La marquise de la Ferté-Imbault
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La marquise de la Ferté-Imbault
.
Petit bouturage printanier !
C'est la fille de la célèbre madame Geoffrin. Elle a épousé le petit-fils du maréchal de la Ferté-d’Étampes, et a été sous-gouvernante des enfants de France. C'est elle qui a fait l'éducation de madame Élisabeth. Veuve à vingt et un ans, elle a renoncé à un second mariage et elle a donné tout son temps à la science et aux arts. Sa maison était le rendez-vous des beaux esprits, mais ses idées ne ressemblaient pas à celles de sa mère, au contraire; elle haïssait les philosophes et je ne l'en blâme pas. [...] Madame de la Ferté-Imbault avait, à l'époque de notre visite, environ soixante-sept ans, ce qui n'avait rien ôté ni à son esprit ni à la gaieté de sa conversation.
( la baronne d'Oberkirch )
Cette préceptrice (en philosophie) de Mesdames Clotilde et Élisabeth est connue comme fille de Madame Geoffrin, au salon réputé. Elle -même devient la fondatrice de la société des Lanturlus , qu'elle fonde en opposition aux encyclopédistes contre lesquels, elle a plus qu'une dent !
Violemment anti-Choiseul, la vieille dame décrit dans un de ses manuscrits daté de 1775, à l'aube du nouveau règne, quelques uns des personnages qui tournent autour de l'ancien ministre de Louis XV, avec humour et talent.
Les Lanturlus ;;;
"Cette association était présidée par une grande maîtresse, qu'on ne désignait que sous le seul nom d'Imbault ; elle tenait sa cour, en été, à Athis, maison de campagne du duc de Rohan, entre Paris et Corbeil, sur la rive gauche de la Seine....".
"En hiver, l'illustre grande-maîtresse présidait ses séances tous les jeudis (pour nous servir de l'expression consacré) à table, dans son hôtel à Paris, où elle réunissait les membres de l'ordre. Son chevalier grand-maréchal était le comte de Montazet ; il fut promu à cette dignité, à l'unanimité, le 23 novembre 1775. C'est lui qui rédigea les statuts de la compagnie. Le grand-lecteur se nommait le Comte d'Albaret. L'ordre avait pour connétable le comte de Narbonne, surnommé Fritzlar....".
Elle était une sorte de nouvelle Duchesse du Maine . Son Ordre se piquait de littérature dans la bonne humeur .
On ne se prenait pas au sérieux ! ....
"Quelques pièces de vers, émanées de l'ordre burlesque et joyeux des Lanturlus, étant parvenues jusqu'à la grande Catherine II, ... elle recommanda aux seigneurs russes de se faire recevoir Lanturlu, honneur qu'obtinrent facilement le fils de la Czarine, sa belle-fille et quelques princes."
(Dinaux)
Or donc, Philippe-Charles (1712 1737, le même mois que son père), appelé le marquis de la Ferté-Imbault, âgé de 20 ans, colonel propriétaire du régiment de Chartres, Infanterie (1731), épouse en 1733 Marie-Thérèse Geoffrin (1715 1791), dotée de 400 000 Livres, fille unique et héritière de François Geoffrin, actionnaire majeur de la compagnie des Glaces, conseiller secrétaire du Roi, et de la fameuse Madame Geoffrin (1699 1777), née Marie-Thérèse Rodet. La jeune femme, pourtant charitable, a décrit son beau-père comme tout à la fois « tyran, ignorant, bête à manger du foin », méchant et brutal. Le ménage La Ferté-Imbault n'a qu'une fille, Charlotte-Thérèse (1736 1749), morte enfant.
En 1748 la marquise de la Ferté-Imbault abandonne ce château historique des d'Estampes (estimé à plus de 1 100 000 Livres en 1741), à sa belle-sœur Sophie d’Estampes pour qu’elle puisse épouser le marquis de Pierrecourt, président au Parlement de Normandie.
Seconde moitié du XVIIIe siècle : sursaut familial et Révolution
Veuve à vingt et un ans, et ayant perdu sa seule enfant, Madame de la Ferté va reporter toute son affection sur les deux fils de Louis-Roger, marquis de Mauny, qui lui a confié leur avenir, Louis-Dominique (1734 1815), aîné de la Maison d'Estampes, et Hector (septembre 1736 septembre 1788), appelé le comte puis le marquis de Valençay, officier au régiment du roi, infanterie, puis sous-lieutenant aux gendarmes de la garde. A la réprobation de leur tante, les deux jeunes gens sont influençables et se laissent entraîner à la débauche, jusqu'à ce que leur bienfaitrice y mette un terme en leur fermant temporairement la porte de son hôtel et sa bourse.
Le courant s’inverse alors : Madame de la Ferté-Imbault permet à son neveu Louis-Dominique, marquis de Mauny, puis d'Estampes, de retrouver une position de fortune et de cour conforme à son rang, puis d'embellir son château de Mauny. Sous les auspices de sa tante ce marquis d’Estampes épouse en 1755 la belle Adélaïde Julie de Fouilleuse ( 1758), fille du marquis de Flavacourt et de la seule des cinq sœurs Mailly-Nesle qui se soit refusée à Louis XV, puis, en 1762, Françoise Geneviève Joly de Fleury (1742 1817), fille d'Omer (1715 1810), procureur général du Parlement de Paris (1746). Colonel aux grenadiers de France (1757), le marquis d'Estampes participe à la guerre de Sept Ans, principalement en Allemagne, avant d'être nommé brigadier d'infanterie (1768), pourvu d'un régiment (1771), puis promu maréchal de camp (1780). Son frère, le marquis de Valençay, capitaine de cavalerie au régiment Commissaire-général, est nommé brigadier de cavalerie (juin 1768) n'ayant pas 32 ans, capitaine des gardes du duc de Chartres, puis chambellan du duc d’Orléans, chevalier de Saint-Louis, commandeur de l’ordre de Saint-Lazare (décembre 1769).
