Olympe de Gouges
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Mme de Sabran
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
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Re: Olympe de Gouges
pour rectifier la présentation des adresses d'OLYMPE
en 1 13 RUE DU MAIL
en 2 270 RUE SAINT HONORE
en 3 4 RUE DU BUIS dans le village indépendant d'AUTEUIL
commence GRANDE RUE - pour se terminer RUE VERDERET
C'est une toute petite rue qui donne face à la VILLA MONTMORENCY
presque au coin de la RUE LA FONTAINE avec des immeubles très XIX°
en 4 20 RUE SERVANDONI
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
en 1 13 RUE DU MAIL
en 2 270 RUE SAINT HONORE
en 3 4 RUE DU BUIS dans le village indépendant d'AUTEUIL
commence GRANDE RUE - pour se terminer RUE VERDERET
C'est une toute petite rue qui donne face à la VILLA MONTMORENCY
presque au coin de la RUE LA FONTAINE avec des immeubles très XIX°
en 4 20 RUE SERVANDONI
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3719
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Olympe de Gouges
voici deux vues, avant et après - montrant la rue POUSSIN anciennement RUE VERDERET
sur l'image moderne - le batiment rouge est l'entrée de la VILLA MONTMORENCY en face vous avez deux rues
LA RUE ISABEY serait peut-être l'ancienne RUE DU BUIS, sinon l'autre est la RUE GIRODE que des noms de peintres, mais aucun intérêt pour retrouver la maison d'OLYMPE alors que pour les adresses de PARIS, les lieux sont toujours en place.
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
PS je vous rappelle qu'à PITHIVIERS la RUE OLYMPE DE GOUGES est célèbre car c'est l'adresse du POL EMPLOI !!!!!
sur l'image moderne - le batiment rouge est l'entrée de la VILLA MONTMORENCY en face vous avez deux rues
LA RUE ISABEY serait peut-être l'ancienne RUE DU BUIS, sinon l'autre est la RUE GIRODE que des noms de peintres, mais aucun intérêt pour retrouver la maison d'OLYMPE alors que pour les adresses de PARIS, les lieux sont toujours en place.
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
PS je vous rappelle qu'à PITHIVIERS la RUE OLYMPE DE GOUGES est célèbre car c'est l'adresse du POL EMPLOI !!!!!
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3719
Date d'inscription : 22/12/2013
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Localisation : P A R I S
Re: Olympe de Gouges
MARIE ANTOINETTE a écrit:le batiment rouge est l'entrée de la VILLA MONTMORENCY
Carla Bruni et Mylène Farmer seront ravies d'apprendre qu'elles voisinent avec le souvenir d'Olympe ! :
Gouverneur Morris- Messages : 11350
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Olympe de Gouges
Par rapport à la photo de JAG, je pense que le nom de rue est bien Servandoni, comme le dit Maurice puisqu'en regardant le nom de rue inscrit sur la route : le nom commence par un "S"
Invité- Invité
Re: Olympe de Gouges
Giovanni Niccolò Geronimo Servandoni, né à Florence le 2 mai 1695 et mort à Paris le 19 janvier 1766, est un peintre, décorateur de théâtre et architecte franco-italien.
Mme de Sabran- Messages : 54657
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Olympe de Gouges
Merci Mme de Sabran !
C'est l'architecte de Saint-Sulpice aussi, la toponymie des rues de Paris est bien faite
C'est l'architecte de Saint-Sulpice aussi, la toponymie des rues de Paris est bien faite
Gouverneur Morris- Messages : 11350
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Olympe de Gouges
N'est-ce pas !
Mme de Sabran- Messages : 54657
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Olympe de Gouges
Il y a 69 ans jour pour jour, les femmes votaient pour le première fois en France, aux éléctions municipales :
http://paris-ile-de-france.france3.fr/2014/04/16/celebration-du-70e-anniversaire-du-droit-de-vote-des-femmes-460399.html
http://paris-ile-de-france.france3.fr/2014/04/16/celebration-du-70e-anniversaire-du-droit-de-vote-des-femmes-460399.html
Gouverneur Morris- Messages : 11350
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Olympe de Gouges
... vieux motard que j'aimais !
