Le roi Louis-Philippe

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Présenté à l'occasion d'une vente aux enchères, organisée le 23 juin 2017, par l'étude Collin du Bocage, Paris :

Louis-Philippe d'Orléans, duc de Chartres et futur roi des Français en lieutenant général des Armées françaises aux batailles de Valmy et de Jemappes en 1792.

Par Léon Cogniet, circa 1834
Louis-Philippe d'Orléans est figuré à mi-jambes, de trois-quarts à droite, et en uniforme sur fond de paysage.
Huile sur toile, H. 35,5 cm ; L. 27,2 cm



Note de l'expert (extraits) :

Rare modello préparatoire au portrait de Louis-Philippe d’Orléans (1773-1850), duc de Chartres et futur roi Louis-Philippe Ier, commandé par le souverain à l’artiste en 1834 pour la « salle 1792 » de son musée de l’Histoire de France au château royal de Versailles (n° inv. MV 2344). [Fig. 1]
Outre cette version, deux esquisses préparatoires de plus petit format, également non-signées par l’artiste, sont connues à ce jour.
L’une est actuellement conservée au musée des Beaux-arts d’Orléans (n° inv. 276 - 25 x 20 cm) et la seconde fut vendue chez Sotheby’s Londres le 9 mai 1979 (lot 317 - 20 x 18 cm).


Léon Cogniet, Louis-Philippe d’Orléans duc de Chartres en lieutenant général des armées de 1792.
Huile sur toile, 1834, musée national du château de Versailles (n° inv. MV 2344).

Très beau portrait rétrospectif de Louis-Philippe Ier, dans sa jeunesse, qui témoigne des commandes choisies par le souverain pour la « salle 1792 » de son musée de l’Histoire de France à Versailles (...).

Louis-Philippe d’Orléans (1773-1850), duc de Valois, de Chartres et d’Orléans, puis roi des Français (1830-1848)
Est le fils de Louis-Philippe Joseph d’Orléans, dit « Philippe Egalité », et de Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre.



Il débuta par une carrière militaire et prit le commandement en 1791 du 14e régiment de dragons avec le grade de colonel.
Promu maréchal de camp le 7 mai 1792, il prit la tête de la 4e brigade des armées françaises et participa, en tant que lieutenant-général, aux célèbres batailles de Valmy et de Jemappes où il joua un rôle non négligeable en évitant la retraite du centre lors du premier assaut.

Son titre de lieutenant-général, au service des armées françaises, valut à Louis-Philippe Ier d’être inscrit sur l’arc de triomphe de l'Étoile, un monument dont il acheva sous son règne la construction commencée sous Napoléon Ier.

Léon Cogniet (1794-1880)
Est un artiste néoclassique et romantique français. Peintre d’histoire, de portraits et aquarelliste de talent, il eut une influence considérable sur les élèves qu’il forma dont Léon Bonnat.
Cogniet fut un élève de Pierre-Narcisse Guérin dans l’atelier duquel il se forma aux côtés de Géricault, Delacroix, Delaroche et Ary Scheffer.  
(...)
Il participa aux décors du Louvre et du musée de l’Histoire de France créé par le souverain à Versailles où on peut encore admirer l’une de ses peintures les plus célèbres exécutée en 1833 : La garde nationale de Paris part pour l’armée (septembre 1792).

* Source et infos complémentaires, ici : Vente Collin du Bocage, Souvenirs historiques

La nuit, la neige a écrit:
Très beau portrait rétrospectif de Louis-Philippe Ier, dans sa jeunesse,

Oui, je trouve aussi !

Visite du duc de Chartres au Mont Saint-Michel .  
Mme de Genlis raconte.



En 1777, le comte d'Artois, puis le duc de Chartres visitèrent le Mont et celui qui, plus tard devait être Charles X, demanda au prieur de faire démolir la fameuse cage de fer. Madame de Genlis rapporte à ce sujet une curieuse anecdote :
"Je questionnai, dit-elle, les religieux sur la fameuse cage de fer ; ils m'apprirent qu'elle n'était point de fer, mais de bois ; qu'elle était formée d'énormes bûches, laissant entre elles des intervalles à jour de trois ou quatre doigts. Il y avait environ quinze ans qu'on n'y avait mis de prisonniers à demeure; car on y en mettait assez souvent, quand ils étaient méchant, me dit-on, quoique ce lieu fut horriblement humide et malsain. Alors Mademoiselle et ses frères s'écrièrent qu'ils auraient une joie extrême à la voir détruire. A ces mots, le prieur nous dit qu'il était le maître de l'anéantir, parce que Monsieur le comte d'Artois en avait positivement ordonné la destruction. Pour y arriver, on était obligé de traverser des souterrains si obscur qu'il y fallait des flambeaux ; et après avoir descendu beaucoup d'escalier, on parvenait à une affreuse cave où était l'abominable cage. Monsieur le duc de Chartres, avec une force au dessus de son âge, donna le premier coup de hache à la cage. Je n'ai jamais rien vu de plus attendrissant que les transports et les exclamations des prisonniers pendant cette ecécution. C'était sûrement la première fois que ces voûtes retentissaient de cris de joie au milieu de tout ce tumulte. Mais je fus frappée de lafigure triste et consternée du suisse du château. Je fis part de ma remarque au prieur qui me dit que cet homme regrettait cette cage, parce qu'il la faisait voir aux étrangers. Monsieur le duc de Chartres lui donna dix louis lui disant qu'à l'avenir au lieu de montrer cette cage aux visiteurs, ils leurs montreraient la qu'elle occupait. "

Comme les cages de Louis XI ?

