Le pavillon de chasse de Stupinigi (Italie)

Un lieu que nous avons brièvement évoqué dans notre sujet consacré à la comtesse de Provence, et que je vous présente plus en détail ici.

Si vous passez près de Turin un jour prochain, pourquoi ne pas visiter le....

Pavillon de chasse de Stupinigi (Palazzina di caccia di Stupinigi)



Histoire

Petit fortin de défense du territoire de Moncalieri, des seigneurs du Piémont, la propriété passe aux Savoie quand leur filiation s'éteint en 1418.
(...)
Victor- Amédée II de Savoie décide la transformation en un hôtel particulier digne de la figure royale. En 1729, il confie le projet à Filippo Juvarra.
Il faut attendre le règne de Charles-Emmanuel III pour que l'hôtel particulier soit aménagé.
Le pavillon de chasse est inauguré le 5 novembre 1731.


Studio per il complesso di Stupinigi
https://seieditrice.com/materiali/disegno/dalla-realta-al-progetto-dal-progetto-alla-realta/esagonali/palazzina-di-caccia-stupinigi-torino.html

La construction s'agrandit pendant les règnes de Charles-Emmanuel III et de Victor-Amédée III avec la contribution d'autres architectes, parmi lesquels Giovanni Tommaso Prunotto qui devient superintendant des travaux.

Benedetto Alfieri projette deux nouvelles ailes en 1739 et les réalise vers 1759. Elles reçoivent les écuries et les remises agricoles.



Napoléon Ier y séjourne, du 5 au 16 mai 1805, avant d'aller à Milan ceindre la Couronne De fer. Durant cette période, il fut également le siège de la XVIe cohorte de la Légion d'honneur.
Il abrite également Pauline Bonaparte et son époux, le prince Camille Borghèse pendant son règne en Italie.



Vers 1832, le palais redevient la propriété de la famille royale et il accueille des bals, des concerts, des banquets, des visites d’Etat et est fréquenté régulièrement jusqu’au début du XXe siècle.

Pendant le XIXe siècle, il accueille un éléphant indien mâle, cadeau offert au roi Charles-Félix de Savoie.



En 1910 Maria Pia, reine de Portugal, née princesse de Savoie, après la proclamation de la république au Portugal vient trouver refuge au pavillon de Stupinigi et y meurt l'année suivante.

Propriété de l’État en 1919, le domaine est rendu en 1925, avec les terrains environnants, à l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare, propriétaires des terrains depuis 1573.
Devenu aujourd'hui lieu d’expositions temporaires et le siège du Musée des Arts et de l’Ameublement, y sont exposés les objets de décoration originaux exécutés par les artistes et les artisans les plus importants du Piémont.

Architecture :

Du pavillon circulaire rayonnent quatre ailes diagonales.



Extérieur
Une imposante statue de cerf domine le toit du corps central qui en fait véritablement un pavillon de chasse flanqué de fermes, d'écuries, d'entrepôts et de jardins.
Le parc est d'une superficie de 160 000 m2.
Le Parc naturel de Stupinigi, qui comprend les zones agricoles et boisées qui entourent le Pavillon, est créé en 1991.



Intérieur
Il occupe une superficie de 46 000 m2
le salon central elliptique dit « Grand salon », comporte des baies vitrées et est surmonté d'une coupole en cuivre sur laquelle trône la (copie de la) statue de bronze du cerf de Francesco Ladatte.
la chapelle dédiée à saint Humbert,
les cabinets chinois
la salle des perspectives
et plus 137 pièces et 17 galeries
















































Photos : Dantes / www.juzaphoto.com/p/Dantes
Photos : http://www.artribune.com/tribnews/2011/11/insomma-che-sfarzo-questi-savoia-riapre-la-palazzina-di-caccia-di-stupinigi-e-noi-ve-la-facciamo-vedere-certo-che-avventure-per-raggiungerla%E2%80%A6/





Je vous encourage également à visiter la page de nos amis de l'Association Marie-Antoinette italienne, avec de très belles photos.  

C'est ici : http://associazionemariaantonietta.blogspot.fr/2015/04/appuntamento-il-prossimo-17-maggio.html

Superbe reportage LNLN !
Si la décoration baroque nous paraît sans doute un peu chargée, force est de constater que la Maison de Savoie, royale depuis 1713, a utilise les grands moyens et les plus grands artistes pour s'efforcer d'egaler les grands États monarchiques européens !

On y a tourné quelques scènes de La Putain du Roi, dont le fameux ballet blanc :



A 12'35''

Ha oui la comtesse de Verrue - en fait ça se prononce Verr(oi)-, maîtresse de Victor-Amedee II.

... précision Verrue se prononce Verua...

