Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
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Comtesse Diane
Mme de Sabran
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Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
En août 1789, la famine touche la ville de Caen.
Michel Onfray, dans La Religion du poignard note :
Les révolutions ne se déclenchent pas à la lecture du Contrat social de Rousseau, De l’esprit des lois de Montesquieu, encore moins de l’Ethocratie du baron d’Holbach… Elles montent des rumeurs anonymes de la rue quand les miséreux, contraints par leur état, ne peuvent plus autre chose que demander la fin de leur malheur, quel qu’en soit le prix, par n’importe quel moyen. Le peuple ne veut ni la Liberté ni la République, il souhaite manger à sa faim, sans plus.
La population attaque donc le château et s’offre une victime expiatoire en la personne d’un jeune vicomte arrogant et antipathique. Le corps est dépecé. Il est grillé et mangé par un peuple chauffé à blanc, ivre de sang. Ecce homo : être humain en tant qu’individu, le phénomène de groupe le transforme en monstre incontrôlable, en fauve enragé. Le corps de Henri de Belzunce, le bouc-émissaire, perd toute apparence humaine se trouve réduit à l’état de pièce de boucherie. La Révolution française dispose de son banquet totémique.
François-Henri duc d'Harcourt et comte de Lillebonne est alors gouverneur de la Province de Normandie. Il se croit obligé d'aller à Caen, siège de son gouvernement, pour mâter la révolte. La forteresse, vestige du despotisme à l'instar de la Bastille est attaquée. Il est témoin d'une émeute au cours de laquelle le comte de Belsunce, major de Bourbon Infanterie est assassiné sans que ses soldats réagissent. Belsunce, ami de Charlotte Corday est effectivement dépecé par la foule. Une femme en dévore le coeur.
On a prêté, à tort, une idylle à Charlotte Corday et Henri de Belzunce pour chercher une cause sentimentalo-romantique au geste de la jeune-fille que Lamartine n'hésite pas à appeler l’ange de l’assassinat.
Texte de Bernard Gouley
Publié le 12/08/2015
Contexte historique : La famine
Depuis plusieurs mois la Révolution française est en marche. Le 17 juin 1789, les députés du tiers-état se proclament Assemblée nationale. Le 14 juillet, la prise de la prison de la Bastille symbolise la fin de l’arbitrage royal.
Parmi les raisons du déclenchement de la Révolution, les historiens ont mis en avant la météo exécrable de l’année écoulée. Sécheresse, pluies, grêle et un hiver particulièrement froid ont provoqué une forte hausse du prix du blé. La famine est là.
Caen et sa région ne sont pas épargnées par ce fléau. Les autorités locales décident d’encadrer la distribution des vivres pour, prétendent-elles, une redistribution équitable.
Pourquoi le vicomte Henri de Belzunce a-t-il été dépecé ?
Le château de Guillaume sert d’entrepôt. Le transport du blé pendant la récolte est surveillé et protégé par un détachement du régiment Bourbon infanterie. Même s’il n’en est que le second, c’est un jeune homme de 24 ans qui commande : le vicomte Henri de Belzunce. Il est arrogant comme le sont beaucoup de ces officiers issus de l’aristocratie. A deux reprises ses supérieurs l’ont changé d’affectations pour des comportements violents envers les populations mais aussi avec ses hommes.
Acte de décès du Vicomte Henri de Belzunce / http://corday.normandie.free.fr/
La population caennaise affamée critique de plus en plus cette politique de rationnement. Elle est surtout convaincue que la redistribution n’est pas équitable et qu’elle profite à la noblesse et la bourgeoisie. Début août, elle manifeste son mécontentement en ville. Pour calmer les esprits, les autorités décident de destituer Henri de Belzunce que les Caennais détestent. Le 12 août, jour de sa destitution officielle, la foule se présente devant le château. Le jeune officier, ne percevant pas l’ampleur de la révolte, sort de l’édifice et nargue les manifestants.