Oui, sans doute quelque chose de bien moyenâgeux, hyper-sympa comme ça ...

Celle de la Balue était en fer .
Il ne pouvait tenir ni assis ni debout ni couché, enfin à ce qu'on dit ...

Mais où donc est Louis Philippe ? Il va y avoir une exposition en octobre au Château. Les Conservateurs avaient acheté un tableau de qualité, Philpe Égalité grand, mince, de dos, penché sur le berceau de son marmot au berceau. A gauche, un Noir, il me semble. Au Louvre, pour les insignes de la Royauté, (Regalia) dans la Petite Galerie, on voyait à gauche Louis 16 engoncé dans ses habits de sacre, déjà gras, tassé, mais un tableau d'une splendeur (splendor) toute d'Ancien Régime, avec une sorte de Lumière sacrée qui enveloppait ce pauvre bonhomme. Et à droite, c'est malheureux à dire, Louis Philippe grand, mince, pourtant, mais terminé par cette tête ridicule, vilain visage, houpette incroyable ! Et ce pantalon rouge, comme celui du Petit Fifre de Manet, moche sur lui. Toute la vulgarité du XIXe siècle. Je n'ai pas de préjugé.

Correze a écrit: Il va y avoir une exposition en octobre au Château.

Merci pour ce rappel.

Nous annoncions cette exposition, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3989-exposition-au-chateau-louis-philippe-et-versailles-octobre-2018?highlight=Philippe

Correze a écrit:Les Conservateurs avaient acheté un tableau de qualité,  Philpe Égalité  grand, mince, de dos, penché  sur le berceau de son marmot au berceau.

Oui, nous avions présenté ce tableau lors de sa vente aux enchères (2015).
Il est charmant, en effet   :


Louis-Philippe, Duc de Valois, au berceau
Par Nicolas-Bernard Lépicié (1735 - 1784)
Signé et daté en bas à gauche Lépicié 1774
Au revers du panneau la marque royale au pochoir L. P. O couronné
Photo Sotheby's

Ou encore cette autre image, avec les couleurs plus vives du tableau restauré (?), pour lequel le site internet du château de Versailles précise en note :  

Le duc de Chartres (futur Philippe-Égalité) et son fils, le duc de Valois (futur Louis-Philipe), âgé de quelques mois seulement, un petit domestique noir, sans doute celui que l'on surnommait Scipion.


Louis-Philippe, duc de Valois, au berceau
1774
Lépicié Nicolas-Bernard (1735-1784) (attribué à)
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

Historique : Salon de 1775, n°20 ; collection de Louis-Philippe Joseph d’Orléans, duc de Chartres (1784-1793) au Palais-Royal ; confisqué à la Révolution par la Commission des Arts, le 26 brumaire an II (16 novembre 1793) ; entreposé à l’hôtel de Nesle, décrit sous le numéro 34 : Égalité visitant son fils endormi et un nègre auprès, hauteur 20 pouces, largeur 16 pouces, sur bois (de Lépicié) ; donné à Madame Dennoor le 18 Vendémiaire an V lors de la « prisée à l’hôtel de Nesle des objets à donner à Madame Denoor » ; sa vente, à Paris, 14 mars 1797, n°88 ; collection Talleyrand-Périgord ; par descendance collection du prince de Dino ; sa vente, à Paris, hôtel Drouot, Me Escribe, 24 février 1879, n°22 ; collection de Monseigneur Philippe d’Orléans, duc d’Orléans (1880-1926), puis par descendance Jean d’Orléans, duc de Guise (1874-1940) ; Henri d’Orléans, comte de Paris (1908-1999). Collection de Saint-Louis ; achat en vente publique Sotheby’s, lot n°11, 29 septembre 2015 ; entré à Versailles, 2015

Dans la même vente aux enchères, avait été d'ailleurs présenté ce dessin préparatoire :


Etude pour la tête de Louis-Philippe, duc de Valois, futur roi Louis-Philippe 1er, au berceau
Nicolas-Bernard Lépicié
Pierre noire avec rehauts de sanguine et craie blanche
Signé en bas à droite à la plume et l'encre brune : Lépicié

A l'arrière du montage une ancienne inscription à la plume et à l'encre brune : Mgr le Duc de Vallois âgé de 3 mois
Photo : Sotheby's

Merci de m'avoir permis d'aborder ce long texte tapé patiemment ! Ainsi, Louis Philippe défend son père. IL était duc de Valois ? D'où l'installation par lui des tombeaux en plâtre des derniers Valois, à Versailles , leTéméraire et sa fille Marie de Bourgogne, "la Grande Duchesse" fondatrice des Habsbourg ! Ils sont à Bruges en bronze doré.
J'ai hâte de voir cette expo. Si elle est aussi bien que Les Visiteurs ! Mais les arts ? Le style louis-philippard qui semble ne plus avoir aucune valeur (dans les salles de vente !). Déjà le portrait en pied du Louvre était laid.

