Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Marie-Antoinette dans la culture moderne :: Expositions, conférences et autres évènements
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Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
un petit rappel au sujet du colloque à LA SORBONNE grand amphithéatre - le jeudi de 9 h à 19 h 15 et le vendredi de 9 H à 17 H00 à l'école normale supérieure.....
nous sommes déjà 5 incrits - VICQ - CECILE COUTIN - JEAN FRANCOIS CARRIC et moi-même ainsi qu'en principe le PROFESSEUR LUCOTTE !!!!
si d'autres membre du FORUM comptent venir, il serait intéressant de le savoir afin de se mettre ensemble dans la salle et constituer un fan-club de la Reine.
Amicalement
MARIE ANTOINETTE
nous sommes déjà 5 incrits - VICQ - CECILE COUTIN - JEAN FRANCOIS CARRIC et moi-même ainsi qu'en principe le PROFESSEUR LUCOTTE !!!!
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MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Je suis inscrite aussi !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Auprès de qui vous êtes-vous inscrits ?
Marie-Jeanne- Messages : 1497
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Très joli nouvel avatar !
Dernière édition par Mme de Sabran le Ven 15 Nov 2019, 19:56, édité 1 fois
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
MARIE ANTOINETTE a écrit:un petit rappel au sujet du colloque à LA SORBONNE grand amphithéatre - le jeudi de 9 h à 19 h 15 et le vendredi de 9 H à 17 H00 à l'école normale supérieure.....
nous sommes déjà 5 incrits - VICQ - CECILE COUTIN - JEAN FRANCOIS CARRIC et moi-même ainsi qu'en principe le PROFESSEUR LUCOTTE !!!!
si d'autres membre du FORUM comptent venir, il serait intéressant de le savoir afin de se mettre ensemble dans la salle et constituer un fan-club de la Reine.
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MARIE ANTOINETTE
Portez-toutes et tous le même T-Shirt !
ou
Gouverneur Morris- Messages : 11795
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
J'ai assisté à la première journée de ce colloque, ainsi qu'à la conférence d'introduction, la veille, à la Conciergerie, que j'ai trouvées passionnantes ... en l'agréable compagnie d'un bon petit " contigent " ( ) de notre Forum.
Il y a tellement à dire que je ne sais par où commencer .
Eh bien, le programme peut-être déjà ?!
Il y eut quelques petites modifications.
Marie-Jeanne et moi regrettâmes l'absence de Mélanie Traversier qui devait nous parler de Marie-Antoinette " une princesse parmi ses soeurs ".
En revanche, Catriona Seth que nous n'attendions pas, car elle devait présenter le lendemain son " Profil perdu de Marie-Antoinette ", nous a fait son magistral exposé dans l'après-midi : nous nous sommes régalés !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Bien sûr nous portions, tous les sept, les T. shirts fournis par Momo ... merci Momo !
( Je mens comme un arracheur de dents ... )
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Pourquoi dans un colloque y a-t-il des intervenants passionnants et d'autres qui sont ennuyeux, voir endormants et qui ne respectent pas le temps imposé !!!!!
surtout que nous étions assis depuis 9 H jusqu'à 19 H 30 sur les banquettes terribles pour le dos et les jambes de LA SORBONNE.
Le fan club était au nombre de 7 et nous sommes souvent intervenus au moment des questions, plutôt en rectifiant des erreurs !!!!!
Un intervenant parlant de la REINE A LA CONCIERGERIE , c'était la personne qui a modifié la présentation des lieux en la modernisant, a été nuancé par VICQ avec beaucoup d'esprit... au début de sa communication il a cité le FORUM invoquant qu'il s'agissait de "vieille royaliste" il parlait de ma personne me citant pour avoir évoqué ma réaction sur le changement des lieux.
Il a répondu à VICQ que dans l'avenir il nous demanderait notre avis !!!! à surveiller pour d'autres changements...
MARIE ANTOINETTE
surtout que nous étions assis depuis 9 H jusqu'à 19 H 30 sur les banquettes terribles pour le dos et les jambes de LA SORBONNE.
Le fan club était au nombre de 7 et nous sommes souvent intervenus au moment des questions, plutôt en rectifiant des erreurs !!!!!
Un intervenant parlant de la REINE A LA CONCIERGERIE , c'était la personne qui a modifié la présentation des lieux en la modernisant, a été nuancé par VICQ avec beaucoup d'esprit... au début de sa communication il a cité le FORUM invoquant qu'il s'agissait de "vieille royaliste" il parlait de ma personne me citant pour avoir évoqué ma réaction sur le changement des lieux.
Il a répondu à VICQ que dans l'avenir il nous demanderait notre avis !!!! à surveiller pour d'autres changements...
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Cet enchaînement d'exposés de 9 heures à 19 heures 30 ne m'a pas semblé long, pas du tout même, car tous les orateurs étaient passionnants.
Nous étions donc une sympathique petite délégation de notre Forum, dans ce cadre magnifique de la Sorbonne ...
Temps radieux !
... plus précisément dans l'amphithéâtre Liard, le plus beau selon notre François, et que voici avant l'arrivée du public :
Précisons que nous avons été vraiment bien reçus, avec deux intermèdes pendant lesquels nous ont été offertes deux petites collations ; au milieu de la matinée, thé ou café et mini viennoiseries, et puis l'après-midi, thé ou café, macarons et cannelés .
Bien sûr, les centres d'intérêt plus particuliers de chacun faisaient apprécier davantage tel ou tel orateur. C'est bien normal. Ainsi notre Vicq d'Azyr a-t-il était scotché par l'exposé Les corps contre la reine de Stanis Perez ( Le Corps de la reine. Engendrer le prince »,d'Isabelle de Hainaut à Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, chez Perrin), ou bien Marie-Jeanne par les Gravures de mode que nous présentait Corinne Le Bitouzé ... J'ai trouvé intéressant le statut des reines de France analysé par Fanny Cosandé, ou les tableaux de Mme Le Brun, par Raphaël Masson .
Ah ! un petit schmilblic dans le " Marie-Antoinette et Mme de Tourzel " de Claude d'Anthenaise : Coco n'est pas enterré dans le jardin de Mme de Tourzel puisqu'il suit Madame Royale à Vienne comme en atteste une lettre de Hue à sa femme racontant une de ses fugues .
Le " Profil perdu d'une princesse " par Catriona Seth a été particulièrement applaudi à très juste titre, ainsi que " Les caricatures contre Marie-Antoinette " d'Annie Duprat qui est une spécialiste du sujet comme en témoignent ses ouvrages L'histoire de France par la caricature, Larousse, 1999 . Les rois de papier. La caricature de Henri III à Louis XVI
Il y eut une passe d'armes un peu sportive entre le public et Pierre Serna " Au bout des crimes des reines de France " qui nous exposa toutes les accusations contre Marie-Antoinette ponctuées de " Je cite ", en les justifiant . Nous les connaissons bien. Celle de trahison de la France ( vraie ou fausse, tiens nous avons justement ce sujet au portail ) est la plus grave. Mais celle, tellement incongrue et inattendue qui provoqua un instant de sidération et une vigoureuse montée au créneau de notre amie Marie-Jeanne, fut que Marie-Antoinette en gaulle s'habillait en prostituée ! Ah bon ?!