Mme de La Ferté-Imbault fréquente à cette époque le cardinal de Bernis, le prince de Condé, les Pontchartrain, la princesse de la Roche-sur-Yon, le roi de Pologne Stanislas Leczinski, Mme de Pompadour. Elle a accès à l’entourage de Mme Adélaïde grâce à Mme de Marsan, qui devient gouvernante des enfants de France en 1771. La même année, la marquise devient préceptrice de philosophie auprès de Mme Elisabeth et de Mme Clotilde, respectivement âgées de sept et douze ans. Elle fait ses leçons à partir des extraits de philosophie antique et classique qu’elle avait commencé de rédiger quelques années plus tôt (un manuscrit de ses extraits de Malebranche avait d’ailleurs été relié en trois volumes à l’intention de la jeune duchesse de Rohan en 1769).
C'est vrai, mais ces dames s'étaient réconciliées .
La mort seule de madame Geoffrin put détruire cet accord, mais cette mort fut pour la marquise l’occasion du plus grand orage qui ait troublé son existence. Le 29 avril 1776, madame Geoffrin fut frappée d’une attaque, qui la laissa paralysée de la moitié du corps. Toutefois, la tête restait à peu près libre, et la marquise, fidèle à ses principes, en profita pour mander auprès d’elle le curé de la paroisse, qui apporta les sacrements. Le plus intime, le plus fidèle ami de la mourante, d’Alembert, se trouvait alors dans la chambre. On le pria de se retirer un moment. Il obéit, mais, irrité dans son indévotion par le spectacle qui se préparait, il ne se retint pas de proférer, devant la domesticité, des propos peu séants, raillant d’une manière fort acerbe la pieuse marquise et ce qu’il appelait ses « mômeries ». Celle-ci en fut instruite. Sur l’heure, dans son indignation, elle prit sa plume et rédigea d’un trait un billet d’un ton raide, où on lit notamment ces lignes : « Je conseille à votre amour-propre et à votre esprit de ne tenir en public et dans la chambre de ma mère que des propos décents sur les devoirs qu’elle vient de remplir, afin de ne pas me mettre dans la nécessité de vous faire fermer sa porte. »
Mme Geoffrin
Ce billet fut suivi d’une vive explication, après laquelle, plus montée que jamais, la marquise résolut de congédier dorénavant d’Alembert tout d’abord, puis ceux qu’elle considérait comme « sa suite, » c’est-à-dire tous les philosophes, tous les familiers du logis. Elle tint parole, et jusqu’à la mort de sa mère, survenue quelques mois plus tard, aucun ne franchit plus le seuil de cet hôtel, où ils avaient longtemps régné.
Immense fut le retentissement de cette proscription générale dans l’Église encyclopédique. Le parti tout entier donna avec ensemble pour venger l’injure faite à ses représentants. Grimm, Diderot, Turgot, d’Alembert, accablèrent d’invectives madame de la Ferté-Imbault. Les Lanturelus ripostèrent pour venger leur reine, et une querelle privée autour du lit d’une moribonde prit les proportions d’une bataille entre l’orthodoxie, d’une part, et la philosophie, de l’autre. Mais cette levée de boucliers ne troubla pas madame de la Ferté-Imbault. Non seulement, elle maintint, avec une rigueur inflexible, l’interdit prononcé, mais elle obtint, quelque temps après, de sa mère qu’elle ne la désavouerait pas. Madame Geoffrin se borna à dire en souriant : « Ma fille est comme Godefroy de Bouillon ; elle a voulu défendre mon tombeau contre les Infidèles. »
Mais non, chère Baronne !
Les sous-gouvernantes étaient Mmes Jeanne-Thérèse de Launoy de Penchrec'h, épouse d'Etienne-Joseph d'Izarn de Villefort de Montjeu, dite Marquise d'Haussy (1698 - 1779) Anne Bénigne Goujon de Gasville, épouse de Louis François d'Izarn de Montjeu, dite Marquise de Villefort (1735 - après 1764) Louise Sophie Cook, épouse de James Butler, dite Lady Butler (1700 - 1761)
Madeleine-Suzanne Goullet de Rugy, épouse de Jean-Anne de Grégoire de Saint-Sauveur, dite Marquise de Saint-Sauveur (1720 - 1777) Louise Jeanne Marguerite de Grégoire de Saint-Sauveur, épouse de Pierre Claude Haudeneau, dite Comtesse de Breugnon (1745 - après 1775)
Petit bouturage printanier !
C'est la fille de la célèbre madame Geoffrin. Elle a épousé le petit-fils du maréchal de la Ferté-d’Étampes, et a été sous-gouvernante des enfants de France. C'est elle qui a fait l'éducation de madame Élisabeth. Veuve à vingt et un ans, elle a renoncé à un second mariage et elle a donné tout son temps à la science et aux arts. Sa maison était le rendez-vous des beaux esprits, mais ses idées ne ressemblaient pas à celles de sa mère, au contraire; elle haïssait les philosophes et je ne l'en blâme pas. [...] Madame de la Ferté-Imbault avait, à l'époque de notre visite, environ soixante-sept ans, ce qui n'avait rien ôté ni à son esprit ni à la gaieté de sa conversation.