Correze a écrit: Ainsi, Louis Philippe défend  son père.

Oui, cela éclate dans ses Mémoires . En même temps, c'est un sentiment bien naturel que d'aimer son père envers et contre tout, enfin je suppose .
Quel père fut Egalité d'ailleurs, à vrai dire ? Il fit le choix curieux de Mme de Genlis pour éduquer sa marmaille, même les garçons, ce qui dénoterait presque une manière de féminisme...

Ah tiens, je n'avais pas vu les choses comme cela. Mais LP ne semble pas faire un éloge terrible de cette education, si ? Et Adélaïde, la mère, dans tout ça ? Dire que Louis Philippe est le petit fils de cet excellent Duc de Pentièvre (malheureuse famille) !
Pour en revenir aux Arts, le 1er avril 2016 j'ai lu dans "La tribune de l'art", ceci : ".... cette équipe (de Versailles)... s'efforce de rendre au Château et à ses jardins l'aspect qu'ils devraient avoir, SI LA RÉVOLUTION ET LOUIS PHILIPPE N'ÉTAIENT PAS BÊTEMENT PASSÉS PAR LÀ". Que gentiment cela est dit !
J'ai hâte d'apprendre dans l'expo le mal qu'a pu faire Louis Philippe au Château de Versailles.

Ah tiens, je n'avais pas vu les choses comme cela. Mais LP ne semble pas faire un éloge terrible de cette education, si ? Et Adélaïde, la mère, dans tout ça ? Dire que Louis Philippe est le petit fils de cet excellent Duc de Pentièvre (malheureuse famille) !
Pour en revenir aux Arts, le 1er avril 2016 j'ai lu dans "La tribune de l'art", ceci : ".... cette équipe (de Versailles)... s'efforce de rendre au Château et à ses jardins l'aspect qu'ils devraient avoir, SI LA RÉVOLUTION ET LOUIS PHILIPPE N'ÉTAIENT PAS BÊTEMENT PASSÉS PAR LÀ". Que gentiment cela est dit !
J'ai hâte d'apprendre dans l'expo le mal qu'a pu faire Louis Philippe au Château de Versailles.

Correze a écrit: Déjà le portrait en pied du Louvre était laid.

Oh ! Il n'est pas si laid ce portrait, s'il s'agit bien de celui que vous évoquez...

Il existe plusieurs versions :
Dont :


Portrait de Louis-Philippe 1er
Franz-Xavier Winterhalter, 1839
Musée national du Château de Versailles
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

Je cite la note du site internet de La petite galerie, musée du Louvre :

Le roi Louis-Philippe (1830-1848), portraituré en pied, de ¾ gauche, au centre d’un décor qui ouvre sur le parc de saint Cloud, est vêtu de la grande tenue de lieutenant général et porte les insignes de Grand Croix de La Légion d’Honneur, distinction créée par Napoléon Ier (1804-1815).
Si les regalia, insignes traditionnelles de la monarchie  sont présentes, elles sont reléguées au deuxième plan au profit de la Charte qui institue une monarchie constitutionnelle sur laquelle le « roi-citoyen », qui n’a jamais été couronné ni sacré, pose sa main, comme s’il rappelait le serment prêté au texte en 1830, lors de son accession au trône, à la faveur de la Révolution dite des « Trois Glorieuses ».

Le peintre Winterhalter, devenu le portraitiste officiel de Louis-Philippe et de la famille royale imposa une nouvelle représentation du souverain : celle du « roi-citoyen » en tenue militaire ou vêtu simplement selon la mode bourgeoise de son temps.
Elle servit jusqu’à la fin du règne à diffuser l’image officielle de Louis-Philippe dans le royaume et à l’étranger.

C’est ainsi que ce portrait daté de 1839 et réalisé pour le palais des Tuileries, résidence royale, servit de modèle au peintre Gustave-Adolphe Chassevent (1818- 1901) qui en réalisa une copie pour le consulat de France à Panama mais qui n’arriva jamais à destination du fait de la Révolution de 1848 qui renversa Louis-Philippe. Le tableau est aujourd’hui conservé au Louvre (INV 20387).


Gustave-Adolphe Chassevent-Bacques, d'après Franz Xaver Winterhalter
Louis-Philippe, roi des Français
Copie d'après le portrait de Winterhalter
1844
Photo : RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda

* Source et infos complémentaires : https://petitegalerie.louvre.fr/oeuvre/louis-philippe

Cette autre copie :


Le Roi Louis-Philippe et la Charte de 1830
Winterhalter Franz Xaver (1805-1873) (d'après)
19e siècle
Château de Compiègne
Photo : RMN-Grand Palais (domaine de Compiègne) / Gérard Blot

Et enfin une seconde version de Winterhalter :


Louis-Philippe Ier, roi des Français en uniforme d'officier général
Winterhalter Franz Xaver (1805-1873)
1841
Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Note :
Louis-Philippe, roi des Français, présentant les plans d'installation des galeries historiques dans l'aile du Midi du château de Versailles.
Sur la table, la statuette de Jeanne d'Arc, oeuvre sculptée par la fille du souverain, Marie d'Orléans.


Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot


Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Il me semble que ce n'était pas un portrait d'apparat comme celui ci. C'est bien peint, mais ce visage étrange, cette coiffure, ça ne passe pas.

Ce soir, sur France 2, notre ami Bern nous dira tout tout tout et le reste !

Extrait de notre Jeu de l'été :

Gouverneur Morris a écrit:
Lors de son séjour avec ses frères aux Etats-Unis sous le Directoire, Louis-Philippe s'enticha de la fille d'un riche marchand de Philadelphie, marchand à qui il pensait faire un immense et indescriptible honneur en lui demandant la main de celle-ci.
Quelle ne fut pas sa déception face au pragmatisme tout américain du père !!! Pragmatisme sans lequel notre cher Dominique aurait pu ajouter une reine américaine à sa liste !!!
(plus de détails à venir)

Lecréateur a écrit:Et ensuite il alla pavaner à la cour des Deux-Siciles pour y trouver une princesse ?! On aimerait savoir comment il y fut accueilli par la reine Marie-Caroline, soeur de la nôtre !

Dominique Poulin a écrit:Il me semble qu'au début du séjour du duc d'Orléans à Palerme, car n'oublions pas que la Cour de Naples s'était embarquée pour la Sicile, suite à l'invasion des armées de Napoléon, elle fut un peu froide envers ce prince " jacobin.", dont le père avait voté la mort de Louis XVI et n'avait cessé de clamer des calomnies sur sa sœur.

Pour le reste, elle le trouva bien éduqué, plutôt intelligent et ma foi sa fille Marie-Amelie montait en graine comme on disait à l'époque. Certes, objectivement, d'un point de vue politique, l'intérêt était fort mince, il était pauvre, exilé de son pays et les puissances européennes ne s'intéressaient guère à ce prince : il était honni à la Cour de Vienne, mais il avait des accointances avec la famille royale d'Angleterre et le Cabinet de Londres ne le méprisait pas. C'est lui, d'ailleurs qui facilita les négociations diplomatiques avec Londres pour que Louis XVIII puisse s'installer dans ce pays.
Marie-Amelie, ne le trouvait pas désagréable dans sa conversation et ses goûts. Dans son Journal, elle écrit qu'il n'est pas foncièrement beau, mais elle ne le  deconsidère nullement.
Bref, la balance pencha pour le " oui." de Marie-Caroline, c'est elle qui gouvernail vraiment, pas son mari Ferdinand IV.
Bon, ceci dit, le duc d'Orléans avait largement dépassé les 30 ans, il voulait se marier, une princesse de Naples, dans sa situation, c'était déjà très bien. 
A 35 ans, que voulez vous, il avait connu charnellement des femmes, cela peut se comprendre à mon avis.

duc de Berry a écrit:

Mme de Sabran a écrit:Il en est pourtant glorifié par ses contemporains (Louis Philippe) :

A l'encontre de Jacques Dominique Charles Gavard, grand thuriféraire de Louis Philippe, Alexis de Tocqueville, à la sublime plume, bien que très souvent acide, en dresse le portrait suivant  :
« Quoique ce prince fût issu de la race la plus noble de l'Europe, qu'au fond de son âme il en cachât tout l'orgueil héréditaire et ne se crût assurément le semblable d'aucun autre homme, il possédait cependant  la plupart des qualités et des défauts qui appartiennent plus particulièrement aux rangs subalternes de la société. Il avait des mœurs régulières et voulait qu'on les eût telles autour de lui. Il était rangé dans sa conduite, simple dans ses habitudes, mesuré dans ses goûts; naturellement ami de la loi et ennemi de tous les excès, tempéré dans tous ses procédés sinon dans ses désirs, humain sans être sensible, cupide et doux ; point de passions bruyantes ; point de faiblesses ruineuses ; point de vices éclatants ; une seule vertu de roi, le courage. Il avait une politesse extrême mais sans choix ni grandeur, une politesse de marchand plutôt que de prince.
Il ne goûtait guère les lettres ni les Beaux-arts, mais il aimait passionnément l'industrie. Sa mémoire était prodigieuse et propre à retenir obstinément les moindres détails. Sa conversation prolixe, diffuse, originale, triviale, anecdotière, pleine de petits faits, de sel et de sens, procurait tout l'agrément qu'on peut trouver dans les plaisirs de l'intelligence quand la délicatesse et l'élévation n'y sont point. Son esprit était distingué, mais resserré et gêné par le peu de hauteur et d'étendue de son âme. Éclairé, fin, souple et tenace ; tourné seulement vers l'utile et rempli d'un mépris si profond pour la vérité et d'une si grande incrédulité dans la vertu que ses lumières en étaient obscurcies, et que non seulement il ne voyait pas la beauté que montrent toujours le vrai et l'honnête, mais qu'il ne comprenait plus l'utilité qu'ils ont souvent ; connaissant profondément les hommes mais par leurs vices seulement ; incrédule en matière de religion comme le XVIIIe siècle et sceptique en politique comme le XIXe ; sans croyance lui-même ; n'ayant nulle foi dans celle des autres ; aussi naturellement amateur du pouvoir et des courtisans malhonnêtes que s'il fût né réellement sur le trône ; d'une ambition qui n'était bornée que par la prudence, qui jamais ne se rassasiait ni ne s'emportait et qui toujours se tenait près de terre. »

Dans l'imagerie populaire Louis Philippe est resté comme l'homme au parapluie sous le bras.  

