La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
+5
Mme de Sabran
La nuit, la neige
Trianon
CLIOXVIII
Comte d'Hézècques
9 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: L'histoire de Marie-Antoinette :: Marie-Antoinette et la Révolution française
Page 1 sur 2
Page 1 sur 2 • 1, 2
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Voici ce qu'en dit Mme de Tourzel :
Louise-Élisabeth-Félicité-Françoise-Armande-Anne-Marie-Jeanne-Joséphine de Croy-Havré, duchesse de Tourzel a écrit:
Chacun voulait voir la cérémonie de la Fédération, et la peur de ne pas trouver de place détermina un grand nombre de personnes à passer la nuit au Champ de Mars, les uns excités par un zèle patriotique, et les autres par la curiosité qu'inspirait un spectacle aussi extraordinaire. La pluie qui tombait par torrents ne diminua pas le zèle de chacun, et toutes les places se trouvèrent remplies. Une foule immense était derrière, et les coteaux de Passy et de Chaillot étaient également couverts de spectateurs. Les parapluies de diverses couleurs que nécessitait la pluie continuelle faisaient aussi un singulier effet. C'était le coup d'œil le plus extraordinaire, et qui aurait été magnifique s'il eût été éclairé par le soleil d'un beau jour.
Le cortége se mit en marche à six heures du matin, et parcourut les rues centrales de la capitale pour se rendre au Champ de Mars par le Cours-la-Reine. Pour y arriver commodément, on avait construit un pont de bateaux à son extrémité. Deux compagnies de volontaires ouvraient la marche; elles étaient suivies du corps municipal, des électeurs et des présidents de district. Des chasseurs et des vétérans précédaient ensuite les quarante-deux premiers départements, marchant par ordre alphabétique, chacun étant précédé de sa bannière où était inscrit le nom de son département, et ayant son oriflamme propre. Les officiers portaient l'épée nue. Les troupes de ligne venaient ensuite, et l'on y distinguait avec plaisir les gardes du corps, les carabiniers, les hussards et l'artillerie. Elles avaient à leur tête MM. de Ségur et de Mailly, maréchaux de France, suivis des lieutenants généraux et des maréchaux de camp, précédés de l'oriflamme. La marine, commandée par le comte d'Estaing, marchait ensuite; puis les quarante et un derniers départements, suivis de chasseurs et d'une compagnie de cavalerie qui fermait la marche.
Le ciel ne fut pas favorable à la fête. Les averses se succédaient continuellement; des torrents d'eau inondaient les rues, et la pluie ne cessa d'accompagner les bataillons tout le temps de leur marche. Quoique trempés jusqu'aux os, ils ne laissèrent échapper aucune plainte, et l'ordre de la marche n'en fut pas dérangé un instant. Les spectateurs bordaient leur passage; les croisées étaient garnies d'un monde prodigieux, et le reste de la ville déserte présentait le spectacle le plus extraordinaire.
La colonne n'arriva qu'à midi à la place Louis XV. L'Assemblée s'y rendit, le président à la tête, marchant entre deux haies de drapeaux qui les escortèrent jusqu'au Champ de Mars, où leur arrivée et celle du Roi furent annoncées par des salves d'artillerie.
Le Roi arriva le dernier, avec la famille royale, en grande cérémonie, et accompagné d'un nombreux cortége. Quand chacun fut placé, l'évêque d'Autun, qui officiait, fit la bénédiction des drapeaux et célébra la messe immédiatement après; elle ne commença qu'à quatre heures. A l'élévation, M. de la Fayette, nommé par le Roi major général de la fédération, donna le signal du serment, monta à l'autel et le prononça; à l'instant, tous les sabres furent tirés et les mains levées. M. de la Fayette vint alors avertir le Roi que c'était le moment de prononcer le serment. La pluie tombait à grands flots, et un grand nombre de spectateurs qui étaient inondés cherchaient à en diminuer l'effet, en étendant leurs parapluies. Comme ils empêchaient de voir le Roi, la multitude se mit à crier: «A bas, à bas les parapluies!» M. de la Fayette, qui n'entendit d'abord que les mots: A bas, crut probablement que ce cri le regardait; il hésita un moment, et sa pâleur ordinaire redoubla sensiblement; mais, rassuré promptement, il continua sa marche et arriva au Roi, qui prononça la formule du serment. M. de Bonnai, président de l'Assemblée, la répéta, et avec lui trois cent mille voix. La Reine éleva plusieurs fois entre ses bras Mgr le Dauphin pour le faire voir au peuple et à l'armée, qui fit éclater des démonstrations de joie et d'amour pour le Roi et la famille royale.
