Traits de caractère de Marie-Antoinette

Marie-Antoinette aimait à surprendre son entourage.
Metra affirme que la Reine se serait déguisée en religieuse grise pour surprendre Son mari après son inoculation.
Les souvenirs de Madame d'Adhémar racontent la visite d'une vieillarde de Vienne venue proposer à Marie-Antoinette un remède miracle contre la stérilité. Il s'agissait d'un canular , la Viennoise étant la Reine déguisée. Madame de Lamballe , cachée dans un placard (sans doute vaste vu le volume des paniers de ce début de règne ! Wink ), était le public de la scène.
Cette anecdote témoigne de l'autodérision dont Marie-Antoinette aurait su faire preuve dans ce domaine si délicat qu'est la maternité qui faisait tant jaser sur Elle ...

Bien à vous.

je ne connaissais pas ces deux anecdotes.   

Je me rappelle la plus connue : celle des fameuses révérences de deuil.

Marie Antoinette venait juste de devenir Reine. Elle recevait les dames de la Cour au château de Choisy, où ces dernières venaient lui faire les révérences pour le deuil de Louis XV.

la cérémonie était interminable, et, fatiguée, l'une des dames de la cour, (la marquise de Clermont Tonnerre, si je ne me trompe pas), s’assit à même le parquet du salon en se dissimulant derrière les paniers des robes de la Reine et de son entourage ! Évidemment, Marie Antoinette s'en aperçut, et elle ne put réprimer un sourire qu'elle dissimula maladroitement derrière son éventail. Hélas pour elle, plusieurs des dames s'en aperçurent, et, offusquées, déclarèrent avec scandale qu’elles ne feraient plus la cour à "cette petite moqueuse".

Marie Antoinette avait aussi la mauvaise habitude de se moquer des dames de Cour trop âgées à son goût en les traitant de "siècles" où de "collets montés".

Oui, Marie-Antoinette était un peu moqueuse, surtout quand elle était très jeune. Après, tout fût plus difficile, bien sûr.
Je pense qu'il n'y avait rien de bien méchant, mais nous étions à Versailles. Et ça seulement voulait tout dire.

Le principal souci de Marie Antoinette, c'est qu'elle est arrivée très jeune dans une Cour qui n'avait rien à voir avec ce qu'elle avait connu, et qui était un véritable nid de vipères. Ajouter à cela, le fait qu'elle était environnée d'ennemis et de gens qui l'attendaient au tournant.

 Je suis entièrement d'accord avec vous attachboy.   

Je suis en train d’achever la lecture de la biographie du comte de Mercy Argenteau que nous avions présentée ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1647-le-comte-de-mercy-argenteau-diplomate-et-espion-autrichien-de-herve-hasquin
Lorsque que j’aurai un peu plus de temps, je reviendrai d’ailleurs vous faire une petite synthèse et compilation de passages intéressants.

D’ores et déjà, je recopie ici un portrait de la jeune reine Marie-Antoinette que j’ai trouvé intéressant.
C’est le baron de Pichler, secrétaire particulier de Marie-Thérèse, directeur de son Cabinet des dépêches, qui trace ce portrait/synthèse...en 1776 !

Voici   :

1. Son maintien avec le roi (...) paraît annoncer qu’elle ne le regarde que comme un bonhomme (expression qui doit lui échapper quelque fois) avec lequel elle croit pouvoir se dispenser de faire beaucoup de façons et d’user de ménagements particuliers.
Il semble que ce prince est en grande partie cause lui-même de cette négligence (...). Elle n’a certainement pas d’amour pour lui.

2. Pour ce qui est des ministres, il semble que la reine n’en aime aucun, et qu’il en sera à peu près de même de tous ceux qui pourront leur succèder (...) au reste la reine n’a, du moins jusqu’à présent, pas fait déplacer aucun ministre, hors le duc d’Aiguillon, et en général elle ne leur suscite guère d’embarras dans l’exercice de leurs emplois.
Les ministres sentent tout l’ascendant que cette princesse a sur l’esprit du roi et qu’il ne dépendrait que d’elle de s’emparait de toute l’autorité (...). L’exemple de la persécution du duc d’Aiguillon et de la protection soutenue du duc de Guines a dû faire nécessairement beaucoup d’impression.