Comme nous le voyons ci-dessous :

Louis Philippe et Versailles, sauveur ou destructeur ? (article personnel pour l'édition d'un éventuel livre)

Après son accession au trône le 9 août 1830, Louis Philippe conçoit le projet d'installer au château de Versailles un grand musée dédié à l'histoire de France. Ce projet sera la grande œuvre qui marquera son règne et le glorifiera.
Le 2 mars 1832, Louis-Philippe fait voter la loi relative à sa liste civile, qui faisait du domaine de Versailles une dotation de la Couronne, le soustrayant ainsi au contrôle du Parlement
Louis Philippe décide donc dès le mois de juin1833, de créer un  musée dédié
"à toutes les gloires de la France" qui devait contribuer symboliquement à la réconciliation des partisans des différents régimes qui s’étaient succédés depuis 1789, et à renforcer ainsi sa propre légitimité de roi de tous les Français, rassemblés autour de l’histoire nationale dont le nouveau souverain se revendiquait l’héritier et le continuateur.
En fait, son but réel était de transformer radicalement le Château de Versailles pour en faire l'œuvre qui magnifierait son règne. Son arrivée inattendue sur le  trône de France lui donnait l'occasion inespérée de prendre une revanche sur son passé fait d'exil et de vicissitudes. Son but était de mettre son empreinte sur le palais de Versailles, et faire oublier qu'il était avant tout l'œuvre du Roi-Soleil.
Ce musée devait rassembler dans des galeries et des salles une grande quantité de peintures et de sculptures (environ 4 000 tableaux et 1 000 sculptures)
La création de la galerie des batailles en est l'achèvement. Sur cent vingt mètres de long et treize mètres de large, elle est la plus grande salle du château de Versailles, supérieure à la galerie des glaces, fierté de Louis XIV, dont les dimensions ne sont que de soixante-treize mètres sur dix. On voit là l'orgueil de Louis Philippe à vouloir supplanter le Roi-Soleil.
Louis Philippe pour se justifier, a répandu la fable que ces travaux étaient indispensables pour sauver de la ruine le château de Versailles. François Guizot déclare dans ses mémoires
« L’idée de ce musée ne fut guère d’abord, dans l’esprit du roi Louis-Philippe lui-même, qu’un expédient pour sauver d’une destruction barbare et d’un emploi vulgaire ce palais et ces jardins, l’œuvre et le séjour magnifique du plus puissant et plus brillant de ses ancêtres. »

En vérité le château n'était nullement menacé, il avait fait l'œuvre d'importants travaux de restauration sous Napoléon Ier et Louis XVIII. De plus en consultant les comptes rendus des travaux, on remarque qu’entre 1833 et 1847 aucune opération de sauvegarde n’est mentionnée

La réalisation du musée commença par la démolition de la quasi totalité du premier étage de l'aile du midi pour édifier la galerie des batailles, là où se trouvaient les appartements princiers du duc d'Orléans, Philippe de France, frère de Louis XIV, et de sa seconde épouse, la princesse Palatine ; du duc de Chartres, Philippe d'Orléans, le régent, et son épouse la duchesse de Chartres ; du duc d’Orléans, Louis d'Orléans, fils du Régent ; de la Dauphine ; du comte d’Artois et de Madame Élisabeth.
Cette galerie, œuvre maîtresse du musée qui sera inaugurée le 10 juin 1837, évoque en trente-trois tableaux monumentaux, les plus grandes batailles de l'histoire depuis Clovis jusqu'à Napoléon, (évidemment, seules celles qui ont été victorieuses sont représentées). Son architecture est due à Frédéric Nepveu, elle s'inspire directement de la grande galerie du Louvre et peut être comparée à celles réalisées, en France à Chantilly et à Fontainebleu où en Europe, à Munich, au château de Sans Souci à Posdam, à Turin et à Mantoue.
Dès que l'édification de la galerie des batailles fut décidée en juin 1833, se posait la question du choix des tableaux qui allaient recouvrir cette énorme surface de murs. Il fut convenu de ne représenter que les batailles qui avaient fait la France au cours des siècles, et que trente-trois tableaux de dimensions monumentales seront exposés dans cette galerie.
L'inauguration de la Galerie des batailles étant prévu pour 1837, il restait un peu plus de trois ans pour peindre trente-trois tableaux dont les dimensions étaient toutes, à quelques exceptions près, de 5,43 m sur 4,65 m.
On fit alors appel pour réaliser cet ouvrage gigantesque à tous ceux qui savaient tenir en pinceau. Les grands maîtres du début du XVIIIe siècle, comme David, Gros, Géricault ou Gérard ayant disparus à l'exception de Delacroix, il fallait se contenter de leurs élèves, voire des élèves de leurs élèves. Mais peu de peintres étaient capables de maîtriser avec talent, l'exécution d'œuvres monumentales comme le sacre de Napoléon (9,79 m sur 6,21 m) peint par David en 1804.
Ces seconds couteaux firent de leur mieux pour répondre rapidement aux commandes officielles. Bien qu'ils fussent restés libres dans le choix de leur composition, ils devaient s'aligner sur un même schéma scénographique conventionnel, reconnu et éprouvé pour produire rapidement.
Au premier plan on trouve des blessés et des cadavres qui jonchent le sol, le héros occupe le centre et les armées se déploient dans un arrière plan plus ou moins estompé.
Seules se détachent de ce conformisme les toiles peintes antérieurement au règne de Louis Philippe, comme les deux tableaux de Gérard, la bataille d'Austerlitz, de 1810 et l'entrée d'Henri IV à Paris, de 1817, ainsi que la bataille de Bouvines d'Horace Vernet de 1827. La bataille de Taillebourg avait été présentée au salon de 1837 par Eugène Delacroix, mais de dimensions trop importantes, la partie inférieure a été sacrifiée pour se conformer aux dimensions standards.
Sur ces trente-trois tableaux, Horace Vernet, le peintre préféré de Louis Philippe, en a réalisé cinq, les batailles de Friedland, Wagram, Iéna, Bouvines et Fontenoy qui sont les plus abouties, mais Horace Vernet n'était plus le peintre poétique et romantique de ses débuts, influencé par son ami Géricault. Après le décès de ce dernier, sa peinture changea radicalement de style pour se rapprocher d'un académisme conventionnel*. Il fut reçu à l'Académie des Beaux arts et devint directeur de la villa Médicis. Sa peinture d'un léché sans âme plaisait à Louis Philippe et s'inscrivait dans sa vision artistique du juste milieu.
Les autres peintres comme Ary Scheffer, Henri Frédéric Shopin, François Bouchot, Félix Philippoteaux, Charles Philippe Larivière, Jean Victor Schnetz, Charles de Stenben, Eloi Firmin Féron, Alexandre Evariste Fragonard, François Edouard Picot,  François Joseph Heimn, Jean Pierre Franque, Jean Alaux, Eugène Devéria, Auguste Couder et Jean Baptiste Mauvaize ont produit des œuvres appliquées mais dépourvus de souffle épique. Le visiteur se lasse vite de ces compositions répétitives et son attention se perd au fur et à mesure qu'il progresse dans cette interminable galerie.

