Le mystère Anastasia

Quatrième enfant et quatrième fille du couple impérial formé par Nicolas II et son épouse Alexandra, la grande duchesse Anastasia est à l'origine d'un "mystère" qui a hanté tout le XXème siècle et encore aujourd'hui. Exécutée avec ses parents, son frère, ses sœurs et leurs serviteurs en 1918, la princesse aurait survécu et tenté par la suite d'obtenir reconnaissance et réparation.

Le 17 juillet 1918, Nicolas II, sa famille directe et quelques serviteurs sont massacrés. Scène terrible, dans le sous-sol d'une maison où ceux qui ne tombent pas immédiatement sous les balles sont achevés à coups de baïonnettes ou d'une balle dans la tête (l'histoire veut que les balles aient d'abord rebondi sur les corsets des grandes duchesses qui y auraient dissimulé et brodé des bijoux et des pierres précieuses). D'après un témoignage de l'époque, il y avait tant de fumée dans la pièce qu'on n'y voyait plus rien… Les corps sont ensuite emmenés en camion pour être brûlés et enterrés dans la forêt. Selon des témoignages, Anastasia ne serait pas morte tout de suite, elle aurait repris conscience en cours de route et aurait alors été achevée à coups de crosse. Un soldat a juré que, pendant le transport des dépouilles, il a entendu des gémissements humains et qu'à l'arrivée, il manquait un corps. Le mystère pouvait commencer.

De nombreuses femmes ont alors clamé être la fille du Tzar et avoir survécu au massacre. Parmi elle, la plus célèbre fût Anna Anderson :


Tout commence en 1920, à Berlin, où un policier sauve une jeune femme qui tentait de se suicider par noyade. A l'hôpital, l'inconnue (qui n'a pas de papiers sur elle) refuse de décliner son identité. Elle a un accent venu de l'est, elle porte des cicatrices, des vestiges de coups, dont une marque très semblable à celle laissée par une baïonnette. Plongée dans le mutisme, l'inconnue est envoyée dans un asile. C'est là qu'un soir, celle qui partage sa chambre lui montre dans un journal une photo des filles du Tzar et lui dit : "Je sais qui tu es". "Ah, tais-toi !" est la réponse. La rumeur commence à se répandre… Un officier russe la visite et, troublé, fait venir des familiers de l'ancien entourage impérial. Si certains réfutent voir la grande duchesse, l'ancienne nourrice d'Anastasia et une ancienne camarade la reconnaissent.
Un baron polonais et sa femme font alors sortir l'inconnue de son asile, lui offrent logis et protection. De plus en plus de rescapés de la cour impériale rendent visite à la jeune femme et beaucoup disent la reconnaître comme Anastasia, dont des cousins germains, un officier qui, pendant la guerre, aurait été soigné par les quatre princesses, ou encore les enfants du médecin du couple impérial, assassiné lui aussi en 1918. On tente de la piéger, on lui pose des questions intimes sur celle qu'elle prétend être et elle déjoue tous les pièges.. L'histoire d'Anna prend alors forme : un des hommes chargés de transporter les corps aurait constaté que la grande duchesse vivait encore. Il l'aurait alors sauvée et emmenée, la soignant et lui faisant quitter la Russie en la faisant passer pour sa femme, sous le nom d'Anna. Elle aurait eu un enfant de lui, peu de temps avant qu'il ne soit assassiné par des inconnus à Bucarest. L'enfant aurait été enlevé à sa mère pour être placé en orphelinat et, perdue, désespérée, Anna aurait donc tenté de se suicider.

Du côté des "contre", il y a des témoignages de poids. En premier lieu, la propre mère de Nicolas II, l'impératrice douairière Marie Feodorovna, qui a survécu à la Révolution (exfiltrée de Russie sur un cuirassier anglais envoyé par son neveu Georges V), mais aussi le précepteur suisse des enfants impériaux, des domestiques proches de la famille…
Qu'importe : Anna est bien décidée à se faire reconnaître. L'Europe s'enflamme, les procès, les expertises et contre-expertises, les témoignages s'enchaînent, les deux clans s'affrontent avec passion. C'est l'ADN qui va trancher : en 1979, Anna, victime d'une occlusion intestinale, se fait enlever un morceau de côlon qui sera conservé. L'ADN est alors comparé avec celui des descendants Romanov et la sentence est sans appel : Anna n'est pas une Romanov. On découvre même, à cette occasion, sa véritable identité. Anna Anderson est en fait
Franziska Schanzkowska, une ouvrière polonaise. Elle meurt aux USA en 1984.

