... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
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Dominique Poulin
Mme de Sabran
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Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Si si, Comtesse, mais plus tard .
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Dans une lettre à son ami le baron de Taube, ministre des Affaires étrangères de Suède, Fersen se défend d'avoir « montré de l'humeur aux républicains ». Il continuera de les ménager, « puisque le malheur veut qu'on soit forcé de traiter avec ces gens-là ». Il essaie de se tromper lui-même ou de tromper son corres-pondant, car il ajoute : « Je me suis trompé sur le sens du discours de M. Buonaparte. Il n'était relatif qu'à l'envoi d'un ministre à Paris dans le cas où le Roi s'y déciderait. Il faut être bien républicain pour avoir pu imaginer que je puisse jamais être employé dans ce foyer de tous les crimes. »
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Mais enfin, Bonaparte ne semble pas reconnaître Fersen comme ambassadeur de Suède au Congrès ?! Le général évoque des généralités, le mariage du souverain suédois, les relations entre les deux États, la maison de Bade, mais le rôle de Fersen au Congrès et son admission officielle et active, rien de rien. La partie semble très inégale et le comte se retrouve très isolé sur ses moyens d'agir et d'appréhender son rôle ; Bonaparte semble prendre un malin plaisir à le "faire tourner en bourrique" si je puis dire. C'est vraiment un sac de nœuds inextricable entre les deux protagonistes car aucun des deux ne prononce un langage et des arguments francs et directs sur les modalités diplomatiques qui s'appliquent au Congrès, relatives au rôle de Fersen.
Dernière édition par Dominique Poulin le Lun 02 Avr 2018, 04:16, édité 1 fois
Dominique Poulin- Messages : 6994
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
J'avoue ne plus rien comprendre de cet IMBROGLIO, et c'est peu que le dire.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Si si, c'est tout simple, tenez !
L'ouverture du congrès avait eu lieu le 10 septembre 1797, sans réunion préliminaire pour le préparer. Napoléon Bonaparte ne fit qu'un bref passage à Rastatt et c'est le moment qui nous intéresse puisque Emile Dard nous raconte par le menu l'entrevue houleuse entre lui et Fersen .
Ce congrès avait pour but de régler les désaccords concernant l'occupation de certaines régions d'Allemagne par la France, en particulier la rive gauche du Rhin, à la suite de la signature du traité de Campo-Formio.
Le Directoire remit des instructions à ses agents diplomatiques, celles-ci attestaient son vœu à continuer sa politique de domination. On pouvait y lire : « Le traité de Campo-Formio n'est qu'un préliminaire ; il sera dépassé ; l'Empire sera bien forcé d'accepter de nouvelles modifications. »
Quelle morgue, n'est-ce pas ! Quelle outrecuidance !
De façon formelle l'Autriche mais aussi la Prusse avaient consenti mais confidentiellement à la présence de la France sur la rive gauche du Rhin. Mais il fallait obtenir l'approbation des différents membres du Saint-Empire. Il était prévu de dédommager les princes détenteurs de territoires par la sécularisation des principautés ecclésiastiques, le règlement de la guerre de Trente Ans servit de modèle.
Fersen se retrouve donc dans ce fichu panier de crabes comme ambassadeur du roi de Suède, et Bonaparte ( qui sent déjà Napoléon poindre en lui ) ne l'y accueille pas les bras grands ouverts ...
( Que deviendrais-je sans WIKI ?!! )
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Bon, je vais faire ma sieste.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Mme de Sabran a écrit:
Enfin, Fersen s'en tire mieux que les plénipotentiaires français carrément assassinés ...
.
Ils étaient "sales, dépeignés, inélégants et butors" nous dit Françoise Kermina ("Hans Axel de Fersen, le plus aimé, le plus aimant des hommes", éd. Perrin). Metternich les comparait à des ours.
Leurs valets étaient à l'avenant : selon Metternich "ils ressemblent à des crocheteurs, on mourrait d'inquiétude en rencontrant le mieux vêtu dans un bois."
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Mme de Sabran a écrit:
Fersen se retrouve donc dans ce fichu panier de crabes comme ambassadeur du roi de Suède, et Bonaparte ( qui sent déjà Napoléon poindre en lui ) ne l'y accueille pas les bras grands ouverts ...
Fersen note dans son Journal "Après avoir vu ce prétendu grand homme si petit dans ses manières, je dirai de bon coeur amen à tout ce qui pourra lui arriver."
Le fait est qu'après son entrevue avec Bonaparte, Fersen fut mis en quarantaine par tout le congrès. On faisait semblant de ne pas le voir au théâtre, Metternich lui fermait la porte...
Fersen croyait qu'on lui refusait le titre d'ambassadeur pour n'avoir pas à l'accorder au représentant de la Russie, mais en réalité c'était bien plus que ça : c'était sa personne même qui avait déplu à Bonaparte.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
On parle de Metternich... Il aurait dit : "L'homme commence au baron" !.
De quoi donner des sueurs froides à tous ceux au dessous et qui ne comptaient pas à ses yeux !
De quoi donner des sueurs froides à tous ceux au dessous et qui ne comptaient pas à ses yeux !
Dominique Poulin- Messages : 6994
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Dominique Poulin a écrit:On parle de Metternich... Il aurait dit : "L'homme commence au baron" !.
J'ai dû relire pour comprendre .
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Mais si Fersen paraissait dédaigner l'ambassade de Paris qu'il avait autrefois ambitionnée et qui se trouvait vacante par le départ de Staël, il s'obstinait à vouloir être admis au Congrès de Rastadt comme ambassadeur.
Il avait quitté Rastadt, non pas le 29 novembre, comme le dit La Valette, mais quelques jours après, presque en même temps que Bonaparte. Il semble qu'il ait été jusqu'à Stockholm rendre compte de son entretien avec Bonaparte à Gustave IV, qui en fut, dit-on, indigné. Mais il revint très vite à Rastadt où Bonaparte avait laissé La Valette et faisait annoncer son retour prochain. Talleyrand l'écrivait positivement à nos plénipotentiaires. Fersen, fréquentant surtout les Metternich, père et fils, entourait de prévenances Treilhard et Bonnier qui restaient avec lui « extrêmement fiers et froids ». C'est dans une négociation à Paris que Fersen devait jouer sa dernière chance ...
Le 22 janvier 1798, le baron de Staël revint officieusement à Paris où la présence de sa femme pouvait toujours légitimer la sienne. Il prévint Talleyrand, par une lettre personnelle, que son gouvernement consentait à l'accréditer de nouveau comme ambassadeur, mais demandait instamment qu'en compensation Fersen fût enfin admis au Congrès ; il n'y aurait que le titre de ministre et correspondrait directement avec lui, Staël, qui, depuis dix ans, avait donné tant de preuves de sa volonté de maintenir et de rendre plus intime l'alliance de la Suède et de la France. Cette marque d'égards toucherait infiniment îe jeune Roi ; révoquer le choix de Fersen serait, au contraire, un pas rétrograde et un acte peu amical.
Il avait quitté Rastadt, non pas le 29 novembre, comme le dit La Valette, mais quelques jours après, presque en même temps que Bonaparte. Il semble qu'il ait été jusqu'à Stockholm rendre compte de son entretien avec Bonaparte à Gustave IV, qui en fut, dit-on, indigné. Mais il revint très vite à Rastadt où Bonaparte avait laissé La Valette et faisait annoncer son retour prochain. Talleyrand l'écrivait positivement à nos plénipotentiaires. Fersen, fréquentant surtout les Metternich, père et fils, entourait de prévenances Treilhard et Bonnier qui restaient avec lui « extrêmement fiers et froids ». C'est dans une négociation à Paris que Fersen devait jouer sa dernière chance ...
Le 22 janvier 1798, le baron de Staël revint officieusement à Paris où la présence de sa femme pouvait toujours légitimer la sienne. Il prévint Talleyrand, par une lettre personnelle, que son gouvernement consentait à l'accréditer de nouveau comme ambassadeur, mais demandait instamment qu'en compensation Fersen fût enfin admis au Congrès ; il n'y aurait que le titre de ministre et correspondrait directement avec lui, Staël, qui, depuis dix ans, avait donné tant de preuves de sa volonté de maintenir et de rendre plus intime l'alliance de la Suède et de la France. Cette marque d'égards toucherait infiniment îe jeune Roi ; révoquer le choix de Fersen serait, au contraire, un pas rétrograde et un acte peu amical.
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Staël insista de nouveau trois jours après. Mais le Directoire ne céda pas. Quant à Fersen, répondit Talleyrand, « après l'étonnement que ce choix a causé à l'Europe, après l'éclat qui l'a suivi, comment peut-on insister encore ? »
Le gouvernement suédois dut enfin se décider à rappeler de Rastadt son malheureux ambassadeur. Talleyrand en prit acte en ces termes :
« Vous devez croire que j'ai pris soin d'adresser au Directoire la détermination que votre cour a prise et que vous m'avez confiée de rappeler de Rastadt M. de Fersen. Il y a été sensible et il en tire le plus favorable augure pour le rapprochement des deux pays. Rien n'est plus propre à empêcher que la bonne harmonie ne soit désormais troublée que ces attentions amicales, ces déférences réciproques avec lesquelles on se fait un devoir d'abdiquer toute occasion de mésintelligence. »
Incroyable démonstration de virtuosité de Talleyrand pour enrober les choses !!!
Qu'en termes choisis cette vacherie est dite !
Le gouvernement suédois dut enfin se décider à rappeler de Rastadt son malheureux ambassadeur. Talleyrand en prit acte en ces termes :
« Vous devez croire que j'ai pris soin d'adresser au Directoire la détermination que votre cour a prise et que vous m'avez confiée de rappeler de Rastadt M. de Fersen. Il y a été sensible et il en tire le plus favorable augure pour le rapprochement des deux pays. Rien n'est plus propre à empêcher que la bonne harmonie ne soit désormais troublée que ces attentions amicales, ces déférences réciproques avec lesquelles on se fait un devoir d'abdiquer toute occasion de mésintelligence. »
Incroyable démonstration de virtuosité de Talleyrand pour enrober les choses !!!
Qu'en termes choisis cette vacherie est dite !
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
La Suède fut bien mal payée de cette reculade... comme Fersen l'avait justement prédit, il était inutile d'essayer d'amadouer ou apaiser Bonaparte.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Sait-on si Napoleon a réagi au lynchage de Fersen ?
Gouverneur Morris- Messages : 11741
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Ma foi, je n'en sais rien du tout ...
S'il y avait une allusion dans ce sens rapportée par Las Casas dans le Mémorial de Sainte-Hélène, Emile Dard s'en ferait sans doute l'écho . En tous cas je le suppose .
La personnalité de Fersen avait brouillé les deux pays dont les intérêts contre la Russie étaient communs et que des raisons idéologiques, comme on dit à présent, empêchaient de s'unir. Ralliée à la coalition, la Suède devait perdre, en 1805, ce qui lui restait de la Poméranie. Après Tilsitt, la Russie et la France s'entendirent à ses frais : elle perdit la Finlande. Mais, en 1812, l'alliance suédoise nous manqua et, en 1813, l'offensive de Bernadotte consomma notre défaite.
Rentré en Suède, après une mission à Carlsruhe pour sauver les apparences, Fersen ne quitta plus son pays. Attachée à ses pas, l'ombre de Marie-Antoinette lui avait barré la route. Il ne revit jamais Bonaparte, ne cessa de le combattre et assista au triomphe de Napoléon.
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
Comme c’est joliment écrit !
Gouverneur Morris- Messages : 11741
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: ... par Emile Dard, Bonaparte et Fersen
... attachée à ses pas, l'ombre de Marie-Antoinette ...
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
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