Charles-Gilbert Romme

Je suis toujours dans le sillage du chevalier de Corberon, diplomate français à la Cour de Catherine II.  
Et nous voilà partis souper    chez son bon ami, chez le comte Strogonof, à une campagne charmante qui est à Kaminiostrof, sur le bord de la rivière; et pendant que l'on jouait, le chevalier causait avec un dénommé Romme, gouverneur du jeune Strogonof.
 Le comte avait connu Charles-Gilbert Romme à Paris, en 1779.

L'impression que Romme fit sur Corberon :

Romme est un garçon de trente ans fort instruit et très curieux surtout en histoire naturelle. Il m'a développé une idée assez ingénieuse qu'il a sur la formation des comètes et des planètes. Il prétend qu'au lieu d'être formées par une comète, selon Buffon, ces planètes, ainsi que les comètes, sont des éclaboussures de la matière ignée du soleil, qui par la force centrifuge que lui donne son mouvement de rotation, lance loin de lui des parties de son liquide igné, lesquelles parties se refroidissent insensiblement en raison du temps de leur naissance, ce qui rentre dans le système de Bailly . Cette idée est venue à la suite de quelques réflexions faites sur les habitants de la Sibérie, qui descendent des Scythes. Il est probable qu'il y a eu avant les Sibériens actuels un peuple civilisé, et l'on voit chez eux des traces de travaux anciens de mines, dont on trouve dans la terre les instruments, semblables à ceux dont se servoient les Romains dans les mines des Pyrénées.
Lorsqu'on demande aux Sibériens quel étoit le nom de leurs pères, ils vous répondent par un mot qui, dans leur langue signifie Scvthe.

https://archive.org/stream/undiplomatefran02corbuoft/undiplomatefran02corbuoft_djvu.txt

Nous connaissions déjà Charles-Gilbert Romme pour l'avoir vu travailler avec Fabre d'Eglantine à l'élaboration du calendrier républicain .
Notre sujet :  
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3289-le-calendrier-republicain?highlight=calendrier




En effet voilà un homme tout acquis à la Révolution, qui en janvier 1790,  créera à Paris le « Club des Amis de la loi » avec  Théroigne de Méricourt, sera élu le 10 septembre 1791 à l’Assemblée législative, où il participera avec Condorcet au Comité d'instruction publique.   En septembre 1792,  il siège sur les bancs de la Montagne, par le département du Puy-de-Dôme, dans un groupe qu'on surnomme les « crêtois »  .
En janvier 93, il vote la mort du roi .

Le 1er prairial an III, l'émeute populaire envahit la Convention. Dans la cohue, un conventionnel, Féraud, est assassiné, sa tête promenée au bout d'une pique. La séance est suspendue mais reprend dans la soirée : les représentants « crêtois », dont Romme, font voter une série de lois favorables aux émeutiers— à la fin de la séance, quatorze députés sont placés en état d'arrestation. Onze d'entre eux sont déférés devant une commission militaire, dont six (Bourbotte, Duquesnoy, Duroy, Goujon, Romme et Soubrany) sont condamnés à mort le 29 prairial an III après avoir été un moment emprisonnés au château du Taureau en baie de Morlaix.
Ils tentent de se suicider à l'audience ; trois d'entre eux, parmi lesquels Gilbert Romme, y parviennent. Alors qu'ils descendent l'escalier pour monter dans la charrette, Goujon sort un couteau caché, se frappe au cœur, et le passe à Romme. « Je meurs pour la République » sont ses derniers mots. On les surnommera par la suite les « martyrs de Prairial ». « They were the Ultimi Romanorum (ils ont été les derniers des Romains) » écrira Carlyle.

Romme avait 46 ans.

( Merci Wiki )