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La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...

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Message par Mme de Sabran Dim 13 Nov 2016, 22:42

La nuit, la neige a écrit:
Lucius t'expliquera bien mieux que moi que tous les titres "nobiliaires" n'étaient pas que de simple naissance.
Je pense à certains titres de la noblesse de robe (finance ou justice). Certaines charges pouvant être être vendues, elles étaient du coup anoblissantes, me semble-t-il ?

Sous le 1er empire, il n'était plus question non plus de simple naissance.
Sans reconnaître l'ancien concept de "noblesse", ces titres étaient donc honorifiques. Par exemple des distinctions pour mérites militaires, ou des fonctions politiques.
Quoique désignés comme héréditaires pour la plupart, mais sous certaines conditions me semble-t-il.  

Enfin bon c'est très compliqué, et en tous les cas : nous nous éloignons de ce sujet ! La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition... 3826491292
Mais l'on peut toujours ouvrir un sujet sur la noblesse ou les titres d'Ancien régime... Very Happy

Eh bien oui, c'est une bonne idée .    Very Happy   Lançons-nous !   :n,,;::::!!!:

− HISTOIRE DE LA NOBLESSE

a) Qualité par laquelle quelqu'un est noble.
Titres* de noblesse; quartiers* de noblesse.
Les armes conféroient la Noblesse: la Noblesse se perdoit par la lâcheté; elle dormoit seulement quand le noble exerçoit une profession roturière non dégradante
(Chateaubriand).

1. ... les fonctions de juger et de combattre, et les propriétés ou bénéfices qui y étoient attachés, étoient simplement viageres sous les deux premières races des rois de France, (...) elles sont devenues héréditaires sous le nom de noblesse  ainsi que les bénéfices sous le nom de fiefs, au commencement de la troisième.
Bonald,Essai analyt.,1800, p.173.

b) Syntagmes
− Ancienne noblesse, vieille noblesse. Noblesse existant avant la Révolution de 1789.
Vous trouverez des manières dans l'ancienne noblesse, et dans la nouvelle des formes. Les seigneurs vous accueilleront avec cette grâce vraiment française et cette politesse chevaleresque, apanage de la haute naissance
(Courier,Pamphlets, Au réd. «Censeur», 1820, p.45).
M. de Viargue, était un des derniers représentants de la vieille noblesse du pays
(Zola,M. Férat,1868, p.43):

2. Tous les nouveaux nobles, quelle que soit leur origine, se sont hâtés de répéter dans le même esprit: il faut que le Tiers puisse députer des gentilshommes. La vieille noblesse, qui se dit la bonne, n'a pas le même intérêt à conserver cet abus; mais elle sait calculer. Elle a dit: nous mettrons nos enfants dans la chambre des communes, et, en tout, c'est une excellente idée que de nous charger de représenter le Tiers.
Sieyès,Tiers état,1789, p.39.
Haute noblesse. Noblesse qui est à la fois la plus ancienne et la plus illustre. M. de Brossard (...) se prétend de la plus haute noblesse, descendant de Louis le Gros, je crois
(Stendhal,H.Brulard, t.1, 1836, p.398):

3. ... leur orgueil se nourrit de l'espérance de n'être plus confondues dans la foule des gentilshommes. Ainsi la haute noblesse consentirait de bon coeur à rejeter dans la chambre des communes le reste des nobles avec la généralité des citoyens.
Sieyès,Tiers état,1789p.59.

− Lettres de noblesse ou d'anoblissement. Lettres patentes du roi par laquelle il conférait la noblesse pour services rendus ou moyennant finance. En septembre 1664 un édit avait révoqué toutes les lettres de noblesse accordées depuis 1634 (Brasillach,Corneille,1938, p.413).V. anoblir ex. 3:

4. Les lettres de noblesse datent en France de Philippe le Hardi: elles avaient pour but principal l'exemption des impôts que le Tiers État payait seul. Mais les anciens nobles de France ne regardaient jamais comme leurs égaux ceux qui n'étaient point nobles d'origine... Staël,Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.208.

− Noblesse de cloche.
Noblesse qui avait été acquise par l'exercice de fonctions de maire ou d'échevin. Quelque bourgeois y a gravé [sur la porte] les insignes de sa noblesse de cloches, la gloire de son échevinage oublié (Balzac,E. Grandet,1834, p.6).
− Noblesse dormante.
Noblesse qui était suspendue, mise en sommeil, pour une cause de dérogeance temporaire: pendant la durée du mariage d'une femme noble avec un non-noble ou, dans certaines provinces, durant l'exercice d'une profession dérogeante. (Ds Littré, Guérin 1892, DG).
− Noblesse d'Empire, noblesse de l'Empire, noblesse impériale.
Noblesse conférée par Napoléon à ses guerriers les plus glorieux ou à ceux qui avaient rendu d'éminents services civils.

5. La noblesse n'est rien si elle n'est une chose ancienne de plusieurs générations. Tant qu'il existe un témoin de sa naissance, elle n'est pas (...). De là vient le soin des familles patriciennes de faire oublier la date et de cacher le parchemin du titre primordial (...). Aussi belle, assurément, sera dans cent ans l'origine de la noblesse impériale et la légende n'en sera pas obscure. Vigny,Mém. inéd.,1863, p.62.

