L'enclos du Temple au XVIIIe siècle

Je vous livre ce petit reportage, réalisé aujourd'hui à Paris, sur des lieux qui nous sont chers...



L'emplacement de la Tour, que nous avions fait matérialiser sur le sol, en 1993 est encore visible, mais pour combien de temps encore ?



Vu d'un autre angle, du premier étage de la Mairie du IIIème. En face: le square du Temple.



Ici s'élevait la Tour. Au fond: la halle XIXème du Carreau du Temple, récemment réhabilité en lieu de spectacle et d'expos. Au XVIIIème, c'était un marché semi fermé, la Rotonde, dont on a conservé les portes de pierre (voir aussi photo suivante).





L' arbre centenaireà gauche a remplacé le saule pleureur planté par la Duchesse d'Angouleme sous la Restauration, et matérialise l'emplacement de la porte de la tourelle d'accés aux étages de la Tour.



D'ici sorti Louis XVI pour monter dans la voiture qui allait le mener à l'échafaud (anciens jardins du Palais du Grand Prieur, en l’occurrence son frère Artois).



Juste en face, la maison dite "au mascaron" le vit passer ...



Autre rare maison XVIIIème, rue de Bretagne (ancienne rue de la Corderie), face à l'ancienne entrée du jardin de la Tour.







L'église Sainte Élisabeth, toute proche, dont la Famille Royale entendait (encore) égrener les heures. A l'intérieur, un témoignage peint de la séparation du Roi d'avec les siens, la veille de son exécution.



Enfin dernière singularité de l'architecture du quartier: au début du XXème siècle, un architecte sans doute épris d'histoire, a eu l'idée bizarre de construire un immeuble...en forme de tour, à deux pas du site de l'ancienne: comme elle, sa pointe s'élève à 50 mètres du sol, ce qui a le mérite de donner les proportions...

Merci, cher Févicq !  

L'un d'entre vous m'avait emmenée voir cet ancien emplacement du Temple, son marquage au sol, et la plaque commémorative, détruite par vandalisme depuis, si je ne m'abuse, du séjour de la famille royale dans cette prison .

Se savoir ( et se sentir ) sur les lieux même de cet épisode dramatique est très évocateur ...

Merci d'avoir posté ici ces quelques images et intéressants commentaires...

Vicq d Azir a écrit:
L'emplacement de la Tour, que nous avions fait matérialiser sur le sol, en 1993 est encore visible, mais pour combien de temps encore ?

Les gamins du quartier se servent de ces marquages au sol pour des jeux : football, tennis etc.
C'est aussi l'emplacement temporaire d'une scène à ciel ouvert les mois d'été : les habitants du quartier (du moins ceux qui souhaitent s'endormir tôt, dans le silence) sont...ravis !  :

C'est un sujet de réflexion intéressant que de se dire que les générations se succèdent et s'approprient des lieux de manières si différentes. Et parfois sans même savoir ce qui existait, là précisément, il n'y a pas si longtemps...  

Notre ami Léos avait posté, quelques pages en amont, cette image de reconstitution qui replace la Tour dans le décor actuel :

Vicq d Azir a écrit:L' arbre centenaire à gauche a remplacé le saule pleureur planté par la Duchesse d’Angoulême sous la Restauration, et matérialise l'emplacement de la porte de la tourelle d’accès aux étages de la Tour.

J'ignorais que cet arbre matérialisait cet emplacement.
Merci.  

En parlant d'arbre, c'est dans l'enclos du Temple que fut planté, en 1615, le premier marronnier introduit en France (les graines en avaient été rapportées de Constantinople).

Vicq d Azir a écrit:L'église Sainte Élisabeth, toute proche, dont la Famille Royale entendait (encore) égrener les heures. A l'intérieur, un témoignage peint de la séparation du Roi d'avec les siens, la veille de son exécution.

Une gravure du temps...

