Sophie-Hélène-Béatrice de France, dite Madame Sophie (1786-1787)

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Message par La nuit, la neige Ven 21 Déc 2018, 18:09

Quoique je sache que ce "Journal" ne soit principalement qu'une sorte de compte-rendu de ses sacro-saintes chasses, de ses promenades, ou de quelques autres notes impersonnelles, je ne me ferai jamais à son apathie.
C'est pathologique ! Ces deux phrases en sont un exemple.
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Message par Lady Bess Lun 31 Déc 2018, 17:53

La manque d'intérêt de Louis XVI pour la petite Madame Sophie se remarque même avant sa naissance et se poursuit jusqu'à l'outre tombe. Cette indifférence est bien loin de l'amour du roi pour sa fille aînée et forme une contraste frappante avec la tendresse de Marie-Antoinette pour sa fille cadette. L'indifférence du roi à la mort de Madame Sophie s'explique peut-être par les circonstances, pour le moins nébuleuses, de sa naissance.

Dans son livre MARIE-ANTOINETTE ET LE COMTE DE FERSEN, LA CORRESPONDANCE SECRÈTE (Archipel, 2016), Evelyn Farr cite plusieurs documents inédits qui confortent l'hypothèse de la paternité d'Axel de Fersen, "le plus aimé des hommes" de la reine. Ce livre démontre clairement qu'aux moments critiques dans la courte vie de cette petite, c'est Fersen et non pas le roi qui joue le rôle de père et de soutien à Marie-Antoinette.

Les informations et extraits ci-dessous viennent de ce livre.

L'histoire commence aux premiers jours d’octobre 1785...

"Fersen s'établit (du moins officiellement) rue de Caumartin à Paris, mais il dispose également d’un logement à l’hôtel de Luynes, à Versailles, tout près des appartements de la reine. Il cède à son frère Fabian son appartement de Paris pendant tout le voyage de la Cour à Fontainebleau, aux mois d’octobre et novembre 1785, où il suit la reine. Son registre de lettres n’indique aucune lettre adressée à Marie-Antoinette jusqu’au 2 juin 1786. Pourtant, des billets étaient échangés avec la reine par des moyens insolites – une correspondance anglaise des plus intéressantes sur Marie-Antoinette et le comte suédois nous le révèle, car leur liaison n’est nullement un secret pour le duc de Dorset, ambassadeur britannique à la Cour de France et ami de longue date de la reine et Fersen.

Dans ses lettres à Georgiana, duchesse de Devonshire, proche amie de Mme de Polignac, Dorset – dont l’esprit est aussi singulièrement tourné que son écriture – évoque avec une indiscrétion sidérante « Mrs B. »
et le « Roman » : ainsi désigne-t-il par des noms de code la reine et Fersen...

Dorset écrit de Versailles le 11 janvier 1786 : « Mrs B est aussi ravissante que d’habitude. Je dois vous dire, comme je l’ai laissé entendre dans ma dernière, que la personne que vous désirez tant voir, c’est-à-dire le Roman, a certainement été jaloux de ses attentions pour moi. Je ne puis trouver d’autre explication à la conduite de Mrs B, et pendant deux ou trois jours elle ne m’a guère adressé la parole. J’en ai fait mention à une de mes amies (celle que vous appelez belle dans votre lettre, Mme H.), qui en a deviné la cause, et qui a corroboré son opinion en me disant qu’elle n’avait jamais de sa vie entendu Mrs B me louer aussi chaleureusement que l’autre jour. Mrs B savait très bien qu’on me le dirait, et l’a dit, je suppose, pour que je ne sois pas blessé par son apparente indifférence. La supposition s’est révélée vraie, car j’ai vu Mrs B pendant l’absence du Roman, et elle n’a jamais été plus aimable. C’est le bal ce soir, donc on me repoussera sans doute encore..."