La veille au soir, à la Conciergerie, cet auteur de la biographie Antonelle. Aristocrate et révolutionnaire. ( l'un des jurés au procès de la reine ) nous avait déjà mis en condition en nous déclarant cash que Marie-Antoinette méritait la mort. L'Histoire n'est pas une science exacte que l'on peut mettre en équation, elle est soumise à beaucoup de subjectivité. La preuve. J'étais assise entre Bonnefoy du Plan et le duc d'Ostrogothie que j'ai senti à plusieurs reprises sursauter, tressaillir .
Antoine de Baecque nous a parlé des " Pamphlets et caricatures obscènes " , puis Christophe Marcheteau de Quinçay a mis en vedette le petit soulier de Caen.
Que Guillaume Mazeau ait cité plusieurs messages de notre Forum fustigeant les nouveaux aménagements de la cellule de Marie-Antoinette à la Conciergerie était, en somme, plutôt flatteur car cela signifie que nous sommes lus par d'éminents historiens ! Du reste, M. de Talaru et moi avons papoté, au moment de quitter la Sorbonne, avec Annie Duprat qui nous a dit nous lire aussi !!! ( ) . Bref, ce fut l'occasion pour Vicq d'Azyr de présenter avec éloquence à tout l'amphithéâtre Liard le Forum de Marie-Antoinette !
La prestation d'Aymeric Péniguet de Stoutz arrivait en fin d'après-midi comme une cerise sur le gâteau !
J'en parle ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3270p25-la-chapelle-expiatoire-du-square-louis-xvi-a-paris
Je dois citer aussi " Un reliquaire en 1793 " ( j'ai découvert Pierre-Jean de Bourset ) , " les reliques de la reine " d'Anne Carol, ainsi que "les deux priants de Saint-Denis " de Jean-Michel Leniaud .
J'espère n'avoir oublié personne ?!
Nous étions donc une sympathique petite délégation de notre Forum, dans ce cadre magnifique de la Sorbonne ...
Temps radieux !
... plus précisément dans l'amphithéâtre Liard, le plus beau selon notre François, et que voici avant l'arrivée du public :
Précisons que nous avons été vraiment bien reçus, avec deux intermèdes pendant lesquels nous ont été offertes deux petites collations ; au milieu de la matinée, thé ou café et mini viennoiseries, et puis l'après-midi, thé ou café, macarons et cannelés .
Bien sûr, les centres d'intérêt plus particuliers de chacun faisaient apprécier davantage tel ou tel orateur. C'est bien normal. Ainsi notre Vicq d'Azyr a-t-il était scotché par l'exposé Les corps contre la reine de Stanis Perez ( Le Corps de la reine. Engendrer le prince »,d'Isabelle de Hainaut à Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, chez Perrin), ou bien Marie-Jeanne par les Gravures de mode que nous présentait Corinne Le Bitouzé ... J'ai trouvé intéressant le statut des reines de France analysé par Fanny Cosandé, ou les tableaux de Mme Le Brun, par Raphaël Masson .
Ah ! un petit schmilblic dans le " Marie-Antoinette et Mme de Tourzel " de Claude d'Anthenaise : Coco n'est pas enterré dans le jardin de Mme de Tourzel puisqu'il suit Madame Royale à Vienne comme en atteste une lettre de Hue à sa femme racontant une de ses fugues .
Le " Profil perdu d'une princesse " par Catriona Seth a été particulièrement applaudi à très juste titre, ainsi que " Les caricatures contre Marie-Antoinette " d'Annie Duprat qui est une spécialiste du sujet comme en témoignent ses ouvrages L'histoire de France par la caricature, Larousse, 1999 . Les rois de papier. La caricature de Henri III à Louis XVI
Il y eut une passe d'armes un peu sportive entre le public et Pierre Serna " Au bout des crimes des reines de France " qui nous exposa toutes les accusations contre Marie-Antoinette ponctuées de " Je cite ", en les justifiant . Nous les connaissons bien. Celle de trahison de la France ( vraie ou fausse, tiens nous avons justement ce sujet au portail ) est la plus grave. Mais celle, tellement incongrue et inattendue qui provoqua un instant de sidération et une vigoureuse montée au créneau de notre amie Marie-Jeanne, fut que Marie-Antoinette en gaulle s'habillait en prostituée ! Ah bon ?!
La veille au soir, à la Conciergerie, cet auteur de la biographie Antonelle. Aristocrate et révolutionnaire. ( l'un des jurés au procès de la reine ) nous avait déjà mis en condition en nous déclarant cash que Marie-Antoinette méritait la mort. L'Histoire n'est pas une science exacte que l'on peut mettre en équation, elle est soumise à beaucoup de subjectivité. La preuve. J'étais assise entre Bonnefoy du Plan et le duc d'Ostrogothie que j'ai senti à plusieurs reprises sursauter, tressaillir .
Antoine de Baecque nous a parlé des " Pamphlets et caricatures obscènes " , puis Christophe Marcheteau de Quinçay a mis en vedette le petit soulier de Caen.
Que Guillaume Mazeau ait cité plusieurs messages de notre Forum fustigeant les nouveaux aménagements de la cellule de Marie-Antoinette à la Conciergerie était, en somme, plutôt flatteur car cela signifie que nous sommes lus par d'éminents historiens ! Du reste, M. de Talaru et moi avons papoté, au moment de quitter la Sorbonne, avec Annie Duprat qui nous a dit nous lire aussi !!! ( ) . Bref, ce fut l'occasion pour Vicq d'Azyr de présenter avec éloquence à tout l'amphithéâtre Liard le Forum de Marie-Antoinette !
La prestation d'Aymeric Péniguet de Stoutz arrivait en fin d'après-midi comme une cerise sur le gâteau !
J'en parle ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3270p25-la-chapelle-expiatoire-du-square-louis-xvi-a-paris
Je dois citer aussi " Un reliquaire en 1793 " ( j'ai découvert Pierre-Jean de Bourset ) , " les reliques de la reine " d'Anne Carol, ainsi que "les deux priants de Saint-Denis " de Jean-Michel Leniaud .
J'espère n'avoir oublié personne ?!
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Merci pour ce compte rendu !
Un colloque, somme toute, intéressant...
Un colloque, somme toute, intéressant...
La nuit, la neige- Messages : 18132
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Oui, un grand merci Eléonore !
Des échos de l'intervention de Cécile Berly par hasard ?
Des échos de l'intervention de Cécile Berly par hasard ?
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
L'exposé de Cécile Berly était programmé le lendemain, vendredi 22, à la salle Jean Jaurès de l'Ecole normale sup .
Il était intitulé La reine du Net. . Point d'échos de ma part, désolée, mon cher Momo.
J'étais déjà dans mon train . Somebody else, peut-être ?!
Il était intitulé La reine du Net. . Point d'échos de ma part, désolée, mon cher Momo.
J'étais déjà dans mon train . Somebody else, peut-être ?!
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
... sous le coup d'oeil impérieux de Richelieu :
Ah ça, nous étions très bien placés et pourtant nous changions toujours de rangée, de hauteur, au gré des poses collations et déjeuner , pour mieux voir ou pour mieux entendre.
J'aurais dû poster ces deux photos dans notre Jeu et vous demander de reconnaître ces dames !
François nous a rejoints l'après-midi et la planète Sorbonne a continué à tourner, même sans lui . Le soir nous avons dégusté tous ensemble un Spritz, cocktail typique de Venise que je découvrais.
