L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
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Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Merci Marie-Jeanne ! Elles sont très bien ces gravures...
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Et j'en profite pour poster ici de nombreuses vues de la célèbre maquette conservée au musée Carnavalet.
L'enclos du Temple avant les destructions de la Révolution et du 19e siècle
Maquette en bois et papier, entre 1783 et 1787
Anonyme
Dimensions : 81 x 70 cm
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Sera-t-elle encore exposée dans les nouvelles salles du musée, toujours en cours de rénovation ?
Si les conservateurs n'en veulent plus, je veux bien la récupérer !
Images : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
L'enclos du Temple avant les destructions de la Révolution et du 19e siècle
Maquette en bois et papier, entre 1783 et 1787
Anonyme
Dimensions : 81 x 70 cm
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Sera-t-elle encore exposée dans les nouvelles salles du musée, toujours en cours de rénovation ?
Si les conservateurs n'en veulent plus, je veux bien la récupérer !
Images : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Une merveille cette maquette, merci pour tous ces gros plans.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Ils étaient jolis ces toits de tuiles, en alternance avec ceux en ardoise.
Aujourd'hui, ces tristes toits de zinc ajoutent du gris...au gris !
A noter que le musée Carnavalet date cette maquette entre 1783 et 1787, d'après ces deux dates retrouvées écrites dans les descriptifs du plan.
Cependant, cela ne se peut, puisque nous constatons que la Rotonde du Temple est présente. Or sa construction fut achevée en 1790.
La Rotonde du Temple
Dessin anonyme
Entre 1787 et 1790
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Pour vous aider à retrouver les nombreux bâtiments de cette maquette (dont les hôtels de Guise, de Boufflers, ou celui du prince de Conti) je poste à nouveau deux plans que nous avions déjà insérés pages précédentes de ce sujet.
Les légendes de la maquette étant peu lisibles...
Le premier plan date de 1770 (notamment, sans la Rotonde) :
Les jardins et la grande " pelouse " de l'hôtel de Boufflers jouxtent ceux de l'hôtel du prince de Conti (hôtel de Saint-Simon)
Jardin Anglois de Me la Comtesse de Bouflera dans le Temple.
Estampe anonyme
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Le second plan illustre l'enclos du Temple en 1792
J'agrandis l'image pour une lecture plus facile des légendes...
Cette maison et jardins de l'Hôtel des Bains, signalés sur la maquette et les plans ne cessent de m'intriguer...
Aujourd'hui, ces tristes toits de zinc ajoutent du gris...au gris !
A noter que le musée Carnavalet date cette maquette entre 1783 et 1787, d'après ces deux dates retrouvées écrites dans les descriptifs du plan.
Cependant, cela ne se peut, puisque nous constatons que la Rotonde du Temple est présente. Or sa construction fut achevée en 1790.
La Rotonde du Temple
Dessin anonyme
Entre 1787 et 1790
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Pour vous aider à retrouver les nombreux bâtiments de cette maquette (dont les hôtels de Guise, de Boufflers, ou celui du prince de Conti) je poste à nouveau deux plans que nous avions déjà insérés pages précédentes de ce sujet.
Les légendes de la maquette étant peu lisibles...
Le premier plan date de 1770 (notamment, sans la Rotonde) :
Les jardins et la grande " pelouse " de l'hôtel de Boufflers jouxtent ceux de l'hôtel du prince de Conti (hôtel de Saint-Simon)
Jardin Anglois de Me la Comtesse de Bouflera dans le Temple.
Estampe anonyme
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Le second plan illustre l'enclos du Temple en 1792
J'agrandis l'image pour une lecture plus facile des légendes...
Cette maison et jardins de l'Hôtel des Bains, signalés sur la maquette et les plans ne cessent de m'intriguer...
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
C'est fascinant ! Nous y sommes vraiment. Oui, très très jolis ces toits de tuiles et d'ardoises, comme au sud de la Loire ! Nous nous promenons sans nous perdre à travers cet enclos du Temple. Je le découvre. La Rotonde est impressionnante ! Qu'elle est parfaitement bien rendue dans la maquette ! Je me souviens que Févicq nous avait posté la photo d'un vestige de la Rotonde inséré dans la structure du Carreau du Temple .
L'Idole du Temple n'avait vraiment qu'un pas à faire vers son cher et tendre, en traversant son gazon " roulé " ( que signifie ? ).
Le petit tronçon de ta rue n'est pas encore percé .
Quel dommage que tout ce haut lieu de mémoire de notre Histoire ait disparu !
Il n'en reste plus que le nom ...
L'Idole du Temple n'avait vraiment qu'un pas à faire vers son cher et tendre, en traversant son gazon " roulé " ( que signifie ? ).
Le petit tronçon de ta rue n'est pas encore percé .
Mais oui, bains des dames, bains des messieurs ... Qu'est-ce que c'est que ça ?! ... des bains publics, fin XVIIIème ?!!La nuit, la neige a écrit: Cette maison et jardins de l'Hôtel des Bains, signalés sur la maquette et les plans ne cessent de m'intriguer...
Quel dommage que tout ce haut lieu de mémoire de notre Histoire ait disparu !