Mme de Sabran- Messages : 54657
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Olympe de Gouges
;
La nuit, la neige a écrit:
L'article sur Olympe de Gouges, un peu trop succinct à mon goût, est trop difficile à condenser ici en recopiant quelques extraits.
Désolé. àè-è\':
Michel Onfray suit un plan chronologique des grands évènements qui précédent ou accompagnent la Révolution en y associant les actions et pensées d'Olympe.
Si l'on retient principalement aujourd'hui son engagement féministe (parce qu'il fait date), Michel Onfray présente également toutes les autres causes qu'elle a défendues : c'est une intellectuelle humaniste ET engagée (elle fait don de ses biens et de sa personne, veut être au coeur de l'action etc).
Son engagement extrême et ultime étant l'affrontement avec Robespierre : elle sait qu'elle se sacrifie, mais elle se persuade, espère, que ce n'est pas en vain.
J'en profite pour recopier ici le mot qu'elle écrit en prison, alors qu'elle sait qu'elle est condamnée.
Le portait/testament qu'elle souhaitait laisser à sa postérité (non cité dans l'article d'Onfray) :
Tout sera compté quand je ne serai plus. On apprendra au peuple tout ce que j'ai fait pour lui.
On lui dira :
"Cette femme que de vils assassins ont immolée fut ton soutien dans le grand hiver ; elle fut nommée la mère du peuple par tous les coeurs.
Par ses écrits humains et populaires, elle excita la bienveillance des riches et des gens de la Cour. Elle sut à propos les menacer du désespoir du peuple, et cette saine terreur émut toutes les âmes en faveur des pauvres et des ouvriers sans travail.
Elle indiqua les ateliers publics, elle donna le projet de l'impôt volontaire et tant d'autres projets aussi précieux pour la chose publique.
Elle fit plus, elle sacrifia sa fortune entière, elle méprisa la Cour et ses bienfaits, elle mourut pauvre.
Voilà la femme dont on t'a privé."
Oui, tout me force à croire qu'on tiendra ce langage sur mon compte. Le bien ne se perd jamais sur la terre ; l'expérience nous apprend que l'être vertueux qui fut persécuté dans sa vie recueille après sa mort les larmes de la reconnaissance et que sa mémoire est honorée.
Euh...non, m'dame. Ce n'est pas tout à fait comme ça que cela s'est passé. :roll:
Les jours suivants sa mort, la presse du moment continue de lui reprocher de s'être mêlée, en tant que femme, des affaires publiques.
Voici ce qu'écrit Chaumette (non cité dans l'article d'Onfray) :
Rappelez-vous, rappelez-vous cette virago, cette femme homme, l'impudente Olympe de Gouges qui, la première institua des sociétés de femmes, qui abandonna les soins de son ménage, voulut politiquer et commit des crimes.
Tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois.
Et, s'adressant aux femmes républicaines, il ajoute :
Vous voudriez les imiter ? Non, vous sentirez que vous ne serez intéressantes et vraiment dignes d'estime que lorsque vous serez ce que la nature a voulu que vous fussiez.
Nous voulons que les femmes soient respectées, c'est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes.
Je suppose qu'il est inutile que je commente cette dernière citation...