Vicq d Azir a écrit:Au fond: la halle XIXème du Carreau du Temple, récemment réhabilité en lieu de spectacle et d'expos. Au XVIIIème, c'était un marché semi fermé, la Rotonde, dont on a conservé les portes de pierre (voir aussi photo suivante).

La Rotonde avait été construite à la toute fin du XVIIIè (1788).
Cette maquette permet de bien restituer l'ensemble du site, dont il ne reste donc plus rien aujourd'hui !






- L'Eglise du Temple (au centre de la maquette) est la première a être détruite, en 1796.



Sur son emplacement, est construit un marché attenant à la Rotonde. Il est constitué de baraquements en bois :




Ici cette reconstitution : http://www.grezprod.com/recons-Temple.html


- Le donjon fut détruit quant à lui en 1811.
En 1855, Napoléon III fit construire à son emplacement le premier grand lavoir public parisien, auquel sont ajoutés des bains publics.




De 1811 à 1855, je ne sais pas ce qu'il y avait à cet emplacement ?
Rien peut-être : chantier ou terrain vague ?
En 1861, l'établissement ferme (déjà !) ses portes.

En 1864 débutent les travaux de construction de la Mairie que nous connaissons aujourd'hui.  

Le square du Temple
Estampe par Auguste-Victor Deroy (1825 - 1906)
XIXe siècle
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris


- Le Palais du Grand Prieur abrita en 1811 le ministère des Cultes, puis de 1814 à 1848, le couvent des Bénédictines de l'Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement.





A son tour, il fut détruit, en 1853, pour aménager le Square du Temple.

Lucius avait ouvert le sujet avec un dossier ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t112-lhotel-du-grand-prieur-au-temple


- Enfin, c'est en 1863 que les marchés en bois et la Rotonde sont démolis, et remplacés dans un premier temps par 6 grands pavillons métalliques.



En 1905, 4 pavillons sont mis en vente, et détruits.
Les deux sauvegardés, sont ceux entièrement réhabilités aujourd'hui.


In-situ donc, les seuls éléments restants (de l'époque qui nous intéresse) et visibles de ce grand ensemble (j'écarte les quelques fondations ou murs d'enceinte perdus ici ou là dans les cours d'immeubles du coin), sont les vestiges des portes de la Rotonde photographiés par Vicq d'Azir.
Sauf erreur de ma part...

Vous venez de répondre à une question que je me posais depuis longtemps !
J'avais observé comme vous la maquette du quartier du temple à Carnavalet, et je m'étais toujours demandé ce que pouvait être ce bâtiment circulaire !

MARIE ANTOINETTE

La nuit, la neige a écrit:
Cette maquette permet de bien restituer l'ensemble du site, dont il ne reste donc plus rien aujourd'hui !

Formidable ! Merci, cher la nuit, la neige . Nous voyons tout ce quartier changer complètement au fil des années, depuis l'époque sinistre de la Révolution jusqu'à nos jours, comme s'il fallait faire table rase des mauvais souvenirs . Paris est vraiment en perpétuelle transformation, cela donne le vertige !

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Poursuivons notre promenade sur les lieux du Temple:
La plaque qui indique l'ancienne situation et la nouvelle, suivent quelques vues de maisons anciennes, et quelques rares vestiges des fortifications:













En 1993, à l'occasion du bicentenaire de la mort du Roi et de la Reine, le Comité Louis XVI, en accord avec la Ville de Paris, faisait tracer les contours de la Tour devant la Mairie du IIIè :







Une représentation ancienne de la fameuse rotonde, aujourd'hui détruite, qui jouxtait la Tour, et abritait un grand marché. Rappelons que les commerces étaient nombreux dans l'enclos du Temple, qui était resté zone franche depuis ses origines, et conservait de ce fait des privilèges sur le plan des taxes...



