Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
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Le retour de la Famille Royale à Paris, le 25 juin 1791
Le retour de la Famille Royale à Paris. (26 juin 1791)
«Un bruit lointain et sourd ayant averti que l'avant-garde approchait, le peuple s'est promptement rangé en haie, et quelques temps après, on a vu paraître l'artillerie, composée de dix fortes pièces de campagne. Tenaient ensuite, vingt quatre tambours et une colonne de gardes nationales de seize hommes de front. Ils étaient tout couvert de poussière, et la cavalerie qui s'avançait après eux, en formait elle même un nuage au travers duquel il était difficile devoir. Des officiers municipaux, d'autres gardes nationales du département, toute cette avant garde demeura une heure et demie à défiler, et l'on vit enfin arriver la première berline dans laquelle étaient sur le derrière M Barnave entre le Roi et la Reine et tenant sur ses genoux le Dauphin ; sur le devant étaient Madame Élisabeth, M Pétion, tenant pareillement sur ses genoux Madame Royale, et enfin Madame de Tourzel, gouvernante du Dauphin ; la voiture qui les portait était entourée d'une colonne carrée et très épaisse de gardes nationales, précédée elle même de 16 pièces de campagne. Après cette première berline en venait une autre contenant les Dames d'Honneur de la Reine. Cette berline était suivie d'un char de triomphe tout couronné de branches d'arbres, sur lequel se trouvaient ceux qui avaient arrêté le Roi : ils furent couverts d'applaudissements.
Enfin des gardes de Paris, des ouvriers portant des piques, des charbonniers portant des fourches et un gros corps de cavalerie parisienne formaient l'arrière garde »
.
Extrait du « Journal d'un étudiant parisien pendant la révolution. 1789 1793». Calmann-Levy.
«Un bruit lointain et sourd ayant averti que l'avant-garde approchait, le peuple s'est promptement rangé en haie, et quelques temps après, on a vu paraître l'artillerie, composée de dix fortes pièces de campagne. Tenaient ensuite, vingt quatre tambours et une colonne de gardes nationales de seize hommes de front. Ils étaient tout couvert de poussière, et la cavalerie qui s'avançait après eux, en formait elle même un nuage au travers duquel il était difficile devoir. Des officiers municipaux, d'autres gardes nationales du département, toute cette avant garde demeura une heure et demie à défiler, et l'on vit enfin arriver la première berline dans laquelle étaient sur le derrière M Barnave entre le Roi et la Reine et tenant sur ses genoux le Dauphin ; sur le devant étaient Madame Élisabeth, M Pétion, tenant pareillement sur ses genoux Madame Royale, et enfin Madame de Tourzel, gouvernante du Dauphin ; la voiture qui les portait était entourée d'une colonne carrée et très épaisse de gardes nationales, précédée elle même de 16 pièces de campagne. Après cette première berline en venait une autre contenant les Dames d'Honneur de la Reine. Cette berline était suivie d'un char de triomphe tout couronné de branches d'arbres, sur lequel se trouvaient ceux qui avaient arrêté le Roi : ils furent couverts d'applaudissements.
Enfin des gardes de Paris, des ouvriers portant des piques, des charbonniers portant des fourches et un gros corps de cavalerie parisienne formaient l'arrière garde »
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Extrait du « Journal d'un étudiant parisien pendant la révolution. 1789 1793». Calmann-Levy.
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Voici l'extrait tiré des mémoires de Mme de Tourzel où elle relate les conversations qui ont eu lieu le 24 juin 1791 dans la fameuse berline, lorsque le triste cortège se mit en direction de La Ferté-sous-Jouarre :
« On parla de divers objets pendant la route, et entre autres du départ du Roi. Madame Élisabeth entreprit d'en justifier les motifs; et, adressant la parole à Barnave, elle lui retraça, avec une sagesse et un courage admirables, la conduite du Roi, qu'elle mit en opposition avec celle de l'Assemblée dans les diverses époques de la Révolution. Voici ce que j'ai retenu de ce discours, qui dura plus d'une heure et demie : « Je suis bien aise que vous me mettiez à portée de vous ouvrir mon cœur et de vous parler franchement sur la Révolution. Vous avez trop d'esprit, monsieur Barnave, pour n'avoir pas connu sur-le-champ l'amour du Roi pour les Français et son désir de les rendre heureux. Égaré par un amour excessif de la liberté, vous n'avez calculé que ses avantages, sans penser aux désordres qui pouvaient l'accompagner. Vos premiers succès vous ont enivré, et vous ont fait aller bien au delà du but que vous vous étiez proposé. La résistance que vous avez éprouvée vous a roidi contre les difficultés, et vous a fait briser sans réflexion tout ce qui mettait obstacle à vos projets. Vous avez oublié que le bien s'opère lentement, et qu'en voulant arriver trop promptement au but, on court risque de s'égarer. Vous vous êtes persuadé qu'en détruisant tout ce qui existait, bon ou mauvais, vous construiriez un ouvrage parfait, et que vous rétabliriez ce qui était utile à conserver. Séduit par cette idée, vous avez attaqué tous les fondements de la royauté et abreuvé d'outrages et d'amertumes le meilleur des rois. Tous ses efforts et ses sacrifices pour vous ramener à des idées plus saines ont été inutiles, et vous n'avez cessé de calomnier ses intentions et de l'avilir aux yeux de son peuple, en ôtant à la royauté toutes les prérogatives qui inspirent le respect et l'amour.
« Arraché de son palais et conduit à Paris de la manière la plus indécente, sa bonté ne s'est pas démentie. Il tendait les bras à ses enfants égarés et cherchait à s'entendre avec eux pour opérer le bien de cette France qu'il chérissait malgré ses erreurs. Vous l'avez forcé de signer une constitution point achevée, quoiqu'il vous représentât qu'il était plus convenable de ne donner sa sanction qu'à un ouvrage terminé, et vous l'avez obligé de la présenter ainsi au peuple, dans une fédération dont l'objet était de vous attacher les départements en isolant le Roi de la nation.»—«Ah! Madame, reprit vivement Barnave, ne vous plaignez pas de cette fédération; nous étions perdus si vous aviez su en profiter. »
La famille royale soupira, et Madame Élisabeth continua la conversation.
« Le Roi, ajouta-t-elle, malgré les diverses insultes qu'il a éprouvées de nouveau depuis cette époque, ne pouvait encore se résoudre au parti qu'il vient de prendre. Mais, attaqué dans ses principes, dans sa famille, dans sa propre personne, profondément affligé des crimes qui se commettent dans toute la France, et voyant une désorganisation générale dans toutes les parties du gouvernement, et les maux qui en résultaient, il s'est déterminé à quitter Paris pour aller dans une ville du royaume où, libre de ses actions, il pût engager l'Assemblée à réviser ses décrets et à faire, de concert avec elle, une Constitution qui, classant les divers pouvoirs et les remettant à leur place, pût faire le bonheur de la France.
