Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
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La nuit, la neige
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Comte d'Hézècques
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Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
En 2006 a paru à Paris aux éditions Michel de Maule les lettres écrites par Gustaf Philip Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France, pour la plupart adressées à Gustave III. Cette correspondance est établie, présentée et annotée par Marianne Molander Beyer.
« Gustaf Philip, comte de Creutz (1731-1785) a 35 ans lorsqu’il est nommé ambassadeur de Suède en France par le futur Gustave III de Suède. Il occupera cette fonction pendant dix-sept ans, se dépensant – et dépensant – sans compter pour mener à bien sa mission et représenter dignement son roi.
Poète réputé, diplomate habile, honnête homme épris d’art et de musique, il devient rapidement une personnalité fort appréciée, une de celles qui « donnent le ton » et que l’on reçoit partout. Il fréquente les salons à la mode, connaît fort bien les philosophes, est très lié avec le cercle de Choiseul et courtise Madame du Barry – ce qui lui attire l’estime de Louis XV. Il tient table ouverte en son hôtel de Bonnac, joue aux échecs avec Marie-Antoinette et c’est lui qui présente le séduisant Axel von Fersen à la jeune reine.
De son ambassade, le comte de Creutz laisse une correspondance en français aussi importante en qualité qu’en volume. Ces lettres, adressées en premier lieu à Gustave III mais aussi à Carl Fredrik et à Ulric Scheffer, retracent avec verve et minutie dix-sept années de la petite et la grande histoire, des intrigues de Versailles à la guerre d’Indépendance américaine.
Tout naturellement, la mission diplomatique de Creutz occupe dans cette correspondance une place importante, mais aussi la culture et les mœurs françaises. Gustave III, francophile passionné, souhaite être tenu informé de tout ce qui se déroule à la cour de France, dans les salons et dans la république des Lettres. Si Creutz dresse des portraits remarquables de la famille royale et de la Cour, il ne laisse rien non plus ignorer à son roi des questions protocolaires, des détails parisiens, des caprices de la mode. Il exécute de même avec zèle les mille et une tâches que Gustave III lui confie. Il envoie en Suède des tableaux, des tapis, des meubles, des gravures, de l’argenterie, des bijoux, des caisses de vin ou encore des nouveautés littéraires.
Creutz donne ainsi de la culture française et des relations franco-suédoises une image tout à la fois complexe et vivante. Sa correspondance fait de lui le témoin irremplaçable de l’Ancien Régime. »
(texte copié du dos du livre)
Comme en témoigne la lettre ci-dessous, Marie-Antoinette et Fersen ne furent pas les seuls à chiffrer leurs lettres quand le contenu le nécessitait.
L’espionnage postal faisait en sorte que Creutz, lui aussi, devait parfois avoir recours au chiffrage de ses lettres, qui furent ensuite, lors de la réception, déchiffrées par un secrétaire de Gustave III.
En 1783 Gustave III décide de rappeler Creutz en Suède. C’est le 9 mai 1783 que Creutz adresse son dernier courrier de Versailles à son roi :
« J’ai pris mardi dans une audience particulière congé de Leurs Majestés et de la famille Royale, j’ai été fort attendri de la manière touchante dont Leurs Majestés m’ont témoigné leurs bontés et leur bienveillance. Je quitte la France qui a été une seconde patrie pour moi. Je quitte un séjour où les arts et la société ont acquis leur dernier degré de perfection. Mon âme doit naturellement en être affectée. Mais je trouve une douce consolation en songeant que je ne vais plus jamais quitter La personne de Votre Majesté, ma vie entière lui sera dévouée, tous mes sentiments seront désormais concentrés en Elle seule. Elle me tiendra lieu de tout. Et si Elle est heureuse je serai le plus fortuné des mortels.
Je partirai toujours le 15 de ce mois.
Ut in litteris humillimis
Gustav Creutz »
« Gustaf Philip, comte de Creutz (1731-1785) a 35 ans lorsqu’il est nommé ambassadeur de Suède en France par le futur Gustave III de Suède. Il occupera cette fonction pendant dix-sept ans, se dépensant – et dépensant – sans compter pour mener à bien sa mission et représenter dignement son roi.
