Dépenses pour Marie-Antoinette à la Conciergerie

Marie-Antoinette a écrit :

Toujours plongée dans LENOTRE !!!!!
je vous place aujourd'hui, pour ceux qui n'en n'ont pas connaissance, l'état des dépenses de la Reine à la conciergerie

74 jours de nourriture, café pour déjeuner, pour diner : soupe, bouilly, un plat de légume, poulet et dessert dans d'autres jours, canard et pâté ;
pour les dits 74 jours, à raison de 15 livres chaque jour fait..........................................1.110 livres

41 jours de nourriture à la femme (HAREL) qui était auprès de la dite CAPET,
                              à raison de  3 livres chaque jours fait.........................................    123 livres

+ deux matelas, dont un de crin, l'autre de laine, un lit de sangle, un traversin, une couverture, un fauteuil en canne servant de garde-robe, le tout ensemble et en loyer suivant les quittances...........................................................      54 livres

pour un bidet en basanne rouge, garni de sa seringle, le tout neuf, pour servir à ladite VEUVE CAPET. ..................................................................      60 livres
pour loyer de livres...............................................................      16 livres
pour deux bonnets, 7 livres chaque................................................................................      14 livres
ruban et soye pour garniture d'un jupon............................................................................          3 livres   16 sols
ruban pour ses souliers et ses cheveux............................................................................          3 livres  18 sols
une bouteille d'eau pour les dents..................................................................................          3 livres  12 sols
pour blanchissage..................................................................          22 livres

total...................................................................................   1.4O7 livres  46 sols

Dans le procès-verbal de la vente après décès des effets trouvés sur la Veuve CAPET
portés après l'exécution au presbytère  de l’Église SAINT LOUIS EN L'ILE -  ILE ST LOUIS (toujours mon enfance !!!!) restés pendant 4 années et vendus
aux enchères par le Commissaire DARDOIZE du bureau des domaines  - en l'AN V

Premièrement , une petite servante de maroquin vert garnies de ses ciseaux, tirebouchons, pinces-peignes, un petit miroir de poche, un vieux porte-feuille de maroquin rouge.............Adjugés  5 Francs 75

Item  trois petits portraits dans leur étui de chagrin vert, en forme de miroir de poche., l'un deux ayant un faible cercle en doublé
                                     Adjugés   4 Francs 40
Ce fait , attendu qu'il n'existe plus rien à dire, faire, ni vendre, avons arrêté le montant total desdits objets à la somme de 10 Francs 15 centimes

Pas de vêtements - car par un arrêté postérieur au 16 OCTOBRE 1793 de CHAUMETTE, les défroques des suppliciés appartenaient aux commis de l'exécuteur !!!!!
Les vêtements dont nous avons l'inventaire restés à la CONCIERGERIE ont été envoyés à la SALPÊTRIÈRE pour être donnés aux nécessiteux !!!!!!!!

Amicalement                                   MARIE ANTOINETTE

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Reinette :

Merci chère MARIE-ANTOINETTE. Ces détails nous permettent de relativiser cette terrible détention.

D'après mes lectures sur l'Ancien Régime, en moyenne un ouvrier touchait 10 livres par jour.
Nous la voyons démunie de tout pour cette période, or d'après ces comptes, nous ne pouvons que constater que Marie-Antoinette était encore loin de subir une véritable égalité républicaine avec le peuple. Elle avait ainsi droit à son eau de Ville-d'Avray.  :trop_content:
Et qui a payé tout cela ? Encore le peuple !!!  :délire:

Mais proportionnellement, il est certain que pour l'ancienne souveraine la plus puissante d'Europe, il s'agit d'une véritable misère.  
Il est connu que la reine n'a pas été mal nourrie. En revanche, est-on bien certain qu'on lui a fait parvenir une eau correcte jusqu'à la fin ? L'eau de la Seine la rendait malade. Or, sur la fin, elle était bien mal en point.

Ces renseignements recoupent ses goûts culinaires : poulet, canard (canette, disait Campan, il me semble) et pâté.

