Marie-Antoinette a-t-elle trahi la France... ou la Révolution?
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: L'histoire de Marie-Antoinette :: Marie-Antoinette et la Révolution française
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Re: Marie-Antoinette a-t-elle trahi la France... ou la Révolution?
Bien surprenant aussi , voici ce que J.F.K. cite à l'appui de sa théorie de la politique du pire :
C'est extrait de son
Je suis allée réclamer plus amples renseignements auprès de Wiki qui semble bien confirmer que Antoine Omer Talon, né le 20 janvier 1760 à Paris, décédé le 18 août 1811 à Gretz (Seine-et-Marne), était un lieutenant civil au Châtelet de Paris et un député de la Noblesse à la Constituante. Il fut également un contre-révolutionnaire français, défenseur de Louis XVI et du parti royaliste. Il contribua notamment à mettre sur pied au palais des Tuileries, en 1791 et 1792, un réseau de distribution de pots-de-vin aux révolutionnaires les plus influents.
Le comité secret des Tuileries
Pour ce qui le concernait particulièrement, il avait un agent principal,
Pierre Benoist d'Angers, avocat et diplomate qui épousa la célèbre peintre Marie-Guillemine Delaville-Leroulx, fille de Delaville-Leroulx, le dernier ministre de Louis XVI, et fit par la suite une brillante carrière administrative. Mais le réseau de Talon et de Radix de Sainte-Foix avait des ramifications étendues.
Leur parentèle d'abord: l'avocat au Parlement Huguet de Sémonville, partie prenante dans leurs projets avec son collègue et ami Hugues-Bernard Maret, le futur duc de Bassano, M. et Mme Descorches de Sainte-Croix, née Marie-Victoire Talon, sa seconde sœur -, et, par le biais de sa femme, née Jeanne-Agnès-Gabrielle de Pestre, les familles de Hyacinthe de Pestre de Séneffe, d'Édouard de Walckiers, Mme de Boullongne, l'ambassadeur Chauvelin, etc.
Cette coalition tentaculaire d'intérêts politiques et financiers se mit, dès l'affaire de Varennes, au service des Tuileries, notamment après que Louis XVI eût validé la constitution monarchique (septembre 1791). Pour maintenir ou défendre les prérogatives de la cour face aux assauts des clubs et d'une partie de l'Assemblée qui œuvrait en vue de l'instauration d'une République en France, le réseau de Maximilien Radix de Sainte-Foix et de Talon, de concert avec les ministres de Louis XVI (Montmorin, Valdec de Lessart, Bertrand de Molleville notamment), mit sur pied cette ambitieuse (et assez chimérique ) entreprise de noyautage des clubs et de l'assemblée en corrompant leurs meneurs influents ou populaires.
Ils s'entendirent avec tout l'entourage de Louis XVI, ses conseillers, tels que Thierry de Ville d'Avray et le duc de Brissac, sur des financiers (Tourteau de Septeuil, Arnault de Laporte et Joseph Duruey), sur des recruteurs, dirigés par M. Collenot d'Angremont qui s'aboucha avec quelques juges de paix (Buob, La Borde, Bosquillon, etc.), sur Jean-Baptiste Léonard Durand, ancien directeur de la Compagnie du Sénégal - recruteur de Danton, et enfin sur des journalistes comme Rivarol et divers membres issus de la rédaction des Actes des Apôtres.
Une partie de leurs entreprises secrètes a été dévoilée grâce à la publication en plusieurs volumes, plus tard ordonnée par la Convention, des « papiers trouvés dans l'armoire de fer », sorte de coffre où le roi déchu avait entreposé quelques éléments de la correspondance de son entourage. Les documents les plus importants ont échappé par des voies diverses (entre autres les lettres confiées à Mme Campan qui tombèrent en tout ou en partie entre les mains de Georges Gounenot, de Berthold Proly et de Bertrand Barère).