3. Elle craint surtout l’ennui (...). Malgré l’extrême légèreté de la reine, son goût pour l’amusement et son très grand éloignement pour toute application, il viendra néanmoins un temps où elle s’ennuiera de sa dissipation actuelle, et vraisemblablement l’ambition s’éveillera en même temps,

Le sentiment qui perce déjà le plus en elle, est son désir, ou plutôt sa volonté décidée d’être absolument indépendante.
Elle a assez fait connaître dans toutes les occasions, qu’elle ne veut être ni gouvernée, ni dirigée, ni même guidée par qui que ce soit.

Très intéressant !!! Un portrait tout à fait sympa pour l'un comme pour l'autre ! àè-è\':

Tu sais que je fais peu de cas de Louis XVI... :

Mais je trouve que ce haut fonctionnaire a du pif lorsqu’il pressent, si tôt, que Marie-Antoinette se réveillera, et montrera ce qu’elle a dans le ventre.

C'est en effet assez étonnant de lucidité comme portrait...dès 1776 !

Bien à vous.

La nuit, la neige a écrit:Tu sais que je fais peu de cas de Louis XVI... :

Mais je trouve que ce haut fonctionnaire a du pif lorsqu’il pressent, si tôt, que Marie-Antoinette se réveillera, et montrera ce qu’elle a dans le ventre.

Il faut dire qu'il est bien placé pour supposer ce qu'elle pourrait devenir : il travaille auprès de Marie-Thérèse et constate que toutes ses filles partagent son caractère... Marie-Amélie, Marie-Caroline sont des souveraines particulièrement impressionnantes. Marie-Christine devait avoir également un sacré caractère même si à cette date elle ne gouverne rien encore. Or en place, elle prouvera qu'elle est bien la fille de sa mère (rappelez-vous de la gravure où on la voit tirer du canon sur les troupes françaises ). Il reste ensuite celles qui ne se marieront pas. Marie-Anne et Marie-Elisabeth étaient réputées pour être difficiles à vivre.

Bref, il y avait de fortes chances que la dernière des archiduchesses suivent les traces de sa mère et ses soeurs. Surtout qu'elle était celle qui obtenait l'établissement le plus prestigieux, elle devenait celle la plus en vue.

Après est-ce que ce secrétaire écrit d'après ce qu'il sait directement, ou par ce qu'il connaît de la main de Mercy ? Car je ne me souviens pas qu'il ait fait une visite en France. Quoique cela aurait pu m'échapper.

Il ne faut pas oublier non plus que le désir de Marie-Thérèse, non exprimé officiellement évidemment, est que ses filles règnent sur leur époux et donc sur les pays qu'elle leur a choisis, afin de soutenir au mieux les intérêts de leur famille autrichienne. Cela fonctionnera au mieux pour Marie-Caroline qui se transformera en Marie-Thérèse bis. Pour Marie-Amélie, c'est un peu plus compliqué car si elle règne sans conteste sur l'esprit de son mari et donc sur son petit duché, elle s'opppose longtemps à sa mère à qui elle en veut de l'avoir mariée de force.
Pour Marie-Antoinette qui devenait l'archiduchesse la plus importante du lot par son mariage, je ne suis pas sûre que ce fut tant que ça un succès... Mercy, le cabinet autrichien avait intérêt à dire que Louis XVI était soumis à sa femme. Cependant, les tentatives de Marie-Antoinette pour soutenir la politique expansionniste de son frère ne furent pas vraiment des réussites...
Les choses se transformeront à l'époque révolutionnaire mais là nous nous retrouvons dans un contexte totalement différent.

Le soir, dans l'intimité des petits appartements, souvent ceux de Madame de Provence, les trois couples se réunissaient pour diner et les trois frères avaient un amusement de gamins  - la bataille de pelochons pris sur les canapés.
Un soir que MARIE ANTOINETTE racontait des "cancans" ARTOIS lui dit:
"Ma sœur, je croyais que vous moquiez, je vois bien que raillez !!!"
La Reine a été fort surprise de cette réflexion et en avait été vexée.

MARIE ANTOINETTE

Reinette a écrit:
Après est-ce que ce secrétaire écrit d'après ce qu'il sait directement, ou par ce qu'il connaît de la main de Mercy ? Car je ne me souviens pas qu'il ait fait une visite en France. Quoique cela aurait pu m’échapper.

Non, non. Il s’agit d’une sorte de note de synthèse si l’on veut, car c’est par lui que transitent tous les courriers et dépêches de Mercy, de l’abbé de Vermond, ainsi que des autres dignitaires autrichiens de passage à Versailles.  

