Madame Fenouillot de Falbaire, " berceuse " du sieur Beaujon
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Madame Fenouillot de Falbaire, " berceuse " du sieur Beaujon
Gosselin Lenôtre cite Mme de Falbaire
dans son ouvrage Paris et ses Fantômes ...
............................................
« La vie de ce financier est, à ce qu'on assure, des plus singulières. Il était malade, et il lui était défendu de manger autre chose qu'une sorte de brouet au lait sans sucre. Il donnait des dîners dignes de Comus, il voyait manger ses convives, il sentait l'odeur des mets, et il ne touchait à rien. Il était entouré des plus jolies femmes de Paris, qui le traitaient tout à fait sans conséquence ; elles le lutinaient et l'agaçaient sans cesse. La moindre galanterie lui était défendue, les émotions lui étaient interdites. Le soir sa maison était pleine d'une joyeuse compagnie, le souper était étincelant, les mots et les bouchons se croisaient. Pendant ce temps, le propriétaire, ce Crésus envié de tous, était condamné à se mettre au lit, où il ne dormait pas à cause de ses souffrances. Ces dames se relayaient autour de lui, et l'une après l'autre le berçaient de leurs chansons, de leurs histoires, de leurs propos. D'où le nom de berceuses de M. de Beaujon, qu'on leur donna fort généreusement. Du reste, c'était un homme excellent, faisant un bien infini, et employant sa fortune en bonnes œuvres. »
— Baronne d'Oberkirch, Mémoires sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789
Nous connaissions déjà bien deux autres berceuses du sieur Beaujon ( oserais-je dire des collègues de Mme de Falbaire ? ) : Mme Tilaurier ( qui allait devenir Mme Duval d'Esprémesnil ) et sa soeur Michelle de Bonneuil ( dont nous parlions encore pas plus tard qu'hier ) , mais il y avait également Mme de Mortainville, Mme Taffard, Mme du Lys ... pour celles dont les noms sont arrivés jusqu'à nous ...
... cités par Claude Pasteur,
ainsi que ce récit d'Elisabeth Vigée Le Brun :
Un Anglais jaloux de voir tout ce que l'on citait comme curieux à Paris, fit demander à M. Beaujon la permission de visiter son bel hôtel. Arrivé dans la salle à manger, il y trouva la gande table dressée et, se retournant vers le domestique qui le conduisait :
" Votre maître, dit-il, doit faire une bien excellente chère ?
- Hélas, Monsieur, répondit le cicerone, mon maître ne se met jamais à table, on lui sert seulement un plat de légumes. "
L'Anglais passant alors dans le premier salon :
" Voilà du moins qui doit réjouir ses yeux, reprit-il en montrant les tableaux.
- Hélas, Monsieur, mon maître est presque aveugle.
- Ah ! dit l'Angalis en entant dans le second salon, il s'en dédommage, j'espère, en écoutant de la bonne musique.
- Hélas, Monsieur, mon maître n'a jamais entendu celle que l'on fait ici, il se couche de trop bonne heure, dans l'espoir de dormir quelques instant."
L'Anglais, regardant alors le magnifique jardin qui se déployait sous ses fenêtres :
" Mais alors, votre maître peut jouir du plaisir de la promenade.
- Hélas, Monsieur, il ne marche plus. "
Dans ce moment arrivaient les personnes invitées à dîner parmi lesquelles se trouvaient de forts jolies femmes. L'Anglais reprend :
" Enfin, voilà plus d'une beauté qui peuvent lui faire passer des moments très agréables ? "
Le domestique ne répondit à ces mots que par deux " hélas ! " au lieu d'un et n'ajouta rien de plus .
Dommage ! ce n'est pas de chance surtout quand on s'appelle Beaujon ...
La préférée de ses berceuses était la ravissante Mme de Falbaire. Celle-là, il ne supportait pas l'idée de son infidélité ! Mais le mari, auquel il avait fait obtenir la baronnie de Cangé et le poste d'inspecteur des salines de l'Est, veillait avec un soin particulier sur leur commun trésor !