− Noblesse d'épée.
Noblesse très ancienne, parfois considérée comme originaire et dont les hommes se consacrent traditionnellement au métier des armes. Synon. noblesse de race.
Les membres des parlements français eux-mêmes (...) n'ont jamais pu se faire considérer comme les égaux de la noblesse d'épée (Staël,Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.311).
− Noblesse d'extraction, noblesse de race.
Noblesse de naissance transmise par la ligne paternelle dont l'origine remonte aux grands feudataires ou même au-delà, se perdant dans la nuit des temps.
Synon. noblesse de sang, de parage, de nom et d'armes, d'épée.
Ces nobles de campagne étaient des paysans comme les autres, mais chefs des autres. Anciennement il n'y en avait qu'un dans chaque paroisse: ils étaient les têtes de colonne de la population; personne ne leur contestait ce droit, et on leur rendait de grands honneurs. Mais déjà, vers le temps de la Révolution, ils étaient devenus rares. Les paysans les tenaient pour les chefs laïques de la paroisse, comme le curé était le chef ecclésiastique (...). Cette petite noblesse de race avait disparu en grande partie (Renan,Souv. enf.,1883, p.27):

6. ... vers le milieu du dix-septième siècle, une grande confusion s'était répandue dans l'ordre de la noblesse; des titres et des noms avaient été usurpés. Louis XIV prescrivit une enquête, afin de remettre chacun dans son droit.
− Noblesse de finance.
Noblesse acquise par l'achat de titres, de lettres de noblesse. (Ds Littré, Guérin 1892, DG, Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
− Noblesse par lettres.
Noblesse conférée par le souverain pour services rendus. (Ds DG, Lexis 1975).
− Noblesse militaire.
Noblesse conférée, à la fin de l'Ancien Régime, pour service à l'armée pendant une certaine durée ou pour l'appartenance à certains grades. (Ds Littré, Guérin 1892, Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
− Noblesse personnelle.
Noblesse qui n'était pas transmissible. (Ds Guérin 1892, Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
− Noblesse de robe.
Noblesse acquise par l'exercice présent ou passé de certaines charges, p. oppos. à noblesse d'épée. Synon. plus rare noblesse d'office.La noblesse s'en prenait à la vénalité et à l'hérédité des charges qui constituaient une autre aristocratie: car le Tiers État était en réalité la noblesse de robe (Bainville,Hist. Fr., t.1, 1924, p.202):

7. Jean-Jacques Olier est né à Paris (...). Sa famille appartenait, depuis quelque cinquante ans, à la noblesse de robe: le bisaïeul marchand drapier à Chartres; le grand-père, conseiller-secrétaire du roi en 1556, et allié aux Molé; le père, grand audiencier de France. Bremond,Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.428.
− Nouvelle noblesse.
V. noblesse d'Empire.
− Petite noblesse.
Noblesse qui est moins ancienne et surtout moins illustre.
Le but de ces randonnées (...) était quelque goûter, ou garden-party, chez un hobereau ou un bourgeois fort indignes de la marquise. Mais celle-ci, quoique dominant de très haut, par sa naissance et sa fortune, la petite noblesse des environs, avait, (...) tellement peur de décevoir quelqu'un qui l'avait invitée, qu'elle se rendait aux plus insignifiantes réunions mondaines du voisinage (Proust,Sodome,1922, p.765):

8. Le gentilhomme avait cédé morceau par morceau sa terre aux paysans, ne se réservant que les rentes seigneuriales, qui lui conservaient l'apparence plutôt que la réalité de son ancien état. Plusieurs provinces de France, comme celle du Limousin, dont parle Turgot, n'étaient remplies que par une petite noblesse pauvre, qui ne possédait presque plus de terres et ne vivait guère que de droits seigneuriaux et de rentes foncières. Tocqueville,Anc. Rég. et Révol.,1856, p.156.

c) Proverbes et locutions.
♦️ Noblesse oblige.
Il faut vivre conformément à son rang et, p. anal., se conduire en faisant honneur au nom que l'on porte, à la famille à laquelle on appartient, à la position que l'on occupe. Tout ce que je viens de vous dire peut se résumer par un vieux mot: noblesse oblige! (Balzac,Lys,1836, p.164).
Le caractère de cette noble fille était un exemple bien frappant de la maxime: noblesse oblige. Je ne connais rien de généreux, de noble, de difficile qui fût au-dessus de sa générosité et de son désintéressement (Stendhal,H. Brulard, t.1, 1836, p.310):

9. Ces jeunes Anglais pensaient sérieusement à ressusciter la Chevalerie, son code de l'honneur, son respect religieux de la femme. La féodalité pouvait être périmée mais l'attitude féodale, qui considérait les hommes comme liés entre eux par des devoirs réciproques, restait la plus souhaitable. Ils regrettaient le temps où la règle de vie avait été «noblesse oblige». Maurois,Disraëli,1927, p.151.

♦️ Noblesse vient de vertu.
La véritable grandeur, la seule supériorité proviennent de la valeur personnelle, du mérite, de la vertu. (Ds Ac. 1798, 1878, Littré, Guérin 1892).
♦️ Soutenir noblesse (vieilli).
Vivre, mener un train conforme à la noblesse de sa naissance. (Ds Ac. 1798, 1878, Littré, Guérin 1892, DG).

10. ... l'aristocrate tenait à marquer sa dignité par la manière de vivre. Il portait l'épée;; sa carrière était celle des armes. Conseiller-né du prince, il acceptait de le servir comme ministre, diplomate, gouverneur ou intendant (...). Le gentilhomme entrait aussi dans l'Église. Mais il dérogeait s'il acceptait un emploi subalterne ou recherchait un gain mercantile; Colbert excepta le commerce de mer, sans grand succès. L'évolution économique, par la puissance de l'argent, avait donc été néfaste à la noblesse féodale. Lefebvre,Révol. fr.,1963, p.51.
− Assemblée de noblesse.
Assemblée de gentilshommes. (Ds Ac. 1798, 1878, Littré, Guérin 1892).
− Noblesse couronnée.
Princes de la famille royale. (Ds Besch. 1845-46, Lar. 19e-Lar. Lang. fr.).
− Noblesse présentée.
Les nobles qui vivent à la Cour. Synon. noblesse de Cour. (Ds Littré, Guérin 1892).
− Noblesse de province,
p. oppos. à noblesse de Cour.
− Noblesse titrée.
Les nobles qui ont un titre de noblesse (de duc, comte, marquis), p. oppos. à la simple noblesse. (Ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975).

