La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La France et le Monde au XVIIIe siècle :: Les Lumières : Littérature, sciences et philosophie
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Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Le 19 janvier 1784, le prince de Ligne est à Lyon pour voir son fils Charles participer au vol du Flesselles.
Alors que Charles déborde d'enthousiasme et embarque le coeur léger, son père est plus mort que vif .
Petit flashback :
Joseph de Montgolfier avait voulu construire un énorme ballon, pour pouvoir couvrir de longues distances, de Lyon à Paris par exemple. Le succès de ses premières expériences lui avait permis d'ouvrir une souscription.
Un ballon de 23 270 m3, un des plus grands jamais construits, d'un poids de sept tonnes, capable d'emmener sept personnes, est mis en chantier. La construction est assurée par un ami de Joseph, un dénommé Fontaine, avec sous ses ordres 150 tailleurs et couturiers.
C'était une immense machine dont la voûte offrait les dimensions de la coupole du Panthéon de Paris. Il avait la forme d'une sphère terminée à sa partie inférieure par un cône tronqué, autour duquel régnait une large galerie où devaient se tenir les voyageurs. La calotte supérieure était blanche, le reste grisâtre. Aux deux côtés du globe étaient attachés deux médaillons, dont l'un représentait l'Histoire et l'autre la Renommée.
Enfin, il portait un pavillon aux armes de l'intendant de province avec ces mots : Flesselles
Jean-François Pilâtre de Rozier arriva à Lyon en décembre, appelé par Jacques de Flesselles et/ou recommandé par Étienne. Il y eut quelques frictions entre lui et Joseph, entre l'aéronaute expérimenté et l'inventeur.
Les essais captifs ont lieu du 7 au 15 janvier 1784. Le ballon a souffert de l'hiver rigoureux cette année-là. De plus, du fait de sa taille, le gonflement est très délicat, surtout avec des aides aérostiers peu expérimentés. Le temps peu favorable et une lutte entre les souscripteurs pour savoir qui volerait faillit faire capoter le projet.
Enfin, le 19 janvier, le temps est propice et les esprits calmés, 100 000 Lyonnais sont présents et même Pierre, le père des deux inventeurs est là.
L'ascension se fit aux Brotteaux. Prennent place à bord du Flesselles, Joseph dont c'est le seul et unique vol, Pilâtre, le comte de Laurencin qui avait amené une grande partie des fonds, le comte de Dampierre, le marquis de Laporte d'Anglefort, le prince de Ligne et le jeune Fontaine.
Un resquilleur est évacué tel un sac de sable. :
Le décollage est laborieux mais il se déroule normalement tout de même. Au bout de douze minutes de vol, le vent change et ramène le ballon au point de départ.
Le ballon n'était pas depuis un quart d'heure dans les airs, lorsque àè-è\': àè-è\': àè-è\': se fît dans l'enveloppe une déchirure de 15 mètres de long. Le volume énorme de la machine, le nombre des voyageurs, le poids excessif du lest, le mauvais état des toiles, fatigués par de trop longues manœuvres, avaient rendu cet accident presque inévitable. Il faillit avoir des suites funestes. Parvenu en ce moment à 800 mètres de hauteur, l'aérostat s'abattit avec une rapidité effrayante. L'on vit aussitôt, à en croire les récits de l'époque, soixante mille personnes courir vers l'endroit où la machine allait tomber.
Le ballon perdit rapidement de l'altitude et atterrit brutalement à une centaine de mètres de son point de départ. Les voyageurs sont choqués mais indemnes, ce qui n'est pas le cas du ballon à moitié brûlé qui est irrécupérable.
Heureusement, et grâce à l'adresse de Pilâtre de Rozier, cette descente rapide n'entraîna pas des suites graves et les voyageurs en furent quittes pour un choc un peu rude. On aida les aéronautes à se dégager des toiles qui les enveloppaient. Joseph Montgolfier, en cet accident, avait été le plus maltraité.
Hélas ! c'est à notre voyage de Lyon, pour voir le plus grand ballon, le second mais le premier par le nombre et l'importance des embarqués dans la nacelle, que mon coeur eut bien à souffrir . Charles avait donné cent louis et sa parole . Les cents louis ne m'auraient rien fait ( : ) mais comment revenir sur le reste ? On déjeunait aux Brotteaux. On s'amusait aux essais qu'on faisait de son ascension. J'espérais que tous seraient inutiles . On s'accoutume à tout. On se fait illusion.