Les objets vendus sont-ils ceux qu'on a déballés à son procès ? Un portefeuille garni de soies, fils et trois portraits de femmes, Mesdames de Lamballe et des Hesse.
A-t-elle eu jusqu'au bout de l'eau de Ville-d'Avray, ces comptes ne le précisent pas. Élisabeth recevait aussi son lait de Montreuil, mais jusqu'à quand ?

Je suis contente de voir également qu'elle a eu droit à des livres. Je ne sais plus dans quelle biographie (Castelot ? scratch ), nous apprenons qu'elle a lu Robinson Crusoë et les Voyages de Cook. De quoi s'évader mais aussi peut-être un moyen de chérir la mémoire de son époux.

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Marie-Antoinette :

Je pense que le service de l'eau de VILLE D'AVRAY a été continué jusqu'au 16 Octobre, il n'y avait aucune raison que cela s'arrête étant donné que le Temple était encore occupé et l'eau était aussi pour Madame ÉLISABETH et MADAME ROYALE

Par contre après le 9 Mai 1794, je ne suis pas certaine que MADAME ROYALE ait encore ces facilités - eau et lait !!!!! le régime a été plus dur pour Elle !!!!

Amicalement                                         MARIE ANTOINETTE  àè-è\':  

cp ancienne de la source du côté de la rue .

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Le duc de Berry :

Je viens de retrouver aux Archives nationales le mémoire des dépenses de la Reine à la conciergerie dans les papiers de Fouqier-Tinville. Pour les amateurs : carton W//121 d1, p10.
C'est exactement la description qu'en donne Gosselin Lenotre.

Petit rectificatif : en 1793 une livre représentait le salaire moyen d'un ouvrier ou d'un simple soldat. En prenant en compte le prix du pain et du vin, plus d'autres matières de base comme le lait, le beurre, les œufs... en 1793 et aujourd'hui, il faut multiplier les prix en livre par un facteur égal à 8 pour avoir les prix en euros. Une dépense de nourriture égale à 15 livres par jour correspondrait à environ 120 euros et la somme totale des dépenses de la Reine de 1407 livres représenterait à peu près 11 000 euros.
A remarquer dans cet inventaire, le bidet en basanne rouge garni de sa seringle (ou seringue ?)
Aussi les 22 livres pour le blanchissage de son linge, alors que nombre d'historiens rapportent que son linge n'était pas lavé et qu'elle était pratiquement démunie de vêtements.

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Reinette :

Même déchue, elle restait la reine. Ou du moins, une femme différente des autres.
D'où ma réflexion précédente sur le fait que l'égalité n'était pas encore tout à fait dans les moeurs, malgré les apparences. On en change pas plus d'un millénaire de tradition monarchique en un claquement de doigts !

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Le duc de Berry :

Précisions supplémentaires sur le chiffre des dépenses de la Reine à la Conciergerie.
Depuis l'entrée en guerre de l'Autriche et de la Prusse en avril 1792, la situation économique de la France s'est considérablement dégradée.
En 1793, l'assignat de 100 livres a perdu la moitié de sa valeur, la disette s'installe, la viande et le beurre sont devenues des denrées rares et inabordables. Les citoyens sont contraints au carême civique.
On peut considérer qu'en octobre 1793 le prix des denrées alimentaires a plus que doublé par rapport au début de la Révolution, alors que les salaires n'ont pas progressé , ce qui explique en partie le chiffre élevé des dépenses de Marie-Antoinette pendant son incarcération à la Conciergerie.

Merci pour ce bouturage.

Mme de Sabran a écrit:Marie-Antoinette a écrit :

Toujours plongée dans LENOTRE !!!!!
je vous place aujourd'hui, pour ceux qui n'en n'ont pas connaissance, l'état des dépenses de la Reine à la conciergerie

pour loyer de livres...............................................................      16 livres

(....)

Je suis contente de voir également qu'elle a eu droit à des livres. Je ne sais plus dans quelle biographie (Castelot ? scratch ), nous apprenons qu'elle a lu Robinson Crusoë et les Voyages de Cook.
De quoi s'évader mais aussi peut-être un moyen de chérir la mémoire de son époux.