Dans la plupart des pays, des civilisations occidentales et à certaines époques, ordre social constitué par la naissance, la conquête ou dont les membres exercent certaines fonctions et détiennent en contrepartie certains privilèges
. Dans les temps féodaux, on considérait la noblesse à peu près du même oeil dont on considère aujourd'hui le gouvernement: on supportait les charges qu'elle imposait en vue des garanties qu'elle donnait. Les nobles avaient des privilèges gênants, ils possédaient des droits onéreux; mais ils assuraient l'ordre public, distribuaient la justice, faisaient exécuter la loi, venaient au secours du faible, menaient les affaires communes. À mesure que la noblesse cesse de faire ces choses, le poids de ses privilèges paraît plus lourd, et leur existence même finit par ne plus se comprendre. Tocqueville,Anc. Rég. et Révol.,1856, p.95.


Pour plus de détails :

http://www.cnrtl.fr/definition/noblesse

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Message par Mme de Sabran Lun 14 Nov 2016, 10:43

Tiens, au fait ! Very Happy


c) Proverbes et locutions.

♦️ Noblesse oblige.
Il faut vivre conformément à son rang et, p. anal., se conduire en faisant honneur au nom que l'on porte, à la famille à laquelle on appartient, à la position que l'on occupe. Tout ce que je viens de vous dire peut se résumer par un vieux mot: noblesse oblige! (Balzac,Lys,1836, p.164).

Petit coup de pub en passant pour le film désopilant réalisé par Robert Hamer, avec Alec Guinness, Noblesse oblige !   cheers

Synopsis :
Louis souhaite retrouver le titre qui lui est dû afin de venger sa mère, une ancienne aristocrate reniée par la noblesse anglaise. Le problème, c'est qu'il n'est pas l'héritier direct : il n'est au contraire que la neuvième personne pouvant prétendre à la succession.
Une seule solution : se débarrasser des huit autres successeurs...


Il s'y emploie avec brio et surenchère d'imagination tout au long du film !  :La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition... 2028181902  :La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition... 2028181902  :La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition... 2028181902

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Message par Trianon Lun 14 Nov 2016, 14:08

Avant même de vous avoir lu, Eléonore, ce film, "Noblesse oblige", ne pouvait qu'être désopilant. A voir l'affiche, on rit déjà énormément, et en plus il y a Alec Guinness. :n,,;::::!!!:
Avez-vous vu ce film ?
Concernant la Noblesse, c'est très complexe à la source, je retiens les principales que je connais le mieux : noblesse de robe (les religieux, je suppose), noblesse d'épées (celle majoritaire à l'époque de la Reine ? Non ?) et la Noblesse impériale (époque de Napoléon et pas spécialement reconnue par les autres nobles). Par contre, je suis complètement perdue avec les quartiers de noblesse. Il faudrait carrément un cours pédagogique pour mieux comprendre. Merci pour le résumé ci-dessus.
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Message par Invité Lun 14 Nov 2016, 14:40

Trianon a écrit: noblesse de robe (les religieux, je suppose)

Et que non ! :La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition... 2028181902 Ceux-là font alors partie du Clergé Wink

Dans la France de l'Ancien Régime, la noblesse de robe rassemble tous les nobles qui occupent des fonctions de gouvernement, principalement dans la justice et les finances. Ces personnes doivent, notamment dans le cas des juristes, avoir fait des études universitaires et donc revêtir la robe ou toge des diplômés de l'Université. Ils sont surnommés robins, hommes de robe, et le groupe noble qu'ils forment « noblesse de robe »..


Bien à vous.

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Message par Invité Lun 14 Nov 2016, 15:49

Very Happy  J'apporte ( un peu, à peine hors sujet, )  un modeste grain de sel = Chère Trianon, si vous n'avez pas vu Noblesse oblige avec, hélas disparu aujourd'hui l'extraordinaire Alec Guinness, ( Obi Wan Kenobi, pour les marmots....) louez le, achetez le, mais regardez le !! c'est un film irrésistible........


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Message par Invité Lun 14 Nov 2016, 15:50

boudoi26

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Message par Trianon Lun 14 Nov 2016, 16:16

Majesté a écrit:
Trianon a écrit: noblesse de robe (les religieux, je suppose)

Et que non ! :La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition... 2028181902  Ceux-là font alors partie du Clergé Wink

Dans la France de l'Ancien Régime, la noblesse de robe rassemble tous les nobles qui occupent des fonctions de gouvernement, principalement dans la justice et les finances. Ces personnes doivent, notamment dans le cas des juristes, avoir fait des études universitaires et donc revêtir la robe ou toge des diplômés de l'Université. Ils sont surnommés robins, hommes de robe, et le groupe noble qu'ils forment « noblesse de robe »..

Mais oui, bien sûr. J'avais oublié le Clergé. Comment ai-je pu oublier le Clergé ?
Merci pour cette explication Majesté. J'avoue que je me suis un peu emmêlée les pinceaux.
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Message par Mme de Sabran Lun 14 Nov 2016, 16:26

DU BON USAGE

DES TITRES DE NOBLESSE

ET DE LA PARTICULE.




I° Du bon usage des titres de noblesse.

1 / Déclinaison et classement supposé.  