Il n'en reste plus que le nom ...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Le N°5 des légendes du plan ci-dessus indique un nouveau mur d'enceinte construit par le patriote Palloy. Avec des pierres de la Bastille ?
En voici une illustration dans Voyage descriptif et philosophique de l'ancien et du nouveau Paris, 1815. (Google livres)
L'auteur mentionne que d'agréables bains Turc, appartenant au propriétaire du café Turc, ont remplacé les anciens bains du Temple.
En voici une illustration dans Voyage descriptif et philosophique de l'ancien et du nouveau Paris, 1815. (Google livres)
L'auteur mentionne que d'agréables bains Turc, appartenant au propriétaire du café Turc, ont remplacé les anciens bains du Temple.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Chers amis,
C'est un merveilleux modèle.!!!
Nous pouvons voir le complexe des bâtiments du Temple en tant que reine lors de ses visites au Comte le Artois.
Et peut-être même pour la malheureuse arrivée involontaire en août 1792.
oui, ils sont là l'un des bains publics de Paris ..
.. aussi un jardin anglais ..
Mais c'est un conglomérat de bâtiments de murs de cours compliqué.
La tour du Temple a été séparé en août 1792?
J'ai imaginé par certains livres qu'au moins lorsque la reine vivait dans une petite tour, elle pouvait voir le jardin?
Mais en fait c'était probablement un chantier de construction .. ratisser les bâtiments, nettoyer la pierre et la brique .. construire les murs ...
Leos
C'est un merveilleux modèle.!!!
Nous pouvons voir le complexe des bâtiments du Temple en tant que reine lors de ses visites au Comte le Artois.
Et peut-être même pour la malheureuse arrivée involontaire en août 1792.
oui, ils sont là l'un des bains publics de Paris ..
.. aussi un jardin anglais ..
Mais c'est un conglomérat de bâtiments de murs de cours compliqué.
La tour du Temple a été séparé en août 1792?
J'ai imaginé par certains livres qu'au moins lorsque la reine vivait dans une petite tour, elle pouvait voir le jardin?
Mais en fait c'était probablement un chantier de construction .. ratisser les bâtiments, nettoyer la pierre et la brique .. construire les murs ...
Leos
Leos- Messages : 799
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 55
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Peut-être s'agissait-il déjà de passer sur le gazon ce lourd rouleau que les amateurs de pelouses plantées et coupées bien ras apprécient ?Mme de Sabran a écrit:
L'Idole du Temple n'avait vraiment qu'un pas à faire vers son cher et tendre, en traversant son gazon " roulé " ( que signifie ? ).
- Spoiler:
Si le sujet du gazon vous intéresse, lire ici : Histoire du développement du gazon au XVIIe siècle
Le catalogue Vilmorin et Andrieux de l'année 1783 donne ces conseils pour " semer de beaux gazons ", dont celui de " roulez souvent ! "
* Source : Catalogue des plantes, arbres.... Vilmorin-Andrieux (1783)
Oui, je suppose.Mme de Sabran a écrit:
Mais oui, bains des dames, bains des messieurs ... Qu'est-ce que c'est que ça ?! ... des bains publics, fin XVIIIème ?!!
Les bains publics ne sont pas une invention du XIXe siècle.
J'ignore si ces bains ont survécu à la Révolution, mais je rappelle qu'en lieu et place du donjon (détruit en 1811), de 1855 à 1861, et avant la construction de l'actuelle mairie du 3ème arrondissement (1864), fut justement construit un grand bâtiment à usage de lavoir et bains publics.
Nous le distinguons sur cette gravure.
Voir l'histoire du site : page 1 de ce sujet.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
La nuit, la neige a écrit:
Peut-être s'agissait-il déjà de passer sur le gazon ce lourd rouleau que les amateurs de pelouses plantées et coupées bien ras apprécient ?
Si, si, bien sûr, suis-je bête !
A ne pas confondre avec :
- Spoiler:
Merci pour ta recherche et les conseils anciens de jardinage .
C'est tout de même curieux d'aplanir parfaitement un jardin anglais dont le charme, normalement, est au contraire d'être tout foufou .
Au diable le gazon trop aseptisé, vive le trèfle et la pâquerette !
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Plusieurs sources anciennes indiquent que la rotonde du Temple a été construite en 1781 d'après les dessins de l'architecte François-Victor Pérard de Montreuil. Ce qui expliquerait pourquoi elle est représentée sur la maquette de 1783/87.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Absolument !!Mme de Sabran a écrit:
Au diable le gazon trop aseptisé, vive le trèfle et la pâquerette !
Il faut bien laisser pousser des fleurs pour que nos amis les insectes butineurs s'en régalent et qu'ils soient à leur tour mangés par nos amis les oiseaux...
Toutes ces pauvres bêtes dont les populations s'écroulent pitoyablement de nos jours.
Et, franchement, qui a encore envie de se faire ch.... a passer la tondeuse et un rouleau qui pèse un âne mort trois fois par mois ?!!
Marie-Jeanne a écrit:Plusieurs sources anciennes indiquent que la rotonde du Temple a été construite en 1781 d'après les dessins de l'architecte François-Victor Pérard de Montreuil. Ce qui expliquerait pourquoi elle est représentée sur la maquette de 1783/87.