Je reviendrai d’ailleurs sur les courriers de Mercy, dans le sujet dédié à ce livre...

La nuit, la neige a écrit:

Reinette a écrit:
Après est-ce que ce secrétaire écrit d'après ce qu'il sait directement, ou par ce qu'il connaît de la main de Mercy ? Car je ne me souviens pas qu'il ait fait une visite en France. Quoique cela aurait pu m’échapper.

Non, non. Il s’agit d’une sorte de note de synthèse si l’on veut, car c’est par lui que transitent tous les courriers et dépêches de Mercy, de l’abbé de Vermond, ainsi que des autres dignitaires autrichiens de passage à Versailles.  

Je reviendrai d’ailleurs sur les courriers de Mercy, dans le sujet dédié à ce livre...

C'est donc bien ce que j'avais compris.

La nuit, la neige a écrit:Tu sais que je fais peu de cas de Louis XVI... :

Mais je trouve que ce haut fonctionnaire a du pif lorsqu’il pressent, si tôt, que Marie-Antoinette se réveillera, et montrera ce qu’elle a dans le ventre.

Exactement ! :n,,;::::!!!:

Roi-cavalerie a écrit:
C'est bien l'avis de Pierre Serna* dans sa contribution à l'ouvrage collectif Comment meurt une monarchie, Entre Renaissance et Révolution 1515-1792 , Histoire de la France Politique 2 qui est paru en 2006 aux Editions du Seuil ( ... )
Or Marie-Antoinette, un temps soupconnée d'avoir la tête vide, va prendre l'initiative politique, dès le début des années 1780. Jusque là son ventre impolitique se refusait à toute grossesse. Des ragots destructeurs circulaient sur l'état du roi... Désormais, mère d'un dauphin, ayant saisi les subtilités des intrigues du pouvoir, forte d'un charme qu'elle utilise pour réunir autour d'elle des opposants aux ministres âgés, elle s'impose comme une femme politique redoutable avec laquelle son mari doit compter et doit composer, en privé.

Reinette a écrit:... Mercy, le cabinet autrichien avait intérêt à dire que Louis XVI était soumis à sa femme. .

Il n'arrêtait pas de lui seriner que son mari était un mou qu'elle n'aurait aucun mal à dominer .

Je souhaitais revenir sur ce trait de caractère de Marie-Antoinette, qu'on va retrouver de manière constante tout au long de sa vie: une obstination assez butée lorsqu'il s'agit de ses inimitiés.
Je veux parler de ses "bouderies" prolongées, voire définitives, qu'elle manifeste à l'égard de personnes qu'elle n'aime pas, que celle-ci lui aient ou non manqué. On a le sentiment que la Reine met alors un point d'honneur à les ignorer, et qu'elle considère qu'elle fait preuve alors de "caractère", sans voir les conséquences facheuses d'une telle attitude.
Je donnerais quatre exemples, mais je suis sûr qu'on peut en trouver bien d'autres:

_Madame du Barry: elle va d'abord décider de l'ignorer. C'est sur les instances appuyées de sa Mère et de Louis XV, qu'elle consentira à lâcher son: "il y a bien du monde aujourd'hui à Versailles". Cela lui aura indéniablement coûté de s'acquitter d'une telle corvée, puis plus rien, jamais. Elle n'aura pas entendu, hélas la lecon prodiguée affectueusement par Papa-Roi, à savoir que, de sa place, il faut parfois savoir se forcer et être dans le semblant...Que ce n'est en aucun cas abdiquer son pouvoir, bien au contraire...

_Le Duc d'Orléans: quoiqu'on pense du personnage, il est Roi à Paris; le Palais Royal est en passe de supplanter Versailles, attirant les intellectuels et l'argent.. Ne faudrait-il pas chercher à s'allier à ces cousins? Au lieu de cela, on raille leur "embourgeoisement"; lors d'une des dernières visites du Duc au Lever du Roi, celui-là reçoit un crachat sur son habit, lancé du haut de l'escalier de la Reine: on en fait des gorges chaudes, le Roi lui-même ne cherche pas à sanctionner le coupable. Ce sera la dernière visite du Duc à Versailles (on le comprend...)