On croit généralement qu'il y a une sorte de classement - par rang d'importance entre les titres (qui ne prennent pas de majuscule) - qui serait le suivant :
prince / duc / marquis / comte / vicomte / baron / chevalier / écuyer.
On notera au passage que, contrairement à une idée reçue, le vicomte n'est pas un vice-comte, mais celui qui exerce la charge de vicaire, c'est-à-dire la fonction judiciaire et que, par ailleurs, avant le XIVème siècle le terme de baron n'existe pas encore (on disait à l'époque " Seigneur de... ", car être baron consiste à détenir un fief) et on n'oubliera pas enfin les deux derniers titres de chevalier et d'écuyer qui sont des titres de noblesse sans fief (Jean de La Fontaine sera ainsi accusé en 1662 d'avoir usurpé le titre d'écuyer et condamné à verser une lourde amende car il s'agit de l'usurpation d'un véritable titre de noblesse).

Ce classement s'explique par le fait que le duc exerce - au nom du souverain - des pouvoirs de nature militaire et judiciaire sur un ensemble de comtés (c'est une sorte de préfet de l'époque) et que le marquis - du fait qu'il contrôle un comté situé à la frontière du royaume (une " marche ") - est un comte doté de pouvoirs militaires qui lui permettent de lever le contingent de l'armée sans en avoir reçu l'ordre du souverain, de façon à pouvoir réagir rapidement en cas d'invasion.

2 / De l'importance réelle du grade.

C’est cette autorité accrue qui permettra par la suite aux marquis de prétendre avoir un rang hiérarchique supérieur à celui des comtes. Mais, sous l'Ancien Régime, il n'y a dans les faits pas de hiérarchie entre les titres nobiliaires (sauf pour ceux de duc et de prince) : un comte est alors le plus haut rang de la noblesse, la plus haute dignité de la noblesse française d'Ancien Régime.

Il faut savoir que cette idée de hiérarchie est une invention qui date du XIXème siècle
: elle a été introduite en France par Napoléon Ier, qui s'est inspiré, une fois n'est pas coutume, du système anglais, et ne concerne donc que la noblesse dite d'Empire.

En réalité, le titre n'a guère d'importance : ce qui compte, c'est le nom. Ce n'est donc pas le titre mais le patronyme qui fait le prestige - prestige lui-même déterminé soit par l'ancienneté, soit par la grandeur de la maison dont on est issu.

Ainsi, dans À la recherche du temps perdu, et plus précisément dans À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Charlus, qui est le frère cadet du duc de Guermantes, qui est aussi "duc de Brabant, damoiseau de Montargis, prince d'Oléron, de Carency, de Viareggio et des Dunes", devrait porter le titre de prince des Laumes mais préfère le titre de baron, "avec une apparente simplicité où il y a beaucoup d'orgueil", car il s'agit là du titre le plus ancien et donc le plus prestigieux.

De même, le comte de Paris, qui prétend pourtant au trône de France, n'est que comte : "En France, le titre de duc prime tous les autres, même celui de prince, quoiqu'en thèse héraldique pure de tout sophisme, les titres ne signifient absolument rien, et qu'il y ait égalité parfaite entre les gentilshommes. Cette admirable égalité fut jadis soigneusement maintenue par la maison de France ; et, de nos jours, elle l'est encore, au moins nominalement, par le soin qu'ont les rois de donner de simples titres de comtes à leurs enfants" (Balzac, Les Secrets de la princesse de Cadignan).

On notera enfin que la notion de quartier de noblesse n'existe pas en France : le titre se transmettant exclusivement par la voie masculine, il ne saurait en effet être remis en cause ou tout du moins modulé dans son degré par le mariage ; c'est la raison pour laquelle l'autorité royale ne s'en est jamais soucié en France...

 3 / Les titres dits " de courtoisie ".

Il s’agit d’une vieille coutume de l’Ancien Régime, qui veut qu’hormis les titres de prince et de duc, l'usage de tous les autres reste assez souple. Sachant que seul le chef de nom et d'armes a droit au titre régulier, les cadets ont pris l’habitude de décliner le titre : si le chef d’armes est comte par exemple, le cadet prendra alors le titre de courtoisie de vicomte.
On l’indique en précisant son prénom ou l'initiale de celui-ci après le titre. Ainsi convient-il de distinguer le comte de Galembert, qui est un titre régulier, du vicomte L. de Galembert, qui est un titre de courtoisie.

Cette pratique n’a jamais posé de problème à l’administration royale dans la mesure où les titres de courtoisie n’ont jamais prétendu être des titres réguliers et où - en tout état de cause – comme on l’a déjà dit - le titre n’a en lui-même aucune valeur.

4 / Remarque terminale.

J'ajoute toutefois, et c'est là un jugement porté à titre personnel, qui n'a aucune valeur protocolaire, la remarque suivante : on juge l'arbre à ses fruits et non pas à ses racines.

"Ah ! quelle bassesse est la vôtre ! Ne rougissez-vous point de mériter si peu votre naissance ? Êtes-vous en droit, dîtes-moi, d'en tirer quelque vanité ? Et qu'avez-vous fait dans le monde pour être gentilhomme ? Croyez-vous qu'il suffise d'en porter le nom et les armes, et que ce nous soit une gloire d'être sorti d'un sang noble lorsque nous vivons en infâmes ? Non, non, la naissance n'est rien où la vertu n'est pas. Aussi nous n'avons part à la gloire de nos ancêtres qu'autant que nous nous efforçons de leur ressembler ; et cet éclat de leurs actions qu'ils répandent sur nous, nous impose un engagement de leur faire le même honneur, de suivre les pas qu'ils nous tracent, et de ne point dégénérer de leurs vertus, si nous voulons être estimés leurs véritables descendants. Ainsi vous descendez en vain des aïeux dont vous êtes né : ils vous désavouent pour leur sang, et tout ce qu'ils ont fait d'illustre ne vous donne aucun avantage ; au contraire, l'éclat n'en rejaillit sur vous qu'à votre déshonneur, et leur gloire est un flambeau qui éclaire aux yeux d'un chacun la honte de vos actions. Apprenez enfin qu'un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature, que la vertu est le premier titre de noblesse, que je regarde bien moins au nom qu'on signe qu'aux actions qu'on fait et que je ferais plus d'état du fils d'un crocheteur qui serait honnête homme, que du fils d'un monarque qui vivrait comme vous."