Quelle bonne journée !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Mme de Sabran a écrit:
La veille au soir, à la Conciergerie, cet auteur de la biographie Antonelle. Aristocrate et révolutionnaire. ( l'un des jurés au procès de la reine ) nous avait déjà mis en condition en nous déclarant cash que Marie-Antoinette méritait la mort.
P. Serna a effectivement dit que selon la loi en vigueur au moment de son procès, Marie-Antoinette "méritait la mort". Or, c'est un contresens : selon la loi, Marie-Antoinette n'était que passible de la peine de mort. Quant à savoir si elle méritait la mort, c'était à ses "juges" et à eux seuls de le décider. Je dois dire que j'ai été quelque peu étonné par cette confusion entre les rôles de la loi et du juge, qui ont pourtant bien été distingués depuis Montesquieu. La loi fixe l'échelle des peines ; le juge décide de la peine à l'intérieur de cette échelle. C'est ce qu'on appelle la séparation des pouvoirs : législatif (la loi dit quelle peine est susceptible d'être appliquée), judiciaire (le juge décide quelle peine l'accusé(e) "mérite") et exécutif (qui applique la peine).
Il eût été plus exact de dire que selon ses juges, Marie-Antoinette méritait la mort. Or, comme chacun sait, les juges de Marie-Antoinette n'avaient de "juges" que le nom puisqu'ils n'étaient pas indépendants, ni impartiaux, mais à la solde du pouvoir exécutif, à savoir de Robespierre et de ses amis. Un pouvoir exécutif qui lui aussi avait beaucoup de mal à comprendre la théorie de la séparation des pouvoirs.
En d'autres termes, c'est selon Robespierre et ses amis (et non selon la loi), que Marie-Antoinette "méritait" la mort. Ce qui n'est pas une grande nouvelle...
J'ai également trouvé quelque peu "curieux" de dénoncer Marie-Antoinette comme une "ennemie de la Révolution" : ici encore, il me semble que ce n'est pas un scoop.
Je dois rappeler que pour autant, Marie-Antoinette n'était pas le monstre avide de sang, que d'aucuns se plaisent à dépeindre : le 7 novembre 1790, Marie-Antoinette écrit ainsi à son frère Léopold II, que son désir est de faire jouir le peuple "d'une juste et bonne liberté, telle que le roi l'a toujours désirée lui-même pour le bonheur de son peuple, mais loin de la licence et de l'anarchie" qui précipitent "le plus beau royaume" dans "tous les maux possibles".
Marie-Antoinette était, d'après ses propres termes, tirés de sa correspondance privée, pour la "liberté" du peuple.
On a également entendu que Marie-Antoinette avait été non seulement "traîtresse à la Révolution" mais "traitresse à sa patrie".
Nous avons déjà débattu de ce sujet sur le forum. Je ne crois pas que l'on puisse dire que la reine ait été "traitresse à la Révolution" car pour trahir un groupe, encore faut-il en faire partie. Or, de par sa fonction même, la reine ne pouvait bien évidemment pas être républicaine. Il est pour le moins curieux de reprocher à Marie-Antoinette, reine de France, d'avoir été anti-républicaine.
Quant à la "traitresse à la patrie", cela me paraît, ici encore, inexact. Certes, elle a tenté de faire rétablir l'ordre dans le pays, ainsi que l'autorité du roi, avec l'aide des puissances étrangères.
Mais elle n'était certainement pas prête à "vendre" la France à l'étranger.
Au contraire, la correspondance de Marie-Antoinette avec Fersen laisse apparaître que l'une des plus grandes craintes de la reine, était que les autres puissances européennes profitent du désordre pour procéder au "démembrement" de la France. Marie-Antoinette voulait transmettre à son fils, futur roi, la totalité de la terre à laquelle il avait droit : voilà sa logique.
Le 27 mars 1791, Fersen écrit ainsi à Marie-Antoinette :
"Il ne paraît pas douteux qu’il ne soit nécessaire d’agir et d’agir vigoureusement si on veut rétablir l’ordre et le bonheur dans le royaume, le sauver d’une ruine totale, empêcher son démembrement, remettre le roi sur le trône et lui rendre son autorité. "
Dire que Marie-Antoinette aurait "trahi" la France est donc une contrevérité. Au contraire, elle voulait préserver l'intégrité territoriale de la France.
Elle voulait seulement rétablir l'ordre et l'autorité du roi, tout en faisant bénéficier le peuple d'une "juste et bonne liberté" (selon ses propres termes), au besoin avec l'aide des puissances étrangères, ce qui n'a rien à voir avec une trahison. Dirait-on aujourd'hui qu'en luttant contre l'infâme gouvernement de Vichy et ce, avec l'aide des Anglais et des Américains, De Gaulle fût "traitre" à la France ? Cela n'aurait aucun sens. Marie-Antoinette s'est battue pour ce à quoi elle croyait : la monarchie et la terre de France qu'elle voulait transmettre à son fils.
Mais les vainqueurs ont toujours raison : aux yeux de la République, Marie-Antoinette ne peut donc pas être autre chose qu'une "traîtresse".
On a également entendu dire que Marie-Antoinette ne méritait pas l'intérêt qu'on lui porte, et que tant que l'on ne connaîtra les noms et prénoms de toutes les femmes, de tous les hommes, qui sont morts du fait de ses agissements, elle ne méritera pas que l'on s'intéresse ni à sa personne, ni à son sort. Je dois dire que ici encore, je ne comprends pas bien de quoi on parle. Parle-t-on des guerres ou bien de la pauvreté, de la famine, des maladies ?.... Rien de tout cela n'est imputable à la reine. En 1789, la révolution agraire, la mécanisation de l'agriculture n'étaient bien évidemment pas encore advenues : l'immense majorité des Français (90%) devait donc cultiver la terre pour se nourrir, et ni le roi ni la reine n'étaient responsables de cette situation (Marie-Antoinette était-elle responsable de l'archaïsme des techniques agraires, de la nullité de la médecine ?....). Marie-Antoinette n'était pas responsable des conditions de vie difficiles des Français.
Quant aux guerres, je ne comprends pas ici encore de quoi on parle. Malgré ses efforts, Marie-Antoinette ne réussira jamais à convaincre l'Autriche de s'intéresser à son sort. Et ce sont les révolutionnaires français qui, en 1792 déclareront la guerre à l'Autriche et non Marie-Antoinette...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Je n'étais pas présente à la Conciergerie, mais à vous lire il me semble comprendre qu'en vérité Monsieur Serna condamne Marie-Antoinette à titre personnel.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
A titre personnel ? Je ne sais pas. C'est tellement aberrant et monstrueux d'imaginer couper une femme vivante, de 38 ans, en deux morceaux ( pour paraphraser Badinter à qui nous devons l'abolition de la peine de mort en France ).
Je crois plus probable que M. Serna se projette dans son héros Antonelle et le contexte historique. Du moins, je l'espère. Et puis, il a un discours très décalé, singulier, limite surréaliste : par exemple, il se demande comment il doit appeler Marie-Antoinette, la reine ? l'Autrichienne ? Marie-Antoinette ? Antoinette ? la veuve Capet ? ... et conclut qu'après tout il n'a pas besoin de la nommer puisqu'il ignore les noms des milliers de femmes dont Marie-Antoinette a envoyé les maris, les fils, les pères, les frères se faire tuer à la guerre, et que d'ailleurs elle ne compte pas plus pour lui que les moutons Mérinos dont elle raffolait ... humour robespierriste ?