( Claude Pasteur )
Qui est-il, hein ! je vous le demande un peu, ce mari très complaisant ?
Wiki a réponse à tout :
Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey, né à Salins le 16 juillet 1727 et mort à Sainte-Menehould le 28 octobre 1800, est un auteur dramatique français.
Ayant obtenu un emploi dans les finances, il se lance dans le théâtre en s'inspirant de la Poétique française de Jean-François Marmontel, lequel se proposait de rajeunir la tragédie en y introduisant des héros bourgeois et en y représentant des événements modernes. Marmontel avait cité comme exemple d'un tel sujet l'histoire de Jean Fabre, un protestant qui s'était fait mettre aux galères pour épargner ce supplice à son vieux père.
Fenouillot écrit alors L'Honnête Criminel.
Jouée pour la première fois dans le théâtre privé de l'hôtel de la duchesse de Villeroy en 1768, la pièce est interdite de représentation à Paris par le ministre Louis Phélypeaux de Saint-Florentin. Considérée dès lors comme une protestation contre l'intolérance, elle attire une attention considérable. Voltaire fait son éloge et Marie-Antoinette la fait jouer en sa présence. Par la suite, la pièce est acclamée à Bruxelles, à Maastricht, à Toulouse et en Italie et fait l'objet d'une imitation par Gaspar Melchor de Jovellanos.
La deuxième pièce de Fenouillot de Falbaire, une comédie intitulée Les Deux Avares et accompagnée de la musique d'André Grétry, remporte en 1770 un succès honorable à Fontainebleau et à Paris, mais elle est mise en pièces par la critique. « Hélas ! écrit le baron Grimm, ce pauvre Fenouillot n'a qu'un malheur et un tort, c'est d’être un peu bête ». Viennent ensuite : Le Fabricant de Londres, qui tombe à Paris dès sa première représentation en 1771 mais qui est applaudie à Venise et à Vienne ; Sémire et Mélide ou le Navigateur, agrémentée de la musique de Philidor, qui est répétée à l'Opéra de Paris mais jouée seulement à Bruxelles ; L'École des mœurs, qui tombe lors de la première à la Comédie-Française en 1776, mettant ainsi fin à la carrière théâtrale de son auteur.
Fenouillot de Falbaire subit vers cette époque un autre revers de fortune lorsque sa femme, de vingt-six ans sa cadette, devient la maîtresse du financier Nicolas Beaujon. Il se fait alors nommer régisseur des salines de Salins, puis, en 1782, inspecteur général des salines de Franche-Comté, de Lorraine et des Trois-Évêchés. Ses fonctions l'ayant amené à se heurter aux intérêts des fermiers généraux, il est destitué en 1787. Il publie cette année-là ses Œuvres, deux volumes dans lesquels il réunit ses pièces, dont plusieurs n'ont jamais été jouées, ainsi que quelques poésies et écrits théoriques.
Lors de la Révolution, L'Honnête Criminel triomphe enfin à Paris au Théâtre de la Nation le 4 janvier 1790. Cette pièce, disent Charles-Guillaume Étienne et Alphonse Martainville, est « écrite en vers souvent très heureux ; les situations en sont attachantes ; elle fait couler de douces larmes et, en admettant le genre des drames, il faut convenir que celui-ci est un des meilleurs qui aient paru sur le théâtre ». Ce nouveau succès de L'Honnête Criminel, qui connaît une centaine de représentations jusqu'en 1799, vaut à Fenouillot de Falbaire d'être nommé « commissaire du gouvernement près le Théâtre de l'Odéon ». En 1795, il se voit accorder un modeste pécule en récompense de ses travaux littéraires, mais, ayant échoué à obtenir un poste de quelque importance, il meurt, amer et ruiné, en 1800.
