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Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers

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Message par Mme de Sabran Jeu 27 Avr 2017, 14:40

Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers 61zakz10

J'attends avec impatience votre commentaire au sujet de cette nouvelle parution...  Wink
Mais quelle vilaine couverture !


Le lit bleu, correspondance 1777-1785
La comtesse de Sabran et le chevalier de Boufflers.



Présentation : Sue Carrell
Chez Tallandier (septembre 09)

Note de l’éditeur :

On dit que l’amour heureux n’a pas d’histoire. Mais si : il suffit d’insérer entre chaque étape – amour, mariage, bonheur – une attente suffisamment longue, nourrie de péripéties multiples (à cet égard, la Révolution fait bien l’affaire). Il est vrai que les heureux époux risquent de ne plus être jeunes ; et encore faut-il s’entendre sur ce qu’on veut dire par bonheur : jeunesse et vieillesse n’en ont pas la même conception.

En mai 1777, le prince de Ligne présente le chevalier de Boufflers à Madame de Sabran. Ils ne passeront leur première nuit dans le ravissant lit bleu que quatre ans plus tard, et ne se marieront qu’en mai 1797.
Pourquoi ces vingt ans d’attente ? Madame de Sabran était veuve ; Stanislas-Jean de Boufflers aurait pu l’épouser, s’il avait renoncé à son statut de chevalier de Malte. Mais c’était renoncer aussi au plus clair de ses revenus, à ses bénéfices ecclésiastiques.
Homme d’honneur, il ne voulait pas demander à sa future femme de subvenir aux frais du ménage : les biens de Madame de Sabran devaient appartenir à ses deux jeunes enfants.
En 1797 ils ne possèdent plus rien, ni l’un ni l’autre. Ils se marient donc, et en 1803 ils s’installent à la campagne près de Paris. Ils plantent deux arbres, un chêne et un tilleul, en souvenir de la fable d’Ovide, Philémon et Baucis ; ils cultivent leur jardin ; et ils y sont heureux. « Avait-on lieu de se flatter que les derniers instants de l’automne seraient si doux, si gracieux ?
Le bonheur arrive souvent sans qu’on y pense », dira un de leurs amis, en automne 1808.

La correspondance du chevalier de Boufflers et de la comtesse de Sabran est très connue, mais mal connue. En particulier, les lettres échangées par les deux amants entre 1777 et 1785, publiées en 1875 et en 1891 dans deux éditions différentes, sont extrêmement difficiles à comprendre car les éditeurs ont renoncé à établir un ordre chronologique. Cette nouvelle édition, établie presque exclusivement à partir des manuscrits dont la plupart sont inédits, permettra aux lecteurs de découvrir cette belle correspondance d’amour du XVIIIe siècle.

Spécialiste de la littérature épistolaire française du XVIIIe siècle, longtemps professeur aux États-Unis, Sue Carrell se consacre exclusivement depuis 1999 aux recherches dans les archives de la famille Sabran et à l’écriture.

-  Merci de nous apprendre cette nouvelle édition de ma correspondance avec M. de Boufflers .    :n,,;::::!!!:    Je l'avais trouvée à la B.U. de Caen, dévorée, puis rendue comme il se doit, d'où une frustration terrible !!!!
Je vais la commander illico !!!!    et je la conseille à tous nos amis du Boudoir : c'est une lecture délicieuse et exaltante . On a rarement si bien parlé d'amour que Mme de Sabran et son chevalier.

C'est beau :  On dit que l’amour heureux n’a pas d’histoire. Mais si : il suffit d’insérer entre chaque étape – amour, mariage, bonheur – une attente suffisamment longue, nourrie de péripéties multiples (à cet égard, la Révolution fait bien l’affaire). Il est vrai que les heureux époux risquent de ne plus être jeunes ; et encore faut-il s’entendre sur ce qu’on veut dire par bonheur : jeunesse et vieillesse n’en ont pas la même conception.
En mai 1777, le prince de Ligne présente le chevalier de Boufflers à Madame de Sabran. Ils ne passeront leur première nuit dans le ravissant lit bleu que quatre ans plus tard, et ne se marieront qu’en mai 1797.

Pourquoi ces vingt ans d’attente ? Madame de Sabran était veuve ; Stanislas-Jean de Boufflers aurait pu l’épouser, s’il avait renoncé à son statut de chevalier de Malte. Mais c’était renoncer aussi au plus clair de ses revenus, à ses bénéfices ecclésiastiques.
Homme d’honneur, il ne voulait pas demander à sa future femme de subvenir aux frais du ménage : les biens de Madame de Sabran devaient appartenir à ses deux jeunes enfants.
En 1797 ils ne possèdent plus rien, ni l’un ni l’autre. Ils se marient donc,
Sans un sou vaillant  !!!      Je reconnais bien là le désintéressement de M. de Boufflers.

En 1803 ils s’installent à la campagne près de Paris. Ils plantent deux arbres, un chêne et un tilleul, en souvenir de la fable d’Ovide, Philémon et Baucis ; ils cultivent leur jardin ; et ils y sont heureux. « Avait-on lieu de se flatter que les derniers instants de l’automne seraient si doux, si gracieux ?
Le bonheur arrive souvent sans qu’on y pense »

Baucis et Philémon    Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers Janus_10


-  Alleluya !!!!! J'ai enfin reçu Le lit bleu, correspondance 1777-1785, la comtesse de Sabran et le chevalier de Boufflers.
Je suis enchantée!!!!!!!

Voici la quatrième de couverture :  Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers Tylych74

Un jour de mai 1777, le prince de Ligne présente le chevalier de Boufflers à la comtesse Eléonore de Sabran.
Boufflers tombe passionnément amoureux de la charmante jeune veuve, mais elle, qui n'a jamais connu l'amour, hésite : ne serait-ce pas mieux de s'en tenir à une amitié calme, pure et constante ?
Pendant quatre ans, ils bavardent avec délicatesse, avec tendresse : on a tant de choses à se dire quand on ne se connaît pas encore et qu'on s'aime déjà. " Il faut, pour notre bien commun, que vos idées passent continuellement en moi et les miennes en vous, comme de l'eau qui s'épure et qui s'éclaircit quand on la transvase souvent ", lui écrit-il.
Le 2 mai 1781, ils se donnent enfin l'un à l'autre dans un grand lit bleu et, au printemps de 1797, vingt ans après leur première rencontre, ils s'épousent. " Ne changeons jamais que pour devenir époux d'amants que nous sommes encore et puis amants d'époux que nous serons."