Oui, j'ai vu ça. Je ne sais pas. Il semblerait que cela soit confus car...
J'ai repris la légende du plan Beauchesne, que j'ai inséré dans mon message, et qui précise :
22. Rotonde, dont la construction arrêtée dès 1781 par le bailli de Crussol, sur les dessins de Perand (sic) de Montreuil, architecte du grand Prieuré, fut terminée seulement en 1790.
Plusieurs autres sources avancent aussi la date de 1788, dont mon petit guide historique du Marais, article " Rotonde du Temple " :
M. Lefebvre de Laboulaye, secrétaire du roi, chargea en 1788 François-Victor Pérard de Montreuil, architecte du grand prieuré de France, d'élever la rotonde du Temple à l'emplacement des terrains vagues, chantiers ou cultures maraîchères, dans la partie nord-est de l'enclos.
Cet édifice, destiné au commerce et à l'habitation, abritait 28 boutiques au rez-de-chaussée et à l'entresol, ainsi que des petits logements dans les deux étages et le comble. La rotonde était bordée à l'extérieur d'une galerie de 44 arcades soutenues par des colonnes toscanes.
Enfin je cite cet extrait du volumineux Rapport final d'opération archéologique : Synthèse 1 / 11 - Fouille préventive du Carreau du Temple
Ecrit par des experts, il s'agit d'un document intéressant (plus 460 pages !!) qui reprend, notamment, l'histoire architecturale du site.
Vu le nombre de sources citées, j'imagine que les rédacteurs se sont correctement renseignés...
(...)
Source et rapport complet à consulter : ICI
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Effectivement le rapport des fouilles archéologiques est parfaitement bien sourcé.
On y apprend aussi que l'adjudication de 1796 est prononcée en faveur « d' Antoine Joseph Santerre qui l'achète 2 450 000 francs. Ce révolutionnaire, capitaine de la garde nationale, est connu pour avoir acquis de nombreuses propriétés nationales, en utilisant souvent des prête-noms. Il s'y installe avec ses fils et veut s'occuper personnellement de la mise en valeur de l'immeuble » Il y serait mort en 1809.
On y apprend aussi que l'adjudication de 1796 est prononcée en faveur « d' Antoine Joseph Santerre qui l'achète 2 450 000 francs. Ce révolutionnaire, capitaine de la garde nationale, est connu pour avoir acquis de nombreuses propriétés nationales, en utilisant souvent des prête-noms. Il s'y installe avec ses fils et veut s'occuper personnellement de la mise en valeur de l'immeuble » Il y serait mort en 1809.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Oui, c'est un document très intéressant, en particulier pour tout ce qui concerne l'histoire de ce site et de ses nombreux bâtiments.
C'est d'ailleurs assez compliqué à suivre, notamment au sujet des possessions du prince de Conti, comme Grand prieur d'une part, mais aussi en propre (et après lui, à son fils) : les hôtels particuliers changeant de nom au fil du temps et selon les différents occupants...
Et pour en revenir Hôtel Poirier ou Hôtel des Bains, qui nous intéressait précédemment, nous pouvons lire aux années :
1783 - N°12, 13 et 14. Bâtiments occupés par Dlle Martin marchande de mode de la reine , Mr Moussu distillateur.
1786 - Locataire en partie, la veuve Le Baufre, qui a eu l'autorisation d'installer dans le fond du jardin un établissement de bains publics.
1787 - Principaux locataires Marie Elizabeth Dulay et Jacques Lefèvre ancien marchand
Un chapitre intéressant concerne encore la population au sein de l'enclos du XVII au XIXe siècle : population aristocratique, artisans et commerçants, membres de l'ordre et autres ordres religieux, mais aussi, je cite...
Les réfugiés
Le droit d'asile amenant également une importante population dans l'enclos, aux dires de plusieurs témoins du XVIIIe siècle. Face aux abus, le Grand Prieur avait réglementé leur accès, les obligeant à s'inscrire au greffe du bailliage dès leur arrivée. Ils obtenaient alors un permis de résider dans l'enclos qui devait être renouvelé tous les trois mois. Il leur était interdit de se fixer dans l'enclos et ils ne pouvaient louer que des chambres garnies. L'asile de l'enclos est refusé aux « bannis, repris de justice ou débiteurs de mauvaise foi, aux banqueroutiers frauduleux, aux gens de mauvaise vie ».
Mais dans la pratique, ils sont de plus en plus nombreux à s'installer vraiment dans l'enclos, surtout au XVIIIe siècle. La rotonde était d'ailleurs connue pour abriter des gens pauvres et notamment quantité de ces débiteurs insolvables à qui les chambres étaient louées très cher.
L'ordre tente malgré tout de préserver son caractère privilégié et de refuge : les armes y sont interdites, un couvre-feu est fixé à partir duquel les portes de l'enclos sont fermées. Encore en 1780 le bailli de Crussol tenta de réglementer la police dans l'enclos. Curzon rappelle qu'il ne faut tout de même pas exagérer le nombre de ces réfugiés dans l'enclos : ils ne seraient que 25 à 30 à la fin du XVIIIe siècle.