Mme de Sabran- Messages : 54657
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Olympe de Gouges
Article de Libération.fr publié ce 19 octobre
http://www.liberation.fr/france/2015/10/19/olympe-de-gouges-attend-encore-son-buste_1407122
Olympe de Gouges attend encore son buste
Par Laure Equy — 19 octobre 2015
Olympe devra encore patienter. Comme le révélait ce lundi dans les pages «Idées» de Libération, la philosophe Geneviève Fraisse, le buste d’Olympe de Gouges qui devait être dévoilé en grande pompe, mercredi matin à l’Assemblée nationale, n’est toujours pas prêt. Ce buste de la révolutionnaire, auteur d’une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) devait en principe trôner salle des Quatre-Colonnes, sur le passage qui mène les députés à l’hémicycle. Un projet lancé voilà plusieurs mois, sur lequel la présidence de l’Assemblée a beaucoup communiqué, se targuant d’accueillir dans ses murs, la première statue d’une femme personnage historique (toutes les autres statues du Palais bourbon sont des allégories). Cet été, le président (PS) Claude Bartolone, dévoilant une lettre autographe d'Olympe de gouges, avait même salué cette «femme extraordinaire qui eut l’audace de réclamer des droits pour les esclaves, les indigents et les femmes».
Las! L’Assemblée a confirmé à Libération qu’elle avait été avertie vendredi dernier du retard pris par les deux sculpteurs (choisis via un appel à projets) alors que les invitations étaient déjà lancées. Le modèle, lui, devait être livré ce lundi. La célébration de mercredi aura bien lieu pour rendre hommage aux 33 premières femmes élues députées il y a 70 ans, le 21 octobre 1945. Déjà recalée de la shortlist des panthéonisables, début 2014, Olympe de Gouges rejoindra le buste de Jean Jaurès à une date ultérieure.
fin du copié/collé
Olivier, colle uhu
http://www.liberation.fr/france/2015/10/19/olympe-de-gouges-attend-encore-son-buste_1407122
Olympe de Gouges attend encore son buste
Par Laure Equy — 19 octobre 2015
Olympe devra encore patienter. Comme le révélait ce lundi dans les pages «Idées» de Libération, la philosophe Geneviève Fraisse, le buste d’Olympe de Gouges qui devait être dévoilé en grande pompe, mercredi matin à l’Assemblée nationale, n’est toujours pas prêt. Ce buste de la révolutionnaire, auteur d’une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) devait en principe trôner salle des Quatre-Colonnes, sur le passage qui mène les députés à l’hémicycle. Un projet lancé voilà plusieurs mois, sur lequel la présidence de l’Assemblée a beaucoup communiqué, se targuant d’accueillir dans ses murs, la première statue d’une femme personnage historique (toutes les autres statues du Palais bourbon sont des allégories). Cet été, le président (PS) Claude Bartolone, dévoilant une lettre autographe d'Olympe de gouges, avait même salué cette «femme extraordinaire qui eut l’audace de réclamer des droits pour les esclaves, les indigents et les femmes».
Las! L’Assemblée a confirmé à Libération qu’elle avait été avertie vendredi dernier du retard pris par les deux sculpteurs (choisis via un appel à projets) alors que les invitations étaient déjà lancées. Le modèle, lui, devait être livré ce lundi. La célébration de mercredi aura bien lieu pour rendre hommage aux 33 premières femmes élues députées il y a 70 ans, le 21 octobre 1945. Déjà recalée de la shortlist des panthéonisables, début 2014, Olympe de Gouges rejoindra le buste de Jean Jaurès à une date ultérieure.
fin du copié/collé
Olivier, colle uhu
Olivier- Messages : 1007
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Olympe de Gouges
J'ai toujours pensé que chaque chose se faisait en temps et en heure. L'essentiel, c'est que cela se fasse bel et bien un jour prochain.... Olympe de Gouges continuera malgré tout à dormir tranquillement (quand elle n'a rien d'autre à faire : ) jusqu'au jour où son buste se trouvera dans la salle des Quatre-Colonnes. Elle doit probablement en discuter avec Jean Jaurès, non sans une pointe d'humour. Nous n'en doutons pas. :
Trianon- Messages : 3310
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Olympe de Gouges
Le duc de Berry à la Conciergerie ...