(Molière : Dom Juan : IV-4).


II° Du bon usage de la particule.

1 / Marque de noblesse ?

Contrairement à une idée reçue, la particule ne saurait en aucun cas être prise comme une marque de noblesse (pas plus d'ailleurs que son absence empêche d'être noble : j'en veux pour preuve l'exemple des rois de France qui portaient tout simplement Capet pour patronyme).

2 / Majuscule ou minuscule ?

Là encore, contrairement à une idée reçue, la particule de ou d' ne prend jamais de majuscule - même s'il l'on n'est pas noble. La raison en est simple : puisque, comme mentionné ci-dessus, la particule n'indique nullement la noblesse, il n'y a aucune raison d'établir une distinction ; elle n'a aucune valeur nobiliaire ou non.

On écrira ainsi : Charles de Gaulle, bien qu'il ne soit pas noble.
L'intéressé signait d'ailleurs :

 La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition... Signat10



Il n'y a qu'une seule exception à cette règle. Il s'agit des cas où la particule de est elle-même déjà précédée par la préposition de : dans ce cas, et seulement dans ce cas-là, on mettra alors une majuscule afin d'éviter toute confusion entre la particule et la préposition. On écrira donc, par exemple : un discours de De Gaulle.

On trouve d'ailleurs l'appui de l'Académie française en cette matière. Quand j'ai sollicité son arbitrage lors d'un différend avec un ami à ce sujet le Secrétaire perpétuel, Maurice Druon, a eu l'amabilité de me répondre ainsi :

"Vous avez totalement raison. Les règles d'usage qui commandent l'emploi de la particule sont celles que vous dîtes. Ce n'est pas la particule qui fait la noblesse, mais l'anoblissement d'un patronyme auquel s'accole un nom de fief.
L'usage s'est développé de différentes manières. Dans les temps révolutionnaires où beaucoup de gens, par prudence, ont laissé tomber leur particule, d'autres la prenaient comme une indication de provenance, exemple : Dupont de l'Eure. L'Empire, la Restauration, le deuxième Empire, ont créé des anoblissements sans particule : Baron Gros, Baron Louis, Baron Gérard, etc."

Les particules du et des s’écrivent avec une minuscule quand elles sont précédées du prénom, du titre ou d'une dénomination (Joachim du Bellay). Elles prennent en revanche une majuscule après une préposition (un recueil de Du Bellay) ou quand le nom est employé directement (Du Guesclin a vaincu les Anglais).

3 / Appellation.

La particule ne s'emploie donc que si elle est précédée d'un prénom, d'un titre ou d'une dénomination et jamais lorsque le nom est isolé : on dit ainsi Laurent de Galembert, le comte de Galembert, monsieur de Galembert ou la famille de Galembert, mais on dit les Galembert ou Galembert s'il l'on emploie le nom tout court (sauf si le nom est composé d'une seule syllabe, commence par une voyelle ou un H muet ou si la particule est du : on dit directement de Gaulle, d'Aspremont, d'Hozier ou Du Fresne ; il n'y a que de rares exceptions avec Sade et non de Sade, ou encore Retz, Maistre et Broglie - prononcé Breuil, comme tout le monde le sait - alors qu'il n'y a qu'une seule syllabe).

Attention au maniement du La, où la particule disparaît tout à fait normalement lorsque le nom est seul mais où en revanche le La reste : on dit alors La Bruyère ! Autre subtilité : le La ne prend pas de majuscule lorsqu'il est précédé de la particule, mais il en prend une lorsque le nom est isolé. On écrit ainsi Jean de la Fontaine, mais les fables de La Fontaine.

La particule fonctionne donc comme une annexe du nom et c'est la raison pour laquelle c'est l'initiale du nom usuel qui sert de référence dans un classement par ordre alphabétique et non la particule : Galembert, par exemple, se classe à G et non à D. En revanche, les noms dont la particule est du ou des sont classés à D (on place Du Bellay à la lettre D et non à la lettre B). De même en ce qui concerne les noms précédés de l'article La ou L' (La Fontaine sera classé à L et non à F).

Enfin, on ne fait jamais suivre l'appellation monsieur / madame / mademoiselle d'un titre. Ainsi, par exemple, ne dira-t-on pas Monsieur le comte, ce qui est réservé au personnel de maison, sauf en ce qui concerne le titre de duc, où - pour les plus puristes - cette mention s'avère obligatoire pour tout le monde : on dit ainsi Monsieur le duc (d'où la colère que manifeste Charlus vis-à-vis du comportement de Jupien qui ne connaît pas cette exception, dans Le côté de Guermantes)...

http://nitescence.free.fr/noble.htm

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Message par Mme de Sabran Lun 14 Nov 2016, 16:27

Trianon a écrit:
Par contre, je suis complètement perdue avec les quartiers de noblesse. Il faudrait carrément un cours pédagogique pour mieux comprendre.

Alors, rendez-vous ici Very Happy : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3022-les-titres-nobiliaires#87063


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Message par Trianon Lun 14 Nov 2016, 16:30

Petit intermède :
Louise-Adelaïde, je vous fais confiance. J'ADORE Alec Guinness, son chic, son allure et son HUMOUR SO BRITISH. J'espère ne pas oublier votre conseil pour la fin de cette année.
Merci, on peut revenir sur la noblesse.
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Message par Trianon Lun 14 Nov 2016, 16:36

Mme de Sabran a écrit:
Trianon a écrit:
Par contre, je suis complètement perdue avec les quartiers de noblesse. Il faudrait carrément un cours pédagogique pour mieux comprendre.