Primo . Marie-Antoinette n'a rien à voir avec la déclaration de guerre du 20 avril 1792 ( comme le souligne le duc juste au-dessus )
Secundo . Il n'y avait pas de Mérinos à Trianon .
Sans doute un clin d'oeil à son livre, Comme des bêtes :
La Révolution française a créé, sur les ruines de l’Ancien Régime, une nouvelle communauté politique composée de citoyens égaux. Dès lors, quelle place devaient y occuper les animaux, si nombreux dans les villes et les campagnes ? Avaient-ils eux aussi des droits ?
Très bien . Mais faire le rapprochement avec Marie-Antoinette est une boutade d'un goût douteux .
Cela semble une évidence. C'est pourtant toujours l'argument massue des pourfendeurs de Marie-Antoinette.
... et Vaudreuil au comte d'Antraigues, le 22 août 1791
Je veux vous gronder de trop croire les bruits qu'on se plaît à répandre relativement à la Reine. On ne veut pas assez calculer qu'elle est sa position affreuse, et, si elle a l'air d'écouter les enragés, c'est à coup sûr pour les tromper et les endormir. Ne mandait-on pas les mêmes choses avant son évasion ? Elle les trompait alors ; elle les trompe à présent, soyez-en sûr et très sûr. Elle est mère et femme ; serons-nous assez barbares pour ne lui pas pardonner des terreurs que ses infâmes ennemis n'ont que trop justifiées ? Mais je vous garantis qu'elle est bien loin de s'opposer aux secours que nous implorons. Vous dites qu'on se dégoûte d'attendre, et je suis loin de blâmer une impatience que je partage ; mais ne soyons pas injustes en décriant une princesse malheureuse, qui a bien prouvé, par l'effort qu'elle a fait pour rompre ses fers, qu'elle en sent toute la pesanteur. D'ailleurs c'est Louis XVI et Antoinette que nous voulons replacer sur le trône ; il faut donc dissimuler leurs torts, et non les exagérer. Mandez cela à ceux qui vous donnent des nouvelles très contraires à celles que nous avons.
Je crois plus probable que M. Serna se projette dans son héros Antonelle et le contexte historique. Du moins, je l'espère. Et puis, il a un discours très décalé, singulier, limite surréaliste : par exemple, il se demande comment il doit appeler Marie-Antoinette, la reine ? l'Autrichienne ? Marie-Antoinette ? Antoinette ? la veuve Capet ? ... et conclut qu'après tout il n'a pas besoin de la nommer puisqu'il ignore les noms des milliers de femmes dont Marie-Antoinette a envoyé les maris, les fils, les pères, les frères se faire tuer à la guerre, et que d'ailleurs elle ne compte pas plus pour lui que les moutons Mérinos dont elle raffolait ... humour robespierriste ?
Primo . Marie-Antoinette n'a rien à voir avec la déclaration de guerre du 20 avril 1792 ( comme le souligne le duc juste au-dessus )
Secundo . Il n'y avait pas de Mérinos à Trianon .
Sans doute un clin d'oeil à son livre, Comme des bêtes :
La Révolution française a créé, sur les ruines de l’Ancien Régime, une nouvelle communauté politique composée de citoyens égaux. Dès lors, quelle place devaient y occuper les animaux, si nombreux dans les villes et les campagnes ? Avaient-ils eux aussi des droits ?
Très bien . Mais faire le rapprochement avec Marie-Antoinette est une boutade d'un goût douteux .
Duc d'Ostrogothie a écrit:
On a également entendu que Marie-Antoinette avait été non seulement "traîtresse à la Révolution" mais "traîtresse à sa patrie".
Nous avons déjà débattu de ce sujet sur le forum. Je ne crois pas que l'on puisse dire que la reine ait été "traîtresse à la Révolution" car pour trahir un groupe, encore faut-il en faire partie. Or, de par sa fonction même, la reine ne pouvait bien évidemment pas être républicaine. Il est pour le moins curieux de reprocher à Marie-Antoinette, reine de France, d'avoir été anti-républicaine.
.
Cela semble une évidence. C'est pourtant toujours l'argument massue des pourfendeurs de Marie-Antoinette.
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Mais elle n'était certainement pas prête à "vendre" la France à l'étranger.
Au contraire, la correspondance de Marie-Antoinette avec Fersen laisse apparaître que l'une des plus grandes craintes de la reine, était que les autres puissances européennes profitent du désordre pour procéder au "démembrement" de la France. Marie-Antoinette voulait transmettre à son fils, futur roi, la totalité de la terre à laquelle il avait droit : voilà sa logique.
Le 27 mars 1791, Fersen écrit ainsi à Marie-Antoinette :
"Il ne paraît pas douteux qu’il ne soit nécessaire d’agir et d’agir vigoureusement si on veut rétablir l’ordre et le bonheur dans le royaume, le sauver d’une ruine totale, empêcher son démembrement, remettre le roi sur le trône et lui rendre son autorité. "
.
... et Vaudreuil au comte d'Antraigues, le 22 août 1791
Je veux vous gronder de trop croire les bruits qu'on se plaît à répandre relativement à la Reine. On ne veut pas assez calculer qu'elle est sa position affreuse, et, si elle a l'air d'écouter les enragés, c'est à coup sûr pour les tromper et les endormir. Ne mandait-on pas les mêmes choses avant son évasion ? Elle les trompait alors ; elle les trompe à présent, soyez-en sûr et très sûr. Elle est mère et femme ; serons-nous assez barbares pour ne lui pas pardonner des terreurs que ses infâmes ennemis n'ont que trop justifiées ? Mais je vous garantis qu'elle est bien loin de s'opposer aux secours que nous implorons. Vous dites qu'on se dégoûte d'attendre, et je suis loin de blâmer une impatience que je partage ; mais ne soyons pas injustes en décriant une princesse malheureuse, qui a bien prouvé, par l'effort qu'elle a fait pour rompre ses fers, qu'elle en sent toute la pesanteur. D'ailleurs c'est Louis XVI et Antoinette que nous voulons replacer sur le trône ; il faut donc dissimuler leurs torts, et non les exagérer. Mandez cela à ceux qui vous donnent des nouvelles très contraires à celles que nous avons.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Nous avons déjà débattu de ce sujet sur le forum. Je ne crois pas que l'on puisse dire que la reine ait été "traitresse à la Révolution" car pour trahir un groupe, encore faut-il en faire partie. Or, de par sa fonction même, la reine ne pouvait bien évidemment pas être républicaine. Il est pour le moins curieux de reprocher à Marie-Antoinette, reine de France, d'avoir été anti-républicaine.
Vous retrouverez quelques-uns de nos débats à ce sujet, ici :
Marie-Antoinette a-t-elle trahi la France ou...la Révolution ?
Je nuance un peu, en rappelant qu'il n'est pas encore question d'une république.
Depuis 1789 et jusqu'en 1792, il est question d'élaborer et d'instituer une " monarchie constitutionnelle ", fondée sur les principes de : la souveraineté de la Nation incarnée par la personne du roi (et non plus de droit divin) ; la séparation / l'équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) ; et l'abolition des institutions d'Ancien Régime " contraire à la liberté et à l'égalité des droits ".
