Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
4 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
Page 1 sur 1
Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
Faisons connaissance avec le comte de Fernan Nunez, Ambassadeur d'Espagne en France de 1787 à 1791.
Fernan Nunez avait été précédemment ambassadeur à Lisbonne avant d'être nommé en France en 1787. Il avait alors quarante cinq ans.
Un livre de Albert Mousset de 1924 a été publié relatant le parcours de sa carrière en France : "Un Témoin ignoré de la Révolution, le comte de Fernan Nunez, Ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791".
Cet ouvrage est très intéressant car il contient une partie des dépêches diplomatiques qu'il transmettait à son supérieur principal, le comte de Floridablanca, Premier Ministre de Charles IV.
Je ne citerai ici que quelques extraits de cette correspondance, plus particulièrement sur la famille royale.
Certaines de ces lettres sont poignantes et empreintes d'une véritable authenticité, qualité rare pour un diplomate.
Je commence par la maladie et l'état du pauvre petit dauphin Louis-Joseph. La description de l'ambassadeur ne nous confirme que trop les ravages et les souffrances du jeune prince.
" 12 septembre 1788,
J'ai eu l'honneur de faire aujourd'hui ma cour au Dauphin. Bien qu'il dorme mieux qu'avant et n'ait plus de fièvre, il est d'une extrême faiblesse ; il se voûte chaque jour davantage et sa poitrine se creuse, en sorte que même s'il se rétablit, son existence sera toujours pénible. Il porte dans le dos deux plaies ouvertes par ses vesicatoires qui le font beaucoup souffrir et contribuent sans doute à le debiliter. On dit que ses jours ne sont pas en danger, mais il fait pitié à voir et ses augustes parents m'ont parlé de lui en termes bien désolés."
"15 mai 1789,
Je suis allé à Meudon aller voir le Dauphin qui est dans un état d'incroyable faiblesse, car il peut à peine se mouvoir aidé par deux personnes, et la plupart du temps il est porté dans les bras. A la vérité, cela fend le cœur de le voir souffrir continuellement avec une résignation et une constance qui lui inspirent des réflexions et des réponses étonnantes de la part d'un enfant de son âge."
"8 juin 1789,
Les souverains sont pénétrés de la plus vive douleur pour la perte prématurée du Dauphin. Ce prince a du souffrir le martyre depuis un an, car quand on l'a ouvert, on lui a trouvé huit vertèbres carriees et les côtes presque entièrement détachées d'un côté de la colonne vertébrale. On voit maintenant comment étaient justifiées ces malheureuses plaintes dès qu'on le touchait. On dit que le mal provient d'une chute qu'il fit à l'âge de dix-huit mois, mais je crains que le vesicatoire qu'il a gardé durant une année entière n'a pas peu contribue à ce que l'humeur s'accumulat au même endroit et produit ces ravages."
Tous ces détails horribles nous confirment bien le mal dont est mort le Dauphin. Cela fait froid dans le dos ! A lire ces extraits, les médecins étaient de véritables tortionnaires, c'est épouvantable !!! Et dire que les deux garçons du couple royal sont morts si petits et dans de telles souffrances...
Je posterai encore quelques extraits de cette correspondance. A suivre !
Fernan Nunez avait été précédemment ambassadeur à Lisbonne avant d'être nommé en France en 1787. Il avait alors quarante cinq ans.
Un livre de Albert Mousset de 1924 a été publié relatant le parcours de sa carrière en France : "Un Témoin ignoré de la Révolution, le comte de Fernan Nunez, Ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791".
Cet ouvrage est très intéressant car il contient une partie des dépêches diplomatiques qu'il transmettait à son supérieur principal, le comte de Floridablanca, Premier Ministre de Charles IV.
Je ne citerai ici que quelques extraits de cette correspondance, plus particulièrement sur la famille royale.
Certaines de ces lettres sont poignantes et empreintes d'une véritable authenticité, qualité rare pour un diplomate.
Je commence par la maladie et l'état du pauvre petit dauphin Louis-Joseph. La description de l'ambassadeur ne nous confirme que trop les ravages et les souffrances du jeune prince.
