur de vivres pour l’Armée d’Amérique1 et administrateur civil en Corse, et de Panoria Comnène, Laure Permon se prétendait issue par sa mère d’une branche déchue des empereurs byzantins. Mariée à Junot, qui deviendra fou et finira par se suicider en 1813, elle commença une carrière littéraire pour pallier ses multiples revers de fortune, et ce grâce à la collaboration d’un jeune écrivain encore méconnu : Honoré de Balzac.
Gravure d’après Julien Léopold Boilly (1836).
Biographie
Laure d’Abrantès a rapporté dans ses Mémoires que le jeune Napoléon Bonaparte avait goulûment convoité puis demandé sa mère en mariage après son veuvage.
Bonaparte avait les yeux fixés sur elle avec une avidité dont rien ne peut donner l'idée ... :
Si l'information semble quelque peu douteuse, il est néanmoins certain qu’il a beaucoup fréquenté sa famille une fois qu’elle s’est, après diverses vicissitudes, installée à Paris après la chute des Jacobins le 9 thermidor an II.
Quant à Laure, Junot allait incessamment sous peu entrer dans sa vie ...
Le 30 octobre 1800, elle épouse le général Andoche Junot . Laure a 16 ans, lui 29.
Mariée à Junot au début du Consulat, elle entre bientôt dans l’animation de la vie parisienne où sa beauté, son esprit caustique et son extravagance ne tardent pas à la faire remarquer.
Et si le premier Consul la surnomme la petite peste, c'est de manière affectueuse car il la traite, ainsi que Junot, avec la plus grande générosité ; un sentiment qui néanmoins ne sera jamais partagé par l'intéressée, la duchesse n'hésitant pas à se répandre en sarcasmes et calomnies à son endroit dans ses Mémoires historiques sur Napoléon Ier.
Elle fait montre, durant la mission diplomatique de son mari à Lisbonne, d’une telle prodigalité que celui-ci se retrouve à son retour à Paris, en 1806, surchargé de dettes que ses propres intrigues ne font rien pour arranger. A Paris, elle reçoit les leçons de piano de Daniel Steibelt, qui lui dédie deux œuvres, "Le Bouquet", pour sa fête en août 1807, et une grande pièce en l'honneur de la paix de Tilsit.
Elle rejoint à nouveau son mari à Lisbonne après son entrée victorieuse dans cette ville fin 1807, mais même les libéralités et le butin acquis à Lisbonne ne satisfont pas ses exigences. Elle accompagne ensuite Junot durant une partie de la guerre d’Espagne.
... par Jacques Louis David :
De retour en France en octobre 1808, la vivacité de ses remarques et la réception d’invités exécrés de l’Empereur suscitent le mécontentement de Napoléon. Elle devient également la maîtresse du comte de Metternich, ambassadeur d’Autriche en France. L’aggravation des troubles mentaux de Junot la menace ensuite de ruine, ce qui explique peut-être pourquoi elle a trempé dans les intrigues visant à restaurer les Bourbons au trône en 1814. Elle ne se ralliera pas à Napoléon pendant les Cent jours.
Junot mourra en 1813. Laure Junot, duchesse d'Abrantès est veuve à 29 ans.
Sous le Consulat et l'Empire, elle participe à la vie de la cour, dont elle sera une des femmes les plus brillantes, faisant de son salon le rendez-vous de la société impériale.
Après 1815, elle passe la majeure partie de son temps à Rome, dans le monde artistique qu’elle anime par la vivacité de sa conversation. De retour à Paris, sous la Restauration, elle devient monarchiste et traite Napoléon Bonaparte de monstrueux usurpateur, puis tente de combler ses dettes et de retrouver son rang en vendant meubles et bijoux. Mais surtout, elle rêve d’écrire pour ajouter à ses maigres revenus des droits d’auteur.