Barillet rapporte qu'au moment de la Révolution l'enclos contenait quelques 4 000 habitants, et que de 1779 à 1789 on compta 782 naissances et 661 morts. En 1792, l'enclos reste extrêmement peuplé : on peut dénombrer quelques 258 locations, sans compter les hôtels particuliers.
Les descriptions pittoresques du XIXe siècle montrent que l'originalité de l'enclos résidait « dans la diversité des éléments qui composaient sa population et qui, tous pour des motifs différents, en défendaient les privilèges avec la même ardeur ».
Source :
Caillot 2014 : CAILLOT I. - Carreau du Temple, rue de Picardie, rue Perrée, rue Eugène Spuller, rue Dupetit-Thouard, PARIS
(75003). Rapport final d'opération archéologique : fouille préventive (2010 – 2011). Prescription n° 2008-584 du 19
décembre 2008. Éveha – Études et valorisations archéologiques (Limoges, F), 11 volumes, SRA Île-de-France, octobre 2014.
Vol. 1/11 – Synthèse. Résultats de la fouille.
C'est d'ailleurs assez compliqué à suivre, notamment au sujet des possessions du prince de Conti, comme Grand prieur d'une part, mais aussi en propre (et après lui, à son fils) : les hôtels particuliers changeant de nom au fil du temps et selon les différents occupants...
Et pour en revenir Hôtel Poirier ou Hôtel des Bains, qui nous intéressait précédemment, nous pouvons lire aux années :
1783 - N°12, 13 et 14. Bâtiments occupés par Dlle Martin marchande de mode de la reine , Mr Moussu distillateur.
1786 - Locataire en partie, la veuve Le Baufre, qui a eu l'autorisation d'installer dans le fond du jardin un établissement de bains publics.
1787 - Principaux locataires Marie Elizabeth Dulay et Jacques Lefèvre ancien marchand
Un chapitre intéressant concerne encore la population au sein de l'enclos du XVII au XIXe siècle : population aristocratique, artisans et commerçants, membres de l'ordre et autres ordres religieux, mais aussi, je cite...
Les réfugiés
Le droit d'asile amenant également une importante population dans l'enclos, aux dires de plusieurs témoins du XVIIIe siècle. Face aux abus, le Grand Prieur avait réglementé leur accès, les obligeant à s'inscrire au greffe du bailliage dès leur arrivée. Ils obtenaient alors un permis de résider dans l'enclos qui devait être renouvelé tous les trois mois. Il leur était interdit de se fixer dans l'enclos et ils ne pouvaient louer que des chambres garnies. L'asile de l'enclos est refusé aux « bannis, repris de justice ou débiteurs de mauvaise foi, aux banqueroutiers frauduleux, aux gens de mauvaise vie ».
Mais dans la pratique, ils sont de plus en plus nombreux à s'installer vraiment dans l'enclos, surtout au XVIIIe siècle. La rotonde était d'ailleurs connue pour abriter des gens pauvres et notamment quantité de ces débiteurs insolvables à qui les chambres étaient louées très cher.
L'ordre tente malgré tout de préserver son caractère privilégié et de refuge : les armes y sont interdites, un couvre-feu est fixé à partir duquel les portes de l'enclos sont fermées. Encore en 1780 le bailli de Crussol tenta de réglementer la police dans l'enclos. Curzon rappelle qu'il ne faut tout de même pas exagérer le nombre de ces réfugiés dans l'enclos : ils ne seraient que 25 à 30 à la fin du XVIIIe siècle.
Barillet rapporte qu'au moment de la Révolution l'enclos contenait quelques 4 000 habitants, et que de 1779 à 1789 on compta 782 naissances et 661 morts. En 1792, l'enclos reste extrêmement peuplé : on peut dénombrer quelques 258 locations, sans compter les hôtels particuliers.
Les descriptions pittoresques du XIXe siècle montrent que l'originalité de l'enclos résidait « dans la diversité des éléments qui composaient sa population et qui, tous pour des motifs différents, en défendaient les privilèges avec la même ardeur ».
Source :
Caillot 2014 : CAILLOT I. - Carreau du Temple, rue de Picardie, rue Perrée, rue Eugène Spuller, rue Dupetit-Thouard, PARIS
(75003). Rapport final d'opération archéologique : fouille préventive (2010 – 2011). Prescription n° 2008-584 du 19
décembre 2008. Éveha – Études et valorisations archéologiques (Limoges, F), 11 volumes, SRA Île-de-France, octobre 2014.
Vol. 1/11 – Synthèse. Résultats de la fouille.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Autre chapitre intéressant, celui consacré au bailli de Crussol, et au jeune duc d’Angoulême.
C’est tout de même dingue que Madame Royale ait épousé celui qui, dans sa prime jeunesse, « régnait » de nom (mais sans jamais y avoir mis un pied) sur cet enclos dans lequel elle et sa famille ont tant souffert.
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Je cite :
À sa mort en 1776 (Ndlr : Louis-François de Bourbon, prince de Conti), lui succède à la tête du Grand Prieuré Louis-Antoine de France, duc d'Angoulême.