Quelle peine n'éprouvai-je pas quand, malheureusement, au bout de sept ou huit expériences, le diable de machine s'éleva et, dans une minute, ne me parut pas plus que de la grosseur d'une pleine lune !
Regarder, m'alarmer, me réjouir, ne fut que l'affaire d'un quart d'heure . De ce ballon monstre, moitié descendant, moitié tombant, je vis sortir mon cher Charles noir comme un charbonnier, mais encore plus porté aux nues moralement que physiquement, car il fut chanté, célébré, applaudi au spectacle et partout .
( Le prince de Ligne : Fragments de l'histoire de ma vie )
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Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
;
Le chevalier de Boufflers s'envoie en l'air lui aussi ! : .... .
Jarville-la-Malgrange a connu l'époque héroïque des premiers envols de l'aviation.
Ce que l'on sait peut être moins, c'est que sur son territoire, ont eu lieu des expériences aérostatiques un an après que le premier ballon, celui des frères Montgolfier ce soit élevé dans les airs.
Le chevalier de Boufflers sacrifie à l'engouement général. Se rendant sans doute aux sollicitations de ses proches et du cercle brillant d'amis dont il fait les délices, l'aimable filleul du roi de Pologne satisfait leur attente dans cette propriété suburbaine de la Ménagerie, ou Petite Malgrange, achetée à sa mère par Stanislas et Louis XV, et où il se retire volontiers.
Mais laissons parler Nicolas Durival, qui habitait alors non loin de ce domaine, à Heillecourt, et qui fut, en conséquence, à bon poste pour prendre sa part du divertissement.
Le 29 avril 1784, l'ancien lieutenant général de police de Nancy consigne dans son Journal :
« M. le chevalier de Boufflers faisait travailler à la Malgrange à un aérostat-montgolfier. Il devait être lancé aujourd'hui à 4 heures après-midi, à la suite d'un grand repas où étaient la marquise de Boufflers, sa mère, la comtesse de Boisgelin, sa sœur, etc. En effet, on en fit l'essai ; il se fit des ruptures, on les raccommoda. Enfin il fut lancé vers le soir, en présence d'une foule de spectateurs et avec de grandes acclamations. Il s'éleva plus haut que la maison, passa par dessus, se renversa et tomba dans les jardins sur ceux qui s'y trouvaient et fut mis en pièces, chacun voulant en avoir un morceau ».
Peu après, nouvelles tentatives:
« 5 mai. M. le chevalier de Boufflers a fait partir de la Malgrange vers midi et demie un aérostat qui s'est bien élevé et, passant sur Heillecourt, est allé tomber près de Frocourt » (près de Fléville).
« 6 mai. M. le chevalier de Boufflers a encore lancé à la Malgrange l'aérostat d'hier raccommodé. Il s'est bien élevé et a tombé vers la chaussée de Mirecourt ».
Les expériences du 9 mai, enfin, eurent un certain retentissement dans la région :
« M. le chevalier de Boufflers a fait partir trois aérostats de la Malgrange. Le premier à 5 heures 1/2 après-midi, que j'ai vu de ma galerie, s'est élevé d'environ 200 pieds obliquement, a décliné ensuite et s'est abattu dans les prés de Jarville où il a brûlé. Le deuxième à 6 heures 1/2 a passé sur la carrière de sable de Heillecourt et a tombé un peu plus loin que la Croix. Le dernier à 7 heures 1/2 est allé jusqu'auprès de la Laneuveville, où il a été consumé en un instant. Il y avait un monde étonnant à la Malgrange, tant de la ville que des villages, et presque tout le régiment du Roy était dans l'avenue de la Malgrange en promenade militaire. » [Source : Les premières expériences aérostatiques faites en Lorraine 1733-1738 P. Boyé (1909)].
http://jarvillehier.free.fr/articles.php?lng=fr&pg=36&mnuid=9&tconfig=0
Le chevalier de Boufflers s'envoie en l'air lui aussi ! : .... .
Jarville-la-Malgrange a connu l'époque héroïque des premiers envols de l'aviation.