À la demande de son ami Denis Diderot, Fenouillot de Falbaire a par ailleurs contribué à trois articles de l'Encyclopédie, dont le plus notable est celui qu'il a consacré aux « salines ».
dans son ouvrage Paris et ses Fantômes ...
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« La vie de ce financier est, à ce qu'on assure, des plus singulières. Il était malade, et il lui était défendu de manger autre chose qu'une sorte de brouet au lait sans sucre. Il donnait des dîners dignes de Comus, il voyait manger ses convives, il sentait l'odeur des mets, et il ne touchait à rien. Il était entouré des plus jolies femmes de Paris, qui le traitaient tout à fait sans conséquence ; elles le lutinaient et l'agaçaient sans cesse. La moindre galanterie lui était défendue, les émotions lui étaient interdites. Le soir sa maison était pleine d'une joyeuse compagnie, le souper était étincelant, les mots et les bouchons se croisaient. Pendant ce temps, le propriétaire, ce Crésus envié de tous, était condamné à se mettre au lit, où il ne dormait pas à cause de ses souffrances. Ces dames se relayaient autour de lui, et l'une après l'autre le berçaient de leurs chansons, de leurs histoires, de leurs propos. D'où le nom de berceuses de M. de Beaujon, qu'on leur donna fort généreusement. Du reste, c'était un homme excellent, faisant un bien infini, et employant sa fortune en bonnes œuvres. »
— Baronne d'Oberkirch, Mémoires sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789
Nous connaissions déjà bien deux autres berceuses du sieur Beaujon ( oserais-je dire des collègues de Mme de Falbaire ? ) : Mme Tilaurier ( qui allait devenir Mme Duval d'Esprémesnil ) et sa soeur Michelle de Bonneuil ( dont nous parlions encore pas plus tard qu'hier ) , mais il y avait également Mme de Mortainville, Mme Taffard, Mme du Lys ... pour celles dont les noms sont arrivés jusqu'à nous ...
... cités par Claude Pasteur,
ainsi que ce récit d'Elisabeth Vigée Le Brun :
Un Anglais jaloux de voir tout ce que l'on citait comme curieux à Paris, fit demander à M. Beaujon la permission de visiter son bel hôtel. Arrivé dans la salle à manger, il y trouva la gande table dressée et, se retournant vers le domestique qui le conduisait :
" Votre maître, dit-il, doit faire une bien excellente chère ?
- Hélas, Monsieur, répondit le cicerone, mon maître ne se met jamais à table, on lui sert seulement un plat de légumes. "
L'Anglais passant alors dans le premier salon :
" Voilà du moins qui doit réjouir ses yeux, reprit-il en montrant les tableaux.
- Hélas, Monsieur, mon maître est presque aveugle.
- Ah ! dit l'Angalis en entant dans le second salon, il s'en dédommage, j'espère, en écoutant de la bonne musique.
- Hélas, Monsieur, mon maître n'a jamais entendu celle que l'on fait ici, il se couche de trop bonne heure, dans l'espoir de dormir quelques instant."
L'Anglais, regardant alors le magnifique jardin qui se déployait sous ses fenêtres :
" Mais alors, votre maître peut jouir du plaisir de la promenade.
- Hélas, Monsieur, il ne marche plus. "
Dans ce moment arrivaient les personnes invitées à dîner parmi lesquelles se trouvaient de forts jolies femmes. L'Anglais reprend :
" Enfin, voilà plus d'une beauté qui peuvent lui faire passer des moments très agréables ? "
Le domestique ne répondit à ces mots que par deux " hélas ! " au lieu d'un et n'ajouta rien de plus .
Dommage ! ce n'est pas de chance surtout quand on s'appelle Beaujon ...
La préférée de ses berceuses était la ravissante Mme de Falbaire. Celle-là, il ne supportait pas l'idée de son infidélité ! Mais le mari, auquel il avait fait obtenir la baronnie de Cangé et le poste d'inspecteur des salines de l'Est, veillait avec un soin particulier sur leur commun trésor !
