La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
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La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Si le nom des Montgolfier est surtout associé au premier ballon à air chaud lancé dans le ciel français, et si nous avons tous depuis notre plus tendre enfance écrit ou dessiné sur du papier Canson , le commun des mortels ignore que ces deux familles Canson et Montgolfier sont indissociables dans la région d'Annonay, berceau de leur fulgurante destinée.
Pour le premier vol en 1783, le ballon d'Etienne et Joseph Montgolfier était réalisé en papier doublé de toile, dans lequel ils eurent l'idée d'insuffler de l’air chaud pour permettre son élévation.
Les frères Montgolfier avaient tout simplement eu l’idée d’utiliser le matériau dont ils connaissaient, et pour cause, parfaitement les qualités. Et pour cause : ils étaient en effet issus d’une dynastie de papetiers dont l’activité était déjà très ancienne et se conformait aux arrêts du conseil d'Etat du toi, dont voici un exemple :
A l’origine de la papeterie familiale se trouve Jacques Montgolfier, papetier au milieu du 16e siècle, à Ambert, en Auvergne. Ses descendants s’implanteront durablement en Ardèche, à Vidalon et Annonay, à partir du 18e siècle et y développeront l’industrie du papier.
Joseph et Etienne Montgolfier sont nés dans cette maison ...
... tentaculairement agrandie par l'usine familiale .
A l'arrivée dans la propriété, nous sommes accueillis par un monument pyramidal dédié au premier envoi de ballon par les frères Montgolfier, ici même, à Annonay.
Le choix de cette région pour implanter la papeterie Montgolfier s’explique par la qualité des eaux des rivières locales et l’abondance de "chiffons", rebuts de linge de laine, de lin, de coton, toutes les fibres naturelles de tissus de récupération ( à l'époque rien ne se jette ! ) constituant la matière première de la pâte à papier, servant de base à la fabrication du papier. En effet, Annonay est réputée pour son industrie du tissage et aussi des feutres que nous verrons indispensables à la papeterie . Tout se tient, tout est lié. Y'a plus qu'à .
Par le jeu des mariages, les familles Montgolfier et Chelles développent les papeteries et s’implantent durablement dans le Vivarais. Au fil du temps, les Montgolfier développent des techniques en s’inspirant de ce qui se faisait en Angleterre, puis en Hollande.
Le savoir faire est bien plus que millénaire .
J'aime bien " les bambous sont triturés " ...
Nous verrons par la suite dans quelles machines impressionnantes .
Toujours est-il que, boostée très certainement par la notoriété formidable et nationale que l'invention du ballon vaut aux Montgolfier, l’entreprise familiale devient manufacture royale en 1784 !
Je vous posterai la lettre de Louis XVI attestant de cette consécration .
En 1801, par le mariage de Barthélémy Barou de la Lombardière de Canson, avec Alexandrine , la fille d’Etienne Montgolfier, le papier Montgolfier devient Canson, le gendre succédant au beau-père à la tête de l'entreprise, donnant ainsi à la lignée papetière le nom sous lequel elle passera à la postérité.
Né en 1745, Etienne Jacques Montgolfier, l’un des seize enfants de Pierre Montgolfier et Anne-Catherine Duret, avait dirigé la papeterie familiale à partir de 1772 et en était devenu propriétaire en 1787.
Son frère, Michel Joseph – inventeur de la montgolfière-, laissa son prénom à un papier vélin, le "papier joseph".
Pierre Montgolfier, père de Michel Joseph et Etienne, fut anobli en 1783 : Louis XVI voulait ainsi remercier la famille Montgolfier pour les innovations et inventions qu’elle avait apportées à la France. L’autorisation de porter la particule n’aurait été accordée en revanche qu’en 1868.
A suivre, si vous le voulez bien !
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Je continue sur ma lancée ...
Gloire aux Montgolfier !!!
Le roi ( encore de France et de Navarre ... ) salue leur exploit .