Après la galerie des batailles, Louis-Philippe prolongea son programme historique par le récit de son règne.
Une salle "Louis-Philippe" fut prévue dans des espaces dégagés dans l’aile du Nord bientôt élargie à tout un ensemble : les salles de Constantine, du Maroc et de la Smalah. La conquête de l'Algérie fut l'occasion pour le roi de faire représenter les hauts faits d'armes où ses fils s'étaient brillamment distingués. Horace Vernet composa deux tableaux remarquables par leurs dimensions : La prise de la Smalah d'Abd-el-Kader par le duc d'Aumale à Taguin et la bataille d'Isly au Maroc
La salle de Constantine fut créée en 1842 pour recevoir le tableau d'Horace Vernet, illustrant la prise de cette ville (5,18 m sur 5,12 m). On entreprit ensuite le décor des salles du Maroc et de la Smalah. La  Prise de la Smalah d’Abd el-Kader en 1843, fournit le sujet d’un immense tableau (21,7 m sur 4,89 m) qui occupe toute la longueur de la salle, à laquelle il a donné son nom. La salle du Maroc, resta inachevée et ne reçu que la Bataille d’Isly (10,4 m sur 5,14 m), installée depuis en face de la Smalah. Sous le second Empire, la salle du Maroc devint la salle de Crimée, puis de Crimée et d’Italie. Aujourd’hui, les salles d’Afrique servent aux grandes expositions temporaires de Versailles, et restent pour la plupart du temps fermées aux visiteurs par manque de moyens.

Louis Philippe qui voulait se rapprocher de la noblesse légitimiste qui ne le reconnaissait pas, entrepris d'édifier un espace qui leur rendrait hommage et rappellerait leurs hauts faits d'arme à l'époque des croisades.
Au rez-de-jardin du pavillon central de l’aile du Nord qui était  le pavillon de Noailles, rebaptisé  "pavillon du Roi", cinq salles furent édifiées pour faire le récit des huit principales croisades, entre la fin du XIe et la fin du XIIIe siècle, ainsi que celui des principaux épisodes de l’histoire des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem depuis leur départ de Terre Sainte, à la fin du XIIIe siècle, jusqu’à leur installation dans l’île de Malte au XVIe siècle. Dans ces salles d'un style néogothique flamboyant, cent vingt-cinq tableaux, enchâssés dans de luxueuses boiseries, montrent des scènes de batailles, et les supposés portraits des principaux acteurs de ces croisades. Seule la toile de Delacroix "L'entrée des croisés à Constantinople" échappe au style officiel qu'il était de bon ton de respecter.
Comme pour la grande Galerie des batailles on a occulté des épisodes peu glorieux, comme la croisade contre les Albigeois ou la quatrième croisade avec la mise à sac de Constantinople en 1204.
À de très rares occasions, ces salles sont ouvertes au public.