Les personnes sincèrement attachées à la religion virent avec peine que, dans une cérémonie qui n'était rien moins que religieuse, et où l'attention se portait uniquement sur un spectacle aussi extraordinaire que celui dont on était témoin, on ne se fût pas borné à faire prêter le serment sur les saints Évangiles, plutôt que d'exposer à une sorte de profanation les mystères les plus augustes de notre religion.
Après la cérémonie, une partie des fédérés alla dîner au château de la Muette, où l'on avait préparé des tables pour les recevoir. D'autres revinrent à Paris, et quelques-uns repartirent le soir même pour leurs provinces. M. de la Fayette se rendit à la Muette, où on lui prodigua, comme au Champ de Mars, les témoignages d'idolâtrie populaire dont M. Necker avait été l'objet l'année précédente. Il était alors à l'apogée de sa gloire; elle eut la durée de la faveur populaire, et ne lui laissa que le regret de n'avoir pas su profiter de sa position pour sauver son Roi et sa patrie des dangers qui les menaçaient. Sous le nom de liberté, qu'il prononçait avec tant de complaisance, la France était livrée à l'anarchie la plus complète, et tout ce qui y existait de gens honnêtes et vertueux gémissait sous le joug le plus tyrannique.
Le Roi retourna aux Tuileries aux cris répétés de: «Vivent le Roi et la famille royale!» Le duc de Villequier et plusieurs autres personnes sensées, qui épiaient avec soin la disposition des esprits, pensaient que le Roi pouvait tirer parti de cette journée, et auraient voulu qu'il montât à cheval, et qu'au lieu de prêter le serment exigé, il déclarât au milieu du Champ de Mars qu'étant pour cette fois à la tête de l'élite de la nation, il lui représentait qu'il trouvait un inconvénient réel à jurer fidélité à une Constitution qui n'était pas encore terminée, et dont l'ensemble pouvait seul démontrer les avantages et les inconvénients; qu'il était prêt, après cette observation, à faire le serment d'observer les articles décrétés, si la nation réunie lui en témoignait le désir. Le Roi consulta probablement son conseil. Les hommes qui le composaient n'avaient pas assez d'énergie pour oser risquer une pareille démarche, et ils l'en auront sûrement détourné, sous le prétexte des dangers qu'elle pouvait entraîner. La suite des événements donna malheureusement lieu de se repentir de n'avoir pas saisi cette occasion.
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Mon grand amour avait dû répéter la messe avec l'aide de Mirabeau qui avait assisté dans ses prisons à plus de messes que Talleyrand n'en avait dites dans sa vie (et de Pirame son chien , peu habitué aux génuflexions de son maître....)
La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
14 juillet 1790
La Fête de la Fédération
Le 14 juillet 1790, à Paris, les Français commémorent en grande pompe le premier anniversaire de la prise de la Bastille. La Fête nationale du 14 juillet perpétue le souvenir de cette fête, qui, elle-même, commémorait la prise de la Bastille.
Pour des motifs divers, chacun dans le pays est désireux de clore la Révolution entamée de façon pacifique avec l'ouverture des états généraux. Les députés, qui se sont depuis lors érigés en assemblée nationale constituante, ont beaucoup légiféré, modernisé les structures administratives et mis sur pied un projet de monarchie constitutionnelle.
Le roi Louis XVI, son épouse Marie-Antoinette et la cour s'en accommodent contraints et forcés. Il s'agit de célébrer ce grand moment d'unité retrouvée...
L'union nationale
Des fêtes civiques spontanées organisées çà et là dans les départements ont inspiré l'idée de cette grande fête d'union nationale aux députés de l'Assemblée constituante et au marquis de La Fayette, homme de confiance du roi.
Les députés et les délégués de tous les départements, les «Fédérés» forment un immense cortège qui traverse la Seine et gagne la vaste esplanade du Champ-de-Mars.