Alors, rendez-vous ici Very Happy : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3022-les-titres-nobiliaires#87063


J'ai lu le lien Eléonore, merci. C'est passionnant et très "hum" dirons-nous un peu aristocrate, n'est-ce pas my dear. Je ne me rappellais plus que l'écuyer fût aussi un noble.
Je vais relire ce lien une seconde fois pour mieux m'y imprégner, mais plus tard.


Dernière édition par Trianon le Lun 14 Nov 2016, 16:42, édité 1 fois
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Message par Mme de Sabran Lun 14 Nov 2016, 16:40

Trianon a écrit:
Merci, on peut revenir sur la noblesse.

Here we go !  :n,,;::::!!!:


L’ANNOBLISSEMENT EN FRANCE


A l’époque féodale et sous l’Ancien Régime, être noble est une distinction protocolaire héréditaire associée à des privilèges (dont l’exemption d’impôts), mais aussi des devoirs comme l’appel au ban (également appelé « l’impôt du sang » pour justifier l'exemption d'impôts), ou encore l’interdiction d’exercer des professions lucratives (commerce, artisanat ou banque).

L’idée que l’on se fait de la noblesse est aujourd’hui largement conditionnée par la société d’Ancien Régime, héritière de la noblesse médiévale, mais la noblesse ne se définissait pas au Moyen-Âge comme elle se définira sous l’Ancien Régime et à l’époque moderne.
On imagine ainsi souvent que l’anoblissement résulte de « lettres de noblesse » décernées par le roi, voire – dans des cas de bravoure exceptionnelle – de « lettres patentes » (celles-là même qu’évoque par exemple Alexandre Dumas dans Les trois mousquetaires).
On sait aussi que l’occupation de certaines charges permet d’être anobli : c’est la noblesse administrative, qu’on appelle « noblesse de robe », par opposition à la « noblesse d’épée », qui, d’origine guerrière, est considérée comme plus authentique – d’autant plus que ces charges pourront par la suite être achetées (d’où leur surnom de « savonnette à vilain »).

Mais, contrairement à ces idées reçues, la noblesse était un milieu beaucoup plus ouvert qu’on ne l’imagine parfois et le principal processus d’entrée dans la noblesse est en réalité celui de l’agrégation, qui court sur trois générations environ et consiste à partager les valeurs et le mode de vie de la noblesse en adoptant les normes sociales considérées comme nobles (rôle guerrier, absence de travail manuel, etc.) : ainsi, durant tout le Moyen-Âge et le début de l’époque moderne, il suffisait de vivre noblement pendant trois générations pour devenir noble.
En effet, la noblesse a longtemps été un état de fait, un rang social plus qu'un statut juridique clairement délimité : c’est une vie noble qui faisait la noblesse. Ainsi, rares sont celles, parmi les vieilles familles, à être anoblies par lettres de noblesse ou lettres patentes pour fait d’armes ou service rendu : la voie la plus courante est la « maintenue de noblesse » qui constate une vie noble depuis trois générations.
C’est ce que l’on appelle la noblesse d’extraction et, contrairement aux apparences (l’entrée par la petite porte), c’est la noblesse la plus prestigieuse parce que la plus ancienne. C’est d’ailleurs ce qui donne la qualification de « gentilhomme » : un gentilhomme est en effet un noble d’extraction, c’est-à-dire un noble de naissance – à la différence des nobles annoblis par charge ou par « lettres patentes » qui sont nobles sans être pour autant gentilhommes (c’est la raison pour laquelle Louis XIII décida d’annoblir non Corneille mais son père, de façon à ce que Pierre Corneille puisse être qualifié de gentilhomme…).

I / L’époque féodale

En France, le pouvoir d’anoblir a d’abord appartenu à tous les seigneurs qui pouvaient armer des chevaliers, puis, à partir du XVème siècle, il est uniquement réservé au roi.
Au Moyen-Âge, est considérée comme noble toute personne portant les titres de chevalier ou d’écuyer. La chevalerie, qui apparaît autour du XIIème siècle, est à l’origine une population au service des grandes familles héritières de l’aristocratie carolingienne et propriétaires de vastes domaines fonciers. La définition des privilèges de la noblesse n’apparaît qu’au XVème siècle, lorsque le roi définit les conditions d’accès à la noblesse et les privilèges dont elle jouit. Avant cela, la noblesse est donc une place dans la société conférée par un rang dans la hiérarchie féodale.

II / L’Ancien Régime

Avec les premiers anoblissements spécifiés par un acte écrit, les rois de France ont introduit une nouvelle forme d’intégration qui se révéla finalement plus facile à contrôler.
La vérification des titres de noblesse lancée par Colbert en 1662 marque la clôture du « second ordre » auquel on ne pourra plus accéder que par un anoblissement en bonne et due forme. La noblesse se caractérise alors par ses privilèges fiscaux (exemption de la taille), politiques (accès aux assemblées des États provinciaux), de carrière (dans l’armée notamment), honorifiques (préséance à la Cour) et judiciaires (elle est jugée par un tribunal spécifique : le parlement).

III / La Révolution

Contrairement à une autre idée reçue, si la Révolution française a aboli les privilèges, elle n’a pas aboli les titres de noblesse : les titres nobiliaires sont donc toujours en usage et quand ils sont réguliers, c’est-à-dire enregistrés auprès du Garde des Sceaux, ils existent juridiquement comme une extension du nom, bien qu’ils ne confèrent aucun privilège ; le protocole élyséen continue ainsi à envoyer des cartons d’invitation rédigés, le cas échéant, avec l’appellation et le titre adéquats.

IV / La sortie de la noblesse : dérogeance et déchéance

La noblesse ne se transmet pas toujours, car les générations suivantes doivent pouvoir vivre noblement, disposer de fiefs et participer à l’armée féodale et / ou au service du roi. Ainsi, le statut nobiliaire étant la traduction juridique d’une position sociale, de la même façon que l’on pouvait devenir noble en vivant noblement, on pouvait perdre sa noblesse en cessant de vivre noblement, c’est-à-dire en exerçant une activité manuelle ou mercantile, jugée avilissante (le noble se doit en effet de vivre de ses rentes et ne peut exploiter que son domaine).