Un garde national lui tire une balle dans la tête. La situation bascule dans l’horreur : le corps est traîné et piétiné par une foule en délire jusqu’à la place Saint-Sauveur. Là, il est dépecé et en parti dévoré. Le summum de la barbarie est atteint lorsqu’une femme dévore le cœur de la victime et est applaudie comme au spectacle.
Exposition Charlotte Corday, en ce moment à Caen .
Alors là, les amis, attention !!!
Je déconseille très vivement la lecture de la suite aux âmes sensibles .
Elle nous expose tous les détails par le menu ...
ou encore pourrait-on dire : " au menu : Barbecue de Vicomte ! "
Cannibalisme politique
05/10/2011
Xipri ARBELBIDE / Journaliste
Certains ayant mis en doute l’authenticité du récit de la mort du colonel de Beltzuntz à la fin de mon article sur la Basse-Navarre, voici l’essentiel du texte que vous trouverez en entier sur Internet : “Beltsunce caen galilee”. Sa lecture modérera la tendance de certains Gaulois facilement enclins à condamner tout ce qui se fait de par le monde, oubliant que leur patrie a suivi le même chemin plus d’une fois dans son histoire.
“Le vicomte Henri de Belzunce portait beau ses 24 ans. Il ajoutait à la prestance de son costume militaire une arrogance dont il ne se départissait jamais. La population caennaise connaissait son impétuosité, sa fougue et sa morgue. […] Beltzunce avait promis à quelques-uns de ses soldats de leur offrir des culottes taillées dans la peau des femmes de Caen. […] Justice populaire, justice expéditive. Un garde national lui tire une balle dans la tête. […] Commence alors une cérémonie païenne, ancestrale, préhistorique, une fête pleine de rites, racontée par Freud dans Totem et tabou et qui constituent les fondations de communauté dionysiaques abreuvées de sang. Hallali du peuple, chasse à courre des gueux, traque des gens sans terre.
Le corps se trouve dépecé en un rien de temps ; la tête résiste, mais elle finit par être coupée ; les jambes sont séparées du tronc ; la poitrine ouverte ; les côtes défoncées ; le sang coule et inonde la rue ; le cœur arraché, sorti de la cage thoracique, passe de main en main. Un jeune plâtrier âgé de 19 ans s’avise de le jeter en l’air, de le rattraper, de l’envoyer à un complice : le peuple joue à la balle avec le viscère sanguinolent du vicomte de Belzunce.
De plus acharnés poursuivent la besogne et achèvent le travail de boucherie. La carcasse à particule devient viande à barbecue. Morceaux à rôtir. Viande en long, parties molles, côtes premières… L’un des acolytes découpe une oreille, s’avise qu’elle ne présente pas d’intérêt gastronomique et se rend chez l’apothicaire pour obtenir un bocal d’alcool dans lequel il plonge l’auguste pavillon du vicomte.
Un certain Herbert […] tranche les parties charnues du vicomte et les met sur le grill. Une femme rejoint le cuisinier improvisé. Elle a récupéré le cœur de l’homme sans cœur. Elle propose que l’abat […] rejoigne la viande qui grille et parfume la rue alentour. Un repas cannibale s’improvise autour du feu. La Révolution française dispose de son banquet totémique.
On retourne vers la carcasse de laquelle on extrait les viscères fumants et puants. On tâche de se saisir comme on peut des intestins qui grouillent. On pique les boyaux sur une fourche. On s’y prend à plusieurs reprises ; on les perce en les vidant. La matière fécale tombe, se répand, empuantit partout. On parvient à embrocher l’ensemble. La tête est enfilée sur une pique.
Le sang dégouline sur les mains des bouchers qui traversent les rues de Caen et se dirigent vers l’abbaye. Le tout dans une atmosphère de fête. La foule braille, chante, crie, vocifère, bat le tambour. Elle pousse à bout de bras la fourche aux intestins et la pique avec la tête du jeune homme afin que la mère abbesse assiste à ce spectacle politique…”
http://www.lejpb.com/paperezkoa/20111005/294951/fr/Cannibalisme-politique
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
Quel récit épouvantable. Pauvre petit Belzunce.