Et pourtant… Dès 1976, de nouveaux éléments troublants apparaissent. L'impératrice et ses filles auraient été épargnées et exfiltrées en secret vers un camp polonais où une infirmière certifie les avoir vues en 1918. D'autres membres du camp font état par la suite de la fuite d'une des prisonnières, déguisée en ouvrière. La fameuse ouvrière polonaise Franziska Schanzkowska serait donc bien, après tout, Anastasia. Témoignage troublant également, en 1922, du commissaire aux Affaires Etrangères russe qui, en déplacement officiel à l'étranger, dira que le Tzar était mort mais que sa femme et ses filles avaient été envoyées à l'étranger. Certains tribunaux admettent qu'Anna n'est pas la grande duchesse mais n'excluent aucunement que la princesse n'ait pas survécu, ce qui ajoute encore à la confusion. De plus, Anna ne refuse aucun test, comme des analyses graphologiques troublantes ou de ses cicatrices, qui correspondraient bien à celles de la grande duchesse. Si en 1990, les corps de la famille impériale sont retrouvés et identifiés, il en manque deux, celui du Tzarévitch et celui d'une de ses sœurs… C'est en 2007 que ces deux derniers corps seront retrouvés et également identifiés formellement par la génétique. Cette fois, le doute n'est plus permis.

Pourtant, Anna Anderson a eu ses fidèles, dévoués et combatifs et elle s'est battue toute sa vie pour "sa" vérité. Elle est même inhumée sous l'épitaphe "Son Altesse impériale Anastasia de Russie". Qui était-elle vraiment ? Une aventurière, une habile intrigante ? Une folle ? Une affabulatrice sincère ? D'autres femmes prétendront, tout au long du XXème siècle, être la grande duchesse Anastasia et l'on en fera des films, des livres, des thèses et des études, des dessins animés même. Mais parmi elles, c'est bien Anna Anderson qui domine.
La vérité semble bien plus triste et sordide : la mort d'une jeune fille de 17 ans, massacrée avec les siens un jour de folie et de fureur...

Calonne a écrit:

Du côté des "contre", il y a des témoignages de poids. En premier lieu, la propre mère de Nicolas II, l'impératrice douairière Marie Feodorovna, qui a survécu à la Révolution (exfiltrée de Russie sur un cuirassier anglais envoyé par son neveu Georges V), mais aussi le précepteur suisse des enfants impériaux, des domestiques proches de la famille…

Tout de même, sa propre grand-mère !

Un premier test ADN avait pu être réalisé sur des tissus intestinaux de Mme Manahan-Anderson conservés après une intervention chirurgicale aux USA, peu de temps avant sa mort. Les résultats ne faisaient aucun doute, et ont pu même confirmer sa véritable identité : une ouvrière polonaise du nom de Shandovska. Sa famille avait pu être retrouvée ( son petit neveu, qui s’était prêté aux tests ). C’était la fin des illusions pour ceux qui avaient cru en la survivance ( j’y avais cru un peu moi même...)
Voici des photos de la vraie Anastasia, qui était l’enfant terrible de la famille, le garçon manqué...







Successivement :
- avec son père le tsar, qui lui apprend à fumer...
- en captivité à Tsarskoie Selo (1917) 2e à partir de la droite.
- en captivité à Tobolsk, en Sibérie (1917). À droite, avec sa sœur aînée Olga.

Il se peut aussi qu'Anna ait été manipulée, instrumentalisée par certains à des fins politiques ou… matérielles : Nicolas II était fabuleusement riche, sa possible héritière, si reconnue comme telle, pouvait prétendre au fabuleux héritage de son père...

Il est prouvé qu’il n’y avait plus rien de la fortune des Romanov dans les coffres des banques anglaises ou suisses, le tsar ayant rapatrié ses avoirs au début de la guerre. Quant aux propriétés en Russie, elles avaient bien sûr été saisies.