Fils de Charles X de France, comte d'Artois, il est ainsi le neveu du roi Louis XVI qui a manœuvré pour lui obtenir ce titre, malgré son âge (à peine un an).
Louis-Antoine d'Artois, duc d'Angoulême (1775-1844)
Joseph Boze
Pastel, 1785
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
La charge du prieuré est donc en réalité exercée par Alexandre-Charles-Emmanuel de Crussol (1746-1815), que Louis XVI a nommé administrateur général et bailli du Grand Prieuré pour son neveu. C'est lui qui mène les grandes transformations du dernier quart du XVIIIe siècle dans l'enclos et dans le reste de sa censive en particulier dans les marais hors de Paris.
Sa politique de mise en valeur des ressources de l'ordre est notamment illustrée par un mémoire qu'il a rédigé en 1778 à destination du Grand Maître de l'ordre, dans lequel il plaide en faveur du bail emphytéotique. Cela permettrait en particulier d'augmenter les revenus du prieuré tout en le déchargeant « des réparations très considérables et d'un entretien très dispendieux ». De plus, « les preneurs à bail emphytéotique seront tenus de mettre tous les lieux en bon état de toutes réparations grosses et menues à la fin de l'emphitéose, de sorte qu'au lieu de maisons très vieilles et presque en ruine le Grand Prieuré aura l'expectative de rentrer dans des biens qui seront dans le meilleur état possible ».
Le bailli de Crussol emploiera donc très souvent ce moyen de location dans l'enclos, et notamment pour la construction de la rotonde.
Alexandre Charles Emmanuel de Crussol-Florensac (1743–1815)
Elisabeth-Louise Vigée Le Brun
Oil on canvas, 1787
Signed and dated (upper right): Lse. Ebet. Vigée: LeBrun: Pxte. 1787
Image : The Metropolitan Museum of Art
C'est également lui qui devra faire face aux bouleversements révolutionnaires. Représentant de la noblesse à l'assemblée constituante, il tentera de s'opposer au démantèlement de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem et à celui de l'enclos, mais il est contraint à s'exiler en 1791.
Le bailli de Crussol doit aussi s'accorder avec le comte d'Artois, père du Grand Prieur, qui dispose des biens de son fils jusqu'à sa majorité, donc du palais prieural et autres possessions dans l'enclos. Enfin, le bailli doit surtout obtenir l'accord, pour toutes les décisions majeures, du roi lui-même.
(…)
Source texte :
Caillot 2014 : CAILLOT I. - Carreau du Temple, rue de Picardie, rue Perrée, rue Eugène Spuller, rue Dupetit-Thouard, PARIS
(75003). Rapport final d'opération archéologique : fouille préventive (2010 – 2011). Prescription n° 2008-584 du 19
décembre 2008. Éveha – Études et valorisations archéologiques (Limoges, F), 11 volumes, SRA Île-de-France, octobre 2014. Vol. 1/11 – Synthèse. Résultats de la fouille.
Voir aussi notre sujet : La famille de Crussol d'Uzès
Contraint au célibat (de par son titre de bailli de l'ordre des chevaliers de Malte), Crussol-Florensac entretint cependant une relation à long terme avec Charlotte-Eustache-Sophie de Fuligny Damas (1742-1828), marquise de Grollier, peintre de natures mortes et une amie de Madame Vigée Le Brun.
Nous disions dans le sujet qui lui est consacré qu'elle résida aussi, à partir de 1779, et avec le duc de Crussol, dans l'appartement de Marie-Antoinette aux Tuileries.
Voir ici : La peinture des fleurs - Sophie de Fuligny Damas, marquise de Grollier
Portrait de la marquise de Grollier
Elisabeth-Louise Vigée Le Brun, 1788
Huile sur panneau. 92 × 72 cm
Collection particulière. Classe Monuments historiques (1975)
Photo : Galerie Canesso
C’est tout de même dingue que Madame Royale ait épousé celui qui, dans sa prime jeunesse, « régnait » de nom (mais sans jamais y avoir mis un pied) sur cet enclos dans lequel elle et sa famille ont tant souffert.
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Je cite :
À sa mort en 1776 (Ndlr : Louis-François de Bourbon, prince de Conti), lui succède à la tête du Grand Prieuré Louis-Antoine de France, duc d'Angoulême.
Fils de Charles X de France, comte d'Artois, il est ainsi le neveu du roi Louis XVI qui a manœuvré pour lui obtenir ce titre, malgré son âge (à peine un an).
Louis-Antoine d'Artois, duc d'Angoulême (1775-1844)
Joseph Boze
Pastel, 1785
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
La charge du prieuré est donc en réalité exercée par Alexandre-Charles-Emmanuel de Crussol (1746-1815), que Louis XVI a nommé administrateur général et bailli du Grand Prieuré pour son neveu. C'est lui qui mène les grandes transformations du dernier quart du XVIIIe siècle dans l'enclos et dans le reste de sa censive en particulier dans les marais hors de Paris.