Comme je vous l'avais promis, je vous poste trois lettres d'Olympe de Gouges écrites pendant sa détention. Les deux premières sont adressées à Fouquier-Tinville et la dernière est sa lettre d'adieux à son fils, que évidemment Fouquier-Tinville s'est abstenu de lui transmettre et l'a gardé dans ses papiers comme toutes les autres.
Lettre d’Olympe de Gouges à l’accusateur public au tribunal révolutionnaire, le citoyen Fouquier-Tinville
A.N. W//150/d1 p 11.
De l’Abbaye le 29 juillet l’an II de la République
Je suis détenue dans les prisons depuis onze jours. J’ai été interrogée deux fois, plus d’humeur que de justice a produit le renvoi de cette inique arrestation devant vous. Quelque soit ma juste indignation pour la persécution atroce de quelques lâches ennemis, j’éprouve une douce satisfaction de paraître devant un homme aussi intègre qu’éclairé. J’ose espérer qu’au nom de l’innocence opprimée, vous voudriez accélérer mon premier interrogatoire devant vous, qui sera je pense l’époque de mon élargissement.
Après les salutations civiques d’une vraie républicaine.
Lettre d’Olympe de Gouges à l’accusateur public au tribunal révolutionnaire, le citoyen Fouquier-Tinville
A.N. W//151/d1 p 88.
De l’Abbaye le 6 août 1793
La multitude des affaires dont vous êtes surchargé vous a sans doute empêché de vous occuper d’une infortunée à laquelle on ne peut faire d’autres reproches que d’avoir servi sa patrie avec un zèle peu commun. Veille, fortune, repos, je lui ai tout sacrifié, et c’est de notoriété publique, à laquelle même mes ennemis sont forcés de convenir.
Citoyen, vous n’êtes pas sans connaître ce que j’avance, des hommes de mauvaise foi, payés sans doute par nos ennemis communs, ont trouvé jour de noircir l’innocence et de me traduire au tribunal révolutionnaire. Jusqu’à ce moment ce tribunal n’avait pas à prononcer sur une cause aussi intéressante que celle qui me concerne. Je ne demande ni pitié ni indulgence pour mon sexe, la loi seule sera mon plus fort appui. Citoyen je vous demande, au nom de l’humanité souffrante et de tout le bien que j’ai fait à mon pays, de mettre un terme à l’odieuse tyrannie dont je suis la victime depuis 20 jours.
J’ai fait une chute dangereuse dont les administrateurs et chirurgiens sont instruits, et cependant je ne peux obtenir de remèdes qui me sont convenables sous le spécieux prétexte que je devais sortir de jour en jour. D’après toutes ces observations, veuillez, je vous prie, accélérer mon interrogatoire. Je ne vous parle pas de reconnaissance, elle se trouve dans le cœur du vrai républicain quand on lui fournit les moyens de justifier l’innocence opprimée.
Lettre d’adieu d’Olympe de Gouges à son fils.
A.N. W//132, p 192
Au citoyen Fouquier, accusateur public du tribunal extraordinaire et révolutionnaire au Palais de justice à Paris.
Je meurs, mon cher fils, victime de mon idolâtrie pour la patrie et pour le peuple. Ses ennemis, sous le spécieux masque du républicanisme, m’ont conduite sans remords à l’échafaud.
Après cinq mois de captivité, je fus transférée dans une maison de santé où j’ai été libre comme chez moi. J’aurais pu m’évader, mes ennemis ni mes bourreaux ne l’ignorent pas, mais convaincue que toute la malveillance réunie pour me perdre ne pourrait parvenir à me reprocher une seule démarche contre la Révolution, j’ai demandé moi-même mon jugement. Pouvais-je croire que des tigres démuselés seraient juges eux-mêmes contre les lois, contre même ce public assemblé qui bientôt leur reprochera ma mort.