" 12 septembre 1788,
J'ai eu l'honneur de faire aujourd'hui ma cour au Dauphin. Bien qu'il dorme mieux qu'avant et n'ait plus de fièvre, il est d'une extrême faiblesse ; il se voûte chaque jour davantage et sa poitrine se creuse, en sorte que même s'il se rétablit, son existence sera toujours pénible. Il porte dans le dos deux plaies ouvertes par ses vesicatoires qui le font beaucoup souffrir et contribuent sans doute à le debiliter. On dit que ses jours ne sont pas en danger, mais il fait pitié à voir et ses augustes parents m'ont parlé de lui en termes bien désolés."
"15 mai 1789,
Je suis allé à Meudon aller voir le Dauphin qui est dans un état d'incroyable faiblesse, car il peut à peine se mouvoir aidé par deux personnes, et la plupart du temps il est porté dans les bras. A la vérité, cela fend le cœur de le voir souffrir continuellement avec une résignation et une constance qui lui inspirent des réflexions et des réponses étonnantes de la part d'un enfant de son âge."
"8 juin 1789,
Les souverains sont pénétrés de la plus vive douleur pour la perte prématurée du Dauphin. Ce prince a du souffrir le martyre depuis un an, car quand on l'a ouvert, on lui a trouvé huit vertèbres carriees et les côtes presque entièrement détachées d'un côté de la colonne vertébrale. On voit maintenant comment étaient justifiées ces malheureuses plaintes dès qu'on le touchait. On dit que le mal provient d'une chute qu'il fit à l'âge de dix-huit mois, mais je crains que le vesicatoire qu'il a gardé durant une année entière n'a pas peu contribue à ce que l'humeur s'accumulat au même endroit et produit ces ravages."
Tous ces détails horribles nous confirment bien le mal dont est mort le Dauphin. Cela fait froid dans le dos ! A lire ces extraits, les médecins étaient de véritables tortionnaires, c'est épouvantable !!! Et dire que les deux garçons du couple royal sont morts si petits et dans de telles souffrances...
Je posterai encore quelques extraits de cette correspondance. A suivre !
Dominique Poulin- Messages : 7014
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
Merci, cher Dominique, ces descriptions du pauvre enfant font frémir . Quel calvaire aussi pour Louis XVI et Marie-Antoinette !
Outre politique et fermentation à travers tout le pays, ce printemps 89 a dû être pour eux un véritable cauchemar.
Outre politique et fermentation à travers tout le pays, ce printemps 89 a dû être pour eux un véritable cauchemar.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
Le comte de Fernan Nunez, dont la mère était Rohan, comptait nombre d'amis à Paris, quand, en 1786, il vint remplacer M. d'Aranda.
( le marquis de Bombelles )
En rentrant à Versailles, Bombelles trouve à la porte du Dragon les ambassadeurs d'Espagne ( Nunez ) et de Naples et leurs femmes qui venaient souper avec Angélique et lui, et les Mackau.
Ces ménages de diplomates se proposaient, en l'absence de la Cour , de passer quelques jours à Versailles « pour en voir plus à l'aise toutes les merveilles ». M. de Bombelles et sa femme ont l'intention de les accompagner autant qu'il leur sera possible, et le marquis, en somme, s'en montre heureux et fier, car « les étrangers de bonne foi apprécient mieux que les Français la beauté de ce royaume, la magnificence de ses villes et les prodigieux travaux exécutés pendant que Louis XIV portait d'un pôle à l'autre ."
( le marquis de Bombelles )
En rentrant à Versailles, Bombelles trouve à la porte du Dragon les ambassadeurs d'Espagne ( Nunez ) et de Naples et leurs femmes qui venaient souper avec Angélique et lui, et les Mackau.
Ces ménages de diplomates se proposaient, en l'absence de la Cour , de passer quelques jours à Versailles « pour en voir plus à l'aise toutes les merveilles ». M. de Bombelles et sa femme ont l'intention de les accompagner autant qu'il leur sera possible, et le marquis, en somme, s'en montre heureux et fier, car « les étrangers de bonne foi apprécient mieux que les Français la beauté de ce royaume, la magnificence de ses villes et les prodigieux travaux exécutés pendant que Louis XIV portait d'un pôle à l'autre ."