Ah, j'ignorais, merci pour cette précision
Après, reste à savoir comment une simple ouvrière polonaise aurait eu connaissance de détails intimes sur la grande duchesse et d'autres membres de la famille impériale. Perso, je penche pour l'instrumentalisation : des gens bien renseignés qui lui auraient (franchement ou de manière détournée) "enseigné" ces choses pour qu'elle puisse paraître crédible.
Je vire complotiste, c'est effrayant...

Oui, c’est tout à fait ça: après sa tentative de suicide à Berlin en 20 ou 21, elle est tout de suite prise en charge par des russes émigrés qui lui parlent de la vie dans l’aristocratie et de la famille impériale. Elle lit aussi des revues sur le sujet, et retient tout comme une éponge.. Certains de ses pseudo souvenirs paraissent troublants à certains. De sa famille proche survivante, seule sa tante paternelle Olga, sœur de Nicolas II fait le voyage pour la rencontrer. Elle est d’abord troublée, mais ne la reconnaît pas ... Tous les autres: Gilliiard, précepteur des enfants, Youssoupof, sont persuadés aussi qu’il s’agit d’une intrigante.
Il existe une vidéo d’une de ses interviews à la fin de sa vie, à voir sur you tube. Elle vivait alors aux USA, et avait épousé un américain, Mr. Manahan, qui était bien sûr convaincu de son identité royale ...

Si on se replace dans le contexte de l'époque, le début des années 1920, on comprend mieux les intérêts fabuleux, politiques principalement, pour certains si on apprenait qu'une des filles du Tzar avait survécu. A cette époque, nul ne savait ce qu'allait devenir ce qui serait l'Union Soviétique, on était à peine trois ou quatre ans après la mort du Tzar. Avec son héritière reconnue telle comme "bannière" si j'ose dire, il y avait peut-être de quoi changer le cours de l'histoire.
Je m'enflamme un peu mais bon...

Calonne a écrit:
Je vire complotiste, c'est effrayant...

Vicq d Azir a écrit:Un premier test ADN avait pu être réalisé sur des tissus intestinaux de Mme Manahan-Anderson conservés après une intervention chirurgicale aux USA, peu de temps avant sa mort. Les résultats ne faisaient aucun doute, et ont pu même confirmer sa véritable identité : une ouvrière polonaise du nom de Shandovska.

Plus simplement, des tests ADN ont depuis démontré que les ossements retrouvés étaient bien ceux de l'ancien empereur Nicolas II, de sa famille, et de membres de son entourage.
Il y eut plusieurs campagnes d'analyse le démontrant, mais la dernière en date (2018), cette fois-ci commandée par le clergé orthodoxe russe (qui récusait les précédentes), le confirme une bonne fois pour toute.  

Lire ici : De nouveaux tests ADN confirment l'authenticité des restes du tsar Nicolas II

Oui, c’est exact. Mais il faut rappeler que seuls 9 corps avaient été retrouvés il y’a qq années dans cette fosse commune. Une fois soustrait l’entourage proche, manquaient 2 corps parmi les enfants : celui du tsarévitch et celui d’une des deux sœurs les plus jeunes: Maria ou Anastasia. Cela apportait bien sûr de l’eau au moulin des partisans de la survivance... Ce n’est que récemment qu’après de nouvelles fouilles, ont été retrouvés qq ossements des victimes manquantes, mais cela est toujours contesté par certains...

Voici deux clichés : le premier, Anastasia adolescente. Le second: Mrs. Anderson, à la fin de sa vie. Certains trouvaient une ressemblance...

En comparant les différentes photos des deux femmes, je n'ai jamais vraiment trouvé de ressemblance. Mais après, je n'ai jamais été vraiment physionomiste…

Je reste persuadé, à titre personnel, qu'Anna (continuons à la nommer ainsi puisque c'est sous ce prénom qu'elle est passée à la postérité) a été utilisée par des gens qui avaient un intérêt certain, politique ou autre, à faire croire que la grande duchesse était vivante. Des gens bien informés sur la famille impériale et ses habitudes ont pu lui transmettre les informations et détails nécessaires et la rendre crédible.
Après, si on suit mon idée, reste une question : Anna était-elle une "pauvre fille" manipulée et utilisée qui jouait le jeu en espérant une récompense quelconque ou une aventurière rouée, complice, toujours dans le but d'en retirer des avantages ? Je dirais que les deux versions me semblent possibles. On peut aussi se demander, toujours dans cette hypothèse, comment Anna fût "découverte"... Fût-elle "inventée" de toutes pièces, choisie ou découverte et comment, par hasard ou intentionnellement ?

