La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791

On va chercher, chère Eléonore ( et je fais appel aux aux amis...) Dans ma boîte à outils: une bibliothèque assez fournie d’ouvrages sur Varennes, sans parler de celle de Marie-Antoinette... Il va falloir s’y plonger... Car cela soulève la question des préparatifs de Bouillé...
Et puis il y’a ma mémoire, mais elle a ses lacunes...En 1991, après l’inauguration de la fameuse plaque, nous avons partagé un repas avec les habitants de Thonnelle. Quand les gens se laissent aller à parler, il racontent des choses étonnantes, transmises de génération en génération. Il faut bien sûr séparer le bon grain de l’ivraie... mais c’est bien aussi d’ouvrir ses oreilles et... sa mémoire...
J’avais de même aussi pu recueillir en direct les propos d’un membre de la famille Prefontaines à Varennes , propos relatés de leur tradition familiale...Mais ceci est une autre histoire...

Que c'est palpitant !!!
Je voudrais en savoir plus plus plus !!!
Varennes confine tellement à l'absurde ...   des informations doivent avoir été tues .

Oui, je vous comprends, et l’enquête n’est jamais close...
Voir ce que dit Mona Ozouf dans son ouvrage princeps. Et puis il y’a aussi les témoignages locaux, recueillis par des historiens régionaux au 19e, à partir des derniers témoins des événements Je trouve tout cela passionnant...
Ce qui prevalait dans l’association Louis XVI en 1991, c’était la thèse de la trahison par Bouillé; c’est une thèse parmi d’autres, mais qu’on ne peut pas éliminer d’un revers de main, me semble-t-il....

Bouillé, père ou fils ?

Bouillé père, dit-on, approché par les émigrés, pour que, surtout, l’entreprise échoue...

... quels émigrés ? Monsieur part en même temps . C'est lui le félon.

Les autres... ll y en a qui sont déjà partis.
Monsieur part certes le même jour, et il arrive, lui, à bon port...
Rien n’empêche de penser qu’il est en lien avec les autres avant son départ, ne pensez-vous pas ?

Mais quel autre félon y a-t-il que ce charognard de Monsieur ?
Je ne vois pas.

La question reste ouverte...

Je retrouve un cliché rare, pris sans doute vers 1860, sur la route de Varennes: il s’agit du fameux relais de poste de Ste Menehould, où Drouet croisa la route de la berline, quelques soixante dix ans plus tôt.
L’interet de ce cliché, publié dans un ouvrage du 19e sur l’affaire de Varennes, est que l’édifice fut détruit peu de temps après, puis reconstruit une première fois, de nouveau détruit partiellement lors de la première guerre, et de nouveau reconstruit ( celui qu’on voit aujourd’hui ).
L’historien Lenotre, pour écrire son ouvrage «  le drame de Varennes »,1905, fit bien sûr le voyage . Il prit lui-même des photos qu’il fit par la suite interpréter sous forme de gravures pour illustrer son texte. J’ai pu me procurer jadis, grâce à un collectionneur, les clichés de Lenôtre, dont l’intérêt est d’avoir été pris avant les destructions de la guerre. Mais ce cliché là est bien antérieur :

Encore un document à verser au dossier :
Le fameux passeport utilisé par la famille royale. Saisi lors de leur arrestation, il sera transféré au Tribunal d’Orleans, où sont jugées les grandes affaires de l’Etat. C’est comme cela qu’il est parvenu jusqu’à nous.
Le recto a déjà été présenté.
Il est au nom de la Baronne de Korff. Destination Francfort.
Il est signé Louis (par un secrétaire de la main; ce n’est pas la signature manuscrite du Roi ), et Montmorin.
Ce qui est surprenant, c’est le verso: l’itinéraire est tracé à la plume, mais pas de la main du Roi, comme on a pu le penser. Il indique DEUX itinéraires, et celui qui sera effectivement suivi se prolonge par un pointillé jusqu’à... Luxembourg...
( sources: l’ouvrage de Bimbenet, un des ouvrages de référence pour Varennes, avec très nombreux fac-similé insérés entre les pages de manière astucieuse, à savoir que les pages précédant ces f.s. et les f.s. eux mêmes sont en creux pour qu’aucune surepaisseur n’apparaisse, le livre fermé. D’où l’aspect de plis sur la photo )

Merci Vicq' pour cet inédit...