( la baronne d'Oberkirch )
Cette préceptrice (en philosophie) de Mesdames Clotilde et Élisabeth est connue comme fille de Madame Geoffrin, au salon réputé. Elle -même devient la fondatrice de la société des Lanturlus , qu'elle fonde en opposition aux encyclopédistes contre lesquels, elle a plus qu'une dent !
Violemment anti-Choiseul, la vieille dame décrit dans un de ses manuscrits daté de 1775, à l'aube du nouveau règne, quelques uns des personnages qui tournent autour de l'ancien ministre de Louis XV, avec humour et talent.
Les Lanturlus ;;;
"Cette association était présidée par une grande maîtresse, qu'on ne désignait que sous le seul nom d'Imbault ; elle tenait sa cour, en été, à Athis, maison de campagne du duc de Rohan, entre Paris et Corbeil, sur la rive gauche de la Seine....".
"En hiver, l'illustre grande-maîtresse présidait ses séances tous les jeudis (pour nous servir de l'expression consacré) à table, dans son hôtel à Paris, où elle réunissait les membres de l'ordre. Son chevalier grand-maréchal était le comte de Montazet ; il fut promu à cette dignité, à l'unanimité, le 23 novembre 1775. C'est lui qui rédigea les statuts de la compagnie. Le grand-lecteur se nommait le Comte d'Albaret. L'ordre avait pour connétable le comte de Narbonne, surnommé Fritzlar....".
Elle était une sorte de nouvelle Duchesse du Maine . Son Ordre se piquait de littérature dans la bonne humeur .
On ne se prenait pas au sérieux ! ....
"Quelques pièces de vers, émanées de l'ordre burlesque et joyeux des Lanturlus, étant parvenues jusqu'à la grande Catherine II, ... elle recommanda aux seigneurs russes de se faire recevoir Lanturlu, honneur qu'obtinrent facilement le fils de la Czarine, sa belle-fille et quelques princes."
(Dinaux)
Or donc, Philippe-Charles (1712 1737, le même mois que son père), appelé le marquis de la Ferté-Imbault, âgé de 20 ans, colonel propriétaire du régiment de Chartres, Infanterie (1731), épouse en 1733 Marie-Thérèse Geoffrin (1715 1791), dotée de 400 000 Livres, fille unique et héritière de François Geoffrin, actionnaire majeur de la compagnie des Glaces, conseiller secrétaire du Roi, et de la fameuse Madame Geoffrin (1699 1777), née Marie-Thérèse Rodet. La jeune femme, pourtant charitable, a décrit son beau-père comme tout à la fois « tyran, ignorant, bête à manger du foin », méchant et brutal. Le ménage La Ferté-Imbault n'a qu'une fille, Charlotte-Thérèse (1736 1749), morte enfant.
En 1748 la marquise de la Ferté-Imbault abandonne ce château historique des d'Estampes (estimé à plus de 1 100 000 Livres en 1741), à sa belle-sœur Sophie d’Estampes pour qu’elle puisse épouser le marquis de Pierrecourt, président au Parlement de Normandie.
Seconde moitié du XVIIIe siècle : sursaut familial et Révolution
Veuve à vingt et un ans, et ayant perdu sa seule enfant, Madame de la Ferté va reporter toute son affection sur les deux fils de Louis-Roger, marquis de Mauny, qui lui a confié leur avenir, Louis-Dominique (1734 1815), aîné de la Maison d'Estampes, et Hector (septembre 1736 septembre 1788), appelé le comte puis le marquis de Valençay, officier au régiment du roi, infanterie, puis sous-lieutenant aux gendarmes de la garde. A la réprobation de leur tante, les deux jeunes gens sont influençables et se laissent entraîner à la débauche, jusqu'à ce que leur bienfaitrice y mette un terme en leur fermant temporairement la porte de son hôtel et sa bourse.
Le courant s’inverse alors : Madame de la Ferté-Imbault permet à son neveu Louis-Dominique, marquis de Mauny, puis d'Estampes, de retrouver une position de fortune et de cour conforme à son rang, puis d'embellir son château de Mauny. Sous les auspices de sa tante ce marquis d’Estampes épouse en 1755 la belle Adélaïde Julie de Fouilleuse ( 1758), fille du marquis de Flavacourt et de la seule des cinq sœurs Mailly-Nesle qui se soit refusée à Louis XV, puis, en 1762, Françoise Geneviève Joly de Fleury (1742 1817), fille d'Omer (1715 1810), procureur général du Parlement de Paris (1746). Colonel aux grenadiers de France (1757), le marquis d'Estampes participe à la guerre de Sept Ans, principalement en Allemagne, avant d'être nommé brigadier d'infanterie (1768), pourvu d'un régiment (1771), puis promu maréchal de camp (1780). Son frère, le marquis de Valençay, capitaine de cavalerie au régiment Commissaire-général, est nommé brigadier de cavalerie (juin 1768) n'ayant pas 32 ans, capitaine des gardes du duc de Chartres, puis chambellan du duc d’Orléans, chevalier de Saint-Louis, commandeur de l’ordre de Saint-Lazare (décembre 1769).
