Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
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Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
La maison Ader mettra en vente, le 17 mai 2018, une lettre inédite en date du 21 avril 1791, en partie chiffrée, du marquis de Bouillé au comte de Fersen :
Cette lettre intervient 3 jours après la journée du 18 avril 1791, où le roi et sa famille, qui voulaient aller faire leurs pâques à Saint-Cloud, furent contraints par la populace de rentrer aux Tuileries, sous les injures et les menaces.
Dans cette lettre, le marquis de Bouillé presse Fersen, organise les mouvements de troupes, et essaie de trouver les moyens nécessaires pour payer les soldats. Cette lettre est " décisive" nous dit la notice du catalogue Ader : "elle donne la date de la fuite, l’organisation géostratégique, et prouve la détermination des protagonistes de cette aventure".
Transcription : « Si on ne peut obtenir de l’Empereur un camp à Arlon et un à Mons, il faut au moins l’engager à mettre huit mille hommes à Luxembourg et trois ou quatre à Arlon avec ordre de se joindre à nous dès qu’on aura besoin. Sans cela, il est impossible de livrer le roi à des troupes que l’on pourrait corrompre d’un moment à l’autre. Il faut surtout de l’argent. En avez-vous ? On travaille avec un nouvel acharnement les troupes et on use le général auprès d’elles. Ainsi, il faut que tout soit prêt pour la dernière quinzaine de mai au plus tard. Surtout, on ne doit négliger aucun sacrifice pour se procurer quinze millions et dix mille Autrichiens disponibles. Avec ces moyens, on croit qu’on peut tout tenter ».
À la suite de cette partie codée, Bouillé continue la lettre en clair ; la lettre est dictée à un secrétaire (son fils ?) : « Je passe rapidement à Metz, monsieur, et j’y mets cette lettre à la poste. Vous voudrés bien communiquer cette dépêche à monsieur votre ambassadeur. Adieu, monsieur, je suis fatigué comme un malheureux qui n’est pas sorti de sa voiture depuis dix jours. Il me tarde bien d’être arrivé à ma destination. Je vous prie de vouloir bien toujours m’y adresser vos réponses. Je vous renouvelle, monsieur, les assurances de mon inviolable attachement. Je vous quitte pour remonter en voiture. Mille compliments de ma part, je vous prie, au baron de Staël ».
Suite de la notice détaillée du catalogue de la maison Ader :
La méthode de codage (et de déchiffrement) est la même que celle utilisée entre Marie-Antoinette et Fersen pour leur correspondance secrète. La table de ce chiffre poly-alphabétique, conservée dans les papiers de Fersen aux Archives nationales de Suède (Stafsund SE/RA/720807/10/20), révélée jadis par Yves Gylden (« Le chiffre particulier de Louis XVI et de Marie-Antoinette lors de la fuite à Varennes », Revue internationale de criminalistique, 1931), a été étudiée et commentée par les cryptologues Valérie Nachef et Jacques Patarin : « Je vous aimerai jusqu’à la mort », version anglaise dans la revue Cryptologia en 2010, version française en ligne : http://ufr6univ-paris8fr/Math/sitemaths2/spip/IMG/pdf/Marie-Antoinette-Paperpdf Une reproduction photographique en a été donnée récemment par Mme Evelyn Farr dans son livre Marie-Antoinette et le comte de Fersen, la correspondance secrète (L’Archipel, 2016, p 34).
Il s’agit d’un chiffre « poly-alphabétique ». Un numéro figure sur chaque lettre, qui renvoie à la page d’un livre convenu à l’avance (probablement un petit volume de Montesquieu, De la grandeur et de la décadence des Romains) ; le premier mot de cette page du livre donne la clé du code. Ici, la page 135 commence par « votre » : pour lire la lettre en clair, il faut donc inscrire autant de fois que nécessaire les lettres « votre » sous les lettres à décoder ; la table donnera ensuite la concordance par association des lettres : les deux premières lettres de notre document « e& » associées à « vo » donnent « si ».
C’est probablement Fersen lui-même qui a inscrit à côté du chiffre « 135 » le mot-clé « votre », laissant à son secrétaire le soin de répéter le mot dans l’interligne.