Dans les tribunes, sur les côtés de l'esplanade, on compte 260.000 Parisiens auxquels s'ajoutent une centaine de milliers de fédérés, rangés sous les bannières de leur département.
La tribune royale est située à une extrémité du Champ-de-Mars, sous une haute tente. À l'autre extrémité, un arc de triomphe. Au centre de l'esplanade, Talleyrand, évêque d'Autun (qui ne se cache pas d'être athée), célèbre la messe sur l'autel de la patrie, entouré de 300 prêtres en surplis de cérémonie.
Ensuite vient la prestation de serment. La Fayette, commandant de la garde nationale, prononce celui-ci le premier, au nom des gardes nationales fédérées : «Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu'elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité».
Après La Fayette, c'est au tour du président de l'Assemblée de prêter serment au nom des députés et des électeurs.
Enfin, le roi prête à son tour serment de fidélité aux lois nouvelles : «Moi, roi des Français, je jure d'employer le pouvoir qui m'est délégué par la loi constitutionnelle de l'État, à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par moi et à faire exécuter les lois». La reine, se levant et montrant le Dauphin : «Voilà mon fils, il s'unit, ainsi que moi, aux mêmes sentiments».
Malgré la pluie qui clôture la journée, le public retourne ravi dans ses foyers.
Fête de la Fédération au Champ de Mars le 14 juillet 1790
Par Auguste Couder, 1844
Photo : RMN / Château de Versailles
Invité- Invité
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Serait-ce forcer le trait que de dire que la vraie fête s'est déroulée avant la cérémonie officielle ? On serait porté à le croire, à feuilleter l'abondant dossier iconographique, qui met l'accent sur ces journées fiévreuses du mois de juillet, consacrées à l'aménagement du Champ de Mars où devait prendre place la cérémonie. Les choses se présentaient mal : reflet de cette acceptation à regret peut-être, l'impulsion officielle était pour le moins désordonnée : des projets concurrents sont proposés, le parti adopté — un vaste espace entouré de gradins destinés à accueillir le public — suppose d'énormes terrassements. S'opère alors cette mobilisation parisienne, vantée et encouragée par la presse, illustrée par l'image.
Par le temps incertain d'un mois de juillet pluvieux, on s'en vient au Champ de Mars, piocher, rouler la brouette, tirer et pousser les charrois de terre. L'accent est mis sur l'unanimité : qu'il s'agisse des gouaches de Lesueur, des aquatintes de Janinet ou d'autres estampes plus anonymes ; on y retrouve l'homme du peuple — ainsi le cordonnier avec son tablier de travail, le bourgeois en redingote, gardant son quant à soi, la coquette au chapeau empanaché, démesuré comme c'est la mode en cette saison, voisinant avec la femme du peuple porteuse déjà du bonnet phrygien. Les religieux se sont mobilisés en masse : place au capucin qui retrousse son froc ; les abbés font acte de présence, mais fragiles se protègent du soleil qui tape fort entre les ondées par un parasol. « A bas, à bas le parasol » dit la légende. Tel qu'on peut l'imaginer à partir de quelques grandes compositions comme celle d'Ernouf, grandiose et étrange, car l'auteur a situé son évocation minutieuse et précise dans un cadre de tro phées et de feuillages de palmiers, le Champ de Mars a des aspects de foire joyeuse, de campement avec des tentes pour s'abriter, de chantier aussi, de fête où l'on chante pour se donner du courage : Allons z'amis au Champ de Mars, mais aussi le Ça ira qui se voit intronisé à cette occasion comme l'un des refrains d'une révolution à la fois euphorique et batailleuse.
Chemin faisant, le chantier avance : le 9 juillet le roi lui-même a voulu donner l'exemple en contribuant par un coup de pioche symbolique. Le paysage prend figure : au fond — côté Invalides — une vaste tribune officielle, dont les mâts porteront les oriflammes des 83 départements ; à l'entrée — côté Seine — un imposant arc de triomphe par où pénétreront les cortèges officiels, et surtout les corps de troupe : gardes nationaux et soldats de ligne.
