Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
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La nuit, la neige
Mme de Sabran
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Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
Le château Malromé à la lumière de Toulouse-Lautrec
Par Philippe Viguié-Desplaces
L'allée qui conduit au château, bordée de cyprès, contourne une étendue herbeuse sans ostentation. Mi-parc, mi-jardin, la prairie vient lécher les murs de ce qui fut durant près d'un demi-siècle (de 1883 à 1930), la propriété de la comtesse de Toulouse-Lautrec. La demeure fut pour son fils Henri un refuge heureux que réchauffait l'amour passionné d'une mère. C'est dans ses bras qu'il s'est éteint à Malromé, le 9 septembre 1901, laissant ces quelques mots s'échapper du bout des lèvres: «Maman, rien que vous…»
Cette maman, Adèle Tapié de Céleyran (1841-1930), a épousé son cousin germain, le comte Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa (1838-1913). Henri paiera très cher la consanguinité de ses parents. Il souffre de la la pycnodysostose, maladie des os de verre. Elle lui est diagnostiquée quand il se brise un fémur et puis l'autre . On essaye de le guérir au moyen de décharges électriques et en lui plaçant à chaque pied une grande quantité de plomb. En vain. Il sera infirme et passablement difforme toute sa vie . Son père ne trouve rien de mieux à faire que de les planter là, sa mère et lui .
Moi qui adore les gloriettes, en voici une tout à fait ravissante !
Les appartements privés de la comtesse de Toulouse-Lautrec sont désormais remeublés (un peu trop). Sur la dizaine de pièces que l'on visite, la bibliothèque est la plus intéressante. Sur un pan de mur, Henri de Toulouse-Lautrec a peint le visage du maître de chai de sa mère. Un émouvant petit chef-d'œuvre livré à notre admiration dans une fraîcheur brute.
L'amiral est la dernière oeuvre de Lautrec. Il l'a peinte à Malormé alors qu'à la suite des complications de son alcoolisme et de sa syphilis, il est paralysé dans son fauteuil.
Henri n'avait que quatorze ans quand il peint cette admirable tête de cheval .
A seize ans, il se paye la tête de son père en le représentant en cocher de cette diligence.
Il faut dire que ce père est un rustre qui ne comprend nullement le génie de son fils et lui interdit formellement de signer ses barbouillages du nom illustre des Toulouse-Lautrec.
Saurez-vous reconnaître Lautrec : il est là parmi ses meilleurs amis .
Tenez, plus distinctement :
... car les oeuvres que nous retrouvons à Malromé sont des copies . Les originaux sont à Albi, Orsay ou ailleurs ...
Ils nous sont offerts par Google images, merci !
Les femmes retroussées jusqu'à la taille que nous voyons à droite de la cheminée sont des filles de joie qui défilent devant le médecin et tremblent de s'entendre annoncer qu'elles ont contracté la syphilis.
Bien que ces vaches de bourgeois, bien que ces vaches de bourgeois
Les appellent des filles de joie, les appellent des filles de joie
C'est pas tous les jours qu'elles rigolent, parole, parole
C'est pas tous les jours qu'elles rigolent
Car même avec des pieds de grue, car même avec des pieds de grue
Faire les cent pas le long des rues, faire les cent pas le long des rues
C'est fatigant pour les guibolles, parole, parole
C'est fatigant pour les guibolles
Non seulement elles ont des cors, non seulement elles ont des cors
Des œils de perdrix mais encore, des œils de perdrix mais encore
C'est fou ce qu'elles usent de grolles, parole, parole
C'est fou ce qu'elles usent de grolles
Y a des clients, y a des salauds, y a des clients, y a des salauds
Qui se trempent jamais dans l'eau, qui se trempent jamais dans l'eau
Faut pourtant qu'elles les cajolent, parole, parole
Faut pourtant qu'elles les cajolent
Qu'elles leur fassent la courte échelle, qu'elles leur fassent la courte échelle
Pour monter au septième ciel, pour monter au septième ciel
Les sous croyez pas qu'elles les volent, parole, parole
Les sous croyez pas qu'elles les volent
Partageant sa vie entre sa pieuse mère à Malromé et tous les mauvais lieux de Montmartre à Paris, Lautrec a une véritable affection pour le menu peuple interlope, les ratés, les joueurs, danseurs, comédiens et plus particulièrement les femmes, danseuses, filles de joie ...
Considéré comme « l’âme de Montmartre », le quartier parisien où il habite depuis son installation en 1884 au 19 bis, rue Fontaine, ses peintures décrivent la vie au Moulin-Rouge et dans d’autres cabarets et théâtres montmartrois ou parisiens. Il peint Aristide Bruant mais aussi la prostitution à Paris à travers les maisons closes qu’il fréquente et où, peut-être, il contracte la syphilis. Il a notamment une chambre à demeure à La Fleur blanche. Trois des femmes connues qu’il a représentées sont Jane Avril, la chanteuse Yvette Guilbert et Louise Weber, plus connue comme La Goulue, danseuse de cancan .