Poète réputé, diplomate habile, honnête homme épris d’art et de musique, il devient rapidement une personnalité fort appréciée, une de celles qui « donnent le ton » et que l’on reçoit partout. Il fréquente les salons à la mode, connaît fort bien les philosophes, est très lié avec le cercle de Choiseul et courtise Madame du Barry – ce qui lui attire l’estime de Louis XV. Il tient table ouverte en son hôtel de Bonnac, joue aux échecs avec Marie-Antoinette et c’est lui qui présente le séduisant Axel von Fersen à la jeune reine.
De son ambassade, le comte de Creutz laisse une correspondance en français aussi importante en qualité qu’en volume. Ces lettres, adressées en premier lieu à Gustave III mais aussi à Carl Fredrik et à Ulric Scheffer, retracent avec verve et minutie dix-sept années de la petite et la grande histoire, des intrigues de Versailles à la guerre d’Indépendance américaine.
Tout naturellement, la mission diplomatique de Creutz occupe dans cette correspondance une place importante, mais aussi la culture et les mœurs françaises. Gustave III, francophile passionné, souhaite être tenu informé de tout ce qui se déroule à la cour de France, dans les salons et dans la république des Lettres. Si Creutz dresse des portraits remarquables de la famille royale et de la Cour, il ne laisse rien non plus ignorer à son roi des questions protocolaires, des détails parisiens, des caprices de la mode. Il exécute de même avec zèle les mille et une tâches que Gustave III lui confie. Il envoie en Suède des tableaux, des tapis, des meubles, des gravures, de l’argenterie, des bijoux, des caisses de vin ou encore des nouveautés littéraires.
Creutz donne ainsi de la culture française et des relations franco-suédoises une image tout à la fois complexe et vivante. Sa correspondance fait de lui le témoin irremplaçable de l’Ancien Régime. »
(texte copié du dos du livre)
Comme en témoigne la lettre ci-dessous, Marie-Antoinette et Fersen ne furent pas les seuls à chiffrer leurs lettres quand le contenu le nécessitait.
L’espionnage postal faisait en sorte que Creutz, lui aussi, devait parfois avoir recours au chiffrage de ses lettres, qui furent ensuite, lors de la réception, déchiffrées par un secrétaire de Gustave III.
En 1783 Gustave III décide de rappeler Creutz en Suède. C’est le 9 mai 1783 que Creutz adresse son dernier courrier de Versailles à son roi :
« J’ai pris mardi dans une audience particulière congé de Leurs Majestés et de la famille Royale, j’ai été fort attendri de la manière touchante dont Leurs Majestés m’ont témoigné leurs bontés et leur bienveillance. Je quitte la France qui a été une seconde patrie pour moi. Je quitte un séjour où les arts et la société ont acquis leur dernier degré de perfection. Mon âme doit naturellement en être affectée. Mais je trouve une douce consolation en songeant que je ne vais plus jamais quitter La personne de Votre Majesté, ma vie entière lui sera dévouée, tous mes sentiments seront désormais concentrés en Elle seule. Elle me tiendra lieu de tout. Et si Elle est heureuse je serai le plus fortuné des mortels.
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Merci pour cette référence, mon cher Félix !
Nul doute : je saute dessus !!! :n,,;::::!!!:
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Cette correspondance est une véritable mine d'or pour en savoir davantage sur les hauts et les bas de la cour de Versailles pendant la période 1771 - 1783 :;\':;\':;
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
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La nuit, la neige- Messages : 18060
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Je viens de commander sur Amazon celui que Félix nous présente .
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
L'édition proposée par Félix n'est peut-être pas écrite en vieux français ?
La nuit, la neige- Messages : 18060
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Je te dirai cela !
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
La nuit, la neige a écrit:L'édition proposée par Félix n'est peut-être pas écrite en vieux français ?
Si, Mme Marianne Molander Beyer a respecté l'orthographe authentique des lettres qu'elle a rassemblées et annotées. Mais moi en revanche, cela me dérange nullement
Pour la transcription donnée ci-dessus, j'ai adapté l'orthographe néanmoins, afin de ne pas décourager nos chers forumistes :
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Ah ? Je lis que Mme du Deffand le passe à la moulinette ? :
Elle le fréquentera et le croisera souvent dans son salon, ou ceux des autres : il fréquente assidûment toute l'aristocratie parisienne d'alors.
Je recopie cet extrait d'une des lettres de la marquise à Horace Walpole, parce que son "pragmatisme" me fait rire, comme souvent... :
Je lis des voyages de Groënland qui m'ennuient à la mort ; il vaut mieux dans ce pays-là être né ours que d'y naître homme.