On peut comprendre pourquoi ces gueux faisaient horreur à la reine.
On peut comprendre pourquoi ces gueux faisaient horreur à la reine.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
Si on ignore qu’il s’agit d’un jeune homme, on peut presque croire à une recette de Maïté
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
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Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
Louis XIV n'a rien vu . Je crois qu'il n'a été juché là que vers 1960 . Une autre célébrité le précédait .
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
Gouverneur Morris a écrit:
Si on ignore qu’il s’agit d’un jeune homme, on peut presque croire à une recette de Maïté
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
C'est étrange ces phénomènes épouvantables d'hysterie collective ou absolument rien n'est prohibé !!!
Je pense au sort d'Axel de Fersen et aussi au héros de Jean Teule au lendemain de la défaite de 1870.
Cela dépasse l'entendement.
Je pense au sort d'Axel de Fersen et aussi au héros de Jean Teule au lendemain de la défaite de 1870.
Cela dépasse l'entendement.
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
Alain de Monéys, oui ...
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
On peut également citer le massacre du gouverneur de la Bastille, celui du duc de Brissac, de la princesse de Lamballe...
A l'instar de Belzunce, le gouverneur de la Bastille fut assassiné pour son arrogance supposée. La rumeur courait que lorsqu'on lui avait dit que le peuple manquait de pain, il avait répondu : "Qu'il mange de la m*rde".
Si les massacres ont bien existé, doit-on croire pour autant qu'ils ont donné lieu à de véritables scènes de cannibalisme ? Je ne crois pas que cela soit parfaitement établi d'un point de vue historique, si ?
Je ne sais plus quel historien a théorisé que les révolutionnaires étaient bien aise de permettre à ce genre d'histoires, vraies ou fausses, de se propager, pour terroriser l'ennemi.
A l'instar de Belzunce, le gouverneur de la Bastille fut assassiné pour son arrogance supposée. La rumeur courait que lorsqu'on lui avait dit que le peuple manquait de pain, il avait répondu : "Qu'il mange de la m*rde".
Si les massacres ont bien existé, doit-on croire pour autant qu'ils ont donné lieu à de véritables scènes de cannibalisme ? Je ne crois pas que cela soit parfaitement établi d'un point de vue historique, si ?
Je ne sais plus quel historien a théorisé que les révolutionnaires étaient bien aise de permettre à ce genre d'histoires, vraies ou fausses, de se propager, pour terroriser l'ennemi.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
Est-ce que l'on n'a pas " chargé " la mémoire d'Henri de Belzunce ( je pense à l'histoire horrible des culottes en peau humaine tannée ) pour un peu se dédouaner de l'horreur de son massacre ?
Genre : ce mec était un abject, il a bien mérité son sort .
Genre : ce mec était un abject, il a bien mérité son sort .
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
Oui c'est certain . Vox populi, populus stupidus !
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
Il faut dire que cette période révolutionnaire n'avait rien d'humain. Hommes comme femmes étaient devenus des bêtes féroces influencés par les uns et les autres. Seul, on n'ose pas trop, mais avec d'autres espèces de charognards, ivres de violence, c'est souvent plus tentant et plus facile.... et bien sûr plus lâche Cela fait froid dans le dos.
Bon rions un peu après ce plat indigeste : Momo, vous êtes toujours aussi insupportable.
Bon rions un peu après ce plat indigeste : Momo, vous êtes toujours aussi insupportable.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Si les massacres ont bien existé, doit-on croire pour autant qu'ils ont donné lieu à de véritables scènes de cannibalisme ? Je ne crois pas que cela soit parfaitement établi d'un point de vue historique, si ?
Cela fait frémir et l'on voudrait croire que non .
Mais, selon Anne Bernet dans sa biographie de Madame Elisabeth :
Notes des pages 191 à 202
24.