Le 15 février, Dorset informe Georgiana de moyens utilisés par la reine pour transmettre furtivement ses billets à Fersen, même en société. « Le Roman continue comme d’habitude ; on en est occupé, vous ne sauriez à quel point. Parfois je frémis pour elle [Marie-Antoinette]. J’ai découvert que la chère Petite Po [Mme de Polignac] est dans la confidence. Je l’ai vue l’autre soir sortir un billet de son manchon pour le remettre au Roman, que Mrs B venait de lui donner. Je crois que dans son cœur la Petite Po sera heureuse quand le Roman sera parti. Je suis sûr qu’elle s’inquiète de ce que quelqu’un n’insinue quelque chose à Mr B [Louis XVI], qui bien que non soupçonneux de caractère, pourrait être tenté d’y prêter l’oreille. La grossesse avance toujours, mais on ne l’avoue pas encore. » Et voilà Mme de Polignac, gouvernante des Enfants de France et amie intime de la reine jouant le rôle de messagère !

La grossesse dont parle Dorset – et que Marie-Antoinette dissimule et semble même vouloir nier à soi-même pendant plusieurs mois – aboutira à la naissance Madame Sophie. Ce refus de la reine de confirmer sa grossesse (qui est noté par le comte de Mercy au mois de décembre 1785) est assez singulier. Il laisse supposer qu'elle craint la réaction du roi à l'annonce de sa prochaine paternité. Les événements prouvent qu'elle n'avait pas tort...

Le 2 mars, Dorset remarque que la reine est plus discrète en présence de son mari : « La comtesse Diane [de Polignac] a donné un bal mardi à Versailles. […] Mr Brown [Louis XVI] y est venu et a semblé s’amuser beaucoup. Mrs B comme toujours était charmante, mais un peu plus réservée que d’habitude ; vous savez pourquoi ainsi je n’en dirai pas davantage. Le Roman était là, comme vous pouvez aisément le supposer. »

Le 9 mars 1786, la grossesse de la reine est enfin annoncée, et Dorset insinue que Fersen est le père :
« J’ai écrit au ministère aujourd’hui, qu’elle [Mrs B] est grosse de cinq mois, ainsi qu’elle m’en a donné la permission ; ainsi va-t-elle accoucher vers la fin juin. L’enfant déjà commence à lui donner des coups terribles dans le ventre. […] Le Roman nous quitte en mai ou avril. Je vais tenir le bambino à l’œil. Sans lunettes je puis deviner à qui il va le plus ressembler. Prenez garde à votre cœur, ma très chère duchesse, vous ne sauriez croire le risque que vous courez. »

La duchesse de Devonshire va faire la connaissance du « Roman » car Fersen se propose de passer par l’Angleterre pour regagner la Suède. Il l’annonce à son père le 10 mars 1786 : « Je partirai d’ici à la mi-avril et j’irai m’embarquer à Londres, à Hull ou à Newcastle. » Mais en fait il arrange ses affaires afin de pouvoir assister en secret aux couches de la reine, tandis que le roi, lui, organise de s'absenter de Versailles. C'est une signe remarquable de son déplaisir à une nouvelle dont il aurait dû se réjouir.

C'est incontestable que la grossesse de la reine n’enthousiasme pas Louis XVI ; il arrange sa visite aux nouvelles fortifications de Cherbourg précisément pour la fin juin, l'époque prévue pour la naissance (potentiellement d'un fils). Dans une dépêche à Lord Carmarthen, Dorset note : « La grossesse de la reine avance heureusement et on croit possible que Sa Majesté accouchera pendant l’absence du roi. » Fersen, qui avait déclaré son intention de partir bien avant les couches, ne quittera Versailles en effet que le 25 juin 1786, soit trois mois plus tard que prévu. Ses devoirs militaires lui fournissent le prétexte, mais son amour pour Marie-Antoinette impose ce retard.

Il explique à son père, le 7 avril, qu’il « ne reviendr[a] qu’après le camp ». Une lettre de Dorset à Georgiana, datée du 18 mai, révèle que ce camp avait lieu de la fin du mois de mai jusqu’au commencement de juin : « Le Roman nous quitte dans quelques jours. La pauvre chère Mrs B commence à avoir l’air triste... »

Mais le camp militaire n’empêche pas les retrouvailles de Fersen avec la reine. Il lui écrit sous la rubrique « Joséphine » le 7 juin : « Je reviens dimanche 11. » Il reste avec elle jusqu’à son départ pour l’Angleterre, le 25 juin. Il paraît qu’ils ont passé les derniers jours ensemble au Petit Trianon - attendant en vain la naissance de l'enfant. Selon la Correspondance secrète, après le départ de Versailles de Louis XVI le 20 juin : « La reine a été pendant tout le voyage de Cherbourg dans une retraite absolue à son Trianon. Elle y a été saignée, et Madame, voulant savoir de ses nouvelles, a été refusée. »...