Ces participants attendus arrivent à Paris, logés par la municipalité chez les particuliers. Pour beaucoup, qui en feront confidence dans leurs mémoires, c'est la première, l'unique, montée à la capitale. Certains ont pris le coche d'eau, venant du Lyonnais ou de la Bourgogne ; d'autres ont loué une potache ; d'autres encore, plus spartiates, sont venus à pied, comme les Bretons, que les joies d'étapes arrosées dédommagent des fatigues du chemin. On profite de Paris : les gens sérieux ont leur programme touristique, ils pousseront jusqu'à Ermenonville pour visiter le tombeau de Jean-Jacques Rousseau ; pour les autres, des livrets sont prêts qui détaillent les bons endroits, voire les appâts de nymphes qui les attendent au Palais Royal.
En 1790, la Constituante avait encore le vent en poupe. Elle voulut que cette première commémoration du 14 juillet fût la fête de la réconciliation et de l'unité de tous les Français. On décida qu'elle aurait lieu au Champ-de-Mars, aménagé pour la circonstance. Dès le 1" juillet, douze cents ouvriers commencèrent les travaux de terrassement. Ils étaient nourris, mais mal payés et, quand on leur reprochait leur lenteur, ils menaçaient d'abandonner le chantier. Il s'agissait de transformer le Champ-de-Mars en un vaste cirque, d'une capacité de 100 000 spectateurs, au centre duquel s'élèverait l'autel de la patrie. On fit appel à la bonne volonté des Parisiens. Ils répondirent en masse. Le roi vint de Saint-Cloud donner son coup de pioche. La Fayette, en manches de chemise, travailla comme un tâcheron. Bientôt, ce fut une fourmilière humaine, où les tape-dur du faubourg Saint-Antoine côtoyaient les nobles tirés à quatre épingles, où les moines coudoyaient les bourgeois, où les courtisanes donnaient la main aux dames des beaux quartiers. Les charbonniers, les bouchers, les imprimeurs, vinrent avec leurs bannières enguirlandées de tricolore. On chantait gaiement, le Ça ira et autres couplets patriotiques. Les musiques militaires jouaient leurs marches respectives. Les soldats se mêlaient aux gardes nationaux, et cette bigarrure d'uniformes ajoutait à la confusion. Ce chantier tenait de la kermesse, mais chacun travaillait de son mieux, qui poussant une brouette, qui s'attelant à une charrette, qui pelletant ou remuant des pierres. A l'intention des élégantes, les modistes avaient imaginé de ravissants bonnets de police. On fraternisait ! On se mettait en quatre pour héberger les fédérés venus de province : ils étaient au moins 50 000, non tous fortunés. Les « commerçantes de Cythère » étaient invitées à modérer leurs/ tarifs/ à l'intention de ces jeunes gens.
Bien à vous.
Par le temps incertain d'un mois de juillet pluvieux, on s'en vient au Champ de Mars, piocher, rouler la brouette, tirer et pousser les charrois de terre. L'accent est mis sur l'unanimité : qu'il s'agisse des gouaches de Lesueur, des aquatintes de Janinet ou d'autres estampes plus anonymes ; on y retrouve l'homme du peuple — ainsi le cordonnier avec son tablier de travail, le bourgeois en redingote, gardant son quant à soi, la coquette au chapeau empanaché, démesuré comme c'est la mode en cette saison, voisinant avec la femme du peuple porteuse déjà du bonnet phrygien. Les religieux se sont mobilisés en masse : place au capucin qui retrousse son froc ; les abbés font acte de présence, mais fragiles se protègent du soleil qui tape fort entre les ondées par un parasol. « A bas, à bas le parasol » dit la légende. Tel qu'on peut l'imaginer à partir de quelques grandes compositions comme celle d'Ernouf, grandiose et étrange, car l'auteur a situé son évocation minutieuse et précise dans un cadre de tro phées et de feuillages de palmiers, le Champ de Mars a des aspects de foire joyeuse, de campement avec des tentes pour s'abriter, de chantier aussi, de fête où l'on chante pour se donner du courage : Allons z'amis au Champ de Mars, mais aussi le Ça ira qui se voit intronisé à cette occasion comme l'un des refrains d'une révolution à la fois euphorique et batailleuse.