On me présente mon acte d’accusation trois jours avant ma mort. Dès l’instant de la signification de cet acte, la loi me donnait le droit de voir mes défenseurs et toutes les personnes de ma connaissance. On m’a tout intercepté, j’étais comme au secret, ne pouvant pas même parvenir à parler au concierge. La loi me donnait aussi le droit de choisir mes jurés, on me signifia la liste à minuit et, le lendemain matin à sept heures, on me fait descendre au tribunal, malade et faible et n’ayant pas l’art de parler au public, semblable à Jean-Jacques ainsi que par ses vertus, je sentis toute mon insuffisance.
Je demandai le défenseur que j’avais choisi, on me dit qu’il n’y est pas, ou qu’il ne voulait pas se charger de ma cause. J’en demande un autre à son défaut, on me dit que j’ai assez d’esprit pour me défendre. Oui, sans doute, j’en avais de reste pour défendre mon innocence qui parlait aux yeux de tous les assistants. Je ne nie pas ce qu’un défenseur aurait fait pour moi dans tous les services et bienfaits que j’ai rendu au peuple. Vingt fois j’ai fait pâlir mes bourreaux et, ne sachant que me répondre à chaque phrase qui caractérisait mon innocence et leur mauvaise foi, ils ont prononcé ma mort de crainte que le peuple opine d’une iniquité dont le monde n’a pas encore offert l’exemple.
Adieu mon fils, je ne serai plus quand tu recevras cette lettre, mais quitte ton état, l’injustice que l’on fait à ta mère et le crime que l’on commet envers elle.
Je meurs, mon fils, mon cher fils, je meurs innocente. On a violé toutes les lois pour la femme la plus vertueuse de son siècle*……la loi, rappelle-toi de mes prédications sans cesse.
Je laisse la montre de ta femme ainsi que la reconnaissance de ses bijoux au
Mont-de-Piété, le flacon et les clés de la malle que j’ai fait passer à Tours.
Olympes de Gouges
* Deux mots illisible
Comme je vous l'avais promis, je vous poste trois lettres d'Olympe de Gouges écrites pendant sa détention. Les deux premières sont adressées à Fouquier-Tinville et la dernière est sa lettre d'adieux à son fils, que évidemment Fouquier-Tinville s'est abstenu de lui transmettre et l'a gardé dans ses papiers comme toutes les autres.
Lettre d’Olympe de Gouges à l’accusateur public au tribunal révolutionnaire, le citoyen Fouquier-Tinville
A.N. W//150/d1 p 11.
De l’Abbaye le 29 juillet l’an II de la République
Je suis détenue dans les prisons depuis onze jours. J’ai été interrogée deux fois, plus d’humeur que de justice a produit le renvoi de cette inique arrestation devant vous. Quelque soit ma juste indignation pour la persécution atroce de quelques lâches ennemis, j’éprouve une douce satisfaction de paraître devant un homme aussi intègre qu’éclairé. J’ose espérer qu’au nom de l’innocence opprimée, vous voudriez accélérer mon premier interrogatoire devant vous, qui sera je pense l’époque de mon élargissement.
Après les salutations civiques d’une vraie républicaine.
Lettre d’Olympe de Gouges à l’accusateur public au tribunal révolutionnaire, le citoyen Fouquier-Tinville
A.N. W//151/d1 p 88.
De l’Abbaye le 6 août 1793
La multitude des affaires dont vous êtes surchargé vous a sans doute empêché de vous occuper d’une infortunée à laquelle on ne peut faire d’autres reproches que d’avoir servi sa patrie avec un zèle peu commun. Veille, fortune, repos, je lui ai tout sacrifié, et c’est de notoriété publique, à laquelle même mes ennemis sont forcés de convenir.
Citoyen, vous n’êtes pas sans connaître ce que j’avance, des hommes de mauvaise foi, payés sans doute par nos ennemis communs, ont trouvé jour de noircir l’innocence et de me traduire au tribunal révolutionnaire. Jusqu’à ce moment ce tribunal n’avait pas à prononcer sur une cause aussi intéressante que celle qui me concerne. Je ne demande ni pitié ni indulgence pour mon sexe, la loi seule sera mon plus fort appui. Citoyen je vous demande, au nom de l’humanité souffrante et de tout le bien que j’ai fait à mon pays, de mettre un terme à l’odieuse tyrannie dont je suis la victime depuis 20 jours.