Largement méconnus, les actes d'anthropophagie marquent maintes journées révolutionnaires. Citons, sans prétendre à l'exhaustivité, outre Belzunce, la grande grillade et mangeaille de Suisses qui marquera la prise des Tuileries le 10 août 1792, le journaliste royaliste François Suleau, assassiné alors qu'il était venu couvrir l'événement, venant compléter le festin. Mais aussi, en avril 1794, à Montfort en Ille-et-Vilaine, l'exécution de plusieurs chouans qui se termina par le dépeçage des cadavres dont les républicains locaux emportèrent des morceaux chez eux où ils les mirent à cuire avant de se vanter de les avoir mangés...
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le 12 août 1789, massacre du vicomte Henri de Belzunce
A noter :
La place Saint-Sauveur avait d'ailleurs l'habitude de servir de cadre aux exactions punitives de la justice . Son ancien nom en témoigne . Jusqu’à la Révolution, c’est sur la place Saint-Sauveur que se dressait le pilori, et la rue aux Fromages actuelle était fort justement nommée la rue “monte à regrets”.
L’exposition publique sur le pilori était une peine afflictive et infamante de l’Ancien Régime, plus grave que le blâme et l’amende honorable, mais moins que le fouet, la mutilation, les galères, le bannissement et ne parlons pas de la question. ( même prix, sévices compris )
Impossible de ne pas penser à Quasimodo, inoubliable Anthony Quinn ...
En mille ans d'Histoire la place Saint-Sauveur a très peu changé, en tous cas pas depuis le XVIIIème siècle. Telle nous la voyons aujourd'hui, telle l'a connue le marquis de Belzunce... à la statue près qui, elle, a plusieurs fois changé au cours des siècles.
Aujourd'hui, c'est Louis XIV qui y trône, dans toute la pompe d'un empereur romain.
Il n'en a pas toujours été ainsi :
Le 6 août 1876, une statue en bronze réalisée par Louis Rochet est inaugurée au centre de la place. Elle représente Élie de Beaumont, ami de Voltaire, Horace Walpole, l'avocat Target, entre autres sommités ... et, par la grâce de Louis XV, intendant des finances du comte d'Artois .
Nous faisons une promenade dans son château de Canon, à Mézidon, non loin de Caen, dans ce sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4056-au-chateau-de-canon-chez-elie-de-beaumont
En 1882, le maire républicain de Caen, Albert Mériel, rebaptise la Place Royale en Place de la République. Il fait alors déplacer devant l'ancienne abbaye aux Hommes (alors occupée par le lycée Malherbe) la statue de Louis XIV, qui avait été réalisée sous la Restauration par Louis Petitot et inaugurée le 24 avril 1828, afin de remplacer une statue de Postel de 1685, abattue dans la nuit du 3 au 4 juillet 1791 , lors de la Révolution française.
En février 1942, sous le régime de Vichy, v'lan ! la statue d'Elie de Beaumont, au beau milieu de sa place Saint Sauveur est déboulonnée. Elle est fondue dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux. N'en restent plus que le souvenir et quelques vieilles cartes postales .
La même année1942 : la statue en bronze de Malherbe, oeuvre de Antoine-Laurent Dantan, subit le même sort et est envoyée à la fonte sans autre forme de procès... Elle ornait auparavant la cour du Palais des facultés de Caen depuis son inauguration, le 5 août 1847.
Après la Seconde Guerre mondiale, la mairie de Caen s'était installée dans l'ancienne abbaye aux Hommes et la cour du lycée Malherbe ( lui-même transplanté dans de vilains locaux modernes ) avait été réaménagée en jardin à la française.
Le 2 décembre 1961, la statue de Louis XIV est installée sur son emplacement actuel, sur le piédestal sur la place Saint-Sauveur. Le déplacement de ce colossal Louis XIV de Petitot envoie Malherbe en réserve ! Louis XIV prend sa place. Son déboulonnement et sa fonte avaient également été envisagés pendant l'Occupation, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux, mais les autorités avaient renoncé rapidement et Louis XIV avait été retiré de la liste des statues en bronze sacrifiées.