Louis par la grâce de Dieu Roi de France et de Navarre, à tous présents et à venir, salut . Les machines aérostatiques inventées par les deux frères les sieurs Etienne-Jacques et Joseph-Michel Montgolfier sont devenues si célèbres, l'expérience qui en a été faite ci-devant nous le dix-neuf septembre dernier par ledit sieur Etienne-Jacques Montgolfier, et celles qui l'ont suivie ont eu un tel succès que nous ne doutons point que cette invention ne fasse une époque mémorable dans l'histoire de la physique . Nous espérons même qu'ellle fournira de nouveaux moyens d'accroître les forces de l'homme ou du moins d'étendre ses connaissances, persuadé que l'un de nos principaux devoirs est d'encourager les personnes qui cultivent les sciences et de faire éprouver les effets de notre bienfaisance à ceux qui parviennent à les enrichir par d'heureuses découvertes, nous avons cru que celle-ci devait particulièrement fixer notre attention sur les deux physiciens éclairés qui partagent la gloire d'en être les auteurs. Nous avons appris que le sieur Pierre Montgolfier, leur père, était issu d'une famille ancienne et honorable et qu'ayant reçu de ses parents une papeterie à Annonay dans le Vivarais il la rendue, par ses soins et son intelligence, l'une des plus considérables du royaume de sorte qu'elle occupe seule trois cents personnes et qu'elle renferme dans son enceinte neuf des ;;;;;;; ou ateliers dont un seul compose le plus grand nombre des papeteries ordinaires. Nous sommes expressément informé que ledit sieur Pierre Mongolfier a fait dans sa fabrique les premiers essais de papier velin et qu'en mille sept cent quatre vingt les Etats du Languedoc ...
La page s'arrête là, mais nous savons que Louis XVI annoblit Pierre Montgolfier .
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Alors que le papier laisse apparaître, en transparence, les fils de vergeure, au XVIIIème siècle, on pense, avec nostalgie, au beau parchemin lisse sans marque. Les Anglais savent produire un papier sans ces traces qui ressemble au parchemin très fin obtenu à partir de veau mort né : le vélin. Les papetiers français ne pouvant demander la solution aux Anglais, en guerre avec le Royaume de France veulent mettre au point ce papier. C’est Etienne Montgolfier qui, en 1777, réussit et fabrique le premier papier vélin français à Vidalon avant que Mathieu Johannot, son concurrent d’Annonay n’en produise lui aussi de très beaux.
Mathieu Johannot
Pauvre Mathieu ! ... dur dur de rivaliser avec ces Montgolfier qui se sont acquis une réputation et célébrité nationale, l'admiration et la reconnaissance du roi, et de surcroît maîtrisent la fabrication du papier velin et bientôt le cylindre hollandais !
Versailles, le 17 juin 1784
Je vous renvoie tous vos papiers, monsieur, je n'ai eu d'autre observation à y faire que l'apostille que vous y trouverez . Il faudra renvoyer au Contrôleur général tout se qui se rattache à l'ingénieuse mécanique que les inventeurs lyonnais ont fait opérer devant moi l'autre jour, Calonne m'en reparlera .
J'ai revu le Marquis de Maillé, mais je n'ai pas voulu recevoir ses remerciements avant que mon Frère dont il va devenir le premier Gentilhomme de la Chambre en survivance du bon Duc ne l'ai présenté en cette qualité; ce sera demain sans doute, je signerai demain son contrat de mariage avec mademoiselle de Fitz-James . Préparez le présent que je veux lui faire.
Je suis fort satisfait de la belle exécution des éditions des classiques que Didot imprime pour l'éducation du Dauphin sur le superbe papier velin des frères Johannot d'Annonay à qui j'ai décerné dernièrement le prix pour les progrès qu'ils font faire à cette branche de l'industrie nationale . Le Télémaque est un chef-d'oeuvre. Reparlez-moi de Ddidot, je veux le recommander à Calonne et le bien traiter dans l'occasion .
Louis
Voici le lot de consolation offert par Calonne à Mathieu Johannot :
une médaille en or à l'effigie de Louis XVI.
Il faut bien dire qu'entre-temps les Mongolfier sont sortis victorieux cette fois encore de l’aventure des piles hollandaises !
Qu'est-ce que ce que ça que c'est ?!! ... me demanderez-vous sans doute .
Le papier produit au XVIIIème siècle est de bonne qualité mais n’est pas d’un blanc parfait, c’est pourquoi on ajoute souvent une teinte couleur azur qui masque le manque de blancheur. Les papetiers connaissent la raison de ce défaut : les chiffons passent trop de temps au pourrissoir et dans les piles à maillets. Les Hollandais ont mis au point une machine qui donne un meilleur résultat : la pile hollandaise. Dans une cuve ou pile, un cylindre effilocheur entouré de lames triture le chiffon et, en 4 heures, le transforme en pâte à papier beaucoup plus blanche que celle qui restait 24 heures dans les piles à maillets.
