Antoine Louis Polier

Le dernier de notre trio d'aventuriers français des Indes.
Après Claude Martin et Benoît de Boigne, voici donc Antoine Louis Polier.



Né le 28 février 1741 à Lausanne, notre homme est un ingénieur et orientaliste franco-suisse. Il descend d'une famille de nobles protestants français ayant fui les guerres de religion.
A 15 ans à peine, il s'embarque pour l'Inde afin d'y rejoindre un oncle qui mourra avant son arrivée. Sans argent, perdu dans ce pays inconnu, Polier s'engage dans l'armée britannique. Il passe au service de la Compagnie anglaise des Indes Orientales, puis à celui d'un puissant Nabab. Confortablement installé à Lucknow, il y fait la rencontre de Benoît Borgne qu'il héberge un moment et qu'il présente à Claude Martin. Sa vie se poursuit entre victoires et défaites, incertaine, richissime un jour, ruiné le lendemain. Il va même jusqu'à travailler pour le Grand Moghol.
Dans le même temps, lui aussi tombe progressivement amoureux de l'Inde. Il se lie avec un Brahmane (l'une des castes les plus élevées, regroupant prêtres, professeurs, hommes de loi et de sciences) qui l'initie à l'hindouisme et auprès duquel il se consacre à l'étude et la compilation des grands textes sacrés.

Notre aventurier, représenté en train d'admirer une danse :


Pour une raison mal connue, Polier quitte l'Inde en 1788 et rejoint l'Europe, offrant sa collection complète des textes sacrés de l'hindouisme au British Museum avant de se fixer à Lausanne où il se marie. Ne cachant pas sa sympathie pour la Révolution, il s'installe en France, près d'Avignon, en 1792. C'est là qu'il connaît un sort funeste : habitué au luxe effréné des seigneurs indiens, il attire l'attention par son train de vie fastueux. Le 9 février 1795, une bande de brigands qui sévissait dans la région attaque sa demeure. Notre aventurier est massacré à coups de poignard, de sabre et de pistolet…

Il avait eu de son mariage un fils, Adolphe, qui sera officier avant de passer au service de la Russie.


Il devient alors maître du protocole à la cour impériale, chambellan de Nicolas Ier, fonctionnaire du ministère des finances et membre de l'Académie des Sciences. Ayant contracté de son père la passion des voyages, Adolphe organise plusieurs expéditions scientifiques dont une avec Alexandre Humboldt en personne. Au cours de l'une d'elles, il découvre un gisement de diamants qui lui permet d'augmenter son train de vie, déjà confortable. En 1826, il épouse une comtesse russe et se retire sur ses terres de Pargolovo, près de Saint-Pétersbourg. Il meurt en 1830.