Visite de la Fondation Accorsi - Ometto, musée des arts décoratifs (Turin) : le Cognacq-Jay turinois

Je vous propose quelques vues du Musée-Fondation Accorsi - Ometto, à Turin, qui m'a rappelé notre cher petit musée Cognacq-Jay parisien.  

Vous retrouverez là une présentation de meubles et objets décoratifs plus particulièrement turinois, ou italiens, du XVIIIe siècle.  

La collection fut constituée au XXe siècle par Pietro Accorsi (1891-1982), célèbre antiquaire et expert italien, passionné par les arts décoratifs du XVIIIe siècle.
Une collection léguée par testament à une fondation qui porte son nom, et dirigée aujourd'hui encore par son principal collaborateur, Giulio Ometto.

Voir l'historique et la présentation de ce charmant musée sur son site internet, ici :

Fondazione Accorsi-Ometto, Museo di Arti Decorative (Torino)


Vues du musée, côté cour :





La visite débute par une importante sélection d'objets des XVIIIe et XIXe siècles : porcelaines de Meissen ou italiennes, argenterie piémontaise, collection d'objets de la manufacture de Cristallerie Baccarat (fondée en 1764 par Louis-Joseph de Montmorency-Laval, évêque de Metz), ainsi que divers petits objets de vertu et bijoux  :




Image : Torinoggi.it





Amusantes assiettes / écuelles destinées à déguster des potages...




La cuisine

Aménagée dans le goût de celles des grandes maisons turinoises des XVIIIe et XIXe siècles, décorée de près de 400 ustensiles en cuivre :







Suivez-moi dans les différentes salles du musée...



Un petit meuble intéressant et rare, car initialement conçu pour être utilisé par un enfant.

Petit bureau Mazarin, réalisé pour le jeune Vittorio Amedeo Giovanni Filippo, fils de Vittorio Amedeo II, incrusté d'ivoire et de bois précieux.
Piémont, début XVIIIe siècle


Louis Michel van Loo
Portrait de la princesse Maria Luisa Gabriella di Savoia (1729-1767)
Huile sur toile, vers 1733


La salle à manger

Décorée d'un superbe papier-peint fabriqué en Chine au début du XVIIIe siècle (provenant du château de Govone).
Les chaises sont en noyer sculpté et laqué, avec leur revêtement en cuir d'origine (Milan, vers 1745), au plafond un lustre en tôle décoré de fleurs en porcelaine (Piémont, milieu du XVIIIe siècle)








Fontaine lave-mains
Bois dorée et peint à effet de faux marbre, lavabo en cuivre
Piémont, début du XVIIIe siècle


Le salon de musique


Sala della musica
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto

Sala della musica
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto


Ritratto di Madame Grasset
Louis Landry
Olio su tela, 1791
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture

Décoré dans le style Empire, au sein duquel nous retrouvons une harpe française, réalisée par Jacques Georges Cousineau, fils de Georges Cousineau, "Luthier ordinaire de la Reine Marie-Antoinette".
Cousineau fils sera quant à lui luthier puis maître de harpe de l'Impératrice Joséphine.


Le piano-forte est signé Érard frères (1818) :



Entre autres portraits, nous avons reconnu ceux du comte et de la comtesse de Provence, par François-Hubert Drouais :


Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture


Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture

Pour davantage d'informations concernant ces portraits, voir nos sujets :

Portraits de la comtesse de Provence, par et d'après François-Hubert Drouais

Portraits du comte de Provence

Ainsi qu'un portrait de la comtesse d'Artois et celui de son père :


Ritratto di Maria Teresa di Savoia, contessa d’Artois
Giovanni Panealbo
Olio su tela, 1791
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture


Ritratto di Vittorio Amedeo III di Savoia
Giovanni Panealbo
Olio su tela, 1791
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture


Le salon Louis XVI

Décoré d'éléments de la fin du XVIIIe et début du XIXe siècles.