_Le cardinal de Rohan: Marie-Antoinette, intransigeante, restera fidèle, cette fois, à la ligne de sa mère: ne jamais lui parler. Mesure-t-elle qu'elle se met ainsi à dos une bonne partie de la noblesse française (et pas des moindres)? Il s'agit aussi, rappelons-le, du Grand Aumonier, celui qui baptise les Enfants de France...Dans sa bêtise et sa fatuité, il cherchera à rentrer en grâce au travers d'une escroquerie; la Reine persistera alors dans la même attitude: réclamer vengeance en public, à Versailles un quinze août...

-Le Marquis de Lafayette: elle l'a vraiment "dans le nez" celui-là...Sans doute est-il pour elle l'archétype de cette jeune noblesse qui a trahi en adhérant aux idées de la révolution. Fallait-il pour autant le dédaigner quand il était au fait de sa gloire? Je connais la phrase qu' elle aurait prononcée:" Je sais bien que Mr. de Lafayette veut nous sauver, mais qui nous sauvera de Mr. de Lafayette ?"; elle est belle, romantique, mais comme on aimerait crier, par delà les siècles; " laissez-vous donc sauver par lui, vous verrez bien ensuite ", Il est vrai que nous, nous connaissons la suite tragique de l'Histoire...

;

A votre liste j'ajouterai Jacob-Nicolas Moreau qu'elle ne peut pas encadrer non plus, le pauvre homme !

Très intéressant sujet que celui de la rancune tenace de Marie-Antoinette !

On se souvient aussi du duc de Lauzun (depuis duc de Biron), qui a figuré dans la Révolution parmi les intimes du duc d'Orléans, a laissé des Mémoires encore manuscrits , où il insulte au caractère de Marie-Antoinette...
Après l'affaire de la plume de héron où ce fat s'est cru honoré d'une faveur de la Reine , Madame Campan rapporte ce mot de la Reine : "Jamais cet homme ne rentrera chez moi."

Vicq d Azir a écrit: une obstination assez butée lorsqu'il s'agit de ses inimitiés.

Mais la fille de Marie-Thérèse a quand même su faire fi de ce trait de caractère pour rencontrer le tribun de la Révolution qu'était Mirabeau, un adversaire redoutable tant politiquement que physiquement... Elle accepta donc de rencontrer le grand orateur le 3 juillet 1790 dans les jardins du château de Saint-Cloud.
Un écrit de Mirabeau sur les moyens de sauver la monarchie conseillait au Roi de se mettre à la tête de la Révolution .

" Le Roi donne à M. de Mirabeau la promesse d'une ambassade; cette promesse sera annoncée par Monsieur lui-même à M. de Mirabeau .
Le Roi fera sur le champ, en attendant l'effet de cette promesse, un traitement particulier à M. de Mirabeau de cinquante mille livres par mois, lequel traitement durera au moins quatre mois.
M. de Mirabeau s'engage à aider le Roi de ses conseils, de ses forces, et de son éloquence dans ce que Monsieur jugera utile au bien de l'Etat et à l'intérête du Roi, deux choses quer les bons citoyens regardent sans contredit comme inséparables ............ "
Au bas étaient l'approbation et la signature du Roi .

( Mémoires de Paroy )

S'il avait vécu la Monarchie eut peut-être pu être sauvée...

Bien à vous.

Vous avez raison Majesté. Cela prouve que la Reine avait évolué.
Si je pointe d'ailleurs ce trait de caractère, ce n'est pas pour en faire une femme rigide et intolérante; ce serait plutôt une attitude que je qualifierais de "réactionnelle": c'est parce qu'elle n'est pas sûre d'elle-même qu'elle se forcerait à tenir une position intransigeante, mais, dans le fond, elle n'est pas comme ça...
Devant ces gens qu'elle n'aime pas elle "joue" à être autoritaire, peut-être en se calquant sur le modèle de sa mère, mais cela sonne faux, et manque surtout de souplesse..
Dans sa correspondance, elle écrit quelque chose comme: "on est respecté quand on en impose", etc.

Mme de Sabran a écrit:;

A votre liste j'ajouterai Jacob-Nicolas Moreau qu'elle ne peut pas encadrer non plus, le pauvre homme !

Oui mais pour celui-ci, il n'y a pas les conséquences gravissimes que cela causera avec ceux cités plus haut. Ce qui laisse à penser que Marie-Antoinette pouvait également faire ressentir son inimitié à des personnes de moindre importances, notamment ses serviteurs. Les pauvres ! àè-è\':

Elle avait sans doute "ses têtes", mais je l'imaginais plutot ouverte et bienveillante avec le "petit personnel", car cela faisait partie de son éducation royale..
Mme Cradock (cf) raconte le gracieux sourire qu'elle lui accorde quand elle tombe nez à nez avec elle dans les appartements de Versailles...