Sa politique de mise en valeur des ressources de l'ordre est notamment illustrée par un mémoire qu'il a rédigé en 1778 à destination du Grand Maître de l'ordre, dans lequel il plaide en faveur du bail emphytéotique. Cela permettrait en particulier d'augmenter les revenus du prieuré tout en le déchargeant « des réparations très considérables et d'un entretien très dispendieux ». De plus, « les preneurs à bail emphytéotique seront tenus de mettre tous les lieux en bon état de toutes réparations grosses et menues à la fin de l'emphitéose, de sorte qu'au lieu de maisons très vieilles et presque en ruine le Grand Prieuré aura l'expectative de rentrer dans des biens qui seront dans le meilleur état possible ».
Le bailli de Crussol emploiera donc très souvent ce moyen de location dans l'enclos, et notamment pour la construction de la rotonde.
Alexandre Charles Emmanuel de Crussol-Florensac (1743–1815)
Elisabeth-Louise Vigée Le Brun
Oil on canvas, 1787
Signed and dated (upper right): Lse. Ebet. Vigée: LeBrun: Pxte. 1787
Image : The Metropolitan Museum of Art
C'est également lui qui devra faire face aux bouleversements révolutionnaires. Représentant de la noblesse à l'assemblée constituante, il tentera de s'opposer au démantèlement de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem et à celui de l'enclos, mais il est contraint à s'exiler en 1791.
Le bailli de Crussol doit aussi s'accorder avec le comte d'Artois, père du Grand Prieur, qui dispose des biens de son fils jusqu'à sa majorité, donc du palais prieural et autres possessions dans l'enclos. Enfin, le bailli doit surtout obtenir l'accord, pour toutes les décisions majeures, du roi lui-même.
(…)
Source texte :
Caillot 2014 : CAILLOT I. - Carreau du Temple, rue de Picardie, rue Perrée, rue Eugène Spuller, rue Dupetit-Thouard, PARIS
(75003). Rapport final d'opération archéologique : fouille préventive (2010 – 2011). Prescription n° 2008-584 du 19
décembre 2008. Éveha – Études et valorisations archéologiques (Limoges, F), 11 volumes, SRA Île-de-France, octobre 2014. Vol. 1/11 – Synthèse. Résultats de la fouille.
Voir aussi notre sujet : La famille de Crussol d'Uzès
Contraint au célibat (de par son titre de bailli de l'ordre des chevaliers de Malte), Crussol-Florensac entretint cependant une relation à long terme avec Charlotte-Eustache-Sophie de Fuligny Damas (1742-1828), marquise de Grollier, peintre de natures mortes et une amie de Madame Vigée Le Brun.
Nous disions dans le sujet qui lui est consacré qu'elle résida aussi, à partir de 1779, et avec le duc de Crussol, dans l'appartement de Marie-Antoinette aux Tuileries.
Voir ici : La peinture des fleurs - Sophie de Fuligny Damas, marquise de Grollier
Portrait de la marquise de Grollier
Elisabeth-Louise Vigée Le Brun, 1788
Huile sur panneau. 92 × 72 cm
Collection particulière. Classe Monuments historiques (1975)
Photo : Galerie Canesso
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Je n'ai pas encore lu la totalité du rapport. J'ignorais l'adresse de la Dlle Martin qui cependant n'était pas marchande de modes mais marchande de rouge. Ses cosmétiques étaient hors de prix.
Elle fournissait Marie-Antoinette, Madame, la comtesse d'Artois, Madame Élisabeth, la duchesse d'Orléans et bien d'autres ainsi que Mlle Bertin qui sous traitait avec elle pour ses clientes.
Il me revient vaguement que la Dlle Martin aurait eu très jeune une relation avec le prince de Conti.
Il existe un portrait dont je ne connais pas la provenance, qui pourrait être celui de la marchande de rouge. Ses coloris permettent en tout cas de le présumer.
Elle fournissait Marie-Antoinette, Madame, la comtesse d'Artois, Madame Élisabeth, la duchesse d'Orléans et bien d'autres ainsi que Mlle Bertin qui sous traitait avec elle pour ses clientes.
Il me revient vaguement que la Dlle Martin aurait eu très jeune une relation avec le prince de Conti.
Il existe un portrait dont je ne connais pas la provenance, qui pourrait être celui de la marchande de rouge. Ses coloris permettent en tout cas de le présumer.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Ah ! Intéressant. Merci Marie-Jeanne pour ces informations complémentaires.
Avec ces quelques contemporains cités qui connaissaient donc bien le Temple, on imagine à quel point ils durent être choqués d'apprendre que la famille royale fut emprisonnée dans cette vieille tour délabrée.
Avec ces quelques contemporains cités qui connaissaient donc bien le Temple, on imagine à quel point ils durent être choqués d'apprendre que la famille royale fut emprisonnée dans cette vieille tour délabrée.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Vaudreuil salue la fidélité du bailli de Crussol à la cause d'un Louis XVI ( presque ) unanimement désavoué par la noblesse émigrée :
M. de Vaudreuil au comte d'Artois
Venise, 6 novembre 1790 -
( ... ) ce qui serait criminel, ce serait d'entreprendre quelque chose avant d'avoir reçu l'ultimatum du Roi et de la Reine.
