Versailles, la Petite Venise
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Versailles, la Petite Venise
Quand nous traversons les jardins de Versailles et que nous longeons le Grand Canal, à droite du Tapis vert, en direction de Trianon, nous traversons ce qui fut la Petite Venise . C'est un bel endroit bien sympathique puisque des restaurants nous y invitent au souvenir en cassant une petite graine...
Nous y sommes . C'est ici qu'était installée la Petite Venise de Versailles, véritable petit port de plaisance versaillais de nos derniers rois, mais pas seulement .
Tout avait commencé par un cadeau au roi de France ...
"La Sérénissime avait offert à Louis XIV quatre gondoles, qui parviendront au château de Versailles pendant l'hiver 1674, accompagnées de leurs gondoliers. On en comptera bientôt jusqu'à quatorze, certaines d'apparat, toutes dorées, d'autres "de suite", les noires traditionnelles. La République de Venise préservant jalousement le secret de leur fabrication et craignant l'espionnage, des familles de marins vénitiens s'installent alors à Versailles pour les manoeuvrer et les entretenir. On les loges avec d'autres matelots de la flottille royale dans un ensemble de bâtiments proches du Grand Canal, une sorte d'arsenal qui prend très rapidement le nom de "Petite Venise". Quelques-unes de ces familles ont fait souche à Versailles et ont francisé leurs noms."
JJ Agaillon - connaissance des Arts, juin 2011
Jean-Baptiste Colbert a joué un rôle décisif dans le développement de la flottille du Grand Canal de Versailles. Cette « petite marine » est en quelque sorte, à une échelle réduite, l’illustration de son action à l’échelle nationale du renouveau de la Marine française .
En effet, la flottille du Grand Canal présentait une rare diversité. Certains se sont même hasardés à présenter cette dernière comme un outil pédagogique élaboré par Colbert afin de sensibiliser Louis XIV à l’importance stratégique de la marine. D’autres réfutent cette thèse, considérant que le souverain témoignait d’un intérêt certain pour le développement de cette dernière. Il assistait en effet à de nombreuses réunions sur ce sujet avec ses ministres.
On peut affirmer que Colbert souhaitait réunir la plus grande variété de bâtiments selon une démarche encyclopédique. Ces derniers n’étaient pas uniquement perçus comme outils de promenade. Ils avaient, de surcroît, une fonction symbolique. Le nombre et la grande richesse des bâtiments français et étrangers ne font que confirmer cette émulation hors du commun qui régnait autour du Grand Canal. En effet, si Colbert avait suivi un raisonnement purement rationnel, fondé sur leur fonctionnalité, il aurait vraisemblablement écarté la construction de certains bâtiments. Par ailleurs, les frais onéreux de ces constructions luxueuses auraient pu freiner ses velléités. C’était sans compter avec le grand dessein du roi pour Versailles et la démesure de cette cour, toujours en quête de magnificence.
La grande particularité de cette flottille réside dans son aspect scientifique, le Grand Canal servant de prétexte à des expérimentations poussées. La flottille est en effet intimement liée au mouvement de renouvellement et d’harmonisation de la construction navale au XVIIIème siècle. Colbert suivait attentivement les travaux entrepris pour le Grand Canal et son successeur, le marquis de Louvois, tint à poursuivre cette entreprise. Ils ont ainsi mobilisé un nombre important d’acteurs veillant, chacun selon sa mission, au bon fonctionnement de la flottille, à l’enregistrement des commandes et à leur acheminement jusqu’à Versailles. Loin d’exécuter des bâtiments de pacotille, les meilleurs maîtres charpentiers – calfats, sculpteurs, doreurs – se relayaient au contraire pour offrir au roi et à sa cour leur meilleur savoir-faire.
La Petite Venise recrute donc un personnel qualifié et spécialisé.