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
Ils sont partout, ces Rohan !
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
... et ça pesait à Marie-Antoinette !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
Albert Mousset dans son livre consacré à Fernan Nunez témoigne des marques de reconnaissance du roi et de la reine.
L'ambassadeur d'Espagne manifeste à plusieurs reprises sa gratitude d'une relative proximité avec la famille royale, dans sa correspondance, ce qui n'était pas le cas de tout le corps diplomatique et en faisait un diplomate convoité.
l'Ambassadeur d'Espagne écrit en 1788 "Ces souverains ont eu la bonté de faire une exception pour moi pour m'inviter à diverses reprises à leur table" et la même année "En toute occasion cette souveraine nous prodigue les marques de sa bonté."
L'ambassadeur d'Espagne manifeste à plusieurs reprises sa gratitude d'une relative proximité avec la famille royale, dans sa correspondance, ce qui n'était pas le cas de tout le corps diplomatique et en faisait un diplomate convoité.
l'Ambassadeur d'Espagne écrit en 1788 "Ces souverains ont eu la bonté de faire une exception pour moi pour m'inviter à diverses reprises à leur table" et la même année "En toute occasion cette souveraine nous prodigue les marques de sa bonté."
Dominique Poulin- Messages : 7014
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
Mme de Sabran a écrit:... et ça pesait à Marie-Antoinette !
Et encore ! La malheureuse ne sut jamais qu'une branche allait même devenir autrichienne !
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
Oh ! Mon cher Momo ! Tu es enfin revenu ! J'ai eu trop peur! je me suis demandée si t'avais pas eu un accident de calèche !
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
Comtesse Diane a écrit:
Oh ! Mon cher Momo ! Tu es enfin revenu ! J'ai eu trop peur! je me suis demandée si t'avais pas eu un accident de calèche !
Oooooopps... sorry Je suis bien là
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte de Fernan Nunez, ambassadeur d'Espagne à Paris, 1787-1791
Au lendemain des Journées d'octobre 1789, Fernand Nunez se rend aux Tuileries et demande à Marie-Antoinette, des nouvelles de l'état moral du roi. La reine, lucide lui retorque :
"Comme un roi captif !"
À Madrid, l'envoyé de Prusse, est en présence de Charles IV, lorsque ce dernier s'ecrie à la lecture des dépêches de Fernan Nunez l'informant sur les Journées du 5 et du 6 octobre :
"j'aurais préféré risquer ma vie à la tête de mes troupes, plutôt que d'abdiquer ainsi ma Couronne !"
À coup sûr, la réputation de faiblesse et d'apathie de Louis XVI s'etait encore dégradée chez ses cousins européens...
"Comme un roi captif !"
À Madrid, l'envoyé de Prusse, est en présence de Charles IV, lorsque ce dernier s'ecrie à la lecture des dépêches de Fernan Nunez l'informant sur les Journées du 5 et du 6 octobre :
"j'aurais préféré risquer ma vie à la tête de mes troupes, plutôt que d'abdiquer ainsi ma Couronne !"
À coup sûr, la réputation de faiblesse et d'apathie de Louis XVI s'etait encore dégradée chez ses cousins européens...
Dominique Poulin- Messages : 7014
Date d'inscription : 02/01/2014
Sujets similaires
» Le comte de Stedingk, ambassadeur de Suède à Paris
» Le comte Martial de Guernon-Ranville (1787-1866)
» L'hôtel de Beauharnais, résidence de l'ambassadeur d'Allemagne à Paris
» Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
» La correspondance de Marie-Antoinette avec le comte de Mercy-Argenteau
» Le comte Martial de Guernon-Ranville (1787-1866)
» L'hôtel de Beauharnais, résidence de l'ambassadeur d'Allemagne à Paris
» Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France (1771 - 1783)
» La correspondance de Marie-Antoinette avec le comte de Mercy-Argenteau
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum