La Fête de la Fédération (14 juillet 1790)

Reverrons-nous au Musée Carnavalet, une fois rénovation achevée, ces témoignes "populaires" de cet évènement, et l'esprit bric-à-brac de l'exposition des oeuvres et objets de la Révolution française ?  
Je crains que non...






Si ma mémoire est bonne, cette grande peinture d'un certain Dubois était disposée à l'entrée des salles consacrées à la Révolution française.


SERMENT DU ROI, DE LA REINE ET DE LA GARDE NATIONALE À LA PATRIE
Par DUBOIS, vers 1791
Photo : Musée Carnavalet

Le même "artiste" a peint cette autre illustration de cette journée :


LA FÊTE DE LA FEDERATION
Par Dubois, vers 1791
Photo : Musée Carnavalet

Mais aussi d'autres représentations des événements "clés" de la Révolution, que je poste ici. Tant pis pour cet hors sujet...

Notamment cet étonnant    :


ESPOIR DU BONHEUR DEDIE A LA NATION
Par Dubois, vers 1791
Photo : Musée Carnavalet



LA FRANCE REÇOIT DES TROIS ORDRES LES VŒUX DE TOUTE LA NATION ET LES PRÉSENTE À LOUIS XVI ET M. NECKER
Par Dubois, vers 1791
Photo : Musée Carnavalet



GLORIFICATION DE LOUIS XVI, "PÈRE DES FRANÇAIS ET ROI D'UN PEUPLE LIBRE"
Par Dubois, vers 1791
Photo : Musée Carnavalet

Et enfin, évidemment...


LA PRISE DE LA BASTILLE. ARRESTATION DE M. DE LAUNAY
Par Dubois, vers 1791
Photo : Musée Carnavalet

La nuit, la neige a écrit:Reverrons-nous au Musée Carnavalet, une fois rénovation achevée, ces témoignes "populaires" de cet évènement, et l'esprit bric-à-brac de l'exposition des oeuvres et objets de la Révolution française ?  
Je crains que non...

Aïe ! ce serait grand dommage ...
Les salles consacrées à la Révolution française sont-elles censées être drastiquement réduites ?
Cette rénovation de longue haleine, rassure-moi, n'a pas nécessité la fermeture du musée ?
Parce que, la prochaine fois que j'irai à Paris, je voudrais aller voir à Carnavalet la bijouterie Fouquet de Mucha !!!

Carnavalet est en travaux et fermé pour longtemps malheureusement.
J'ai cru comprendre que les oeuvres ne seraient pas toutes exposées lors de la réouverture, beaucoup partiront en réserve.

Pour compléter ce sujet, voici le serment de Lafayette à la fête de la fédération le 14 juillet 1790, par Louis David :



Après la messe célébrée par Talleyrand, La Fayette prête serment à la Constitution sur l'autel de la Patrie, accompagné de son fils, prénommé Georges-Washington. Symboliquement, des clefs et des fers de la Bastille ont été jetés sur les marches, tandis que des rayons de soleil percent le ciel d'orage.

La nuit, la neige a écrit:

Notamment cet étonnant    :


ESPOIR DU BONHEUR DEDIE A LA NATION
Par Dubois, vers 1791
Photo : Musée Carnavalet

Oui, très étonnant en effet !  

J'en ai recherché l'interprétation.
La voici :

L'Espoir du Bonheur, dédié à la Nation est une allégorie.

Louis XVI est conduit par la Bonté. Necker, lui, se laisse guider par la Vérité.  La Vérité avec son miroir éclaire les tableaux des trois Temps, l'Enfance, la Maturité et la Vieillesse.    Ces tableaux sont supportés par le Temps ( que nous reconnaissons bien sous les traits du vieux Chronos )  et deux génies ailés.  La scène se passe devant le Temple du Temps. La Nacelle symbolise la France. La Bonté caresse un Agneau. Un Démon ailé montre du doigt la vieillesse. La Mer est agitée et hérissée de récifs. Une Fleur de lys auréolée porte les inscriptions : " Clergé / Roi / Noblesse / Peuple ".

Merci, cher la nuit, la neige pour toutes ces illustrations !
C'était pourtant bien sympa ce Carnavalet un petit peu capharnaüm ... C'est ainsi que nous l'aimions.

Merci pour ces images et informations complémentaires.  

Duc d'Ostrogothie a écrit:
J'ai cru comprendre que les oeuvres ne seraient pas toutes exposées lors de la réouverture, beaucoup partiront en réserve.

Mme de Sabran a écrit:
C'était pourtant bien sympa ce Carnavalet un petit peu capharnaüm ...  C'est ainsi que nous l'aimions.

Eh oui...

Lire nos interrogations ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1099p50-le-musee-carnavalet#111797

Voici une autre illustration de la Fédération intitulée " Serment fédératif du 14 juillet 1790 "
C'est une gravure de Lecoeur d'après Swebach .

Le ciel était chargé ce jour là, et le temps était pluvieux mais...


Eventail de la fête de la Fédaration
Vers 1790
Photo : Musée Carnavalet

Les éventails et la toile de Jouy, même mission : illustrer la pointe de l'actualité !

Lors d'une visite de la prison royale de Loches, dimanche dernier, notre ( excellent ) guide nous a dit que, pour fêter la Fédération de juillet 1790, les deux cages de fer ( dites de Louis XI ) avaient été brûlées et le fer fondu au profit des veuves et orphelins de la Révolution .
C'était le geste très symbolique de destruction de l'arbitraire royal.

Mais voilà-t-y pas qu'en 1795, une cage de fer fut reconstruite tout à fait à l'identique ( fer et bois ) pour bien rappeler au contraire à la nation l'arbitraire royal !

Il faut aller chercher cette scène toute particulière dans l’angle supérieur droit du fameux tableau de Carnavalet représentant le 14 juillet 90.
Là, Marie Antoinette présente son petit Dauphin de cinq ans au peuple réuni, alors que le Roi prête serment, un peu plus bas, sur l’autel de la Patrie. Elle est au bord des larmes. Elle ne partage pas, tant s’en faut, la liesse générale, car elle sait que ce jour est la fête de Lafayette, et pas celle du Roi. Elle sait qu’on a plus crié « Vive la Nation » que « Vive le Roi », et a entendu très peu de « Vive la Reine »...
A l’arrière, apparaît Madame Royale...

En effet, ce tableau superbe de la fête de la Fédération rend bien les émotions que la reine a dû éprouver ce jour-là.
Nous évoquons ce tableau d'ailleurs dans le sujet suivant : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1753-illustrations-de-la-fete-de-la-federation-14-juillet-1790

Mme de Sabran a écrit:
Mais voilà-t-y pas qu'en 1795, une cage de fer fut reconstruite tout à fait à l'identique  ( fer et bois ) pour bien rappeler au contraire à la nation l'arbitraire royal !

Impressionnante !!

Cela me fait penser que j'ai lu dans le hors-série du Figaro Histoire, titré "Louis XVI, l'incompris" (depuis le temps qu'on dit qu'il l'est et que l'on brode à l'envie sur ce thème, mais passons ), qu'à l'été 1792, je cite :

L'un des projets des conspirateurs consistait à enfermer Marie-Antoinette dans une cage de fer.
Cela compta, le 10 août, dans sa décision (Louis XVI) de se réfugier auprès de l'Assemblée nationale sans attendre l'assaut, quand même la reine se proclamait, quant à elle, prête à "finir clouée aux murs du château".

Source : Extrait de l'article (expiatoire à souhait) "La messe de Louis XVI", du Figaro Histoire

Xavier Mauduit vient de nous raconter,  dans 28 minutes sur ARTE , que le premier jour d'interdiction de la circulation des voitures dans Paris,  pour cause de crainte d'embouteillages monstres, c'était le 14 juillet 1790 : la fête de la Fédération !!!  

L'idée d'un Paris sans voiture ne date donc pas d'Anne Hidalgo       ... - MSN.com
https://www.msn.com/fr-ca/actualites/insolite/lidée-dun.../ar-BBNom1K?...

16 sept. 2018 - En 1790, un citoyen anonyme fait imprimer un in-octavo d'une étonnante modernité :
Pétition d'un citoyen ou motion contre les carrosses

L'idée fit école :

"Ce n'est pas tout d'être libre, il faut être humain".

Un sujet du bac philo !

J'ai lu quelques extraits de sa pétition.
Il y a de l'idée.

Madame de Tourzel a écrit:

Barnave :  
Ah, Madame, ne vous plaignez pas de cette Fédération; nous étions perdus si vous aviez su en profiter !