C'est M. de Creutz qui m'a forcé à faire cette lecture.
Elle le fréquentera et le croisera souvent dans son salon, ou ceux des autres : il fréquente assidûment toute l'aristocratie parisienne d'alors.
Je recopie cet extrait d'une des lettres de la marquise à Horace Walpole, parce que son "pragmatisme" me fait rire, comme souvent... :
Je lis des voyages de Groënland qui m'ennuient à la mort ; il vaut mieux dans ce pays-là être né ours que d'y naître homme.
C'est M. de Creutz qui m'a forcé à faire cette lecture.
La nuit, la neige- Messages : 18060
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
... les voyages au Groënland, tu m'étonnes ! brrrrrr ...
Oui, la marquise raconte en long en large et en travers une soirée où Creutz l'amène sur l'invitation de Gustave .
La nuit, la neige a écrit:
Elle le fréquentera et le croisera souvent dans son salon, ou ceux des autres
Oui, la marquise raconte en long en large et en travers une soirée où Creutz l'amène sur l'invitation de Gustave .
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
La nuit, la neige a écrit:
Je lis des voyages de Groënland qui m'ennuient à la mort ; il vaut mieux dans ce pays-là être né ours que d'y naître homme.
C'est M. de Creutz qui m'a forcé à faire cette lecture.
: : :
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Comte d'Hézècques a écrit:La nuit, la neige a écrit:L'édition proposée par Félix n'est peut-être pas écrite en vieux français ?
Si, Mme Marianne Molander Beyer a respecté l'orthographe authentique des lettres qu'elle a rassemblées et annotées. Mais moi en revanche, cela me dérange nullement
Moi non plus, ce n'est pas gênant .
Je reçois le mien à l'instant : je suis ravie, et déjà je vadrouille à l'index des noms propres !
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
.
Creutz fait ses adieux à Louis XVI et Marie-Antoinette.
Très humble apostille du 9 mai 1783
J'ai pris mardi dans un audience particulière congé de Leurs Majestés et de la famille royale . J'ai été fort attendri de la manière touchante dont Leurs Majestés m'ont témoigné leur bonté et leur bienveillance . Je quitte la France qui a été une seconde patrie pour moi . Je quitte un séjour où les arts et la société ont acquis leur dernier degré de perfection. Mon âme doit naturellement en être affectée . Mais je trouve une douce consolation en songeant que je ne vais plus jamais quitter la personne de Votre Majesté, ma vie entière lui sera dévouée, tous mes sentiments seront désormais concentrés en Elle seule. Elle me tiendra lieu de tout . Et si Elle est heureuse, je serai le plus fortuné des mortels.
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Gustav Creutz
Creutz fait ses adieux à Louis XVI et Marie-Antoinette.
Très humble apostille du 9 mai 1783
J'ai pris mardi dans un audience particulière congé de Leurs Majestés et de la famille royale . J'ai été fort attendri de la manière touchante dont Leurs Majestés m'ont témoigné leur bonté et leur bienveillance . Je quitte la France qui a été une seconde patrie pour moi . Je quitte un séjour où les arts et la société ont acquis leur dernier degré de perfection. Mon âme doit naturellement en être affectée . Mais je trouve une douce consolation en songeant que je ne vais plus jamais quitter la personne de Votre Majesté, ma vie entière lui sera dévouée, tous mes sentiments seront désormais concentrés en Elle seule. Elle me tiendra lieu de tout . Et si Elle est heureuse, je serai le plus fortuné des mortels.
Je partirai toujours le 15 de ce mois .
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Mme de Sabran a écrit:
Je reçois le mien à l'instant : je suis ravie, et déjà je vadrouille à l'index des noms propres !
As-tu remarqué que Creutz évoque pas mal de fois Mme de Polignac et nulle part Mme de Lamballe ?
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Mais oui . Rien de rien ! Est-ce singulier !
D'autant qu'il est déjà à Versailles pendant la période de réelle faveur de la pauvrette.
Je devine un peu de déception de ta part. Tu es si attaché à la princesse ...
D'autant qu'il est déjà à Versailles pendant la période de réelle faveur de la pauvrette.
Je devine un peu de déception de ta part. Tu es si attaché à la princesse ...
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Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Comte d'Hézècques a écrit:As-tu remarqué que Creutz évoque pas mal de fois Mme de Polignac et nulle part Mme de Lamballe ?