Pierre Montgolfier et ses fils sont choisis par les Etats du Languedoc pour mettre au point cette technique et, en 1781, ils construisent le premier cylindre hollandais à Vidalon. C’est le début de la mécanisation dans la papeterie ; les compagnons papetiers sont opposés et se mettent en grève car ils refusent la machine qui leur imposera son rythme pour le travail.
Le rythme de travail est épuisant :
Dans les années 1781-1785, Etienne Montgolfier note l’organisation d’une journée de travail pour le personnel de la papeterie de Vidalon.
« Le lever à 4 heures du matin ou à 3h1/4 pour ceux qui voudront se lever plus tôt.
Le gouverneur du cilindre sonnera la cloche à 4heures moins ¼
Jusqu’au déjeuner, on fera 4 ou 5 porces…
Le déjeuner à 7h jusqu’à 7h1/2
Ensuite 5 porces jusqu’à onze heures1/4
Dîner jusqu’à midi
Ensuite 5 porces jusqu’à 3h3/4; goûter ou collation jusqu’à 4h.
Ensuite 5 porces jusqu’à 8heures moins1/4 ;
prière, souper.
Les filles ne sortiront point sauf prévenir non plus que les apprentis.
Tout ouvrier ou ouvrière qui quittera son ouvrage sans en avoir obtenu la permission
perdra sa journée ».
Une porse (ou porce) est, en général, formée de cent feuilles de papier
Maîtres et compagnons papetiers vivent ensemble, dans le moulin qui est à la fois atelier de production et bâtiment d’habitation. Pour être papetier, il faut être fils de papetier et membre de l’Association qui régit le métier et impose des règles.
Le moulin de Vidalon
L'impulsion est donnée !
La papeterie des Montgolfier devient Manufacture royale .
Titre de Manufacture royale accordé par Louis XVI le 19 mars 1784, signé par M. de Calonne, contrôleur général des Finances pour remercier les Montgolfier de la mise eu point du vélin et des piles hollandaises.
Après l’obtention du titre de Manufacture royale, les Montgolfier créeront un blason pour la papeterie. Il sera aussi utilisé en filigrane sur les formes.
Le damier sang (rouge) et or (jaune) rappelle les armoiries de la ville d’Annonay ; le ballon témoigne de l’invention de la montgolfière par Joseph et Etienne Montgolfier en 1783, le rouleau de papier rappelle la création du papier vélin.
La devise « Ite per orbem » (Allez par le monde) a été choisie par les Montgolfier pour rappeler le commerce
... à suivre !
http://www.musee-papeteries-canson-montgolfier.fr/IMG/pdf/La_fabrication_du_papier.pdf
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Nous le disions, maîtres, compagnons papetiers, ouvriers vivent ensemble, dans le moulin qui est à la fois atelier de production et bâtiment d’habitation. Pour être papetier, il faut être fils de papetier et membre de l’Association qui régit le métier et impose des règles.
Nous avons vu que le rythme des journées de travail s'est accéléré avec la mécanisation et que le rendement de production de papier exigé impose une cadence folle.
Après la grève de 1781, certains compagnons ont quitté la papeterie Montgolfier .
Quelles sont les conditions de vie de ces ouvriers du XVIIIème siècle dans cette Association paternaliste qui se voudrait phalanstère
En somme, les Montgolfier bichonnent-ils leurs employés ? Les traitent-ils avec humanité ?
Jusqu’en 1785, les compagnons papetiers mangent à la table du maître. Leur alimentation est règlementée par les coutumes de leur association. De ce fait, ils sont mieux nourris que la plupart des ouvriers de l’époque.
Un rapport de 1765 indique le menu quotidien :
- A dîner (petit-déjeuner) : soupe, viande de boucherie et lard ou petit salé (1 livre par personne)
- A goûter (déjeuner) : soupe, quelques légumes fricassés (pois, fèves truffes appelées topinambourgs etc…)
- A souper : soupe dans les mêmes proportions et quantités que le matin.
Du vin à discrétion à chaque repas ...
... mixtionné d’un tiers d’eau si l’on veut avoir la paix dans le ménage est-il dûment précisé !!!
A 16 heures, lorsqu’ils font du grand papier ou des heures supplémentaires, les ouvriers ont un quatrième repas. (du pain à volonté, 1 pinte et 1/3 de vin).