Ce que l'on sait peut être moins, c'est que sur son territoire, ont eu lieu des expériences aérostatiques un an après que le premier ballon, celui des frères Montgolfier ce soit élevé dans les airs.
Le chevalier de Boufflers sacrifie à l'engouement général. Se rendant sans doute aux sollicitations de ses proches et du cercle brillant d'amis dont il fait les délices, l'aimable filleul du roi de Pologne satisfait leur attente dans cette propriété suburbaine de la Ménagerie, ou Petite Malgrange, achetée à sa mère par Stanislas et Louis XV, et où il se retire volontiers.
Mais laissons parler Nicolas Durival, qui habitait alors non loin de ce domaine, à Heillecourt, et qui fut, en conséquence, à bon poste pour prendre sa part du divertissement.
Le 29 avril 1784, l'ancien lieutenant général de police de Nancy consigne dans son Journal :
« M. le chevalier de Boufflers faisait travailler à la Malgrange à un aérostat-montgolfier. Il devait être lancé aujourd'hui à 4 heures après-midi, à la suite d'un grand repas où étaient la marquise de Boufflers, sa mère, la comtesse de Boisgelin, sa sœur, etc. En effet, on en fit l'essai ; il se fit des ruptures, on les raccommoda. Enfin il fut lancé vers le soir, en présence d'une foule de spectateurs et avec de grandes acclamations. Il s'éleva plus haut que la maison, passa par dessus, se renversa et tomba dans les jardins sur ceux qui s'y trouvaient et fut mis en pièces, chacun voulant en avoir un morceau ».
Peu après, nouvelles tentatives:
« 5 mai. M. le chevalier de Boufflers a fait partir de la Malgrange vers midi et demie un aérostat qui s'est bien élevé et, passant sur Heillecourt, est allé tomber près de Frocourt » (près de Fléville).
« 6 mai. M. le chevalier de Boufflers a encore lancé à la Malgrange l'aérostat d'hier raccommodé. Il s'est bien élevé et a tombé vers la chaussée de Mirecourt ».
Les expériences du 9 mai, enfin, eurent un certain retentissement dans la région :
« M. le chevalier de Boufflers a fait partir trois aérostats de la Malgrange. Le premier à 5 heures 1/2 après-midi, que j'ai vu de ma galerie, s'est élevé d'environ 200 pieds obliquement, a décliné ensuite et s'est abattu dans les prés de Jarville où il a brûlé. Le deuxième à 6 heures 1/2 a passé sur la carrière de sable de Heillecourt et a tombé un peu plus loin que la Croix. Le dernier à 7 heures 1/2 est allé jusqu'auprès de la Laneuveville, où il a été consumé en un instant. Il y avait un monde étonnant à la Malgrange, tant de la ville que des villages, et presque tout le régiment du Roy était dans l'avenue de la Malgrange en promenade militaire. » [Source : Les premières expériences aérostatiques faites en Lorraine 1733-1738 P. Boyé (1909)].
http://jarvillehier.free.fr/articles.php?lng=fr&pg=36&mnuid=9&tconfig=0
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Mme de Sabran- Messages : 55383
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Merci, ma chère Clio !
Il m'avait écrit ses impressions, à peu près les mêmes que celles de Youri Gagarine ( l'absence de Dieu en moins : )
Je retrouverai cette lettre !
Il m'avait écrit ses impressions, à peu près les mêmes que celles de Youri Gagarine ( l'absence de Dieu en moins : )
Je retrouverai cette lettre !
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Mme de Sabran- Messages : 55383
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Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Sujets fusionnés .
Merci, chère Comtesse, pour ce florilège de gravures !
Les tout tout premiers parachutes : voilà ce qui manquait encore dans ce sujet . Le premier, de 1783, semble lancé d'une très haute fenêtre, le second d'un ballon qui ensuite se dégonfle ?!! Incroyable !
La question demande à être creusée . :n,,;::::!!!:
Merci, chère Comtesse, pour ce florilège de gravures !
Les tout tout premiers parachutes : voilà ce qui manquait encore dans ce sujet . Le premier, de 1783, semble lancé d'une très haute fenêtre, le second d'un ballon qui ensuite se dégonfle ?!! Incroyable !
La question demande à être creusée . :n,,;::::!!!:
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Infortuné Pilâtre...Merci comtesse. Pour le premier vrai parachute , il me semble que c'était au parc Monceau.