Enfin, une représentation en images de synthèse de la sinistre Tour. Remarquez-bien, accolée à la Grande Tour, la Petite Tour, premier lieu de détention de la Famille Royale. Celle-ci était occupée juste auparavant par Mr. Berthélémy, qu'on pria de déguerpir. Celui-ci, dont la fonction était d’être archiviste de l'Ordre de Malte, avait meublé ce petit logement avec goût et raffinement (il avait en particulier une bibliothèque très fournie, dans laquelle puisera Louis XVI). Les conditions de logement dans la Grande Tour seront beaucoup plus spartiates...

Grand merci cher Vicq d'Azir pour cet exposé et les photos. Je revois les lieux du temple que tu m'avais si gentiment fait découvrir lors d'un de mes séjours à Paris. Le tableau de la famille dans l'église m'a cependant échappé, ce n'est que partie remise. La famille fut privée, sous plusieurs aspects, du nécessaire et je suis bien ému de replonger dans leur enfer.

Vicq d Azir a écrit:Poursuivons notre promenade sur les lieux du Temple:
...

Oui, passionnément, merci cher Févicq !!!
Suivons le guide !

La représentation en images de synthèse de la sinistre Tour est saisissante : lorsqu'on en voit les proportions, on est aussi déçus (et choqués de la proximité qu'on a fait endurer à la Famille Royale !) que pour celles de la Bastille...
Mais cette image nous permet de mieux la voir dans son contexte...

Bien à vous.

( Je suggère qu'on supprime le titre "Tuileries" à ce chapitre, puisque ce lieu est traité à: "autres demeures royales". Resteraient ici le Temple et la Conciergerie, qui pourraient même être dissociés, car ils risquent de beaucoup s'étoffer dans un proche avenir. Qu'en pensez-vous ? )

Je vous poste encore quelques vues actuelles du quartier du Temple: un reste de muraille (rue Charlot), et la plaque de la Ville de Paris proche du site de la Tour (à ne pas confondre avec celle posée sur la façade de la Mairie, et qui a été détruite). Lisez là: la mort de Louis XVII est uniquement mise sur le compte d'une tuberculose osseuse ( comme son frère), et aucune allusion n'est faite aux mauvais traitements subis...De même a-t-on jugé utile de disculper la population parisienne de l'époque: on ne savait rien alors de ce qu'il se passait derrière les hauts murs de la Tour (cela ne vous rappelle-t-il rien ?) ...

Vicq d Azir a écrit:Je suggère qu'on supprime le titre "Tuileries" à ce chapitre, puisque ce lieu est traité à: "autres demeures royales". Resteraient ici le Temple et la Conciergerie, qui pourraient même être dissociés, car ils risquent de beaucoup s'étoffer dans un proche avenir. 

Voilà qui est fait

Merci pour cette suggestion, mon cher Févicq

Bien à vous.

Vicq d Azir a écrit:...De même a-t-on jugé utile de disculper la population parisienne de l'époque: on ne savait rien alors de ce qu'il se passait derrière les hauts murs de la Tour (cela ne vous rappelle-t-il rien ?) ...

C'est tellement commode !

Comme les responsables du Temple ne se souciaient pas de savoir ce que devenait le petit Louis XVII enfermé .

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Merci Majesté !

A cette époque un petit bâtiment rectangulaire fut appliqué, à une époque difficile à déterminer, mais qui parait se placer au XVI° siècle, contre la face nord de la grosse tour et appuyé de deux tourelles.

Le premier plan de Paris qui en relate l'existence est celui de 1609.
La hauteur de cet appentis était de 25 mètres , de 35 mètres avec les tourelles, sa longueur de 14 mètres, sa largeur de 7.80 mètres, les murs mesuraient qu'une épaisseur de 3 pieds.

Des deux tourelles de la petite tour, l'une , celle de l'ouest, abritait un escalier en colimaçon prenant naissance sur les marches d'accès du donjon ; l'autre en encorbellement à partir du second étage (le premier en réalité à cause de l'élévation du sol) contenait un petit appartement

La visite de 1575 constate une disposition intérieure semblable à celle de la grosse tour  "une cave voûtée surmontée de trois étages et, au sommet, une terrasse"
sur laquelle on élèvera plus tard un toit léger rattaché au mur du donjon.