Cette nouvelle édition de leur correspondance, établie à partir de nombreux textes inédits par une spécialiste américaine de la littérature française, révèle une des plus belles histoires d'amour du XVIIIème siècle .


-  Je l'ai feuilleté hier en librairie...
J'aime beaucoup le ton et le style des quelques mots que j'ai lus !   Very Happy

-  N'hésitez pas : achetez-le !
Vous adorez les anecdotes sur la Cour de Louis XVI : cette correspondance en est riche et délicieusement contées !!!  Very Happy

-  Entendu.
Merci pour ce commentaire car, à dire vrai, je n'étais pas très disposé à ne lire QUE des mots d'amour (à la longue, ils m'ennuient !   ).


-  Ah bien sûr les anecdotes sont noyées dans un océan de roucoulades ...    

-  Parlent-ils de Ligne dans cette correspondance?  Very Happy

-  Je ne sais plus . Je vais m'y replonger avec délectation ...   Je l'ai lue il y a bien longtemps !

A propos de Ligne, j'ai posté un petit extrait absolument merveilleux, du grand Ligne !!! avant-hier, je crois, dans le sujet sur je ne sais plus quelle voyante extra-lucide que consultaient la Cour et la ville, paraît-il . Ligne était très rétif au surnaturel ...  On est mort de rire !          

-  Quand il évoque son incursion rapide dans le milieu? Je m'en souviens oui, du pur Ligne

-  Ne m'en voulez pas, je n'ai pas acheté votre livre aujourd'hui...
Non, car je me suis jeté sur les Mémoires de Madame de Chastenay qui viennent de paraître chez Tallandier !!!  
On les trouve sur le net, mais je me réjouis aujourd'hui de cette nouvelle édition.

En cherchant sur le net la couverture pour vous présenter le bouquin dans la bibliothèque (je suis bredouille  boudoi29 ), je suis tombé sur quelque chose qui vous enchantera :
A paraître, chez le même éditeur, les Lettres intimes (1778-1784) de vos amis Marc et Angélique de Bombelles.  

-  Les lettres intimes de Marc et Angélique de Bombelles sont largement citées dans La marquise de Bombelles et la Cour de Madame Elisabeth, du comte de Fleury, ainsi que dans Marquis et marquise de Bombelles, leurs dernières annés, toujours du comte de Fleury. J'ai la chance d'avoir trouvé ces deux livres dans une belle édition ancienne.

Pour ce qui est du palpitant journal du marquis  , on ne trouve plus que les tomes II - III - IV , à la librairie Droz à Genève . Je me suis fait photocopier le premier tome à la B.N.F.
Grâce à ce petit Marc ( pour lequel j'ai beaucoup de tendresse : il est charmant ! ) , j'ai glané une mine d'informations sur l'exil en Italie de ma chère duchesse de Polignac.
Pouvez-vous me rappeler qui était au juste Mme de Chastenay ?

-  Voilà que vous vous questionnez comme Chateaubriand !   Wink

Mon frère, après le dîner, voulut me mener au spectacle, mais mon cousin me réclama pour madame de Chastenay, et j'allai avec lui chez ma destinée.
Je vis une belle femme qui n'était plus de la première jeunesse, mais qui pouvait encore inspirer un attachement. Elle me reçut bien, tâcha de me mettre à l'aise, me questionna sur ma province et sur mon régiment. Je fus gauche et embarrassé ; je faisais des signes à mon cousin pour abréger la visite. Mais lui, sans me regarder, ne tarissait point sur mes mérites, affirmant que j'avais fait des vers dans le sein de ma mère, et m'invitant à célébrer madame de Chastenay.
Elle me débarrassa de cette situation pénible, me demanda pardon d'être obligée de sortir, et m'invita à revenir la voir le lendemain matin, avec un son de voix si doux que je promis involontairement d'obéir.
Je revins le lendemain seul chez elle : je la trouvai couchée dans une chambre élégamment arrangée. Elle me dit qu'elle était un peu souffrante, et qu'elle avait la mauvaise habitude de se lever tard. Je me trouvais pour la première fois au bord du lit d'une femme qui n'était ni ma mère ni ma soeur. Elle avait remarqué la veille ma timidité elle la vainquit au point que j'osai m'exprimer avec une sorte d'abandon.
J'ai oublié ce que je lui dis ; mais il me semble que je vois encore son air étonné.
Elle me tendit un bras demi-nu et la plus belle main du monde en me disant avec un sourire : " Nous vous apprivoiserons. "
Je ne baisai pas même cette belle main. je me retirai tout troublé. Je partis le lendemain pour Cambrai.
Qui était cette dame de Chastenay ?
Je n'en sais rien : elle a passé comme une ombre charmante dans ma vie.

(Mémoires d'Outre-Tombe).


drunken   Que c'est jooooooli  !!!!  

On veut bien le croire...
Son portrait par EVLB  

Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers Vlbcha10


-  Eh quoi ?!! Mais votre cher chevalier de Boufflers doit la connaître, leurs mères étaient très proches.  Wink
Mme de Chastenay évoque le chevalier en ces termes (c'est ce que j'ai lu hier soir  ) :

Ce bon chevalier qui fut Tibulle dans son jeune âge et Philémon dans l'âge avancé. *

* Le chevalier Stanislas Jean de Boufflers, l'un des maîtres de la poésie lègère du temps (d'où l'allusion à Tibulle, le poète latin de l'amour), auteur du conte Aline, reine de Golconde (1761). Il épousa Mme de Sabran et finit sa vie dans ses terres, d'où l'allusion à Philémon, le personnage d'Ovide, qui achève paisiblement son existence aux côtés de Baucis.
(Note de R. Trousson).

Le lit bleu n'est que le premier volume de la correspondance de Mme de Sabran et M. de Boufflers.  Un deuxième volume traitera de la période qui correspond pour le chevalier à son gouvernement du Sénégal et la séparation douloureuse des deux amants ( 1786 - 1787 )  .  Enfin, le troisième couvrira la période révolutionnaire jusqu'aux dernières années de leur vie à deux ( 1788 - 1827 )

M. de Boufflers à Elzéar de Sabran :

Vous me parlez d'employer mon autorité. Je me fais gloire de n'en point avoir sur ma femme, je l'ai abdiqué avant d'en être investi . Je n'ai pas plus de pouvoir sur ma femme que sur moi, et entre nous non seulement tout se fait, mais encore tout se veut, en commun.