En écho à cette rigueur, on constate une organisation centralisée, ramifiée à travers toute la France. La surintendance des Bâtiments dispose de correspondants à des points stratégiques, relayant l’autorité de tutelle, et surveillant le bon déroulement des opérations. Les bâtiments sont ainsi construits dans les ports de France, puis acheminés à Versailles. Sur place, une équipe de charpentiers, matelots et calfats est disponible en permanence pour aider au remontage. Des logements sont expressément construits à cet effet près du Grand Canal, ce qui permet au personnel compétent de demeurer sur place. Nous ne reviendrons pas sur la vie quotidienne de cette équipe, qui a fait l’objet d’une étude approfondie. Il faut néanmoins préciser que les conditions d’entrée à la Petite Venise sont strictes et que la coexistence de personnes aux compétences et de nationalités différentes aboutit à l’adoption d’un règlement en 1731. Ce dernier vise à encadrer le déroulement du travail quotidien, ainsi que la vie privée des employés.
La flottille du Grand Canal de Versailles à l’époque de Louis XIV : diversité, technicité et prestige
Il ne fait nul doute que la réunion de ces différents bâtiments participait à la manifestation de la grandeur du roi. Cependant, elle ne saurait être étudiée sous ses seuls aspects esthétique, ludique, et festif, mais elle mérite d’être appréhendée également dans sa dimension scientifique. En effet, la flottille de Louis XIV n’était pas uniquement constituée de bâtiments de plaisance de type chaloupes, gondoles et canots, mais réunissait aussi des vaisseaux de hauts bords (marine de guerre et marchande) avec des frégates, des galères, des heux, des brigantins… Elle était, en cela, intimement liée à l’histoire de la Marine française.
D’autre part, pour répondre à une démarche encyclopédique, on fit venir des bâtiments typiques d’une région ou d’un pays donné (gondole, piote de Venise, yachts d’Angleterre…). De plus, le Grand Canal servit de prétexte à des expérimentations techniques : des inventeurs proposèrent à la surintendance des Bâtiments du roi d’y tester leurs machines. Enfin, la construction de ces prestigieux bâtiments suivait un processus bien défini. Commandés dans les ports de France, ils étaient pour la plupart acheminés par voie fluviale et en pièces détachées. Des correspondants surveillaient le transport et l’approvisionnement des pièces pour le remontage.
http://mavenise.blogspot.com/2011/06/la-petite-venise-versailles.html
Nous connaissons bien cette image de la douceur de vivre, au fil de l'eau, de la famille royale ...
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles, la Petite Venise
Mme de Sabran a écrit:
Nous connaissons bien cette image de la douceur de vivre, au fil de l'eau, de la famille royale ...
Le canot représenté est celui de Marie-Antoinette, nous le présentons ici : Le canot de Marie-Antoinette.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Versailles, la Petite Venise
Une flottille unique par sa diversité
La flottille de Versailles se distingue, de prime abord, par la multitude de ses bâtiments, à la fois français et étrangers. Par ailleurs, se côtoient sur le Grand Canal aussi bien des bâtiments de plaisance (chaloupes et gondoles), que de véritables vaisseaux de haut bord, sans oublier des navires marchands. J'ai un mal fou à imaginer cela . Il faut donc que le Grand Canal ait une profondeur considérable !
Au départ, des bâtiments de taille modeste sont construits pour la promenade. Ils ont l’avantage d’être facilement maniables, sans requérir de compétences particulières. Dès 1669, on compte parmi la flottille un canot pour le roi construit à Toulon. Il y eut plusieurs autres canots mais leur nombre est difficile à évaluer, car ils sont peu cités. Un état de 1698 évoque « trois petits méchants canots ( ) y compris celui de la pièce des Suisses ». La même année, cinq chaloupes, de couleurs différentes, sont construites au Havre par le charpentier Jean Esnault. On en commande six autres par l’entremise de l’ingénieur Le Roy, dans ce même port, en 1676.
Jean-Baptiste Chaillé, charpentier au Havre de Grâce, est chargé de leur réalisation.
Luxueusement ornées par Philippe Caffiéri, elles sont dorées et peintes .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles, la Petite Venise
Il faut donc que le Grand Canal ait une profondeur considérable !
Eh bien non . Le Grand Canal fait
- Profondeur: 2 m
- Largeur: 62 m
- Longueur: 1,8 km
Les gros navires présentés à la Petite Venise étaient donc sans quilles ???!!!
