Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
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Mme de Sabran
Calonne
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
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Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
Elle est la vie, elle est le feu. Plus le rôle est féroce, plus elle est grande. C'est Médée, Cléopâtre, Agrippine.
Née en 1756 à Paris, Marie-Antoinette Raucourt, fille de comédien, est reçue à la Comédie-Française en 1772 et en devient sociétaire l'année suivante. Très vite, sa majesté, sa voix grave et sensuelle, son maintien et son regard la destinent à la tragédie où elle connaît rapidement un grand succès.
Mais la belle fût aussi une aventurière, avec une vie agitée… En 1776, elle est emprisonnée pour dettes et congédiée de la Comédie-Française avant de pouvoir y rejouer grâce à la protection de la reine en personne. La Révolution, à laquelle elle s'oppose, l'enferme six mois à la prison de Sainte- Pélagie en 1793 et fait fermer le théâtre qu'elle avait fondé. Elle ne remonte sur scène qu'en 1799 et va profiter de la faveur de Bonaparte qui lui accorde protection et grande pension. En tout bien tout honneur puisque notre tragédienne n'aime que les femmes, affichant ouvertement ses amours féminines et aimant s'habiller en homme. Ce qui lui vaudra son lot de rumeurs ordurières et d'attaques, l'accusant de donner des "parties de dames" où les participantes arrivaient en chaise à porteurs aux rideaux tirés pour des soirées aux bougies parfumées non racontables… De son côté, Bachaumont ira jusqu'à lui dédier son Epître à une jolie lesbienne.
En 1801, la tragédienne loue le château des Hauts, du côté d'Orléans. Elle y cultive sur 12 hectares de nombreuses plantes exotiques, baobab, frangipanier, dont certaines offertes par l'impératrice Joséphine. Le château sera racheté, en 1844, par l'évêque d'Orléans.
Marie-Antoinette Raucourt meurt en 1815. Le curé de Saint-Roch refuse l'entrée du corps dans l'église, en raison de son statut de comédienne. Furieuse, la foule enfonce les portes et entre le cercueil de force dans l'église, provoquant une émeute.
M.A Raucourt repose depuis au cimetière du Père-Lachaise.
Calonne- Messages : 1132
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
Merci, mon cher Calonne !
Mademoiselle Raucourt écrivit à un ex-amant, le marquis de Villette, en lui offrant un manche à balai :
" Qui que tu sois, voici ton maître.
Il l'est, le fut, ou doit l'être "
... ce à quoi le marquis répondit :
" Adieu Fanny, vivons en paix
Et songe b.... adorable,
Que s'il entrait dans tes projets
De me faire donner au diable
C'est à toi que je reviendrai "
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2007/02/08/marie-antoinette-joseph-saucerotte-dite-la-raucourt.html
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
Bien répliqué...
Merci Calonne, pour cette présentation.
Merci Calonne, pour cette présentation.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
Merci cher Calonne.
Le visage de cette gente dame reflète un caractère bien trempé, ce qu'elle semblait avoir. Je n'aurais pas aimé être son ennemie.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
... ni son "amie " !Trianon a écrit:Je n'aurais pas aimé être son ennemie.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
Il semble bien que notre tragédienne ait effectivement eu un caractère bien trempé. Elle vivait ainsi ses amours féminines ouvertement et dans Henriette ou la fille déserteur, une pièce qu'elle a créé en 1782, elle incarnait le rôle principal, celui d'une jeune veuve qui, pour suivre un colonel qu'elle aime sans qu'il le sache, se fait passer pour un soldat.
Napoléon, grand amateur de tragédie et admiratif de ses talents, lui confia le direction des théâtres en Italie. Il semble qu'elle ait fait beaucoup pour les pauvres de Paris, dans le domaine caritatif, car comme écris plus haut, lorsque le curé de Saint-Roch refusa de recevoir le corps à l'église, la foule enfonça les portes, fît entrer le cercueil de force et obligea le curé à le bénir. Et ce ne fût pas moins de 15 000 personnes qui auraient suivi le cortège funèbre...
Napoléon, grand amateur de tragédie et admiratif de ses talents, lui confia le direction des théâtres en Italie. Il semble qu'elle ait fait beaucoup pour les pauvres de Paris, dans le domaine caritatif, car comme écris plus haut, lorsque le curé de Saint-Roch refusa de recevoir le corps à l'église, la foule enfonça les portes, fît entrer le cercueil de force et obligea le curé à le bénir. Et ce ne fût pas moins de 15 000 personnes qui auraient suivi le cortège funèbre...
Calonne- Messages : 1132
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
Calonne a écrit: lorsque le curé de Saint-Roch refusa de recevoir le corps à l'église, la foule enfonça les portes, fît entrer le cercueil de force et obligea le curé à le bénir....