Le chevalier à Mme de Sabran ( mai 1778 ) :

Comment, charmante petite Magdeleine, vous sortiez du confessionnal et vous y aviez dit beaucoup de choses que vous ne me diriez pas, à moi qui vous dirais tant de choses que mon confesseur ne saura jamais ! Mon Dieu, que je suis piqué de n'avoir été pour rien dans vos propos ! Et que disait cet homme qui vous voyait à ses genoux ?
Que n'étais-je votre confesseur ! Que n'ai-je été votre péché ! Que ne suis-je votre pénitence !



-  Il était fou d'elle  

-  N'est-ce pas ?  Very Happy  .... et, à ce moment de leur relation, elle le supplie de rester amis, sagement, rien de plus ...

Lui ne saurait se contenter d'amitié :

Adieu ma soeur. Revenez, j'ai besoin de vous comme on a besoin d'air en été et de soleil en hiver. Adieu encore . Je vous baise en bon père, en bon frère et en ami suspect .

... " en ami suspect ... "    Laughing  Laughing  Laughing  Laughing  Laughing  Laughing  Laughing  Laughing  Laughing  Laughing  Laughing  Laughing  Laughing

Mme de Sabran veut absolument qu'ils se cantonnent à l'amitié, dit-elle, alors qu'il sent bien qu'elle l'aime déjà passionnément . Elle lutte vaillamment pour ne pas succomber, mais sa résistance faiblit .....


-  Je reviens d'une exposition près de chez moi intitulée Regards sur le XVIIIème siècle Elégance de Papier qui présentait une vingtaine de jolies robes en papiers...
Mais ma surprise a été ma rencontre avec Sue Carrell, l'auteur du Lit Bleu et de la Promesse, qui ne sont que les deux premiers ouvrages qu'elle a publiés sur la correspondance d'Eléonore de Sabran et de Stanislas de Boufflers. Deux autres sont à venir. Cela est le résultat de trente années de travail passionné et passionnant. Je viens de parler deux heures avec elle...je pensais qu'une demi heure seulement était passée...
La semaine prochaine elle prendra le thé avec Simone Bertière...Et c'est là en dire beaucoup sur cette auteur tant elle dégage de générosité dans sa passion.
Je ne peux que vous conseiller d'acquérir ses ouvrages, que je viens d'acheter et que je n'ai donc pas encore lus, mais par ce que je viens de goûter par cette conversation je n'ai qu'une hâte me plonger dans ces écrits.
Eléonore était une amie proche de Madame de Polignac si bien qu'elle apprend la première grossesse de Marie-Antoinette avant même qu'Elle l'écrive à Son impériale Mère...
Voici le site où vous pourrez vous rendre compte de la passion que j'ai pu partager aujourd'hui :
https://www.comtessedesabran-chevalierdeboufflers.com/

Vous pouvez par le biais de ce site commander ces ouvrages, c'est d'ailleurs seulement ainsi qu'on peut les obtenir...ou en rencontrant la charmante Sue Carrell !
Cette correspondance est magistrale et concerne plusieurs génération qui nous mènent de l'Ancien Régime à la Restauration .
Ce que j'aime dans l'exactitude de Sue Carrell c'est qu'elle ne se contente pas de piocher une information dans une lettre, elle va jusqu'à vérifier les dires...Ainsi lorsque le fils de Delphine de Custine , la fille d'Eléonore, est arrêtée, alors enfant, écrira dans ses mémoires la scène. Eh bien, Sue Carrell s'est aperçue de l'erreur des souvenirs de l'enfant qui évoque la présence d'un protecteur de sa mère alors qu'aux archives nationales le décret d'arrestation de Madame de Custine ne mentionne pas cette personne ce jour-là.
C'est génial de pouvoir restituer à ce point la vérité.   Very Happy

-  Je n'avais lu qu'un livre sur ce couple, chez Perrin...il paraît que c'est un plagiat plein d'erreurs...Notamment à propos de Delphine de Custine que tous les auteurs se plaisent à dépeindre comme une libertine dévergondée...à cause des nombreux bien aimés de ses lettres alors qu'elle n'avait que des amis auxquels elle adressaient de l'affection très XVIIIème et quelques amants, certes...(  Wink  Wink  )!

‎S'il n'y avait les admirables lettres échangées par Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers, on n'oserait croire à un sentiment d'une telle qualité en un siècle où le libertinage des Lauzun, des Vaudreuil, d'Aimée de Coigny dans le sillage de Philippe d'Orléans conduisait à des aventures sans lendemain où le corps avait plus de place que l'esprit.   A dix-neuf ans, Eléonore de Jean épouse un aimable héros alors presque sexagénaire: le comte de Sabran. Présentée à la cour, elle s'y montre si timide qu'on la surnomme Fleur des champs.Quatre ans plus tard, restée veuve avec un fils et une fille elle fait, chez la maréchale de Luxembourg, la rencontre du chevaljer de Boufflers. Hussard, chevalier de Malte, il écrit des vers fort lestes, voyage, charme Voltaire à Ferney, fait tout ensemble quelques campagnes, beaucoup de dettes et des conquêtes encore plus nombreuses.
Entre ces deux êtres si différents va naître l'amour le plus tendre.   Sous l'agréable prétexte de nous conter ces amours, d'abord contrariées, puis entachées de séparation et de divergence d'opinions, Jeanine Delpech nous restitue le cadre et les événements qui ont précédé la Révolution et les grands déchirements qu'elle a provoqués. Ainsi, des flambeaux des bals à l'ombre de l'échafaud, nous entraîne-t-elle à sa suite sur le chemin parcouru par deux amants incomparables.‎
(je ne l'ai pas : on me l'avait prêté ...)   Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers 51kcvn10

Introduction de la conférence de Mme Carrell .   Very Happy

Un rêve de bonheur (2013)

Qu’est-ce que le bonheur ? Quelles formes de bonheur sont compatibles avec les misères de notre condition humaine ? Au dix-huitième siècle, on était obsédé par ces questions. Nous aussi. Il y a des bonheurs qui sont comme un don des dieux ; il y en a d’autres, durement acquis, qui ont des liens avec la sagesse.