Pour certaines fêtes, les compagnons exigent des mets précis :
- le Jour de l’An : un coq d’Inde
- le mardi Gras : une oreille de cochon à goûter
- le Jeudi-Gras : un jambon et des croûtes dorées
- le dimanche des Rameaux : des beignets
- le Vendredi saint : une carpe
En 1785, les ouvriers décident de se nourrir eux-mêmes !
Leurs salaires annuels sont alors augmentés de 198 livres.
Comme de juste, la femme est tout au bas de l'échelle et n'a aucune qualification .
En 1785, les Montgolfier rédigent le premier règlement.
« Règles à observer dans la fabrique à papier de Montgolfier d’Annonay
Le maître chérissant ses ouvriers et ouvrières comme ses enfants, il est juste que de leur côté coeux qui travaillent dans sa maison veillent à ses interets, qu’ils vivent en concorde et union les uns envers les autres et comme dans le nombre il peut s’en trouver qui par foiblesse laisseroient faire du mal au maître et d’autres qui pourroient négliger ses interets, il est juste que ce soyent les coupables qui en suportent la peine et non pas les innocents.
1° On ne boira nu ne mangera dans la chaudière où lon cuit la colle ny dans celle où l’on mouille [les chiffons], les moulins, les cuves, le cylindre, la patte [chiffon] et le relevage, les ouvriers viendront boire la collation, et le vin du pourrissoir[lieu où l’on fait tremper les chiffons] à la cuisine, si quelqu’un contrevenoit…. ».
Très jeunes, les enfants accompagnent leur mère à l’atelier ( comme nous le voyons sur la photo ci-dessus ) . Quand ils l’aident, ils ne reçoivent pas un salaire à part, mais cela augmente le salaire maternel. Dès qu’ils le peuvent, les garçons deviennent apprentis.
En 1769, Pierre Montgolfier écrit : « …environ 40 enfants qui se forment journellement aux travaux de la fabrication seront une pépinière d’ouvriers instruits… ».
« du 8ème aoust 1787
Sorti ce jour Marie Anne Chatron dit Riband agé d’environ 16 ans Augustine Chatron dit Riband agé d’environ 14 ans Marie Chatron dit Riband agé d’environ 10 ans et Claudine Chatron dit Riband agé d’environ 6 ans Toutes les quatre nées dans la maison, la première sachant lire, écrire et chiffrer, ayant de l’intelligence, en état de tenir toutes les places, mais fine, délié et pouvant beaucoup nuire si elle tournoit au mal. ( )
la seconde en état de tenir toutes les places, passablement vaillante mais moins active et intelligente que sa sœur quoyque n’en manquant pas.
Les deux jeunes pourront faire de bonnes ouvrières ayant les dispositions nécessaires et commençant la Marie tenant depuis deux ans une place à la colle.Toutes les quatre bonnes à reprendre dans l’occasion et l’aîné pouvant faire une excellente piqueuse [responsable] quand l’age l’aura un peu mury ».
Pierre Montgolfier s’engage à apprendre aux enfants à lire, écrire et chiffrer.
Tous les dimanches, il fait lui-même obligatoirement le catéchisme aux apprentis et conseille aux ouvriers d’y envoyer leurs enfants !
Ah ! ah ! la religion, à la papeterie Montgolfier, sera l'objet de notre prochain épisode ...
Nous avons vu que le rythme des journées de travail s'est accéléré avec la mécanisation et que le rendement de production de papier exigé impose une cadence folle.
Après la grève de 1781, certains compagnons ont quitté la papeterie Montgolfier .
Quelles sont les conditions de vie de ces ouvriers du XVIIIème siècle dans cette Association paternaliste qui se voudrait phalanstère
En somme, les Montgolfier bichonnent-ils leurs employés ? Les traitent-ils avec humanité ?
Jusqu’en 1785, les compagnons papetiers mangent à la table du maître. Leur alimentation est règlementée par les coutumes de leur association. De ce fait, ils sont mieux nourris que la plupart des ouvriers de l’époque.
Un rapport de 1765 indique le menu quotidien :
- A dîner (petit-déjeuner) : soupe, viande de boucherie et lard ou petit salé (1 livre par personne)
- A goûter (déjeuner) : soupe, quelques légumes fricassés (pois, fèves truffes appelées topinambourgs etc…)
- A souper : soupe dans les mêmes proportions et quantités que le matin.
Du vin à discrétion à chaque repas ...