C’est ainsi qu’elle devient la maîtresse du jeune Honoré de Balzac vers 1828, après s’être longtemps refusée à lui. L’auteur de La Comédie humaine lui sert d’abord de conseiller, de correcteur et d’homme à tout faire. C’est lui qui la pousse à rédiger ces Mémoires qu’il corrigera inlassablement et dont, le succès acquis, elle niera impudemment qu’il y eût mis la main.
by Paul Gavarni
La duchesse connaît cependant une triste fin de vie, jalonnée de difficultés financières et littéraires. Après quelques années de succès, les échecs se succèdent : Balzac ne travaille plus pour elle, elle le perd comme amant et elle doit louer un rez-de-chaussée rue de La Rochefoucauld où elle tente de reconstituer un salon avec des amis fidèles aux souvenirs de l’Empire. Juliette Récamier, Théophile Gautier (qui la surnommait « la duchesse d’Abracadabrantès »), des acteurs mondains et des douairières sont de ceux-là.
Les journaux parlent de la Société des polichinelles au sujet des acteurs mondains. Mais le pire est à venir. Le libraire Ladvocat refusant ses manuscrits, la duchesse tombe dans l’indigence, doit vendre son mobilier.
Elle aura une fin de vie misérable.
Malade, sans argent, elle se fait admettre à force de supplications dans une maison de santé 70, rue de Chaillot. "Un petit lit dans une chambre misérable, c'est là qu'elle mourra, seule le 7 juin 1838."
"Ce que l'âge, la maladie, la misère avait arraché à la femme, la mort le rend à la Duchesse, elle retrouve enfin son rang : tout Paris est là, tout Paris lui rend hommage et l'accompagne à sa dernière demeure au cimetière Montmartre.
En tête de cortège, avec les fils, marchent Hugo, Chateaubriand, Dumas suivis par la plupart des notabilités sociales, politiques, littéraires et artistiques.
Un comité se forme pour élever un monument à sa mémoire au Père Lachaise... au dernier moment, le Conseil de Paris refuse le terrain nécessaire à l'érection du mausolée.
Outré d'une telle mesquinerie Victor Hugo compose un poème, glorifiant la disparue et vilipendant les édiles."
Elle est inhumée au cimetière de Montmartre, où sa tombe est ornée d'un médaillon de David d'Angers.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Laure_Junot_d'Abrant%C3%A8s
http://www.bievres.fr/Decouvrir-Bievres/Bievrois-celebres/Laure-Junot-Duchesse-d-Abrantes
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A LAURE, DUCHESSE D'ABRANTES
Puisqu'ils n'ont pas compris dans leur étroite sphère.
Qu'après tant de splendeur, de puissance et d'orgeuil,
II était grand et beau que la France dût faire
L'aumône d'une fosse à ton noble cercueil ;
Puisqu'ils n'ont pas senti que celle qui sans crainte
Toujours loua la gloire et flétrit les bourreaux,
A le droit de dormir sur la colline sainte,
A le droit de dormir à l'ombre des héros ;
Puisque le souvenir de nos grandes batailles
Ne brûle pas en eux comme un sacré flambeau ;
Puisqu'ils n'ont pas de cœur ; puisqu'ils n'ont point d'entrailles :
Puisqu'ils t'ont refusé la pierre d'un tombeau ;
C'est à nous de chanter un chant expiatoire !
C'est à nous de l'offrir notre deuil à genoux !
C'est à nous, c'est à nous de prendre ta mémoire
Et de l'ensevelir dans un vers triste et doux !
C'est à nous cette fois de garder, de défendre
La mort contre l'oubli, son pâle compagnon ;
C'est à nous d'effeuiller des rosés sur la cendre ;
C'est à nous de jeter des lauriers sur ton nom !
Car ton cœur abondait en souvenirs fidèles !
Dans notre ciel sinistre et sur nos tristes jours,
Ton noble esprit planait avec de nobles ailes.
Comme un aigle souvent, comme un ange toujours !
Victor Hugo -
Extrait de Les Rayons et les Ombres
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La duchesse avait à Bièvres une campagne, dont il ne reste aujourd'hui que le pavillon Marie-Antoinette, ainsi que la duchesse appelait le Pavillon de Bain .
"On l'appelait le Pavillon de Bain...
