Louis-Philippe de Ségur (1753-1830)
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Louis-Philippe de Ségur (1753-1830)
Domaine public
Une vie bien chargée pour le fils aîné du Maréchal de Ségur (1724-1801)...
Né à Paris en 1753, il étudie à Strasbourg avant d'entamer une brillante carrière militaire, montant rapidement les échelons. Ce qui ne l'empêchait pas de fréquenter Madame du Deffand, Laharpe, Voltaire, Marmontel... Notre homme est plutôt libéral : " Le pouvoir arbitraire me pèse. La liberté pour laquelle je vais combattre m'inspire un vif enthousiasme et je voudrais que mon pays pût jouir de celle qui est compatible avec notre monarchie, notre position et nos mœurs " écrit-il en 1782 avant de s'embarquer pour la guerre d'Indépendance américaine avec Rochambeau.
En 1784, il part tout aussi loin mais dans l'autre sens : le voici ambassadeur de France en Russie où ses manières, sa courtoisie et sa culture séduisent (en tout bien, tout honneur) Catherine II. Il lui compose même des pièces pour son théâtre privé. En 1787, la souveraine l'invite à son grand voyage en Crimée, récemment conquise, avec toute la cour et le corps diplomatique. Un incroyable voyage de plusieurs semaines, avec 15 voitures, 124 traîneaux dont celui de la Tzarine, tiré par 30 chevaux et comportant un salon, un bureau et une bibliothèque. Le tout escorté par 40 000 hommes. Arrivé à Kiev trente jours plus tard, Ségur se voit installé dans un palais, comme chaque ambassadeur avant de descendre le Dniepr avec les sept galères impériales protégées par 80 navires de guerre et 3000 soldats pour rejoindre leur destination finale. C'est au cours de ce voyage qu'auraient été construits les fameux "villages Potemkine" dont nous avons déjà parlé. Ségur fait de ce périple à travers les steppes une relation enthousiaste et se voit proposer par Potemkine une alliance avec la Russie dans le but de démembrer l'empire Ottoman. En échange, la France y gagnerait l'Egypte. Mais Louis XVI reste sourd aux sirènes russes et Ségur revient en France l'année où il aurait mieux valu rester à l'étranger, 1789...
Allez, on repart !
En 1791, Ségur boucle ses malles pour Rome où il doit remplacer le cardinal de Bernis. Mais le Pape, conquis par le charme, la culture et la personnalité du "cardinal des plaisirs" refuse de recevoir le comte. Retour en France, juste le temps de repartir pour Berlin où il doit détacher la Prusse des souverains antirévolutionnaires coalisés. Pour mieux y parvenir, il emporte trois millions dans ses bagages afin de corrompre qui il faudra. Mais la police secrète impériale l'apprend et Frédéric-Guillaume II, furieux, tourne le dos à Ségur qui lui présente ses lettres de créance. Pas de bol. Blessé au cours d'un duel, le comte rentre en France en 1792. Louis XVI lui propose le ministère des Affaires Etrangères mais notre homme, prudent, refuse et se retire à la campagne, décidé à se faire oublier. Sage décision qui lui permît certainement d'échapper au couperet... Il se promène, il lit, il écrit, notamment aux côtés de son frère qui l'a rejoint.
En 1801, le voilà caressant Bonaparte dans le sens du poil. Résultat : député au Conseil Législatif, membre du Conseil d'Etat, élection à l'Académie française puis Grand-Maître des Cérémonies, Grand Croix de la Légion d'Honneur, Sénateur... N'en jetez plus !
La Restauration ne perturbe aucunement cette pluie d'honneurs et de privilèges puisqu'il va faire coucou à Louis XVIII qui le fait Pair de France. Ce qui ne l'empêche pas de faire coucou aussi à Napoléon pendant les Cents Jours. Alors que l'empereur déchu fait ses valises une fois pour toutes pour les plages de Saint Hélène, Ségur demande à l'accompagner, ce qui lui est refusé. De retour sur son trône un instant délaissé, Louis XVIII pardonne ses fidélités successives et le maintient à la Chambre des Pairs.
Allez ! Un petit tour chez les francs-maçons, le temps de devenir Grand Commandeur du Suprême Conseil de France et il est temps de se rallier à Louis-Philippe Ier qui vient d'arriver. Ségur meurt tranquille, juste après, en 1830.
Son épouse était Antoinette Elisabeth Marie d'Aguesseau dont Elisabeth Vigée Lebrun a fait ce très beau portrait :
Domaine public
Et le petit frère ?
Domaine public
Joseph-Alexandre de Ségur, né en 1756, serait en fait selon certains le fils du baron de Besenval, meilleur ami de son père "officiel".
Bien plus léger que son frère, mondain, frivole et brillant, il passa son temps à composer chansons, poésies et pièces de théâtre. Il composa également beaucoup de petits bambins, issus de ses nombreuses maîtresses dont Julie Carreau. Il lui fera construire une jolie maison, rue Chantereine à Paris, maison qui abritera d'autres amours, ceux de Bonaparte et Joséphine.
Alors que son grand frère est libéral, lui reste fidèle au roi. Elu député aux Etats-Généraux, il s'y montre discret et se retire très vite à la campagne.
Si son frère réussit à passer entre les gouttes, lui est incarcéré en 1793 à Saint Lazare où il retrouve André Chénier. Il est sauvé par Charles de la Buissière, un petit acteur parisien qui réussit à s'introduire dans les bureaux du Comité de Salut Public pour y détruire les dossiers d'accusation de nombreuses personnalités de la scène parisienne, dont Ségur. C'est dans le besoin qu'on reconnaît ses amis.
Profondément marqué par ces tragiques évènements, notre léger et mondain vicomte se retire à Bagnère de Bigorre, dans les Pyrénnées, pour y soigner une maladie de poitrine, sûrement contractée dans les sinistres geôles de la Terreur. C'est là qu'il meurt à 48 ans, dans les bras de Madame d'Avaux, sa maîtresse depuis douze ans, en 1805.
_________________
J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1123
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Louis-Philippe de Ségur (1753-1830)
Merci, cher Calonne, pour cette présentation de Louis-Philippe de Ségur !
Ainsi donc, comme le prince de Ligne, ce seigneur français faisait partie du mémorable voyage de Catherine en Crimée, traversant quelques uns de ces fameux "villages Potemkine". Quelle mascarade !
Nous les évoquons ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2323-les-villages-potemkine?highlight=potemkine
Jusqu'à ce soir, seul le petit frère faisait l'objet d'un sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2973-joseph-alexandre-pierre-vicomte-de-segur#85573
Ainsi donc, comme le prince de Ligne, ce seigneur français faisait partie du mémorable voyage de Catherine en Crimée, traversant quelques uns de ces fameux "villages Potemkine". Quelle mascarade !
Nous les évoquons ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2323-les-villages-potemkine?highlight=potemkine
Jusqu'à ce soir, seul le petit frère faisait l'objet d'un sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2973-joseph-alexandre-pierre-vicomte-de-segur#85573
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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