Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
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Duc d'Ostrogothie
Gouverneur Morris
La nuit, la neige
Mme de Sabran
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Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
La nuit, la neige a écrit:
Une mandoline appartenant à Marie-Antoinette bientôt vendue aux enchères
(...)
L'objet ne sera pas mis en vente avant février. Ce dernier pourrait être déclaré comme appartenant au patrimoine culturel, et ainsi restreindre les potentiels acheteurs.[/i]
Prévue aujourd'hui, la vente de cet instrument a finalement été repoussée.
Je cite un extrait publié sur le site internet du journal Le Progrès :
Finalement, la vente est repoussée à quelques mois, car elle fait l’objet d’une procédure pour prétendre au titre de « trésor national. »
Cette démarche entre dans le cadre des vérifications obligatoires à effectuer avant toute vente d’un objet d’art et d’intérêt patrimonial.
Les conservateurs du ministère de la Culture doivent aussi émettre un avis, valider ou refuser le droit à l’exportation de l’objet en question.
(...)
Il y a quelques jours, le commissaire-priseur a emmené l’instrument à Paris, afin que celui-ci soit analysé : « Il va subir une batterie d’analyses : endoscopie, UV, mesures… Tout cela doit permettre de vérifier que l’objet n’a pas subi de modifications et qu’il a gardé son authenticité d’époque ».
Eh bien, attendons l'expertise en cours...
Source et infos complémentaires, ici : La mandoline de Marie-Antoinette retrouvée en Calade sera-t-elle reconnue trésor national ?
Dernière édition par La nuit, la neige le Lun 13 Mai 2019, 22:45, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18135
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
La dite mandoline n'a donc pas obtenu ce titre...La nuit, la neige a écrit:
Finalement, la vente est repoussée à quelques mois, car elle fait l’objet d’une procédure pour prétendre au titre de « trésor national. »
Et elle serait donc susceptible de pouvoir quitter le territoire français...La nuit, la neige a écrit:Les conservateurs du ministère de la Culture doivent aussi émettre un avis, valider ou refuser le droit à l’exportation de l’objet en question.
(...)
C'est ce qui est annoncé dans cet article, publié sur le site internet du Progrès que je cite (extraits) :
Villefranche-sur-Saône : la mandoline caladoise de Marie-Antoinette enfin mise à la vente
Elle devait être l’objet d’une vente aux enchères en février dernier. Elle sera finalement présentée ce samedi 15 juin, à Villefranche-sur-Saône, après avoir été exposée à Paris.
(...)
La vente avait été repoussée, afin qu’elle obtienne son passeport de vente international, et qu’elle puisse prétendre au titre de « trésor national. »
Titre qu’elle n’a finalement pas obtenu.
« Les experts ont établi clairement son authenticité et l’appartenance à la princesse, bien qu’elle n’ait pu recevoir ce prestigieux titre, commente le commissaire-priseur Gérald Richard. Les analyses ont démontré qu’elle n’avait pas subi de modifications. »
« Il s’agit d’un objet unique, ayant appartenu à un personnage historique ambigu. Néanmoins, la mandoline de Marie-Antoinette n’est pas un objet commercial. C’est donc difficile à estimer. Nous la mettrons à prix à 50 000 euros, et devrions la voir partir au double. »
Américains, Russes et Japonais seraient de potentiels acheteurs, selon l’expert.
« Marie-Antoinette n’est pas si populaire en France, à l’image inverse d’un Napoléon, dont on ne compte plus les fervents collectionneurs. Elle est encore moins populaire dans son pays d’origine, l’Autriche ! »
(...)
* Source et article dans son intégralité, ici : Emmanuelle Baills pour Le Progrès
Dernière édition par La nuit, la neige le Mer 15 Mai 2019, 19:45, édité 2 fois
La nuit, la neige- Messages : 18135
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Merci LNLN pour le suivi !
Le journaliste s’emmêle les pinceaux, puisque pour “obtenir son passeport de vente international “, il fallait justement qu’elle ne soit PAS classée Trésor National et non le contraire
Le journaliste s’emmêle les pinceaux, puisque pour “obtenir son passeport de vente international “, il fallait justement qu’elle ne soit PAS classée Trésor National et non le contraire
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Elle sera visible à DROUOT lors d'une vente en Juin prochain - donc il y aura possibilité de la contempler en vrai.
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
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Gouverneur Morris- Messages : 11796
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Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Magnifique collection, merci mon cher Momo !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55506
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Scoop : tout comme le vilain petit canard n’était qu’un grand et beau cygne, notre vilaine mandoline ne serait en fait qu’une grande et belle guitare-luth , comme le précise la salle des ventes dans un ultime communiqué :
GUITARE-LUTH DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE (1755-1793).
FAITE PAR EDMOND SAUNIER (1730-1789 ?), PARIS, CIRCA 1770.
cette guitare-luth, faite à Paris par le célèbre luthier Edmond Saunier, qui jusqu'à présent fut présentée par erreur comme une mandoline, provient de la collection de Madame Veuve Sanglé-Ferrière.
Il est aussi également intéressant de savoir que Edmond Saunier fut professeur de musique pour la reine Marie-Antoinette et pour la princesse Elisabeth de France (1764-1794) et se trouve cité dans l'almanach musical de 1779.
Biographie :
Edmond Saunier, élève de Lambert, fabrique des instruments qui, au travers de somptueuses décorations et d'une rosace raffinée, révèle encore de façon évidente l'influence de la période baroque.
Saunier est connu pour ses magnifiques " mandores " - une sorte de mandoline fabriquée dans un style différent du style italien avec une table plate, un chevalet fixe et des cordes en boyau, décorée de filets et de " pistagnes " typiquement parisiennes - ainsi que pour ses guitares-luths, un nouvel instrument qui rencontra un vif succès parmi les musiciens passionnés de l'époque.
Luthier, marchand et éditeur de musique, Edmond Saunier fût d'abord luthier à Bordeaux à partir de 1754, puis à Paris à partir de 1761, et se trouve mentionné comme éditeur de musique de 1788 à 1789.
GUITARE-LUTH DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE (1755-1793).
FAITE PAR EDMOND SAUNIER (1730-1789 ?), PARIS, CIRCA 1770.
cette guitare-luth, faite à Paris par le célèbre luthier Edmond Saunier, qui jusqu'à présent fut présentée par erreur comme une mandoline, provient de la collection de Madame Veuve Sanglé-Ferrière.
Il est aussi également intéressant de savoir que Edmond Saunier fut professeur de musique pour la reine Marie-Antoinette et pour la princesse Elisabeth de France (1764-1794) et se trouve cité dans l'almanach musical de 1779.
Biographie :
Edmond Saunier, élève de Lambert, fabrique des instruments qui, au travers de somptueuses décorations et d'une rosace raffinée, révèle encore de façon évidente l'influence de la période baroque.
Saunier est connu pour ses magnifiques " mandores " - une sorte de mandoline fabriquée dans un style différent du style italien avec une table plate, un chevalet fixe et des cordes en boyau, décorée de filets et de " pistagnes " typiquement parisiennes - ainsi que pour ses guitares-luths, un nouvel instrument qui rencontra un vif succès parmi les musiciens passionnés de l'époque.
Luthier, marchand et éditeur de musique, Edmond Saunier fût d'abord luthier à Bordeaux à partir de 1754, puis à Paris à partir de 1761, et se trouve mentionné comme éditeur de musique de 1788 à 1789.
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Ah ! Merci Gouv' ! Une guitare-luth donc...
En page 1 de ce sujet, quelques-uns d'entre-nous nous faisaient part de leurs réserves au sujet de la première description de cet instrument.
En page 1 de ce sujet, quelques-uns d'entre-nous nous faisaient part de leurs réserves au sujet de la première description de cet instrument.
La nuit, la neige- Messages : 18135
Date d'inscription : 21/12/2013
Guitare-luth de Marie-Antoinette par Edmond Saunier
Voici donc quelques images complémentaires de cet instrument, ainsi que le descriptif détaillé de la maison de vente :
GUITARE-LUTH DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE (1755-1793).
FAITE PAR EDMOND SAUNIER (1730-1789 ?),
PARIS, CIRCA 1770.
Composée d'une caisse ovoïde, à décor de larges lames sculptées en ivoire alternées de filets noircis. La face avant est ornée d'un médaillon circulaire en ivoire finement ajouré au monogramme entrelacé de la reine Marie-Antoinette : M. A., entouré d'une couronne composée de branches de rose retenues par des noeuds enrubannés ceinturées de deux cercles en ivoire sertis de petits cabochons de turquoises (manque) et finissant par un entourage alterné de motifs en nacre et en écaille brune.