En 1761, deux ans après " Candide " , un an après " La Nouvelle Héloïse " , un jeune séminariste à Saint-Sulpice compose un conte, " Aline, Reine de Golconde " . Ce séminariste, c’est Stanislas-Jean de Boufflers. Son ouvrage, un petit bijou littéraire, fait fureur : cinq éditions avant la fin de l’année. Pourquoi un tel engouement ? Ce conte est une douce rêverie, une rêverie qui rassemble certaines idées bien répandues sur le bonheur.

Un jour, dans une belle vallée, un adolescent de bonne famille (c’est le narrateur) rencontre une jeune paysanne qui porte un pot de lait à son village. Ce jour-là, ils découvrent l’amour et la volupté, mais le jeune homme quitte sa belle laitière, Aline, pour suivre la voix trompeuse de la gloire. Il retrouvera Aline à trois reprises. La première fois, à l’Opéra à Paris : elle est devenue une femme du monde. La deuxième fois, aux Indes : elle est la reine bienfaisante du royaume prospère de Golconde, connu pour ses diamants. La troisième fois, ils se retrouvent dans un désert au pied d’une montagne où le narrateur se retire, las de ses déboires.
Ils sont vieux, elle n’est plus belle : « Nous étions autrefois jeunes et jolis, lui dit- elle, soyons sages à présent, nous serons plus heureux. »
Et voici les dernières phrases du conte :

    « Je tombai aux pieds de la divine Aline : nous nous aimâmes plus que jamais, et nous devînmes l’un pour l’autre notre univers. J’ai déjà passé ici plusieurs années délicieuses avec cette sage compagne ; j’ai laissé toutes mes folles passions et tous mes préjugés dans le monde que j’ai quitté ; mes bras sont devenus plus laborieux, mon esprit plus profond, mon cœur plus sensible. Aline m’a appris à trouver des charmes dans un léger travail, de douces réflexions et de tendres sentiments ; et ce n’est qu’à la fin de mes jours que j’ai commencé à vivre. »


On dit souvent que la vie de Boufflers ressemble à ce conte. Oui et non, c’est ce que nous allons voir.

( Sue Carrell )

-  Je dois dire ( et tant pis si c'est un peu mettre la charrue avant les boeufs (   Wink  ) )   que j'en aime particulièrement la conclusion :

Mais ce schéma narratif occulte un autre aspect de sa vie et de sa pensée qui évoluera avec les années. Dans le conte, la poursuite de la gloire n’est qu’une source de déboires. Or, une des composantes possibles du désir de la gloire est le désir d’être utile au monde. Pour Boufflers, la pensée implique l’écriture et ceux qui écrivent ont le devoir d’éclairer les autres.
(  ...  )
La vie de Stanislas-Jean de Boufflers et celle de la femme qu’il a aimée nous offrent, à nous au vingt-et-unième siècle, une matière première infiniment plus riche que n’importe quel conte. Mon souhait est celui que Boufflers aurait formulé s’il était toujours parmi nous : que ma nouvelle édition de leurs lettres montre à tous le plaisir de penser, le besoin de réfléchir et la certitude de savoir que, malgré tous les malheurs de ce monde, l’amour existe.



Le supérieur de Saint-Sulpice est peu enchanté d’héberger un auteur à succès. Stanislas-Jean informe sa mère qu’il quitte le séminaire (sa mère, la marquise de Boufflers, est la maîtresse du roi Stanislas, roi détrôné de Pologne installé alors à Lunéville). À 23 ans, Boufflers n’a pas envie de passer ses journées dans un cabinet à noircir des feuilles de papier : il se fait chevalier de Malte et part à la guerre.

La chance veut que la guerre de Sept Ans soit dans sa septième année. Pendant une quinzaine d’années, la France sera en paix. Boufflers parcourt alors l’Europe à la recherche de bons combats. Le roi Stanislas, compatissant, lui confie des ambassades, en attendant. Et puis, au petit matin du 5 février 1766, le vieil homme s’assied trop près de la cheminée. Sa robe de chambre prend feu, il en mourra, la cour de Lunéville cesse d’exister. Boufflers s’en va à Paris. Il est bien reçu dans les salons, où les charmes de sa conversation font de lui un des hommes les plus recherchés de la capitale, mais on le voit rarement à Versailles : il a une humeur trop indépendante pour se plier à toutes les contraintes de la cour. Ces indépendances- là ont un prix : en 1777, à 39 ans, il est colonel au régiment de Chartres-Infanterie, pas plus.

Un jour au mois de mai, son ami le prince de Ligne l’emmène chez une jeune veuve nouvellement installée dans un hôtel rue du Faubourg-Saint-Honoré. Cette veuve, c’est la comtesse Éléonore de Sabran.

On voit rarement Boufflers à Versailles : il a une humeur trop indépendante pour se plier à toutes les contraintes de la cour.
Ces indépendances- là ont un prix : en 1777, à 39 ans, il est colonel au régiment de Chartres-Infanterie, pas plus.

-  Je dois dire que je trouve craquant ce côté un poil borderline du chevalier !  

-  Attention ! Il ne faut pas confondre la mère de Jean Stanislas, la comtesse de Boufflers, avec cette autre comtesse de Boufflers née de Campet de Saujon qui fut la maîtresse du prince de Conti, puis de Gustave III ...  
Le duc de Lévis évoque cette dame, dans ses Souvenirs et portraits.

-  Comment pourrions nous confondre ? ...

-  De grâce, donne nous encore et encore de la prose comme celle ci. Je me désaltère en lisant tes lignes qui sont comme un poème dans les doigts graciles d'une nymphe, toi .

-  Ce sont celles de Mme Sue Carrell, ou bien du chevalier de Boufflers !  Nuance !!!   Very Happy
Tiens, en voici encore ...  

Le coup de foudre est réciproque. Mais Éléonore de Sabran n’est pas une femme à céder en quelques heures aux plaisirs dangereux de la volupté : à 28 ans, elle a déjà une connaissance trop intime des malheurs de ce monde. Privée d’affection pendant sa jeunesse – sa mère est morte en lui donnant naissance –, elle a eu la rare sagesse de choisir comme mari un vieil ami dont elle appréciait la bonté et la gentillesse. Le comte Joseph de Sabran avait 47 ans de plus qu’elle. Devenue veuve, elle se méfie de tout ce qui troublerait la tranquillité de sa vie. Les caresses de ses deux jeunes enfants lui suffisent, pense-t-elle.