Le premier étage qui se trouvait à peu près au même niveau que celui de la grosse tour en était une annexe naturelle.

Merci pour cette formidable description, ma chère MARIE ANTOINETTE
Je ne me souvenais plus que la grosse tour mesurait 50 mètres... C'est quand même impressionnant !  


Bien à vous.

Les rois de France depuis PHILIPPE LE BEL conservèrent pendant trois siècles les lieux pour y déposer leurs trésors ou pour y résider parfois personnellement.
Les lieux furent rendus à l'ordre en 1660 et servit alors de magasin pour les archives.
Vers la même époque Monsieur de SOUVRE, grand prieur de France,  fit construire par MANSARD (écrit avec un D !!!!) le palais qui devait servir à ses successeurs comme résidence.

Au XVIII° siècle chevalier d'ORLEANS consolida ce somptueux hôtel.
Plus tard, le Prince de CONTI le fit embellir et commença d'élever au fond de la cour dite de La Corderie, une salle de spectacle où il se proposait de faire jouer impunément , à raison des immunités de la VILLE NEUVE, les pièces que la censure aurait refusées.

Un ordre de la Cour le força à renoncer à ce projet.
Il esquiva cette prohibition en disposant une salle de spectacle dans la petite tour du Temple.

Suite demain -j'ai très mal à mon bras droit pour continuer à frapper avec les 10 doigts  - recevez mes plus vives excuses.

MARIE ANTOINETTE

Merci pour ces infos.

DOMINIQUE SABOURDIN PERRIN, notre espion sur place me confirme ce jour par courriel que le marquage de la grosse tour est bien prévue dans la campagne de travaux qui devrait se faire sur l'ordre du Maire du 3 qui aime tant l'histoire de France.

MARIE ANTOINETTE

Passant souvent par là, je surveille la moindre excavation : mais pas de fondations en vue jusque là...
En revanche, belle restauration récente du mur d’enceinte de l’enclos, dans une rue adjacente :

Vicq d Azir a écrit:
En revanche, belle restauration récente du mur d’enceinte de l’enclos, dans une rue adjacente

En êtes-vous certain ?
Sauf erreur de ma part, je ne pense pas que nous ayons là un vestige du mur d'enceinte...

Le mur courait plus à l'intérieur de ce groupe d'immeubles actuels, et ne me semble pas correspondre à la zone que vous signalez, ici positionnée sur la carte de l'enclos :





Ou grosso modo...

Vicq d Azir a écrit:En tout cas, le square du Temple était bien joli, cet hiver sous la neige...

Merci, cher Févicq, très jolies photos !
En somme, le square du Temple est un lieu privilégié de promenade en toutes saisons .

J'avais bien deviné que notre espion dans la place était Dominique Sabourdin-Perrin, la gardienne de ce souvenir sacré !

La nuit, la neige a écrit:
Sauf erreur de ma part, je ne pense pas que nous ayons là un vestige du mur d'enceinte...

Le mur courait plus à l'intérieur de ce groupe d'immeubles actuels, et ne me semble pas correspondre à la zone que vous signalez, ici positionnée sur la carte de l'enclos :

Mais oui, tu sembles bien avoir raison . Ces images sont très parlantes ! Merci.

Oui, vous avez raison, cher LNLN, « mes »  vestiges, qui se situent à l’angle de la rue de Bretagne ( ancienne rue de la Corderie ), et de la rue de Picardie ( ancienne rue du Beaujolais ), est hors enclos. Il ne s’agit donc pas d’ un vestige du mur d’enceinte.
Il est pourtant très ancien: s’agit il seulement d’un mur de maison?
On peut retrouver son emplacement sur le plan Turgot
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