La dérogeance consiste donc à faire des actes indignes d’une personne noble : son effet est alors de faire perdre, ou plutôt de suspendre, les privilèges de la noblesse (le noble est concrètement mis à la taille). À la différence de la déchéance, qui consiste à ramener une famille noble à l’état roturier (lors d'une condamnation infamante qui fait perdre la noblesse, par exemple), la dérogeance ne supprime donc pas la noblesse : elle ne fait qu’en interdire ou en suspendre les privilèges.

L’exercice de professions jugées dégradantes – qui dérogeaient, donc – sont, par exemple, les métiers de marchand, d'artisan, de domestique et les offices subalternes (huissier, sergent, procureur, notaire). De même, la prise de terres en ferme dérogeait ; en revanche, le noble qui labourait ses propres terres ne dérogeait pas.

http://nitescence.free.fr/noblesse.htm

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Message par La nuit, la neige Lun 14 Nov 2016, 20:23

J'étudierai tous ces sujets (noblesse, titres et tiers-état), à tête reposée...:La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition... 2028181902

Merci ! Very Happy
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Message par Mme de Sabran Mar 15 Nov 2016, 11:50

Trianon a écrit:

Mais oui, bien sûr. J'avais oublié le Clergé. Comment ai-je pu oublier le Clergé ?
Merci pour cette explication Majesté. J'avoue que je me suis un peu emmêlée les pinceaux.

C'est tout simple !  Very Happy

La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition... 870px-10

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Message par Calonne Mar 12 Déc 2017, 20:30

La noblesse se mesure à l'époque en quartiers de noblesse, dont il faut faire preuve pour par exemple être présenté à la cour, monter dans les carrosses royaux, suivre la chasse du roi... Documents à l'appui, à fournir au généalogiste des Ordres du roi.

La véritable noblesse est terrienne, ce sont les possesseurs de fiefs (domaines), héritage du monde médiéval et régi par les fameux droits féodaux. Les nobles possèdent donc des domaines avec château, vignes, cultures, villages et hameaux... Et ils disposent d'une foule de droits sur leur domaine : droit de banvin, de banalité, de péage, redevances diverses comme le cens, le champage, le terrage... Des droits qui finissent par "faire plus de tort à ceux qui en pâtissent que de profits à ceux qui en jouissent..."

Le banvin est le monopole de la vente du vin par le seigneur.
La banalité est l'usage public d'un bien appartenant au seigneur : four, moulin, pressoir... Le seigneur doit en garantir en échange l'accès et le bon état.
Les péages sont des douanes intérieures, en général pour utiliser ponts et routes du domaine et financer ainsi leur entretien.
Le monopole du colombier est le privilège, réservé au seigneur, d'avoir un colombier sur pied.
Le cens est une redevance due au seigneur par les tenanciers d'établissements se trouvant sur le domaine (en argent ou en nature).
Le champage est un droit de pacage.
Le terrage donne au seigneur le droit de prélever du blé ou des légumes sur les récoltes.
N'oublions pas les fameuses corvées (leur nom parle pour elles) et la Dîme, perçue par l'Eglise, dixième partie des récoltes. Elle est perçue par le "décimateur", le bien-nommé.
La chasse ? Réservée au seigneur. Que ce soit du gros gibier ou du menu fretin pris au collet, il est interdit de chasser et braconner tout gibier sur les terres appartenant au seigneur.

Et j'en oublie... (Rajoutons au passage les impôts royaux, Aides, Gabelle, Taille, Vingtième... et on comprendra qu'il ne restait plus grand-chose à nos brave paysans à la fin du mois... Et on comprend leur joie suite à l'abolition des droits féodaux, la fameuse nuit du 04 août).
En échange de tout ça, le seigneur doit assurer principalement la sécurité et la protection de ses "vassaux", mission devenue obsolète à l'époque. Pourtant, le modèle séculaire demeure : la noblesse paie "l'impôt du sang" en défendant le royaume, en échange d'être nourrie par les paysans et bénie par les évêques.

Une noblesse elle-même très diverse : il y a une foule de degrés entre les grands seigneurs et grandes dames qui paradent à la cour et certains petits nobles qui ne se distinguent que par le droit de porter l'épée et travaillent aux côtés de leurs paysans sur leur petit domaine.

A côté de cette noblesse terrienne, on trouve la noblesse de robe, principalement administrative : juges, magistrats, hauts-fonctionnaires, membres du Parlement... Opposée à la noblesse d'épée, terrienne et militaire que nous venons de voir, ses membres ont acheté une charge, un Office leur conférant la noblesse. On les appelle en général les robins et ils tirent leur existence de la fameuse vénalité des charges, la monarchie vendant certaines charges et fonctions conférant la noblesse. Ces charges peuvent également être une récompense pour bons services.
Ces robins possèdent également le "droit de remontrance", réservé aux parlementaires, droit de contester un édit royal avant son enregistrement s'ils l'estiment contraire aux intérêts du peuple ou aux lois fondamentales du royaume. Le roi est alors prié de revoir sa copie. S'il s'obstine, il convoque alors le Parlement en Lit de justice et ordonne l'enregistrement forcé, accompagné de la formule rituelle : "Je le veux !"
Louis XV en a fait les frais en voulant faire enregistrer sa réforme du "Vingtième". Louis XVI a été plus direct :
- C'est illégal ! (Duc d'Orléans)
- C'est légal parce que je le veux ! (Louis XVI)
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Message par Mr de Talaru Mer 13 Déc 2017, 10:35

J'avais oublié tous ces petits impôts. Presque nos taxes indirectes aujourd'hui.

