La correspondance de Marie-Antoinette avec le comte de Mercy-Argenteau

Je suis allé faire un petit tour cet après-midi au musée des lettres et manuscrits (222 boulevard Saint-Germain à Paris), où j'ai découvert de véritables trésors .  :n,,;::::!!!: 

Pour commencer, voici une lettre de Marie-Antoinette en date du 27 janvier 1789 adressée à Mercy-Argenteau. Elle a été publiée par Mme Lever en page 477 de son ouvrage.

Voici une lettre en date du 6 mai (1791) conservée au musée des lettres et manuscrits.

Elle ne figure pas dans la correspondance de Mme Lever.

Le (ou la) destinataire n'est pas précisé : peut-être Fersen ou Mercy ? La reine écrit qu'elle est "affligée" que le destinataire de son courrier n'ait pas trouvé d'argent en Hollande.

Marie-Antoinette y avoue que sauf à prendre la fuite, elle mourra : "Notre position est affreuse et telle que ceux qui ne sont pas apportez de la voir ne peuvent pas s'en faire d'idée. Il n'y a plus qu'une alternative icy pour nous, surtout depuis le 18 avril, ou faire aveuglément tous ce que les factieux exigent, ou perire par le glaive qui est sans cesse suspendu sur nos têtes. Croyez que je n'exagère point les dangers."











Impossible de photographier la lettre en entier, étant donné que la reine écrivait au recto comme au verso et que seuls les rectos sont visibles en vitrine.  

Et je me demande si on trouve d'autres lettres importantes de la reine au musée des manuscrits au lieu d'être consultables aux archives???? J'y vais absolument la prochaine fois que je serai à Paris!

Je crois que la lettre devait être adressée à Mercy, qui s'était installé à Bruxelles et qui savait que l'on organisait une évasion des Tuileries. Il aurait bien compris la nécessité de trouver de l'argent pour cette tentative contre-révolutionnaire. Fersen était à Paris à cette époque, il allait voir la reine aux Tuileries presque tous les jours, donc pas de besoin de lui écrire toutes ces choses. Mais comment cette lettre est-elle venue au musée?

Un grand merci, cher Cosmo!

Notons aussi que l'étiquette désigne la reine 'Marie-Antoinette d'Autriche: Vienne 1755 - Paris 1793' comme si elle n'était point la Reine de France…

   boudoi16 

evelynfarr a écrit:Et je me demande si on trouve d'autres lettres importantes de la reine au musée des manuscrits au lieu d'être consultables aux archives???? J'y vais absolument la prochaine fois que je serai à Paris!

Je crois que la lettre devait être adressée à Mercy, qui s'était installé à Bruxelles et qui savait que l'on organisait une évasion des Tuileries. Il aurait bien compris la nécessité de trouver de l'argent pour cette tentative contre-révolutionnaire. Fersen était à Paris à cette époque, il allait voir la reine aux Tuileries presque tous les jours, donc pas de besoin de lui écrire toutes ces choses. Mais comment cette lettre est-elle venue au musée?

Un grand merci, cher Cosmo!

Merci pour tes lumières, chère Evelyn !  :n,,;::::!!!: 

Je suppose que le musée l'a acheté de gré à gré ? L'affaire du rachat de la déclaration de Louis XVI a fait grand bruit il y a quelques années. Cette déclaration est aujourd'hui exposée au musée des lettres et manuscrits (sauf aujourd'hui  :51516946: ).

J'ai découvert l'existence de ce musée hier en faisant des recherches en ligne et m'y suis précipité cet après-midi, pour découvrir une véritable caverne d'Ali Baba.   
Le nombre et la qualité des documents exposés est tout simplement incroyable.    

Le musée a ouvert en 2010 : on y trouve des lettres d'écrivains, de scientifiques, de souverains, de princes etc... C'est fantastique.  :n,,;::::!!!: 

Voici le site internet de ce musée : http://www.museedeslettres.fr/public/politique-musee

Je ne peux pas vous remercier suffisament pour cette découverte, Cosmo - j'ai hâte de visiter la caverne d'Ali Baba!!! Les manuscrits, les lettres anciennes, je serai au paradis documentaire! On aura des difficultés à me faire sortir!!