Après la journée du 10 août 1792, Talon fut décrété d'arrestation, mais il put se soustraire aux recherches en émigrant en Angleterre grâce au passeport que Danton, très compromis par le comité secret des Tuileries, lui procura.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Vincent_Benoist
https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Omer_Talon
C'est extrait de son
Je suis allée réclamer plus amples renseignements auprès de Wiki qui semble bien confirmer que Antoine Omer Talon, né le 20 janvier 1760 à Paris, décédé le 18 août 1811 à Gretz (Seine-et-Marne), était un lieutenant civil au Châtelet de Paris et un député de la Noblesse à la Constituante. Il fut également un contre-révolutionnaire français, défenseur de Louis XVI et du parti royaliste. Il contribua notamment à mettre sur pied au palais des Tuileries, en 1791 et 1792, un réseau de distribution de pots-de-vin aux révolutionnaires les plus influents.
Le comité secret des Tuileries
Pour ce qui le concernait particulièrement, il avait un agent principal,
Pierre Benoist d'Angers, avocat et diplomate qui épousa la célèbre peintre Marie-Guillemine Delaville-Leroulx, fille de Delaville-Leroulx, le dernier ministre de Louis XVI, et fit par la suite une brillante carrière administrative. Mais le réseau de Talon et de Radix de Sainte-Foix avait des ramifications étendues.
Leur parentèle d'abord: l'avocat au Parlement Huguet de Sémonville, partie prenante dans leurs projets avec son collègue et ami Hugues-Bernard Maret, le futur duc de Bassano, M. et Mme Descorches de Sainte-Croix, née Marie-Victoire Talon, sa seconde sœur -, et, par le biais de sa femme, née Jeanne-Agnès-Gabrielle de Pestre, les familles de Hyacinthe de Pestre de Séneffe, d'Édouard de Walckiers, Mme de Boullongne, l'ambassadeur Chauvelin, etc.
Cette coalition tentaculaire d'intérêts politiques et financiers se mit, dès l'affaire de Varennes, au service des Tuileries, notamment après que Louis XVI eût validé la constitution monarchique (septembre 1791). Pour maintenir ou défendre les prérogatives de la cour face aux assauts des clubs et d'une partie de l'Assemblée qui œuvrait en vue de l'instauration d'une République en France, le réseau de Maximilien Radix de Sainte-Foix et de Talon, de concert avec les ministres de Louis XVI (Montmorin, Valdec de Lessart, Bertrand de Molleville notamment), mit sur pied cette ambitieuse (et assez chimérique ) entreprise de noyautage des clubs et de l'assemblée en corrompant leurs meneurs influents ou populaires.
Ils s'entendirent avec tout l'entourage de Louis XVI, ses conseillers, tels que Thierry de Ville d'Avray et le duc de Brissac, sur des financiers (Tourteau de Septeuil, Arnault de Laporte et Joseph Duruey), sur des recruteurs, dirigés par M. Collenot d'Angremont qui s'aboucha avec quelques juges de paix (Buob, La Borde, Bosquillon, etc.), sur Jean-Baptiste Léonard Durand, ancien directeur de la Compagnie du Sénégal - recruteur de Danton, et enfin sur des journalistes comme Rivarol et divers membres issus de la rédaction des Actes des Apôtres.
Une partie de leurs entreprises secrètes a été dévoilée grâce à la publication en plusieurs volumes, plus tard ordonnée par la Convention, des « papiers trouvés dans l'armoire de fer », sorte de coffre où le roi déchu avait entreposé quelques éléments de la correspondance de son entourage. Les documents les plus importants ont échappé par des voies diverses (entre autres les lettres confiées à Mme Campan qui tombèrent en tout ou en partie entre les mains de Georges Gounenot, de Berthold Proly et de Bertrand Barère).
Après la journée du 10 août 1792, Talon fut décrété d'arrestation, mais il put se soustraire aux recherches en émigrant en Angleterre grâce au passeport que Danton, très compromis par le comité secret des Tuileries, lui procura.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Vincent_Benoist
https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Omer_Talon
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Marie-Antoinette a-t-elle trahi la France... ou la Révolution?
Une lettre que nous avons récemment évoqué dans notre sujet...
La correspondance de Marie-Antoinette avec le comte de Mercy Argenteau
...et que je poste ici à nouveau.
Elle est intéressante, car elle exprime les réflexions de Marie-Antoinette à cette époque de la Révolution.
Une lettre en trois temps, et adressée donc au comte de Mercy Argenteau :
La correspondance de Marie-Antoinette avec le comte de Mercy Argenteau
...et que je poste ici à nouveau.