La salle de bain était en effet au rez-de-chaussée de cette petite maison en miniature et rien n'était plus gracieux que sa position.Il était au milieu du parterre et de l'orangerie et une partie de l'année entouré du parfum des orangers, des myrtes et de toutes les plantes exotiques que renfermait la serre qui était fort belle."
(Histoire des salons de Paris T2) - duchesse d'Abrantès
"Nous avions acheté cette maison de campagne appelée le Petit Bièvres, il y avait peu de mois et c'était encore un don de Napoléon.
Cette campagne, car ce n'était pas assez considérable pour être appelé une terre, ni un château, était un charmant lieu d'agrément et tout à fait ce qui était nécessaire à Junot comme à moi, en ce que nous pouvions y venir en peu de temps et qu'il lui était possible de se distraire quelquefois en chassant dans les bois de Verrières et sur les étangs de Saclé..."
(Histoire des Salons de Paris T2 l'atelier de Madame de Montesson à Bièvres)
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Laure Junot, duchesse d’Abrantès
Les mémoires de la duchesse sont lisibles sur Gallica. Elles sont parfois jugées partiellement enjolivées.
Junot avait bataillé à Toulon avec Bonaparte. Un vieux compagnon de route qui ne fut pas oublié.
Junot avait bataillé à Toulon avec Bonaparte. Un vieux compagnon de route qui ne fut pas oublié.
pilayrou- Messages : 674
Date d'inscription : 06/03/2014
Age : 63
Localisation : Guilers (Brest)
Re: Laure Junot, duchesse d’Abrantès
Nous recevons ce matin ce message de l'un de nos lecteurs .
Bonjour,
je suis à la recherche d'une image de la la duchesse d'Abrantès pour une couverture de livre.
L'image de la duchesse dans le médaillon en or est intéressante. Pouvez-vous m'indiquer la source de cette image pour que je puisse la contacter. J'aimerais pouvoir proposer une maquette avec une bonne définition et pouvoir la créditer.
Merci
Quelqu'un parmi nous est-il en mesure de répondre à cette question ?
Je l'espère !
Merci d'avance .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Laure Junot, duchesse d’Abrantès
Pardon, mais quel médaillon ?
Si nous parlons du premier tableau, ce ne serait pas un portrait de la duchesse d'Abrantès, mais plutôt celui de Delphine de Girardin...
Louis Hersent, Portrait de Delphine de Girardin (1824), château de Versailles.
* Source : http://collections.chateauversailles.fr/#57242d76-7e56-4016-a9e2-c8fff2abe1d9
Quant au second portrait, la miniature, son propriétaire la signalait sur Wikipédia comme étant un portrait de la duchesse d'Abrantès par...Jacques-Louis David !
Cette miniature est en effet signée "Jacques", mais enfin...de là à parler de David ! Euh, comment dire...
Enfin bon, c'est ici (avec la licence de reproduction) : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Duchesse_d,Abrantes.jpg
Si nous parlons du premier tableau, ce ne serait pas un portrait de la duchesse d'Abrantès, mais plutôt celui de Delphine de Girardin...
Louis Hersent, Portrait de Delphine de Girardin (1824), château de Versailles.
* Source : http://collections.chateauversailles.fr/#57242d76-7e56-4016-a9e2-c8fff2abe1d9
Quant au second portrait, la miniature, son propriétaire la signalait sur Wikipédia comme étant un portrait de la duchesse d'Abrantès par...Jacques-Louis David !
Cette miniature est en effet signée "Jacques", mais enfin...de là à parler de David ! Euh, comment dire...
Enfin bon, c'est ici (avec la licence de reproduction) : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Duchesse_d,Abrantes.jpg
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Laure Junot, duchesse d’Abrantès
La nuit, la neige a écrit:
Si nous parlons du premier tableau, ce ne serait pas un portrait de la duchesse d'Abrantès, mais plutôt celui de Delphine de Girardin...
Louis Hersent, Portrait de Delphine de Girardin (1824), château de Versailles.
* Source : http://collections.chateauversailles.fr/#57242d76-7e56-4016-a9e2-c8fff2abe1d9
Oui, c'est Delphine de Girardin, née Gay
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
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