Chemin faisant, le chantier avance : le 9 juillet le roi lui-même a voulu donner l'exemple en contribuant par un coup de pioche symbolique. Le paysage prend figure : au fond — côté Invalides — une vaste tribune officielle, dont les mâts porteront les oriflammes des 83 départements ; à l'entrée — côté Seine — un imposant arc de triomphe par où pénétreront les cortèges officiels, et surtout les corps de troupe : gardes nationaux et soldats de ligne.
Ces participants attendus arrivent à Paris, logés par la municipalité chez les particuliers. Pour beaucoup, qui en feront confidence dans leurs mémoires, c'est la première, l'unique, montée à la capitale. Certains ont pris le coche d'eau, venant du Lyonnais ou de la Bourgogne ; d'autres ont loué une potache ; d'autres encore, plus spartiates, sont venus à pied, comme les Bretons, que les joies d'étapes arrosées dédommagent des fatigues du chemin. On profite de Paris : les gens sérieux ont leur programme touristique, ils pousseront jusqu'à Ermenonville pour visiter le tombeau de Jean-Jacques Rousseau ; pour les autres, des livrets sont prêts qui détaillent les bons endroits, voire les appâts de nymphes qui les attendent au Palais Royal.
En 1790, la Constituante avait encore le vent en poupe. Elle voulut que cette première commémoration du 14 juillet fût la fête de la réconciliation et de l'unité de tous les Français. On décida qu'elle aurait lieu au Champ-de-Mars, aménagé pour la circonstance. Dès le 1" juillet, douze cents ouvriers commencèrent les travaux de terrassement. Ils étaient nourris, mais mal payés et, quand on leur reprochait leur lenteur, ils menaçaient d'abandonner le chantier. Il s'agissait de transformer le Champ-de-Mars en un vaste cirque, d'une capacité de 100 000 spectateurs, au centre duquel s'élèverait l'autel de la patrie. On fit appel à la bonne volonté des Parisiens. Ils répondirent en masse. Le roi vint de Saint-Cloud donner son coup de pioche. La Fayette, en manches de chemise, travailla comme un tâcheron. Bientôt, ce fut une fourmilière humaine, où les tape-dur du faubourg Saint-Antoine côtoyaient les nobles tirés à quatre épingles, où les moines coudoyaient les bourgeois, où les courtisanes donnaient la main aux dames des beaux quartiers. Les charbonniers, les bouchers, les imprimeurs, vinrent avec leurs bannières enguirlandées de tricolore. On chantait gaiement, le Ça ira et autres couplets patriotiques. Les musiques militaires jouaient leurs marches respectives. Les soldats se mêlaient aux gardes nationaux, et cette bigarrure d'uniformes ajoutait à la confusion. Ce chantier tenait de la kermesse, mais chacun travaillait de son mieux, qui poussant une brouette, qui s'attelant à une charrette, qui pelletant ou remuant des pierres. A l'intention des élégantes, les modistes avaient imaginé de ravissants bonnets de police. On fraternisait ! On se mettait en quatre pour héberger les fédérés venus de province : ils étaient au moins 50 000, non tous fortunés. Les « commerçantes de Cythère » étaient invitées à modérer leurs/ tarifs/ à l'intention de ces jeunes gens.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
On peut se rendre compte combien le peuple (qui restât à cette fête de la Fédération malgré les trombes de pluie) est si versatile et imprévisible. Encore à cette époque, il semblait avoir dans le cœur l'amour du Roi et de sa famille, peut-être que Mme de Tourzel avait raison. Louis XVI aurait dû en profiter (et non prêter serment) et faire un discours appuyé tel que l'aurait fait un Grand Roi de France, qui aurait rassuré la population (si nombreuse) et changé le cours de l'Histoire.
J'aime trop Notre Bon Roi pour toujours lui lancer la pierre, et il est préférable de parler au conditionnel, il y eût tellement de "si" (et la faute n'incombe pas uniquement à Louis XVI, car il ne dirigeait pas le pays à lui seul, comme l'explique Mme de Tourzel).
J'aime trop Notre Bon Roi pour toujours lui lancer la pierre, et il est préférable de parler au conditionnel, il y eût tellement de "si" (et la faute n'incombe pas uniquement à Louis XVI, car il ne dirigeait pas le pays à lui seul, comme l'explique Mme de Tourzel).
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Un document intéressant, qui sera prochainement présenté à l'occasion d'une vente aux enchères organisée par International Autograph Auctions Europe S.L, à Marbella (Espagne), le 25 novembre 2017.
Je cite (extraits) :
Fête de la Fédération 1790 :
On désigne sous le nom de Fête de la Fédération ou Confédération Nationale la fête qui fut célébrée au Champ-de-Mars de Paris, le 14 juillet 1790, premier anniversaire de la prise de la Bastille.
On y vit réunis Louis XVI et les députés des 83 départements qui, tous, prêtèrent serment à la Nation et à la Loi.
- Semi-imprimé signé par deux commissaires du Pacte Fédératif, par délégation de Bailly et Lafayette, daté du 27 juillet 1790, en-tête du 14 juillet 1790.
Certificat d’affiliation à la Fédération en faveur du député Faure (1) de la Haute-Garonne, district de Revel, donné par le maire de Paris, le commandant-général de la Garde-Nationale et le président des commissaires de la Commune pour le Pacte-Fédératif.
Il s’agit du certificat prouvant la participation de Faure à la Fête de la Fédération et son adhésion aux principes qui furent énoncés ce jour-là.
(1)Elysée Faure (1765-après 1815), député aux Etats-Généraux devint maire de Revel sous l’Empire.
- Le billet d’entrée de Faure (pièce rarissime), les mots Confédération Nationale imprimés, ceints d’une couronne de lauriers.
Document cartonné de 8x10cm biffé d’un trait de plume léger (pour signifier son entrée), avec ses nom, département et district notés à l’encre au recto ; signature d’un commissaire vérificateur au verso.
- Procès-verbal du transport de l’Oriflamme de l’Armée Française à la salle de l’Assemblée Nationale, 14 et 15 juillet 1790.
Important imprimé donnant les circonstances par lesquelles ce qui deviendra le drapeau tricolore, l’emblème de la Nation (1), fut transporté par des vétérans, depuis la fête de la Fédération jusqu’au château de la Muette où ils dinèrent, puis, de là, jusqu’à l’Assemblée Nationale la nuit du 14 au 15 juillet.
Ils le gardèrent jusqu’au matin avant de le remettre à M. de Saint-Priest, premier arrivé à l’Assemblée (2).
(1) Lors de la fête de la Fédération, la municipalité de Paris choisit l’ancien terme d’oriflamme pour désigner un des drapeaux de l’Armée béni à l’occasion, afin qu’il devienne un symbole de cette journée, « un monument consacré par la municipalité de Paris à la Constitution et à la Confédération. » (Tableau des opérations de l’A.N. tome 2).
(2) Après délibération, cet étendard militaire fut, sur proposition de Le Chapellier, suspendu à la voute de Temple de la Liberté (l’Assemblée Nationale) « comme un monument de la solemnité mémorable de la Fédération. » (Courrier français de l’A.N. vol.6)
J'ignorai que cet "oriflamme" était supposé être resté quelques instants dans la chambre du roi, au château de la Muette...
- Monnaie de confiance Monneron de 5 sols en cuivre dit au serment ou au pacte, du second type (1792), sous-type au point sur le M de Monneron, frappée à l’avers du serment de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790.
Je cite (extraits) :
Fête de la Fédération 1790 :
On désigne sous le nom de Fête de la Fédération ou Confédération Nationale la fête qui fut célébrée au Champ-de-Mars de Paris, le 14 juillet 1790, premier anniversaire de la prise de la Bastille.
On y vit réunis Louis XVI et les députés des 83 départements qui, tous, prêtèrent serment à la Nation et à la Loi.
- Semi-imprimé signé par deux commissaires du Pacte Fédératif, par délégation de Bailly et Lafayette, daté du 27 juillet 1790, en-tête du 14 juillet 1790.
Certificat d’affiliation à la Fédération en faveur du député Faure (1) de la Haute-Garonne, district de Revel, donné par le maire de Paris, le commandant-général de la Garde-Nationale et le président des commissaires de la Commune pour le Pacte-Fédératif.
Il s’agit du certificat prouvant la participation de Faure à la Fête de la Fédération et son adhésion aux principes qui furent énoncés ce jour-là.
(1)Elysée Faure (1765-après 1815), député aux Etats-Généraux devint maire de Revel sous l’Empire.