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
C'est passionnant, n'est-ce pas !
Ainsi, Louis-Sébastien Lenormand, que l'on voit sur la douzième gravure postée ci-dessus par vous, chère Comtesse Diane, inventa le terme "parachute", à partir du mot "parasol" pour désigner l'engin (muni de fortes armatures en bois), qu'il utilisa pour sauter de l'observatoire de Montpellier le 26 décembre 1783 après l’avoir testé sur des animaux. La fonction initiale de son invention était de sauver les gens lors des incendies d’immeubles.
Tout tout tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le parachute :n,,;::::!!!: sans oser le demander, c'est ici :
http://parachutisme.tra-son.fr/Levolution-du-parachute-au-cours-du-temps.html
Ainsi, Louis-Sébastien Lenormand, que l'on voit sur la douzième gravure postée ci-dessus par vous, chère Comtesse Diane, inventa le terme "parachute", à partir du mot "parasol" pour désigner l'engin (muni de fortes armatures en bois), qu'il utilisa pour sauter de l'observatoire de Montpellier le 26 décembre 1783 après l’avoir testé sur des animaux. La fonction initiale de son invention était de sauver les gens lors des incendies d’immeubles.
Tout tout tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le parachute :n,,;::::!!!: sans oser le demander, c'est ici :
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Mme de Sabran- Messages : 55383
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Bien sûr Léonard de Vinci y avait déjà pensé, avant tout le monde le gars ! :\\\\\\\\:
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Voici, mais sous un angle différent, toujours la même fameuse ascension aérostatique ( ma préférée : ) qui eut lieu dans le parc du château de la Muette en 1783 en présence de la famille royale, de la Cour, de Franklin, etc.
Cette montgolfière, dans la nacelle de laquelle avaient pris place Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes, atterrit vingt minutes plus tard à la Butte aux Cailles.
Cette montgolfière, dans la nacelle de laquelle avaient pris place Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes, atterrit vingt minutes plus tard à la Butte aux Cailles.
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Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
CLIOXVIII a écrit:Infortuné Pilâtre...
D'Arlandes eut plus de chance ( enfin, si l'on veut ... ) et mourut dans son lit, dans son château de de Saleton qui l'avait vu naître .
Euh ... je préfère celui de Sans-Souci ! boudoi26
HOMMAGE AU MARQUIS D'ARLANDES
Publié le 25/10/2010 à 10:19 par Foubert
Dès mes débuts dans l'aérostation, j'ai toujours été attiré par la personnalité du marquis d'Arlandes, souvent eclipsée par celle, beaucoup plus complexe et médiatisée, de Pilâtre de Rozier. Après quelques recherches, je vous livre cette petite étude inédite.
François-Laurent d’Arlandes est né dans la province du Dauphiné le 26 septembre 1742 non loin d’Annonay, au château familial de Saleton à Anneyron (Drôme). Ainé de huit enfants, le jeune d’Arlandes embrasse de bonne heure la carrière militaire. A trente huit ans et après vingt années d’excellent service, il quitte l’uniforme, amer et déçu par des promesses non tenues. Pour des raisons de santé il prend sa retraite avec le grade de major dans le régiment de Bourbonnais. Il est décoré de l’ordre royal militaire de chevalier de Saint-Louis. Bénéficiaire d’une modeste pension, il se retire en 1780 dans son château de Saleton où il s’adonne à sa passion favorite, l’étude de la physique et de l’astronomie.
Attiré déjà par l’idée de voler, il ajoute une tour en pierre à sa demeure pour des expériences de parachutisme rudimentaire, essais qu’il réitére en 1782 en sautant dans les carrières de Montmartre, à Paris. A cette époque, la province n’offre guère de débouché intellectuel pour un érudit comme d’Arlandes. Sans doute gagné par l’ennui et les idées nouvelles, il s’installe à Paris.
Intelligent, instruit, muni d’un bel esprit, il se fait ouvrir les portes des salons à la mode et fréquente les milieux scientifiques. Il se fait admettre dans l’entourage du duc d’Orléans, prince de sang et gouverneur du Dauphiné, qui le tient en grande estime. Le marquis publie divers travaux et se met en relation avec l’Académie Royale des Sciences. Il rencontre Benjamin Franklin, alors ministre plénipotentiaire des Etats-Unis, qui sera plus tard témoin du premier vol libre et signataire du procès-verbal.