Oui. Etrange ce second itinéraire au dos du document.
Qui a bien pu le tracer et pourquoi ?

On peut donc désormais renommer ce sujet "La fuite à Luxembourg et l’arrestation à Varennes" . Quelle gloire nouvelle pour ma patrie d'adoption !

Ah mais peut-être, cher Gouverneur...
Si seulement ils étaient arrivés jusque-là, je suis sûr qu’ils auraient été bien traités...
Plus sérieusement, on remarque qu’il y a des pointillés entre Montmedy et Luxembourg : est ce une simple indication de direction? Un projet de fuite possible? Une issue pour femmes et enfants ?
Le Luxembourg était bien en territoire autrichien, n’est-ce pas ?
Faisait-il partie des Pays Bas autrichiens, donc dépendant de Bruxelles, ou était-il déjà une principauté à part entière, comme aujourd’hui ?

Vicq d Azir a écrit:Le Luxembourg était bien en territoire autrichien, n’est-ce pas ?

Oui, Lépold II était duc en titre de Luxembourg, la province étant gérée depuis Bruxelles car rattachée administrativement aux Pays-Bas autrichiens

Voici la fameuse lettre que Mme de Korff écrit pour recevoir un passeport qui servira à la famille royale.
Elle prend pour prétexte le fait qu’elle a brûlé le passeport de sa mère par inadvertance...



« Il m’est arrivé un malheur affreux
Monsieur le Comte, comme ma mère
est tombée malade la veille de notre
départ, par désœuvrement, il m’ait
venu dans l’esprit de brûler toutes
mes lettres et papiers ; je les parcourais
avant de les incendié, il m’est survenu
des personnes, tout en causant, j’ai
livré aux flammes le passeport de
ma Mère, j’ai honte d’avoué une
pareille étourderie, si la nécessité
ne m’y forçois ; en grâce tacher de
replâtrer auprès de Mr. de Simolin
cette impardonnable inadvertance.
Ma Mère qui est inquiète d’être retardé
le serait bien plus si Elle scavais que je
lui en ai ôtez les moyens ; soyez donc mon
avocat ; c’est un surcroît de peine que vous
donne Monsieur votre peiné et obéissante
servante.
Korff. »

Quelle lettre étonnante, merci. Elle n'est pas aux archives apparemment ? (pas d'estampille des archives).

Merci, cher Févicq, pour cette remarquable archive !!!

Merci !
J’ai trouvé cette lettre toujours dans le Bimbenet
Je ne sais pas où se trouve l’original...

Les archives sur l'affaire de Varennes se trouvaient au Palais de justice d'Orléans. Malheureusement elles ont été détruites dans un incendie dont j'ai oublié la date. Parmi elles se trouvait l'échantillon de tissu de la robe portée par Madame Royale pour quitter les Tuileries. Une robe-chemise en indienne imprimée fond merdoye qui avait été fabriquée tout spécialement.

Oui, merci, chère Marie Jeanne.
J’ignorais que les archives d’Orléans avaient brûlées... Comme celles de l’ Hôtel de Ville de Paris, en 1871, qui contenaient les documents du Temple.
Donc, le passeport ci-dessus n’existe plus...
L’ échantillon de la robe dont vous parlez est reproduit en couleur dans le Bimbenet, déjà cité. Je le posterai demain...

Très bonne idée.

Passionnant ce passeport et cette lettre de la baronne de korff.

Merci cher ami...



Ci-dessus, l’échantillon de robe portée par Madame Royale lors du voyage.
Cette pièce a été fournie au dossier du Tribunal d’ Orléans ; allez savoir pourquoi ?

C'était une pièce à conviction qui servit pendant l'enquête. On produisait l'échantillon lors des interrogatoires des personnes suspects ou susceptibles d'avoir des informations sur l'organisation de la fuite du roi. Il me semble qu'il s'agit d'une photo colorisée. Pour le petit détail vestimentaire qui permet de se représenter Madame Royale, il s'agissait d'une robe-chemise ordinaire, c'est à dire tout d'une pièce de tissu, probablement ceinturée.