Que les pouvoirs du roi aient été fortement revus à la baisse, cela est certain (sans pour autant passer du tout à rien), toutefois Marie-Antoinette s'oppose à ce nouveau régime constitutionnel. Elle n'en veut pas. C'est un fait.
Voir les mots qu'elle adresse encore à Mercy Argenteau, en août 1791, c'est à dire peu avant la promulgation de cette constitution (3 septembre 1791) :
Marie-Antoinette a-t-elle trahi la France...ou la Révolution ?
Et elle déclare s'y opposer non plus de manière disons " frontale " (le roi n'est absolument plus en position de le faire depuis l'épisode de Varennes, après lequel les députés monarchistes et modérés lui ont laissé une sorte de " seconde chance " avec le maintien de sa fonction), mais en expliquant qu'il n'y a plus d'autre choix que de se " soumettre " à l'acceptation de cette constitution.
Une soumission et un sacrifice - temporaires -, jugeant cette constitution si aberrante et " monstrueuse " qu'elle ne peut se soutenir bien longtemps, et comptant donc sur une intervention future des puissances étrangères.
Le 14 septembre, Louis XVI accepte officiellement cette constitution et prête serment :
« Messieurs, je viens consacrer ici solennellement l'acceptation que j'ai donné à l'Acte constitutionnel. En conséquence, je jure d'être fidèle à la Nation et à la Loi, à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale constituante, et à faire exécuter les lois. [...] »
A la demande de Louis XVI (l'une de ses prérogatives constitutionnelles).Duc d'Ostrogothie a écrit:Et ce sont les révolutionnaires français qui, en 1792 déclareront la guerre à l'Autriche et non Marie-Antoinette...
La nuit, la neige- Messages : 18132
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Oui, merci LNLN pour ces précisions. Si Louis XVI signe la déclaration de guerre en avril 92, c’est contraint et forcé, car il est contre, en accord pour une fois avec Robespierre, qui est hostile à cette guerre. Je n’en dirais pas autant pour la Reine, pour qui les hostilités pourraient permettre, pour le moins, un remaniement des cartes.
Vicq d Azir- Messages : 3676
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Soirée inaugurale : petit billet d’humeur
Je reviens un instant sur la pointe d’agacement que Madame de Sabran a fort bien discerné le soir du 20 novembre chez ses deux voisins immédiats. Le Duc s’est exprimé, je vous livre à mon tour quelques réflexions. D’ici la fin de la semaine, je rendrai compte également des conférences auxquelles j’ai assisté le vendredi matin 22 novembre .
Nous sommes habitués à devoir donner des gages de bon citoyen républicain dès lors que nous affirmons un intérêt trop marqué pour Marie-Antoinette, et nous ne fumes pas épargnés par Pierre Serna le soir du 20 novembre. ... Dans la prédilection actuelle pour la dernière reine de France, ce grand spécialiste de la Révolution française discerne en effet une expression de la victoire « à plate couture » de la contre-Révolution dans notre société consumériste, post-moderne et dépolitisée. Aussi, dans l’accueil courtois qu’il avait préparé, il nous a bien fait comprendre que nous étions les instruments plus ou moins conscients d’un phénomène de réaction, voire de révisionnisme…
Je respecte beaucoup l’auteur, son livre récent sur les cahiers de doléances (« Que demande le peuple ? les cahiers de doléances de 1789 », Textuel, 2019) est par exemple un grand et bel ouvrage. Mais en écoutant les propos qu’il lui revenait d’adresser en ouverture du colloque, je sentais chez Pierre Serna comme une gêne et du dépit. Certes, il concédait qu’il faisait sens pour l’Université de s’intéresser à la figure de Marie-Antoinette, puisqu’elle s’affirme comme un phénomène incontournable et durable de l’historiographie. A ce titre, il est donc légitime que l’Université s’interroge et rende compte… Mais dans le même temps – agacement pour agacement – il cachait mal le sien de voir cet engouement artificiel pour la figure dépolitisée d’une femme qu’il choisissait pour sa part de présenter avant tout comme l’ennemie irréductible de la Révolution, et donc l’adversaire définitif de ce qui constitue le socle de notre société démocratique.
Je comprends la désillusion de l’universitaire devant l’usage quasi dépolitisé d’un personnage historique dont le rôle n’a certes pas été négligeable avant et pendant la Révolution. Pour autant, faut-il y répondre par des affirmations définitives et simplificatrices ? En effet, c’est à grandes enjambées que le réquisitoire fut décliné. Marie-Antoinette a constamment poussé à la guerre, elle est directement responsable des milliers de morts aux frontières ; elle l’est également des milliers de chômeurs qui subissaient les conséquences directes du traité commercial de 1786 et des habitudes vestimentaires de la reine qui privilégiaient les importations anglaises. Malfaisante et inconséquente, on vous l’avait bien dit, on vous le prouve !
Bref, si la forme du procès inspire à Pierre Serna quelques regrets, sur le fond, il faut bien en convenir, Marie-Antoinette était coupable et a mérité son sort. « Elle l’a bien mérité », l’affirmation fut en effet répétée. Toute nuance sera ici sans doute perçue comme contre-révolutionnaire et réactionnaire… Ne nous embarrassons donc pas de détails, ne cherchons pas à rappeler que les évènements font sans cesse évoluer les positions des acteurs de la Révolution, que c’est d’ailleurs la part la plus fascinante de la recherche, celle qui permet d’approcher la part d’humanité de chacun. Celle de Marie-Antoinette comme celle des autres protagonistes... Nous connaissons bien ici les correspondances de la reine ; aussi incomplètes soient-elles, nous savons qu’elles sont la porte d’entrée pour toute tentative sérieuse d’approcher le personnage dans sa complexité, avec ses paradoxes et ses faiblesses. Avec sa grandeur, aussi. Sur le sujet complexe de la guerre, comme sur d’autres !
Cher Monsieur Serna, laissez-moi vous dire... Pour différentes raisons, souvent liées à l’intime, Marie-Antoinette touche les participants et les lecteurs de ce Forum. C’est la raison pour laquelle nous cherchons à réunir toujours plus d’informations autour de son existence. Il faut dire que c’était hier… et qu’il nous reste tant de lieux et d’objets, tant de documents et de témoignages sur sa vie, ses passions, son entourage. Par nos échanges, nous cherchons à mieux la comprendre. Nous ne voyons pas tous la même personne, nous ne sommes pas toujours d’accord. Nous aimerions pouvoir dire que nous la connaissons, mais le plus souvent elle nous échappe... Aussi avançons-nous avec prudence. Avec bienveillance aussi, les uns vis-à-vis des autres. Nous ne considérons jamais que le personnage de Marie-Antoinette nous appartienne. Nous savons qu’il est nécessairement une reconstruction, et que notre vérité – même si elle se veut aussi informée que possible – peut très bien ne pas être LA vérité.
Et voyez-vous, cher Monsieur Serna, s’il est entendu que Marie-Antoinette n’est pas l’amie de la Révolution (elle était reine de France, souvenez-vous…), nous ne parviendrons jamais à voir en elle une ennemie du peuple auquel nous appartenons, une ennemie de ce pays auquel nous sommes – vous et nous – si profondément attachés.