Elle est intéressante, car elle exprime les réflexions de Marie-Antoinette à cette époque de la Révolution.
Une lettre en trois temps, et adressée donc au comte de Mercy Argenteau :
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
La nuit, la neige- Messages : 18132
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Re: Marie-Antoinette a-t-elle trahi la France... ou la Révolution?
J'ajoute ici quelques-uns de nos échanges (extraits) publiés dans ce sujet :
Colloque Marie-Antoinette - Grand amphithéâtre de la Sorbonne (Novembre 2019)
Concernant Louis XVI, je renvoie à la lecture de notre présentation d'une (Copie d'une) Lettre du roi au baron de Breteuil, le 14 décembre 1791, ainsi qu'à nos commentaires.
Louis XVI exprime, en effet, combien il marche sur un fil depuis son acceptation de la constitution, et quels sont ses contraintes et les dangers qui menacent l'équilibre précaire qu'il a tenté ou tente encore de soutenir (pressions intérieures et extérieures) etc. ; mais aussi pourquoi (non pas pour le moins mais au pis-aller), cette guerre, qu'il n'a pas voulue, pourrait permettre un "remaniement des cartes".
Je cite (extrait) :
(...)
Reste la guerre, si elle était inévitable. L'état physique et moral de la France fait qu'il lui est impossible de la soutenir une demie campagne, mais il faut que j'aie l'air de m'y livrer franchement, et comme je l'aurais fait dans les temps précédents.
Il y a deux chances pour elle. Il est difficile de calculer qu'elle soit heureuse. Si par hasard cela arrivait, m'étant montré franchement, et la guerre donnant toujours plus de moyens au gouvernement, je peux regagner quelque chose par là. Mais cette hypothèse est la moins vraisemblable.
Si elle est malheureuse, vous connaissez les Français, comme ils sont vite d'une extrémité à l'autre. Ils seraient bientôt aussi abattus qu'ils sont orgueilleux avant, et peut-être ne voudraient-ils aucuns restes du nouvel édifice s'ils voyaient bien qu'il leur a attiré tous les malheurs.
Il peut exister une crainte, et sûrement les factieux chercheraient à tourner les esprits de ce côté-là ; ce serait de s'en prendre à moi de leurs malheurs et de me faire soupçonner de le désirer pour regagner la puissance.
C'est ma conduite qui doit écarter tous ces soupçons et surtout de ne rien laisser pénétrer de mes relations avec les étrangers. Il faut que ma conduite soit telle que dans le malheur la nation ne voit de ressource qu'en se jetant dans mes bras. La guerre étant malheureuse, les puissances peuvent tenir le même langage mais avec bien plus de force que dans la seconde hypothèse ci-dessus. Les négociations secrètes doivent se diriger à convenir de bonne heure du but où on doit tendre et où elles doivent s'arrêter afin, comme dit le proverbe : l'appétit ne leur vienne pas en mangeant.
Il faudrait aussi que je pusse dans ce cas servir le royaume en obtenant par mon entremise la paix la moins désavantageuse qu'on pourrait.
Pour bien comprendre ce passage, toute la lettre est à lire dans notre sujet :
Lettre de Louis XVI au baron de Breteuil
Colloque Marie-Antoinette - Grand amphithéâtre de la Sorbonne (Novembre 2019)
Duc d'Ostrogothie a écrit:
(...)
J'ai également trouvé quelque peu "curieux" de dénoncer Marie-Antoinette comme une "ennemie de la Révolution" : ici encore, il me semble que ce n'est pas un scoop.
Je dois rappeler que pour autant, Marie-Antoinette n'était pas le monstre avide de sang, que d'aucuns se plaisent à dépeindre : le 7 novembre 1790, Marie-Antoinette écrit ainsi à son frère Léopold II, que son désir est de faire jouir le peuple "d'une juste et bonne liberté, telle que le roi l'a toujours désirée lui-même pour le bonheur de son peuple, mais loin de la licence et de l'anarchie" qui précipitent "le plus beau royaume" dans "tous les maux possibles".
Marie-Antoinette était, d'après ses propres termes, tirés de sa correspondance privée, pour la "liberté" du peuple.