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles, la Petite Venise
Oui, peut-être à fond plat, comme les péniches. C’était d’ailleurs le cas du Bucentaure à Venise.
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Versailles, la Petite Venise
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles, la Petite Venise
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Versailles, la Petite Venise
Il y eut jusqu'à sept chaloupes, dont la Langeronne du marquis de Langeron . Un document précise qu’en 1697, trois d’entre elles ont été prêtées, une pour Marly et deux pour Fontainebleau. Ce ne devait pourtant pas être une mince affaire que de les transporter !
Pour se " distinguer ", la flottille réunit également des embarcations traditionnelles, typiques d’une région donnée. Par exemple une yole bleue en 1674, et une piote ( le marquis de Bombelles dit " péote " ) à la mode de Venise en 1688. Une chaloupe biscayenne est achetée en 1669. Des gondoles de Venise sont offertes à Louis XIV, durant l’hiver 1674, accompagnées de quatre gondoliers, par le Doge.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles, la Petite Venise
Le Grand Canal, théâtre d’expérimentation
Le Grand Canal accueille des essais techniques dont l’enjeu est de contribuer, entre autres, au perfectionnement et à l’uniformisation des constructions navales françaises.
Exceptionnelle par sa diversité, la flottille l’est aussi par la qualité de ses bâtiments. Leur processus de construction est très bien maîtrisé et organisé, grâce à une centralisation des pouvoirs qui engendre une répartition des compétences en des points stratégiques.
La constitution de la flottille nécessite une organisation rigoureuse qui mobilise un nombre d’acteurs important. En effet, les commandes sont passées dans les ports de France, selon un processus défini. Le surintendant des Bâtiments du roi et le commandant du canal vont envisager des projets de construction selon leurs besoins. Ils passent alors une commande auprès de l’intendant du port compétent au Havre de Grâce, à Dunkerque, à Toulon ou à Marseille. Les meilleurs maîtres charpentiers se mettent alors à l’ouvrage, et surveillent la construction, qui doit être réalisée promptement.
Une fois achevés, les bâtiments sont en principe démontés et mis en pièces détachées ( Ah bien-sûr, c'est donc ça !!! Quel boulot !!! ) pour être acheminés plus aisément à Versailles. Lorsqu’ils sont remontés à la Petite Venise, on demande au charpentier de se déplacer pour surveiller le bon assemblage des pièces.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles, la Petite Venise
Cher Goguelat, je propulse votre message, dont je vous remercie, et le dessin de Bettini de cette embarcation à " manettes " , dans notre sujet sur la flottille du Grand Canal.
Goguelat a écrit:Un autre croquis de Bettini représente un projet assez étrange qu'il a conçu pour un petit bateau, propulsé manuellement (par des manettes de chaques côtés), pour Marie-Antoinette pour le Petit Trianon (?) .... et il a représenté "de façon effrontée", nous dit-on, Marie-Antoinette aux manettes!
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles, la Petite Venise
Pas exactement Eléonore, même si le désastre artistique reste le même
Les décorations en bois sculpté et doré furent démontées et brûlées sur les ordres de Bonaparte pour en récupérer l'or (plus de 20 kg me semble-t-il). La galère ainsi mise à nue servit de prison et fut désarmée bien des années après.
J'en avais parlé ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2377p25-voir-venise-et-mourir
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Versailles, la Petite Venise
Alors, le tableau nous présente la scène de manière erronée car le navire y est intact, livré aux soldats armés de torches .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles, la Petite Venise
Mme de Sabran a écrit:Alors, le tableau nous présente la scène de manière erronée car le navire y est intact, livré aux soldats armés de torches .
Mais oui ! Ce n'est pas par ce que les français se comportèrent en pillards cupides qu'ils détruisirent pour autant intégralement le navire
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Versailles, la Petite Venise
Stupéfiant ! Moi qui prenais la Petite Venise pour un port d'opérette sur une mare à canards, me voilà bien feinté . Excusez les propos d'un vieux loup de mer . Le coup d'oeil devait être magnifique dès le bassin de Latone et les courtisans se presser comme au spectacle .
Je suppose que ces exhibitions n'avaient plus cours sous Louis XVI ?