Notons que les plis de ce document montrent qu’il a été plié pour être glissé dans une enveloppe. Les lettres, soigneusement numérotées (« pour savoir s’il n’y en a pas de perdues », insiste Fersen dans une lettre du 6 mars 1792), circulaient par la poste ; celle-ci porte le n° 12 (en surcharge). Le marquis de Bouillé indique dans ses Mémoires : « j’avais concerté avec M de Fersen des moyens sûrs pour notre correspondance. Nous avions un chiffre que je regarde comme impossible à deviner, et quoique toutes nos lettres passassent par la poste, il est remarquable que, pendant une correspondance de six mois sur un aussi grand intérêt, pas une de ces lettres ne fut interceptée […] Je fus chargé de toute cette correspondance [...] Les lettres m’étaient adressées par M de Fersen pour le Baron de Hamilton [...] J’adressais les miennes pour M de Fersen à la Baronne de Korff, femme de cinquante ans, intime amie de celui-ci, d’autres fois à M de Silverspare, secrétaire de l’Ambassade de Suède ».
On peut rapprocher cette lettre du 21 avril de Bouillé à Fersen de celle de Marie-Antoinette à Mercy-Argenteau du 20 avril : « Notre position est affreuse ! Il faut absolument la fuir dans le mois prochain Le roi le désire encore plus que moi Mais avant d’agir, il est essentiel de savoir si vous pouvez porter, sous un prétexte quelconque quinze mille hommes à Arlon et à Virton et autant à Mons Monsieur de Bouillé le désire fort ».
La fuite sera finalement remise au début de juin, Louis XVI voulant attendre de recevoir les deux millions de la liste civile qu’il pourrait emporter ; puis encore repoussée « pour que les Autrichiens aient le temps de renforcer leur cordon à Luxembourg » (Fersen à Breteuil, 30 mai). Finalement, le départ aura lieu le 20 juin au soir, et l’aventure prendra fin le lendemain soir à Varennes.
Il convient de souligner qu’il s’agit là d’un des rares originaux à avoir survécu à de nombreuses destructions et de prudents autodafés, à l’exception de certaines lettres de la « correspondance secrète » acquise en 1982 par les Archives de France aux descendants de Fersen. Les documents des archives Fersen sont en effet pour la plupart des préparations avant codage, ou des déchiffrages après réception.
Le document provient des papiers d’Axel de Fersen, dont le sort a été retracé par Mme Farr : passés à sa mort à son frère puis à la fille de celui-ci, qui les a revendus à son cousin le Baron Rudolf de Klinckowström. Ce dernier en publie en 1877 une grande partie dans son livre "Le Comte de Fersen et la Cour de France". Les Archives de Suède hériteront d’une partie de ces papiers Fersen, annotés au crayon par Klinckowström, comme le nôtre où il a porté par deux fois au crayon le nom du marquis de Bouillé ainsi que la date.
Cette lettre intervient 3 jours après la journée du 18 avril 1791, où le roi et sa famille, qui voulaient aller faire leurs pâques à Saint-Cloud, furent contraints par la populace de rentrer aux Tuileries, sous les injures et les menaces.
Dans cette lettre, le marquis de Bouillé presse Fersen, organise les mouvements de troupes, et essaie de trouver les moyens nécessaires pour payer les soldats. Cette lettre est " décisive" nous dit la notice du catalogue Ader : "elle donne la date de la fuite, l’organisation géostratégique, et prouve la détermination des protagonistes de cette aventure".
Transcription : « Si on ne peut obtenir de l’Empereur un camp à Arlon et un à Mons, il faut au moins l’engager à mettre huit mille hommes à Luxembourg et trois ou quatre à Arlon avec ordre de se joindre à nous dès qu’on aura besoin. Sans cela, il est impossible de livrer le roi à des troupes que l’on pourrait corrompre d’un moment à l’autre. Il faut surtout de l’argent. En avez-vous ? On travaille avec un nouvel acharnement les troupes et on use le général auprès d’elles. Ainsi, il faut que tout soit prêt pour la dernière quinzaine de mai au plus tard. Surtout, on ne doit négliger aucun sacrifice pour se procurer quinze millions et dix mille Autrichiens disponibles. Avec ces moyens, on croit qu’on peut tout tenter ».