Salotto Luigi XVI
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto

Placée sur la commode piémontaise en bois laqué et doré, attribuée à l'ébéniste Francesco Bolgié (Francesco Bolgiè), nous reconnaissons une copie de la célèbre sculpture représentant Pauline Borghese, par Antonio Canova. Celle-ci est signée Fossi, et date du XIXe siècle.



Qui est cette jolie anonyme, portrait de Vittorio Amedeo Grassi (Huile sur toile, fin XVIIIe siècle) ?


Les chaises de style empire, en bois sculpté et doré dans le goût de Georges Jacob, proviennent du Palais des Doges de Lucca (début du XIXe siècle).



Ce très beau meuble, décoré de plaques en faïence de Pesaro est daté des années 1780-85.



Le salon Pietro Piffetti

En hommage au célèbre ébéniste turinois (1701-1777).
Décoré d'un globe terrestre et d'un globe céleste (plâtre recouvert de papier maché, supports en bois sculpté, Amsterdam, 1640), tous deux attribués à Willem Janszoon Blaeu, célèbre cartographe hollandais.
Au mur, un portrait de Charles-Emmanuel III de Savoie par la peintre de cour Maria Giovanni Battista Clementi, connue sous le nom de Clementina, ainsi qu'une grande tapisserie représentant le Mariage de Don Quichotte, d'après un carton attribué à Coypel (Manufacture de Bruxelles, début du XVIIIe siècle).



Ce salon porte le nom du célèbre ébéniste turinois Pietro Piffetti, qui a notamment réalisé notamment ce spectaculaire secrétaire trumeau, signé et daté 1738.
Plaqué de palissandre, buis et bois de rose, orné d'incrustations en ivoire, écaille de tortue, panneaux de miroirs, et surmonté d'un petit cupidon sculpté et doré, ce meuble est probablement un cadeau de mariage offert à un personnage important de la cour de Savoie.






Images : Twitter - Museo Accorsi


La chambre Bandera

Cette chambre à coucher porte le nom de la toile brodée qui décore de chinoiseries et de fleurs le lit à baldaquin.
La Bandera était une broderie réalisée en fils de laine sur un tissu de coton utilisée dans le Piémont du XVIIIe siècle pour agrémenter les couvre-lits ou les garnitures de sièges.
Le but était de donner un effet "pictural", raison pour laquelle cette broderie était aussi appelée "peinture à l'aiguille".

Les meubles peints étaient également fort appréciés parmi la riche clientèle piémontaise ; les deux encoignures (Piémont, vers 1760) sont l'oeuvre de Vittorio Amedeo Cignaroli, peintre à la cour de Savoie.







Nous retrouvons dans cette pièce une charmante petite table attribuée à l'ébéniste Pietro Piffetti, évoqué précédemment :


Tavolina da centro
Pietro Piffetti, c. 1760-1770
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture


Le salon Louis XV

Dénommé ainsi pour la commode en laque de Coromandel et bronze doré typique des salons français du XVIIIe siècle. Le miroir en bois doré est quant à lui d'origine piémontaise.
Nous retrouvons également un typique secrétaire italien en bois peint et vernis, ainsi qu'une petite table de Pietro Piffetti, en palissandre, bois de rose et incrustations d'ivoire, les pieds en "sabots de biche" en bronze doré (Turin, vers 1740)





Tavolina da centro
Pietro Piffetti, c. 1740-1745
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture


La chambre Accorsi

Du nom du collectionneur, elle est notamment décorée des "Plaisirs de la vie champêtre" une huile toile de François Boucher.

Camera Accorsi
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto




Scena campestra con eleganti pastori e pastorelle
François Boucher,
Olio su tela, 1730-1760
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture

La paire de cabinets suspendus (Turin, vers 1760) signés de l'incontournable Pietro Piffetti, présente une riche marqueterie à décors d'ivoire et d'écaille de tortue (les parties foncées, formant "petites fenêtres", étaient alors éclairées de l'intérieur avec des bougies).