- Le billet d’entrée de Faure (pièce rarissime), les mots Confédération Nationale imprimés, ceints d’une couronne de lauriers.
Document cartonné de 8x10cm biffé d’un trait de plume léger (pour signifier son entrée), avec ses nom, département et district notés à l’encre au recto ; signature d’un commissaire vérificateur au verso.
- Procès-verbal du transport de l’Oriflamme de l’Armée Française à la salle de l’Assemblée Nationale, 14 et 15 juillet 1790.
Important imprimé donnant les circonstances par lesquelles ce qui deviendra le drapeau tricolore, l’emblème de la Nation (1), fut transporté par des vétérans, depuis la fête de la Fédération jusqu’au château de la Muette où ils dinèrent, puis, de là, jusqu’à l’Assemblée Nationale la nuit du 14 au 15 juillet.
Ils le gardèrent jusqu’au matin avant de le remettre à M. de Saint-Priest, premier arrivé à l’Assemblée (2).
(1) Lors de la fête de la Fédération, la municipalité de Paris choisit l’ancien terme d’oriflamme pour désigner un des drapeaux de l’Armée béni à l’occasion, afin qu’il devienne un symbole de cette journée, « un monument consacré par la municipalité de Paris à la Constitution et à la Confédération. » (Tableau des opérations de l’A.N. tome 2).
(2) Après délibération, cet étendard militaire fut, sur proposition de Le Chapellier, suspendu à la voute de Temple de la Liberté (l’Assemblée Nationale) « comme un monument de la solemnité mémorable de la Fédération. » (Courrier français de l’A.N. vol.6)
J'ignorai que cet "oriflamme" était supposé être resté quelques instants dans la chambre du roi, au château de la Muette...
- Monnaie de confiance Monneron de 5 sols en cuivre dit au serment ou au pacte, du second type (1792), sous-type au point sur le M de Monneron, frappée à l’avers du serment de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Et tu te souviens sans doute de son pendant, la caricature " Aristocrates, vous voilà tous foutus ... " ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Mme de Sabran a écrit:Et tu te souviens sans doute de son pendant, la caricature " Aristocrates, vous voilà tous foutus ... " ?
Non...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
La nuit, la neige a écrit:Mme de Sabran a écrit:Et tu te souviens sans doute de son pendant, la caricature " Aristocrates, vous voilà tous foutus ... " ?
Non...
Si, si. Je te retrouverai cela demain, quoique cela ne soit pas très convenable .
" Aristocrates vous voilà donc f...
Le Champ de Mars
Vous f... la pelle au c...
Aristocrates vous voilà donc f...
Nous baiserons vos femmes
Et vous nous baiserez le c...
Aristocrates vous voilà tous f... "
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Ah ! j'ai retrouvé cette gravure .
Elle figure dans l'Almanach de la Révolution française de Jean Massin .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
La nuit, la neige a écrit: Durant ces journées "des brouettes" qui précédèrent cet événement, Louis XVI y est-il allé de son coup de pioche ?
Je ne m'en souviens plus.
Moi non plus, mais cela me semble tout à fait possible et me rappelle, hélas ! la réflexion de Barnave ( après Varennes, me semble-t-il ) :
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Voilà !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Une illustration qui sort de l'ordinaire, puisqu'il s'agit d'un fragment de toile imprimée par la célèbre manufacture de Jouy, en 1790 :
La fête de la Fédération ou la Démolition de la Bastille
Toile imprimée à la plaque de cuivre sur coton
Jean-Baptiste Huet
Ici l'actualité rejoint l'histoire puisque c'est quelques mois après la grande fête du Champ de Mars, le 14 juillet 1790, que Jean-Baptiste Huet, lui-même capitaine de la compagnie des gardes nationaux de Sèvres, y consacre son talent.
Louis XVI prête serment sur l'autel de la liberté sous les yeux de La Fayette (cavalier de profil) et des gardes nationaux portant drapeaux.
Au pied de l'estrade : Marie-Antoinette, le Dauphin, Madame Elizabeth et Madame Royale. Fifre, tambour et violon font danser les citoyennes sur les ruines de la Bastille.