Mme de Sabran a écrit:A votre liste j'ajouterai Jacob-Nicolas Moreau qu'elle ne peut pas encadrer non plus, le pauvre homme !

C'est bien le généalogiste de la Cour qui est incarné par Michel Robin dans Les Adieux à la Reine?

Bien à vous.

Vicq d Azir a écrit:

_Madame du Barry: elle va d'abord décider de l'ignorer. C'est sur les instances appuyées de sa Mère et de Louis XV, qu'elle consentira à lâcher son: "il y a bien du monde aujourd'hui à Versailles". Cela lui aura indéniablement coûté de s'acquitter d'une telle corvée, puis plus rien, jamais. Elle n'aura pas entendu, hélas la lecon prodiguée affectueusement par Papa-Roi, à savoir que, de sa place, il faut parfois savoir se forcer et être dans le semblant...Que ce n'est en aucun cas abdiquer son pouvoir, bien au contraire...

Oui, son attitude fut bien malheureuse à son égard. Le futur Louis XVI ne l'aimera pas plus mais acceptera finalement d'être poli avec elle après une présentation plus que froide, afin de participer aux chasses de son grand-père et donc aux soupers de retour de chasse. Au contraire de son père, il a su comprendre qu'il devait montrer l'exemple d'obéissance envers le roi.
A son avènement, après un exil de bienséance, il prouvera largement qu'il ne détestait pas particulièrement la femme que fut madame du Barry mais ce qu'elle représentait en tant que favorite.

Pensons tout de même qu'à cette époque, Marie-Antoinette avait entre quatorze et seize ans, ne voyait que par Choiseul, choisissait ses fréquentations ou ceux qu'elle excluait en fonction des rapports à ce ministre. De plus, suivant en cela les conseils de sa mère (qui s'en mordra les doigts) Mesdames Tantes ont su profiter de son désarroi de petite fille perdue...  

Mais au moins madame du Barry restera fidèle jusqu'au bout à la monarchie et ne cherchera jamais à se venger.

Vicq d Azir a écrit:
_Le Duc d'Orléans: quoiqu'on pense du personnage, il est Roi à Paris; le Palais Royal est en passe de supplanter Versailles, attirant les intellectuels et l'argent.. Ne faudrait-il pas chercher à s'allier à ces cousins? Au lieu de cela, on raille leur "embourgeoisement"; lors d'une des dernières visites du Duc au Lever du Roi, celui-là reçoit un crachat sur son habit, lancé du haut de l'escalier de la Reine: on en fait des gorges chaudes, le Roi lui-même ne cherche pas à sanctionner le coupable. Ce sera la dernière visite du Duc à Versailles (on le comprend...)

Oui, ce ne fut vraiment pas une attitude très politique. Ni familiale d'ailleurs. Mais elle ne fut pas la seule et pour ce coup, Louis XVI est tout autant responsable. Notons cependant que dans sa jeunesse Marie-Antoinette fréquentait beaucoup le duc de Chartres. Le comte d'Artois aussi. Ils partageaient les mêmes amis, les mêmes loisirs, le même mode de vie. Et puis un jour, rupture totale aux conséquences tragiques... àè-è\':

Vicq d Azir a écrit:
_Le cardinal de Rohan: Marie-Antoinette, intransigeante, restera fidèle, cette fois, à la ligne de sa mère: ne jamais lui parler. Mesure-t-elle qu'elle se met ainsi à dos une bonne partie de la noblesse française (et pas des moindres)? Il s'agit aussi, rappelons-le, du Grand Aumonier, celui qui baptise les Enfants de France...Dans sa bêtise et sa fatuité, il cherchera à rentrer en grâce au travers d'une escroquerie; la Reine persistera alors dans la même attitude: réclamer vengeance en public, à Versailles un quinze août...

En effet... Un homme qui s'est permis d'insulter sa mère ne méritait que son courroux. Et de devoir le supporter parce qu'il était issu d'une des familles les plus puissantes de la cour. C'est à se demander si sa haine contre lui n'était pas prémonitoire.
Le désir légitime d'écraser publiquement cet homme qui lui avait tant manqué, qui avait osé, suprême horreur, la confondre avec une prostituée, lui explosera finalement à la figure. A cause de lui elle subira une humiliation cinglante qui sera la première marche de son calvaire.