On peut aussi trouver étrange que des très proches de la famille impériale aient crié à l'imposture sans même vouloir la rencontrer, ne serait-ce que pour tenter de la confondre. L'impératrice douairière par exemple. Je ne sais pas, mais si j'étais elle et qu'on me dise qu'une de mes petits-enfants avait peut-être survécu, j'essaierais au moins de la voir, ne serait-ce qu'une fois. Après, on me dira que la pauvre souveraine avait déjà encaissé la mort de son fils, de sa belle-fille et de ses petits-enfants et qu'elle n'avait pas envie d'un nouveau choc, c'est compréhensible...
Beaucoup trop de zones d'ombre subsistent. Mais c'est bien pour ça que c'est un mystère...

Nicolas II aurait du mettre à l'abri (en Suède par exemple) sa famille au début des troubles (février 1917). L'exemple de Louis XVI ne lui a pas été profitable.

Ce n'est qu'à la fin de 1917 que la Presse annonça avec certitude la disparition de la famille impériale. La mort du Tsar fut reconnu rapidement. Les morts de la Tsarine et de ses filles furent longtemps un mystère pour les journaux. Je ne sais plus ce qu'ils disaient d'Alexis.

Sur Gallica (Bibliothèque Nationale) vous pouvez retrouver un très grand nombre de journaux numérisés. Et même un de l'immédiate période pré-révolutionnaire (1789).

pilayrou a écrit:Nicolas II aurait du mettre à l'abri (en Suède par exemple) sa famille au début des troubles (février 1917). L'exemple de Louis XVI ne lui a pas été profitable.

Charles Ier, Louis XVI, Nicolas II ...

Cher Calonne,
de ce que j’en sais, l’impératrice douairière, Maria Feodorovna, avait rejoint sa famille au Danemark, qui n’était autre que la famille royale de ce pays. Sa fille aînée, la grande duchesse Xenia était avec elle. Ces gens avaient eu des informations précises de par leurs ambassades et leurs espions sur le terrain, que toute la famille impériale avait été massacrée en juillet 18 à Ekaterinenbourg. Sa fille cadette, Olga, avait fait le choix de s’exiler au Canada. C’est elle qui, prise d’un doute, et en qq sorte déléguée par la famille, fait le choix de rencontrer l’inconnue de Berlin. Elle est troublée par les réponses que lui fera Anna, mais celle-ci, très vite, refusera de la voir. Olga dira : « j’aurais tellement voulu que ce soit ma pauvre Sipsvick (j’écorche peut-être le surnom qu’elle donnait à sa nièce), mais malheureusement, ce n’est pas elle. De ceux qui ont persisté à la reconnaître, il n’y a guère que le grand duc André, qui avait épousé l’ancienne maîtresse de son cousin Nicolas II, la ballerine Kechinskaia, et la fille du Dr. Botkine, fusillé avec la famille. Gilliard, précepteur suisse des enfants a rencontré Anna à plusieurs reprises, et en a conclu que c’était une intrigante (voir son live « la fausse Anastasia »)
Enfin, il est étrange que, tout au cours de sa longue vie, Anna n’ait jamais parlé russe ( elle le comprenait un peu, mais ne le parlait pas), s’exprimant en allemand avec un fort accent polonais.. . Des témoins l’ont vu se signer, lors d’une messe orthodoxe à la mémoire du Tsar ( je ne sais plus où...) à la manière catholique et non orthodoxe ( en sens inverse )
Quant à la fuite vers la Suède, chère Eléonore, Kerensky, le chef de la première révolution en 1917, semble avoir tout planifié. Il avait en effet un certain respect ( réciproque ) pour Nicolas II, et « ne voulait pas être le Marat de la Révolution russe ». Il décide donc d’envoyer la famille à Tobolsk en Sibérie ( après une période de détention dans leur palais ), puis de les exfiltrer par la Suède au cours du voyage en chemin de fer, grâce à de l’argent proposé par un industriel de ce pays. Un navire aurait été spécialement affraité, et les attendait. Un officier, Yakovlev, est chargé du complot. Malheureusement, les soviets locaux déjouent la manœuvre. S’en suit un trajet rocambolesque avec des allés et retour du train, et finalement l’échec du projet, comme un Varennes bis...
On a reproché au gouvernement britannique ( Lloyd George ), et à George V lui-même, pourtant cousin germain du Tsar, d’avoir aussi refusé l’asile à la famille impériale, ceci pour des raisons politiques...