De rien.   Je pense en effet que cela va beaucoup te plaire !
Il y a également beaucoup de lettres sur d'autres époques, notamment la correspondance amoureuse d'Edith Piaf, qui n'avait pas sa langue dans la poche !!!  : : : 
Je te laisse découvrir.

evelynfarr a écrit:
Je crois que la lettre devait être adressée à Mercy, qui s'était installé à Bruxelles et qui savait que l'on organisait une évasion des Tuileries.

Elle est adressée à Mercy, oui.
Elle est en partie citée dans quelques ouvrages, notamment celui de Mme Fraser et de Simone Bertière.
J’ignore pourquoi elle n’est pas reproduite en entier dans la compilation de lettres de Mme Lever ?   

J’essaie de lire quelques passages qui semblent intéressants (l’argent, la vente des biens nationaux, ses diamants) mais ce n’est pas facile... àè-è\':

Oui c'est pas facile à lire.   ... et c'est quoi cette histoire de "maison Walqui... what"???   boudoi16 

Cosmo a écrit:Oui c'est pas facile à lire.   ... et c'est quoi cette histoire de "maison Walqui... what"???   boudoi16 

Evidement des banquiers bruxellois ou hollandais. On ne doit pas compter sur l'orthographe.

Walquirst??

Walquirse??

Walquirsh??

Walquier???

Je crois que j'ai lu ce nom ailleurs – dans la correspondance avec Fersen. Mais toujours  boudoi16 

Ah c'est cela, des banquiers !!  :\\\\\\\\:  Je me demandais vraiment de quoi elle parlait !!

Cosmo a écrit:Ah c'est cela, des banquiers !!  :\\\\\\\\:  Je me demandais vraiment de quoi elle parlait !!

On parlait toujours de la maison de …. [nom de banquier] au dix-huitième siècle.

La reine écrit à Mercy qu'il faut trouver de l'argent aux Pays Bas ou en Hollande, mais elle se méfie de la maison de Walqui… car le banquier Mr. Edouard avait un cousin (qui est ce cousin?) et des 'intimités et liaisons' à Paris  avec le parti révolutionnaire, me semble-t-il. La reine parle même de la méfiance qu'elle a envers son banquier La Borde (peut-être que c'est lui le cousin). La confidentialité était essentielle.

Voici la transcription complète de cette lettre au Musée des Lettres et Manuscrits. L'orthographe et la ponctuation etc. sont reproduites exactement.

Il est interessant de voir à la fin de la lettre qu'Elle a encore confiance en Mme Campan.

Qui dira encore que la Reine n'était pas bonne en politique ?

Merci Evelyn pour cette lettre.   

Mr de Talaru a écrit:Il est interessant de voir à la fin de la lettre qu'Elle a encore confiance en Mme Campan.

Qui dira encore que la Reine n'était pas bonne en politique ?

A mon avis, Marie-Antoinette était douée pour la politique, elle saisit toujours très vite l'essentiel des affaires et ne se prêtait pas aux idées romantiques mais peu pratiques. Et elle s'exprimait très bien, sans détours rhétoriques qui au fond ne disent pas grande chose.

Mr de Talaru a écrit: Merci Evelyn pour cette lettre.   

De rien, mon cher François! :  : 

Pour moi, il est évident qu'elle l'est devenue en 1789, et encore plus en 1791. C'était elle qui tenait le couple... Et donc le roi.

Merci Evelyn !
Une lettre très intéressante, en effet.
Et je ne comprends donc toujours pas pourquoi elle est à peine évoquée, et encore seulement partiellement, dans les ouvrages dits de « référence » ?   

La nuit, la neige a écrit:
Une lettre très intéressante, en effet.
Et je ne comprends donc toujours pas pourquoi elle est à peine évoquée, et encore seulement partiellement, dans les ouvrages dits de « référence » ?   

Une très bonne question, LNLN!    

evelynfarr a écrit:
A mon avis, Marie-Antoinette était douée pour la politique, elle saisit toujours très vite l'essentiel des affaires et ne se prêtait pas aux idées romantiques mais peu pratiques. Et elle s'exprimait très bien, sans détours rhétoriques qui au fond ne disent pas grande chose.