Louis Philippe, qui voulait aussi se concilier les bonnes grâces des bonapartistes édifia en 1833, à la place de la salle des Gardes qui précédait les appartements des souverains, une salle consacrée à la gloire de Napoléon Bonaparte,
Le chef-d'œuvre de Jacques Louis David : "Le sacre de Napoléon" peint en 1804, aux dimensions de 9,79 m sur 6,21 m, est le tableau emblématique de cette salle.
Une autre salle dite salle des États généraux commémore cet épisode de l'histoire mais n'est pas visible.

L'empreinte de Louis Philippe dans la transformation du château de Versailles est considérable car à l'instar d'un Bouvard ou d'un Pécuchet, il se targuait de connaître l'architecture et entendait diriger Nepveu, en lui imposant de manière autoritaire ses vues. S'en suivaient de nombreux changements dans les projets, dûs aux errements d'un amateur. Un jour que le roi lui dit :
« Mais Monsieur Nepveu, sachez donc que j'ai beaucoup fait bâtir » Nepveu, agacé, lui répondit ; « Et moi Sire j'ai beaucoup bâti moi-même ».
Ainsi, dans les grands appartements, Louis Philippe voulait, selon son habitude, introduire de nombreux tableaux dont les lourdes boiseries entraînaient la dépose de superbes cheminées des XVIIe et XVIIIe siècles, en particulier dans les salons de Mercure et d'Apollon et dans la chambre de la reine. Nepveu qui n'était pas d'accord écrivit en décembre 1844 :
« Que des considérations sur l'art et le goût devraient dissuader de transformer ainsi toutes les salles d'un magnifique Palais en salles d'expositions* »
On ne peut tenir de propos plus acerbes sur le goût de son commanditaire. Bien obligé d'obéir, Nepveu mis à l'abri, cheminées et boiseries d'époque, et eut soin de faire réaliser des relevés précis qui permirent de restituer au XXe siècle les appartements du Dauphin et de la Dauphine, de Mesdames et de Marie-Antoinette, tels qu'ils étaient avant l'intervention de Louis Philippe.

La motivation des 8 millions de visiteurs qui se sont rendus à Versailles en 2019 était, pour l'immense majorité, la découverte du palais du Roi-Soleil avec ses fastes et ses ors, ses grands appartements, sa galerie des glaces, ses parcs et ses jardins. Pour la plupart, l'existence même d'un musée de l'histoire de France leur était inconnue, et ceux qui en avaient connaissance ne pouvaient découvrir que la galerie des batailles, les autres salles restant obstinément fermées au public par manque de moyens.
L'œuvre de Louis Philippe n'aura pas laissée dans la mémoire collective la trace qu'il espérait, si ce n'est qu'il est considéré aujourd'hui comme celui qui a osé s'attaquer au château de Versailles, respecté par tous les pouvoirs qui l'avaient précédé.
Il a eu cependant  le mérite de redonner vie à un monument qui tombait lentement dans l'oubli et à le faire redécouvrir au monde entier, le préservant ainsi d'une affectation triviale, indigne de son passé.

Merci à Madame de Sabran pour cette caricature du roi bourgeois au parapluie sous le bras

Merci, cher duc, pour cet article très intéressant.  

Voir aussi notre sujet, brève visite de La galerie des Batailles (Versailles)

Louis-Philippe visitant les galeries du palais de Versailles
François-Joseph Heim
Huile sur toile, vers 1837
H. 34 ; L. 46,5 cm
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

duc de Berry a écrit:
La motivation des 8 millions de visiteurs qui se sont rendus à Versailles en 2019 était, pour l'immense majorité, la découverte du palais du Roi-Soleil avec ses fastes et ses ors, ses grands appartements, sa galerie des glaces, ses parcs et ses jardins. Pour la plupart, l'existence même d'un musée de l'histoire de France leur était inconnue, et ceux qui en avaient connaissance ne pouvaient découvrir que la galerie des batailles, les autres salles restant obstinément fermées au public par manque de moyens.

Eh oui...
Le souhait des visiteurs est compréhensible, en particulier pour ceux qui visitent Versailles pour la première fois : la galerie des Glaces et les grands appartements sont incontournables. A mon avis, cet impératif est d'autant plus accentué avec notre cher monde des images mises en réseau.
Qui vient à Versailles doit - absolument - faire la photo de sa tronche dans la galerie des glaces ou la chambre de la reine et la partager sur ses "réseaux". C'est la même chose au Louvre, j'imagine : les visiteurs d'un jour, ou d'une heure, cherche à visiter en priorité la salle où se trouve la Joconde.

duc de Berry a écrit:
Il a eu cependant  le mérite de redonner vie à un monument qui tombait lentement dans l'oubli et à le faire redécouvrir au monde entier, le préservant ainsi d'une affectation triviale, indigne de son passé.

Je pense aussi que ses premières intentions étaient intéressantes.  


Mise en ligne par le château de Versailles, cette vidéo répond brièvement à la question...

Le futur Louis-Philippe fut un grand voyageur, mine de rien .  

Il décida d’une exploration incognito de la Scandinavie, en juillet 1795. Il accomplit un périple qui le mena au-delà du cercle polaire jusqu'au Cap Nord ( Norvège ).  Ce tableau de Auguste-François Briard nous montre le jeune prince reçu dans un campement de Lapons, comme on disait alors, en fait des Samis, population indigène de la Laponie.