À la suite de cette partie codée, Bouillé continue la lettre en clair ; la lettre est dictée à un secrétaire (son fils ?) : « Je passe rapidement à Metz, monsieur, et j’y mets cette lettre à la poste. Vous voudrés bien communiquer cette dépêche à monsieur votre ambassadeur. Adieu, monsieur, je suis fatigué comme un malheureux qui n’est pas sorti de sa voiture depuis dix jours. Il me tarde bien d’être arrivé à ma destination. Je vous prie de vouloir bien toujours m’y adresser vos réponses. Je vous renouvelle, monsieur, les assurances de mon inviolable attachement. Je vous quitte pour remonter en voiture. Mille compliments de ma part, je vous prie, au baron de Staël ».
Suite de la notice détaillée du catalogue de la maison Ader :
La méthode de codage (et de déchiffrement) est la même que celle utilisée entre Marie-Antoinette et Fersen pour leur correspondance secrète. La table de ce chiffre poly-alphabétique, conservée dans les papiers de Fersen aux Archives nationales de Suède (Stafsund SE/RA/720807/10/20), révélée jadis par Yves Gylden (« Le chiffre particulier de Louis XVI et de Marie-Antoinette lors de la fuite à Varennes », Revue internationale de criminalistique, 1931), a été étudiée et commentée par les cryptologues Valérie Nachef et Jacques Patarin : « Je vous aimerai jusqu’à la mort », version anglaise dans la revue Cryptologia en 2010, version française en ligne : http://ufr6univ-paris8fr/Math/sitemaths2/spip/IMG/pdf/Marie-Antoinette-Paperpdf Une reproduction photographique en a été donnée récemment par Mme Evelyn Farr dans son livre Marie-Antoinette et le comte de Fersen, la correspondance secrète (L’Archipel, 2016, p 34).
Il s’agit d’un chiffre « poly-alphabétique ». Un numéro figure sur chaque lettre, qui renvoie à la page d’un livre convenu à l’avance (probablement un petit volume de Montesquieu, De la grandeur et de la décadence des Romains) ; le premier mot de cette page du livre donne la clé du code. Ici, la page 135 commence par « votre » : pour lire la lettre en clair, il faut donc inscrire autant de fois que nécessaire les lettres « votre » sous les lettres à décoder ; la table donnera ensuite la concordance par association des lettres : les deux premières lettres de notre document « e& » associées à « vo » donnent « si ».
C’est probablement Fersen lui-même qui a inscrit à côté du chiffre « 135 » le mot-clé « votre », laissant à son secrétaire le soin de répéter le mot dans l’interligne.
Notons que les plis de ce document montrent qu’il a été plié pour être glissé dans une enveloppe. Les lettres, soigneusement numérotées (« pour savoir s’il n’y en a pas de perdues », insiste Fersen dans une lettre du 6 mars 1792), circulaient par la poste ; celle-ci porte le n° 12 (en surcharge). Le marquis de Bouillé indique dans ses Mémoires : « j’avais concerté avec M de Fersen des moyens sûrs pour notre correspondance. Nous avions un chiffre que je regarde comme impossible à deviner, et quoique toutes nos lettres passassent par la poste, il est remarquable que, pendant une correspondance de six mois sur un aussi grand intérêt, pas une de ces lettres ne fut interceptée […] Je fus chargé de toute cette correspondance [...] Les lettres m’étaient adressées par M de Fersen pour le Baron de Hamilton [...] J’adressais les miennes pour M de Fersen à la Baronne de Korff, femme de cinquante ans, intime amie de celui-ci, d’autres fois à M de Silverspare, secrétaire de l’Ambassade de Suède ».
On peut rapprocher cette lettre du 21 avril de Bouillé à Fersen de celle de Marie-Antoinette à Mercy-Argenteau du 20 avril : « Notre position est affreuse ! Il faut absolument la fuir dans le mois prochain Le roi le désire encore plus que moi Mais avant d’agir, il est essentiel de savoir si vous pouvez porter, sous un prétexte quelconque quinze mille hommes à Arlon et à Virton et autant à Mons Monsieur de Bouillé le désire fort ».
La fuite sera finalement remise au début de juin, Louis XVI voulant attendre de recevoir les deux millions de la liste civile qu’il pourrait emporter ; puis encore repoussée « pour que les Autrichiens aient le temps de renforcer leur cordon à Luxembourg » (Fersen à Breteuil, 30 mai). Finalement, le départ aura lieu le 20 juin au soir, et l’aventure prendra fin le lendemain soir à Varennes.