C’est en Angleterre, donc, que Fersen apprend la naissance de Madame Sophie, le 9 juillet 1786. Le vœu de Georgiana est exaucé ; il lui rend visite à Devonshire House, à Londres. Elle écrit à Lady Elizabeth Foster : « Ici on le trouve laid, parce qu’on attendait une grande beauté d’après l’idée que Mrs B l’aime. Il a des yeux merveilleux, la plus belle figure possible et l’air très noble. Dieu merci je ne suis pas amoureuse de lui. »...

Fersen passe l'automne et l'hiver de l'année 1786 en Suède, écrivant régulièrement à la reine sous son nom de code "Joséphine". Au printemps de 1787 il planifie son retour en France, mais la petite Madame Sophie commence à devenir malade et il voudrait rester auprès de Marie-Antoinette et sa fille lorsqu'il rentre à Versailles. Son registre de lettres fournit des informations importantes :

AVRIL 1787
7 Joséphine... Les enfants, projet de loger en haut, qu’elle me rep. au Regt. que j’y serai le 15 mai.
20 Joséphine... ce qu’elle doit me trouver pour habiter en haut, que je pars le 29 ou 30, que je compte être le 15 à Maubeuge et le 20 ou 21 à Paris...

Il s’agit ni plus ni moins que de loger chez la reine au château de Versailles, « en haut », dans une ou deux pièces de ses cabinets intérieurs. Il donne ses ordres assez cavalièrement, presque en maître des lieux : « ce qu’elle doit me trouver pour habiter en haut ». Un tel ton pourrait de prime abord paraître déplacé, beaucoup trop familier pour un simple gentilhomme, mais Fersen a l’assurance de quelqu’un à qui rien ne sera refusé.

Peu importe l'indifférence de Louis XVI et son absence du chevet de la princesse mourante. C'est Fersen que Marie-Antoinette veut avec elle pour veiller sur la petite malade et qui tâche de la consoler quand elle perdra sa fille le 19 juin 1787. Que Fersen mente constamment dans ses lettres à sa famille pour cacher qu’il loge chez la reine, alors si angoissée par l’agonie de son enfant, donne une singulière résonance aux soupçons du duc de Dorset.

Fersen revient donc en France le 15 mai 1787. Il inspecte son régiment à Maubeuge et se rend cinq jours plus tard chez la reine, comme annoncé dans la lettre à « Joséphine » du 20 avril. Dans le registre, il n’y a pas de lettres adressées à Marie-Antoinette entre le 27 avril et le 26 juin 1787 et pour cause – les lettres de Fersen à son régiment confirment qu’il passe plusieurs semaines à Versailles. Il ne quitte Marie-Antoinette qu’après la mort de Madame Sophie, ayant mandé le 17 juin au comte de Saintignon, son adjudant, qu’il arrivera au régiment le 23 ou 24 juin... Malgré la profonde douleur de Marie-Antoinette à la mort de sa fille, Fersen doit enfin la quitter pour remplir ses devoirs militaires. D’après le registre, leur correspondance recommence aussitôt le 26 juin, quand il arrive à son régiment. Et voici qu’au même moment, elle s’entoure d’encore plus de précautions, puisque la toute première lettre en chiffre est répertoriée le 4 juillet 1787. Pendant son absence, Fersen écrit cinq lettres à la reine, réfugiée au Petit Trianon avec Madame Élisabeth pour pleurer la petite Sophie, et il retourne à Versailles le 11 juillet.

Il n'est plus incompréhensible que dans tous les témoignages de la dernière maladie de la petite Madame Sophie, Louis XVI semble se faire remarquer par son absence. Peut-être c'est Marie-Antoinette elle-même qui le préférait ainsi.

©️ Evelyn Farr, 2018


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Message par Calonne Sam 12 Jan 2019, 12:48

Pour les annotations de Louis XVI sur son journal et la sécheresse dont il semble faire preuve au moment de la mort de la petite princesse, je n'y vois pas forcément une quelconque indifférence, si on se réfère à l'ensemble du journal, qui est dans le même ton.
De mémoire, lors du décès de sa mère, Louis XVI note simplement "Mort de ma mère" suivie de l'heure… Et il fait de même pour son premier fils.
Pour moi, il ne faut absolument pas se fier à ce journal pour tenter de comprendre les sentiments de Louis XVI.