Oui, le film est basé sur le roman de Tournier mais l'histoire de l'épouse sacrifiée par sa belle famille pour obtenir les faveurs du duc de Savoie est bien réelle, et rapportée par Saint-Simon dans ses mémoires.

Retirée à Paris après une fuite rocambolesque, elle est connue aujourd'hui comme une grande collectionneuse et bibliophile dont les ouvrages portant son ex-libris s'arrachent encore à bon prix

Elle compte dans sa descendance la princesse de Lamballe.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne-Baptiste_d%27Albert_de_Luynes?wprov=sfsi1

Je connais peu son itinéraire de vie mais on peut se demander si sa liaison avec Victor-Amédée II dont même Louis XIV se méfiait  tant il était retors, fut empreinte de joie ?
La réponse est probablement nuancée, mais si là comtesse de Verrue finit pourtant par s'enfuir ce fut pour de bonnes raisons....

J'ai vu le film La Putain du Roi en son temps mais globalement il m'a déçu. Manque de rythme malgré quelques scènes et décors intéressants.

La nuit, la neige a écrit:

Attention, cela va vous piquer les yeux !!  

En effet ! Quelle débauche effarante de faste tape-à-l'oeil !
Merci, cher la nuit, la neige, pour cette incroyable visite ! Elle doit valoir le détour. Mais Turin n'est toujours qu'un lieu de passage pour traverser la frontière . Jamais le temps de s'attarder et regarder alentour . Il faudra, un jour ...

Dominique Poulin a écrit:
... précision Verrue se prononce Verua...

C'est mieux ainsi .

Dominique Poulin a écrit:
Si la décoration baroque nous paraît sans doute un peu chargée, force est de constater que la Maison de Savoie, royale depuis 1713, a utilise les grands moyens et les plus grands artistes pour s'efforcer d'egaler les grands États monarchiques européens !

Certainement.
Aussi je pense que le patrimoine artistique italien fait largement jeu égal avec celui de France, et je ne suis pas loin de dire qu'il le surclasse (préférence personnelle pour tout ce qui touche à l'Italie ).

Gouverneur Morris a écrit:On y a tourné quelques scènes de La Putain du Roi, dont le fameux ballet blanc :

Oh ! Quelle mémoire !
Je me souviens avoir été bousculé par ce film.
J'avais beaucoup aimé la performance des acteurs principaux.

Gouverneur Morris a écrit:On y a tourné quelques scènes de La Putain du Roi, dont le fameux ballet blanc

...dont un plan en plongée rappelle beaucoup la scène de bal du Marie-Antoinette américain de 1938


Bien à vous.

Mme de Sabran a écrit:
Merci, cher la nuit, la neige, pour cette incroyable visite !   Elle doit valoir le détour. Mais Turin n'est toujours qu'un lieu de passage pour traverser la frontière . Jamais le temps de s'attarder et regarder alentour .   Il faudra, un jour  ...

Ah oui ! Je te conseille de faire une étape-visite la prochaine fois que tu passes la frontière.  

Entre autres merveilles, il y a bien sûr le ravissant Palazzo Madama, mais aussi le spectaculaire Palazzo Reale (attention au syndrome de Stendhal    ).

Je vais les présenter...

Merci encore cher LNLN pour ce foisonnant reportage !

Il est possible que Juvarra se soit inspiré, pour le pavillon central en X, d'un projet de Boffrand de 1712 pour le château de la Malgrange, résidence du duc Léopold de Lorraine à la périphérie de Nancy, mais qui ne fut jamais réalisé :



pinterest

Merci !
Oui, c'est possible...




Cet article précise cependant que Filippo Juvarra avait reçu, en 1705, le premier prix du  Concorso Clementino dell’Accademia di San Luca pour son "Progetto ideale di delizia per tre personaggi illustri", dont le plan était de forme hexagonale.

Ici :
https://seieditrice.com/materiali/disegno/dalla-realta-al-progetto-dal-progetto-alla-realta/esagonali/palazzina-di-caccia-stupinigi-torino.html

Merci LNLN pour cette précision que j'ignorais

La nuit, la neige a écrit:

Gouverneur Morris a écrit:On y a tourné quelques scènes de La Putain du Roi, dont le fameux ballet blanc :

Oh ! Quelle mémoire !
Je me souviens avoir été bousculé par ce film.
J'avais beaucoup aimé la performance des acteurs principaux.

Il est dans mon top 10 par contre la vidéo que j'ai postée présente un montage différent chronologiquement de celui retenu pour la diffusion en Europe et inclut des scènes inédites (une version pour le Japon ?)

Gouverneur Morris a écrit: le château de la Malgrange, résidence du duc Léopold de Lorraine à la périphérie de Nancy :

... des jardins duquel le chevalier de Boufflers s'est élevé vers le ciel en ballon .

Source ici

Je reprends la visite de ce pavillon de chasse avec quelques photos personnelles. Ambiance et couleurs estivales...  