Il convient de souligner qu’il s’agit là d’un des rares originaux à avoir survécu à de nombreuses destructions et de prudents autodafés, à l’exception de certaines lettres de la « correspondance secrète » acquise en 1982 par les Archives de France aux descendants de Fersen. Les documents des archives Fersen sont en effet pour la plupart des préparations avant codage, ou des déchiffrages après réception.
Le document provient des papiers d’Axel de Fersen, dont le sort a été retracé par Mme Farr : passés à sa mort à son frère puis à la fille de celui-ci, qui les a revendus à son cousin le Baron Rudolf de Klinckowström. Ce dernier en publie en 1877 une grande partie dans son livre "Le Comte de Fersen et la Cour de France". Les Archives de Suède hériteront d’une partie de ces papiers Fersen, annotés au crayon par Klinckowström, comme le nôtre où il a porté par deux fois au crayon le nom du marquis de Bouillé ainsi que la date.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Oh ! Merci...
Oui, voici une lettre historique, à une date clé où le processus de la fuite du roi de Paris est, enfin, sérieusement engagé !
Ce mot fait la couverture du catalogue de la vente.
Il est estimé entre 8000 et 10 000 euros (oups ! )
Il est intéressant de noter que ce sont des villes hors du royaume qui sont envisagées : Mons (où atterrira le comte de Provence) et Arlon (pour le coup, non loin de Montmédy).
L'on sait que le frère de Marie-Antoinette refuse alors toute implication "officielle" : ce n'est pas étonnant qu'il s'oppose à ce projet.
Et il n'était pas question non plus que Louis XVI sorte de France, au risque de perdre sa légitimité (ce qui semble peut tracasser Bouillé).
On lit aussi combien Bouillé insiste pour avoir le soutien de troupes autrichiennes.
Il le dira et se lamentera à plusieurs reprises : les troupes françaises ne sont pas sûres.
Il sait qu'elles sont gagnées par "l'esprit révolutionnaire", et ce d'autant plus qu'il fait l'amer constat que Louis XVI n'est pas apprécié ni soutenu par l'armée, qu'il a toujours ignorée et auprès de laquelle il ne s'est jamais engagé.
Oui, voici une lettre historique, à une date clé où le processus de la fuite du roi de Paris est, enfin, sérieusement engagé !
Ce mot fait la couverture du catalogue de la vente.
Il est estimé entre 8000 et 10 000 euros (oups ! )
Il est intéressant de noter que ce sont des villes hors du royaume qui sont envisagées : Mons (où atterrira le comte de Provence) et Arlon (pour le coup, non loin de Montmédy).
L'on sait que le frère de Marie-Antoinette refuse alors toute implication "officielle" : ce n'est pas étonnant qu'il s'oppose à ce projet.
Et il n'était pas question non plus que Louis XVI sorte de France, au risque de perdre sa légitimité (ce qui semble peut tracasser Bouillé).
On lit aussi combien Bouillé insiste pour avoir le soutien de troupes autrichiennes.
Il le dira et se lamentera à plusieurs reprises : les troupes françaises ne sont pas sûres.
Il sait qu'elles sont gagnées par "l'esprit révolutionnaire", et ce d'autant plus qu'il fait l'amer constat que Louis XVI n'est pas apprécié ni soutenu par l'armée, qu'il a toujours ignorée et auprès de laquelle il ne s'est jamais engagé.
La nuit, la neige- Messages : 18102
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Oui, un très grand merci, Ta Grâce !!! Cette lettre est passionnante !
...
Voilà ce qui est désespérant ! Penser à tout ce qui était mis en oeuvre pour que l'opération réussisse et savoir combien elle a lamentablement échoué, c'est à se cogner la tête contre les murs !!!
Ce chiffre « poly-alphabétique » était donc communément utilisé ! Enfin communément, j'exagère , mais disons que tout un chacun pouvait en maîtriser la technique . Quant à le décrypter, bernique ! Il fallait le mot clef, dont seuls étaient convenus les correspondants.
Nous en analysons ici la méthode, et le travail de Mme Nachef et J. Patarin : https://marie-antoinette.forumactif.org/t91-la-correspondance-de-marie-antoinette-et-fersen
La nuit, la neige a écrit:
Mons (où atterrira le comte de Provence)
...
La nuit, la neige a écrit:On lit aussi combien Bouillé insiste pour avoir le soutien de troupes autrichiennes.
Il le dira et se lamentera à plusieurs reprises : les troupes françaises ne sont pas sûres.