J’ai fait une chute dangereuse dont les administrateurs et chirurgiens sont instruits, et cependant je ne peux obtenir de remèdes qui me sont convenables sous le spécieux prétexte que je devais sortir de jour en jour. D’après toutes ces observations, veuillez, je vous prie, accélérer mon interrogatoire. Je ne vous parle pas de reconnaissance, elle se trouve dans le cœur du vrai républicain quand on lui fournit les moyens de justifier l’innocence opprimée.
Lettre d’adieu d’Olympe de Gouges à son fils.
A.N. W//132, p 192
Au citoyen Fouquier, accusateur public du tribunal extraordinaire et révolutionnaire au Palais de justice à Paris.
Je meurs, mon cher fils, victime de mon idolâtrie pour la patrie et pour le peuple. Ses ennemis, sous le spécieux masque du républicanisme, m’ont conduite sans remords à l’échafaud.
Après cinq mois de captivité, je fus transférée dans une maison de santé où j’ai été libre comme chez moi. J’aurais pu m’évader, mes ennemis ni mes bourreaux ne l’ignorent pas, mais convaincue que toute la malveillance réunie pour me perdre ne pourrait parvenir à me reprocher une seule démarche contre la Révolution, j’ai demandé moi-même mon jugement. Pouvais-je croire que des tigres démuselés seraient juges eux-mêmes contre les lois, contre même ce public assemblé qui bientôt leur reprochera ma mort.
On me présente mon acte d’accusation trois jours avant ma mort. Dès l’instant de la signification de cet acte, la loi me donnait le droit de voir mes défenseurs et toutes les personnes de ma connaissance. On m’a tout intercepté, j’étais comme au secret, ne pouvant pas même parvenir à parler au concierge. La loi me donnait aussi le droit de choisir mes jurés, on me signifia la liste à minuit et, le lendemain matin à sept heures, on me fait descendre au tribunal, malade et faible et n’ayant pas l’art de parler au public, semblable à Jean-Jacques ainsi que par ses vertus, je sentis toute mon insuffisance.
Je demandai le défenseur que j’avais choisi, on me dit qu’il n’y est pas, ou qu’il ne voulait pas se charger de ma cause. J’en demande un autre à son défaut, on me dit que j’ai assez d’esprit pour me défendre. Oui, sans doute, j’en avais de reste pour défendre mon innocence qui parlait aux yeux de tous les assistants. Je ne nie pas ce qu’un défenseur aurait fait pour moi dans tous les services et bienfaits que j’ai rendu au peuple. Vingt fois j’ai fait pâlir mes bourreaux et, ne sachant que me répondre à chaque phrase qui caractérisait mon innocence et leur mauvaise foi, ils ont prononcé ma mort de crainte que le peuple opine d’une iniquité dont le monde n’a pas encore offert l’exemple.
Adieu mon fils, je ne serai plus quand tu recevras cette lettre, mais quitte ton état, l’injustice que l’on fait à ta mère et le crime que l’on commet envers elle.
Je meurs, mon fils, mon cher fils, je meurs innocente. On a violé toutes les lois pour la femme la plus vertueuse de son siècle*……la loi, rappelle-toi de mes prédications sans cesse.
Je laisse la montre de ta femme ainsi que la reconnaissance de ses bijoux au
Mont-de-Piété, le flacon et les clés de la malle que j’ai fait passer à Tours.
Olympes de Gouges
* Deux mots illisible
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54657
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Olympe de Gouges
Les deux premières lettres montrent qu'Olympe de Gouges avait, malgré sa détention, un brin d'humour (je m'en étais déjà rendu compte), surtout face à cette mauvaise graine de Fouquier-Thinville, du soi-disant Tribunal révolutionnaire. Quelle insulte à ce que l'on appelle normalement un tribunal.