C'est bien vrai. Le début de sa lettre est très intéressant : on voit bien qu'elle et le roi ont compté pendant longtemps sur un retournement de l'opinion publique en leur faveur. Mais face à la violence des factieux, ils n'ont plus d'autre choix que de fuir. La majorité silencieuse ne fera rien pour eux.
Elle a bien senti aussi que la province n'était pas forcément moins gagnée par les idées républicaines que Paris...

Merci, chère Evelyn.  

Oui c'est vrai et depuis longtemps, même le roi en était convaincu, du moins depuis son voyage à Cherbourg.

Je ne trouve pas de sujet consacré à Mercy Argenteau lui-même Alors pour éviter un doublon si jamais il existe, je poste ici une information que j'ai lu dans le livre de Vincent Cronin Louis and Antoinette: il y a dans les archives de Vienne une lettre de la main de Mercy, demandant à Vermond d'envoyer à l'Impératrice de fausses informations, de façon à soutenir le faux rapport de l'ambassadeur lui-même selon lequel Louis XVI aurait cédé à la pression de ses ministres, alors qu'à cette occasion il existe des preuves que ce fut le contraire (Louis XVI imposa sa volonté à ses ministres). Mais "l'occasion" n'est pas précisée... Savez vous de quoi il s'agit?
Ce qui est intéressant c'est de voir comme il est délicat de s'en référer aux sources de l'époque...

Cela ne me dit rien, a priori. Désolé.
Il est encore plus étonnant que l’auteur ne donne pas davantage de détails...

Cette double biographie de Vincent Cronin ne me dit rien. L'auteur non plus d'ailleurs.
Cette demande attestée de fausses informations à donner à Marie-Thérèse m'est aussi tout à fait inconnue. Néanmoins, les Girault de Coursac ont pris plus d'une fois l'ambassadeur en flagrant délit de mensonges envers l'impératrice. Après, hormis peut-être au tout début du mariage de Marie-Antoinette, je ne crois pas que Vermond prenait la plume lui-même pour écrire à Marie-Thérèse.

Ce serait à creuser !

Marie-Antoinette au comte de Mercy Argenteau
Le 10 octobre 1789





Pour la transcription, vous la retrouverez dans le Lever : page 497.
J’ai pour l'instant la flemme de la recopier ce soir... :

J’ai pris le temps de recopier la transcription, d’après Mme Lever :

Je n’ai reçu, qu’aujourd’hui, Monsieur, votre lettre du 6. Je conçois toutes vos inquiétudes, ne doutant pas de votre parfait attachement.
J’espère que vous avez reçu ma lettre de mercredi, qui vous aura un peu rassuré.

Je me porte bien malgré toutes les méchancetés qu’on ne cesse de me faire, j’espère pourtant ramener la partie saine et honnête de la bourgeoisie et du peuple.
Malheureusement, quoiqu’en assez grand nombre, ils ne sont pas les plus forts mais, avec de la douceur et une patience à toute épreuve, il faut espérer qu’au moins nous parviendrons à détruire l’horrible méfiance qui existait dans toutes les têtes, et qui a toujours entraîné dans les abîmes où nous sommes.

Vous écrirez à l’empereur pour moi : je crois qu’il est plus prudent que je ne lui écrive pas en ce moment, même pour lui mander seulement que je me porte bien.
L’Assemblée va venir ici, mais on dit qu’il y aura à peine six cents députés. Pourvu que ceux qui sont partis calment les provinces, au lieu de les animer sur cet évènement-ci, car tout est préférable aux horreurs d’une guerre civile.

J’ai été bien aise que vous ayez pu vous sauver de Versailles. Jamais on ne pourra croire ce qui s’est passé dans les dernières vingt-quatre heures.
On aura beau dire, rien ne sera exagéré, et, au contraire, tout sera au dessous de ce que nous avons éprouvé.

Vous ferez bien de ne pas venir de quelque temps ici, cela inquièterait encore. Au reste je ne peux voir personne chez moi : je n’ai que ma petite chambre en haut. Ma fille couche dans mon cabinet à côté de moi, et mon fils dans ma grand-chambre.
Quoique cela soit gênant, j’aime mieux qu’ils soient près de moi, et au moins ne me soupçonnera-t-on pas de voir du monde chez moi.
Adieu, Monsieur. Plus je suis malheureuse, et plus je sens que je suis tendrement attaché à mes véritables amis, et il y a longtemps que je me plais à vous compter de ce nombre.