Pendant quatre ans, Boufflers lui fera une cour toute en tendresse. Tous deux peignent au pastel : ils décident, d’un commun accord, de se dessiner l’un l’autre. Les regards se croisent, se détournent, s’aiguisent… La comtesse exprime le désir de reprendre ses études de latin, Boufflers se propose comme professeur, elle accepte. Ainsi s’amorce un dialogue qui ne sera jamais rompu :

 « Écrivez-moi, ma chère fille, envoyez-moi des volumes, ne relisez jamais ce que vous aurez écrit, ne songez à aucune des règles de l’art d’écrire, ne craignez ni de vous répéter ni de manquer de suite, soyez tantôt triste, tantôt gaie, tantôt philosophe, tantôt folle, suivant que vos nerfs, vos remèdes, votre raison, votre caractère, votre humeur, vous domineront. Vous n’avez pas besoin de me plaire, il faut m’aimer et me le prouver encore plus que me le dire. Il faut, pour notre bien commun, que vos idées passent continuellement en moi et les miennes en vous, comme de l’eau qui s’épure et qui s’éclaircit quand on la transvase souvent. »


La France entre enfin en guerre, contre l’Angleterre. Le chevalier, tout feu tout flamme à cette bonne nouvelle, ne connaîtra de cette guerre que les ennuis de la vie de garnison. Ce n’est donc pas la guerre mais une nuit dans le lit bleu de la comtesse qui met fin à l’équilibre gracieux de ces premières années. Ils s’aiment, passionnément, mais ils ne peuvent pas se marier. Les revenus de Boufflers sont ecclésiastiques : s’il quitte l’ordre de Malte pour se marier, il perd ses revenus.
Homme d’honneur, il refuse de vivre aux crochets de sa future femme : les biens de la comtesse doivent revenir à ses enfants.


-  Que de délicatesse chez cet homme !

-  N'est-ce pas !   Very Happy
Et attendez la suite . Vous allez voir qu'il est aussi un idéaliste ...



Envoyez-moi des volumes, ne relisez jamais ce que vous aurez écrit, ne songez à aucune des règles de l’art d’écrire, ne craignez ni de vous répéter ni de manquer de suite, soyez tantôt triste, tantôt gaie, tantôt philosophe, tantôt folle, suivant que vos nerfs, vos remèdes, votre raison, votre caractère, votre humeur, vous domineront. Vous n’avez pas besoin de me plaire, il faut m’aimer et me le prouver encore plus que me le dire.


-  Parfait !!     drunken

-  ..... l'amour, tout simplement .

En 1784, Boufflers reçoit son brevet de maréchal de camp. Il accepte le premier poste qui se présente dans son grade : c’est au Sénégal.

C’est l’époque de la traite des Noirs. Les antiesclavagistes proposent de mettre fin à ce commerce barbare par la création de colonies agricoles en Afrique. Dûment payés pour leur labeur, les Africains cultiveraient chez eux la canne à sucre, le café, toutes ces précieuses plantes si prisées par les Européens. Boufflers est séduit par cette logique. En tant que gouverneur du chef-lieu sur la côte, ne pourra-t-il pas mettre en œuvre ces belles idées ? La comtesse est sceptique, mais le chevalier ne l’écoute pas. Voici enfin, se dit-il, l’occasion d’être un peu utile au monde. Peut-être que le Ciel l’aidera.

( Sue Carrell  )

-  Au fait !      Voici  le lien vers le texte de la conférence :  http://www.comtessedesabran-chevalierdeboufflers.com/lhistoire-2/un-reve-de-bonheur-2013/


-  Voyez donc ce que j'ai trouvé par hasard dans mon Almanach des Muses de l'année 1780 !

 Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers P4280010

-  Il disait aussi que ..... Raisonner sur l'amour, c'est perdre la raison.     geek

-  J'ai trouvé (enfin) le lit bleu je l’emmène ainsi dans ma valise

-  Je me suis régalé à la lecture de ces lettres.
Pourtant je me pose des questions sur le chevalier. Comment de par sa position sociale, c'est à dire "intime"  au deuxième degré du Cercle des amis de la Reine, la famille Polignac et la Princesse de Chimay sa tante, comment n'a-t-il pas pu avoir de promotion plus éclatante ?
Est-ce le fait que sa mère la marquise de Boufflers était la Maintenon du roi Stanislas et qu'on le lui faisait payer ? Est-ce par ses écrits et son intelligence, voire son "libertinage" qui inspirent à Louis XVI sa répugnance, ou le fait qu'il soit soldat chez le duc de Chartres, l'ordure ?

-  C'est vrai que cela fait beaucoup.  

-  D'autant que je me demande si Marie-Antoinette n'avait pas une légère dent contre les Lorrains qui se sont très bien contentés de Stanislas au détriment de son père, leur souverain légitime, injustement (à ses yeux et à celle de sa famille) éjecté de son trône. De fait, beaucoup de Lorrains s'étaient installés à Vienne.

-  Ce devait être un sujet assez délicat même si peu abordé dans les ouvrages historiques traitant de l'époque.
On fait tout de même le reproche à Marie-Antoinette durant son interrogatoire de porter son nom de Lorraine. Or elle répond qu'il s'agit de son pays ! Sans compter qu'elle place cette province avant l'Autriche alors que la tradition historique appelle la dynastie fondée par François et Marie-Thérèse les Habsbourg-Lorraine. Marie-Antoinette dit bien : de Lorraine-d'Autriche.
Marie-Antoinette aurait dû être surnommée "la Lorraine" au lieu de "l'Autrichienne".
Mais bon, ce titre est déjà accordé à un autre personnage historique féminin qui n'a pas autant mauvais réputation.

-  De plus, si madame Sophie avait été un garçon, il aurait été titré duc de Lorraine. C'est donc bien que Louis XVI avait à coeur de faire plaisir aux Lorrains, sa femme la première.    Very Happy

-  Le chevalier de Boufflers était né un peu sur les chemins, un jour que sa mère allait de Paris à Lunéville, vers 1738.