Il sait qu'elles sont gagnées par "l'esprit révolutionnaire", et ce d'autant plus qu'il fait l'amer constat que Louis XVI n'est pas apprécié ni soutenu par l'armée, qu'il a toujours ignorée et auprès de laquelle il ne s'est jamais engagé.
Voilà ce qui est désespérant ! Penser à tout ce qui était mis en oeuvre pour que l'opération réussisse et savoir combien elle a lamentablement échoué, c'est à se cogner la tête contre les murs !!!
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Suite de la notice détaillée du catalogue de la maison Ader :
La méthode de codage (et de déchiffrement) est la même que celle utilisée entre Marie-Antoinette et Fersen pour leur correspondance secrète. ( ... )
Il s’agit d’un chiffre « poly-alphabétique ». Un numéro figure sur chaque lettre, qui renvoie à la page d’un livre convenu à l’avance (probablement un petit volume de Montesquieu, De la grandeur et de la décadence des Romains) ; le premier mot de cette page du livre donne la clé du code. Ici, la page 135 commence par « votre » : pour lire la lettre en clair, il faut donc inscrire autant de fois que nécessaire les lettres « votre » sous les lettres à décoder ; la table donnera ensuite la concordance par association des lettres : les deux premières lettres de notre document « e& » associées à « vo » donnent « si ».
C’est probablement Fersen lui-même qui a inscrit à côté du chiffre « 135 » le mot-clé « votre », laissant à son secrétaire le soin de répéter le mot dans l’interligne.
Ce chiffre « poly-alphabétique » était donc communément utilisé ! Enfin communément, j'exagère , mais disons que tout un chacun pouvait en maîtriser la technique . Quant à le décrypter, bernique ! Il fallait le mot clef, dont seuls étaient convenus les correspondants.
Nous en analysons ici la méthode, et le travail de Mme Nachef et J. Patarin : https://marie-antoinette.forumactif.org/t91-la-correspondance-de-marie-antoinette-et-fersen
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Monsieur, quant à lui, partira en voiture légère vers l'exil le même jour que son frère. Sans tralala...
pilayrou- Messages : 674
Date d'inscription : 06/03/2014
Age : 63
Localisation : Guilers (Brest)
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
La nuit, la neige a écrit:Oh ! Merci...
Mme de Sabran a écrit:Oui, un très grand merci, Ta Grâce !!! Cette lettre est passionnante !
De rien .
La nuit, la neige a écrit:
Il est intéressant de noter que ce sont des villes hors du royaume qui sont envisagées : Mons (où atterrira le comte de Provence) et Arlon (pour le coup, non loin de Montmédy).
Je crois comprendre que, dans cette lettre, Mons et Arlon sont les villes envisagées pour faire masser des troupes, et non les villes envisagées comme points de chute de Marie-Antoinette et Louis XVI.
Mme de Sabran a écrit:
Ce chiffre « poly-alphabétique » était donc communément utilisé ! Enfin communément, j'exagère , mais disons que tout un chacun pouvait en maîtriser la technique . Quant à le décrypter, bernique ! Il fallait le mot clef, dont seuls étaient convenus les correspondants.
Il peut paraître étonnant que la même table de chiffrement ait été utilisée pour correspondre tant avec la reine qu'avec d'autres personnages... et que de surcroit, la reine et Bouillé ne chiffraient qu'une lettre sur deux (la méthode dite de la "lettre sautée") (bande de feignasses ).
Il ne faut cependant pas oublier que l'Etat n'est pas, à cette époque, aussi développé qu'aujourd'hui... surtout en pleine Révolution. Sans service de renseignement qualifié pour déchiffrer les lettres, il était impossible de percer le secret de cette correspondance.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
je suis en contact avec le propriétaire de cette lettre - l'estimation est entre 10.0000 et 20.000 euros pour qu'il accepte de s'en séparer !!!!!!! je lui acheté le document de sa charge par un des 4 portiers de la Maison de la dauphine en 1770, qui, bizarrement n'apparait pas dans la Maison de la Reine en 1774.... le prix était beaucoup plus modeste !!!!!
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3726
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
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Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Oui, très certainement. Je n'ai pas suffisamment réfléchi...Duc d'Ostrogothie a écrit:
Je crois comprendre que, dans cette lettre, Mons et Arlon sont les villes envisagées pour faire masser des troupes, et non les villes envisagées comme points de chute de Marie-Antoinette et Louis XVI.