Je recherchais dernièrement quelques informations au sujet des livres lus par Marie-Antoinette à la Conciergerie.
Aussi, je me souviens de son choix concernant Les voyages autour du monde de James Cook, mais pas des autres   , évoqués dans ce roman historique ( Moi, Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, par Christian Borromée) dont voici un extrait :



https://books.google.fr/books?id=oFZHc76MZssC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false


Voici des images de ces publications qui datent de la fin du XVIIIe siècle, et si la lecture vous intéresse, les livres que l'on peut trouver dans le commerce aujourd'hui :

Voyages autour du monde
De James Cook

Premier voyage entrepris pour faire des découvertes dans l’Hémisphère Méridional. Paris., Saillant et Panckoucke 1774. 4 tomes
Second voyage dans l’Hémisphère Austral. Paris, Hotel de Thou, 1778. 5 tomes
Troisième voyage à l’océan Pacifique. 1785. 5 tomes.
L’ensemble est illustré par 206 figures en taille douce, dont de nombreuses dépliantes ou repliées et 3 tableaux dépliants.

Source : ICI




Le voyage du jeune Anarchasis en Grèce
Vers le milieu du IVe siècle avant l'ère vulgaire
De l'abbé Barthélémy

Ici, l'auteur de ce blog précise que cette édition daterait de 1791, alors que...

La première édition date de 1788 chez De Bure l'aîné, Libraire de Monsieur Frère du Roi, de la bibliothèque du Roi et de l'Académie Royales des Inscriptions, hôtel Ferrand, rue Serpente, n°6 à Paris.
La seconde date de 1789, la troisième de 1790 a été publiée chez Brunet. Il y a eu deux formats dans la 1ère édition : 5 volumes In-4 dont certains sont sur grand papier vélin avec un atlas et 7 volumes in-8 avec l'atlas.

L'abbé Jean-Jacques Barthélemy  était fort savant. Numismate, historien, linguiste, connaissant à peu près tout ce qui se pouvait connaître en son temps sur le monde antique, il travailla durant trente ans au Voyage du jeune Anacharsis, qui recueillit un énorme succès, et le rendit immortel bien qu'il fut déjà à l'Académie depuis 1847.

Source : ICI

Je n'ai pas retrouvé de récente réédition.
Mais le titre est consultable en ligne sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61716r


Evelina
Ou l'entrée d'une jeune personne dans le monde
De Fanny Burney
En 3 volumes, apparemment.
Ici une édition qui date de 1798, avec le volume 3 :



La première édition (en Angleterre) date de 1778.
Je présenterai cette dame dans un sujet biographique...

Et si vous voulez lire ce titre :



Présentation :
À la fois roman sentimental et critique sociale, cette histoire dont le personnage principal, la jeune et jolie Évelina, découvre la société aristocratique du XVIIIe siècle est aussi pleine d'humour. Précurseur dans son approche et dans son style, elle suscita en son temps de vives polémiques et fut un véritable best-seller qui influença ultérieurement l'oeuvre de Jane Austen.

La nuit, la neige a écrit: un véritable best-seller qui influença ultérieurement l'oeuvre de Jane Austen.

Alors nous devrions adorer !!!

Pour moi C´est nouvelle.
Je n´ai pas su, que La Reine lisait Evelyne de Fanny Burney a Conciergerie.
Je pensais, que Elle lisait ce roman Trianon.
Leos

Ce roman ayant été publié en Angleterre en 1778, Marie-Antoinette a pu lire sa publication française quelques années plus tard, puis le relire à nouveau ?

J'ignore encore s'il est confirmé que ce livre était l'une de ses lectures à la Conciergerie, mais nous le retrouvons en tous les cas avec un autre roman de cette auteure, Cecilia, parmi les livres demandés par Marie-Antoinette et Louis XVI au Temple.

Je vais ouvrir un sujet concernant cette Fanny Burney, et j'en parlerai...

C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3383-frances-fanny-burney-l-une-des-romancieres-preferees-de-marie-antoinette#101095