1973 voit le retour de l'illustre poète caennais,
car la Société des Antiquaires de Normandie réclame François Malherbe. Sa statue est à nouveau installée, cette fois place Bouchard, sur un plus modeste socle.
Les pérégrinations de Louis XIV à travers la ville de Caen .
La place Saint-Sauveur avait d'ailleurs l'habitude de servir de cadre aux exactions punitives de la justice . Son ancien nom en témoigne . Jusqu’à la Révolution, c’est sur la place Saint-Sauveur que se dressait le pilori, et la rue aux Fromages actuelle était fort justement nommée la rue “monte à regrets”.
L’exposition publique sur le pilori était une peine afflictive et infamante de l’Ancien Régime, plus grave que le blâme et l’amende honorable, mais moins que le fouet, la mutilation, les galères, le bannissement et ne parlons pas de la question. ( même prix, sévices compris )
Impossible de ne pas penser à Quasimodo, inoubliable Anthony Quinn ...
En mille ans d'Histoire la place Saint-Sauveur a très peu changé, en tous cas pas depuis le XVIIIème siècle. Telle nous la voyons aujourd'hui, telle l'a connue le marquis de Belzunce... à la statue près qui, elle, a plusieurs fois changé au cours des siècles.
Aujourd'hui, c'est Louis XIV qui y trône, dans toute la pompe d'un empereur romain.
Il n'en a pas toujours été ainsi :
Le 6 août 1876, une statue en bronze réalisée par Louis Rochet est inaugurée au centre de la place. Elle représente Élie de Beaumont, ami de Voltaire, Horace Walpole, l'avocat Target, entre autres sommités ... et, par la grâce de Louis XV, intendant des finances du comte d'Artois .
Nous faisons une promenade dans son château de Canon, à Mézidon, non loin de Caen, dans ce sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4056-au-chateau-de-canon-chez-elie-de-beaumont
En 1882, le maire républicain de Caen, Albert Mériel, rebaptise la Place Royale en Place de la République. Il fait alors déplacer devant l'ancienne abbaye aux Hommes (alors occupée par le lycée Malherbe) la statue de Louis XIV, qui avait été réalisée sous la Restauration par Louis Petitot et inaugurée le 24 avril 1828, afin de remplacer une statue de Postel de 1685, abattue dans la nuit du 3 au 4 juillet 1791 , lors de la Révolution française.
En février 1942, sous le régime de Vichy, v'lan ! la statue d'Elie de Beaumont, au beau milieu de sa place Saint Sauveur est déboulonnée. Elle est fondue dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux. N'en restent plus que le souvenir et quelques vieilles cartes postales .
La même année1942 : la statue en bronze de Malherbe, oeuvre de Antoine-Laurent Dantan, subit le même sort et est envoyée à la fonte sans autre forme de procès... Elle ornait auparavant la cour du Palais des facultés de Caen depuis son inauguration, le 5 août 1847.
Après la Seconde Guerre mondiale, la mairie de Caen s'était installée dans l'ancienne abbaye aux Hommes et la cour du lycée Malherbe ( lui-même transplanté dans de vilains locaux modernes ) avait été réaménagée en jardin à la française.
Le 2 décembre 1961, la statue de Louis XIV est installée sur son emplacement actuel, sur le piédestal sur la place Saint-Sauveur. Le déplacement de ce colossal Louis XIV de Petitot envoie Malherbe en réserve ! Louis XIV prend sa place. Son déboulonnement et sa fonte avaient également été envisagés pendant l'Occupation, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux, mais les autorités avaient renoncé rapidement et Louis XIV avait été retiré de la liste des statues en bronze sacrifiées.
1973 voit le retour de l'illustre poète caennais,
car la Société des Antiquaires de Normandie réclame François Malherbe. Sa statue est à nouveau installée, cette fois place Bouchard, sur un plus modeste socle.
Les pérégrinations de Louis XIV à travers la ville de Caen .
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