La troisième lettre est si touchante. Cette femme, intelligente, avait une grande âme et un respect sincère pour le peuple français.
La troisième lettre est si touchante. Cette femme, intelligente, avait une grande âme et un respect sincère pour le peuple français.
Trianon- Messages : 3310
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Olympe de Gouges
Pour contrer les régressions souhaitées aux États-Unis et qui semblent être en train de se faire, même , vis-à-vis des femmes, voici une émission sur Olympe de Gouges : "Je meurs, mon cher fils, victime de mon idolâtrie pour la patrie et pour le peuple"
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/olympe-de-gouges-je-meurs-mon-cher-fils-victime-de-mon
Bien à vous !
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/olympe-de-gouges-je-meurs-mon-cher-fils-victime-de-mon
Bien à vous !
Invité- Invité
Re: Olympe de Gouges
Il s'agit d'un portrait en miniature, qui sera prochainement présenté à l'occasion d'une vente aux enchères organisée par l'étude Binoche et Giquello, le 29 novembre prochain, à Drouot Paris :
Charles-Guillaume-Alexandre BOURGEOIS (Amiens, 1759 - Paris, 1832)
Portrait de Madame Olympe de Gouges
En buste vers la gauche, de profil, en robe de voile blanc, un ruban rouge retenant sa coiffure retombant en mèches
Miniature ovale sur ivoire signée et datée en bas «an 6»
Dans un cadre en or ciselé, bordé de quarante perles fines
H. totale 5,6 cm - l. 4,7 cm
Note de la maison de vente au catalogue (extraits) :
Précieux document représentant Marie-Olympe Aubry de Gouges, pionnière du féminisme français, née le 7 mai 1748 à Montauban et guillotinée à Paris le 3 novembre 1793.
A vingt ans, tandis que le règne de Louis XV arrive sur sa fin, la jeune provinciale arrive à Paris et sous le nom de scène de «Olympe de Gouges» fréquente assidûment les écrivains et intellectuels qui gravitent autour du duc d'Orléans.
Elle s'offre de nombreux amants et écrit des pièces de théâtre et des romans dont le ton et les idées ne tardent pas à mûrir.
En 1785, elle publie pour le Théâtre-Français une violente dénonciation de l'esclavage.
Quand survient la Révolution Française en 1789, elle redouble d'activités, publie des brochures dans lesquelles elle réclame avant tout l'égalité des droits entre tous les citoyens «sans distinction de sexe, de couleur ou de revenu».
Elle plaide même pour le «droit au divorce» (et sera exaucée le 20 septembre 1792).
Son acte le plus audacieux interviendra en publiant une parodie de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen sous l'intitulé «Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne», avec une dédicace à la reine Marie-Antoinette : «La femme a le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune».
Arrêtée sur ordre de Robespierre et guillotinée le 3 novembre 1793, elle lança à la foule «Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort !»
Bibliographie
Nous rapprochons notre miniature au dessin conservé au musée Carnavalet, Paris (pierre noire, gouache blanche sur papier bleu, D.2863 - Collection Cabinet des Arts Graphiques) où la philosophe présente la même coiffure très libre pour l'époque.
A propos de Bourgeois, miniaturiste inventeur des profils en miniature, on consultera Schidlof, 1964, T. 1 et principalement le catalogue des miniatures du musée du Louvre, p. 56, n°59-60-61 pour les très rares miniatures de la première période de l'artiste.
* Source et infos complémentaires : http://www.binocheetgiquello.com/flash/index.jsp?id=87241&idCp=33&lng=
Charles-Guillaume-Alexandre BOURGEOIS (Amiens, 1759 - Paris, 1832)
Portrait de Madame Olympe de Gouges
En buste vers la gauche, de profil, en robe de voile blanc, un ruban rouge retenant sa coiffure retombant en mèches
Miniature ovale sur ivoire signée et datée en bas «an 6»
Dans un cadre en or ciselé, bordé de quarante perles fines
H. totale 5,6 cm - l. 4,7 cm
Note de la maison de vente au catalogue (extraits) :
Précieux document représentant Marie-Olympe Aubry de Gouges, pionnière du féminisme français, née le 7 mai 1748 à Montauban et guillotinée à Paris le 3 novembre 1793.