Puis-je m’avancer et dire qu’autour de cette affirmation se retrouveront bon nombre des membres de ce Forum…
Je reviens un instant sur la pointe d’agacement que Madame de Sabran a fort bien discerné le soir du 20 novembre chez ses deux voisins immédiats. Le Duc s’est exprimé, je vous livre à mon tour quelques réflexions. D’ici la fin de la semaine, je rendrai compte également des conférences auxquelles j’ai assisté le vendredi matin 22 novembre .
Nous sommes habitués à devoir donner des gages de bon citoyen républicain dès lors que nous affirmons un intérêt trop marqué pour Marie-Antoinette, et nous ne fumes pas épargnés par Pierre Serna le soir du 20 novembre. ... Dans la prédilection actuelle pour la dernière reine de France, ce grand spécialiste de la Révolution française discerne en effet une expression de la victoire « à plate couture » de la contre-Révolution dans notre société consumériste, post-moderne et dépolitisée. Aussi, dans l’accueil courtois qu’il avait préparé, il nous a bien fait comprendre que nous étions les instruments plus ou moins conscients d’un phénomène de réaction, voire de révisionnisme…
Je respecte beaucoup l’auteur, son livre récent sur les cahiers de doléances (« Que demande le peuple ? les cahiers de doléances de 1789 », Textuel, 2019) est par exemple un grand et bel ouvrage. Mais en écoutant les propos qu’il lui revenait d’adresser en ouverture du colloque, je sentais chez Pierre Serna comme une gêne et du dépit. Certes, il concédait qu’il faisait sens pour l’Université de s’intéresser à la figure de Marie-Antoinette, puisqu’elle s’affirme comme un phénomène incontournable et durable de l’historiographie. A ce titre, il est donc légitime que l’Université s’interroge et rende compte… Mais dans le même temps – agacement pour agacement – il cachait mal le sien de voir cet engouement artificiel pour la figure dépolitisée d’une femme qu’il choisissait pour sa part de présenter avant tout comme l’ennemie irréductible de la Révolution, et donc l’adversaire définitif de ce qui constitue le socle de notre société démocratique.
Je comprends la désillusion de l’universitaire devant l’usage quasi dépolitisé d’un personnage historique dont le rôle n’a certes pas été négligeable avant et pendant la Révolution. Pour autant, faut-il y répondre par des affirmations définitives et simplificatrices ? En effet, c’est à grandes enjambées que le réquisitoire fut décliné. Marie-Antoinette a constamment poussé à la guerre, elle est directement responsable des milliers de morts aux frontières ; elle l’est également des milliers de chômeurs qui subissaient les conséquences directes du traité commercial de 1786 et des habitudes vestimentaires de la reine qui privilégiaient les importations anglaises. Malfaisante et inconséquente, on vous l’avait bien dit, on vous le prouve !
Bref, si la forme du procès inspire à Pierre Serna quelques regrets, sur le fond, il faut bien en convenir, Marie-Antoinette était coupable et a mérité son sort. « Elle l’a bien mérité », l’affirmation fut en effet répétée. Toute nuance sera ici sans doute perçue comme contre-révolutionnaire et réactionnaire… Ne nous embarrassons donc pas de détails, ne cherchons pas à rappeler que les évènements font sans cesse évoluer les positions des acteurs de la Révolution, que c’est d’ailleurs la part la plus fascinante de la recherche, celle qui permet d’approcher la part d’humanité de chacun. Celle de Marie-Antoinette comme celle des autres protagonistes... Nous connaissons bien ici les correspondances de la reine ; aussi incomplètes soient-elles, nous savons qu’elles sont la porte d’entrée pour toute tentative sérieuse d’approcher le personnage dans sa complexité, avec ses paradoxes et ses faiblesses. Avec sa grandeur, aussi. Sur le sujet complexe de la guerre, comme sur d’autres !
Cher Monsieur Serna, laissez-moi vous dire... Pour différentes raisons, souvent liées à l’intime, Marie-Antoinette touche les participants et les lecteurs de ce Forum. C’est la raison pour laquelle nous cherchons à réunir toujours plus d’informations autour de son existence. Il faut dire que c’était hier… et qu’il nous reste tant de lieux et d’objets, tant de documents et de témoignages sur sa vie, ses passions, son entourage. Par nos échanges, nous cherchons à mieux la comprendre. Nous ne voyons pas tous la même personne, nous ne sommes pas toujours d’accord. Nous aimerions pouvoir dire que nous la connaissons, mais le plus souvent elle nous échappe... Aussi avançons-nous avec prudence. Avec bienveillance aussi, les uns vis-à-vis des autres. Nous ne considérons jamais que le personnage de Marie-Antoinette nous appartienne. Nous savons qu’il est nécessairement une reconstruction, et que notre vérité – même si elle se veut aussi informée que possible – peut très bien ne pas être LA vérité.
Et voyez-vous, cher Monsieur Serna, s’il est entendu que Marie-Antoinette n’est pas l’amie de la Révolution (elle était reine de France, souvenez-vous…), nous ne parviendrons jamais à voir en elle une ennemie du peuple auquel nous appartenons, une ennemie de ce pays auquel nous sommes – vous et nous – si profondément attachés.
Puis-je m’avancer et dire qu’autour de cette affirmation se retrouveront bon nombre des membres de ce Forum…
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Merci j'approuve et je signe !Bonnefoy du Plan a écrit:Et voyez-vous, cher Monsieur Serna, s’il est entendu que Marie-Antoinette n’est pas l’amie de la Révolution (elle était reine de France, souvenez-vous…), nous ne parviendrons jamais à voir en elle une ennemie du peuple auquel nous appartenons, une ennemie de ce pays auquel nous sommes – vous et nous – si profondément attachés.
Je suis un fils de la République, je travaille pour elle, cela ne m'empêche pas d'aimer et d'essayer de comprendre la Reine.
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Mr de Talaru- Messages : 3193
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Merci, cher Bonnefoy du Plan pour ce petit billet d'humeur bien senti et néanmoins marqué au coin de l'urbanité telle que nous la souhaitons dans notre Forum.
Car, comme vous l'écrivez :
nous ne voyons pas tous la même personne, nous ne sommes pas toujours d’accord. Nous aimerions pouvoir dire que nous la connaissons, mais le plus souvent elle nous échappe... Aussi avançons-nous avec prudence. Avec bienveillance aussi, les uns vis-à-vis des autres.
Tenez, vous me l'ôtez du clavier !
Ce fut un grand plaisir de faire enfin votre connaissance . Comme quoi tout arrive !
Bonnefoy du Plan a écrit: D’ici la fin de la semaine, je rendrai compte également des conférences auxquelles j’ai assisté le vendredi matin 22 novembre .
Vous étiez notre envoyé spécial du vendredi ! Je suppose que cette troisième journée était très intéressante aussi ?
Je suis impatiente de découvrir vos impressions .
Bonnefoy du Plan a écrit:Dans la prédilection actuelle pour la dernière reine de France, ce grand spécialiste de la Révolution française discerne en effet une expression de la victoire « à plate couture » de la contre-Révolution
Oui, c'était l'idée-phare qui nous fut martelée le mercredi soir , avec la notion culpabilisante de négationnisme .
Bonnefoy du Plan a écrit:dans notre société consumériste, post-moderne et dépolitisée.
Nous devons à M. Serna le nouveau concept de L'extrême centre ou le poison français : 1789-2019.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
... moi itou-également .Mr de Talaru a écrit:
Merci j'approuve et je signe !