«Je ne parle point de nos malheurs particuliers; le Roi seul, qui ne doit faire qu'un avec la France, nous occupe uniquement. Je ne quitterai jamais sa personne, à moins que vos décrets achevant d'ôter toute liberté de pratiquer la religion, je ne sois forcée de l'abandonner pour aller dans un pays où la liberté de conscience me donne les moyens de pratiquer ma religion, à laquelle je tiens plus qu'à ma propre vie. »
« Gardez-vous-en bien, Madame, répliqua Barnave; vos exemples et votre présence sont trop utiles à votre pays. »
« Je n'y penserai jamais sans cela; il m'en coûterait trop de quitter mon frère, quand il est aussi malheureux. Mais un pareil motif ne peut faire impression sur vous, monsieur Barnave, qu'on dit protestant, et qui n'avez peut-être aucune religion.» Barnave s'en défendit, prétendant qu'on l'avait calomnié, en lui prêtant des propos bien éloignés de ses sentiments, et nommément, dit-il, cet infâme propos, après la mort de MM. Foulon et Berthier: « Ce sang est-il donc si pur ? »
Je ne fais qu'une analyse très-courte de ce discours, dans lequel Madame Élisabeth retraça avec un ordre admirable chaque époque de la Révolution, et chaque décret contraire à la religion, à l'autorité du Roi, aux prérogatives essentielles de la royauté, à l'ordre et à la tranquillité du royaume. Barnave répondait à chaque article avec lenteur, s'écoutant parler, pour ne pas aller au delà des bornes que lui imposait la crainte de se compromettre; mais il lui était impossible de répondre d'une manière satisfaisante à la force des raisonnements de Madame Élisabeth, qui lui parlait le langage de la vérité avec l'éloquence et la douleur les plus entraînantes. Il ne lui échappa pas une parole ni une réflexion qui pût le choquer en rien, non plus que son collègue Péthion. Ce discours fit une telle impression sur Barnave, qu'il changea de ce moment de conduite et de sentiment. La Reine parla aussi dans le même sens ; mais Madame Élisabeth avait tellement épuisé la matière qu'elle ne put que revenir sur les mêmes sujets, ce qui nuisit nécessairement à l'impression qu'elle aurait pu produire auparavant.
Barnave fut silencieux et respectueux pendant tout le voyage. Péthion, bavard et insolent, demandait à boire à Madame lorsqu'il avait soif, avec la familiarité la plus révoltante. Il parlait toujours de l'Amérique et du bonheur des républiques: « Nous savons bien, lui dit le Roi, le désir que vous auriez d'en établir une en France. »—« Elle n'est pas encore assez mûre pour cela, répondit-il insolemment, et je ne serai pas assez heureux pour la voir établir de mon vivant. »
Il faisait une chaleur excessive. Le Roi, la famille royale et chaque personne qui était dans la voiture, étaient couverts de sueur et de poussière. L'excès de la souffrance fit éprouver un moment de consolation en arrivant à la Ferté-sous-Jouarre, où nous devions dîner. Le sieur Renard, maire de cette ville, chez qui le Roi descendit, avait prévu d'avance tout ce qui pouvait adoucir la situation de la famille royale pendant le peu de temps qu'elle devait passer dans sa maison. Elle trouva un appartement frais, des rafraîchissements, un dîner simple, mais proprement servi, et d'excellentes gens. La femme du maire, ne voulant point, par délicatesse, manger avec la famille royale, s'habilla en cuisinière, et la servit avec autant de zèle que de respect. Elle et son mari souffraient cruellement de l'état dans lequel ils la voyaient. Brûlée du soleil, couverte de poussière, elle portait sur son visage l'empreinte de toutes ses souffrances; car pour mettre le comble à la barbarie avec laquelle on la traitait, on ne voulut pas lui laisser baisser les stores de la voiture, où le soleil donnait d'aplomb, pour laisser à cette populace, qui se renouvelait à chaque instant, le plaisir de rassasier ses yeux du spectacle de voir son Roi et son infortunée famille au pouvoir de ses sujets. Elle comblait de bénédictions les députés, et toujours avec le refrain continuel de: « Vive la nation et l'Assemblée nationale! »
Le maire de la Ferté-sous-Jouarre fit dire au Roi qu'il n'avait osé lui témoigner ouvertement les sentiments qu'il éprouvait; qu'il le suppliait de vouloir bien les interpréter; qu'il s'occupait par nécessité des commissaires de l'Assemblée, mais que son cœur était tout à son Roi. Ce fut le seul endroit de toute la route où la famille royale eut un moment de repos et de tranquillité. Le Roi offrit aux députés de dîner avec lui; mais ils n'acceptèrent pas sa proposition, et mangèrent ensemble séparément.
Nous remontâmes à trois heures en voiture. Barnave était dans le fond de la voiture, entre le Roi et la Reine, qui tenait Mgr le Dauphin sur ses genoux. Madame Élisabeth, Pétion et moi, étions sur le devant, et cette princesse et moi tenions Madame alternativement sur nos genoux. La chaleur était encore excessive. La poussière que faisaient les personnes qui entouraient la voiture, soit à pied, soit à cheval, était aussi épaisse que le plus affreux brouillard, et le peu d'air qui existait se trouvait intercepté par les troupes à pied et à cheval et par la multitude des curieux qui se pressaient autour de la voiture.
Nous gagnâmes Meaux de cette manière. Nous fûmes coucher chez l'évêque constitutionnel, qui reçut le Roi de son mieux. On ne peut se faire d'idée du peu de dignité de cet évêque et de son clergé. Il était bonhomme, et le Roi n'eut pas à s'en plaindre. M'étant trouvée mal, on me fit passer dans la chambre de la concierge de l'évêché, qui eut pour moi tous les soins possibles: « Vous voyez en moi, me dit-elle, la personne la plus malheureuse. J'étais profondément attachée à Mgr de Polignac, notre ancien évêque; je suis restée ici pour tâcher de conserver ce qui lui appartient, et je suis obligée de servir ce malheureux constitutionnel que je déteste. Il n'est heureusement pas méchant ; mais quelle différence avec notre bon évêque ! Tout le monde le respectait, et l'on se moque de celui-ci. Mon Dieu! que je souffre des peines de mon Roi ! dites-le-lui bien, je vous prie. »
« On parla de divers objets pendant la route, et entre autres du départ du Roi. Madame Élisabeth entreprit d'en justifier les motifs; et, adressant la parole à Barnave, elle lui retraça, avec une sagesse et un courage admirables, la conduite du Roi, qu'elle mit en opposition avec celle de l'Assemblée dans les diverses époques de la Révolution. Voici ce que j'ai retenu de ce discours, qui dura plus d'une heure et demie : « Je suis bien aise que vous me mettiez à portée de vous ouvrir mon cœur et de vous parler franchement sur la Révolution. Vous avez trop d'esprit, monsieur Barnave, pour n'avoir pas connu sur-le-champ l'amour du Roi pour les Français et son désir de les rendre heureux. Égaré par un amour excessif de la liberté, vous n'avez calculé que ses avantages, sans penser aux désordres qui pouvaient l'accompagner. Vos premiers succès vous ont enivré, et vous ont fait aller bien au delà du but que vous vous étiez proposé. La résistance que vous avez éprouvée vous a roidi contre les difficultés, et vous a fait briser sans réflexion tout ce qui mettait obstacle à vos projets. Vous avez oublié que le bien s'opère lentement, et qu'en voulant arriver trop promptement au but, on court risque de s'égarer. Vous vous êtes persuadé qu'en détruisant tout ce qui existait, bon ou mauvais, vous construiriez un ouvrage parfait, et que vous rétabliriez ce qui était utile à conserver. Séduit par cette idée, vous avez attaqué tous les fondements de la royauté et abreuvé d'outrages et d'amertumes le meilleur des rois. Tous ses efforts et ses sacrifices pour vous ramener à des idées plus saines ont été inutiles, et vous n'avez cessé de calomnier ses intentions et de l'avilir aux yeux de son peuple, en ôtant à la royauté toutes les prérogatives qui inspirent le respect et l'amour.
« Arraché de son palais et conduit à Paris de la manière la plus indécente, sa bonté ne s'est pas démentie. Il tendait les bras à ses enfants égarés et cherchait à s'entendre avec eux pour opérer le bien de cette France qu'il chérissait malgré ses erreurs. Vous l'avez forcé de signer une constitution point achevée, quoiqu'il vous représentât qu'il était plus convenable de ne donner sa sanction qu'à un ouvrage terminé, et vous l'avez obligé de la présenter ainsi au peuple, dans une fédération dont l'objet était de vous attacher les départements en isolant le Roi de la nation.»—«Ah! Madame, reprit vivement Barnave, ne vous plaignez pas de cette fédération; nous étions perdus si vous aviez su en profiter. »
La famille royale soupira, et Madame Élisabeth continua la conversation.