Vous croyez vous-même que tout cela est soufflé, échauffé par le prince de Condé, et, malgré cette opinion, je vous vois presque décidé à aller de l'avant ! Vous vous abusez si vous croyez que, sans la sortie du Roi, la noblesse entière du royaume se ralliera à vous ; le Roi est toujours le Roi, et par conséquent le vrai, le seul point légitime et possible de ralliement. La chaleur, l'impatience de tout ce qui vous entoure, vous électrise malgré vous-même ; mais ne vous laissez pas entraîner à une entreprise, qui, si elle échouait, annulerait même tous vos moyens et irriterait contre vous ces mêmes puissances qui vous assurent leurs secours. ( ... )
Encore quelques réflexions sur la prétendue décision des provinces d'agir sans le préalable de la sortie du Roi. Vous souvenez-vous que Lyon et le Languedoc avaient commencé par exiger cette condition préalable de la sortie du Roi ? Cela n'aura pas convenu aux ardents, et ils vous font dire à présent que cette condition n'est plus exigée. Peut-être partiellement, dans quelques endroits de ces provinces, suivant le rapport de quelques agents, cette condition préalable n'est-elle plus exigée ; mais qui vous a dit que c'est là la réunion des opinions ? Et, si les opinions ne sont pas réunies, quel danger n'y a-t-il pas à entreprendre ! Quelle défection n'éprouverez-vous pas ! Or il est certain que ce ne doit pas être là l'opinion générale, parce qu'elle est imprudente, hasardeuse, et coupable, d'après les suites funestes qu'elle peut avoir. Réfléchissez-y bien, et vous sentirez la force impérieuse de mes raisons. Je les soumets à M. l'évêque d'Arras, et à Calonne, et à Miran, et à Sérant, et au bailli, s'il est arrivé.
Je viens d'apprendre la conduite noble et fière que vient de tenir le bailli ; je lui jetterai mes bras au col, quand je le verrai. C'est un trait dont la mémoire sera ineffaçable, et, si quelquefois nous avons été en défiance l'un de l'autre, - il me connaît franc - je suis à présent sien à pendre et à dépendre ; dites-le lui bien.
M. de Vaudreuil au comte d'Artois
Venise, 6 novembre 1790 -
( ... ) ce qui serait criminel, ce serait d'entreprendre quelque chose avant d'avoir reçu l'ultimatum du Roi et de la Reine.
Vous croyez vous-même que tout cela est soufflé, échauffé par le prince de Condé, et, malgré cette opinion, je vous vois presque décidé à aller de l'avant ! Vous vous abusez si vous croyez que, sans la sortie du Roi, la noblesse entière du royaume se ralliera à vous ; le Roi est toujours le Roi, et par conséquent le vrai, le seul point légitime et possible de ralliement. La chaleur, l'impatience de tout ce qui vous entoure, vous électrise malgré vous-même ; mais ne vous laissez pas entraîner à une entreprise, qui, si elle échouait, annulerait même tous vos moyens et irriterait contre vous ces mêmes puissances qui vous assurent leurs secours. ( ... )
Encore quelques réflexions sur la prétendue décision des provinces d'agir sans le préalable de la sortie du Roi. Vous souvenez-vous que Lyon et le Languedoc avaient commencé par exiger cette condition préalable de la sortie du Roi ? Cela n'aura pas convenu aux ardents, et ils vous font dire à présent que cette condition n'est plus exigée. Peut-être partiellement, dans quelques endroits de ces provinces, suivant le rapport de quelques agents, cette condition préalable n'est-elle plus exigée ; mais qui vous a dit que c'est là la réunion des opinions ? Et, si les opinions ne sont pas réunies, quel danger n'y a-t-il pas à entreprendre ! Quelle défection n'éprouverez-vous pas ! Or il est certain que ce ne doit pas être là l'opinion générale, parce qu'elle est imprudente, hasardeuse, et coupable, d'après les suites funestes qu'elle peut avoir. Réfléchissez-y bien, et vous sentirez la force impérieuse de mes raisons. Je les soumets à M. l'évêque d'Arras, et à Calonne, et à Miran, et à Sérant, et au bailli, s'il est arrivé.
Je viens d'apprendre la conduite noble et fière que vient de tenir le bailli ; je lui jetterai mes bras au col, quand je le verrai. C'est un trait dont la mémoire sera ineffaçable, et, si quelquefois nous avons été en défiance l'un de l'autre, - il me connaît franc - je suis à présent sien à pendre et à dépendre ; dites-le lui bien.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Découvert lors d'une visite du site internet " Parcours Révolution " (Ville de Paris) ce plan qui présente les projets de réaménagement du site avant l'incarcération de la famille royale.
Pour visualiser les bâtiments qui devaient être détruits (et qui le furent notamment pour ce qui concerne ceux contre les tours), voir la maquette ci-dessus.
Pour vous y retrouver, le palais du grand Prieur et ses jardins sont situés en bas, à droite.
Plan général de l'enclos du Temple et des nouveaux percements de rues et disposition de place qui y sont projetés vers 1790
Delettre,
Eau-forte, 21,1 cm x 23,1 cm
Image : Paris Musées / Musée Carnavalet.