Elles sont méprisées du public, elles sont méprisées du public
Elles sont bousculées par les flics, elles sont bousculées par les flics
Et menacées de la vérole, parole, parole
Et menacées de la vérole
Bien qu'toute la vie elles fassent l'amour, bien qu'toute la vie elles fassent l'amour
Qu'elles se marient vingt fois par jour, qu'elles se marient vingt fois par jour
La noce est jamais pour leur fiole, parole, parole
La noce est jamais pour leur fiole
... en face, nous devinons de loin la clownesse
Fils de pécore et de minus, fils de pécore et de minus
Ris pas de la pauvre Vénus, ris pas de la pauvre Vénus
La pauvre vieille casserole, parole, parole
La pauvre vieille casserole
Il s'en fallait de peu mon cher, il s'en fallait de peu, mon cher
Que cette putain ne fût ta mère, que cette putain ne fût ta mère
Cette putain dont tu rigoles, parole, parole
Cette putain dont tu rigoles
... à l'étage
la chambre de la comtesse ...
... est séparée de celle de son fils par une salle de bain :
Lautrec mesurait un mètre cinquante-deux .
Nous voici ensuite dans la minuscule chambre du maréchal de Saint-Arnaud ( ), précédent propriétaire de Malromé .
Sa fiche WIKI ne nous rend guère sympathique le bonhomme !
Je vous propose maintenant de nous rendre à Verdelais tout proche , où Adèle et son fils allaient faire leur dévotions, où ils sont enterrés tous deux ... Nous y croiserons la duchesse d'Angoulême.
A suivre !
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
Le chevalier me dit : " tu triches, tous ces tableaux ne sont pas à Malromé, et Lautrec ne connaissait pas Brassens . "
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
Il a raison ! J'avoue .
Voici donc l'église de Verdelais, coiffée de sa haute Vierge dorée ...
C'est ici qu'Adèle et Henri viennent prier ...
Enfin Henri je ne sais pas, mais ce n'est pas grave : la comtesse a certainement de la religion pour deux .
La duchesse d'Angoulême à Verdelais .
Car la Vierge de Verdelais fait des miracles . Si, si !!!
En témoignent ces béquilles des handicapés ressortant de l'église en faisant des entrechats !
Voyez plutôt :
La Vierge n'a opéré de miracle ni pour la race des Bourbons, ni pour le jeune Henri de Toulouse-Lautrec ...
Il meurt à trente-six ans, à Malromé .
Alcoolique pendant la plus grande partie de sa vie d’adulte, il a eu l'habitude de mélanger à son absinthe quotidienne du cognac, au mépris des convenances de l'époque. Il a utilisé notamment le subterfuge d'une canne creuse pour cacher une réserve d'alcool.
Il a été admis dans un sanatorium peu avant sa mort.
Ses derniers mots sont pour son père, présent au moment de sa mort, faisant allusion aux goûts de cet aristocrate fantasque et passionné de chasse : « Je savais, papa, que vous ne manqueriez pas l'hallali. »
On cite aussi sa réaction lapidaire voyant son père, chasseur dans l'âme, tentant de toucher une mouche qui vole sur le lit de mort de son fils avec l'élastique d'une de ses bottines : « Le vieux con ! »
Que cela ne nous empêche pas d'aller nous recueillir un instant sur sa tombe .
Nous n'avons que la rue à traverser .
La malheureuse Adèle survivra trente ans à ce fils tellement aimé et désespérément couvé ...
Adeline Cromont, qui repose ici avec eux, fut la " Madame l'étiquette " ( si je puis dire ) d'Henri, une gouvernante autoritaire dont il avait horreur.
Notez les humbles offrandes sur la pierre tombale de fleurs et petits cailloux.
A la mort de son fils, le comte de Toulouse Lautrec aurait écrit à sa propre mère ( si la source n'est pas apocryphe ) :
« Malromé, 9 septembre 1901 : Ah chère Maman, que de tristesses. Dieu n'a pas béni notre union. Que sa volonté soit faite, mais c'est bien dur de voir renverser l'ordre de la nature. J'ai hâte de vous rejoindre après le triste spectacle de l'agonie longue de mon pauvre enfant si inoffensif, n'ayant jamais eu pour son père un mot enfiellé.
Plaignez-nous. Alphonse. »
Jouxtant le cimetière une petite montée grimpe vers une chapelle qui marque le début d'une figuration du Chemin de Croix avec ses quatorze haltes.
Elle nous mène ainsi jusqu'à un Golgotha .
Suivez-moi !
Regardez bien !
Il y a un petit moulin !!!
Courons-y !
Les ravissantes maisonnettes des gardiens du site .
https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_de_Toulouse-Lautrec
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
Une bien belle visite illustrée...
Merci beaucoup !
Merci beaucoup !
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
Merci Eléonore ! Un sujet 100% découverte en ce qui me concerne !
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
Merci pour ce reportage. Je ne connaissais pas ce lieu, que je découvre.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
Merci Eléonore pour ce très beau reportage illustré !
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
Splendide reportage, chère Eléonore. Cela donne envie d’aller voir ces lieux...
Mille fois merci ...
Mille fois merci ...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Le château de Malromé, demeure de Toulouse Lautrec
Et si nous nous faisions plaisir, les amis, avec un petit cancan jubilatoire de derrière les fagots, sur les rythmes endiablés de La Veuve Joyeuse , ça vous dit ?!!
Le vrai cancan, celui que la Goulue mit à la mode et dont Toulouse Lautrec était très fan, était canaille et scandaleux. Songez donc que ces dames portaient des petits pantalons très froufroutants fendus jusqu'à la taille par devant comme par derrière.
Allez, zou !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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