Alix de Morainvile 1773-1795

Bonjour,
Je suis en possession d'une reproduction d'un manuscrit qui serait écrit par Alix de Morainville, retraçant une partie de sa vie.
Ce qui est écrit: Ses parents seraient le Comte Gaston et la comtesse Aurélie de Morainville qui demeuraient à Paris et venaient à leur château, pendant la saison des chasses, leur séjour me passant jamais une semaine.
Alix serait née en 1773, au château de Morainville, en Normandie, le comte et la comtesse étant mariés depuis 5 ans.
Alix a écrit que la comtesse est dame d'honneur de la jeune dauphine Marie-Antoinette et avait la réputation bien méritée d'être la plus charmante femme de la cour et du roi Louis XV.
Sa mère lui a choisi et présenté le Vicomte Abner de Morainville pour la marier, un cousin pour préserver les biens.
Elle aurait une tante, la sœur de son père, l'Abesse Agnès de Morainville, supérieure au couvent des Ursulines à Paris.
Voilà les informations dont je dispose et comprends que pour ce récit écrit par Alix en 1793, en Louisiane le nom de famille de Morainville est peut être  volontairement erroné par sécurité.
Auriez vous des propositions de nom à proposer à la place ?
Par avance merci de votre aide.

Bonsoir, Titi Prupru, et bienvenue dans notre Forum !
Ce nom d'Alix de Morainville, comme ça de prime abord, ne me rappelle rien . Comme dirait l'un d'entre nous (  ) , je vais un peu fouillasser sur le Net et revenir vers vous.   Mais comptez plutôt sur les lumières de Lucius, notre spécialiste en généalogie .

...   et je trouve :







ALIX DE MORAINVILLE

1773-95.
Ecrit en Louisiane le 22 août 1795 pour mes chers amis Suzanne et Françoise Bossier .

Je vous ai promis l'histoire de ma vie, mes très chers et bons amis avec qui j'ai eu tant de plaisir à bord du bateau qui nous a tous amenés à Attakapas . Je rends maintenant ma promesse.

Et d'abord je dois parler de l'endroit où je suis née, du beau château de Morainville, construit au-dessus du petit village nommé Morainville en l'honneur de ses seigneurs. Ce village, situé en Normandie au bord de la mer, n'était habité que par des pêcheurs, qui gagnaient leur vie ouvertement à la pêche à la sardine, et secrètement, disait-on, par contrebande. Le château a été construit sur une falaise, qu'il a complètement occupé. Cette falaise était formée de plusieurs terrasses qui s'élevaient dans un escalier l'une au-dessus de l'autre. Au sommet, le château était comme un aigle dans son nid. Il y avait quatre tourelles dentelées, avec de grandes fenêtres et des galeries immenses, qui lui donnaient l'aspect le plus grand possible. Sur la seconde terrasse, vous vous trouviez au milieu de charmants jardins ornés de statues et de fontaines à la mode de l'époque. Puis vint l'avenue, entièrement ombragée d'arbres aussi vieux que Noé, et partout sur la colline, formant l'arrière-plan de l'image, un immense parc. Comme ma Suzanne aurait aimé chasser dans ce beau parc plein de cerfs, de lièvres et de toutes sortes de gibiers à plumes!


Château de Morainville  
Photo du domaine public sur Delcampe.fr


Et pourtant personne n'habitait ce beau domaine. Son seigneur et sa maîtresse, le comte Gaston et la comtesse Aurélie, mes père et mère, résidaient à Paris et ne venaient à leur château que pendant la saison de la chasse, leur séjour ne dépassant jamais six semaines.

Déjà, ils étaient mariés depuis cinq ans. La comtesse, dame d'honneur de la jeune dauphine, Marie-Antoinette, portait la réputation bien méritée d'être la plus charmante femme de la cour du roi Louis XV. Le comte et la comtesse, riches comme ils étaient et heureux comme ils semblaient être, ne l'étaient pas trop, à cause de leur désir d'avoir un fils; d'une part, qu'on ne voit pas dans ce pays, vous ne douterez pas, chères filles, de la France et des autres pays d'Europe: c'est le fils aîné, et jamais la fille, qui hérite de la fortune et des titres de la famille. Et au cas où il n'y aurait pas d'enfants, les titres et la fortune des Morainvilles devraient revenir en un seul bloc au neveu du comte et fils de son frère, à Abner de Morainville, qui n'était alors qu'un bébé de quatre ans . Cela n'a pas répondu aux voeux de M. et Mme. de Morainville, qui voulait conserver leur propriété dans leur propre maison.

Mais la bonne nouvelle vient à Morainville: la comtesse est enceinte. L'intendant du château reçoit des ordres pour célébrer l'événement avec de grandes réjouissances. Dans l'avenue de longues tables sont couvertes de toutes sortes de viandes invitantes, les violoneux sont appelés, et les paysans dansent, mangent et boivent à la santé du futur héritier des Morainville. Quelques mois plus tard, mes parents sont arrivés apportant une grande compagnie avec eux; et il y avait des fêtes et des bals et des parties de chasse sans fin.

C'est au cours d'une de ces chasses que ma mère a été jetée de son cheval. Elle était à peine dans son septième mois quand je suis venue au monde. Elle a échappé à la mort, mais je suis née aussi grande qu'une souris! et avec une épaule beaucoup plus haute que l'autre.

L'article en entier : https://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&u=http://www2.latech.edu/~bmagee/louisiana_anthology/texts/cable/cable--alix.html&prev=search

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Anthologie de la littérature de Louisiane

Merci pour cette belle découverte ! J'ai lu avec un immense plaisir !

Titi Prupru a écrit:
Voilà les informations dont je dispose et comprends que pour ce récit écrit par Alix en 1793, en Louisiane le nom de famille de Morainville est peut être  volontairement erroné par sécurité.
Auriez vous des propositions de nom à proposer à la place ?
Par avance merci de votre aide.

En 1738, Charlotte Julie de Franqueville épouse Joseph Laurent de Grieu. chevalier, seigneur de Fontenelle, Grandouet, capitaine de cavalerie, chevalier de Saint Louis.

En 1771, leur fille Marie Claude de Grieu (1750-1829) épouse Pierre Bruno Emmanuel Estièvre, seigneur de Gefosse, marquis de Trémauville, seigneur de Sahurs, mestre de camp de cavalerie, chevalier de Saint Louis, qui fut en 1786, le parrain de la cloche de l'église du Mesnil sur Blangy .

en 1807, leur fils Claude Pierre Emmanuel Estièvre, marquis de Trémauville, maréchal de camps, chevalier de Saint Louis (1772-1852), épouse Aimée Antoinette Pauline Thelusson de Sorcy (1788-1848), dont la mère, Louise Rilliet, avait eu son portrait peint par Jacques Louis David





En 1831, leur fille Emma Estrièvre de Trémauville (1808-1847) épouse Edmond du Fresne de Beaucourt (1799-1837).

Leur fils Gaston du Fresne de Beaucourt, marquis de Beaucourt, historien, hérite de Morainville, où lui et son épouse, Edith de Montigny, reçoivent notamment le compositeur Charles Gounod, qui y compose partie de quelques unes de ses oeuvres, "Faust", "Roméo et Juliette".

Gaston et Edith de Beaucourt décèdent à Morainville respectivement en 1902 et 1906.

Morainville passe alors à leur fils, Louis du Fresne de Beaucourt (1856-1920), puis à la fille de celui-ci, Jeanne de Beaucourt (1887-1968), morte sans enfant.

Le château entre alors par succession, dans la famille d'Aigneaux dont les descendants le possèdent toujours.

En 2015, le château de Morainville a servi de cadre au tournage du film de Stéphane Brizé, Une Vie, inspiré par le roman éponyme de Guy de Maupassant, film où il est la demeure de l'héroïne du film.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Morainville

Cette lecture me laisse dubitatif. On dirait un roman écrit tardivement sur un XVIIIe fantasmé, plein d'images d’Épinal, mais fort peu d'information véritablement personnelles.

Le petit laïus sur l'héritage ne passant jamais aux femmes est contredit à l'évidence par la transmission du château de Morainville que présente Mme de Sabran, et montre une méconnaissance de la réalité de la France du XVIIIe siècle.

Si cette dame écrit un petit recueil pour des amis, pourquoi masquer le nom ?

D'autre part une obscure comtesse de campagne normande, dame d'honneur de la reine ? Il y en eut deux, Mme Etiquette, et la princesse de Chimay, mortes toutes deux sans enfants.

Une confusion avec une dame d'atours ou une dame du palais ? Peut être, mais je n'en connais aucune dont la fille unique soit partie s'installer en Louisiane.

Enfin, qui aurait l'idée de faire monter une femme enceinte de 7 mois à cheval, lorsqu'on attend avec impatience un héritier ?

Il faudrait en lire plus long, mais la crédibilité du récit me semble, à la lecture de ces fragments, douteuse.

Une foule de détail semble invraisemblable : la gamine laissée en Normandie en nourrice jusqu'à 7 ans,!
le cousin qui s'appelle Abner !! Nom tiré de l'Ancien Testament qui correspond beaucoup plus à un nom utilisé par des protestants américains que des aristocrates catholiques. Le prénom de la mère, Aurélie, est aussi peu utilisé en France au XVIIIe.

La façon de s'exprimer, d'appeler les gens, est typique de la fin du XIXe siècle, voire même du début du XXe siècle.

Songez à la manière dont Mme de La Tour du Pin parle de son enfance, et la différence de ton vous frappera.

Peut être ce problème de ton vient-il de la traduction, car je me rends compte de différence entre les quelques lignes manuscrites et le texte anglais retraduit en français (ce qui est assez curieux comme aller-retour).

Merci de ces remarques, je pensais qu'il y avait volonté de cacher la naissance de cet enfant car étant une fille et ayant une déformation de l'épaule. Du reste la mère reste au château en Normandie suite à sa chute de cheval. Enfin Morainville est il celui à côté de Mesnil sur Blangy ou celui proche de Nonancourt.
La tante, supérieure au couvent des Ursulines: ne serait-ce pas une piste à explorer?

En tous les cas, je ne sais si cette histoire est vraie, mais je la trouve très belle et Alix très attachante. De plus elle m'a permis de me procurer le livre de Anne-Sophie Sylvestre sur Marie-Antoinette A la cour de Versailles et me suis régalé des détails historiques méconnus pour ma part. Mais pas le moindre petit détail me permettant de me raccrocher à Alix. Ce qui en revanche semble véridique c'est que l'auteur a écrit cette histoire au bord du Bayou du Tèche en Louisiane, au pays des Attakapas.
Suis toujours preneur de remarques. Merci.

Nous ne manquerons pas, si nous en avons toutefois, de vous les communiquer !

Les supérieures de ce couvent qui vécurent à l'époque supposée dans le récit sont Marie-Marguerite de Beaucoux et Anne-Marguerite de Lange.