"N°5. / Plan général / de l'enclos du Temple et des / nouveaux percemens de Rues et / disposition de Place qui y sont / projetés./ Na La teinte jaune indique ce qui doit être démoli. / La teinte rouge ce qui est à vendre. / La teinte noire ce qui est conservé soit comme vendu ou à vendre."
A comparer donc avec un plan du site, cette fois-ci vers 1792, et déjà posté ci-dessus.
Pour visualiser les bâtiments qui devaient être détruits (et qui le furent notamment pour ce qui concerne ceux contre les tours), voir la maquette ci-dessus.
Pour vous y retrouver, le palais du grand Prieur et ses jardins sont situés en bas, à droite.
Plan général de l'enclos du Temple et des nouveaux percements de rues et disposition de place qui y sont projetés vers 1790
Delettre,
Eau-forte, 21,1 cm x 23,1 cm
Image : Paris Musées / Musée Carnavalet.
"N°5. / Plan général / de l'enclos du Temple et des / nouveaux percemens de Rues et / disposition de Place qui y sont / projetés./ Na La teinte jaune indique ce qui doit être démoli. / La teinte rouge ce qui est à vendre. / La teinte noire ce qui est conservé soit comme vendu ou à vendre."
A comparer donc avec un plan du site, cette fois-ci vers 1792, et déjà posté ci-dessus.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Je ne m'étais jamais rendu compte à quel point la cour d'entrée du palais prioral ressemblait à celle de l'hôtel de Soubise.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Pour la petite histoire a-t-on gardé quelque part des pierres du donjon du temple. Un peu comme les pierres de la Bastille ?
Mr ventier- Messages : 1133
Date d'inscription : 18/11/2020
Age : 58
Localisation : Rouen normandie
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Mr ventier a écrit:Pour la petite histoire a-t-on gardé quelque part des pierres du donjon du temple. Un peu comme les pierres de la Bastille ?
Les pierres ont certainement étaient récupérées, mais nous ignorons à quelles fins ?
Le site est resté " en chantier " pendant plus de 40 ans. Le lavoir et les bains publics sont construits à l'emplacement du donjon en 1855 seulement, puis la mairie que nous connaissons aujourd'hui à partir de 1864.
Vicq d Azir a écrit:
( suite...)
Une réponse au questionnement de LNLN, concernant le devenir des matériaux de la Tour, in : Louis XVII de M.A. de Beauchesne, tome 2, pages 466 et suiv.
« (en 1808), les meubles furent disséminés dans les prisons ou les hospices, ou rentrèrent au Garde Meuble. Les appartements furent entièrement dégarnis.
Les matériaux à provenir de la démolition furent mis en adjudication. Cette annonce attira au Temple un nombre immense de familles qui, sous prétexte de songer à une acquisition, accomplissait un pèlerinage.
Le vendredi 7 octobre 1808, M. Robert Morel, propriétaire demeurant à Paris...se rendit adjudicataire de la Tour du Temple moyennant la somme de 33 100 francs.
Témoin des pieuses sympathies qui amenaient chaque jour une foule de visiteurs dans les appartements qu’avait occupés la famille royale, l’acquéreur avait espéré qu’il trouverait une défaite extrêmement avantageuse de tous les matériaux qui, comme les cheminées, les portes, les chambranles, les lambris, les croisées, etc., pouvaient être conservés en entier et être placés ailleurs.
De plus, il avait pensé qu’une fois maître des lieux, il pouvait lever un tribut facile sur la curiosité publique ; il fit imprimer et vendit des cartes d’entrée à la tour.
Ce trafic dura peu de jours. Instruit de ce qui se passait, le ministre de la police générale lui fit défendre de « laisser pénétrer dans la Tour qui que ce fut, et sous tel prétexte que ce put être, fût-ce même des dignitaires »...
Le calculateur désappointé se vit trompé dans les brillantes espérances que son entreprise lui avait fait concevoir ; les pierres qu’il avait acquises n’étaient plus que des pierres auxquelles il était défendu d’assigner une valeur morale.
Vers la fin de 1808, les démolitions commencèrent ; la toiture, les charpentes, les portes et cloisons en menuiserie, les voûtes d’arêtes, les croisées, les carreaux et les parquets furent d’abord enlevés ; ces objets furent provisoirement déposés dans les cours et dans le jardin ; achetés sur place, ils eussent été payés fort cher; vendus sur le marché, ils n’avaient guère que leur valeur intrinsèque. Mais que faire ? Les ouvriers employés à l’œuvre de destruction étaient les seules personnes qui pussent entrer au Temple ; des marbres de cheminées et quelques décors avaient été vendus à prix d’or par leur entremise, mais les portes impitoyablement fermées portaient un préjudice énorme à l’entrepreneur.
Les travaux de démolition ne furent terminés qu’en 1811. A cette époque, le palais du Temple fut restauré et modifié pour recevoir le ministère des cultes ».
Voir nos discussions ici : La famille royale à la prison du Temple, plans et aménagements
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'enclos du Temple au XVIIIe siècle
Merci pour ce post qui répond à mes questions.
Mr ventier- Messages : 1133
Date d'inscription : 18/11/2020
Age : 58
Localisation : Rouen normandie
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