Merci encore une fois pour ces précisions

Je reste gêné par l'attitude de Georges V : il refuse l'asile à la famille impériale (en tant que souverain, il a sans doute ses raisons) mais fait exfiltrer sa tante, l'impératrice douairière… Valait-elle "moins" sur le plan politique ? Sans doute. En étant cynique, on pourrait dire qu'après avoir laissé tomber le cousin et sa famille, il a au moins récupéré la tante… Ces mariages familiaux n'étaient pas vraiment une bonne chose, on ne doit pas mélanger les sentiments et le pouvoir.

Vicq d Azir a écrit:
Quant à la fuite vers la Suède, chère Eléonore, Kerensky, le chef de la première révolution en 1917, semble avoir tout planifié. Il avait en effet un certain respect ( réciproque ) pour Nicolas II, et « ne voulait pas être le Marat de la Révolution russe ». Il décide donc d’envoyer la famille à Tobolsk en Sibérie ( après une période de détention dans leur palais ), puis de les exfiltrer par la Suède au cours du voyage en chemin de fer, grâce à de l’argent proposé par un industriel de ce pays. Un navire aurait été spécialement affraité, et les attendait. Un officier, Yakovlev, est chargé du complot. Malheureusement, les soviets locaux déjouent la manœuvre. S’en suit un trajet rocambolesque avec des allés et retour du train, et finalement l’échec du projet, comme un Varennes bis...

J'ignorais totalement cet épisode-ci de la tragédie des Romanov.
Merci, cher Févicq .

La tatie Wikie de Charles Alexandre nous offre une jolie photo familiale :

Je savais Kerenski modéré mais pas au point de souhaiter exfiltrer la famille impériale .

George V ne s’attendait pas à ce que son refus de l’asile politique, motivé par d’égoïstes questions de politique intérieure (la révolte gronde chez les ouvriers) n’aboutisse indirectement à la condamnation à mort de ses parents russes.

C’est pourquoi, une fois connue l’exécution de ceux-ci, il fit évacuer de Crimée ce qui restait de la famille impériale (la chronologie est importante pour bien comprendre la situation).

Il n’a donc pas choisi d’en accueillir certains et pas d’autres. Il a accueilli ceux qui restaient.

Autant pour moi.
Merci à vous

Oui, c’est exact, cher Gouverneur, George V, en monarque constitutionnel, s’est plié à l’avis de son gouvernement... Le sauvetage du reste de la famille (dont l’Impératrice douairière et les Youssoupof), s’est fait par la Navy anglaise, mais en Crimée, et par le Bosphore, ce qui était relativement plus simple que de venir sauver le tsar dans l’Oural, même s’il y a eu des tentatives d’aviateurs britanniques...
Il reste que ce refus du Roi d’Angleterre a pesé lourd en terme de culpabilité pour le souverain. Si bien qu’au moment de troubles à Athènes, il a envoyé, de son propre chef, un navire pour aller sauver ses cousins grecs.

L’onde de choc fut en effet terrible, si bien que des officiers anglais prétendirent auprès du gouvernement « rouge » de Vienne avoir l’ordre de cesser le ravitaillement du pays si l’empereur Charles était bloqué sur sa route de l’exil - cet ordre n’existait pas mais le pire était devenu envisageable partout !

Oui, vous évoquez le triste destin du dernier empereur d’Autriche. J’ai pu voir à Vienne que son souvenir ne s’est pas éteint, et que sa place l’attend aux Capucins...
Pour revenir à George V, il accordera gracieusement l’asile à Xenia, une des sœurs de Nicolas, qui sera hébergée dans un manoir à Hampton Court, après la mort de sa mère au Danemark, et jusqu’à sa propre mort, en 1960. L’autre sœur, Olga aura moins de chance, et finira sa vie quasiment dans la misère, dans un petit appartement au dessus de chez un coiffeur qui avait accepté de l’héberger, à Toronto, où elle mourra, aussi en 1960.

La jeune Elisabeth II visitant le Canada lui fit d’ailleurs adresser une invitation officielle... qui l’embarrassa fort car elle ne pouvait s’offrir une robe neuve !