C’est en compagnie du marquis de Montjoie et de son domestique Baudoin que le duc d’Orléans voyagea en Laponie. Partis d’Hammerfest en bateau, ils se dirigèrent vers l’île de Maasoe, où un pasteur les accompagna jusqu’au cap Nord. C’est au retour qu’ils s’arrêtèrent quelque temps dans une famille lapone des îles Qualoe. Nous sommes là dans un campement d’été établi pour la chasse et l’élevage du renne, très différent des habitations enterrées d’hiver. Biard s’est plu à montrer les costumes et les ustensiles de la vie rustique des Lapons, tandis qu’il a placé les héros du tableau sur la droite, dans l’ombre, comme des intrus observant cette existence sauvage. Ménageant un espace clos souligné par les perches de bois qui forment un carré dans le rectangle de la surface peinte, Biard ouvre à gauche une entrée qui dévoile l’aridité du paysage environnant et la nature vierge dans laquelle vivent les Lapons.

... mais aussi l’Eyanpaïkka :


A son retour, en traversant dans une barque les rapides de l’Eyanpaïkka sur la rivière Muonio, il courut les plus graves dangers » , tel est le sujet de ce tableau décrit par le livret du Salon de 1841. Le duc d’Orléans, futur roi des Français, est au centre de l’embarcation, vivant cette situation « périlleuse » dans une attitude presque indolente. Ses compagnons semblent plus préoccupés par le danger que le jeune prince. La composition repose tout entière sur l’atmosphère dégagée par le paysage, la violence des rapides dont les eaux tourbillonnantes s’opposent à la verticalité des sapins, masse sauvage à l’extrême. On remarquera à quel point la composition et les attitudes des personnages de cette peinture se rapprochent du tableau de Delacroix, la Barque de Don Juan (musée du Louvre). C’est bien encore l’esprit romantique qui préside à cette œuvre de Biard, peintre réputé pour ses tableaux sur le Grand Nord, qui se rendit en Laponie et au Spitzberg à bord de la corvette La Recherche.


A la fin du XVIIIe siècle le goût de la découverte du monde est dans l’air du temps et atteint tous les hommes ayant fait quelques études. Depuis les travaux de Mallet, qui publia en 1755 un ouvrage intitulé « Introduction à l’histoire du Dannemarc », la Scandinavie et la Laponie, plus largement le Grand Nord, commencent à intéresser le public. A l’origine, on ne distinguait pas les Germano-Scandinaves des Celtes, ces derniers remis à la mode par les œuvres de Macpherson traitant du mythe d’Ossian. Ces travaux s’inscrivaient certes dans le contexte de prise de conscience des nationalités à la façon de Herder, mais, plus généralement, dans la curiosité naissante pour les sciences naturelles. Si le voyage du duc d’Orléans participait des recherches sur la physique, l’électricité et l’air, suite aux célèbres expériences des frères Montgolfier, il s’agissait aussi pour lui d’étudier les peuples vivant au sein de la nature, dont les Lapons, selon le modèle fourni par Rousseau. En ce sens, le goût pour la nature extrême avait été révélé par l’ascension du mont Blanc réalisée par Ferdinand de Saussure en 1786. A cette époque, suivant en cela l’esprit du siècle des Lumières, toutes les sciences se trouvaient reliées, et l’ethnologie ne se différenciait guère de la physique.

Politiquement, ces deux tableaux sont aussi importants. Louis-Philippe semble avoir voulu montrer par là qu’il s’intéressait de près aux découvertes de son siècle et n’était pas un souverain coupé du monde par une sacralité qui était désormais d’un autre âge. Le port d’un pantalon et d’un chapeau en cuir renvoie ainsi la culotte et le tricorne dans le passé. De surcroît, il donne l’image d’un prince courageux, qui s’est confronté en personne aux difficultés du monde extérieur.

Auteur : Jérémie BENOÎT
https://histoire-image.org/etudes/duc-orleans-laponie

Le musée historique du Cap Nord conserve toujours ce buste de Louis-Philippe en souvenir de ce périple nordique du prince.  Autrefois à l'extérieur dans un petit monument battu par la bise , il est frileusement rentré se mettre au chaud !  

Quelle histoire !
Je savais que ce prince avait parcouru l'Europe pendant les années post révolutionnaires mais j’ignorais qu’il fut monté si haut.

Quelle vie extraordinaire tout de même.

C'est parce qu'il gardait un souvenir tellement ému de son voyage en Scandinavie que le roi Louis-Philippe finança l'expédition scientifique embarquée sur la Recherche commandée par Joseph-Paul Gaimard. De 1838 à 1840, elle explora les régions du Grand Nord et, pour vulgariser ses recherches, emmena à son bord le peintre François-Auguste Biard.  Son épouse, Léonie d'Aunet le suivit dans cette expédition à la suite de quoi elle publia son Voyage d'une femme au Spitzberg..
Mais en 1843, Léonie rencontre Victor Hugo.  C'est le début d'une liaison qui dura pendant sept ans entraînant une séparation tumultueuse entre les époux Biard.
 
Selon WIKI,  Louis-Philippe aurait attribué la commande à Biard des deux tableaux présentés juste en amont pour calmer son courroux.