"  C’était une nature prédestinée aux singularités. Il avait commencé par être abbé, un abbé pourvu de riches bénéfices par le bon roi Stanislas ; puis il était devenu chevalier de Malte, il avait bravement fait ses premières armes en Allemagne, de façon à mériter avant l’âge la croix de Saint-Louis, et chemin faisant il n’avait cessé de montrer que, s’il n’avait pas pris la beauté dans l’héritage de famille, il avait du moins reçu de sa mère le goût du plaisir, la grâce piquante et l’humeur légère.

Dès sa jeunesse, au dire de Grimm, il s’était signalé par les dons les plus brillants et « par beaucoup de folies, par des chansons gaillardes et honnêtement impies. » L’abbé avait décidément bien fait de s’émanciper pour courir la fortune des armes et de l’esprit. Tenant par sa naissance au plus grand monde, aux Beauvau, aux Mirepoix, à la maréchale, de Luxembourg, lié aux philosophes par ses opinions fort libres, distingué comme soldat malgré sa causticité, prompt aux aventures galantes, ayant le goût de tous les arts, poète, peintre et musicien, le chevalier de Boufflers avait tous les succès. Il semait les petits vers et les contes légers, il était partout recherché pour sa gaieté malicieuse.
Il allait à travers la Suisse à Ferney, et Voltaire, charmé de son visiteur, écrivait à sa mère, la marquise de Boufflers : « Vous avez bien raison d’aimer ce jeune homme, il peint à merveille les ridicules de ce inonde, et il n’en a point. On dit qu’il ressemble en cela à madame sa mère. Je crois qu’il ira loin. J’ai vu des jeunes gens de Paris et de Versailles, mais ils n’étaient que des barbouilleurs auprès de lui… Je n’ai jamais rien vu de plus aimable et de plus singulier… » Peu s’en fallait en ce temps-là qu’on ne prît au mot Voltaire disant au chevalier de Boufflers : « Je vois en vous mon héritier ! » L’héritier était tout simplement un homme d’esprit tournant avec aisance de petits vers, une épigramme, un impromptu ou une chanson, racontant d’un trait ingénieux et malin son voyage en Suisse, enveloppant le libertinage d’une grâce légère dans Aline reine de Golconde, et enlevant vivement ce petit conte Ah si ! Tout est dans les détails, dans la broderie, dans le jeu et l’imprévu des mots.

Lorsque, bien des années après, l’Académie s’ouvrait devant cette réputation mondaine, Saint-Lambert, en recevant le chevalier de Boufflers, disait avec un art très habile des nuances : « La finesse de l’esprit, l’enjouement, je ne sais quoi de hardi qui ne l’est point trop, des traits qui excitent la surprise et ne paraissent pas extraordinaires, le talent de saisir dans les circonstances et le moment ce qu’il y a de plus piquant et de plus agréable, voilà, monsieur, le caractère de vos pièces fugitives. »
Mme Du Deffand, de son côté, mêlant un peu d’humeur et de malice à la bienveillance, écrivait un jour dans la gazette familière qu’elle adressait à Horace Walpole : « Le chevalier est ici… Il fronde et a l’air de mépriser ce qu’il désirerait, auquel il ne parvient pas. Il a plus de talent que de discernement, de tour et de finesse, que de justesse… »
Je rassemble tous ces traits d’une figure qui a passé dans ce siècle des apparitions fugitives. On ne savait pas alors, on sait aujourd’hui que le personnage si recherché, si fêté dans son temps, n’était pas le chevalier de Boufflers tout entier, que dans cette vie distraite, dispersée, partagée entre les camps, la société et les amusements de l’esprit, sous cet extérieur frivole de galanteries faciles, de petits vers lestes et pimpants, il y avait du sérieux, de la sensibilité, de la délicatesse de cœur ; il y avait ce que Saint-Lambert appelle aussi un « homme supérieur à son genre, » ce que j’appellerai un autre Boufflers voilé, attachant et attaché dans l’intimité, gardant sous son costume de mondain spirituel un sentiment profond, presque ambitieux même à un certain moment par affection, et ce Boufflers inconnu, c’est le grand faiseur de miracles qui le fait, c’est l’amour d’une femme aussi distinguée elle-même que dévouée. C’est pour Mme de Sabran que le chevalier de Boufflers trouve dans un journal discrètement conservé des accents émus et sincères.  "


Un roman au XVIIIe siècle - Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers

Charles de Mazade

Revue des Deux Mondes T. 6, 1874


Le XVIIIe siècle, qui a laissé échapper tant de secrets, a gardé à peu près celui-là. Mme de Sabran, qui se dévoile aujourd’hui dans sa correspondance, ne semble pas avoir aimé beaucoup le bruit. C’était visiblement une femme aux dons brillants. La séduction est sur ce visage expressif où la grâce passionnée se mêle à l’esprit, où apparaît une nature ardente et fine. Elle était, dit-on, belle à ravir avec ses cheveux blonds et ses yeux noirs. Née d’un M. de Manville et d’une mère qu’elle avait perdue en venant au monde, élevée en fille noble, un peu abandonnée de sa famille, elle s’était mariée avec un officier de marine, M. de Sabran, qui, avec de beaux services, avait cinquante ans de plus qu’elle et qui mourait bientôt en lui laissant deux enfans. Elle restait à vingt-cinq ans une jeune veuve qui aurait pu briller partout, si elle l’avait voulu, et qui se contentait d’être une des femmes les plus aimables dans le demi-jour de cette société du règne de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

Sans être précisément de la cour, Mme de Sabran était bien vue de la reine. Elle allait à Versailles, aux fêtes de Bagatelle. Elle était liée avec les Polignac, avec la comtesse Jules et la comtesse Diane, ces étoiles naissantes de la faveur. Elle voyait les Beauvau, la maréchale de Luxembourg ; elle était l’amie de la comtesse d’Andlau, fille d’Helvétius, de la comtesse Auguste de Lamarck, depuis princesse d’Arenberg, et un moment même, plus tard, elle fut recherchée par le prince Henri de Prusse, le frère de Frédéric II, à son voyage à Paris. Sa position, son existence, étaient celles d’une personne qui avait toutes les relations sans se laisser trop entraîner dans le tourbillon mondain.
Femme du XVIIIe siècle par l’éducation, par l’esprit, par les goûts lettrés comme par la culture morale, elle n’avait de son temps ni les frivolités licencieuses, ni les affectations de savante, et si elle savait l’italien, l’anglais, même un peu le latin, c’était pour dire en plusieurs langues des choses agréables, de même qu’elle avait fait ses cours de physique sans prétendre, comme Mme du Châtelet, au surnom d’Uranie. Elle avait en tout le naturel d’une femme vraie, sincère dans ses sentiments comme dans ses idées, parlant avec une spirituelle liberté même de ses dévotions de convenance, et écrivant à l’occasion : « J’ai véritablement besoin aujourd’hui de causer avec vous pour m’égayer et me distraire d’une certaine visite que je viens de faire, et quelle visite ! une visite que l’on ne fait que dans un certain temps, aux genoux d’un certain homme, pour avouer de certaines choses que je ne vous dirai pas. J’en suis encore toute lasse et toute honteuse. Je n’aimé pas du tout cette cérémonie-là. On nous la dit très salutaire, et je m’y soumets en femme de bien. »