La nuit, la neige- Messages : 18102
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Cela t'arrive si rarement ... moi, c'est tous les jours !
C'est une ancienne connaissance ( ) à nous aussi ... mais je n'en dirai pas davantage .MARIE ANTOINETTE a écrit:je suis en contact avec le propriétaire de cette lettre -
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Voici quelques lettres, de la correspondance de Fersen, qui précèdent celle qui sera proposée aux enchères, et qui nous rappellent donc le contexte d'alors...
Du comte de Fersen au baron de Taube, le 18 avril 1791
Le jour donc où l'on empêchera le roi et sa famille de se rendre à Saint-Cloud : le récit dans le détail de cet évènement et de cette confrontation "musclée".
Du marquis de Bouillé au comte de Fersen, le 18 avril 1791
Du comte de Fersen au baron de Taube, le 18 avril 1791
Le jour donc où l'on empêchera le roi et sa famille de se rendre à Saint-Cloud : le récit dans le détail de cet évènement et de cette confrontation "musclée".
Du marquis de Bouillé au comte de Fersen, le 18 avril 1791
Dernière édition par La nuit, la neige le Sam 28 Avr 2018, 22:27, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18102
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Et les jours suivants....
Du comte de Fersen au baron de Taube, le 22 avril 1791
Du comte de Fersen au marquis de Bouillé, le 28 avril 1791
Du baron de Breteuil au comte de Fersen, le 30 avril 1791
Du marquis de Bouillé au comte de Fersen, le 30 avril 1791
Du comte de Fersen au baron de Taube, le 22 avril 1791
Du comte de Fersen au marquis de Bouillé, le 28 avril 1791
Du baron de Breteuil au comte de Fersen, le 30 avril 1791
Du marquis de Bouillé au comte de Fersen, le 30 avril 1791
La nuit, la neige- Messages : 18102
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Merci, cher la nuit, la neige, pour ce vaste coup d'oeil panoramique sur le contexte dans lequel s'inscrit la préparation du voyage qui échouera à Varennes . Quel moins que rien, ce Léopold ! ( oui, je sais, ce n'est pas lui, c'est son cabinet ... hum ! )
Le terme employé par Fersen écrivant à Taube est bien " évasion " :
Le roi de France paraît vouloir effectuer cette évasion dans les derniers jours de mai .
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
...Mme de Sabran a écrit:
Quel moins que rien, ce Léopold ! ( oui, je sais, ce n'est pas lui, c'est son cabinet ... hum ! )
Nous le savons, l'affaiblissement de la France durant cette période ne gênait guère quelques-unes des grandes puissances européennes, et les louvoiements ou marques de faiblesse de Louis XVI les mois qui précèdent n'arrangeaient rien.
La nuit, la neige- Messages : 18102
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
La nuit, la neige a écrit:
Nous le savons, l'affaiblissement de la France durant cette période ne gênait guère quelques-unes des grandes puissances européennes, et les louvoiements ou marques de faiblesse de Louis XVI les mois qui précèdent n'arrangeaient rien.
Je dirai même plus : réjouissaient ses ennemis !
Et tu te souviens de ce que Fersen écrira le 29 mai à Bouillé ?
... catastrophe des catastrophes, prémonitoire de l'échec !
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Ce n'était pas notre énigme du jour ( ) , alors voici :
Fersen écrit à Bouillé à la fin du mois de mai, le 29 exactement, soit presque un mois avant le départ :
« Je n’accompagnerai pas le Roi, il ne l'a pas voulu. »
( Le comte de Fersen et la cour de France. Extraits des papiers du Cte Jean Axel de Fersen, publiés par son petit-neveu, le baron R. M. de Klinckowström,. )
Notre sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2441-ecrits-de-la-duchesse-de-sudermanie-relatifs-a-varennes-et-la-separation-a-bondy?highlight=BONDY
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Sauf à ce que Fersen soit l'amant de Marie-Antoinette, Louis XVI n'avait aucune raison de refuser que Fersen l'accompagne.
Gaston de Lévis a écrit à ce sujet : il eût été "inconvenant sous plus d'un rapport" que Fersen accompagne le roi.
Gaston de Lévis a écrit à ce sujet : il eût été "inconvenant sous plus d'un rapport" que Fersen accompagne le roi.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Mais oui.
Cette citation du duc de Lévis est, dans son contexte, dans le sujet dévolu à Bondy dont je venais justement de donner le lien ci-dessus .