Je ne sais pas si c'est vrai, mais j'aime bien l'anecdote .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
Mme de Sabran a écrit:... ni son "amie " !Trianon a écrit:Je n'aurais pas aimé être son ennemie.
Entre les deux, mon coeur balance.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
Les Parisiens s'étonnaient de voir Mlle Raucourt, débutante, repousser tous les soupirants. « On dit que cette charmante créature, écrit Grimm, a toute la candeur et l'innocence de son âge, que son père est décidé de lui conserver ses mœurs et sa sagesse, qu'il porte toujours deux pistolets chargés dans sa poche, pour brûler la cervelle au premier qui voudra attenter à la vertu de sa fille. »
On n'avait jamais vu, à la Comédie-Française, une ingénue aussi authentique et aussi bien gardée : Mlle Raucourt en bénéficia. « A tous ses avantages, constate Mme Vigée-Lebrun, elle joignait un air de décence remarquable, et une réputation de sagesse austère qui la fit rechercher par nos plus grandes dames ; on lui donnait des bijoux, des habits de théâtre, et de l'argent pour elle et son père qui ne la quittait jamais. »
Au bout d'un mois, la jeune fille prit part aux petits soupers offerts en son honneur, mais toujours sous la protection du comédien Raucourt. Comme elle se rendait à Versailles pour y jouer devant Sa Majesté, Paris s'amusa d'apprendre que Mme du Barry, en la complimentant, l'avait un jour exhortée à garder sa vertu !
La vertu d'une actrice ! Grave affaire au déclin de ce règne des favorites! On ne parla plus que des assauts livrés à la sagesse de la jeune Raucourt. Voltaire, du fond de sa retraite de Ferney, s'intéressait aux actualités parisiennes; celle-là ne le laissa pas indifférent. Un soir, Françoise et son père dînaient chez le maréchal de Richelieu, l'un des premiers gentilshommes de la chambre du Roi, quand on apporta une lettre de Ferney.
Les nouvelles de Voltaire intéressant tout le monde, Richelieu pria le marquis de Ximenès de faire à haute voix la lecture du billet. Après avoir traité divers sujets, le patriarche entamait la question Raucourt : « Votre nouvelle recrue, disait-il au maréchal, n'est plus fille neuve; un Génevois l'a eue pour maîtresse lors de sa tournée en Espagne, au reste, elle sera bientôt à quelque seigneur de la Cour. » A ce passage, Mlle Raucourt suffoqua d'indignation; une attaque de nerfs la jeta évanouie entre les bras de son père, tandis que les assistants accablaient de reproches le marquis de Ximenès.
Cette scène touchante, amenée par l'étourderie ou la méchanceté du lecteur, consacra l'innocence de Françoise; d'Alembert écrivit aussitôt à Voltaire l'effet de son malencontreux billet, et le poète, désireux de panser la blessure de sa victime, lui envoya ces vers en guise d'excuses :
On n'avait jamais vu, à la Comédie-Française, une ingénue aussi authentique et aussi bien gardée : Mlle Raucourt en bénéficia. « A tous ses avantages, constate Mme Vigée-Lebrun, elle joignait un air de décence remarquable, et une réputation de sagesse austère qui la fit rechercher par nos plus grandes dames ; on lui donnait des bijoux, des habits de théâtre, et de l'argent pour elle et son père qui ne la quittait jamais. »
Au bout d'un mois, la jeune fille prit part aux petits soupers offerts en son honneur, mais toujours sous la protection du comédien Raucourt. Comme elle se rendait à Versailles pour y jouer devant Sa Majesté, Paris s'amusa d'apprendre que Mme du Barry, en la complimentant, l'avait un jour exhortée à garder sa vertu !
La vertu d'une actrice ! Grave affaire au déclin de ce règne des favorites! On ne parla plus que des assauts livrés à la sagesse de la jeune Raucourt. Voltaire, du fond de sa retraite de Ferney, s'intéressait aux actualités parisiennes; celle-là ne le laissa pas indifférent. Un soir, Françoise et son père dînaient chez le maréchal de Richelieu, l'un des premiers gentilshommes de la chambre du Roi, quand on apporta une lettre de Ferney.
Les nouvelles de Voltaire intéressant tout le monde, Richelieu pria le marquis de Ximenès de faire à haute voix la lecture du billet. Après avoir traité divers sujets, le patriarche entamait la question Raucourt : « Votre nouvelle recrue, disait-il au maréchal, n'est plus fille neuve; un Génevois l'a eue pour maîtresse lors de sa tournée en Espagne, au reste, elle sera bientôt à quelque seigneur de la Cour. » A ce passage, Mlle Raucourt suffoqua d'indignation; une attaque de nerfs la jeta évanouie entre les bras de son père, tandis que les assistants accablaient de reproches le marquis de Ximenès.