Je suppose que ces exhibitions n'avaient plus cours sous Louis XVI ?
Monsieur de la Pérouse- Messages : 504
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Versailles, la Petite Venise
Ce plan fut dessiné par l'agence d'architecture de Frédéric Nepveu, (qui fut notamment architecte des châteaux de Versailles et Compiègne sous Louis Philippe) présente les bâtiments de la Petite Venise en 1840.
Plan de la Petite Venise, parc de Versailles
Agence Frédéric Nepveu
Le 1er décembre 1840
Photo : Château de Versailles
Magasins et hangar pour la construction des bateaux
Plan de la Petite Venise, parc de Versailles
Agence Frédéric Nepveu
Le 1er décembre 1840
Photo : Château de Versailles
Magasins et hangar pour la construction des bateaux
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Versailles, la Petite Venise
Merci, cher la nuit, la neige.
Cela semble de vastes locaux !
Monsieur de la Pérouse a écrit:
Je suppose que ces exhibitions n'avaient plus cours sous Louis XVI ?
Je le suppose aussi .
Les fastes du Grand Siècle n'étaient plus qu'un lointain souvenir .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles, la Petite Venise
Dès 1669, Louis XIV eut sur le Canal des chaloupes ou galiotes construites par l'ingénieur Leroy, peintes, dorées et sculptées par d'habiles artistes. Les banderoles de ces chaloupes étaient de damas façon de Gènes, rouge et blanc; elles étaient ornées de tentures de soie frangées d'or ; leurs cordages étaient en fleuret cramoisi et aurore.
En 1670, le Roi voulut avoir un vaisseau sur le Canal ; ses 32 petits canons coûtèrent 20,599 livres et furent sculptés par Gaspard Marsy. En 1681-1686, M. de Langeron, l'un des principaux officiers de la marine royale, construisit un nouveau vaisseau, et Chabert, habile constructeur de Marseille, une galère. Philippe Caffieri et Briquet sculptèrent les nouveaux bâtiments. Le Roi monta sur son vaisseau le 14 juin 1686.
On avait fait venir, dès 1669, des matelots du Havre et, pour ramer, quelques forçats. Les Comptes des Bâtiments de 1678 mentionnent deux forçats, dont chacun coûte 350 livres pour « sa nourriture ». Ce devait être la dolce vita pour des forçats de ramer sur le Grand Canal où ils n'étaient certainement pas rudoyés et fouettés . Cela eût fait mauvais effet ...
Dès 1676 nous trouvons quatre gondoliers vénitiens, qui touchent 4800 livres de gages et 1600 livres de gratification. Deux avaient des vestes de brocart cramoisi, or et argent, avec boutons à queue et ornements en or, des jarretières de soie cramoisie, et des bas cramoisis ; les deux autres étaient habillés en damas et taffetas de même couleur. Tous étaient chaussés en escarpins.
Les autres matelots, moins richement vêtus, avaient tous cependant des habits fort propres, rouges et bleus. Le personnel du Canal, composé de matelots, charpentiers, calfats, était d'environ 60 hommes, coûtait 10,500 livres et avait pour capitaine un sieur Consolins, de Marseille.
Les mariniers ordinaires n'étant pas assez nombreux pour les fêtes, on prenait alors des mariniers extraordinaires pour ramer et conduire les invités du Roi. Quand les mariniers ordinaires n'avaient rien à faire, ils arrachaient les herbes du Canal.
( Quelle polyvalence ! )
En 1685, le capitaine Consolins fut remplacé par le chevalier Paulin, et se retira avec une pension de 2000 livres. « Le Roi fait venir, dit Dangeau les trois compagnies qui étoient en Flandre pour les frégates, et qu'on laissoit d'ordinaire à Condé. Ces trois compagnies font en tout 260 hommes Tous ces soldats-là savent ramer; il y en aura 60 par jour qui seront toujours prêts quand le Roi ou les courtisans voudront s'embarquer sur le Canal. »
Le chevalier Paulin et les deux autres capitaines avaient l'ordre d'être toujours avec leurs officiers subalternes à bord du Canal, et de mener les gens qui voulaient s'embarquer.