« Le Roi, ajouta-t-elle, malgré les diverses insultes qu'il a éprouvées de nouveau depuis cette époque, ne pouvait encore se résoudre au parti qu'il vient de prendre. Mais, attaqué dans ses principes, dans sa famille, dans sa propre personne, profondément affligé des crimes qui se commettent dans toute la France, et voyant une désorganisation générale dans toutes les parties du gouvernement, et les maux qui en résultaient, il s'est déterminé à quitter Paris pour aller dans une ville du royaume où, libre de ses actions, il pût engager l'Assemblée à réviser ses décrets et à faire, de concert avec elle, une Constitution qui, classant les divers pouvoirs et les remettant à leur place, pût faire le bonheur de la France.
«Je ne parle point de nos malheurs particuliers; le Roi seul, qui ne doit faire qu'un avec la France, nous occupe uniquement. Je ne quitterai jamais sa personne, à moins que vos décrets achevant d'ôter toute liberté de pratiquer la religion, je ne sois forcée de l'abandonner pour aller dans un pays où la liberté de conscience me donne les moyens de pratiquer ma religion, à laquelle je tiens plus qu'à ma propre vie. »
« Gardez-vous-en bien, Madame, répliqua Barnave; vos exemples et votre présence sont trop utiles à votre pays. »
« Je n'y penserai jamais sans cela; il m'en coûterait trop de quitter mon frère, quand il est aussi malheureux. Mais un pareil motif ne peut faire impression sur vous, monsieur Barnave, qu'on dit protestant, et qui n'avez peut-être aucune religion.» Barnave s'en défendit, prétendant qu'on l'avait calomnié, en lui prêtant des propos bien éloignés de ses sentiments, et nommément, dit-il, cet infâme propos, après la mort de MM. Foulon et Berthier: « Ce sang est-il donc si pur ? »
Je ne fais qu'une analyse très-courte de ce discours, dans lequel Madame Élisabeth retraça avec un ordre admirable chaque époque de la Révolution, et chaque décret contraire à la religion, à l'autorité du Roi, aux prérogatives essentielles de la royauté, à l'ordre et à la tranquillité du royaume. Barnave répondait à chaque article avec lenteur, s'écoutant parler, pour ne pas aller au delà des bornes que lui imposait la crainte de se compromettre; mais il lui était impossible de répondre d'une manière satisfaisante à la force des raisonnements de Madame Élisabeth, qui lui parlait le langage de la vérité avec l'éloquence et la douleur les plus entraînantes. Il ne lui échappa pas une parole ni une réflexion qui pût le choquer en rien, non plus que son collègue Péthion. Ce discours fit une telle impression sur Barnave, qu'il changea de ce moment de conduite et de sentiment. La Reine parla aussi dans le même sens ; mais Madame Élisabeth avait tellement épuisé la matière qu'elle ne put que revenir sur les mêmes sujets, ce qui nuisit nécessairement à l'impression qu'elle aurait pu produire auparavant.
Barnave fut silencieux et respectueux pendant tout le voyage. Péthion, bavard et insolent, demandait à boire à Madame lorsqu'il avait soif, avec la familiarité la plus révoltante. Il parlait toujours de l'Amérique et du bonheur des républiques: « Nous savons bien, lui dit le Roi, le désir que vous auriez d'en établir une en France. »—« Elle n'est pas encore assez mûre pour cela, répondit-il insolemment, et je ne serai pas assez heureux pour la voir établir de mon vivant. »
Il faisait une chaleur excessive. Le Roi, la famille royale et chaque personne qui était dans la voiture, étaient couverts de sueur et de poussière. L'excès de la souffrance fit éprouver un moment de consolation en arrivant à la Ferté-sous-Jouarre, où nous devions dîner. Le sieur Renard, maire de cette ville, chez qui le Roi descendit, avait prévu d'avance tout ce qui pouvait adoucir la situation de la famille royale pendant le peu de temps qu'elle devait passer dans sa maison. Elle trouva un appartement frais, des rafraîchissements, un dîner simple, mais proprement servi, et d'excellentes gens. La femme du maire, ne voulant point, par délicatesse, manger avec la famille royale, s'habilla en cuisinière, et la servit avec autant de zèle que de respect. Elle et son mari souffraient cruellement de l'état dans lequel ils la voyaient. Brûlée du soleil, couverte de poussière, elle portait sur son visage l'empreinte de toutes ses souffrances; car pour mettre le comble à la barbarie avec laquelle on la traitait, on ne voulut pas lui laisser baisser les stores de la voiture, où le soleil donnait d'aplomb, pour laisser à cette populace, qui se renouvelait à chaque instant, le plaisir de rassasier ses yeux du spectacle de voir son Roi et son infortunée famille au pouvoir de ses sujets. Elle comblait de bénédictions les députés, et toujours avec le refrain continuel de: « Vive la nation et l'Assemblée nationale! »
Le maire de la Ferté-sous-Jouarre fit dire au Roi qu'il n'avait osé lui témoigner ouvertement les sentiments qu'il éprouvait; qu'il le suppliait de vouloir bien les interpréter; qu'il s'occupait par nécessité des commissaires de l'Assemblée, mais que son cœur était tout à son Roi. Ce fut le seul endroit de toute la route où la famille royale eut un moment de repos et de tranquillité. Le Roi offrit aux députés de dîner avec lui; mais ils n'acceptèrent pas sa proposition, et mangèrent ensemble séparément.
Nous remontâmes à trois heures en voiture. Barnave était dans le fond de la voiture, entre le Roi et la Reine, qui tenait Mgr le Dauphin sur ses genoux. Madame Élisabeth, Pétion et moi, étions sur le devant, et cette princesse et moi tenions Madame alternativement sur nos genoux. La chaleur était encore excessive. La poussière que faisaient les personnes qui entouraient la voiture, soit à pied, soit à cheval, était aussi épaisse que le plus affreux brouillard, et le peu d'air qui existait se trouvait intercepté par les troupes à pied et à cheval et par la multitude des curieux qui se pressaient autour de la voiture.
Nous gagnâmes Meaux de cette manière. Nous fûmes coucher chez l'évêque constitutionnel, qui reçut le Roi de son mieux. On ne peut se faire d'idée du peu de dignité de cet évêque et de son clergé. Il était bonhomme, et le Roi n'eut pas à s'en plaindre. M'étant trouvée mal, on me fit passer dans la chambre de la concierge de l'évêché, qui eut pour moi tous les soins possibles: « Vous voyez en moi, me dit-elle, la personne la plus malheureuse. J'étais profondément attachée à Mgr de Polignac, notre ancien évêque; je suis restée ici pour tâcher de conserver ce qui lui appartient, et je suis obligée de servir ce malheureux constitutionnel que je déteste. Il n'est heureusement pas méchant ; mais quelle différence avec notre bon évêque ! Tout le monde le respectait, et l'on se moque de celui-ci. Mon Dieu! que je souffre des peines de mon Roi ! dites-le-lui bien, je vous prie. »
Dernière édition par Comte d'Hézècques le Mer 24 Juin 2015, 15:04, édité 1 fois
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
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Ce n'est pas ce que dit la marquise .
Elle s'effare de la nullité de Choiseul, Bouillé and Co, et affirme que le duc de Choiseul ne se serait pas conduit différemment s'il avait agi de concert avec le duc d'Orléans et les autres ennemis du roi, pour faire manquer l'entreprise.
Elle n'a pas tort .
s'il avait agi de concert signifie bien que ce n'était pas le cas .
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Ce n'est pas ce que dit la marquise .
Elle s'effare de la nullité de Choiseul, Bouillé and Co, et affirme que le duc de Choiseul ne se serait pas conduit différemment s'il avait agi de concert avec le duc d'Orléans et les autres ennemis du roi, pour faire manquer l'entreprise.