.
C'est grâce à toi, mon cher François, que j'ai pu m'organiser à temps pour cette petite virée parisienne.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Merci mon cher Bonnefoy pour ce billet d’humeur, si sensible et si bien exprimé. J’y souscris totalement, et je pense que beaucoup d’amis du Forum s’y retrouveront...
J’étais intervenu dans ce sens aussi, samedi soir, dans l’amphithéâtre de La Sorbonne. Il était question de la présentation muséographique de la Conciergerie. J’avais alors plaidé pour le maintien d’un lieu de mémoire, en référence aux victimes (pas toutes d’origine aristocratique, loin de là) de cette période sombre de la Terreur. J’avais réagi à des termes qui avait été employés en rappelant qu’il n’est pas nécessaire d’être de vieux royalistes pour venir honorer cette mémoire dans ce lieu... J’avais plaidé enfin pour un pluralisme de la démarche historique, seul gage d’une liberté de pensée, notre Forum en étant un excellent exemple...
Merci aussi pour les arguments brillamment amenés par notre cher Duc, concernant les chefs d’accusation du procès de la Reine, procès qu’on ne cesse de faire et de refaire, en particulier à propos de sa supposée trahison. Je me dis qu’avec une telle plaidoirie, Marie-Antoinette eut sans doute sauvé sa tête, à ceci près qu’il s’agissait d’un procès politique, et non d’un procès normal...
J’étais intervenu dans ce sens aussi, samedi soir, dans l’amphithéâtre de La Sorbonne. Il était question de la présentation muséographique de la Conciergerie. J’avais alors plaidé pour le maintien d’un lieu de mémoire, en référence aux victimes (pas toutes d’origine aristocratique, loin de là) de cette période sombre de la Terreur. J’avais réagi à des termes qui avait été employés en rappelant qu’il n’est pas nécessaire d’être de vieux royalistes pour venir honorer cette mémoire dans ce lieu... J’avais plaidé enfin pour un pluralisme de la démarche historique, seul gage d’une liberté de pensée, notre Forum en étant un excellent exemple...
Merci aussi pour les arguments brillamment amenés par notre cher Duc, concernant les chefs d’accusation du procès de la Reine, procès qu’on ne cesse de faire et de refaire, en particulier à propos de sa supposée trahison. Je me dis qu’avec une telle plaidoirie, Marie-Antoinette eut sans doute sauvé sa tête, à ceci près qu’il s’agissait d’un procès politique, et non d’un procès normal...
Dernière édition par Vicq d Azir le Jeu 28 Nov 2019, 17:57, édité 1 fois
Vicq d Azir- Messages : 3676
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Refaire le procès de Marie-Antoinette au XXIe siècle me semble si absurde que les mots me manquent pour ajouter quoi que ce soit.
Merci à Bonnefoy et à vous tous pour votre regard nuancé.
Merci à Bonnefoy et à vous tous pour votre regard nuancé.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
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Re: Colloque international Marie-Antoinette - 20 / 21 / 22 Novembre 2019
Salle Jean-Jaurès : vendredi 22 novembre, intervention brillante de Baptiste Roger-Lacan (Pierre de Nolhac, le chevalier servant)
Le troisième jour, vendredi 22 novembre, je me suis donc retrouvé un peu seul, rue d’Ulm, dans cette salle historique qui fut la cinémathèque de Pierre Langlois et qui s’appelle aujourd’hui Salle Jean Jaurès. (Le nom de Pierre Langlois a bien été proposé, Antoine de Baeque nous l’a confirmé, mais il n’était pas normalien et l’esprit de corps a prévalu...).
L’assistance était plus clairsemée, autour d’une trentaine de personnes je crois. J’y ai revu Annie Duprat, toujours assidue, rejointe en cours de matinée par Jean-Clément Martin. Je n’avais pas prévu de rester l’après-midi pour Cécile Berly, le thème de "la reine du Net" faisant déjà l’objet d’un papier bien connu de cette historienne. Quant aux mangas, que voulez-vous, on ne peut pas s’intéresser à tout…
Ma « journée » s’est donc passée autour de deux conférences, l’une l’autre extrêmement intéressantes, brillamment menées par deux jeunes historiens enthousiastes et prometteurs :
"Pierre de Nolhac, le chevalier servant", par Baptiste Roger-Lacan
"Marie-Antoinette, reine des premiers écrans", par François Huzar,
Elles ont été suivies d’une dernière intervention par Antoine de Baecque sur le thème de "Marie-Antoinette dans les collections de la Cinémathèque française ".
Pierre de Nolhac, le chevalier servant (Baptiste Roger-Lacan)
Nous sommes familiers du personnage de Pierre de Nolhac. Les amoureux de Versailles et de la reine ont nécessairement dans leur bibliothèque certains de ses ouvrages, très régulièrement réédités au XXème siècle. Il est actuellement à l’honneur à l’occasion de l’exposition « Versailles revival » qui vient d’ouvrir la semaine dernière au Château.
Baptiste Roger-Lacan travaille sur une thèse autour de Georges Lenôtre, bien connu également par ses nombreux livres sur la Révolution française. Cet auteur évoluait dans un environnement intellectuel proche de l’Action française, tout comme Pierre de Nolhac (un engagement politique d’ailleurs parfaitement occulté dans l’exposition versaillaise et son catalogue).
Baptiste nous a proposé un papier riche, très bien écrit et très clair, avec une argumentation subtile et originale. Au-delà de la légende de l’homme qui a ressuscité Versailles, il a cherché à s’interroger sur cette étrange cohabitation entre un conservateur et historien royaliste et la toute jeune 3ème République qui le nomme à ce poste clé. Comment cela a-t-il bien pu fonctionner ? En quoi les uns et les autres ont-ils trouvé un intérêt à cette situation, dépassant ainsi des buts en apparence contradictoires ?
Alors que s’installe la 3ème République, Marie-Antoinette s’affirme comme une figure favorite de l’historiographie royaliste. Avec Pierre de Nolhac, à la fois conservateur à Versailles et historien prolifique, le personnage de la reine apparait comme un « cheval de Troie muséal ». Par cette image, Baptiste Roger-Lacan souligne que Marie-Antoinette participe à la persistance culturelle de l’Ancien Régime dans un cadre républicain en construction. Elle s’y affiche même au tout premier plan, à côté de figures comme Louis XV et Madame de Pompadour, autres personnages clés de ce « revival » XVIIIème siècle dans l’œuvre de Nolhac.
C’est par l’érudition que l’édition contre-révolutionnaire trouve son terrain d’épanouissement. Pierre de Nolhac s’y distingue, auprès d’auteurs comme Beaucourt et La Rochetterie, Lenôtre ou encore Funck Brentano. Il cherche à créer « une expérience immersive d’Ancien Régime », avec des livres bien documentés, où l’illustration de qualité vient appuyer un propos rigoureux. Les éditions originales de la dauphine Marie-Antoinette et de la reine Marie-Antoinette sont des livres très chers, de beaux livres d’étrennes pour les filles et fils de famille (60 et 200 Francs, soit 200 et 650€ - ou peut-être est-ce l’inverse, je relis mal mes notes …). Mais les publics plus modestes sont aussi visés, grâce aux nombreuses éditions successives. Les éditions Nelson, publiées à Edimbourg en pleine première guerre mondiale, vendent ainsi ces mêmes ouvrages au prix accessible de 1,25 Francs.