Invité à se rendre à Paris par le roi et l’Académie des sciences, Etienne Montgolfier s'est installé dans le faubourg Saint-Antoine, plus précisément dans la manufacture depapier peint de son ami Jean-Baptiste Réveillon. Après l’envol réussi de trois animaux, le 19 septembre 1783 à Versailles devant la Cour, Etienne construit aux frais du roi un nouvel aérostat. Le ballon est prévu pour soulever deux hommes avec un foyer mais seuls des vols captifs sont envisagés, le transport d’êtres humains dans l’atmosphère étant encore prématurés. Parmi les nombreux visiteurs qui se pressent chaque jour chez Réveillon afin d’assister à la construction et aux premières expériences, Jean-François Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes sont les plus assidus. Pilâtre s'est rapidement imposé à Etienne et a obtenu de lui l’autorisation de piloter la nouvelle machine, ce qu’il fait en maître. En esprit curieux et scientifique, d’Arlandes s’est naturellement passionné pour les débuts prometteurs de la jeune science aéronautique. Le major connait les frères Montgolfier de longue date, surtout Joseph de deux ans son ainé. Ensemble, ils ont fait leurs études au collège jésuite de Tournon.
Le 19 octobre, Etienne invite d’Arlandes à prendre place à bord de la montgolfière qui s’envole à 100 mètres du sol. Pilâtre se sent prêt à tenter l’aventure d’un vol libre mais il se heurte aux craintes d’Etienne et au veto du roi. Louis XVI oppose un refus obstiné au projet mais se dit prêt à autoriser malgré tout deux condamnés à mort à tenter l’expérience, une occasion inespérée pour ces derniers de racheter leur liberté. Cette proposition, jugée scandaleuse, est bien sûr rejetée par Pilâtre et d’Arlandes qui voient leurs rêves partir en fumée. Malgré ses hautes relations et de solides protections, un roturier comme Pilâtre ne peut décider le monarque à revenir sur sa décision. C’est alors que la présence assidue de d’Arlandes chez Réveillon se révéle fort utile.
Après son ascension dans la montgolfière, François-Laurent se charge de solliciter une nouvelle fois Louis XVI dans une ultime tentative destinée à le faire revenir sur son veto. Peu habitué à ce genre de démarche, trop directe selon le protocole en vigueur , le roi reçoit assez mal d’Arlandes qui s’en sort toutefois par un trait d’esprit qui plaît à son hôte. Apparenté à la grande famille de Clermont-Tonnerre, le marquis a également ses entrées à la Cour du Dauphin, fils ainé du couple royal. Il réussit à ranger de son côté la duchesse de Polignac, toute puissante gouvernante des Enfants de France et grande amie de la reine. Devant l’insistance de la duchesse et l’intérêt de Marie-Antoinette, le roi autorise le marquis à entreprendre le tout premier vol libre humain de l’Histoire.
Un mois plus tard et malgré de nombreuses difficultés, l’aérostat est enfin prêt et amené dans les jardins du château de la Muette, résidence du Dauphin. Déjà bien rodé à la manœuvre délicate d’une montgolfière, Pilâtre est naturellement désigné pour accompagner le marquis. Le décollage est prévu pour le 20 novembre mais par suite du mauvais temps est repoussé au lendemain 21. Dans la crainte d’un échec, voire d’une catastrophe, le couple royal préfére ne pas être présent. Le vendredi 21 novembre 1783, le temps est couvert et le vent souffle en rafales. La montgolfière, de 2200 mètres cubes est gonflée non sans mal mais se déchire sur un mât. Promptement réparée, elle décolle à 14 heures. Tout se passe bien à bord du ballon qui monte quand même à mille mètres, très bien manœuvré par les deux hommes. Après vingt cinq minutes de ce vol historique, Pilâtre et le marquis prennent terre sur la butte aux Cailles, actuellement dans le XIIIème arrondissement de Paris, entre deux moulins. Paris est survolé sur la rive gauche, encore très peu habitée, et dix kilomètres environ sont franchis. L’impensable s'est enfin produit : l’être humain peut enfin voler.Après ce succès, d’Arlandes est le héros du jour, aux côtés de Pilâtre. Loué par tout le monde, son nom figure dans toutes les gazettes, son portrait est reproduit sur les éventails, les médaillons et les boîtes de toutes sortes sans oublier les innombrables gravures qui popularisent son image.