Vicq d Azir a écrit:
-Le Marquis de Lafayette: elle l'a vraiment "dans le nez" celui-là...Sans doute est-il pour elle l'archétype de cette jeune noblesse qui a trahi en adhérant aux idées de la révolution. Fallait-il pour autant le dédaigner quand il était au fait de sa gloire? Je connais la phrase qu' elle aurait prononcée:" Je sais bien que Mr. de Lafayette veut nous sauver, mais qui nous sauvera de Mr. de Lafayette ?"; elle est belle, romantique, mais comme on aimerait crier, par delà les siècles; " laissez-vous donc sauver par lui, vous verrez bien ensuite ", Il est vrai que nous, nous connaissons la suite tragique de l'Histoire...

C'est vrai qu'il s'agit d'un terrible rendez-vous manqué. Je pense que là encore elle a suivi les idées de son mari qui fut loin d'être ravi de voir débarquer un jeune freluquet se permettant sans aucune légitimité de déclencher une guerre par une désobéissance au roi. Puis un retour fracassant, tout auréolé de gloire, avec des idées qui ne pouvaient qu'inquiéter...
Le gros problème de Louis XVI et de Marie-Antoinette à la Révolution c'est d'avoir eu beaucoup de mal à accepter comme leurs sauveurs ceux qu'il estimaient être causes de leurs malheurs. Ce que nous pouvons comprendre. Mais comme vous dites, nous, nous connaissons la suite. Eux pouvaient encore espérer et rejeter les aides ultimes qui s'offraient à eux...


Je pense que cette liste de personnes non aimées de la reine est longue. Maintenant, outre de savoir quelles en sont les raisons, si elles se justifient ou non également, ce qui est particulièrement intéressant, c'est de savoir si comme la plupart de ces exemples, ces mépris marqués de sa part contribuèrent à son destin tragique...

Vicq d Azir a écrit:Elle avait sans doute "ses têtes", mais je l'imaginais plutot ouverte et bienveillante avec le "petit personnel", car cela faisait partie de son éducation royale..
Mme Cradock (cf) raconte le gracieux sourire qu'elle lui accorde quand elle tombe nez à nez avec elle dans les appartements de Versailles...

Oui moi aussi. De nombreux témoigages nous le confirment, notamment Bombelles, Campan, Tilly... Elle avait le don d'accorder un sourire, prononcer un mot qui ne pouvait que vous faire tomber à genoux. En tout cas, pour lui être fidèle corps et âme. boudoi30

J'avais ainsi été très touchée, et je pense que ce brave Bombelles encore plus que moi, de lire qu'un jour rencontrant la reine, celle-ci lui demanda des nouvelles de chacun de ses enfants, en se rappelant de tous leurs prénoms ! Quatre enfants si je me souviens bien.
Or, elle devait donc avoir ce genre d'attentions particulières pour tous ceux de sa maison, plus les membres des autres maisons de la famille royale qui l'intéressaient :  Angélique de Bombelles chez madame Elisabeth et aussi parce que petits-enfants de madame de Mackau en charge de Madame Royale.
Les notabilités de Paris et de la province, les artistes, les étrangers de passage à la cour...
Combien de centaines et centaines de personnes concernées ? Car si elle retenait ainsi le prénom de chaque petit Bombelles, c'est qu'elle devait faire de même pour de nombreux autres.
Ceci prouve également qu'elle avait une mémoire bien éloignée de "la tête à vents" !

Mais je pense que si on lui imposait un domestique, comme ce fut le cas dauphine, elle devait avoir beaucoup de mal à montrer de la bienveillance envers quelqu'un qu'elle pouvait croire placer dans son intérieur pour l'espionner. D'autre part, si elle pensait qu'elle ne pouvait plus faire confiance envers l'un des membres de sa Maison, ce devait être l'enfer... àè-è\':
Tilly raconte bien que du jour où elle comprit qu'il était devenu un petit libertin en puissance, pire, entraînant ses compagnons au risque d'une maladie vénérienne, la tendre affection qu'elle lui portait jusque-là, presque une mère envers ses pages, disparut totalement. Il eut beaucoup de mal par la suite à la réentendre parler...

Merci chère Reinette pour cet éclairage et ces précieuses précisions...