La première gondole fut donnée à Louis XIV par la république de Venise. Elle arriva de Venise, toute dorée, en 1679; amenée par eau jusqu'à Rouen, elle fut voiturée de Rouen à Versailles. En 1685, on fit venir de Venise deux nouveaux gondoliers, deux charpentiers et douze paquets de rames. En 1687, le nombre des gondoliers vénitiens est de quatorze. Ce personnel vénitien logeait dans les bâtiments situés à la tête du Canal et qui portent encore le nom de la Petite-Venise. D'autres mariniers demeuraient dans le pavillon qui est en face de la grille du jardin, dite grille de la Ménagerie.
Le Canal servait aux fêtes de Louis XIV, et de route pour aller agréablement à Trianon ou à la Ménagerie. Dans ces promenades, les galères et les gondoles qui accompagnaient celle qui portait les invités étaient remplies de musiciens, de trompettes et de timbaliers qui ne cessaient de jouer.
Souvent on mangeait dans le bateau. Le 23 juin 1686, le Roi soupa dans sa barque, Monseigneur et la Dauphine dans la leur. Le 18 mai 1697, la duchesse de Bourgogne, allant pour la première fois sur le Canal, fit collation dans sa gondole. Pendant les belles nuits d'été, la duchesse de Bourgogne et M"" la Duchesse montaient en gondole à deux heures du matin, avec leurs dames, et se promenaient jusqu'au lever du soleil. D'autres fois la promenade se faisait en carrosse autour du Canal. En hiver, les jeunes ducs de Bourgogne et de Berry allaient glisser ou patiner sous les yeux de Mme de Maintenon et de la duchesse de Bourgogne. Le duc de Bourgogne s'amusait à y pêcher et le Roi à voir pêcher.
Vue du Grand canal du château de Versailles sur lequel stationnent des navires de la flottille du roi entourés de nombreuses chaloupes ; au premier plan, chaloupe de Louis XIV munie d’un dais, suivie et précédée d’autres embarcations dans lesquelles ont pris place de nombreuses courtisans et dignitaires, musiciens à gauche, personnels de bouche à droite présentant des mets ; sur les quais, foule de spectateurs et carrosses.
C'était vraiment Versailles plage ...
https://archive.org/stream/lechateaudeversa02duss/lechateaudeversa02duss_djvu.txt
En 1670, le Roi voulut avoir un vaisseau sur le Canal ; ses 32 petits canons coûtèrent 20,599 livres et furent sculptés par Gaspard Marsy. En 1681-1686, M. de Langeron, l'un des principaux officiers de la marine royale, construisit un nouveau vaisseau, et Chabert, habile constructeur de Marseille, une galère. Philippe Caffieri et Briquet sculptèrent les nouveaux bâtiments. Le Roi monta sur son vaisseau le 14 juin 1686.
On avait fait venir, dès 1669, des matelots du Havre et, pour ramer, quelques forçats. Les Comptes des Bâtiments de 1678 mentionnent deux forçats, dont chacun coûte 350 livres pour « sa nourriture ». Ce devait être la dolce vita pour des forçats de ramer sur le Grand Canal où ils n'étaient certainement pas rudoyés et fouettés . Cela eût fait mauvais effet ...
Dès 1676 nous trouvons quatre gondoliers vénitiens, qui touchent 4800 livres de gages et 1600 livres de gratification. Deux avaient des vestes de brocart cramoisi, or et argent, avec boutons à queue et ornements en or, des jarretières de soie cramoisie, et des bas cramoisis ; les deux autres étaient habillés en damas et taffetas de même couleur. Tous étaient chaussés en escarpins.
Les autres matelots, moins richement vêtus, avaient tous cependant des habits fort propres, rouges et bleus. Le personnel du Canal, composé de matelots, charpentiers, calfats, était d'environ 60 hommes, coûtait 10,500 livres et avait pour capitaine un sieur Consolins, de Marseille.
Les mariniers ordinaires n'étant pas assez nombreux pour les fêtes, on prenait alors des mariniers extraordinaires pour ramer et conduire les invités du Roi. Quand les mariniers ordinaires n'avaient rien à faire, ils arrachaient les herbes du Canal.