La bordure principale est entourée d'une frise en placage de nacre et d'écaille brune. Le chevalet dont les extrémités sont munies de " moustache " est monté pour 10 cordes en boyau (manques), à décor d'un motif rectangulaire en placage de nacre et d'écaille brune.
Le manche et la tête est identiques à ceux d'une guitare contemporaine, tout comme le diapason et le barrage de la table d'harmonie.
Le manche en ébène est surmonté d'un élément sculpté en ivoire représentant un dauphin et d'une plaque en nacre à décor polychrome d'un motif chinois, munie de 11 frettes en ébène et nacre ; la partie arrière est sculptée d'une frise d'arabesques feuillagées en ébène sur fond ivoire.
La guitare est retenue par une cordelette attachée d'une part à un bouton en ébène et à l'extrémité par une pastille en ivoire (postérieure), à décor d'une médaille ornée du profil du roi Louis XVI entourée de l'inscription : " Ludovicus XVI Rex Christianiss ".
La guitare est conservée avec son étui d'origine en bois noirci, intérieur gainé de lainage vert.
Plusieurs manques et accidents, sans cordes, mais bon état dans l'ensemble.
L. : 96, 5 cm - L. : 29, 5 cm.
Exposition et vente :
Cette guitare-luth, faite à Paris par le célèbre luthier Edmond Saunier, qui jusqu'à présent fut présentée par erreur comme une mandoline provient de la collection de Madame Veuve Sanglé-Ferrière.
Elle fût exposée pour la première fois en 1867 au Petit Trianon à Versailles dans le cadre de l'exposition " Marie-Antoinette ". Voir dans le catalogue publié à Paris aux éditions Henri Plon en 1867, rédigé par Mathurin de Lescure, sous le titre " Les Palais de Trianon - Histoire - Description - Catalogue des objets exposés, sous les auspices de Sa Majesté l'Impératrice ", le descriptif de ce lot portant le n°93 en page 236 : " Mandoline de forme allemande, en ivoire, manche orné d'incrustations, au chiffre de Marie-Antoinette et portrait de Louis XVI jeune, sur nacre et ivoire. Appartient à Madame Veuve Sanglé-Ferrière à Clamecy ".
Puis nous retrouvons trace de notre guitare en 1876, dans un article paru dans la Revue de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne, qui précise " Une mandoline de Marie-Antoinette, au nombre des objets qui étaient mis en vente, dernièrement, dans des salles de l'hôtel Drouot, se remarquait une mandoline ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette. Cet instrument, dont l'authenticité parait être parfaitement établie, n'ayant passé, depuis la mort de l'infortunée reine, qu'entre les mains de trois propriétaires, est en très-bon état. Au milieu de la caisse se trouve un médaillon, où l'on voit les deux lettres M. A. entrelacées et à jour. Depuis 1808 cet instrument est resté dans la même famille, et elle appartient encore aujourd'hui à l'un de ses membres, ancien receveur des finances dans le département de la Nièvre, car cet instrument, dont on demandait un prix minimum de 3 000 francs, n'a pas trouvé acquéreur à ce prix. "
Elle réapparait ensuite en 1955, lorsqu'elle est présentée du 16 mai au 2 novembre de la même année au Château de Versailles lors de l'exposition " Marie-Antoinette, Archiduchesse, Dauphine et Reine ", sous le n°640, voir dans le catalogue page 203 : " Mandoline de forme allemande, au chiffre de Marie-Antoinette, corps bombé en lames d'ivoire, manche en ébène incrusté d'ivoire. Au centre, le chiffre de Marie-Antoinette, au manche un Dauphin, au bas un médaillon représentant Louis XVI jeune en exergue " Ludovicus rex Christianissimus " Ancienne collection Sanglé-Ferrière et Henri Manière. Collection de Madame Gauthier-Manière ".
Bibliographie : voir dans le magazine " La France Illustrée " publié le 20 janvier 1923 et consacré à la collection de Madame Gauthier-Manière. Voir aussi dans l'ouvrage " La Guitare Paris (1750-1950) " de Françoise et Daniel Sinier de Ridder, Edizioni il Salabue, 2007, d'autres exemples de guitares de cette époque.
Provenance : collection Sanglé-Ferrière de 1867 à 1922, puis Henri Manière, par succession à sa fille, Madame Gauthier-Manière puis acquise par les parents de l'actuel propriétaire le 12 juin 1975 à Drouot chez Maître Dominique Vincent, et conservée depuis par descendance.