Mme de La Ferté-Imbault fréquente à cette époque le cardinal de Bernis, le prince de Condé, les Pontchartrain, la princesse de la Roche-sur-Yon, le roi de Pologne Stanislas Leczinski, Mme de Pompadour. Elle a accès à l’entourage de Mme Adélaïde grâce à Mme de Marsan, qui devient gouvernante des enfants de France en 1771. La même année, la marquise devient préceptrice de philosophie auprès de Mme Elisabeth et de Mme Clotilde, respectivement âgées de sept et douze ans. Elle fait ses leçons à partir des extraits de philosophie antique et classique qu’elle avait commencé de rédiger quelques années plus tôt (un manuscrit de ses extraits de Malebranche avait d’ailleurs été relié en trois volumes à l’intention de la jeune duchesse de Rohan en 1769).
La nuit, la neige a écrit:
Rappelons que toutes deux ne se supportaient guère...
C'est vrai, mais ces dames s'étaient réconciliées .
La mort seule de madame Geoffrin put détruire cet accord, mais cette mort fut pour la marquise l’occasion du plus grand orage qui ait troublé son existence. Le 29 avril 1776, madame Geoffrin fut frappée d’une attaque, qui la laissa paralysée de la moitié du corps. Toutefois, la tête restait à peu près libre, et la marquise, fidèle à ses principes, en profita pour mander auprès d’elle le curé de la paroisse, qui apporta les sacrements. Le plus intime, le plus fidèle ami de la mourante, d’Alembert, se trouvait alors dans la chambre. On le pria de se retirer un moment. Il obéit, mais, irrité dans son indévotion par le spectacle qui se préparait, il ne se retint pas de proférer, devant la domesticité, des propos peu séants, raillant d’une manière fort acerbe la pieuse marquise et ce qu’il appelait ses « mômeries ». Celle-ci en fut instruite. Sur l’heure, dans son indignation, elle prit sa plume et rédigea d’un trait un billet d’un ton raide, où on lit notamment ces lignes : « Je conseille à votre amour-propre et à votre esprit de ne tenir en public et dans la chambre de ma mère que des propos décents sur les devoirs qu’elle vient de remplir, afin de ne pas me mettre dans la nécessité de vous faire fermer sa porte. »
Mme Geoffrin
Ce billet fut suivi d’une vive explication, après laquelle, plus montée que jamais, la marquise résolut de congédier dorénavant d’Alembert tout d’abord, puis ceux qu’elle considérait comme « sa suite, » c’est-à-dire tous les philosophes, tous les familiers du logis. Elle tint parole, et jusqu’à la mort de sa mère, survenue quelques mois plus tard, aucun ne franchit plus le seuil de cet hôtel, où ils avaient longtemps régné.
Immense fut le retentissement de cette proscription générale dans l’Église encyclopédique. Le parti tout entier donna avec ensemble pour venger l’injure faite à ses représentants. Grimm, Diderot, Turgot, d’Alembert, accablèrent d’invectives madame de la Ferté-Imbault. Les Lanturelus ripostèrent pour venger leur reine, et une querelle privée autour du lit d’une moribonde prit les proportions d’une bataille entre l’orthodoxie, d’une part, et la philosophie, de l’autre. Mais cette levée de boucliers ne troubla pas madame de la Ferté-Imbault. Non seulement, elle maintint, avec une rigueur inflexible, l’interdit prononcé, mais elle obtint, quelque temps après, de sa mère qu’elle ne la désavouerait pas. Madame Geoffrin se borna à dire en souriant : « Ma fille est comme Godefroy de Bouillon ; elle a voulu défendre mon tombeau contre les Infidèles. »
Mme d'Oberkirch a écrit:C'est la fille de la célèbre madame Geoffrin. Elle a épousé le petit-fils du maréchal de la Ferté-d’Étampes, et a été sous-gouvernante des enfants de France.
Mais non, chère Baronne !
Les sous-gouvernantes étaient Mmes Jeanne-Thérèse de Launoy de Penchrec'h, épouse d'Etienne-Joseph d'Izarn de Villefort de Montjeu, dite Marquise d'Haussy (1698 - 1779) Anne Bénigne Goujon de Gasville, épouse de Louis François d'Izarn de Montjeu, dite Marquise de Villefort (1735 - après 1764) Louise Sophie Cook, épouse de James Butler, dite Lady Butler (1700 - 1761)
Madeleine-Suzanne Goullet de Rugy, épouse de Jean-Anne de Grégoire de Saint-Sauveur, dite Marquise de Saint-Sauveur (1720 - 1777) Louise Jeanne Marguerite de Grégoire de Saint-Sauveur, épouse de Pierre Claude Haudeneau, dite Comtesse de Breugnon (1745 - après 1775)
Kiki, facile à reconnaître a écrit:
Ce n’est pas du snobisme, mais il faut dire que c’est joli ces noms avec particules et à rallonges...
A l’oreille, j’aime bien... boudoi32
Lady Butler, c’est un peu raidasse à côté des autres.
Encore une femme qui s’est laissée séduire par un amouuur de cabriolet ! :
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La marquise de la Ferté-Imbault
Marie-Thérèse Geoffrin, quand elle débarqua sur cette terre le 20 avril 1715 , ne semblait point promise à de hautes destinées. Son père, François Geoffrin, d’abord caissier, puis administrateur de la manufacture des glaces de Saint-Gobain, était un bourgeois parisien honorable et modeste. Sa mère, madame Geoffrin, intelligente et belle, n’avait encore, à cette époque, d’autre ambition que d’être une excellente épouse et une ménagère exemplaire.