Elle n'a pas tort .
s'il avait agi de concert signifie bien que ce n'était pas le cas .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
En effet, j'ai mal lu (lu trop vite)... mea culpa
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Après Varennes, dépositions de Balthazar Sapel, cocher de Fersen
Commissaires de la section du Roule (Paris)
Dépositions de Balthazar Sapel, cocher et postillon du comte Axel de Fersen
24 et 25 juin 1793
Note (1) :
Le présent texte éclaire quelques circonstances de détail de l'épisode de la fuite de Louis XVI et de la famille royale, suivie de leur arrestation à Varennes, du 20 au 22 juin 1791.
Note (2) :
La typographie, l'orthographe et la mise en page s'efforcent de respecter celle figurant dans l'ouvrage de provenance. Quelques rectifications ou précisions ont toutefois été apportées : pluriels oubliés, avec l'ajout d'un [s] à la fin d'un mot, et [sic] pour l'orthographe non conventionnelle, dans la déposition supplémentaire, du nom « Fersaine ».
Première déposition de Balthazar Sapel, le 24 juin 1791
Déposition de Balthazar Sapel.
L'an mil sept cent quatre-vingt-onze, le vendredi vingt-quatre juin, sept heures du soir, est comparu par-devant nous commissaires de la section du Roule, assemblés en comité, présent monsieur le commissaire de police.
Le sieur Balthazar Sapel, cocher et postillon de M. le ci-devant comte de Fersen, colonel propriétaire du régiment Royal suédois, demeurant ledit sieur de Fersen rue du Faubourg-Saint-Honoré, au coin de celle de Matignon, et lui Sapel rue du Faubourg-Saint-Honoré, au coin de la petite rue Verte, maison de M. Delapotère, marchand fruitier.
Lequel nous déclare que le ci-devant comte de Fersen, son maître, étant lundi dernier dans sa maison rue du Faubourg-Saint-Honoré , a fait appeler par un petit garçon, lui déclarant et lui a dit de tenir prêts à la voiture les chevaux pour onze heures et demie du soir, qu'une demi-heure après cet ordre donné, c'est-à-dire sur les neuf heures et demie du soir, il a envoyé à lui déclarant deux hommes, l'un vêtu d'une redingote bleue, d'une taille de cinq pieds sept à huit pouces et robuste, l'antre d'une taille de cinq pieds quatre à cinq pouces, qu'ils l'ont trouvé dans l'écurie et lui ont dit de se dépêcher vite vite, et que les chevaux soient prêts à minuit précises, que par l'ordre de M. de Fersen il a donné une paire d'éperon[s] au plus grand de ces deux hommes, que sur les cinq à six heures de l'après-midi il avait par ordre dudit sieur de Fersen, il avait conduit de sa maison en celle de M. milord Grafford, rue de Clichy, près la barrière, la dernière maison à droite, une berline à quatre roue[s], le train peinte [sic] en jaune et la caisse puce, que les portières étaient fermées à clef, et qu'il n'en a pas vu le dedans. Qu'il sait que c'est un sieur Louis, sellier, rue de la Planche, faubourg Saint-Germain, qui a fait cette voiture qu'on disait être faite pour madame Kolf, que le sellier lui a témoigné le désir de savoir où on conduirait cette voiture-là, et qu'il lui a promis de le lui dire, qu'après l'avoir conduite rue de Clichy il en a informé ledit sellier. Qu'il n'a pas vu arriver la voiture chez M. de Fersen ; nous dit ledit Sapel qu'il reconnaîtrait bien cette voiture si on la lui présentait. Nous dit encore que ces deux particuliers ne l'ont pas quitté depuis l'instant qu'ils l'ont abordé sur les neuf heures du soir jusqu'au moment du départ ; que sur les onze heures et demie du soir, toujours accompagné de ses deux particuliers il a pris quatre chevaux de carrosse et qu'un de ces deux hommes en chemin en a pris un de selle dans la petite rue Verte chez un Anglais et se sont en allé tous ensemble rue de Clichy chez milord Grafford qu'en arrivant il a sur le champ attelé ses chevaux à la berline qu'il avait conduite dans l'après midi que ces deux hommes le hâtaient avec le plus grand empressement de se hâter que meme une de ses rennes s'étant cassé, lui voulant retourner chez M. de Fersen pour la changer ces hommes s'i [sic] sont opposés ; que les chevaux étant attelés lui déclarant est monté en postillon que le plus grand de ces deux hommes est monté sur le siége que l'autre a monté le cheval de selle et suivant les ordres qu'il en avait reçu de M. de Fersen il a suivi le cavalier de devant. Qu'ils ont pris les boulevards neufs des barrières jusqu'à celui du faubourg Saint-Martin, où ils se sont arrêtés sur le grand chemin ou ils ont attendu jusqu'à environ deux heures du matin que pendant ce tems étant impatient et ne sachant ce que ce restar [sic] signifiait, ces deux hommes ne lui parlant aucunement et étant armés et n'ayant ainsi que lui pas mis pied à terre, il leur a demandé quels étaient les maîtres qu'il allait conduire, ils lui ont répondu qu'on le lui dirait. Qu'après ce long espace de tems il est arrivé de Paris une voiture à deux chevaux qui couraient à toutes jambes laquelle a serré de très près celle à laquelle lui déclarant servait de postillon que les deux portières ont été ouvertes et qu'il est descendu de la voiture arrivante quatre a cinq personnes qu'il n'a pu distinguer être hommes ou femmes et qu'elles sont montées dans l'autre voiture dont on a fermé la portière a clef, et qu'il a conduit cette voiture en postillon jusqu'à la première poste. Que le même homme qui monté a cheval l'avait conduit au lieu ou était arrivée l'autre voiture ayant vu arriver cette voiture, a pris les devans à toutes jambes de cheval en disant qu'il allait en avant que le meme qui avait mené en cocher est resté sur le siege et a conduit avec lui déclarant à la première poste, et qu'ils ont poussé les chevaux jusqu'a perdre haleine. Nous declare qu'au moment ou on est descendu de la voiture arrivante et qu'on est monté dans celle que lui déclarant conduisait il a vu M. de Fersen son maître, qu'il ne sait pas de la quelle des deux voitures il est descendu, que le même de Fersen est monté sur le siege a coté du cocher, qu'ils ont conduit la voiture à la poste de Bondi [sic] où l'on hâtait les postillon[s]. Que là M. de Fersen est descendu de dessus le siege a monté le cheval de selle qni avait précédé la voiture depuis la maison de milord Grafford, s'est approché de la portière a dit àdieu madame Kolf, a donné ordre a lui déclarant de partir sur le champs [sic], sans lui donner le tems de souper ni celui de laisser essoufler les chevaux de se rendre au Bourget en suivant la route de Valenciennes de se rendre dans cette dernière ville à petites journée[s], qu'il lui dit que lorsque lui déclarant serait arrivé à la poste du Bourget on lui remettrait le cheval de selle, et qu'il a reçu l'ordre expresse de son maître a Bondi de vendre ce cheval de selle et un noir qui était à la voiture, qu'il lui en rende six cent livres et qu'il garde le surplus pour lui surtout qu'il ne les conduise pas a Valenciennes que s'il avait besoin d'argent il s'adresse au régisseur, et qu'il lui en serait donné. Que lui déclarant a observé a son maître qu'il n'avait pas de passeport qu'il lui a répondu qu'il n'en avait pas besoin qu'au surplus s'il était arrêté il n'avait qu'à dire qu'il appartenait au colonel du régiment Royal Suédois et qu'il ne passait pas Valenciennes ou qu'il écrive au régiment. Qu'ensuite le dit sieur de Fersen est parti du coté du Bourgct sans qu'il l'ait vu depuis que pour lui conformément aux ordres de son mattre il a continué le chemin de Valenciennes jusqu'à Roye. Qu'arrivé au Bourget les postillons de la poste lui ont remis le cheval de selle que M. de Fersen y avait laissé et qu'ils lui dirent que son maître leur avait dit de remettre ce cheval à un homme qui viendrait le chercher dans environ trois heures. Que lui déclarant étant arrivé a Quivilliers craignant d'être arrêté il s'est adressé au maire du lieu et lui a demandé un passeport que cet officier étant sur le point d'aller à Compiegne a fait laisser les chevaux dans l'auberge et a conduit lui déclarant à Compiegne ou il a été dit au maire de Quivilliers qu'il pouvait donner des passeports aux gens connus que lui étant connu du dit maire de Quivilliers et ne devant pas sortir du royaume, ce maire lui a donné deux passeports un pour lui et des chevaux à courte queue, l'autre pour les deux chevaux qu'il devait vendre que lui déclaraut a continué la route de Valenciennes jusqu'à Roye. Qu'arrivé à cette ville son passeport ne venant pas de Paris a été jugé insuffisant ses chevaux ont été gardés en fourrière que pour lui il lui a été donné un passeport pour Paris et un ordre pour qu'il lui soit donné un cheval de poste et un guide pour l'y conduire qu'il s'y est rendu après avoir quitté la poste à la Chapelle étant trop fatigué pour courrir plus loing.