Cabinets (détails)
Piettro Piffetti, c. 1740-1745
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture

Le lit à baldaquin, d'origine toscane (milieu du XVIIIe siècle), provient de la villa Garzoni, Lucca.




La chambre vénitienne

Est principalement décorée de meubles vénitiens du milieu du XVIIIe siècle vernis et peints dans les tons bleu et jaune.
Seule la petitounette table à écrire de dame, peinte en jaune et vernie, est d’origine française.





Coppia di personagi all'orientale
Venise, XVIIIe siècle
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture

Pare-feu en bois peint et doré, panneaux en soie et découpes de papier collées
Artiste vénitien, 1725-1775
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture





La sculpture en bois « porte-manteau » était placée à l’entrée des palais pour y ranger cannes, chapeaux et autres accessoires.

Venise, milieu du XVIIIe siècle
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture

Cette urne vénitienne fut utilisée pour l’élection du Doge (Venise, milieu du XVIIIe siècle) :




Les salons Cignaroli

Ces deux salons contigus portent le nom du turinois Vittorio Amedeo Cignaroli (1730 - 1800), peintre paysagiste attaché à la cour de Savoie.
Aux murs, six de ses oeuvres : Le départ, La chasse au sanglier, La chasse au cerf, La mise à mort du cerf, La chasse au loup et Le repos après la chasse.




Nous retrouvons deux meubles en marqueterie de bois précieux et incrustations d'ivoire de l'incontournable Pietro Pieffetti...


Cabinet (détail)
Pietro Piffetti, c. 1750-1760
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture





Scrittoio
Piettro Piffetti, c. 1750
Image : 2019 Fondazione Accorsi - Ometto / Google Arts & Culture

La commode en laque et vernis rouge est estampillée Jacques Dautriche (1725/28 - 1778), ébéniste parisien sous les règnes de Louis XV et Louis XVI.


Le secrétaire trumeau est décorée selon la technique vénitienne de la "laque pauvre", composée d'estampes collées sur le bois et recouvertes de résine végétale.


Voir aussi notre sujet : La marqueterie de papier ou Arte Povera



Pour de belles photos, notamment celles des nombreux objets de vitrine ou ceux qui décorent ces salons, mais encore les peintures ou les meubles, je vous recommande la visite du site Google Arts & Culture qui consacre un diaporama et une présentation de nombreuses oeuvres de ce musée, ici :

Collection Museo Accorsi-Ometto (Torino) / Google Arts & Culture

La nuit, la neige a écrit: Je vous propose quelques vues du Musée-Fondation Accorsi - Ometto, à Turin, qui m'a rappelé notre cher petit musée Cognacq-Jay parisien.  

Extraordinaire, absolument merveilleux !!! Les arts décoratifs, en Italie, ont vraiment atteint au sublime.
Les étonnantes assiettes à potages auraient pu constituer une énigme très amusante pour notre Jeu .
J'avoue un gros coup de coeur pour la salle à manger aux murs tapissés de papier-peint fabriqué en Chine...

... un grand grand merci pour cette visite du Musée Accorsi - Ometto !!!

Mme de Sabran a écrit:
Extraordinaire, absolument merveilleux !!!    Les arts décoratifs, en Italie, ont vraiment atteint au sublime.

Ce musée est intéressant, notamment parce qu'il présente un mobilier et des objets du XVIIIe siècle typiquement piémontais ou italiens : par exemple les meubles peints et vernis, ceux élaborés selon la technique de l'Arte povera.
Disons que cela change un peu de ce que l'on voit chez nous !  

Mme de Sabran a écrit:J'avoue un gros coup de coeur pour la salle à manger aux murs tapissés de papier-peint fabriqué en Chine...

Turin est (aussi) la ville des Chinoiseries du XVIIIe siècle et des décors "exotiques".  
Ils en collaient partout, à mon grand plaisir !

D'autres photos et sujets à suivre...