Historique :
Marie-Antoinette, comme la plupart des princesses de son temps, reçut une solide formation musicale. Durant les années 1770, la guitare est très en vogue à la cour de Versailles et, connaissant le goût de la Reine pour la musique, les instruments à clavier et les instruments à cordes comme la harpe dont elle jouait avec assiduité, il est probable qu'elle fut aussi prise de passion pour ce nouvel instrument.
Selon Gaspard-Louis Lafont d'Aussonne (1769-1849), qui a écrit l'une des premières biographies sur Marie-Antoinette en 1824, intitulée " Mémoires secrets et universelles des malheurs et de la mort de la reine de France ", il précise : " qu'on dansait l'après-midi à Trianon au son de la mandoline et du tambourin ". On sait également que la reine organise aussi des auditions privées dans ses petits appartements à Trianon.
" J'ai établi chez moi un concert tous les lundis, qui est charmant ", écrit-elle en 1775. " Toute l'étiquette en est ôtée. J'y chante avec une société de dames choisies, qui y chantent aussi. Il y a quelques hommes aimables ".
De plus, sur le célèbre tableau représentant la reine Marie-Antoinette jouant de la harpe dans son salon, peint en 1776 par Jean-Baptiste Gautier-Dagoty (1740-1786), nous pouvons apercevoir posée sur un pliant juste derrière la reine une guitare. Sur un autre portrait peint par le même artiste, représentant la jeune comtesse de Provence, née princesse Marie-Thérèse de Savoie, il est visible au premier plan sur la droite une guitare dans un décor très similaire à celui de la mandoline réalisée pour la reine Marie-Antoinette.
Sur un autre portrait de Dagoty datée de 1777, la même comtesse de Provence pose avec auprès d'elle une mandoline sise sur un tabouret. De même nous pouvons rapprocher par son style et son décor notre guitare, qui peut-être fut réalisée par le même luthier que la guitare appartenant à la princesse Clothilde de France (1796-1802), que nous découvrons sur le portrait la représentant peint par François-Hubert Drouais en 1775.
Voir nos précédents messages pour ces portraits...
Il est aussi également intéressant de savoir que Edmond Saunier fut professeur de musique pour la reine Marie-Antoinette et pour la princesse Elisabeth de France (1764-1794) et se trouve cité dans l'almanach musical de 1779.
Biographie :
Edmond Saunier, élève de Lambert, fabrique des instruments qui, au travers de somptueuses décorations et d'une rosace raffinée, révèle encore de façon évidente l'influence de la période baroque.
Saunier est connu pour ses magnifiques " mandores " - une sorte de mandoline fabriquée dans un style différent du style italien avec une table plate, un chevalet fixe et des cordes en boyau, décorée de filets et de " pistagnes " typiquement parisiennes - ainsi que pour ses guitares-luths, un nouvel instrument qui rencontra un vif succès parmi les musiciens passionnés de l'époque.
Luthier, marchand et éditeur de musique, Edmond Saunier fût d'abord luthier à Bordeaux à partir de 1754, puis à Paris à partir de 1761, et se trouve mentionné comme éditeur de musique de 1788 à 1789.
* Source texte : Cyrille Boulay, Expert - Membre agréé de la FNEPSA
Avec l'aide de Françoise et Daniel Sinier de Ridder, Luthiers-Experts
* Infos complémentaires : Millon MDV - Vente Souvenirs historiques, livres et manuscrits, du 25 juin 2019
GUITARE-LUTH DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE (1755-1793).
FAITE PAR EDMOND SAUNIER (1730-1789 ?),
PARIS, CIRCA 1770.
Composée d'une caisse ovoïde, à décor de larges lames sculptées en ivoire alternées de filets noircis. La face avant est ornée d'un médaillon circulaire en ivoire finement ajouré au monogramme entrelacé de la reine Marie-Antoinette : M. A., entouré d'une couronne composée de branches de rose retenues par des noeuds enrubannés ceinturées de deux cercles en ivoire sertis de petits cabochons de turquoises (manque) et finissant par un entourage alterné de motifs en nacre et en écaille brune.
La bordure principale est entourée d'une frise en placage de nacre et d'écaille brune. Le chevalet dont les extrémités sont munies de " moustache " est monté pour 10 cordes en boyau (manques), à décor d'un motif rectangulaire en placage de nacre et d'écaille brune.
Le manche et la tête est identiques à ceux d'une guitare contemporaine, tout comme le diapason et le barrage de la table d'harmonie.