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Message par Marie-Jeanne Sam 12 Jan 2019, 16:41

Encore parfaitement d'accord avec vous ! Laughing
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Message par La nuit, la neige Sam 12 Jan 2019, 18:57

Calonne a écrit:
Pour moi, il ne faut absolument pas se fier à ce journal pour tenter de comprendre les sentiments de Louis XVI.
C'est sûr, la preuve !  
Mais, au juste, quels sentiments ?  scratch  Eventaille

Sans doute des confidences ou des écrits plus "personnels" manquent-ils mais, à quelques évènements ou témoignages anecdotiques près, et donc faute de mieux, je ne perçois rien d'autre chez lui qu'une sorte d'apathie généralisée.
C'est un poil exagéré, et je confesse éprouver bien peu de sympathie pour cet homme, mais enfin je le considère plutôt comme un "sphinx, sans guère de mystère" concernant ses "sentiments". sophie - Sophie-Hélène-Béatrice de France, dite Madame Sophie (1786-1787) - Page 2 3236493444
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Message par Calonne Sam 12 Jan 2019, 19:40

Oui, il donne vraiment l'impression d'avoir subi plutôt que vécu sa vie, tout le long de cette dernière. Déprimant plutôt qu'attachant.
Pour quelqu'un de vif, virevoltant et spontané comme Marie-Antoinette, ça ne devait pas être toujours facile d'avoir un tel mari en face de soi... Et aux moments des épreuves, alors qu'elle se démenait comme elle pouvait pour tenter de sauver ce qui pouvait l'être encore, avoir devant soi une telle apathie, un tel fatalisme, ça devait la rendre folle...
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Message par Lecréateur Lun 23 Aoû 2021, 22:31

A propos de ce qu'on continue d'appeler, au 21e siècle, le "Journal" de Louis XVI, il convient de lire et relire ce qu'en dit J.-C. Petitfils (Louis XVI, 2005, Perrin) : il ne s'agit pas d'un journal mais d'un simple carnet dans lequel le roi portait de très brèves annotations pratiques, presque télégraphiques (par exemple au sujet des chasses) et aucune réflexion, aucun épanchement etc. En tirer des conclusions sur l'absence de commentaires et encore plus de sentiments royaux à propos de telle ou telle date, est une aberration totale dans laquelle plus d'un fonce tête baissée. Louis XVI était, heureusement, tout le contraire des néo-romantiques qui commençaient sérieusement à sévir partout avec leurs plumes larmoyantes, théâtrales, hyperboliques. Se répandre dans son journal à propos du décès d'un proche est précisément la preuve de la minceur du deuil, du vide des sentiments. Lors de la mort de proches, je ne me suis jamais hasardé à noter quoi que ce soit dans mon journal, c'aurait été une véritable profanation. Quand la petite Madame Sophie mourut, Louis XVI en fut profondément affecté, mais il se refusa à s'étaler sous les projecteurs dans les différents salons. Et toujours à propos de cette petite princesse, à sa mort le Roi ordonna de se dispenser des cérémonies habituelles non par indifférence pour le sort de la petite, mais pour suivre l'exemple de Louis XIII qui, près de mourir, avait demandé qu'on l'enterrât le plus simplement et le plus rapidement possible car il ne voulait aucune des cérémonies qui se font lors de la mort d'un roi "à cause de l'excessive dépense que l'on ne peut éviter". Les finances du royaume, lors du décès de Sophie, étaient dans une situation encore plus préoccupante qu'à la mort de Louis XIII. Enfin, à propos de la sépulture des petits enfants, l'Eglise ne parle pas de funérailles, on ne porte pas le deuil, on prie non pas pour eux (ils n'en ont pas besoin) mais pour leurs familles
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Message par Lecréateur Mar 24 Aoû 2021, 16:23