Quinze ans plus tard, tout était transformé : l’hôtel de la rue Saint-Honoré, où vivait le couple Geoffrin, commençait une célébrité qui, pendant cinquante ans, ne fera que s’accroître et deviendra européenne.
C’est, d’une part, que François Geoffrin, par des spéculations heureuses , était devenu rapidement un important capitaliste, et, d’autre part, que son épouse, grâce à l’appui de madame de Tencin, avait institué le salon où affluaient déjà toutes les gloires littéraires de France.
J’ai raconté naguère, et je n’y reviens pas, l’incroyable ascension qui, dans l’histoire des lettres et des mœurs, n’a peut-être pas son pendant. Pourtant, des trois personnes dont se composait le ménage, deux ne tiraient ni vanité, ni joie de ce nouvel état de choses : l’une était le mari et l’autre était sa fille.
M. Geoffrin, « le bonhomme Geoffrin », comme le nommaient les amis de sa femme, simple de goûts, un peu bigot, éprouvait pour les beaux esprits qui hantaient sa demeure une antipathie pleine d’effroi. De plus, il était économe, et les sommes dépensées pour traiter d’illustres convives lui causaient des accès de révolte et de désespoir.
A suivre ...
Quinze ans plus tard, tout était transformé : l’hôtel de la rue Saint-Honoré, où vivait le couple Geoffrin, commençait une célébrité qui, pendant cinquante ans, ne fera que s’accroître et deviendra européenne.
C’est, d’une part, que François Geoffrin, par des spéculations heureuses , était devenu rapidement un important capitaliste, et, d’autre part, que son épouse, grâce à l’appui de madame de Tencin, avait institué le salon où affluaient déjà toutes les gloires littéraires de France.
J’ai raconté naguère, et je n’y reviens pas, l’incroyable ascension qui, dans l’histoire des lettres et des mœurs, n’a peut-être pas son pendant. Pourtant, des trois personnes dont se composait le ménage, deux ne tiraient ni vanité, ni joie de ce nouvel état de choses : l’une était le mari et l’autre était sa fille.
M. Geoffrin, « le bonhomme Geoffrin », comme le nommaient les amis de sa femme, simple de goûts, un peu bigot, éprouvait pour les beaux esprits qui hantaient sa demeure une antipathie pleine d’effroi. De plus, il était économe, et les sommes dépensées pour traiter d’illustres convives lui causaient des accès de révolte et de désespoir.
A suivre ...
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: La marquise de la Ferté-Imbault
Les Lanturlus ;;;
"Cette association était présidée par une grande maîtresse, qu'on ne désignait que sous le seul nom d'Imbault ; elle tenait sa cour, en été, à Athis, maison de campagne du duc de Rohan, entre Paris et Corbeil, sur la rive gauche de la Seine....".
Ce ne fut d’abord qu’un échange de plaisanteries légères et de poétiques badinages. On se rassemblait chaque semaine dans le salon de la marquise ; chacun apportait son écot, sous forme de chansons, de petits vers, de petits contes. La reine présidait les séances, improvisait chaque fois une allocution à son peuple, lequel ripostait fréquemment par des remontrances à « Sa très extravagante Majesté Lanturelienne, autocrate de toutes les folies ». La charité avait aussi ses droits. Chaque Lanturelu versait, après chaque réunion, « vingt-quatre sols », dont on formait un fond pour habiller les pauvres en hiver. Comme on était d’ordinaire une trentaine, la somme, à la fin de l’année, n’était pas négligeable.
Ce qui peut sembler surprenant, c’est le retentissement de cette institution burlesque dans la haute société de toute l’Europe civilisée. Les demandes d’admission affluèrent de toutes parts, et les listes de l’Ordre présentent les noms les plus variés, les plus brillants et les plus imprévus. Le duc de la Trémoïlle en est Grand Fauconnier ; le cardinal de Bernis en est Grand Protecteur ; Grimm est Doyen de l’Ordre ; l’ambassadeur d’Espagne est élu comme Grand favori. Parmi les simples chevaliers sont : le duc de Saxe-Weimar, le prince de Saxe, le prince Henri de Prusse, madame de Staël, le grand-duc Paul, fils de la Grande Catherine, et la grande-duchesse, son épouse. Une fête extravagante, donnée pour célébrer la convalescence de la reine, au sortir d’une rougeole, fut organisée par les soins de l’ambassadeur de Russie, présidée par le nonce du Pape. Et quand, deux ans après la fondation, Grimm, arrivant à Pétersbourg, était reçu en audience par l’Impératrice, la première question, assure-t-il, que lui posait Catherine, était pour s’informer s’il connaissait l’Ordre des Lanturelus. Sur sa réponse qu’il était le Doyen de l’Ordre, elle redoublait de bienveillance et le faisait revenir le lendemain pour savoir de lui mille détails sur ces illustres assemblés.
