Jacques Mallet du Pan ( 1749 - 1800 )
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Jacques Mallet du Pan ( 1749 - 1800 )
C’est sous la plume de Mallet du Pan que l’expression de « suffrage universel » fit son apparition. Mais il est aussi célèbre pour sa proverbiale formule sur la révolution française: "A l'exemple de Saturne, la révolution dévore ses enfants"
tirée de son fameux essai de 1793, Considérations sur la nature de la Révolution de France, et sur les causes qui en prolongent la durée.
Fils d’un pasteur protestant originaire de la région rouennaise émigré à Genève, nous dit WIKI, Mallet du Pan manifesta, dès son enfance, beaucoup d’aptitude pour l’étude, mais, en même temps, un esprit indocile à la discipline de l’école.
Voltaire le fit nommer professeur de littérature française à Cassel. Cependant, Mallet ne conserva que peu de temps cette place : il ne pouvait se plier à rien de ce qui ressemblait à de la contrainte.
La voie royale selon Mallet du Pan
Julien Boudon
Dans Revue Française d'Histoire des Idées Politiques
Célébrissime pendant la Révolution française, Mallet tombe dans l'oubli dans la première moitié du XIXème siècle, avant de resurgir au milieu du siècle sous l'action successive de Sayous, Sainte-Beuve et Taine .
Mallet du Pan sort à peine de l'obscurité au lendemain de la Seconde Guerre mondiale grâce aux travaux d'Alessandro Passerin . Mais ces contributions ont eu peu d'influence sur l'historiographie de la Révolution française.
Il est pourtant capital de relire et de méditer les leçons de Mallet du Pan, témoin privilégié de la vie politique nationale.
https://www.cairn.info/revue-francaise-d-histoire-des-idees-politiques1-2008-1-page-3.htm
Espérant rencontrer plus d’indépendance dans la profession d’homme de lettres, il alla trouver Linguet à Londres et lui proposa sa collaboration pour la rédaction des Annales politiques.
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t1894-simon-nicolas-henri-linguet?highlight=linguet
Son offre fut acceptée, mais l’incarcération de Linguet à la Bastille, en septembre 1779, rompit leur association, laissant Mallet seul chargé de la publication. Il eut alors l’idée de transplanter les Annales politiques à Genève et de les y continuer sous le nouveau titre de Mémoires historiques, politiques et littéraires.
Malgré le talent du rédacteur, son entreprise n’eut qu’un médiocre succès, et Linguet ayant été mis en liberté en 1782, Mallet crut devoir y renoncer, de peur qu’on ne l’accusât d’avoir profité du malheur de son ancien associé pour s’emparer de sa propriété.
Le libraire Panckouke traita avec lui de l’entreprise d’un nouveau journal, dont le premier numéro parut, en janvier 1781, sous le titre de Journal historique et politique de Genève.
Lors de la révolution genevoise de 1782, après quelques années d'exil et de voyage, il adopta une position de « juste milieu » qui l'amena à un deuxième exil, étant en butte à tous les partis : il vint s’établir à Paris, où il était déjà connu comme un habile publiciste.
Quatre ans après, Panckouke, ayant acquis le privilège du Mercure de France, eut l’idée d’y joindre une partie politique et chargea Mallet de la rédaction.
Dans tous les écrits politiques de Mallet jusqu’à la Révolution, il se déclara partisan de la monarchie constitutionnelle. Il aurait voulu voir introduire en France la constitution britannique, avec de légères modifications. Il défendit ses doctrines, dans le Mercure avec opiniâtreté, sans ménager à ceux qui ne partageaient pas ses opinions avec les expressions dures et injurieuses. Puis il se montra dans ses écrits de plus en plus critique à l'égard des révolutions britannique et américaine.
Révolution française
Les événements de 1789 sont accueillis par Mallet du Pan avec méfiance.
Dès 1787, il écrivait : « La France étant incapable d'une délibération froide, l'est aussi d'un gouvernement libre où chacun doit discuter avec poids et mesure. »
Étant étranger, il se croit tenu, au début de la Révolution, à une certaine réserve ; mais, après la prise de la Bastille, il s'inquiète de la tournure prise par les événements et devient le porte-parole des monarchiens Mounier, Bergasse, Malouet.
À ses yeux, la Déclaration des Droits de l'Homme ne peut être appliquée intégralement sans danger, et mieux vaut s'en tenir à l'Évangile.
Après les journées d'octobre 1789, il lui paraît que la Révolution est désormais entraînée par « la force des choses », expression que reprendra Saint-Just. Le vote de la Constitution de 1791, Constitution éloignée du modèle rêvé par les monarchiens, consacre pour Mallet du Pan l'échec de la révolution légale.
Histoire de Marie-Antoinette
De Maxime de la Rocheterie
Au moment où éclate la guerre, en 1792, il quitte Paris, chargé par Louis XVI d'une mission auprès de ses frères et des souverains coalisés contre la France. Il s'agit de leur prêcher la modération.
https://www.universalis.fr/encyclopedie/jacques-mallet-du-pan/
Dans ses articles, il envisage avec clairvoyance l’évolution du mouvement révolutionnaire, inspirant forcément des craintes sérieuses au parti révolutionnaire. Il est dénoncé comme un ennemi de la liberté. Il aurait dû mettre la pédale douce flairant le danger, mais non : indigné des excès des démagogues, Mallet continue à attaquer avec violence la Révolution et les hommes qui en avaient adopté les principes.