De tout ce que dessus nous avons rédigé le présent duquel nous avons fait lecture au dit sieur Balthazar Sapel il nous a dit sa déclaration contenir vérité y persister et a déclaré ne scavoir signer de ce interpellé suivant l'ordonnance. Au moment où nous allions signer le dit Sapel nous a dit avoir oublié de nous déclarer que le dit jour lundi dernier il a par ordre de son maître été sur les six heures du soir chercher deux chevaux que son dit maître avait achetés petite rue Verte chez un Anglais marchand de chevaux, que de suite il a conduit ces chevaux rue de la Planche chez M. Louis sellier pour y chercher une vieille berline à six places train vermillon et la caisse couleur sang de bœuf, qu'il a conduit cette voiture avenue de Marigny au faubourg Saint-Honoré dans laquelle il s'est arrêté. Qu'ainsi arrêté suivant l'ordre qu'il en avait recu, sont arrivés un instant après M. de Fersen qui tenait une bride, accompagné de son chasseur, que son maître dit à lui déclarant de laisser la voiture lui annonçant qu'il la destinait pour présent à une vieille dame. Qu'il a donné à lui déclarant la bride qu'il tenait lui ordonnant de la porter où était le cheval de selle, et de dire au palfrenier de tenir prêt à monter à cheval pour l'heure qu'on avait indiquée. Que lui déclarant a exécuté cet ordre de son maître et s'est retourné chez lui. Nous observe qu'il reconnaîtrait bien cette vieille voiture et les chevaux. Nous déclare encore le dit Sapel qu'il y a environ quinze jours ou trois semaines le piqueur anglais de son maître a acheté quatre chevaux de selle anglais d'un grand prix qui ont du être conduits à Sedan par un dragon d'un régiment en garnison dans ladite ville.
Lecture faite au dit Balthazar Sapel de l'addition à sa déclaration, il a dit icelle contenir vérité y persister et a déclaré de nouveau ne savoir signer de ce interpellé suivant l'ordonnance.
STAINVILLE, commissaire.
JONCHERY, commissaire.
PETIT, commissaire de police.
DE TREMOUILLES, président.
LANGLOIS. S. G.
Seconde déposition de Balthazar Sapel (25 juin 1791)
Déposition supplémentaire.
L'an mil sept cent quatre-vingt-onze, le samedi 25 juin, deux heures et demie de relevée, par devant nous commissaires de garde de la section du Roule est comparu Balthazar Sapel cocher et postillon au service de monsieur le comte de Fersaine [sic] colonel propriétaire du régiment Royal Suédois, lequel nous a déclaré que dans la déposition qu'il a faite hier entre les mains du commissaire de police de cette section, il a oublié de déclarer que le dit comte de Fersaine [sic] son maître a fait faire par le sieur Louis maître sellier, rue de la Planche à Paris, outre les objets énoncés dans sa précédente déclaration, un charriot pour mener des équipages, peint en rouge, et un charriot de poste peint en jaune quant au train, et dont la caisse est peinte en vert, que ces deux charriots sont partis avec ledit sieur comte de Fersaine [sic], mais qu'il ne sait pas où ces charriots ont été chargés ; c'est tout ce qu'il a dit avoir à déclarer ; lecture à lui faite de sa déclaration, il a dit icelle contenir vérité, a persisté et a dit ne savoir signer.
FONTAINE DE SAINT FRÉVILLE, commissaire.
LABILLOIS, commissaire.
PLANTIER, comisaire [sic]
***
Source (2) :
Alcide de Beauchesne, Louis XVII : sa vie, son agonie, sa mort ; captivité de la famille royale au Temple ; ouvrage enrichi d'autographes, de portraits et de plans., Plon frères éditeurs, Paris, 1852, 506 p. – Section « Documents et pièces justificatives », III, pages 493-496
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Merci ! Mais je n'arrive pas à lire la première déposition.
Le texte est trop compact ! Je louche !! :
Je lirai tout ça demain matin...
Le texte est trop compact ! Je louche !! :
Je lirai tout ça demain matin...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
La nuit, la neige a écrit:Merci ! Mais je n'arrive pas à lire la première déposition.
Le texte est trop compact ! Je louche !! :
Je lirai tout ça demain matin...
Oui, oui, c'est la fatigue .
Va faire un gros dodo ...
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
C'est très intéressant;
Je signale ici une analyse faite par l'historienne Mona Ozouf spécialiste du XVIIIème siècle =
MONA OZOUF
Varennes. La mort de la royauté (21 juin 1791)
Première parution en 2005
Collection Folio histoire (n° 193), Gallimard
Parution : 17-11-2011
" L'équipée de Varennes ne figure pas dans le canon des «journées révolutionnaires» : ni foules anonymes en fureur, ni sang versé, ni exploits individuels, ni vaincus. À Varennes, un roi s'en est venu, un roi s'en est allé, avant de retrouver une capitale sans voix et une Assemblée nationale appliquée à gommer la portée de l'événement. Autant dire une journée blanche.
Et pourtant, ce voyage apparemment sans conséquence fait basculer l'histoire révolutionnaire : il éteint dans les esprits et les cœurs l'image paternelle longtemps incarnée par Louis XVI ; met en scène le divorce entre la royauté et la nation ; ouvre inopinément un espace inédit à l'idée républicaine ; et, pour finir, projette la Révolution française dans l'inconnu.
Le livre de Mona Ozouf reconstitue cette histoire à la fois énigmatique et rebattue. Il en éclaire les zones obscures, pénètre les intentions des acteurs et observe le démenti que leur inflige la fatalité ; avant d'interroger les lendemains politiques d'une crise qui contraint les révolutionnaires à «réviser» la Révolution. Réapparaissent ainsi des questions aujourd'hui encore irrésolues : y a-t-il une politique distincte du roi et de la reine? Peut-on faire de Varennes l'origine de la Terreur? Quelle figure de république voit-on se dessiner dans le chaos des passions du jour?
Ce moment tourmenté, écrit l'auteur, ouvre une vraie fracture dans l'histoire de France. Il allonge déjà sur le théâtre national l'ombre tragique de l'échafaud. Dix-huit mois avant la mort de Louis XVI, Varennes consomme l'extinction de la royauté.
Et l'analyse qu'en fait ici Annie Duprat =
http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_2007_num_348_1_3532_t1_0236_0000_1
Je signale ici une analyse faite par l'historienne Mona Ozouf spécialiste du XVIIIème siècle =
MONA OZOUF
Varennes. La mort de la royauté (21 juin 1791)
Première parution en 2005
Collection Folio histoire (n° 193), Gallimard
Parution : 17-11-2011
" L'équipée de Varennes ne figure pas dans le canon des «journées révolutionnaires» : ni foules anonymes en fureur, ni sang versé, ni exploits individuels, ni vaincus. À Varennes, un roi s'en est venu, un roi s'en est allé, avant de retrouver une capitale sans voix et une Assemblée nationale appliquée à gommer la portée de l'événement. Autant dire une journée blanche.