À vrai dire, peu à peu, le caractère des réunions se modifia sensiblement. La reine, en 1774, élaborait un code complet, réglementant la Société. Elle rappelait dans le préambule que « la Raison et la Folie » avaient toujours été ses passions dominantes. Elle décidait, en conséquence, que les séances se diviseraient en deux parties distinctes. Dans la première, comme d’habitude, on réciterait des chansons et des facéties ; dans la seconde, on lirait un morceau, soit de morale, soit de philosophie, qui, deux jours à l’avance, serait soumis au jugement de la reine, afin qu’elle pût apprécier sa valeur. La cause de cette orientation nouvelle, c’est que, grisée par le succès de son institution, madame de la Ferté‑Imbault s’était laissée aller à des idées grandioses. Constituer comme une vaste ligue, une puissante association d’ennemis des philosophes et de gens bien pensants, qui livreraient bataille à l’innombrable armée de ceux qu’elle nomme « les destructeurs de la religion et de la société » ; battre en brèche, sans relâche, l’Encyclopédie triomphante et élever autel contre autel, sous le toit même de cette demeure où tenaient leurs assises les sectateurs de la philosophie nouvelle, tel était l’ambitieux dessein qui prit naissance dans son cerveau, et pour la réussite duquel elle lutta quelque temps, non sans vigueur, ni sans courage.
( le marquis de Ségur )
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La marquise de la Ferté-Imbault
Je peine à me figurer la période de gloire du salon de cette dame. Car ces choses ne sont pas linéaires, elles naissent puis dépérissent. Auriez vous dans vos lectures des jalons chronologiques ? (à quel moment ces adhésions deviennent nombreuse, quand est-ce qu'elle se retire ....)
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: La marquise de la Ferté-Imbault
À la cour de Louis XV, Mme de La Ferté-Imbault obtient la charge prestigieuse de Préceptrice des Enfants de France. Parallèlement à cette mission, elle crée en 1771 un salon dirigé par le « Sublime Ordre des Lanturelus » , farouches adversaires des philosophes encyclopédistes, en partie pour railler les salons de sa mère. Femme intelligente et cultivée -elle a eu comme professeurs Montesquieu et Fontenelle – et jouant beaucoup sur le rire, elle entretient des correspondances avec de nombreux intellectuels l’époque.
Les Lanturelus, dont elle est la « Reine », sont dissous en 1790 et la marquise décède le 15 mai 1791.
http://www.leslanturelus.fr/marie-therese-geoffrin/
Attends, je tâche de trouver plus de détails !
Les Lanturelus, dont elle est la « Reine », sont dissous en 1790 et la marquise décède le 15 mai 1791.
http://www.leslanturelus.fr/marie-therese-geoffrin/
Attends, je tâche de trouver plus de détails !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La marquise de la Ferté-Imbault
Il y a beaucoup de références si tu tapes Ordre des Lanturelus sur Google , dont d'ailleurs Benedetta Craveri à la Revue d'histoire littéraire de la France :
On ne se souvient guère aujourd’hui de Madame de La Ferté-Imbault, marquise d’Étampes, née à Paris en 1715 — l’année où disparut Louis XIV — et morte, toujours à Paris, en 1791, à la veille de l’exécution de Louis XVI. Personnalité importante de la société mondaine de son temps, Madame de La Ferté-Imbault n’apparaît pas seulement dans les mémoires et les correspondances de ses contemporains; elle a laissé un témoignage direct de sa vie et de son monde dans divers Mémoires, Anecdotes, Lettres, Portraits aujourd’hui encore inédits. C’est à partir de ces manuscrits que les deux plus grands spécialistes de notre comtesse, le marquis de Ségur Pierre-Marie-Maurice-Henri de Ségur, Le Royaume de... et Constantin Photiadès Costantin Photiadès, La Reine des Lanturelus. Marie-Thérèse..., ont élaboré leurs biographies. C’est à partir de ces mêmes manuscrits Archives Nationales de France, Fonds d’Étampes, Valençay... que j’évoquerai la fille
Voir aussi Benedetta Craveri, L’Âge de la conversation,... de la célèbre Madame Geoffrin.
Madame de La Ferté-Imbault, à travers ses mémoires, est susceptible de plusieurs approches :
- elle nous offre, d’abord, une ouverture sur la vie privée au XVIIIe siècle;
- elle constitue, en second lieu, une source privilégiée sur Madame Geoffrin et les habitués de son salon;
- elle représente aussi un témoignage sur la manière dont ont pu être vécues, dans les cercles de la Cour et de la Ville, les tensions politiques et idéologiques croissantes qui ont accompagné le déclin de la monarchie ;
- on peut, enfin, y trouver — et c’est l’aspect que je vais davantage essayer de développer — un exemple de stratégie mondaine, anti-intellectuelle et aristocratique.
Dès son enfance la marquise avait eu des liens avec la magistrature à travers les Ponchartrain, le Président de Montesquieu, le Président Molé. Elle était convaincue que la monarchie ne pouvait trouver un correctif au despotisme que dans la solidité des corps intermédiaires et l’autonomie des Parlements et non dans le changement des institutions. Face à la réforme de Maupeou, Madame de La Ferté-Imbault abandonnait le masque de la prudence mondaine et clamait haut et fort son indignation civique. Elle se souviendra avec fierté : « Personne n’a été plus à découvert pendant toute l’année 1771 comme bonne citoyenne, bonne parlementaire, et comme voyant dans le chancelier le bourreau de l’Etat » Anecdotes, 1773..
Mais la meilleure arme de la marquise restait le rire, d’où son surnom de Carillon, et sa bouffée de colère donna naissance à un nouveau jeu qui allait décupler son aura mondaine. Il semble en effet que le Sublime Ordre des Lanturelus soit né sur sa proposition pour défendre la cause des Parlementaires par un déferlement de vers satiriques contre le gouvernement. L’initiative rencontra un tel succès qu’on eut l’idée de créer un ordre entièrement consacré au badinage et à la dérision versifiée de ses membres. Une fois par semaine, reine et chevaliers se rencontraient pour lire leurs œuvres et pour en improviser d’autres. Grâce aux mystérieux mécanismes de la mode, ce jeu puéril et innocent attira les personnages les plus disparates et les noms les plus fastueux, à telle enseigne que la curiosité gagna Catherine de Russie. Le succès était sans précédent mais concordait pleinement avec la vogue des sociétés badines.