Mais le 21 mai 1792, il quitte à nouveau la France, chargé par Louis XVI de rédiger un manifeste au nom des émigrés et des puissances coalisées. Ce manifeste, transformé par Geoffroy de Limon, publié par le libraire Panckoucke, l'ancien collaborateur de Mallet, est devenu le manifeste de Brunswick.
La Contre-révolution, dans son acception la plus lâche, rassemble des individus qui partagent une triple conviction : la France a besoin d'un roi, d'un ordre public et d'une foi .
On peut regrouper Calonne, les Princes, le côté droit à la Constituante, les monarchiens et Mallet du Pan. Voilà le socle de la « Contre-révolution » : la France doit être gouvernée par un roi, elle doit mettre fin à l'anarchie qui sape la propriété, tandis que sa morale et ses moeurs ne peuvent faire l'économie du sentiment religieux, qui se coule ici dans le moule catholique.
L'ordre, la paix, le respect des personnes et des biens ont partie liée avec la préservation ou l'établissement d'une monarchie solide dont la principale vertu est de proscrire les violences. La monarchie est la clef de voûte de la constitution politique et sociale. Mais une monarchie renouvelée on osera dire « régénérée ». Loin des abus de l'Ancien Régime et de la tentation de le restaurer en France, Mallet milite avec sincérité pour une royauté profondément transformée : sur le modèle anglais, fait de balance des pouvoirs, la tempérance et la modération doivent caractériser le nouveau régime.
Il ne saurait exister de théorie contre-révolutionnaire sans….
D'une part une telle définition permet d'éliminer une partie du personnel proprement révolutionnaire : républicains convaincus et athées militants ne trouveront jamais grâce aux yeux des contre-révolutionnaires les plus endurcis, lesquels pourront au contraire s'accommoder du Consulat et de l'Empire Bonaparte est certes un usurpateur mais aussi un autocrate qui fait régner l'ordre et qui est capable de conclure la paix avec l'Église .
On sait que la voie royale dessinée par Mallet du Pan ne triomphera pas : contre-révolutionnaire aux yeux des républicains, elle est jugée jacobine par les émigrés .
La journée du 10 août lui ayant fermé les portes de la France, Mallet se rendit à Genève, d’où l’approche de l’armée française le chassa. Après un court séjour à Bruxelles, l’invasion des Français le forçant derechef à s’éloigner, il alla fixer sa résidence à Berne où il rédigea les Considérations sur la nature de la Révolution de France.
Homme d'ordre, attaché à la propriété, hostile à la bourgeoisie d'argent comme aux discours guerriers des Girondins, il analyse la révolution comme un glissement des pouvoirs, dénonçant la faiblesse de la noblesse et du clergé, puis du tiers état des propriétaires devant l'arrivée des « non-propriétaires » et des « barbares » : les Français ont cédé à la force des choses, mais, ce faisant, ils mettent à mal la civilisation européenne tout entière.
Aussi les principales cours d’Europe lui demandent-elles désormais ses avis et ses conseils, dont une partie a été publiée (Correspondance avec la cour de Vienne, 1884) mais pas les émigrés français qui ne voulaient pas d'une monarchie constitutionnelle, même forte comme il la préconisait.
Il se fit dès lors l’agent actif de la diplomatie britannique contre la République française.
Tandis que le War Office envoyait en France des émissaires et de l'argent pour activer ou réactiver les chouanneries régionales, lord Grenville envoya son ancien condisciple William Wickham en tant que chargé de mission en Suisse, entre autres parce que celui-ci avait une grande connaissance des affaires françaises depuis son passage à l’Alien Office et aussi parce que toute sa belle-famille vivait à Genève.
Mme Wickham était en effet parente des familles Mallet et Pictet qui, depuis 1791, servaient les intérêts locaux de la Grande-Bretagne. Le professeur Pictet servait gracieusement le ministère britannique et Mallet du Pan avait entraîné dans ses intrigues sa propre cousine, Arabelle Mallet, genevoise et veuve d'un officier de marine nommé Williams.
Ses intrigues la firent arrêter sous la Terreur, mais protégée, elle réchappa : à la fin du Directoire, elle était l'un des principaux acteurs du réseau Hyde de Neuville. Secondé par Malouet, Brémond, et Terrier de Monciel qui avaient appartenu comme lui au comité autrichien, Mallet du Pan avait, à l'instigation de Mounier, proposé au gouvernement britannique de recruter ceux des anciens constitutionnels qui étaient réfugiés en Suisse.
Un article qu’il publia dans la Quotidienne sur la conduite de Bonaparte en Italie, irrita le jeune général, qui exigea son bannissement de Berne. Chassé par l'entrée des troupes républicaines en Suisse en 1797, Mallet du Pan se retira à Zurich, puis à Fribourg, d’où il passa, en 1799, en Grande-Bretagne où il publie le Mercure britannique.
Cependant, le climat de la Grande-Bretagne ne tarda pas à ruiner sa santé déjà fortement altérée et il mourut de consomption, laissant une femme, Françoise Valier, et trois enfants, deux fils et une fille, qui furent secourus dans leur pauvreté par le gouvernement et le peuple britanniques.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Mallet_du_Pan
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Jacques Mallet du Pan ( 1749 - 1800 )
Merci de l'éclairage sur ce personnage qui m'étais complétement inconnu
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
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