... mixtionné d’un tiers d’eau si l’on veut avoir la paix dans le ménage est-il dûment précisé !!!
A 16 heures, lorsqu’ils font du grand papier ou des heures supplémentaires, les ouvriers ont un quatrième repas. (du pain à volonté, 1 pinte et 1/3 de vin).
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Pour certaines fêtes, les compagnons exigent des mets précis :
- le Jour de l’An : un coq d’Inde
- le mardi Gras : une oreille de cochon à goûter
- le Jeudi-Gras : un jambon et des croûtes dorées
- le dimanche des Rameaux : des beignets
- le Vendredi saint : une carpe
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En 1785, les ouvriers décident de se nourrir eux-mêmes !
Leurs salaires annuels sont alors augmentés de 198 livres.
Comme de juste, la femme est tout au bas de l'échelle et n'a aucune qualification .
En 1785, les Montgolfier rédigent le premier règlement.
« Règles à observer dans la fabrique à papier de Montgolfier d’Annonay
Le maître chérissant ses ouvriers et ouvrières comme ses enfants, il est juste que de leur côté coeux qui travaillent dans sa maison veillent à ses interets, qu’ils vivent en concorde et union les uns envers les autres et comme dans le nombre il peut s’en trouver qui par foiblesse laisseroient faire du mal au maître et d’autres qui pourroient négliger ses interets, il est juste que ce soyent les coupables qui en suportent la peine et non pas les innocents.
1° On ne boira nu ne mangera dans la chaudière où lon cuit la colle ny dans celle où l’on mouille [les chiffons], les moulins, les cuves, le cylindre, la patte [chiffon] et le relevage, les ouvriers viendront boire la collation, et le vin du pourrissoir[lieu où l’on fait tremper les chiffons] à la cuisine, si quelqu’un contrevenoit…. ».
Très jeunes, les enfants accompagnent leur mère à l’atelier ( comme nous le voyons sur la photo ci-dessus ) . Quand ils l’aident, ils ne reçoivent pas un salaire à part, mais cela augmente le salaire maternel. Dès qu’ils le peuvent, les garçons deviennent apprentis.
En 1769, Pierre Montgolfier écrit : « …environ 40 enfants qui se forment journellement aux travaux de la fabrication seront une pépinière d’ouvriers instruits… ».
« du 8ème aoust 1787
Sorti ce jour Marie Anne Chatron dit Riband agé d’environ 16 ans Augustine Chatron dit Riband agé d’environ 14 ans Marie Chatron dit Riband agé d’environ 10 ans et Claudine Chatron dit Riband agé d’environ 6 ans Toutes les quatre nées dans la maison, la première sachant lire, écrire et chiffrer, ayant de l’intelligence, en état de tenir toutes les places, mais fine, délié et pouvant beaucoup nuire si elle tournoit au mal. ( )
la seconde en état de tenir toutes les places, passablement vaillante mais moins active et intelligente que sa sœur quoyque n’en manquant pas.
Les deux jeunes pourront faire de bonnes ouvrières ayant les dispositions nécessaires et commençant la Marie tenant depuis deux ans une place à la colle.Toutes les quatre bonnes à reprendre dans l’occasion et l’aîné pouvant faire une excellente piqueuse [responsable] quand l’age l’aura un peu mury ».
Pierre Montgolfier s’engage à apprendre aux enfants à lire, écrire et chiffrer.
Tous les dimanches, il fait lui-même obligatoirement le catéchisme aux apprentis et conseille aux ouvriers d’y envoyer leurs enfants !
Ah ! ah ! la religion, à la papeterie Montgolfier, sera l'objet de notre prochain épisode ...
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Je ne connaissais pas l'existence de ce lien entre les Montgolfier, la papeterie, et Canson, merci pour ce reportage détaillé.
Quelle dure vie pour les ouvriers : au boulot de 4h du mat' , jusqu'à 19h45. Des vraies journées de forçat.
Quelle dure vie pour les ouvriers : au boulot de 4h du mat' , jusqu'à 19h45. Des vraies journées de forçat.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Ah, j'ai donc enfin un lecteur ! merci .
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Ce n'était pas facile d'être papetier au XVIIIème car on manquait de matières premières : les chiffons nécessaires à la fabrication du papier.