Telle qu’elle était, chez Mme de Trudaine elle charmait M. de Malesherbes, Turgot et même l’abbé Delille. L’hiver, Mme de Sabran restait à Paris ; elle avait, elle aussi, sa chambre bleue où elle recevait ses amis. L’été, elle le passait le plus souvent chez un oncle de ses enfans, à Anisy, au château de Mgr de Sabran, évêque de Laon, duc et pair, premier aumônier de la reine, un de ces prélats d’autrefois, hommes du monde autant que d’église, chez qui le sentiment de la dignité et la tenue suppléaient à l’ardeur de la foi. A Anisy, la vie était large et facile, Mme de Sabran en faisait les honneurs, et l’évêque de Laon voyait en elle presque une fille, comme il voyait dans le jeune fils de l’aimable femme l’héritier de son nom.

Ce « deux de mai » de 1779 ou de 1780  ( elle se donne, enfin, dans le lit bleu  ...  drunken  drunken  drunken    ) avait été pour Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers le signal d’une existence nouvelle, le commencement d’une liaison indissoluble. Sans s’afficher, en gardant au contraire la décence et la réserve d’un attachement sérieux, ils vivaient désormais l’un pour l’autre. Les obligations, les relations du monde étaient tout à la fois la protection et le tourment d’une intimité qui n’avait rien des galanteries ordinaires, qui n’était jamais aussi complète que l’aurait voulu cette gracieuse femme, heureuse et malheureuse de s’être donnée tout entière à celui qu’elle aimait avec le trouble d’une passion vraie, qu’elle captivait à son tour au point de le métamorphoser.

-  J'ai enfin commencé cette lecture depuis quelques jours. C'est un pur bonheur !   Very Happy  
Des véritables lettres d'amour, avec déclarations enflammées, net passage au tutoiement, querelles, manque, projets communs... C'est beau.  

Je savais le chevalier homme de lettres reconnu, bon officier mais j'ignorais par contre à quel point la véritable Eléonore était une femme savante : elle peint, fait des vers, parle italien couramment, apprend avec son amoureux le latin, avec une amie l'anglais... J'ai eu droit grâce à elle à un exposé de physique sur la lumière et les couleurs assez confondant.

C'est plus une correspondance amoureuse (des Liaisons dangereuses qui tournent bien et qui sont sincères  ) qu'un moyen d'avoir des anecdotes précises sur l'époque qui nous occupe. Mais on y rencontre des personnes que nous apprécions, de près comme les Polignac, les Ligne, les Ségur, les Andlau et d'autres beaucoup plus éloignées comme le roi et la reine.
L'un est mal en cour et l'autre n'y aime pas l'ambiance.  

Tiens au fait : quand elle part deux mois en Suisse avec la comtesse Diane, est-ce à ce moment que celle-ci doit cacher une situation embarrassante ?

On y trouve un beau geste de Marie-Antoinette que je ne connaissais pas du tout : un tout jeune lord anglais (20 ans !) au sortir de la guerre d'Indépendance devait être condamné à mort par les Américains. Ils vont céder devant les instances du roi de France dont l'épouse réclame la grâce du condamné. Un an après, devenu une star européenne, le rescapé part à Versailles remercier Louis XVI et Marie-Antoinette.
Hormis ceux qui ont lu cette correspondance, qui connaît cette histoire ?   Shocked



C'est plus une correspondance amoureuse (des Liaisons dangereuses qui tournent bien et qui sont sincères  ) qu'un moyen d'avoir des anecdotes précises sur l'époque qui nous occupe.


-  Si, si, tu vas voir , ça va venir .  Very Happy


Après cette première nuit d'amour dans le lit bleu, Eléonore et le chevalier perdent l'équilibre gracieux des premières années . ( Sue Carrell)
Le mariage leur est interdit : ils s'aiment et doivent toujours se séparer, c'est déjà une souffrance, d'autant plus intense qu'ils n'ont pas encore confiance l'un dans l'autre . Que leurs lettres s'égarent, et les voilà qui s'accusent réciproquement de froideur, se grondent .
On ne gronde que ceux que l'on aime, écrit-elle .

Plus elle aime, plus elle gronde, et le lendemain tout est oublié . Elle se veut d'une indulgence exemplaire :
Va, sois libre comme l'air, abuse si tu veux de ta liberté, et je l'aimerai encore mieux que de te faire sentir le poids d'une chaîne trop pesante .

Mais elle ne s'y tiendra jamais :
Que je suis injuste, mon enfant, et que tu es bon d'aimer encore une vieille folle comme moi ! Il est vrai que c'est pour toi et par toi que j'ai perdu la tête, car, s'il m'en souvient bien, j'avais, dans mon jeune âge, un sens très juste et plus de raison dans mon petit doigt que tu n'en as même à présent dans toute ta personne .  Cet heureux temps n'est plus; tout a changé de face, et le temps et l'amour m'ont si fort métamorphosée qu'il n'y a plus que toi qui puisses me reconnaître, " and me indulge " .

En juillet 1784 :
Jamais je ne t'ai tant aimé, et jamais tu n'as moins mérité de l'être; car non seulement tu ne penses plus à moi, mais tu ne penses plus au chagrin que j'en peux ressentir . Voilà plus de huit jours que je n'ai pas reçu de tes nouvelles : j'en suis tourmentée au-delà de toute expression . Il n'y a point de folies qui ne me passent par la tête, point d'idée extravagantes que je ne n'admette pour te trouver des torts . Je rêve tout ce que je crains, et tu es encore plus maussade pour moi la nuit que le jour.  Que fais-tu réellement ? Quelles sont les grandes affaires qui peuvent t'empêcher de m'écrire et de songer que nous ne sommes pas faits pour vivre si longtemps séparés l'un de l'autre ...