C'est peut-être qu'il a plus à reprocher à Yolande qu'à Marie-Thérèse ? ...
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Non je ne pense pas Majesté, car Creutz est plutôt admiratif vis-à-vis de Yolande et sa modestie.
Je ne suis d'ailleurs pas déçu, mais c'est quand même assez étrange, vu la position importante que Mme de Lamballe revêtait à la cour
Malgré cela, les lettres et dépêches de Creutz sont très intéressantes, surtout pour les rapports entre Louis XVI et Marie-Antoinette. Je trouve que les étrangers à la cour ont toujours des observations plus lucides sur ce qui se passe que les courtisans mêmes, excepté peut-être Bombelles, mais lui était un vrai homme du monde, ayant résidé lui-même dans d'autres cours que celui du Roi Très Chrétien
Je ne suis d'ailleurs pas déçu, mais c'est quand même assez étrange, vu la position importante que Mme de Lamballe revêtait à la cour
Malgré cela, les lettres et dépêches de Creutz sont très intéressantes, surtout pour les rapports entre Louis XVI et Marie-Antoinette. Je trouve que les étrangers à la cour ont toujours des observations plus lucides sur ce qui se passe que les courtisans mêmes, excepté peut-être Bombelles, mais lui était un vrai homme du monde, ayant résidé lui-même dans d'autres cours que celui du Roi Très Chrétien
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Les antennes de Bombelles à la Cour sont essentiellement Mme de Mackau et Madame Elisabeth .
Et puis ensuite les Polignac .
Il est très bien placé, c'est sûr ! ... et c'est un honnête homme .
Et puis ensuite les Polignac .
Il est très bien placé, c'est sûr ! ... et c'est un honnête homme .
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Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Busemwald pour Bombelles ?
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Invité- Invité
Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
Fin XVIIIème, diplomate étranger à Paris, le bon job !
Creutz arrive de Madrid où il représente son pays depuis 1763. Il reçoit le titre d’ambassadeur en 1772, et ne quitte la France qu’en 1783, lorsque le roi Gustave III le prie d’accepter le poste de président de la Chancellerie . Un ministre étranger arrive rarement seul. Le plus souvent, il emmène avec lui une suite de parents ou d’amis qui, pour une raison quelconque, veulent visiter Paris. L’ambassadeur Creutz, à son tour, non seulement accueille les fils de ses puissants protecteurs suédois et tous ceux recommandés par le roi Gustave III, mais il prend même soin de la formation des cuisiniers que le comte de Fersen lui envoie pour apprendre la cuisine parisienne.
Creutz, sans posséder de biens en Suède, mena un train de vie fort coûteux, même pour un ambassadeur. Selon le jeune Clas Julius Ekeblad, il vivait comme un millionnaire . Ses dépenses s’accrurent avec les voyages de la cour, la décoration de l’hôtel de Bonnac, rue de Grenelle, où il résidait, une magnifique collection de tableaux, des costumes, de nouvelles livrées pour les domestiques, un nouveau carrosse à suspension sophistiquée, des illuminations, l’indispensable argenterie et enfin de très nombreux prêts à des compatriotes dans le besoin. En 1783, au moment de son départ, les dettes de Creutz se montaient à 356 000 livres et cela malgré l’achat par le roi Gustave III de douze tableaux, des pièces principales de l’argenterie du diplomate sans compter l’avance de 50 000 livres qu’il lui avait faite pour régler les salaires des domestiques.
Cependant, la surveillance des étrangers à Paris s’intéresse peu à la situation économique de Creutz, alors que les grosses dettes du jeune ambassadeur russe, le comte Bariatinski, attirent la curiosité de la police.
Que Creutz puisse, sans autre garantie que son rang, avoir un tel crédit chez les banquiers et les fournisseurs témoigne du respect porté à un ambassadeur estimé et de la confiance que celui-ci met en son roi et ami, qui l’a sauvé plusieurs fois de la ruine. Pour Creutz, l’honneur de la nation et les devoirs du rang sont des motifs de dépenses qui dépassent de beaucoup ses revenus. « Mais à Paris qui est le centre où tous les étrangers arrivent il est plus nécessaire que partout ailleurs de Soutenir l’honneur de Sa cour par une manière de vivre noble et décente. Et la considération qu’on acquiert par là influe prodigieusement sur les succès des affaires mêmes », écrit-il .