Lady Bess a écrit:La manque d'intérêt de Louis XVI pour la petite Madame Sophie se remarque même avant sa naissance et se poursuit jusqu'à l'outre tombe.
Ces lignes résument des pages du livre d'E. Farr, mais ne vont pas au delà. Elles sont plus que très intéressantes, même si ces témoignages et fragments de témoignages ne tiennent pas compte — c’est presque inévitable — d'autres, qui vont dans un sens contraire, mais ce qu’en rapporte cet auteur a le très grand mérite d’avouer ses propres limites (par exemple «Louis XVI semble...», «Peut-être c’est Marie-Antoinette...», «Il paraît qu’ils ont passé...»et autres notations où ne manquent pas de semblables bémols introduits par l’auteur elle-même). Cependant Lady Bess les dépasse parfois, ainsi : «Ce livre démontre clairement qu'aux moments critiques dans la courte vie de cette petite, c'est Fersen et non pas le roi qui joue le rôle de père et de soutien à Marie-Antoinette». Ce livre ne démontre pas, il dit cela. Parti le 20 juin1786, Louis XVI rentre de Cherbourg le 25, il n’a pas musardé (bien qu’il en ait eu l’envie, il l’a dit lui-même) au cours de ce voyage qui, de plus, le vit s’arrêter dans d’autres ports normands, . Qu’il soit bien clair que tout cela se fit grâce à la traction animale, pas de grosses cylindrées, pas d’hélicoptères, pas de TGV etc ! Louis XVI n’a pas prémédité d’aller à Cherbourg justement à la fin de juin 1786 ! Il s’agissait d’un dossier très important. Le temps pressait. Certains de ses contemporains, et la plupart des nôtres, ignorent que ce roi travaillait énormément, suivaient en même temps de multiples dossiers : impossible de se livrer de manière débridée à la vie de cour, de hanter les bals etc. La chasse ? Comme certaines de nos huiles vont à la piscine très régulièrement.
La petite Madame naît le 9 juillet. Le roi est là. Qui nous dit qu’il ne s’est pas rendu auprès de la Reine dès son retour ? Personne. Et alors ?! On peut certes me rétorquer que sans preuves de leurs conversations, de document etc. que voulez-vous etc… ? Justement ! Le Roi et la Reine ont-ils besoin de sténographes qui les suivent jour et nuit pour attester à eux-mêmes (le Roi et la Reine, mari et femme !) qu’ils sont bien en train de se parler ?!  
Donc : «E. Farr cite plusieurs documents inédits qui confortent l'hypothèse de la paternité d'Axel de Fersen» (tant du duc de Normandie que de Sophie). La formule est sage et prudente et ne contredit pas d’autres documents qui confortent l’hypothèse de la paternité de Louis XVI. Supposons fondée la première hypothèse. Durant l’été de la même année 1786 l’archiduchesse Marie-Christine et son mari rendent visite au roi et à la reine. Nous le savons et on nous le répète à satiété de génération en génération : les deux soeurs ne s’entendaient guère, mais cependant dès la première rencontre elles s’écoutèrent, les préventions et les malentendus s’affaiblirent vite. Marie-Antoinette les reçoit au lit, étant encore dans ses semaines de couches. Le lendemain, les visiteurs font la connaissance des quatre enfants royaux, en présence du roi et de la reine. Est-il possible de penser que celle-ci, par exemple à ce moment-là précis-là, ait joué un double jeu face à sa soeur et son beau-frère et en présence de son mari, deux de ces enfants n‘étant que le fruit de l’adultère ? Il lui aurait fallu un sacré don de dissimulation et même de totale duplicité. Cela aurait été un rôle à tenir autre que ceux qu’elle tenait parfois sur le théâtre du Petit Trianon, et cela en permanence et jusqu’à la mort ?! Tout est possible, évidemment, dans le jeu de toutes les hypothèses. Rôle infini, et pas au théâtre simplement, mais à chaque fois au moment même
Et lors de la fin de Sophie, ce n’est pas, une nouvelle fois, l’absence de témoignages, de documents etc qui peut prouver que le Roi fut indifférent etc. Le Roi et la Reine ne furent aucunement étrangers l’un à l’autre, en ces circonstances-là en particulier.
Toujours dans le cas de la première hypothèse : comment se comporta le père putatif ? que fit-il de concret en tant que père? après l’assassinat de la Reine, s’inquiéta-t-il de la vie du petit roi détenu au Temple ? Peut-être des archives subsisteraient-elles ? Dans les papiers et les journaux qu’il laissa ? Tout est toujours possible.
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