On a également entendu que Marie-Antoinette avait été non seulement "traîtresse à la Révolution" mais "traitresse à sa patrie".
Nous avons déjà débattu de ce sujet sur le forum. Je ne crois pas que l'on puisse dire que la reine ait été "traitresse à la Révolution" car pour trahir un groupe, encore faut-il en faire partie. Or, de par sa fonction même, la reine ne pouvait bien évidemment pas être républicaine. Il est pour le moins curieux de reprocher à Marie-Antoinette, reine de France, d'avoir été anti-républicaine.
Quant à la "traitresse à la patrie", cela me paraît, ici encore, inexact. Certes, elle a tenté de faire rétablir l'ordre dans le pays, ainsi que l'autorité du roi, avec l'aide des puissances étrangères.
Mais elle n'était certainement pas prête à "vendre" la France à l'étranger.
Au contraire, la correspondance de Marie-Antoinette avec Fersen laisse apparaître que l'une des plus grandes craintes de la reine, était que les autres puissances européennes profitent du désordre pour procéder au "démembrement" de la France. Marie-Antoinette voulait transmettre à son fils, futur roi, la totalité de la terre à laquelle il avait droit : voilà sa logique.
Le 27 mars 1791, Fersen écrit ainsi à Marie-Antoinette :
"Il ne paraît pas douteux qu’il ne soit nécessaire d’agir et d’agir vigoureusement si on veut rétablir l’ordre et le bonheur dans le royaume, le sauver d’une ruine totale, empêcher son démembrement, remettre le roi sur le trône et lui rendre son autorité. "
Dire que Marie-Antoinette aurait "trahi" la France est donc une contrevérité. Au contraire, elle voulait préserver l'intégrité territoriale de la France.
Elle voulait seulement rétablir l'ordre et l'autorité du roi, tout en faisant bénéficier le peuple d'une "juste et bonne liberté" (selon ses propres termes), au besoin avec l'aide des puissances étrangères, ce qui n'a rien à voir avec une trahison. Dirait-on aujourd'hui qu'en luttant contre l'infâme gouvernement de Vichy et ce, avec l'aide des Anglais et des Américains, De Gaulle fût "traitre" à la France ? Cela n'aurait aucun sens. Marie-Antoinette s'est battue pour ce à quoi elle croyait : la monarchie et la terre de France qu'elle voulait transmettre à son fils.
Mais les vainqueurs ont toujours raison : aux yeux de la République, Marie-Antoinette ne peut donc pas être autre chose qu'une "traîtresse".
On a également entendu dire que Marie-Antoinette ne méritait pas l'intérêt qu'on lui porte, et que tant que l'on ne connaîtra les noms et prénoms de toutes les femmes, de tous les hommes, qui sont morts du fait de ses agissements, elle ne méritera pas que l'on s'intéresse ni à sa personne, ni à son sort. Je dois dire que ici encore, je ne comprends pas bien de quoi on parle. Parle-t-on des guerres ou bien de la pauvreté, de la famine, des maladies ?.... Rien de tout cela n'est imputable à la reine. En 1789, la révolution agraire, la mécanisation de l'agriculture n'étaient bien évidemment pas encore advenues : l'immense majorité des Français (90%) devait donc cultiver la terre pour se nourrir, et ni le roi ni la reine n'étaient responsables de cette situation (Marie-Antoinette était-elle responsable de l'archaïsme des techniques agraires, de la nullité de la médecine ?....). Marie-Antoinette n'était pas responsable des conditions de vie difficiles des Français.
Quant aux guerres, je ne comprends pas ici encore de quoi on parle. Malgré ses efforts, Marie-Antoinette ne réussira jamais à convaincre l'Autriche de s'intéresser à son sort. Et ce sont les révolutionnaires français qui, en 1792 déclareront la guerre à l'Autriche et non Marie-Antoinette...
Mme de Sabran a écrit:
(...)Duc d'Ostrogothie a écrit:
On a également entendu que Marie-Antoinette avait été non seulement "traîtresse à la Révolution" mais "traîtresse à sa patrie".