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Message par Calonne Mer 13 Déc 2017, 15:02

Et encore, j'en ai oublié...

Les impôts royaux ?
Les Aides sont perçues sur les ventes de marchandises, de boissons, de cartes à jouer (!), de savon, d'huile et de papier.
La Gabelle est l'impôt sur le sel qui date de 1341. La Couronne a le monopole du sel, entreposé dans des greniers et vendu sous le contrôle des Fermiers Généraux avec un montant fixé, en toute liberté, par le roi et reversé au Trésor. Aucun contrôle bien sûr sur les marges que prennent certains Fermiers Généraux au passage... Certaines provinces paient la Gabelle, d'autres en sont exemptées. On a même des régions de "petite gabelle" (moins imposées), des zones "franches" (complètement exemptées), des régions "rédimées" (ne payant qu'une taxe sur l'acte de vente), les régions de salins (où les gens peuvent acheter leur sel aux greniers de leur choix) et d'autres encore... Bonne chance pour s'y retrouver... La contrebande du sel, les Faux-Sauniers, prospèrent, traqués en vain par une police spéciale, les Gabelous.
La Taille est perçue par des "sergents de taille" et c'est le roi qui décide, annuellement, du montant à faire rentrer dans les caisses. Arthur Conte nous indique quelques chiffres : un million sous Charles VII, 1 500 000 en 1484, 5 millions sous François Ier, 6 millions sous Henri III et... 64 millions en 1789.
Evidemment, la noblesse est exemptée de tous ces impôts...
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Message par Mme de Sabran Mer 13 Déc 2017, 16:02


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Message par Mme de Sabran Mar 16 Jan 2018, 18:00


M. de Fronsac alla voir une mappemonde que montrait l’artiste qui l’avait imaginée. Cet homme, ne le connaissant pas et lui voyant une croix de Saint-Louis, ne l’appelait que le chevalier.
La vanité de M. de Fronsac blessée de ne pas être appelé duc, lui fit inventer une histoire, dont un des interlocuteurs, un de ses gens, l’appelait  " Monseigneur ".  L'homme l’arrête à ce mot, et lui dit : « Mais qu’est-ce que tu dis là ? monseigneur !!!    On va te prendre pour un évêque. »


( Chamfort, Caractères )

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Message par Lucius Mar 16 Jan 2018, 18:14

Les capétiens n'ont bien sûr jamais employé Capet comme patronyme. Louis XVI se l'est fait imposer, et ce pour une courte durée.

Il faudrait apporter quelques rectifications, mais dans l'ensemble cela s'applique assez justement aux derniers siècles, même si l'auteur a tendance à considérer que ce qu'il décrit a toujours été, alors qu'au contraire ces considérations sociales ont évolué au cours du temps, l'idée même de noblesse étant relativement récente.
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Message par Mme de Sabran Mar 16 Jan 2018, 18:19

Lucius a écrit:

Il faudrait apporter quelques rectifications,

Nul n'est plus qualifié que toi pour ce faire, mon petit Lulu . Hop!
Vas-y, nous sommes tout ouïe ! ... et par avance merci. Very Happy

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Message par Lucius Mar 16 Jan 2018, 22:35

En fait il faudrait une remise en perspective du concept de noblesse, sa substitution au concept de chevalerie à l'aube de l'époque moderne, sa croissance dans un système de remise en cause sociale de ce groupe, sa rationalisation et sa systématisation progressive, avec son apogée dans les mythes confectionnés pour l'expliquer.

Ainsi le texte de Balzac mis en avant pour expliquer le titre de comte du comte de Paris n'est pas seulement une vue de l'esprit de Balzac, mais encore une fausse piste appliquée au comte de Paris.

Cet article est représentatif d'une mentalité XXe, où le concept de noblesse s'essouffle et se dissout. J'ai trouvé savoureux la mention d'une interrogation portée devant les académiciens au sujet de la majuscule sur les particules. Une question qui aurait paru inutile à des gens du XVIIe, et incompréhensible à des gens du XVe.
Le paragraphe sur l'appellation qui suit n'est pas faux, au contraire, il est très juste en ce qui concerne les règles que nous suivons aujourd'hui, avec notre esprit de systématisation rationnelle. Mais là encore, bien loin des préoccupations desdits nobles qui précédèrent le XIXe siècle.

La première partie du texte démontre une volonté louable de désacraliser la prétendue hiérarchie des titres. Mais au passage, il prend écuyer pour un titre alors qu'il s'agit d'une qualité, avant le XIXe siècle.

En fait les exemples employés montrent un esprit de système qui, ne prenant pas en compte les évolutions historiques, en devient faux.

Finalement, rappelons que ce qui est dit là n'est valable que pour la France.
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Message par Lucius Mar 16 Jan 2018, 22:37

En fait, cet article est à suivre dans ces préceptes, et non dans ses exemples ou sa compréhension de l'histoire, si on veut écrire très correctement un article scientifique ou une chronique mondaine.
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Message par La nuit, la neige Mar 16 Jan 2018, 22:52

Ah ? J'avais loupé l'ouverture de ce sujet.
Merci de l'avoir remonté au portail.   Smile

Je suis loin d'avoir les compétences de Lucius pour, de même, nuancer certaines idées ou concepts de cet article, mais je l'ai trouvé bien intéressant.

Idea Je signale cet autre sujet, ici dans la même rubrique : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3018-la-noblesse?highlight=noblesse
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Message par Mr de Talaru Mer 17 Jan 2018, 10:04

Oui je suis comme toi LNLN j'ai trouvé intéressant cet article et qui plus est les anecdotes qui s'y référent.
je me souviens d'une citation de Balzac dans le Pére Goriot "Marquis n'est rien, au nom de duc on tourne la tête !"

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