Au fil de son propos, Baptiste a développé et étayé l’idée très intéressante d‘une transaction – plus complexe qu’il n’y parait au premier abord – entre Nolhac et les auteurs ouvertement royalistes d’une part, et la République de l’autre. Une transaction au nom des intérêts supérieurs de l’Etat et de la nécessité d’une réconciliation nationale après plus d’un siècle de soubresauts politiques. Nolhac éduque son public et la République trouve un intérêt à le laisser agir. Le grand fonctionnaire royaliste est ainsi intégré par la République, on le retrouve par exemple au Comité d’organisation de la visite de Nicolas II en 1896.
Autre idée intéressante de l’orateur, celle d’une neutralisation du personnage de Marie-Antoinette par ces mêmes historiens. En effet, la reine est destinée à fournir une illustration attractive de l’Ancien Régime, plus qu’une défense à proprement parler de la monarchie. Le personnage politique n’est ainsi pas mis en avant. Si Marie-Antoinette évoque la monarchie, elle n’est pas convoquée pour combattre aux côtés de l’Action française. Tout se joue sur un registre beaucoup plus subtil… La littérature de Nolhac n’est pas ouvertement militante, elle vise plus à un approfondissement de la connaissance historique. Mais cette connaissance est bien mise au service d’une vision politique, une vision qui tend finalement à prouver la barbarie de la cause révolutionnaire.
Demain, je vous parlerai de la présentation de François Husar au sujet de la figure de la reine dans le cinéma muet…
Le troisième jour, vendredi 22 novembre, je me suis donc retrouvé un peu seul, rue d’Ulm, dans cette salle historique qui fut la cinémathèque de Pierre Langlois et qui s’appelle aujourd’hui Salle Jean Jaurès. (Le nom de Pierre Langlois a bien été proposé, Antoine de Baeque nous l’a confirmé, mais il n’était pas normalien et l’esprit de corps a prévalu...).
L’assistance était plus clairsemée, autour d’une trentaine de personnes je crois. J’y ai revu Annie Duprat, toujours assidue, rejointe en cours de matinée par Jean-Clément Martin. Je n’avais pas prévu de rester l’après-midi pour Cécile Berly, le thème de "la reine du Net" faisant déjà l’objet d’un papier bien connu de cette historienne. Quant aux mangas, que voulez-vous, on ne peut pas s’intéresser à tout…
Ma « journée » s’est donc passée autour de deux conférences, l’une l’autre extrêmement intéressantes, brillamment menées par deux jeunes historiens enthousiastes et prometteurs :
"Pierre de Nolhac, le chevalier servant", par Baptiste Roger-Lacan
"Marie-Antoinette, reine des premiers écrans", par François Huzar,
Elles ont été suivies d’une dernière intervention par Antoine de Baecque sur le thème de "Marie-Antoinette dans les collections de la Cinémathèque française ".
Pierre de Nolhac, le chevalier servant (Baptiste Roger-Lacan)
Nous sommes familiers du personnage de Pierre de Nolhac. Les amoureux de Versailles et de la reine ont nécessairement dans leur bibliothèque certains de ses ouvrages, très régulièrement réédités au XXème siècle. Il est actuellement à l’honneur à l’occasion de l’exposition « Versailles revival » qui vient d’ouvrir la semaine dernière au Château.
Baptiste Roger-Lacan travaille sur une thèse autour de Georges Lenôtre, bien connu également par ses nombreux livres sur la Révolution française. Cet auteur évoluait dans un environnement intellectuel proche de l’Action française, tout comme Pierre de Nolhac (un engagement politique d’ailleurs parfaitement occulté dans l’exposition versaillaise et son catalogue).
Baptiste nous a proposé un papier riche, très bien écrit et très clair, avec une argumentation subtile et originale. Au-delà de la légende de l’homme qui a ressuscité Versailles, il a cherché à s’interroger sur cette étrange cohabitation entre un conservateur et historien royaliste et la toute jeune 3ème République qui le nomme à ce poste clé. Comment cela a-t-il bien pu fonctionner ? En quoi les uns et les autres ont-ils trouvé un intérêt à cette situation, dépassant ainsi des buts en apparence contradictoires ?
Alors que s’installe la 3ème République, Marie-Antoinette s’affirme comme une figure favorite de l’historiographie royaliste. Avec Pierre de Nolhac, à la fois conservateur à Versailles et historien prolifique, le personnage de la reine apparait comme un « cheval de Troie muséal ». Par cette image, Baptiste Roger-Lacan souligne que Marie-Antoinette participe à la persistance culturelle de l’Ancien Régime dans un cadre républicain en construction. Elle s’y affiche même au tout premier plan, à côté de figures comme Louis XV et Madame de Pompadour, autres personnages clés de ce « revival » XVIIIème siècle dans l’œuvre de Nolhac.
C’est par l’érudition que l’édition contre-révolutionnaire trouve son terrain d’épanouissement. Pierre de Nolhac s’y distingue, auprès d’auteurs comme Beaucourt et La Rochetterie, Lenôtre ou encore Funck Brentano. Il cherche à créer « une expérience immersive d’Ancien Régime », avec des livres bien documentés, où l’illustration de qualité vient appuyer un propos rigoureux. Les éditions originales de la dauphine Marie-Antoinette et de la reine Marie-Antoinette sont des livres très chers, de beaux livres d’étrennes pour les filles et fils de famille (60 et 200 Francs, soit 200 et 650€ - ou peut-être est-ce l’inverse, je relis mal mes notes …). Mais les publics plus modestes sont aussi visés, grâce aux nombreuses éditions successives. Les éditions Nelson, publiées à Edimbourg en pleine première guerre mondiale, vendent ainsi ces mêmes ouvrages au prix accessible de 1,25 Francs.
Au fil de son propos, Baptiste a développé et étayé l’idée très intéressante d‘une transaction – plus complexe qu’il n’y parait au premier abord – entre Nolhac et les auteurs ouvertement royalistes d’une part, et la République de l’autre. Une transaction au nom des intérêts supérieurs de l’Etat et de la nécessité d’une réconciliation nationale après plus d’un siècle de soubresauts politiques. Nolhac éduque son public et la République trouve un intérêt à le laisser agir. Le grand fonctionnaire royaliste est ainsi intégré par la République, on le retrouve par exemple au Comité d’organisation de la visite de Nicolas II en 1896.
Autre idée intéressante de l’orateur, celle d’une neutralisation du personnage de Marie-Antoinette par ces mêmes historiens. En effet, la reine est destinée à fournir une illustration attractive de l’Ancien Régime, plus qu’une défense à proprement parler de la monarchie. Le personnage politique n’est ainsi pas mis en avant. Si Marie-Antoinette évoque la monarchie, elle n’est pas convoquée pour combattre aux côtés de l’Action française. Tout se joue sur un registre beaucoup plus subtil… La littérature de Nolhac n’est pas ouvertement militante, elle vise plus à un approfondissement de la connaissance historique. Mais cette connaissance est bien mise au service d’une vision politique, une vision qui tend finalement à prouver la barbarie de la cause révolutionnaire.
Demain, je vous parlerai de la présentation de François Husar au sujet de la figure de la reine dans le cinéma muet…
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
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