Nous avons déjà débattu de ce sujet sur le forum. Je ne crois pas que l'on puisse dire que la reine ait été "traîtresse à la Révolution" car pour trahir un groupe, encore faut-il en faire partie. Or, de par sa fonction même, la reine ne pouvait bien évidemment pas être républicaine. Il est pour le moins curieux de reprocher à Marie-Antoinette, reine de France, d'avoir été anti-républicaine.
.
Cela semble une évidence. C'est pourtant toujours l'argument massue des pourfendeurs de Marie-Antoinette.Duc d'Ostrogothie a écrit:
Mais elle n'était certainement pas prête à "vendre" la France à l'étranger.
Au contraire, la correspondance de Marie-Antoinette avec Fersen laisse apparaître que l'une des plus grandes craintes de la reine, était que les autres puissances européennes profitent du désordre pour procéder au "démembrement" de la France. Marie-Antoinette voulait transmettre à son fils, futur roi, la totalité de la terre à laquelle il avait droit : voilà sa logique.
Le 27 mars 1791, Fersen écrit ainsi à Marie-Antoinette :
"Il ne paraît pas douteux qu’il ne soit nécessaire d’agir et d’agir vigoureusement si on veut rétablir l’ordre et le bonheur dans le royaume, le sauver d’une ruine totale, empêcher son démembrement, remettre le roi sur le trône et lui rendre son autorité. "
.
... et Vaudreuil au comte d'Antraigues, le 22 août 1791
Je veux vous gronder de trop croire les bruits qu'on se plaît à répandre relativement à la Reine. On ne veut pas assez calculer qu'elle est sa position affreuse, et, si elle a l'air d'écouter les enragés, c'est à coup sûr pour les tromper et les endormir. Ne mandait-on pas les mêmes choses avant son évasion ? Elle les trompait alors ; elle les trompe à présent, soyez-en sûr et très sûr. Elle est mère et femme ; serons-nous assez barbares pour ne lui pas pardonner des terreurs que ses infâmes ennemis n'ont que trop justifiées ? Mais je vous garantis qu'elle est bien loin de s'opposer aux secours que nous implorons. Vous dites qu'on se dégoûte d'attendre, et je suis loin de blâmer une impatience que je partage ; mais ne soyons pas injustes en décriant une princesse malheureuse, qui a bien prouvé, par l'effort qu'elle a fait pour rompre ses fers, qu'elle en sent toute la pesanteur. D'ailleurs c'est Louis XVI et Antoinette que nous voulons replacer sur le trône ; il faut donc dissimuler leurs torts, et non les exagérer. Mandez cela à ceux qui vous donnent des nouvelles très contraires à celles que nous avons.
La nuit, la neige a écrit:Duc d'Ostrogothie a écrit:
Nous avons déjà débattu de ce sujet sur le forum. Je ne crois pas que l'on puisse dire que la reine ait été "traitresse à la Révolution" car pour trahir un groupe, encore faut-il en faire partie. Or, de par sa fonction même, la reine ne pouvait bien évidemment pas être républicaine. Il est pour le moins curieux de reprocher à Marie-Antoinette, reine de France, d'avoir été anti-républicaine.
Vous retrouverez quelques-uns de nos débats à ce sujet, ici :
Marie-Antoinette a-t-elle trahi la France ou...la Révolution ?
Je nuance un peu, en rappelant qu'il n'est pas encore question d'une république.
Depuis 1789 et jusqu'en 1792, il est question d'élaborer et d'instituer une " monarchie constitutionnelle ", fondée sur les principes de : la souveraineté de la Nation incarnée par la personne du roi (et non plus de droit divin) ; la séparation / l'équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) ; et l'abolition des institutions d'Ancien Régime " contraire à la liberté et à l'égalité des droits ".
Que les pouvoirs du roi aient été fortement revus à la baisse, cela est certain (sans pour autant passer du tout à rien), toutefois Marie-Antoinette s'oppose à ce nouveau régime constitutionnel. Elle n'en veut pas. C'est un fait.
Voir les mots qu'elle adresse encore à Mercy Argenteau, en août 1791, c'est à dire peu avant la promulgation de cette constitution (3 septembre 1791) :
Marie-Antoinette a-t-elle trahi la France...ou la Révolution ?