Avec l'essor de l'imprimerie, la France commence sérieusement à manquer de chiffons à partir de 1772 : http://cerig.pagora.grenoble-inp.fr/histoire-metiers/nicolas-robert/page01.htm
Avec l'essor de l'imprimerie, la France commence sérieusement à manquer de chiffons à partir de 1772 : http://cerig.pagora.grenoble-inp.fr/histoire-metiers/nicolas-robert/page01.htm
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Duc d'Ostrogothie a écrit:Ce n'était pas facile d'être papetier au XVIIIème car on manquait de matières premières : les chiffons nécessaires à la fabrication du papier.
Avec l'essor de l'imprimerie, la France commence sérieusement à manquer de chiffons à partir de 1772 : http://cerig.pagora.grenoble-inp.fr/histoire-metiers/nicolas-robert/page01.htm
C'est vrai ! et toujours vrai. Le bois va bientôt être utilisé aussi pour fabriquer la pâte à papier . Toutes les fibres naturelles sont bonnes à exploiter .
Il ne faut rien jeter . Récupération, récupération ! Recyclons tous nos papiers !
Merci, Notre Grâce, pour ce lien très intéressant .
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Pierre Montgolfier s’engage à apprendre aux enfants à lire, écrire et chiffrer.
Tous les dimanches, il fait lui-même obligatoirement le catéchisme aux apprentis et conseille aux ouvriers d’y envoyer leurs enfants !
Ah ! ah ! la religion, à la papeterie Montgolfier, sera l'objet de notre prochain épisode ...
Nous y voici .
Supplique de Raymond Montgolfier ( le grand-père donc d'Etienne et Joseph ) pour la création d'une chapelle privée de la papeterie .
Son histoire commence dans les caves voûtées de l'entreprise et aboutira fin XIXème à la construction d'une église surplombant la papeterie.
Reconstitution de la toute première chapelle dédiée à Saint-Raymond .
... puis construction à partir de 1876 de l'église, Chapelle de Vidalon, dédiée à Notre Dame de l'Usine.
Je vais tâcher d'aller y faire un petit tour cet après-midi s'il y a un rayon de soleil .
Vue générale de la chapelle Notre Dame de l'Usine et les bâtiments de la papeterie .
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Je ne connaissais pas l'existence de ce lien entre les Montgolfier, la papeterie, et Canson
Je l'ignorais aussi avant de devenir ardéchoise d'adoption ( et Ardéchoise coeur fidèle , clin d'oeil aux petits vieux du Forum )
Mais tu vois : la papeterie Montgolfier est déjà Manufacture royale et pas encore de Canson à l'horizon .
Cela ne va pas tarder .
Etienne va se choisir un gendre papetier comme lui, et de génie comme lui !
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Mme de Sabran a écrit:
Etienne va se choisir un gendre papetier comme lui, et de génie comme lui !
Comme par hasard.
Les mariages d'intérêt étaient monnaie courante à cette époque. Un ouvrier agricole auquel manquait tel ou tel outil se mariait avec la fille de celui qui possédait les outils qui lui manquaient.
Riesener se marie avec la veuve d'Oeben pour hériter de l'atelier du maître etc...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Comme par hasard.
.
Et, n'est-ce pas, en France tout fini toujours par des Canson !
Recouvrons notre sérieux .
Ce Canson-là sera aussi novateur et génial que ses prédécesseurs dans cette dynastie familiale .
Tout est mariages depuis le début :
En 1692 notre papeterie existe déjà .
Elle apppartient à Antoine Chelles qui marie ses deux filles aux deux frères Michel et Raymond Montgolfier.
Excellente pioche !
Raymond Montgolfier et madame ont 19 enfants ( !!! )
Son fils Pierre en a 16 avec Anne Duret ( !!! ) parmi lesquels Joseph et Étienne qui inventeront la montgolfière.
La direction de la papeterie passe ensuite vers 1800 au gendre d'Étienne, Barthélémy Barou de Canson ...
Entre Antoine Chelles et Barthélémy de Canson, nous avons quatre générations de Montgolfier qui mènent l'entreprise à l'excellence .
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Quatre ou trois ?!! ... je ne sais plus compter .
Et ce sont bien les Mongolfier qui font de l'entreprise familiale une Manufacture royale.
Et ce sont bien les Mongolfier qui font de l'entreprise familiale une Manufacture royale.
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
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Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Le gendre d'Etienne, Barthélémy Barou de Canson, améliorera encore les fabrications . Il mettra au point les papiers calques et de couleurs.
Il instaurera une politique sociale.