Didier Massau propose une lecture idéologique de ce jeu :
l’Ordre des Lanturelus ouvrait les portes d’un monde à l’envers où « la folie, la déraison et l’extravagance clairement affichées proclament le refus de l’esprit de sérieux et le désir de rompre avec ces salons où l’on ne cesse de réinventer le monde et la société » Didier Massau, op. cit., p. 89.. Il ne faut pourtant pas oublier que l’idée d’un ordre médiéval qui reprendrait des rites chevaleresques sur le mode burlesque, avait des racines profondes dans la tradition mondaine. On pense même que le refrain qui servait de rime collective, « lanturelu, lanturelu, lanturelu » Voir Mady Lafargue, Le Siècle de Lustucru : petite... avait été inventé par Voiture pour amuser l’hôtel de Rambouillet.
Au seuil de ses soixante ans, aimée et choyée par la grande société, reçue régulièrement à la cour, Madame de La Ferté-Imbault avait eu la satisfaction de donner d’elle une image de raison après celle de la déraison. Elle avait en effet composé un grand recueil de pensées tirées des plus grands philosophes anciens et modernes, et visant à démontrer les vérités éternelles de la morale chrétienne. Même les Lanturelus les plus fidèles avaient refusé de partir de ce précieux répertoire de sagesse pour écrire une anti-Encyclopédie, mais en compensation la comtesse de Marsan, gouvernante des enfants de France, lui avait demandé conseil pour les lectures des deux jeunes princesses royales.
https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2005-1-page-95.htm
On ne se souvient guère aujourd’hui de Madame de La Ferté-Imbault, marquise d’Étampes, née à Paris en 1715 — l’année où disparut Louis XIV — et morte, toujours à Paris, en 1791, à la veille de l’exécution de Louis XVI. Personnalité importante de la société mondaine de son temps, Madame de La Ferté-Imbault n’apparaît pas seulement dans les mémoires et les correspondances de ses contemporains; elle a laissé un témoignage direct de sa vie et de son monde dans divers Mémoires, Anecdotes, Lettres, Portraits aujourd’hui encore inédits. C’est à partir de ces manuscrits que les deux plus grands spécialistes de notre comtesse, le marquis de Ségur Pierre-Marie-Maurice-Henri de Ségur, Le Royaume de... et Constantin Photiadès Costantin Photiadès, La Reine des Lanturelus. Marie-Thérèse..., ont élaboré leurs biographies. C’est à partir de ces mêmes manuscrits Archives Nationales de France, Fonds d’Étampes, Valençay... que j’évoquerai la fille
Voir aussi Benedetta Craveri, L’Âge de la conversation,... de la célèbre Madame Geoffrin.
Madame de La Ferté-Imbault, à travers ses mémoires, est susceptible de plusieurs approches :
- elle nous offre, d’abord, une ouverture sur la vie privée au XVIIIe siècle;
- elle constitue, en second lieu, une source privilégiée sur Madame Geoffrin et les habitués de son salon;
- elle représente aussi un témoignage sur la manière dont ont pu être vécues, dans les cercles de la Cour et de la Ville, les tensions politiques et idéologiques croissantes qui ont accompagné le déclin de la monarchie ;
- on peut, enfin, y trouver — et c’est l’aspect que je vais davantage essayer de développer — un exemple de stratégie mondaine, anti-intellectuelle et aristocratique.
Dès son enfance la marquise avait eu des liens avec la magistrature à travers les Ponchartrain, le Président de Montesquieu, le Président Molé. Elle était convaincue que la monarchie ne pouvait trouver un correctif au despotisme que dans la solidité des corps intermédiaires et l’autonomie des Parlements et non dans le changement des institutions. Face à la réforme de Maupeou, Madame de La Ferté-Imbault abandonnait le masque de la prudence mondaine et clamait haut et fort son indignation civique. Elle se souviendra avec fierté : « Personne n’a été plus à découvert pendant toute l’année 1771 comme bonne citoyenne, bonne parlementaire, et comme voyant dans le chancelier le bourreau de l’Etat » Anecdotes, 1773..
Mais la meilleure arme de la marquise restait le rire, d’où son surnom de Carillon, et sa bouffée de colère donna naissance à un nouveau jeu qui allait décupler son aura mondaine. Il semble en effet que le Sublime Ordre des Lanturelus soit né sur sa proposition pour défendre la cause des Parlementaires par un déferlement de vers satiriques contre le gouvernement. L’initiative rencontra un tel succès qu’on eut l’idée de créer un ordre entièrement consacré au badinage et à la dérision versifiée de ses membres. Une fois par semaine, reine et chevaliers se rencontraient pour lire leurs œuvres et pour en improviser d’autres. Grâce aux mystérieux mécanismes de la mode, ce jeu puéril et innocent attira les personnages les plus disparates et les noms les plus fastueux, à telle enseigne que la curiosité gagna Catherine de Russie. Le succès était sans précédent mais concordait pleinement avec la vogue des sociétés badines.