Le manche en ébène est surmonté d'un élément sculpté en ivoire représentant un dauphin et d'une plaque en nacre à décor polychrome d'un motif chinois, munie de 11 frettes en ébène et nacre ; la partie arrière est sculptée d'une frise d'arabesques feuillagées en ébène sur fond ivoire.
La guitare est retenue par une cordelette attachée d'une part à un bouton en ébène et à l'extrémité par une pastille en ivoire (postérieure), à décor d'une médaille ornée du profil du roi Louis XVI entourée de l'inscription : " Ludovicus XVI Rex Christianiss ".
La guitare est conservée avec son étui d'origine en bois noirci, intérieur gainé de lainage vert.
Plusieurs manques et accidents, sans cordes, mais bon état dans l'ensemble.
L. : 96, 5 cm - L. : 29, 5 cm.
Exposition et vente :
Cette guitare-luth, faite à Paris par le célèbre luthier Edmond Saunier, qui jusqu'à présent fut présentée par erreur comme une mandoline provient de la collection de Madame Veuve Sanglé-Ferrière.
Elle fût exposée pour la première fois en 1867 au Petit Trianon à Versailles dans le cadre de l'exposition " Marie-Antoinette ". Voir dans le catalogue publié à Paris aux éditions Henri Plon en 1867, rédigé par Mathurin de Lescure, sous le titre " Les Palais de Trianon - Histoire - Description - Catalogue des objets exposés, sous les auspices de Sa Majesté l'Impératrice ", le descriptif de ce lot portant le n°93 en page 236 : " Mandoline de forme allemande, en ivoire, manche orné d'incrustations, au chiffre de Marie-Antoinette et portrait de Louis XVI jeune, sur nacre et ivoire. Appartient à Madame Veuve Sanglé-Ferrière à Clamecy ".
Puis nous retrouvons trace de notre guitare en 1876, dans un article paru dans la Revue de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne, qui précise " Une mandoline de Marie-Antoinette, au nombre des objets qui étaient mis en vente, dernièrement, dans des salles de l'hôtel Drouot, se remarquait une mandoline ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette. Cet instrument, dont l'authenticité parait être parfaitement établie, n'ayant passé, depuis la mort de l'infortunée reine, qu'entre les mains de trois propriétaires, est en très-bon état. Au milieu de la caisse se trouve un médaillon, où l'on voit les deux lettres M. A. entrelacées et à jour. Depuis 1808 cet instrument est resté dans la même famille, et elle appartient encore aujourd'hui à l'un de ses membres, ancien receveur des finances dans le département de la Nièvre, car cet instrument, dont on demandait un prix minimum de 3 000 francs, n'a pas trouvé acquéreur à ce prix. "
Elle réapparait ensuite en 1955, lorsqu'elle est présentée du 16 mai au 2 novembre de la même année au Château de Versailles lors de l'exposition " Marie-Antoinette, Archiduchesse, Dauphine et Reine ", sous le n°640, voir dans le catalogue page 203 : " Mandoline de forme allemande, au chiffre de Marie-Antoinette, corps bombé en lames d'ivoire, manche en ébène incrusté d'ivoire. Au centre, le chiffre de Marie-Antoinette, au manche un Dauphin, au bas un médaillon représentant Louis XVI jeune en exergue " Ludovicus rex Christianissimus " Ancienne collection Sanglé-Ferrière et Henri Manière. Collection de Madame Gauthier-Manière ".
Bibliographie : voir dans le magazine " La France Illustrée " publié le 20 janvier 1923 et consacré à la collection de Madame Gauthier-Manière. Voir aussi dans l'ouvrage " La Guitare Paris (1750-1950) " de Françoise et Daniel Sinier de Ridder, Edizioni il Salabue, 2007, d'autres exemples de guitares de cette époque.
Provenance : collection Sanglé-Ferrière de 1867 à 1922, puis Henri Manière, par succession à sa fille, Madame Gauthier-Manière puis acquise par les parents de l'actuel propriétaire le 12 juin 1975 à Drouot chez Maître Dominique Vincent, et conservée depuis par descendance.
Historique :
Marie-Antoinette, comme la plupart des princesses de son temps, reçut une solide formation musicale. Durant les années 1770, la guitare est très en vogue à la cour de Versailles et, connaissant le goût de la Reine pour la musique, les instruments à clavier et les instruments à cordes comme la harpe dont elle jouait avec assiduité, il est probable qu'elle fut aussi prise de passion pour ce nouvel instrument.