Et elle déclare s'y opposer non plus de manière disons " frontale " (le roi n'est absolument plus en position de le faire depuis l'épisode de Varennes, après lequel les députés monarchistes et modérés lui ont laissé une sorte de " seconde chance " avec le maintien de sa fonction), mais en expliquant qu'il n'y a plus d'autre choix que de se " soumettre " à l'acceptation de cette constitution.
Une soumission et un sacrifice - temporaires -, jugeant cette constitution si aberrante et " monstrueuse " qu'elle ne peut se soutenir bien longtemps, et comptant donc sur une intervention future des puissances étrangères.
Le 14 septembre, Louis XVI accepte officiellement cette constitution et prête serment :
« Messieurs, je viens consacrer ici solennellement l'acceptation que j'ai donné à l'Acte constitutionnel. En conséquence, je jure d'être fidèle à la Nation et à la Loi, à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale constituante, et à faire exécuter les lois. [...] »A la demande de Louis XVI (l'une de ses prérogatives constitutionnelles).Duc d'Ostrogothie a écrit:Et ce sont les révolutionnaires français qui, en 1792 déclareront la guerre à l'Autriche et non Marie-Antoinette...
Vicq d Azir a écrit:Oui, merci LNLN pour ces précisions. Si Louis XVI signe la déclaration de guerre en avril 92, c’est contraint et forcé, car il est contre, en accord pour une fois avec Robespierre, qui est hostile à cette guerre. Je n’en dirais pas autant pour la Reine, pour qui les hostilités pourraient permettre, pour le moins, un remaniement des cartes.
Concernant Louis XVI, je renvoie à la lecture de notre présentation d'une (Copie d'une) Lettre du roi au baron de Breteuil, le 14 décembre 1791, ainsi qu'à nos commentaires.
Louis XVI exprime, en effet, combien il marche sur un fil depuis son acceptation de la constitution, et quels sont ses contraintes et les dangers qui menacent l'équilibre précaire qu'il a tenté ou tente encore de soutenir (pressions intérieures et extérieures) etc. ; mais aussi pourquoi (non pas pour le moins mais au pis-aller), cette guerre, qu'il n'a pas voulue, pourrait permettre un "remaniement des cartes".
Je cite (extrait) :
(...)
Reste la guerre, si elle était inévitable. L'état physique et moral de la France fait qu'il lui est impossible de la soutenir une demie campagne, mais il faut que j'aie l'air de m'y livrer franchement, et comme je l'aurais fait dans les temps précédents.
Il y a deux chances pour elle. Il est difficile de calculer qu'elle soit heureuse. Si par hasard cela arrivait, m'étant montré franchement, et la guerre donnant toujours plus de moyens au gouvernement, je peux regagner quelque chose par là. Mais cette hypothèse est la moins vraisemblable.
Si elle est malheureuse, vous connaissez les Français, comme ils sont vite d'une extrémité à l'autre. Ils seraient bientôt aussi abattus qu'ils sont orgueilleux avant, et peut-être ne voudraient-ils aucuns restes du nouvel édifice s'ils voyaient bien qu'il leur a attiré tous les malheurs.
Il peut exister une crainte, et sûrement les factieux chercheraient à tourner les esprits de ce côté-là ; ce serait de s'en prendre à moi de leurs malheurs et de me faire soupçonner de le désirer pour regagner la puissance.
C'est ma conduite qui doit écarter tous ces soupçons et surtout de ne rien laisser pénétrer de mes relations avec les étrangers. Il faut que ma conduite soit telle que dans le malheur la nation ne voit de ressource qu'en se jetant dans mes bras. La guerre étant malheureuse, les puissances peuvent tenir le même langage mais avec bien plus de force que dans la seconde hypothèse ci-dessus. Les négociations secrètes doivent se diriger à convenir de bonne heure du but où on doit tendre et où elles doivent s'arrêter afin, comme dit le proverbe : l'appétit ne leur vienne pas en mangeant.
Il faudrait aussi que je pusse dans ce cas servir le royaume en obtenant par mon entremise la paix la moins désavantageuse qu'on pourrait.
Pour bien comprendre ce passage, toute la lettre est à lire dans notre sujet :
Lettre de Louis XVI au baron de Breteuil
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