( Quelle polyvalence ! )
En 1685, le capitaine Consolins fut remplacé par le chevalier Paulin, et se retira avec une pension de 2000 livres. « Le Roi fait venir, dit Dangeau les trois compagnies qui étoient en Flandre pour les frégates, et qu'on laissoit d'ordinaire à Condé. Ces trois compagnies font en tout 260 hommes Tous ces soldats-là savent ramer; il y en aura 60 par jour qui seront toujours prêts quand le Roi ou les courtisans voudront s'embarquer sur le Canal. »
Le chevalier Paulin et les deux autres capitaines avaient l'ordre d'être toujours avec leurs officiers subalternes à bord du Canal, et de mener les gens qui voulaient s'embarquer.
La première gondole fut donnée à Louis XIV par la république de Venise. Elle arriva de Venise, toute dorée, en 1679; amenée par eau jusqu'à Rouen, elle fut voiturée de Rouen à Versailles. En 1685, on fit venir de Venise deux nouveaux gondoliers, deux charpentiers et douze paquets de rames. En 1687, le nombre des gondoliers vénitiens est de quatorze. Ce personnel vénitien logeait dans les bâtiments situés à la tête du Canal et qui portent encore le nom de la Petite-Venise. D'autres mariniers demeuraient dans le pavillon qui est en face de la grille du jardin, dite grille de la Ménagerie.
Le Canal servait aux fêtes de Louis XIV, et de route pour aller agréablement à Trianon ou à la Ménagerie. Dans ces promenades, les galères et les gondoles qui accompagnaient celle qui portait les invités étaient remplies de musiciens, de trompettes et de timbaliers qui ne cessaient de jouer.
Souvent on mangeait dans le bateau. Le 23 juin 1686, le Roi soupa dans sa barque, Monseigneur et la Dauphine dans la leur. Le 18 mai 1697, la duchesse de Bourgogne, allant pour la première fois sur le Canal, fit collation dans sa gondole. Pendant les belles nuits d'été, la duchesse de Bourgogne et M"" la Duchesse montaient en gondole à deux heures du matin, avec leurs dames, et se promenaient jusqu'au lever du soleil. D'autres fois la promenade se faisait en carrosse autour du Canal. En hiver, les jeunes ducs de Bourgogne et de Berry allaient glisser ou patiner sous les yeux de Mme de Maintenon et de la duchesse de Bourgogne. Le duc de Bourgogne s'amusait à y pêcher et le Roi à voir pêcher.
Vue du Grand canal du château de Versailles sur lequel stationnent des navires de la flottille du roi entourés de nombreuses chaloupes ; au premier plan, chaloupe de Louis XIV munie d’un dais, suivie et précédée d’autres embarcations dans lesquelles ont pris place de nombreuses courtisans et dignitaires, musiciens à gauche, personnels de bouche à droite présentant des mets ; sur les quais, foule de spectateurs et carrosses.
C'était vraiment Versailles plage ...
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles, la Petite Venise
Pendant la régence, le 25 mai 1717, Pierre le Grand visita le parc et Trianon, et alla en gondole de Trianon à la Ménagerie. Mais, dès cette année, le Régent, trouvant la dépense trop considérable, licencia une partie de la marine du Canal ; il renvoya à Venise les gondoliers, dont l'un était à Versailles depuis trente-quatre ans. En 1736, le marquis d'Antin était commandant du Canal; il avait sous ses ordres : un capitaine des matelots, trois gondoliers, dix matelots et six charpentiers ou calfats Le sculpteur, Magnonais, est employé à la décoration des chaloupes, en 1730.
Le goût des promenades en gondole n'existait plus. Ce n'est que par hasard, et au début du règne, qu'on trouve encore Louis XV se promenant sur une frégate, en 1726. Les plaisirs de la Cour de Louis XIV n'étaient plus de mode.
Le goût des promenades en gondole n'existait plus. Ce n'est que par hasard, et au début du règne, qu'on trouve encore Louis XV se promenant sur une frégate, en 1726. Les plaisirs de la Cour de Louis XIV n'étaient plus de mode.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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