Et puis, en juin 1785 :
Je souffre trop quand il faut te bouder, et je trouve bien mieux mon compte à t'aimer et à te le dire . Telle chose que tu fasses, il faut toujours en venir là; ainsi je prends une bonne fois la résolution de m'y tenir . Je te donne indulgence plénière pour toutes tes distractions, et je sens mieux que jamais que la meilleure manière de te conserver est de te donner la clef des champs . Il y a dans l'homme une inquiétude vague qui fait qu'il ne se trouve bien qu'où il n'est pas. Tu ne seras pas plus tôt loin de moi que tu désireras y revenir, et je te promets d'avance que tu seras toujours bien reçu .


..........................................
 FIN DE CE BOUTURAGE !

.........................
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Message par Invité Jeu 27 Avr 2017, 17:26

Ciel L'évocation de ces si délicieux Mémoires ne nous avaient pas encore été ramenés.
Je les recommande à tous, car Sue Carrell sait nous les commenter avec précision et passion.
C'est une femme charmante que j'ai eu le plaisir de rencontrer lors d'une exposition consacrée au XVIIIème siècle près de chez moi. Nous n'avons pas vu le temps passé en discutant ... cheers boudoi30 :Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers 2028181902


Bien à vous.

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Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers Empty Re: Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers

Message par Mme de Sabran Ven 28 Avr 2017, 14:15

Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers Mg_69610


L’Académie française a décerné un de ses Grands Prix de l’année 2011 à Madame Sue Carrell pour sa nouvelle édition de la correspondance échangée entre la comtesse de Sabran et le chevalier de Boufflers.

Tome I :
La comtesse de Sabran et le chevalier de Boufflers, Le Lit bleu, correspondance 1777-1785 , édition établie et présentée par Sue Carrell, Paris, Tallandier, 2009, ISBN : 978-2-84734-492-9

Tome II :
La comtesse de Sabran et le chevalier de Boufflers, La Promesse, correspondance 1786-1787 , édition établie et présentée par Sue Carrell, Paris, Tallandier, 2010, ISBN : 978-2-84734-643-5


Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers 3608810


2017 :
Deux autres tomes sont en préparation. Je vais sortir les quatre tomes avec une nouvelle maison d’édition quand je les aurai terminés. En attendant, je vends moi-même les exemplaires qui restent des deux tomes parus aux Editions Tallandier.


( Sue Carrell )


Dix-Huitième Siècle , Henri Duranton :
« Probablement la plus belle correspondance amoureuse du siècle. »

La Revue d’Histoire Littéraire de la France , Jean-Noël Pascal :
« Un art d’écrire suprême, un livre immense. »

Le Bulletin des Lettres , Jacques Ferraton :
« Un exceptionnel tableau, pris sur le vif et d’une fraîcheur intacte, de ce que le dix-huitième siècle a laissé de plus estimable. »

Epistolaire , Odile Richard-Pauchet :
« Un magnifique roman d’apprentissage et d’aventures. »

Le Figaro littéraire , Blaise de Chabalier :
« Un travail de titan, l’œuvre d’une vie dont le résultat est une magnifique réussite. »



***


« La navigation est d’une lenteur à faire rendre l’âme. Nous continuons notre marche entre deux rives désolées, escortés de loin par les lions, les tigres, les hyènes, les léopards, et de près par les crocodiles et les hippopotames dont le fleuve fourmille. »

( Le chevalier de Boufflers, 10-11 avril 1787 )

Le 9 octobre 1785, Boufflers est nommé gouverneur du Sénégal. Il y fera deux séjours, en 1786 et en 1787. Chaque fois, avant son départ, la comtesse de Sabran lui prépare de belles feuilles de papier soigneusement numérotées. Il promet d’écrire tous les jours, et il tient sa promesse.
En France, la comtesse répond :
« Je m’amuse à bavarder, et je ne m’aperçois pas que la nuit passe insensiblement. Tout dort autour de moi, comme dans le palais de la Belle au bois dormant; tu dors sans doute aussi, mais c’est sur une mer orageuse, entouré de mille dangers, et c’est pour cela que ta femme veille. »

Les nouvelles ne manquent pas : Louis XVI, confronté à une grave crise financière, impose de nouveaux impôts ; les parlementaires demandent la convocation des États généraux.

« Tu es plus tranquille dans ton autre monde au milieu des tigres et des lions : ce sont des agneaux en comparaison de nos messieurs. »


( La comtesse de Sabran, 14 août 1787 )

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Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers Empty Re: Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers

Message par Invité Ven 28 Avr 2017, 14:45

Je ne me souvenais pas de cela... en tout cas c'est amplement mérité ! :\\\\\\\\:


Bien à vous.

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Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers Empty Re: Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers

Message par Comte d'Hézècques Mer 22 Nov 2017, 11:28

Sue Carrell a écrit:

2017 :
Deux autres tomes sont en préparation. Je vais sortir les quatre tomes avec une nouvelle maison d’édition quand je les aurai terminés. En attendant, je vends moi-même les exemplaires qui restent des deux tomes parus aux Editions Tallandier.


Je suis en train de lire le premier tome de cette délicieuse correspondance Le lit bleu, Correspondance de Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers 1020289783
Je vais commander le deuxième, ayant trouvé le premier dans une bouquinerie à Bruxelles.
Cela me fait plaisir d'apprendre que Sue Carrell prépare les deux autres tomes, car j'avais peur qu'ils ne verraient peut-être jamais le jour.
Son travail est admirable ; elle commente avec beaucoup de précisions chaque lettre où un éclaircissement est nécessaire, et explique les intervalles et les lacunes. Un peu comme Evelyn Farr l'a fait dans son livre dédié à la correspondance Marie-Antoinette - Fersen.
Je possède aussi une belle édition de la correspondance entre Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers, établie par E. de Magnieu et Henri Prat, qui date de 1875. Mais beaucoup de lettres manquent dans cette édition, notamment du chevalier, ainsi que des explications indispensables telles que Sue Carrell nous les fournit dans les éditions de sa main.



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