Selon Gaspard-Louis Lafont d'Aussonne (1769-1849), qui a écrit l'une des premières biographies sur Marie-Antoinette en 1824, intitulée " Mémoires secrets et universelles des malheurs et de la mort de la reine de France ", il précise : " qu'on dansait l'après-midi à Trianon au son de la mandoline et du tambourin ". On sait également que la reine organise aussi des auditions privées dans ses petits appartements à Trianon.
" J'ai établi chez moi un concert tous les lundis, qui est charmant ", écrit-elle en 1775. " Toute l'étiquette en est ôtée. J'y chante avec une société de dames choisies, qui y chantent aussi. Il y a quelques hommes aimables ".
De plus, sur le célèbre tableau représentant la reine Marie-Antoinette jouant de la harpe dans son salon, peint en 1776 par Jean-Baptiste Gautier-Dagoty (1740-1786), nous pouvons apercevoir posée sur un pliant juste derrière la reine une guitare. Sur un autre portrait peint par le même artiste, représentant la jeune comtesse de Provence, née princesse Marie-Thérèse de Savoie, il est visible au premier plan sur la droite une guitare dans un décor très similaire à celui de la mandoline réalisée pour la reine Marie-Antoinette.
Sur un autre portrait de Dagoty datée de 1777, la même comtesse de Provence pose avec auprès d'elle une mandoline sise sur un tabouret. De même nous pouvons rapprocher par son style et son décor notre guitare, qui peut-être fut réalisée par le même luthier que la guitare appartenant à la princesse Clothilde de France (1796-1802), que nous découvrons sur le portrait la représentant peint par François-Hubert Drouais en 1775.
Voir nos précédents messages pour ces portraits...
Il est aussi également intéressant de savoir que Edmond Saunier fut professeur de musique pour la reine Marie-Antoinette et pour la princesse Elisabeth de France (1764-1794) et se trouve cité dans l'almanach musical de 1779.
Biographie :
Edmond Saunier, élève de Lambert, fabrique des instruments qui, au travers de somptueuses décorations et d'une rosace raffinée, révèle encore de façon évidente l'influence de la période baroque.
Saunier est connu pour ses magnifiques " mandores " - une sorte de mandoline fabriquée dans un style différent du style italien avec une table plate, un chevalet fixe et des cordes en boyau, décorée de filets et de " pistagnes " typiquement parisiennes - ainsi que pour ses guitares-luths, un nouvel instrument qui rencontra un vif succès parmi les musiciens passionnés de l'époque.
Luthier, marchand et éditeur de musique, Edmond Saunier fût d'abord luthier à Bordeaux à partir de 1754, puis à Paris à partir de 1761, et se trouve mentionné comme éditeur de musique de 1788 à 1789.
* Source texte : Cyrille Boulay, Expert - Membre agréé de la FNEPSA
Avec l'aide de Françoise et Daniel Sinier de Ridder, Luthiers-Experts
* Infos complémentaires : Millon MDV - Vente Souvenirs historiques, livres et manuscrits, du 25 juin 2019
Dernière édition par La nuit, la neige le Lun 01 Juil 2019, 13:05, édité 2 fois
La nuit, la neige- Messages : 18135
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
L'estimation a-t-elle aussi changé LNLN ?
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Ah ! C'est vrai que je ne cite jamais les estimations...
Estimée donc (pour l'instant) : 50 000 - 80 000 euros (hors frais de vente, of course).
Estimée donc (pour l'instant) : 50 000 - 80 000 euros (hors frais de vente, of course).
La nuit, la neige- Messages : 18135
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Vente hier de la guitare de Marie-Antoinette pour la somme de 168 750 EUR (frais inclus). Elle n'a pas été achetée par Versailles apparemment..
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Vicq d Azir a écrit:Et voici ( comment appelle-t-on ça? ) l’extrémité de la fameuse guitare. Remarquez la finesse de la décoration...
Eh bien, c'est " la tête " .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55506
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
J'ai récemment acheté cette gravure chez des particuliers. Mais beaucoup moins cher que sur ebay.
Je ne suis pas certaine qu'il s'agisse d'une guitare luth.
Je ne suis pas certaine qu'il s'agisse d'une guitare luth.
_________________
« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Une guitare-luth (et non pas une mandoline) ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Très bon achat ! J'adore.
_________________
« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
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