Didier Massau propose une lecture idéologique de ce jeu :
l’Ordre des Lanturelus ouvrait les portes d’un monde à l’envers où « la folie, la déraison et l’extravagance clairement affichées proclament le refus de l’esprit de sérieux et le désir de rompre avec ces salons où l’on ne cesse de réinventer le monde et la société » Didier Massau, op. cit., p. 89.. Il ne faut pourtant pas oublier que l’idée d’un ordre médiéval qui reprendrait des rites chevaleresques sur le mode burlesque, avait des racines profondes dans la tradition mondaine. On pense même que le refrain qui servait de rime collective, « lanturelu, lanturelu, lanturelu » Voir Mady Lafargue, Le Siècle de Lustucru : petite... avait été inventé par Voiture pour amuser l’hôtel de Rambouillet.
Au seuil de ses soixante ans, aimée et choyée par la grande société, reçue régulièrement à la cour, Madame de La Ferté-Imbault avait eu la satisfaction de donner d’elle une image de raison après celle de la déraison. Elle avait en effet composé un grand recueil de pensées tirées des plus grands philosophes anciens et modernes, et visant à démontrer les vérités éternelles de la morale chrétienne. Même les Lanturelus les plus fidèles avaient refusé de partir de ce précieux répertoire de sagesse pour écrire une anti-Encyclopédie, mais en compensation la comtesse de Marsan, gouvernante des enfants de France, lui avait demandé conseil pour les lectures des deux jeunes princesses royales.
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Re: La marquise de la Ferté-Imbault
Mademoiselle Geoffrin devient marquise ... :n,,;::::!!!:
Fille unique et richement dotée, portant un nom déjà célèbre, elle était donc un excellent parti, et nul ne s’étonna quand, dans sa dix-huitième année, elle épousa le jeune marquis d’Estampes de la Ferté-Imbault, de l’une des grandes familles de France, colonel par métier, poète par goût, auteur d’une tragédie qui lui avait valu les éloges publics de Voltaire. Malgré les qualités de ce brillant époux, il ne parvint cependant pas à gagner le cœur de sa femme. Leurs humeurs ne s’accordaient pas, et la naissance d’une fille ne servit pas à rétablir la paix. Lorsque, après quatre ans de discorde, le marquis, au retour de la campagne d’Italie, mourut des suites d’un mal contracté à la guerre, sa veuve le pleura peu et ne s’en cacha guère. « Je m’enfermai, dit-elle, quelques jours au couvent,... pour pouvoir y rire à mon aise et pour jouir, sans témoin, de ma liberté reconquise. » Au vrai, ce qui lui déplaisait, c’était moins le mari que l’état de mariage. Sa passion de l’indépendance ne s’accommodait d’aucun joug, et elle se promit bien de ne jamais plus contracter ce qu’elle appelle « un engagement terrible ».
( le marquis de Ségur )
Fille unique et richement dotée, portant un nom déjà célèbre, elle était donc un excellent parti, et nul ne s’étonna quand, dans sa dix-huitième année, elle épousa le jeune marquis d’Estampes de la Ferté-Imbault, de l’une des grandes familles de France, colonel par métier, poète par goût, auteur d’une tragédie qui lui avait valu les éloges publics de Voltaire. Malgré les qualités de ce brillant époux, il ne parvint cependant pas à gagner le cœur de sa femme. Leurs humeurs ne s’accordaient pas, et la naissance d’une fille ne servit pas à rétablir la paix. Lorsque, après quatre ans de discorde, le marquis, au retour de la campagne d’Italie, mourut des suites d’un mal contracté à la guerre, sa veuve le pleura peu et ne s’en cacha guère. « Je m’enfermai, dit-elle, quelques jours au couvent,... pour pouvoir y rire à mon aise et pour jouir, sans témoin, de ma liberté reconquise. » Au vrai, ce qui lui déplaisait, c’était moins le mari que l’état de mariage. Sa passion de l’indépendance ne s’accommodait d’aucun joug, et elle se promit bien de ne jamais plus contracter ce qu’elle appelle « un engagement terrible ».
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Re: La marquise de la Ferté-Imbault
.
LA FERTE-IMBAULT
ROYAUME DES LANTURELUS
Le Service d’accueil des visiteurs
tous ceulx qui ces présentes lignes verront, salut.
Scavoir faisons que vous este bienvenu(e) dans le Royaulme des Lanturelus.
signé : deux lanturelus
Le Royaume des Lanturelus est l’espace numérique officiel des Lanturelus, association loi 1901 qui oeuvre pour promouvoir et conserver les différents patrimoines de La Ferté-Imbault, commune de Loir-et-Cher à l’histoire riche qui a longtemps rayonné dans une partie de la Sologne.
Vous trouverez sur ce site : notre actualité mais aussi celle du village, une veille culturelle élargie à la Sologne et au département de Loir-et-Cher, des informations sur notre association et nos projets, des ressources historiques sur La Ferté-Imbault et des liens et un annuaire vers les autres acteurs du patrimoine local.
« Ilz déblaterent dans leur petite Solongne,
& leur Royaulme pour lors dort.
Sortira un iour de leur besongne,
Vne histoyre riche comme l’or.
Les gens diront : « as-tu vu ?
C’est le Roy & ses Gens : les Lanturelus ! »
L’Ode aux Lanturelus
http://www.leslanturelus.fr/le-chateau-de-la-ferte-imbault/
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« Ilz déblaterent dans leur petite Solongne,
& leur Royaulme pour lors dort.
Sortira un iour de leur besongne,
Vne histoyre riche comme l’or.
Les gens diront : « as-tu vu ?
C’est le Roy & ses Gens : les Lanturelus ! »
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