Et pourtant, ce voyage apparemment sans conséquence fait basculer l'histoire révolutionnaire : il éteint dans les esprits et les cœurs l'image paternelle longtemps incarnée par Louis XVI ; met en scène le divorce entre la royauté et la nation ; ouvre inopinément un espace inédit à l'idée républicaine ; et, pour finir, projette la Révolution française dans l'inconnu.
Le livre de Mona Ozouf reconstitue cette histoire à la fois énigmatique et rebattue. Il en éclaire les zones obscures, pénètre les intentions des acteurs et observe le démenti que leur inflige la fatalité ; avant d'interroger les lendemains politiques d'une crise qui contraint les révolutionnaires à «réviser» la Révolution. Réapparaissent ainsi des questions aujourd'hui encore irrésolues : y a-t-il une politique distincte du roi et de la reine? Peut-on faire de Varennes l'origine de la Terreur? Quelle figure de république voit-on se dessiner dans le chaos des passions du jour?
Ce moment tourmenté, écrit l'auteur, ouvre une vraie fracture dans l'histoire de France. Il allonge déjà sur le théâtre national l'ombre tragique de l'échafaud. Dix-huit mois avant la mort de Louis XVI, Varennes consomme l'extinction de la royauté.
Et l'analyse qu'en fait ici Annie Duprat =
http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_2007_num_348_1_3532_t1_0236_0000_1
Invité- Invité
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Louise-Adélaïde a écrit:C'est très intéressant;
Je signale ici une analyse faite par l'historienne Mona Ozouf spécialiste du XVIIIème siècle =
Et l'analyse qu'en fait ici Annie Duprat =
http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_2007_num_348_1_3532_t1_0236_0000_1
Merci, pour votre apport à ce débat, Louise-Adélaïde. Je retiens tout particulièrement cette phrase d'Annie Duprat:
"Varennes a été le révélateur du transfert de légitimité entre le droit divin (incarné dans la personne royale) et la loi (émanation des citoyens) mais les semaines qui ont suivi ont montré qu''il était impossible à réaliser en conservant le roi sur le trône dans une monarchie constitutionnelle si éloignée des références traditionnelles auxquelles Louis 16 était resté fidèle."
A son propos, voici mon point de vue:
Pour ma part, il me semble que, certes plus ou moins contraint, Louis XVI aurait pu se satisfaire d'un glissement progressif vers une monarchie constitutionnelle pour garder son trône si les adversaires avérés de la monarchie aidés en cela par les rivalités au sein des partisans d'une monarchie constitutionnelle n'avaient pas compromis définitivement cette perspective par leurs actions. En effet, après le 14 juillet et sa tentative de reprise en main de la situation avec Breteuil, il avait choisi de faire profil bas en évitant de heurter directement le peuple et les députés. Il comptait vraisemblablement tenter de redresser peu à peu la situation en sa faveur en se montrant relativement docile à la volonté de l'Assemblée nationale. Il me semble donc raisonnable de penser que, si l'influence des extrémistes de la Commune de Paris avait pu être jugulée par une Assemblée nationale plus sévère à leur égard, les choses auraient pu en aller autrement avec l'établissement d'un compromis entre les positions du roi et celles de la Nation. Bien au contraire le choc des 5 et 6 octobre 1789, l'atteinte à sa liberté de mouvement qu'à constituer son installation aux Tuileries, n'ont pu qu'engager le roi à changer sa position et à revenir à son projet initial (déclaration du 23 juin). Peu à peu, l'idée que seul un éloignement lui permettrait de retrouver sa liberté d'action, sentiment renforcé par la promulgation d'un certain nombre de mesures en 1790 et au premier semestre de 1791 ( nationalisation des biens du clergé, abolition de la noblesse, suppression des ordres monastiques et religieux,vote de la Constitution civile du Clergé..) auxquelles il était certainement opposé en son for intérieur; l'a amené à concrétiser un projet d'évasion sur lequel il était resté hésitant depuis son retour à Paris.
Voici ce qu'écrit Munro Price à ce sujet à propos des conséquences des événement d'octobre 1789
:" Bien qu'il ait été moins directement menacé que Marie-Antoinette par les événements d'octobre, Louis XVI n'en était pas moins choqué par ceux-ci. Pour lui, il représentait la rupture finale de sa confiance dans la séquence avec tous ses bouleversements qui avait commencé en juillet. De son point de vue, il avait volontairement renoncé à une large portion de son pouvoir dans l'intérêt de son peuple. Celui-ci l'en avait remercié en défiant son autorité, en essayant de tuer sa femme et en lui imposant ainsi qu'à sa famille, une semi-captivité. Il en résultait, bien qu'il ait toujours accepté la nécessité de réformes, qu'après les événements d'octobre, il regardait son consentement aux actes de l'Assemblée nationale comme extorqué sous la contrainte et de ce fait estimait qu'il ne leur était pas lié. Cela apparaît très clairement dans la lettre de protestation formelle adressée à son cousin Charles IV d'Espagne qui fut transmise secrètement par son agent Fontbrune. D'une manière significative, la lettre confirme l'importance de la déclaration du 23 juin dans l'esprit de Louis comme la dernière expression libre de sa volonté politique. Au travers d'elle, on perçoit la voix authentique du roi :
- Je dois à moi même, je dois à mes enfants, je dois à ma famille et à toute ma maison d'empêcher que la dignité royale qu'une longue succession de siècles a confirmé dans ma dynastie ne soit dégradée dans mes mains...J'ai choisi Votre Majesté, en tant que le chef de la seconde branche, pour placer dans vos mains cette protestation solennelle contre mon acquiescement contraint à tout ce qui a été fait de contraire à l'autorité royale depuis le 15 juillet de cette année et, en même temps, pour manifester mon intention de mener à bien les promesses que j'ai faites dans ma déclaration du 23 juin dernier.-
Cette lettre cruciale marque le commencement de la double politique de Louis XVI envers la Révolution. En surface, le roi apparaissait accepter le rôle réduit que l'Assemblée lui allouait, jusqu'à inclure qu'il ait endossé la Constitution. Ses réelles intentions s'exprimèrent au travers d'une politique secrète qui a un point de départ assez différent. Ces deux pierres d'angle furent la déclaration du 23 juin et la fuite de Paris, et son principal maître d'oeuvre devait être BreteuiL "
L'affaire de Varennes qui manifeste donc ouvertement l'opposition du roi au projet de monarchie constitutionnelle tel qu'il lui était imposé par l'Assemblée nationale, n'est que l'aboutissement d'une remise en question qui avait pris naissance en octobre 1789 dans l'esprit du roi. Dès cette époque, en effet, le roi avait compris qu'il ne pourrait pas continuer à trouver sa place dans une monarchie constitutionnelle si contraire à ses principes. Par contre, il est clair que cela a sans doute été une découverte pour un grand nombre de députés de l'Assemblée nationale qui militaient honnêtement pour la mise en place d'un régime constitutionnel. Une partie de ceux-ci essayèrent néanmoins de persévérer comme le démontre la tentative de rapprochement entre la Cour et les Triumvirs qui a suivi jusqu'à leur élimination et celle des Feuillants par ceux qui, soit étaient convaincus depuis toujours de la nécessité d'une république, soit le furent parce qu'ils considérèrent la tentative d'évasion comme une trahison de la part du roi. Le roi avait donc un temps d'avance sur les députés de cette dernière catégorie dans ce constat d'impossibilité. J'aurais tendance à dire que c'est tout à l'honneur de ces derniers d'avoir tenté l'impossible.
Le drame c'est que la duplicité du roi et de la reine n'a pas été comprise par ses frères ou n'a pas voulu être comprise par ceux-ci, mal conseillés par Calonne lequel, par jalousie, ambition et rancune, a tout fait pour les écarter de Breteuil avec les conséquences que cela a pu avoir sur l'unité des réseaux royalistes et la vision qu'avait de ceux-ci les puissances coalisées.