Une pancarte sur un tronc d'arbre indique: "ici on danse"
* Cité dans : Toiles imprimées XVIIIème-XIXème siècles, Bibliothèque Forney / Gilles Pitoiset, éd. SABF, 1982, notice n° 256
* Source texte et image : Ville de Paris / Bibliothèque Forney
Notre sujet consacré aux toiles de Jouy, c'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t696-les-toiles-de-jouy?highlight=Jouy
La fête de la Fédération ou la Démolition de la Bastille
Toile imprimée à la plaque de cuivre sur coton
Jean-Baptiste Huet
Ici l'actualité rejoint l'histoire puisque c'est quelques mois après la grande fête du Champ de Mars, le 14 juillet 1790, que Jean-Baptiste Huet, lui-même capitaine de la compagnie des gardes nationaux de Sèvres, y consacre son talent.
Louis XVI prête serment sur l'autel de la liberté sous les yeux de La Fayette (cavalier de profil) et des gardes nationaux portant drapeaux.
Au pied de l'estrade : Marie-Antoinette, le Dauphin, Madame Elizabeth et Madame Royale. Fifre, tambour et violon font danser les citoyennes sur les ruines de la Bastille.
Une pancarte sur un tronc d'arbre indique: "ici on danse"
* Cité dans : Toiles imprimées XVIIIème-XIXème siècles, Bibliothèque Forney / Gilles Pitoiset, éd. SABF, 1982, notice n° 256
* Source texte et image : Ville de Paris / Bibliothèque Forney
Notre sujet consacré aux toiles de Jouy, c'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t696-les-toiles-de-jouy?highlight=Jouy
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Je trouve bien extraordinaire cette toile de Jouy toujours à la pointe de l'actualité ( comme le voyage à Cherbourg de Louis XVI , en toile de Jouy, que j'ai posté dernièrement )
Et voici la gravure retrouvée des aristocrates la pelle au
Tiens cela me donne une idée de nouvelle énigme pour notre jeu .
J'y saute !
Et voici la gravure retrouvée des aristocrates la pelle au
Tiens cela me donne une idée de nouvelle énigme pour notre jeu .
J'y saute !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Voici des documents intéressants qui présentent, de façon plus précise, l'aménagement du Champ-de-Mars que nous illustrons dans ce sujet-ci : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1753-illustrations-de-la-fete-de-la-federation-14-juillet-1790#122933
Plan général du Champ de Mars et du nouveau Cirque, où la Nation française a prêté le serment fédératif sur l'Autel de la Patrie, le 14 juillet 1790
Dessin à la plume et lavis à l'encre de Chine, aquarelle.
Par Antoine Meunier et Charles-Antoine Gaucher, 1790
Photo : Bibliothèque Nationale de France
Et plus précisément, concernant la loge du roi et de l'amphithéâtre couvert pour l'Assemblée Nationale, cet autre vue, des mêmes auteurs :
Plan général du Champ de Mars et du nouveau Cirque, où la Nation française a prêté le serment fédératif sur l'Autel de la Patrie, le 14 juillet 1790
Dessin à la plume et lavis à l'encre de Chine, aquarelle.
Par Antoine Meunier et Charles-Antoine Gaucher, 1790
Photo : Bibliothèque Nationale de France
Et plus précisément, concernant la loge du roi et de l'amphithéâtre couvert pour l'Assemblée Nationale, cet autre vue, des mêmes auteurs :
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)
Barnave avait raison, et l'on se rend bien compte à la lecture de ces serments de la Nation puis du Roi que tout n'était pas encore perdu pour Louis XVI . Avec davantage de sincérité et de fermeté de sa part, la Révolution aurait pu s'arrêter là ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Page 1 sur 2 • 1, 2
Sujets similaires
» Divers - Actualités commentées
» Madame Mouret et la Confédération des dames, juillet 1790
» Paris, la colonne de Juillet place de la Bastille
» Les lettres de Marie-Antoinette à Madame de Polignac
» Almanach de Paris, 1790
» Madame Mouret et la Confédération des dames, juillet 1790
» Paris, la colonne de Juillet place de la Bastille
» Les lettres de Marie-Antoinette à Madame de Polignac
» Almanach de Paris, 1790
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: L'histoire de Marie-Antoinette :: Marie-Antoinette et la Révolution française
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum