Victor Louis, architecte ( 1731 - 1800 )
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Victor Louis, architecte ( 1731 - 1800 )
VICTOR LOUIS
Louis-Nicolas Louis dit Victor Louis est cet architecte français dont j'ai beaucoup parlé dans le sujet de Bordeaux au XVIIIème siècle. Il est né le 10 mai 1731 à Paris et mort le 2 juillet 1800 à Paris.
Il est le fils de Louis Loüis ( ) , maître maçon et entrepreneur. Victor Louis conserve ses prénoms de Louis-Nicolas jusqu'à son retour de d'Italie) ; puis à partir de 1765 signe Victor.
Louis entre à l'École royale d'architecture en 1746 avant 16 ans, âge réglementaire. Il est l'élève de Louis-Adam Loriot, membre de l'Académie royale d'architecture.
En 1755, après neuf années d'études, pour un projet de chapelle sépulcrale, Louis obtient une médaille d'or et le droit d'aller à Rome où il séjourne au Palais Mancini de 1756 à 1759 avec entre autres condisciples Fragonard et Hubert Robert.
Le peintre Natoire qui dirige l'académie de France à Rome n'apprécie pas le « caractère peu docile et emporté » de Victor Louis qui, par dessus le marché, fait des dettes. Mais Louis travaille avec acharnement . Passionné par la Rome antique dont Le Piranèse, il admire aussi la Rome contemporaine. Les œuvres du Bernin lui inspirent des compositions grandioses.
D'abord spécialisé dans les commandes religieuses, il réalise ensuite de nombreuses résidences privées. Le maréchal de Richelieu, dont il a rénové l'hôtel particulier, rue Neuve-Saint-Augustin à Paris, le fait venir à Bordeaux.
Ce n’est pas un débutant que le duc de Richelieu appelle à Bordeaux. Victor Louis (1731-1800) a déjà travaillé pour le roi de Pologne, l’évêque de Chartres ou l’ambassadeur d’Espagne avant d’arriver à Bordeaux. Talentueux, cet architecte, fils d’un maître maçon parisien, qui a eu l’opportunité de se former à Rome de 1756 à 1759 a sans doute eu un caractère un peu ombrageux ou solitaire qui ne lui a pas permis d’avoir la renommée qu’il méritait et de décrocher autant de grands chantiers qu’il l’aurait pu.
La construction du Grand Théâtre de Bordeaux qui commence en 1773 a connu différents coups d’arrêt, notamment pour des raisons financières, avant son inauguration en 1780. L’îlot Louis qui se trouve derrière est descend jusqu’aux quais que Victor Louis lotit doit d’ailleurs servir à le financer.
En matière de construction privées, Victor Louis a réalisé à Bordeaux l’hôtel Boyer-Fonfrède en bas du cours du Chapeau Rouge, à l’angle de la place Jean-Jaurès. Son magnifique escalier en spirale constitue une prouesse esthétique et technique.
A son actif aussi, l’hôtel Nairac, cours de Verdun. Enfin, le château du Bouilh, à Saint-André-de Cubzac, initié en 1787 est inachevé. Le bâtiment n’est en pas moins très harmonieux.
Richelieu est gouverneur de Guyenne et demande à Louis de construire le théâtre de la ville. Il sera initié à la franc-maçonnerie à Bordeaux et sera un membre éminent de la loge maçonnique la Française Élue à l'Orient d'Aquitaine.
Il répond par la suite à de nombreuses commandes de châteaux dans le Bordelais. Philippe d'Orléans, Grand Maître de la franc-maçonnerie, en 1776 vient poser la première Pierre du Grand Théâtre . Il demande à Louis de réaliser les premiers aménagements de la galerie du Palais-Royal.
Le Grand Théâtre de Bordeaux
Lors de la construction du Grand Théâtre de Bordeaux, afin de récupérer les efforts aux extrémités de la façade, Louis a mis en place une armature en fer dans les deux caissons d'angle, non visible, afin de relier les colonnes et l'architrave au mur de la façade. Ce principe, véritable innovation technique similaire à cellle du futur béton armé, est appelé le "clou de Louis".
Le 20 juillet 1770, Louis avait épousé la compositrice et pianiste Marie-Emmanuelle Bayon.
"Mademoiselle Baillon est une charmante jeune personne, jolie, douce, modeste, sage, spirituelle, jouant du piano de la première force, composant à merveille, et avec une étonnante facilité".
( Mme de Genlis )
Le biographe Marionneau nous apprend " que c'est cette artiste qui a mis à la mode le forte-piano, instrument qui a [...] la plus grande vogue. " Les frères Érard commencent, pour la France, leur entreprise de facture de pianos de cette espèce .
Louis a pour amis Marmontelle et Beaumarchais . Il faut croire que les amis du mari apprécient aussi beaucoup l'épouse car Beaumarchais termine ainsi l'une de ses lettres : Je salue madame Louis de tout mon cœur, c'est-à-dire comme je l'aime, et le tout sans vous offenser. Recevez les assurances de mon tendre attachement, et je le signe du meilleur de mon cœur.
Victor Louis et madame vivent à Paris, Place Vendôme, mais séjourneront aussi à Bordeaux. Ils ont une fille unique, Marie-Hélène-Victoire Louis, née en 1774 et décédée le 21 janvier 1848 à Cahaignes. Il est dit que la famille Louis a été la dernière à avoir occupé la chartreuse d'Aubevoye (jusqu'en 1834, année de l'aliénation).
Hélène Louis épouse Charles Ethis de Corny, maire de cette commune.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Victor Louis, architecte ( 1731 - 1800 )
J'avais posté quelque chose sur lui dans l'ancien forum me semble-t-il.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Victor Louis, architecte ( 1731 - 1800 )
Merci pour l'ouverture de ce sujet biographique...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Victor Louis, architecte ( 1731 - 1800 )
Contrairement à certains de ses confrères, Louis n'est pas un théoricien, même s'il blâme le goût "perverti" de Borromini et exalte le "génie" de Perrault à la colonnade du Louvre. "Néo-antique de tradition française" (F. Benoit), il trouve le ton juste, que ce soit pour un monument public comme le Grand Théâtre de Bordeaux où la salle, dans la tradition du "Grand Goût" royal, répond, tout comme l'escalier d'apparat, au désir du maréchal de Richelieu, ou pour les galeries du Palais-Royal conçues comme un lotissement de luxe aux loyers élevés destinés à renflouer les finances chancelantes du duc d'Orléans.
Ce souci de répondre au désir du client le pousse parfois à des audaces techniques qui sont autant d'innovations. Promoteur de l'éclairage indirect dès 1770 et des volets escamotables dans l'épaisseur du mur (à l'Intendance de Besançon), il tire parti avec bonheur de techniques très anciennes comme les voûtes en hourdis qui permettent de limiter les risques d'incendie au complexe du Palais-Royal (galeries et théâtre). Plus riche d'avenir est l'usage audacieux qu'il fait du fer et du verre en architecture : le fer pour la charpente et les structures intérieures du théâtre du Palais-Royal, le verre posé sur une charpente métallique pour éclairer le Cirque semi-enterré du jardin voisin ou donner un éclairage zénithal naturel au Muséum projeté dans le Gros Pavillon du Palais-Royal.
Louis, comme certains de ses confrères (de Wailly et Ledoux par exemple), est un artiste qui maîtrise tous les domaines de l'architecture et dirige une équipe d'artistes et d'artisans qui exécutent ses projets (décors sculptés des façades, décoration d'intérieurs, ferronnerie, meubles, etc.). Les meilleurs exemples dans ce domaine sont le réaménagement du chœur de la cathédrale de Chartres et le grand projet pour le palais royal de Varsovie.
Cette carrière, brillante malgré quelques échecs dont le plus regrettable est celui de l'aménagement de la place Ludovise à Bordeaux, fut malheureusement entravée par de nombreux scandales. Injustement soupçonné de fraude lors du concours de 1748, il obtient une médaille d'or extraordinaire au concours de 1755 en contrevenant au règlement établi. Il réussit pendant son séjour romain à dresser contre lui le directeur de l'Académie de France à Rome, Natoire. Durant toute sa vie, il traînera comme un boulet la haine de Caylus, se verra poursuivi par la vindicte de Mme Geoffrin et reprocher les commandes émanant de clients comme le maréchal de Richelieu ou le duc d'Orléans. Tout n'est pas justifié, mais l'image de l'artiste en est ternie et son caractère difficile n'arrange rien. Les années noires de la Révolution sont pour lui celles de tous les échecs et, malgré des efforts désespérés, de la ruine finale.
Christian Taillard
professeur à l'université Michel de Montaigne - Bordeaux III
https://francearchives.fr/commemo/recueil-2000/38804
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Victor Louis, architecte ( 1731 - 1800 )
et le grand projet pour le palais royal de Varsovie.
Quel était ce grand projet de Louis ?
https://francearchives.fr/commemo/recueil-2000/38804
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Victor Louis, architecte ( 1731 - 1800 )
On lui avait demandé un grand réaménagemenent du palais, architectural et décoratif. Tout était prêt, on a gardé des dessins des meubles...
Mais beaucoup trop cher, cela n'eut pas lieu.
Mais beaucoup trop cher, cela n'eut pas lieu.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
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