Maintenant en admettant que le roi ait réussi son évasion. Aurait-t-il pu regrouper derrière lui le mouvement royaliste et obtenir un appui solide de la part des puissances européennes qui lui aurait permis de reprendre son trône. Cela ne me semble pas du tout certain, compte tenu de son caractère hésitant et de son hostilité au déclenchement d'une guerre civile. Partant d'une position de faiblesse aussi marquée, possédait-t-il les qualités nécessaires pour regagner son trône en courant après les soutiens d'une Angleterre trop contente de lui faire payer la perte de ses colonies ou d'une Autriche qui voyait certainement avec un certain plaisir l'affaiblissement de notre pays puis de se transformer en chef de guerre pour reconquérir son territoire avec peut être l'appui de l'Espagne et de quelques régions qui lui étaient restées fidèles? J'en doute fortement.
Avec mes sincères salutations. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Sauf erreur de ma part, nous n'avons pas de sujet consacré aux étapes du retour à Paris...
Tant pis, je poste ici, puisque la famille royale est passée par Meaux à l'aller (ce que nous précisions dans ce sujet), et puisqu'il était récemment question de cette halte dans notre Jeu de l'été...
Au retour donc, la famille royale passe cette fois-ci la nuit à Meaux ; et plus précisément au palais episcopal de la ville.
Louis XVI et sa famille arrivent à Meaux en début de soirée.
Ils passent la place Saint-Etienne et le parvis de la cathédrale pour pénétrer enfin dans la cour du palais episcopal, autrefois occupé par Bossuet.
L'évêque qui les "accueille" est Monseigneur Thuin, évêque constitutionnel de Meaux depuis mars 1791.
Son prédécesseur était Camille-Apollinaire de Polignac, nommé évêque de Meaux et aumônier de la reine en 1780.
Il avait refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé et était en exil depuis le début de l'année 1791.
Ce sont quelques-uns de ses meubles, que l'on récupère en hâte au couvent des Ursulines où il les avait entreposé au départ d'exil, qui seront utilisés pour "meubler" les pièces où dormiront Louis XVI et sa famille.
Infos complémentaires : http://histoirde.over-blog.com/article-louis-xvi-a-meaux-77710665.html
A l'occasion de notre jeu de l'été, Lucius nous postait donc cette image :
Le site du palais épiscopal-musée Bossuet évoque cette installation, je cite :
(...) la chambre du Roi ou Chambre de l’évêque est sans aucun doute la plus belle pièce du palais.
La salle est ornée de boiseries finement sculptées datant de l’épiscopat d’Antoine de la Roche de Fontenille (1750).
Elle contient également une élégante cheminée en marbre rouge de l’époque de Louis XV au dessus de laquelle une boiserie encadre en bas une glace et en haut une représentation de l’Adoration des Mages.
Cette pièce qui était autrefois la chambre de Bossuet fut nommée chambre du roi car dans la nuit du 24 juin 1791, elle accueillit le roi Louis XVI, ramené de Varennes.
Elle accueille dorénavant une partie de la collection de peintures du XVIIIème siècle.
Formant un avant-corps sur le jardin, le Cabinet Bossuet ou la chambre de la Reine, à la suite de la chambre du Roi, servait autrefois de cabinet de travail à Bossuet. Alors que le roi Louis XVI occupa la chambre de l’évêque, la reine Marie-Antoinette et les deux enfants passèrent la nuit dans cette pièce, d’où son nom.
Tout comme dans la chambre du roi, on y trouve une cheminée surmontée d’une boiserie Empire ornée dans la partie inférieure d’une glace et dans la partie supérieure d’une toile représentant selon la tradition Henriette d’Angleterre.
Cette toile rappelle, dans ce cabinet de travail de l’évêque Bossuet, l’une de ses plus célèbres oraisons funèbres prononcées avant qu’il ne devienne évêque de Meaux.
* Source texte et image : http://www.musee-bossuet.fr/fr/cite-episcopale/visite-du-palais-episcopal-de-meaux.html
Pour mémoire, dans un autre sujet, nous enquêtions sur le récit d'un passage, plutôt laborieux, de Marie-Antoinette à Meaux. Cette fois-ci en 1782.
C'était ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t789-marie-antoinette-a-meaux-en-1782?highlight=meaux
Tant pis, je poste ici, puisque la famille royale est passée par Meaux à l'aller (ce que nous précisions dans ce sujet), et puisqu'il était récemment question de cette halte dans notre Jeu de l'été...
Au retour donc, la famille royale passe cette fois-ci la nuit à Meaux ; et plus précisément au palais episcopal de la ville.
Louis XVI et sa famille arrivent à Meaux en début de soirée.
Ils passent la place Saint-Etienne et le parvis de la cathédrale pour pénétrer enfin dans la cour du palais episcopal, autrefois occupé par Bossuet.
L'évêque qui les "accueille" est Monseigneur Thuin, évêque constitutionnel de Meaux depuis mars 1791.
Son prédécesseur était Camille-Apollinaire de Polignac, nommé évêque de Meaux et aumônier de la reine en 1780.
Il avait refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé et était en exil depuis le début de l'année 1791.
Ce sont quelques-uns de ses meubles, que l'on récupère en hâte au couvent des Ursulines où il les avait entreposé au départ d'exil, qui seront utilisés pour "meubler" les pièces où dormiront Louis XVI et sa famille.
Infos complémentaires : http://histoirde.over-blog.com/article-louis-xvi-a-meaux-77710665.html
A l'occasion de notre jeu de l'été, Lucius nous postait donc cette image :
Le site du palais épiscopal-musée Bossuet évoque cette installation, je cite :
(...) la chambre du Roi ou Chambre de l’évêque est sans aucun doute la plus belle pièce du palais.
La salle est ornée de boiseries finement sculptées datant de l’épiscopat d’Antoine de la Roche de Fontenille (1750).
Elle contient également une élégante cheminée en marbre rouge de l’époque de Louis XV au dessus de laquelle une boiserie encadre en bas une glace et en haut une représentation de l’Adoration des Mages.
Cette pièce qui était autrefois la chambre de Bossuet fut nommée chambre du roi car dans la nuit du 24 juin 1791, elle accueillit le roi Louis XVI, ramené de Varennes.
Elle accueille dorénavant une partie de la collection de peintures du XVIIIème siècle.
Formant un avant-corps sur le jardin, le Cabinet Bossuet ou la chambre de la Reine, à la suite de la chambre du Roi, servait autrefois de cabinet de travail à Bossuet. Alors que le roi Louis XVI occupa la chambre de l’évêque, la reine Marie-Antoinette et les deux enfants passèrent la nuit dans cette pièce, d’où son nom.
Tout comme dans la chambre du roi, on y trouve une cheminée surmontée d’une boiserie Empire ornée dans la partie inférieure d’une glace et dans la partie supérieure d’une toile représentant selon la tradition Henriette d’Angleterre.
Cette toile rappelle, dans ce cabinet de travail de l’évêque Bossuet, l’une de ses plus célèbres oraisons funèbres prononcées avant qu’il ne devienne évêque de Meaux.
* Source texte et image : http://www.musee-bossuet.fr/fr/cite-episcopale/visite-du-palais-episcopal-de-meaux.html
Pour mémoire, dans un autre sujet, nous enquêtions sur le récit d'un passage, plutôt laborieux, de Marie-Antoinette à Meaux. Cette fois-ci en 1782.
C'était ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t789-marie-antoinette-a-meaux-en-1782?highlight=meaux
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
La nuit, la neige a écrit:Sauf erreur de ma part, nous n'avons pas de sujet consacré aux étapes du retour à Paris...