Au milieu du XIX siècle, le millier de personnes qui habitent sur ce site profitent de divers avantages sociaux. Les dirigeants des papeteries proposent des logements aux familles et des pensions aux célibataires. Une coopérative permet de faire ses achats sur place. Il existe aussi une cantine, une bibliothèque, une crèche, une école de filles, des pompiers et une société musicale. Une caisse de secours prend en charge certains soins… Stop !!! Je mets la charrue avant les boeufs . J'y reviendrai .
Entrons !
Allons découvrir dans la partie Musée les toutes premières machines des Montgolfier .
Il instaurera une politique sociale.
Au milieu du XIX siècle, le millier de personnes qui habitent sur ce site profitent de divers avantages sociaux. Les dirigeants des papeteries proposent des logements aux familles et des pensions aux célibataires. Une coopérative permet de faire ses achats sur place. Il existe aussi une cantine, une bibliothèque, une crèche, une école de filles, des pompiers et une société musicale. Une caisse de secours prend en charge certains soins… Stop !!! Je mets la charrue avant les boeufs . J'y reviendrai .
Entrons !
Allons découvrir dans la partie Musée les toutes premières machines des Montgolfier .
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La papeterie Montgolfier, Manufacture royale en 1784
Les moulins à papier sont installés au bord de la rivière, la Deûme, qui fournit la force motrice. De plus, ses eaux pures permettent d’obtenir un papier très blanc.
- Les vieux chiffons ou pattes constituent la matière première, des femmes les trient et les répartissent selon leur qualité.
- Dans une cave, le pourrissoir, le gouverneur étale le chiffon sur le sol et le mouille abondamment pendant plusieurs jours. Il faut arrêter la fermentation avant que le chiffon pourrisse sinon le papier serait moins blanc.
- Le chiffon est porté au dérompoir où un compagnon le coupe en le faisant glisser le long d’une faux verticale.
- Le chiffon est dirigé vers les piles à maillets qui vont le triturer et le transformer en pâte à papier. Les auges sont taillées dans un bloc de pierre, de lourds maillets cloutés retombent et déchiquettent les pattes. De la Deûme, part un canal ou chaussée qui fait mouvoir une roue à augets. La roue est reliée à un arbre à cames qui, en tournant, lève les maillets qui retomberont dans l’auge et écraseront le chiffon mélangé à de l’eau. L’arbre à cames fait 16 tours par minute. En un tour, chaque maillet se hausse et retombe quatre fois.
- La pâte à papier est portée à l’ouvrier ou ouvreur chargé de réaliser les feuilles. Dans une grande cuve en bois, l’ouvreur mélange de l’eau à la pâte à papier. Puis, il prend la forme (tamis), la plonge dans la cuve et la retire en effectuent un mouvement de balancement afin que les fibres s’entrecroisent.
Il ôte la couverte qui a retenu la pâte et passe la forme au coucheur. Pour chauffer la pâte, l’apprenti insère dans la cuve un cylindre de cuivre avec
des braises.
- Le coucheur renverse la forme sur un feutre (drap) de laine et dépose la feuille. Il alterne 100 feuilles et 101 feutres pour faire une porse.
- La porse est portée sous une grosse presse pour éliminer l’eau. Elle perd les 2/3 de sa hauteur.
- Le leveur sépare délicatement les feuilles des feutres.
- Dans les étendoirs, greniers en planches très aérés surmontant les moulins. Les feuilles sont mises à cheval sur des cordes. Une fois sèches, elles ne peuvent pas encore servir pour l’écriture car elles boivent l’encre comme du buvard. Il faut les imperméabiliser, c’est le collage.
- Les papetiers achètent des déchets de peaux et des pieds d’animaux aux mégissiers et tanneurs. Ils les cuisent à petit feu pour obtenir le bouillon de gélatine (à 30 ou 40°C) ou colle. Le saleran saisit les pages (5 à 6 feuilles de papier), les plonge dans le bouillon et les retire en les secouant. Elles seront de nouveau pressées, séchées.
- Les trieuses trient les feuilles enlevant celles qui ne sont pas de bonne qualité ou cassés. Elles les comptent avec les cinq doigts de la main à raison de 5 feuilles par doigt.
Une main = 25 feuilles ; une rame = 20 mains = 500 feuilles.
Et hop ! le tour est joué .
Si vous êtes arrivé au bout de cette lecture, c'est bon : vous pouvez fabriquer votre papier !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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