Cette scène touchante, amenée par l'étourderie ou la méchanceté du lecteur, consacra l'innocence de Françoise; d'Alembert écrivit aussitôt à Voltaire l'effet de son malencontreux billet, et le poète, désireux de panser la blessure de sa victime, lui envoya ces vers en guise d'excuses :
Raucourt, tes talents enchanteurs
Chaque jour te font des conquêtes,
Tu fais soupirer tous les cœurs,
Tu fais tourner toutes les têtes...
Mais ton cœur est fait pour aimer,
Et ce cœur n'a rien dit encore...
Bientôt un mortel amoureux
Te fera partager sa flamme :
Heureux, trop heureux cet amant
Pour qui ton cœur deviendra tendre,
Si tu goûtes le sentiment,
Comme tu sais si bien le rendre !
Chaque jour te font des conquêtes,
Tu fais soupirer tous les cœurs,
Tu fais tourner toutes les têtes...
Mais ton cœur est fait pour aimer,
Et ce cœur n'a rien dit encore...
Bientôt un mortel amoureux
Te fera partager sa flamme :
Heureux, trop heureux cet amant
Pour qui ton cœur deviendra tendre,
Si tu goûtes le sentiment,
Comme tu sais si bien le rendre !
Comment le marquis de Bièvre devint-il l'heureux mortel qui triompha de tant de vertu ?
Le comte Gabriel Mareschal de Bièvre continue de nous le raconter ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3673p25-georges-francois-mareschal-marquis-de-bievre-et-roi-du-calembour#184171
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
Pour notre ami Ventier , sorti le 16 août dernier :
Qui était Mlle Raucourt ?Théatre, sexe et politique des Lumières à la Première Restauration. Cette biographie retrace la vie aventureuse et souvent scandaleuse de la belle tragédienne se déroulant comme un roman, avec ses triomphes et ses échecs, ses excès et ses rebondissements.
Sous la forme d’une biographie chronologique, cet ouvrage retrace l’exceptionnel parcours artistique ainsi que la vie privée singulière de Françoise Raucourt (1756-1815), illustre comédienne pourtant bien oubliée aujourd’hui. Il est certes ici question de théâtre, de Comédie-Française, mais aussi de politique. Par exemple, Françoise Raucourt échappera de peu à la guillotine?! La vie privée de la comédienne, quant à elle, se caractérise par une série de tribulations de toute nature, parfois rocambolesques ou romanesques. En particulier, ses aventures amoureuses, ses mœurs, entre hétérosexualité et lesbianisme, défrayèrent la chronique. Ses funérailles même furent l’occasion de débats et mouvements de foule à Paris. Une vie atypique, théâtrale, qui méritait d’être mise en lumière.
En vente à la boutique de l'hôtel de la Marine pour les parisiens ! Et acheté, en attendant mon compte-rendu de lecture en 2037
Qui était Mlle Raucourt ?Théatre, sexe et politique des Lumières à la Première Restauration. Cette biographie retrace la vie aventureuse et souvent scandaleuse de la belle tragédienne se déroulant comme un roman, avec ses triomphes et ses échecs, ses excès et ses rebondissements.
Sous la forme d’une biographie chronologique, cet ouvrage retrace l’exceptionnel parcours artistique ainsi que la vie privée singulière de Françoise Raucourt (1756-1815), illustre comédienne pourtant bien oubliée aujourd’hui. Il est certes ici question de théâtre, de Comédie-Française, mais aussi de politique. Par exemple, Françoise Raucourt échappera de peu à la guillotine?! La vie privée de la comédienne, quant à elle, se caractérise par une série de tribulations de toute nature, parfois rocambolesques ou romanesques. En particulier, ses aventures amoureuses, ses mœurs, entre hétérosexualité et lesbianisme, défrayèrent la chronique. Ses funérailles même furent l’occasion de débats et mouvements de foule à Paris. Une vie atypique, théâtrale, qui méritait d’être mise en lumière.
En vente à la boutique de l'hôtel de la Marine pour les parisiens ! Et acheté, en attendant mon compte-rendu de lecture en 2037
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette Saucerotte, la Raucourt
Ah mince, pas vu à l'Hôtel de la Marine quand j'y étais il y a quinze jours !
Heureusement il y a Tropismes à Bruxelles pour toutes mes commandes livresques en provenance du pays des Lumières
Heureusement il y a Tropismes à Bruxelles pour toutes mes commandes livresques en provenance du pays des Lumières
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
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