En 1784, d’Arlandes s’occupe une deuxième et dernière fois d’aérostation en compagnie de l’abbé Miolan et du graveur Jean-François Janinet. Non content d’avoir inventé la montgolfière, Joseph Montgolfier a également pensé à la diriger en créant une réaction produite par l’ouverture de soupapes latérales. Sur ce principe très simple, l’abbé Miolan entreprend la construction d’une énorme montgolfière avec l’aide de Janinet et du mécanicien Bredin. L’aventure est soutenue par le grand savant Saussure et une souscription est organisée pour couvrir les frais. Enrichi par l’expérience de son vol libre, d’Arlandes a imaginé un système destiné à réduire les risques d’incendie en montgolfière. Des mâts, fixés dans la galerie, soutiennent l’enveloppe et l’empêchent de retomber sur le foyer lors du gonflage ou de l’atterrissage. Ce système ingénieux supprime l’emploi très encombrant de l’estrade et des poteaux. Poussé par le même élan créateur, François-Laurent a également inventé un système d’étouffoir pour le foyer. Mais le système de mâts ne donne pas les résultats espérés et on les supprime après un premier vol captif. Le décollage est décidé pour le 11 juillet 1784, vers midi, dans les jardins du Luxembourg. A dix sept heures, l’aérostat n'est toujours pas gonflé et la foule mécontente se rue sur le ballon, le met en pièce et l’incendie pour finir. Prenant la fuite, poursuivis par les quolibets, Miolan et Janinet disparaissent à jamais du paysage aéronautique. D’Arlandes, échaudé sans doute par cet épisode peu glorieux, se met également définitivement en retrait.
Durant l’époque de la Terreur, le marquis dut quitter Paris pour échapper à la guillotine et se réfugia dans sa gentilhommière de Saleton. Il se fit oublier et vécut les années qui lui restèrent dans son château, seul, célibataire et sans enfant. Privé de ses revenus par la Révolution, il finit son existence très modestement, voire misérablement, le château étant même hypothéqué. Il s’éteignit sans ressource, abandonné, le 1er mai 1809,sans même recevoir un dernier hommage posthume de ses contemporains.
Il fut inhumé dans l’église de Saleton mais sa tombe disparut quelques années plus tard. Un monument, érigé sur l’aérodrome de Saint-Rambert-d’Albon (Drôme), rappelle aujourd’hui la mémoire du marquis injustement oubliée.
François-Laurent d’Arlandes mérite pourtant la place d’honneur dans le Panthéon de l’Air aux côtés de Pilâtre de Rozier. C’est par son entremise et ses relations que le premier vol habité humain a pu avoir lieu, grâce également au caractère aventureux et pratique de son compagnon Pilâtre. Son courage n’est pas à mettre en doute, malgré quelques hésitations bien compréhensibles, et il seconda parfaitement Pilâtre dans le pilotage de la montgolfière. Le récit qu’il fit immédiatement après le vol de la Muette, est un modèle de modestie dans lequel il montre généreusement toute son admiration et sa reconnaissance pour son commandant de bord.
Philippe Foubert.
Gravure : collection Philippe Foubert.
Article paru dans l'Aéronote (magazine de la FFA).
http://foubert.centerblog.net/7-le-marquis-arlandes-un-grand-meconnu
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Mme de Sabran- Messages : 55383
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Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Nous avons lancé une montgolfière ce matin, de la maison . C'est d'un poétique !
Dans sa course ( ou plutôt son vol ), elle est allée frôler un grand cèdre et la nacelle a tangué de tous côtés.
Même pas peur ! ( j'étais restée sur le plancher des vaches, cette fois-ci )
Dans sa course ( ou plutôt son vol ), elle est allée frôler un grand cèdre et la nacelle a tangué de tous côtés.
Même pas peur ! ( j'étais restée sur le plancher des vaches, cette fois-ci )
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Mme de Sabran- Messages : 55383
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Chère Eleanor,
Vous n'avez pas des photos de vol de votre ballon ..