Je me demande combien d'inédits se promènent encore dans la nature ?!
Cette citation du duc de Lévis est, dans son contexte, dans le sujet dévolu à Bondy dont je venais justement de donner le lien ci-dessus .
Je me demande combien d'inédits se promènent encore dans la nature ?!
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Mme de Sabran a écrit:Mais oui.
Cette citation du duc de Lévis est, dans son contexte, dans le sujet dévolu à Bondy dont je venais justement de donner le lien ci-dessus .
Le "sous plus d'un rapport" est dépourvu d'ambiguïté. C'était toi qui l'avait relevé il y a quelques années.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Mme de Sabran a écrit:
En effet, j'avais fait tilt sur le terme " inconvenant ". .
... et sur le "sous plus d'un rapport".
Mme de Sabran a écrit:
Lévis le déplore : ... une personne ( Fersen ) accoutumée à parler librement au roi aurait pu lui faire prendre telle décision qui l'eût sauvé .
Louis XVI avait également envisagé de se faire accompagner du comte de Saint-Priest, mais il décida finalement de ne se faire accompagner ni par Fersen, ni par Saint-Priest.
Comme l'écrit Evelyn : "(...) Louis XVI avait également l’intention d’emmener avec lui une personne capable de parlementer, telle que le comte de Saint-Priest, ministre et diplomate expérimenté, au cas où ils seraient arrêtés. La décision du roi de ne prendre ni l’un ni l’autre sera fatale : il n’avait aucune expérience militaire ; il n’avait pas la résolution, l’énergie et le sang-froid de Fersen ni l’habilité de Saint-Priest. Pour une fois dans sa vie, Louis XVI voulait être le maître ; il était impensable pour le roi de partir escorté par un étranger que la rumeur publique donnait pour l’amant de sa femme, alors que l’Europe entière avait les yeux rivés sur lui. De même, partir accompagné d’un ministre capable de le tirer de l’embarras en cas d’arrestation eût été faire montre de faiblesse." (E. Farr, "Marie-Antoinette et le comte de Fersen, la correspondance secrète", éd. l'Archipel).
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Je vous renvoie également à nos discussions, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t504p150-la-fuite-a-montmedy-et-l-arrestation-a-varennes#91487
La nuit, la neige- Messages : 18102
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Merci pour ce post si intéressant. J'ai parlé beaucoup avec le propriétaire de cette lettre pour lui aider à l'identifier. Je voudrais faire remarquer seulement que c'est bien l'écriture de Fersen lui-même dans les entrelignes, pas celle d'un secrétaire, comme suppose l'auteur du catalogue. À l'époque de la fuite de Varennes, Fersen n'avait pas de secrétaire, surtout pour une correspondance qui demandait le plus grand secret. Il s'en plaint au baron de Taube de la quantité de lettres qui l'occupent parce qu'il n'ose pas confier sa correspondance à personne. En effet, nous savons par la correspondance de Fersen avec Marie-Antoinette et Taube qu'un secrétaire lui est enfin envoyé de Suède, M. Brelin, au mois d'octobre 1791. Jusqu'à ce temps-là, bien après la fuite de Varennes, Fersen seul était responsable pour une correspondance suivie avec tous les acteurs du plan d'évasion ainsi que pour sa correspondance officielle avec la Suède.
Lady Bess- Messages : 101
Date d'inscription : 14/01/2018
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Merci pour tes lumières, Lady B. !
Tu connais vraiment tout cela par coeur .
Tu connais vraiment tout cela par coeur .
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Merci à toutes et tous pour ces précisions ! On n’a plus idée du temps que prenaient les tractations secrètes à l’époque. Bernis, dans ses Mémoires, évoque bien l’état d’épuisement qu’il atteignit à écrire et copier seul la correspondance et les mémoires échangés lors de la négociation du renversement des alliances.
Gouverneur Morris- Messages : 11741
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
Gouverneur Morris a écrit:Merci à toutes et tous pour ces précisions !
Mais non, mais non, tu sais bien que c'est un plaisir !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avr. 1791 sur l'évasion de la famille royale
« Un poste qui devait revenir à un grand seigneur francais » : comme s’il etait question de monter dans le carrosse du roi pour la chasse !
Ces questions de préséance aux moments les plus troublés sont absolument consternantes...
Gouverneur Morris- Messages : 11741
Date d'inscription : 21/12/2013
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