Concernant l'histoire de château, je vous renvoie à la lecture des premiers messages de ce sujet.
Je passerai aussi les longs descriptifs historiques et artistiques, mais si vous avez des questions, n'hésitez pas à me les poser !

Comme dit l'ami Stéphane...Suivez-moi !!














La visite se concentrera essentiellement sur la partie gauche et centrale du bâtiment, à savor les appartements royaux initialement disposés selon le plan " à quatre bras de la croix de Saint-André " imaginé par Filippo Juvarra (années 1730), puis reprise et agrandie par l'architecte Benedetto Alfieri au milieu du XVIIIe siècle (appartement Ouest dit des ducs de Chablais)







L'entrée du pavillon est située au niveau des anciennes écuries juvariennes, elles-mêmes partiellement transformées au XIXe siècle en bibliothèque dont les boiseries des XVIIIe et XIXe siècles proviennent du Palais royal de Turin.








Le jour de ma visite, une exposition " trombinoscope de bambins princiers piémontais " était mise en scène dans les deux salles de cette bibliothèque.  
Qui portait robe n'était pas forcément une jeune fille ! Avant 4 ou 5 ans, tous les garçons sont représentés avec des robes...
Identification sur demande.  















La salle des Ecuyers (Ancienne salle " delli Buffetti " de l'appartement de la reine)

La voûte (Apollon terrassant le dragon Python) et les chapiteaux (figures allégoriques des Saisons, animaux, populations rurales) sont décorés en 1733. Dans les années 1770 la pièce est transformée par l'ajout de 13 toiles de Vittorio Amedeao Cignarolli représentant des scènes de chasse, des paysages et les résidences royales.










Le grand salon central

Situé au coeur du pavillon de Stupinigi, cette grande salle elliptique distribue les différents appartements royaux. Elle est décorée de fresques et décors en trompe l'oeil dans les années 1730, et selon les souhaits et plans de l'architecte Juvarra.

Entrons...


















Le lustre central, en cristal et bronze doré, fut installé en 1773, à l'occasion des fêtes célébrant le mariage de Marie-Thérèse de Savoie (fille de Victor-Amédée III) et du comte d'Artois.





La chapelle Saint-Hubert

Initialement destinée à recevoir la cantine des officiers, cette salle devient la chapelle du palais à la fin des années 1760.

Elle porte le nom du saint protecteur de la chasse et des sujets : Saint Hubert (voir notre récent sujet : Saint-Hubert, château royal délaissé par Louis XVI  ).

La saison de la chasse commençait à Stupinigi en septembre et atteignait son apogée le 3 novembre, avec la grande chasse de Saint-Hubert.
Pauvres bêtes...








Si le sujet vous intéresse, et pour la petite histoire d'Hubert de Liège et sa vision d'un Crucifix entre les bois d'un cerf, voir ici :

Hubert de Liège - Saint catholique (Wikipedia)


....A suivre !

Merci pour cette splendide visite !
J'aime bien le nom modeste de " pavillon de chasse " !
La collection de portraits d'enfants est adorable !!! Du moins, avec ces petits garçons enjuponnés comme des petites filles, évitait-on les prétendus stéréotypes de genre dont on dégoise à qui mieux-mieux aujourd'hui ! ( me connaissant bien, tu devines ce que j'en pense )

Mme de Sabran a écrit:
J'aime bien le nom modeste de " pavillon de chasse " !  

Oui !   Je me contenterais des communs bien volontiers...

Je poursuis donc avec un dédale de corridors et pièces en enfilade particulièrement difficiles à photographier : soit trop exiguës, soit difficiles d'accès, soit plongées dans un semi-pénombre (persiennes délabrées et généralement fermées) et / ou particulièrement mal éclairées (vieux lampadaires d'appartement).  

Je n'ai pas photographié tous les décors, mais il faut bien comprendre que tout est peint et doré, du sol aux plafonds !  

J'ai déjà inséré quelques portraits peints ici ou là dans nos différents sujets (ou je le ferai à une prochaine occasion).
Voir notamment du côté des sujets dédiés aux enfants de Louis XV ou des comtesses de Provence et d'Artois.
Je ne légende donc pas mes images.

Au départ donc du grand salon central...



L'appartement de la reine (pièces principales)






























L'escalier devait être bien raide à monter, pour les domestiques...  




L'appartement du roi (pièces principales)










































Sortons !


Et suite de la visite dans un autre appartement du palais...  

Nous galopons sur tes talons !
C'est fou ce que la décoration est surchargée, notamment celle des boiseries... mais au diable la simplicité !
J'ajoute que ce petit nom de Stupinigi, avec l'accent italien, est tout à fait craquant !!!

Je trouve les sols tout à fait surprenants dans un lieux aussi sophistiqué