( Claude Pasteur )
Qui est-il, hein ! je vous le demande un peu, ce mari très complaisant ?
Wiki a réponse à tout :
Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey, né à Salins le 16 juillet 1727 et mort à Sainte-Menehould le 28 octobre 1800, est un auteur dramatique français.
Ayant obtenu un emploi dans les finances, il se lance dans le théâtre en s'inspirant de la Poétique française de Jean-François Marmontel, lequel se proposait de rajeunir la tragédie en y introduisant des héros bourgeois et en y représentant des événements modernes. Marmontel avait cité comme exemple d'un tel sujet l'histoire de Jean Fabre, un protestant qui s'était fait mettre aux galères pour épargner ce supplice à son vieux père.
Fenouillot écrit alors L'Honnête Criminel.
Jouée pour la première fois dans le théâtre privé de l'hôtel de la duchesse de Villeroy en 1768, la pièce est interdite de représentation à Paris par le ministre Louis Phélypeaux de Saint-Florentin. Considérée dès lors comme une protestation contre l'intolérance, elle attire une attention considérable. Voltaire fait son éloge et Marie-Antoinette la fait jouer en sa présence. Par la suite, la pièce est acclamée à Bruxelles, à Maastricht, à Toulouse et en Italie et fait l'objet d'une imitation par Gaspar Melchor de Jovellanos.
La deuxième pièce de Fenouillot de Falbaire, une comédie intitulée Les Deux Avares et accompagnée de la musique d'André Grétry, remporte en 1770 un succès honorable à Fontainebleau et à Paris, mais elle est mise en pièces par la critique. « Hélas ! écrit le baron Grimm, ce pauvre Fenouillot n'a qu'un malheur et un tort, c'est d’être un peu bête ». Viennent ensuite : Le Fabricant de Londres, qui tombe à Paris dès sa première représentation en 1771 mais qui est applaudie à Venise et à Vienne ; Sémire et Mélide ou le Navigateur, agrémentée de la musique de Philidor, qui est répétée à l'Opéra de Paris mais jouée seulement à Bruxelles ; L'École des mœurs, qui tombe lors de la première à la Comédie-Française en 1776, mettant ainsi fin à la carrière théâtrale de son auteur.
Fenouillot de Falbaire subit vers cette époque un autre revers de fortune lorsque sa femme, de vingt-six ans sa cadette, devient la maîtresse du financier Nicolas Beaujon. Il se fait alors nommer régisseur des salines de Salins, puis, en 1782, inspecteur général des salines de Franche-Comté, de Lorraine et des Trois-Évêchés. Ses fonctions l'ayant amené à se heurter aux intérêts des fermiers généraux, il est destitué en 1787. Il publie cette année-là ses Œuvres, deux volumes dans lesquels il réunit ses pièces, dont plusieurs n'ont jamais été jouées, ainsi que quelques poésies et écrits théoriques.
Lors de la Révolution, L'Honnête Criminel triomphe enfin à Paris au Théâtre de la Nation le 4 janvier 1790. Cette pièce, disent Charles-Guillaume Étienne et Alphonse Martainville, est « écrite en vers souvent très heureux ; les situations en sont attachantes ; elle fait couler de douces larmes et, en admettant le genre des drames, il faut convenir que celui-ci est un des meilleurs qui aient paru sur le théâtre ». Ce nouveau succès de L'Honnête Criminel, qui connaît une centaine de représentations jusqu'en 1799, vaut à Fenouillot de Falbaire d'être nommé « commissaire du gouvernement près le Théâtre de l'Odéon ». En 1795, il se voit accorder un modeste pécule en récompense de ses travaux littéraires, mais, ayant échoué à obtenir un poste de quelque importance, il meurt, amer et ruiné, en 1800.
À la demande de son ami Denis Diderot, Fenouillot de Falbaire a par ailleurs contribué à trois articles de l'Encyclopédie, dont le plus notable est celui qu'il a consacré aux « salines ».
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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