Bonne idée !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
A propos du retour de Varennes, Madame Elisabeth écrit à Angélique de Bombelles :
« Notre voyage avec Barnave et Pétion s'est passé le plus ridiculement. Vous croyez sans doute que nous étions au supplice, point du tout. Ils ont été bien, surtout le premier, qui a beaucoup d'esprit et qui n'est point féroce comme on le dit. J'ai commencé par leur montrer franchement mon opinion sur leurs opérations, et nous avons, après, causé le reste du voyage comme si nous étions étrangers à la chose '. »
...
« Notre voyage avec Barnave et Pétion s'est passé le plus ridiculement. Vous croyez sans doute que nous étions au supplice, point du tout. Ils ont été bien, surtout le premier, qui a beaucoup d'esprit et qui n'est point féroce comme on le dit. J'ai commencé par leur montrer franchement mon opinion sur leurs opérations, et nous avons, après, causé le reste du voyage comme si nous étions étrangers à la chose '. »
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
[quote="Mme de Sabran"]A propos du retour de Varennes, Madame Elisabeth écrit à Angélique de Bombelles :
« Notre voyage avec Barnave et Pétion s'est passé le plus ridiculement. Vous croyez sans doute que nous étions au supplice, point du tout. Ils ont été bien, surtout le premier, qui a beaucoup d'esprit et qui n'est point féroce comme on le dit. J'ai commencé par leur montrer franchement mon opinion sur leurs opérations, et nous avons, après, causé le reste du voyage comme si nous étions étrangers à la chose '. »
... [/quote
Cette attitude de Barnave et Pétion est très paradoxale car elle se répétera bien souvent avec d'autres "sanguinaires" révolutionnaires moins connus. Cela veut-il dire que toute cette tension ne tenait qu'à un fil et que les beaux jours pouvaient revivre et revenir comme par le passé ? Je ne crois pas, je crois plus à l'influence du nombre qui peut rendre cruel un être humain.
« Notre voyage avec Barnave et Pétion s'est passé le plus ridiculement. Vous croyez sans doute que nous étions au supplice, point du tout. Ils ont été bien, surtout le premier, qui a beaucoup d'esprit et qui n'est point féroce comme on le dit. J'ai commencé par leur montrer franchement mon opinion sur leurs opérations, et nous avons, après, causé le reste du voyage comme si nous étions étrangers à la chose '. »
... [/quote
Cette attitude de Barnave et Pétion est très paradoxale car elle se répétera bien souvent avec d'autres "sanguinaires" révolutionnaires moins connus. Cela veut-il dire que toute cette tension ne tenait qu'à un fil et que les beaux jours pouvaient revivre et revenir comme par le passé ? Je ne crois pas, je crois plus à l'influence du nombre qui peut rendre cruel un être humain.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Barnave n'avait rien de féroce, rien à voir avec un être dogmatique et sanguinaire. C'était un homme intelligent et éduqué.
Je pense que la famille royale en général avait une très forte et dommageable méfiance pour tous les hommes qui ne provenaient pas de la Cour ou proche de la Cour.
Mirabeau par exemple, malgré tous ses défauts, était un homme de valeur et capable, mais les souverains ont accepté ses services du bout des lèvres. A tort.
Je pense que la famille royale en général avait une très forte et dommageable méfiance pour tous les hommes qui ne provenaient pas de la Cour ou proche de la Cour.
Mirabeau par exemple, malgré tous ses défauts, était un homme de valeur et capable, mais les souverains ont accepté ses services du bout des lèvres. A tort.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Je suis entièrement d'accord avec vous, Dominique . Madame Elisabeth s'attendait à un épouvantail peut-être ?
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Elle était méfiante...question d'éducation, de conditionnement...
Versailles...miroir aux alouettes...et Paris, la grande inconnue...les hommes du terrain...
Versailles...miroir aux alouettes...et Paris, la grande inconnue...les hommes du terrain...
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Dominique Poulin a écrit:Elle était méfiante...question d'éducation, de conditionnement...
Croyez-vous vraiment qu'il ne pouvait s'agir que de cela ? La réalité montre souvent le contraire, même si c'est vrai il y avait de la méfiance, mais de CHACUN des 2 côtés.
C'est vrai de vrai.Versailles...miroir aux alouettes...et Paris, la grande inconnue...les hommes du terrain...
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Disons que, à l'époque de Varennes, la réputation de Barnave avait de quoi l'effrayer.Mme de Sabran a écrit:Je suis entièrement d'accord avec vous, Dominique . Madame Elisabeth s'attendait à un épouvantail peut-être ?
Il était l'un des révolutionnaires les plus actifs au début de la Révolution : très anti-clérical et libertaire, auteur du serment du Jeu de Paume, l'un des rédacteurs de la première constitution, fondateurs du club des Jacobins etc.
D'ailleurs, puisque vous l'évoquez, Mirabeau et lui ne s'aimaient guère, et se sont longtemps affrontés.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
La nuit, la neige a écrit:
D'ailleurs, puisque vous l'évoquez, Mirabeau et lui ne s'aimaient guère, et se sont longtemps affrontés.
C'est curieux, n'est-ce pas, quand on songe que finalement l'un et l'autre finiront par vouloir sauver le couple royal , et lui prodiguer des conseils pour le guider. Quel malheur en effet que ses ennemis aient eu la peau de Mirabeau, et que Marie-Antoinette se soit livrée à ce double-jeu avec Barnave que Fersen haïssait par jalousie et lui interdisait d'écouter ...
Quel terrible imbroglio !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Les hommes et les temps changent, que veux-tu...
Barnave finira par "rejoindre" les idées de Mirabeau, c'est à dire au moment où la Révolution tend vers la République (ce qu'il ne souhaite pas).
Et puis, il y a sa rencontre avec Marie-Antoinette qui, dit-on, y est pour quelque-chose.
Barnave finira par "rejoindre" les idées de Mirabeau, c'est à dire au moment où la Révolution tend vers la République (ce qu'il ne souhaite pas).
Et puis, il y a sa rencontre avec Marie-Antoinette qui, dit-on, y est pour quelque-chose.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Elle avait un petit ring a ding ...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Double-jeu, Eléonore oui il y avait beaucoup de méfiance mais aussi de souffrance, de lassitude nerveuse et psychique, et c'était normal dans cet imbroglio (comme vous le dites si bien Eléonore). J'ai l'impression, parfois, de ne pas comprendre. Mirabeau, Barnave, même Lafayette, qui croire, SVP ? Ils sont intelligents, soit, je le crois vraiment. Mais, SVP comment avoir la certitude que l'ennemi n'est pas en face de soi ? Est-ce que vous comprenez ce que je veux dire. Je le répèterai toujours, les Souverains ont fait des erreurs de jugement et de lucidité parce que trop imprégnés par leur monarchie absolue. Mais, pouvez-vous comprendre que dans de telles conditions, la confiance était difficile à accepter. Ne restez pas sur votre position, à travers les livres que vous avez lus, avec votre possibilité d'avoir du recul. La question de confiance pour le Roi et la Reine étaient cruciale dans un environnement plus qu'hostile. Dites-vous simplement, (sans le regard du 21ème siècle) qu'aurais-je fait à leur place. Beaucoup ont souhaité sauvé les Souverains, mais comment faire confiance (ce mot m'énerve car il est trop équivoque durant la Révolution). Tous ceux en lesquels, Ils pouvaient avoir confiance avaient été contraints de déserter le pays.
Eléonore, pouvez-vous me conseiller quelque chose à boire de relaxant. Je suis bouillonnante d'impuissance.
Eléonore, pouvez-vous me conseiller quelque chose à boire de relaxant. Je suis bouillonnante d'impuissance.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Le retour de la famille royale de Varennes à Paris (juin 1791)
Trianon a écrit:
Eléonore, pouvez-vous me conseiller quelque chose à boire de relaxant. Je suis bouillonnante d'impuissance.
Venez, chère Trianon, alanguissons-nous au salon . Je vous sers un petit doigt de malaga !
Si ma Paulinette débarque, je sors le tarama ...
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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