Creutz, pendant ses dix-sept ans passés en France, a le temps de développer un immense réseau, dont le point d’équilibre change suivant les conjonctures et les circonstances politiques. Proche ami de Choiseul à la fin des années 1760, s’entendant ensuite avec le duc d’Aiguillon, il évolue dix ans plus tard dans les coteries très aristocratiques de la jeune reine, fréquentant entre autres les Rohan, les Noailles, et les Polignac .
Ces réseaux se superposent aux contacts dans les milieux littéraires et philosophiques, peut-être plus importants pour la diplomatie suédoise qu’on ne l’imagine.
Pratiquement tous les envoyés de Suède à Paris et tous les aristocrates suédois visitant Paris se rendent dans les salons. Cependant, nous sommes particulièrement bien renseignés sur les fréquentations du comte de Creutz dont la mission à Paris est, en grande partie, rapportée dans la série des rapports du contrôle des étrangers conservée aux archives du ministère des Affaires étrangères .
Lui-même poète bucolique, très attaché aux cercles littéraires et intellectuels, Creutz est une des personnalités les plus connues du corps diplomatique parisien de son temps. On le voit de préférence chez Madame Necker où il retrouve ses bons amis Marmontel et le marquis Caraccioli, ambassadeur de Naples, mais aussi Raynal, Suard, Thomas, d’Holbach, Diderot, Grimm, La Harpe et Morellet. La société de Madame Necker, au style moins guindé que celui des salons les plus aristocratiques, semble avoir été très importante pour Creutz .
Mais il fréquente tout autant le salon de Madame Geoffrin et celui de Madame Du Deffand. Il est aussi un convive régulier chez la comtesse de La Marck, la maréchale de Luxembourg, et Madame de Boufflers, amie de Gustave III. Après la mort de Madame Geoffrin et de Madame Du Deffand, les cercles de Madame de La Reynière et de Madame de La Ferté-Imbault prennent une place encore plus importante dans la vie sociale de l’ambassadeur de Suède .
Ce caméléon social va donc aussi bien chez les encyclopédistes que chez les matérialistes, les physiocrates ou la coterie antiphilosophique. Ceci provoque le commentaire acide de Madame Du Deffand, qui voit en Creutz « un pédant, un doucereux, un flagorneur, un admirateur des philosophes modernes
D’après B. Craveri, Madame Du Deffand et son monde, Paris, Le… ». En outre, Creutz reçoit chez lui le lundi : pour dîner, le corps diplomatique et les étrangers, pour souper, l’aristocratie lettrée de la Cour. Les diplomates amis de l’ambassadeur de Suède sont appelés, dans les rapports de police, « société des lundis » ou « société des fracs », ce qui témoigne de l’importance, pour ces diplomates, des modes et de l’innovation vestimentaire comme moyen de distinction.
Amateur de musique et d’art lyrique, Creutz organise aussi des concerts, particulièrement pour promouvoir son protégé Grétry . Lors de ces réceptions, on trouve généralement un ou deux jeunes Suédois de passage que Creutz veut introduire dans sa société afin de leur faire rencontrer « les gens les plus distingués dans les arts et les lettres .
Être au centre de la sociabilité est un atout incontestable pour le diplomate. En tenant table ouverte, en associant son nom à celui d’autres personnalités en vue, et en se faisant le pivot de l’innovation artistique et littéraire, l’ambassadeur se rend incontournable pour ceux qui pérégrinent de salon en salon.
https://www.cairn.info/revue-histoire-economie-et-societe-2010-1-page-56.html#
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
En 1783, au moment de son départ, les dettes de Creutz se montaient à 356 000 livres et cela malgré l’achat par le roi Gustave III de douze tableaux, des pièces principales de l’argenterie du diplomate sans compter l’avance de 50 000 livres qu’il lui avait faite pour régler les salaires des domestiques.
Pour l'anecdote, Gustave III avait demandé au grand orfèvre Henri Auguste, fournisseur de Louis XVI et George III, par l'intermédiaire de Creutz, plusieurs modèles pour l'exécution d'un grand service royal.
Las ! Une fois les précieux dessins envoyés à Stockholm, le roi se hâta de les faire réaliser en argent par les orfèvres locaux, bien moins chers.
C'est donc pour dédommager Auguste de cette indélicatesse que Creutz se sentit obligé de lui commander un service ruineux, dont le roi devait finir par lui racheter plusieurs pièces comme il est dit
Gouverneur Morris- Messages : 11706
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