Ah.. un grand cèdre .. mon arbre bien-aimé
Vous vivez une vie simple de campagne?
J'ajoute peu de ce sujet:
Madame Cradock dans son journal a vu la Reine au balcon de Tuileries le 1er décembre 1783.
Mais aucun journal du temps n´écrit rien de sa présence.Par contre, elle a eu un accès de fièvre un peu avant..
Leos
Vous n'avez pas des photos de vol de votre ballon ..
Ah.. un grand cèdre .. mon arbre bien-aimé
Vous vivez une vie simple de campagne?
J'ajoute peu de ce sujet:
Madame Cradock dans son journal a vu la Reine au balcon de Tuileries le 1er décembre 1783.
Mais aucun journal du temps n´écrit rien de sa présence.Par contre, elle a eu un accès de fièvre un peu avant..
Leos
Leos- Messages : 794
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Age : 54
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Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Merci LEOS !
En Ardèche, nous avons beaucoup de cèdres !
En Ardèche, nous avons beaucoup de cèdres !
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Merci, cher Leos, pour cet intéressant et si vivant extrait du Journal de Mme Cradock !
Ces expériences en ballon passionnaient vraiment les foules . Ah ! le rêve d'Icare n'a toujours pas pris une ride .
Si si, en voici !
[url=https://servimg.com/view/19517119/3651]
Ces expériences en ballon passionnaient vraiment les foules . Ah ! le rêve d'Icare n'a toujours pas pris une ride .
Leos a écrit:Chère Eleanor,
Vous n'avez pas des photos de vol de votre ballon ..
Si si, en voici !
[url=https://servimg.com/view/19517119/3651]
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Mme de Sabran- Messages : 55383
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Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Bon sang ! C'est magnifique !
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Chere Eleanor,
Beau paysage ....
Beau château mystérieux
Cèdres ...
Globe ou ballon superbe !!
Merci pour les photos..
Leos
Beau paysage ....
Beau château mystérieux
Cèdres ...
Globe ou ballon superbe !!
Merci pour les photos..
Leos
Leos- Messages : 794
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La nuit, la neige- Messages : 18096
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
C'est vrai que tes photos sont fabuleuses et nous font prendre l'air du haut ...
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Ce ballon-ci était de petite taille . La nacelle ne tenait pas plus de trois personnes à l'aise, quatre en se tassant un peu .
Ce qui est étonnant, c'est la rapidité de l'ascension. Dès lors que le ballon s'envole, il disparaît très rapidement ! Il va où le vent le porte et se pose exactement à son idée et non pas où le pilote choisirait de le faire, en général un champ, parfois non loin de vaches placides.
Les agriculteurs lui font la plupart du temps bon accueil .
Ce qui est étonnant, c'est la rapidité de l'ascension. Dès lors que le ballon s'envole, il disparaît très rapidement ! Il va où le vent le porte et se pose exactement à son idée et non pas où le pilote choisirait de le faire, en général un champ, parfois non loin de vaches placides.
Les agriculteurs lui font la plupart du temps bon accueil .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
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Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
J'adore les poutoules !
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Vous voulez dire les petites mules à talons ?
Elles sont mignonnes, en effet .
Elles sont mignonnes, en effet .
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Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La conquête du ciel au XVIIIe siècle, les premiers ballons et montgolfières !
Le 4 mai prochain, l'étude Millon proposera en vente aux enchères toute une collection de gravures anciennes autour de ce thème, principalement du XVIIIe et début du XIXe siècles.
En vrac...
Qui veut faire un tour ?
Où l'on remarque que Louis XVIII est entré solennellement dans Paris, en 1814, accompagné d'un ballon (pas depuis un ballon )
* Source et infos complémentaires, ici (à partir du lot 356) : http://www.millon.com/html/index.jsp?id=87935&np=3&lng=fr&npp=150&ordre=&aff=1&r=
En vrac...
Qui veut faire un tour ?
Où l'on remarque que Louis XVIII est entré solennellement dans Paris, en 1814, accompagné d'un ballon (pas depuis un ballon )
* Source et infos complémentaires, ici (à partir du lot 356) : http://www.millon.com/html/index.jsp?id=87935&np=3&lng=fr&npp=150&ordre=&aff=1&r=
La nuit, la neige- Messages : 18096
Date d'inscription : 21/12/2013
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