A vingt ans, tandis que le règne de Louis XV arrive sur sa fin, la jeune provinciale arrive à Paris et sous le nom de scène de «Olympe de Gouges» fréquente assidûment les écrivains et intellectuels qui gravitent autour du duc d'Orléans.
Elle s'offre de nombreux amants et écrit des pièces de théâtre et des romans dont le ton et les idées ne tardent pas à mûrir.
En 1785, elle publie pour le Théâtre-Français une violente dénonciation de l'esclavage.
Quand survient la Révolution Française en 1789, elle redouble d'activités, publie des brochures dans lesquelles elle réclame avant tout l'égalité des droits entre tous les citoyens «sans distinction de sexe, de couleur ou de revenu».
Elle plaide même pour le «droit au divorce» (et sera exaucée le 20 septembre 1792).
Son acte le plus audacieux interviendra en publiant une parodie de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen sous l'intitulé «Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne», avec une dédicace à la reine Marie-Antoinette : «La femme a le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune».
Arrêtée sur ordre de Robespierre et guillotinée le 3 novembre 1793, elle lança à la foule «Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort !»
Bibliographie
Nous rapprochons notre miniature au dessin conservé au musée Carnavalet, Paris (pierre noire, gouache blanche sur papier bleu, D.2863 - Collection Cabinet des Arts Graphiques) où la philosophe présente la même coiffure très libre pour l'époque.
A propos de Bourgeois, miniaturiste inventeur des profils en miniature, on consultera Schidlof, 1964, T. 1 et principalement le catalogue des miniatures du musée du Louvre, p. 56, n°59-60-61 pour les très rares miniatures de la première période de l'artiste.
* Source et infos complémentaires : http://www.binocheetgiquello.com/flash/index.jsp?id=87241&idCp=33&lng=
La nuit, la neige- Messages : 17785
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Olympe de Gouges
Inventaire des effets d'Olympe à la Conciergerie Le 14 brumaire an II - 3 novembre 1793 - jour de son exécution.
1 paire de poches - 1 montre d'or à répétition - 1 tabatière en en médaillon le portrait de son fils,
1 portefeuille contenant 3 livres 10 sols en assignats - 2 paires de boucles d'oreilles - 2 anneaux en or,
1 portefeuille contenant 50 livres en assignats et d'autres papiers - 1 dé à coudre - 1 petite pomme de canne en argent
1 flacon garni en or - une paire de ciseaux - 1 paire de gants - 1 mouchoir de poche - 2 reconnaissances du Mont de Piété d'une pierre gravée, de deux brillants et une (illisible) d'or.
1 ceinture à médaillon environné de pierres fausses et d'argent.
1 paire de poches - 1 montre d'or à répétition - 1 tabatière en en médaillon le portrait de son fils,
1 portefeuille contenant 3 livres 10 sols en assignats - 2 paires de boucles d'oreilles - 2 anneaux en or,
1 portefeuille contenant 50 livres en assignats et d'autres papiers - 1 dé à coudre - 1 petite pomme de canne en argent
1 flacon garni en or - une paire de ciseaux - 1 paire de gants - 1 mouchoir de poche - 2 reconnaissances du Mont de Piété d'une pierre gravée, de deux brillants et une (illisible) d'or.
1 ceinture à médaillon environné de pierres fausses et d'argent.
Marie-Jeanne- Messages : 1487
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Olympe de Gouges
Merci, mon cher Momo !
Belle lettre, très élégante calligraphie ...
... le soupçon injuste dont votre coeur a gémi ... Olympe avait le sens de la formule .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54657
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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