Vaudreuil l'écrit au marquis de Bombelles, dans les jours qui suivent :

J'ai reçu cette nuit le courrier de Turin.  Il m'apporte les détails de ce qui s'est passé à la journée du 14.   Vous verrez, par les imprimés que je vous envoie, que tout a été tranquille et que le bon ordre n'a point été troublé.
Les dispositions de tous les fédérés de province étaient tellement en faveur du roi que, s'il avait voulu dire un seul mot, ils auraient tous été à ses pieds.  Mais ce mot n'a pas été dit, et voilà encore un grand moment manqué, qui reculera les espérances des bons serviteurs du roi .

Voici comment Esterhazy raconte les préparatifs de cet événement et les places prévues pour chacun .
Il note que le siège du roi n'est pas surélevé.

On imagina de célébrer le 14 juillet, anniversaire de la prise de la Bastille, par une fédération solennelle de tous les départements du royaume, et de toutes les troupes, où le roi prêterait serment d'être fidèle à la Nation, à la Loi et à la Constitution, quoiqu'elle ne fut pas encore fixée.

Cette idée proposée à la Convention fut adoptée et suivie ensuite d'un décret qui l'ordonna. L'ancien Champ de Mars, devant l'École militaire, fut destiné pour l'emplacement de la cérémonie. Une multitude d'ouvriers y travaillèrent tous les jours, et le résultat fut une avenue immense, terminée d'un côté par l'École militaire, devant laquelle on construisit un échafaudape pour placer le roi, l'Assemblée nationale, la municipalité, les députés delà commune de Paris, etc; au-dessus, une tribune pour la reine et la famille royale, et des deux côtés une vaste galerie pour les ministres, les ambassadeurs et autres personnes. Le fauteuil du roi était sur le même niveau que celui de l'Assemblée, placé à sa droite, et autour de lui des tabourets pour les secrétaires de l'Assemblée. Il n'y avait aucun siège pour les officiers de la suite du roi, qui devaient se tenir debout sur les deux escaliers qui descendaient de la tribune de la reine à l'emplacement où était le fauteuil du roi.

Au centre de cette immense avenue, qui était garnie de trois rangs de bancs circulaires pour les spectateurs, on avait élevé un grand autel auquel on montait par quatre-vingt marches, et entouré de vases remplis de parfums, sur lequel devait être célébrée la messe. De l'autre côté de l'École militaire, il y avait un grand arc de triomphe, rempli d'inscriptions et d'emblèmes relatifs à la liberté, et derrière on avait jeté un pont de bateaux sur la Seine, par où devait entrer toute la procession. Les députés des départements, ceux de l'armée, de la marine, et les officiers généraux de tout grade devaient entourer l'autel. Le grand intervalle qui existait entre l'autel et les gradins était rempli par la garde nationale de Paris sous les armes, indépendamment des ouvriers de tout genre, qui étaient occupés nuit et jour à préparer cet emplacement. Tout ce qui était attaché à la Révolution s'empressait de se réunir aux ouvriers : les dames s'y distinguaient, et on en voyait de très parées mener des brouettes, au son des instruments et au chant de Çà ira qui était la chanson favorite des révolutionnaires .

Merci pour cet extrait...
Voir nos images postées précédemment pour ce qui concerne les plans et vues de cet immense aménagement.

Valentin Esterhazy a écrit:
Tout ce qui était attaché à la Révolution s'empressait de se réunir aux ouvriers : les dames s'y distinguaient, et on en voyait de très parées mener des brouettes, au son des instruments et au chant de Çà ira qui était la chanson favorite des révolutionnaires .

Et d'autres encore...

Ah bien, ça par exemple,  voici un scoop pour moi !!!

Pour l'essentiel les détails de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790 furent réglés par le roi avec le Comité de Constitution, les ministres et les chefs civils et militaires de la capitale.

Des modifications de dernière heure furent apportées, pour tenir compte de la participation de la population parisienne, réparer des oublis ou éviter des imprudences : ainsi l'éviction des vainqueurs de la Bastille. Le roi aurait un trône, mais la reine un fauteuil, comme les membres de l'Assemblée.

Merci pour cet extrait. L'une des rares occasions d'apaisement et de "réconciliation". Dommage...

Vue Générale de la Fédération Française / Prise à vol d’Oiseau au-dessus de Chaillot
Jean-Baptiste-Antoine Cloquet
Estampe, 18e siècle
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris