La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791

Vicq d Azir a écrit:Il me semble que cette lettre avait déjà été publiée quelque part au moment du bicentenaire…

La note de la maison de vente précise que cette lettre aurait été recopiée en 5 exemplaires (pour des destinataires différents), si j'ai bien compris. Mais il me semble que c'est celle-ci que nous voyons reproduite en fac-similé ici ou là dans les publications de la Révolution.
J'ignore si une autre de ces lettres " originales " existe ailleurs (sans la mention écrite par Bouillé, donc).  

Extrait de la présentation de la maison de vente a écrit:
A noter qu'une importante lettre du Marquis de Bouillé à Axel de Fersen en code, avait été envoyé en avril 1791 pour expliquer comment organiser cette fuite, mais le roi ne se décide qu'en juin 1791

Je rappelle que nous présentons longuement cette lettre inédite, récemment découverte et déchiffrée, dans notre sujet :

Lettre inédite du marquis de Bouillé à Fersen du 21 avril 1791 sur l'évasion de la famille royale


Image : Ader

Ce matin sur INTER,  comme chaque dimanche, Thomas Snégaroff nous racontait une uchronie, autrement dit l'histoire non telle qu’elle fut, mais telle qu’elle aurait pu être.
Aujourd'hui :  et si Louis XVI n’avait pas fui à Varenne ?

L’arrestation du roi, son retour à la capitale et la supposée duplicité du monarque participent à accélérer le cours de l’histoire, et notamment le régicide du 20 janvier 1793.   L’historienne Mona Ozouf estime qu’il manquait seulement dix minutes pour que la fuite réussisse, et que Louis XIV puisse atteindre Montmédy, à la frontière.

Archives sonores :
La tribune de l’histoire (France inter, 1991)
Mona Ozouf (Masterclasse de France Culture, 29 juillet 2019)

Enjoy !

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-histoires-de-thomas-snegaroff/le-billet-de-thomas-snegaroff-du-dimanche-07-aout-2022-9689594

Encore des fuites...L'an dernier je m'étais proposé pour faire un reportage sur la fuite à Varennes (avec l'aide d'un informateur habitant le coin). Tout d'abord j'ai pris du retard, puis c'est mon informateur qui  me demanda de reporter notre petiit expédition au mois d'août août 2022. Hier soir j"ai repris contact avec lui... et voilà que ce matin j'appris qu'il était à nouveau question de la "fuite" dans le forum ! De toute évidence, il y eut des fuites ! A bientôt pour mon reportage.

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Mme de Sabran a écrit: et que Louis XIV puisse atteindre Montmédy, à la frontière.

Ce serait peut-être rigolo aussi de s'imaginer Louis XIV prenant la fuite à Montmédy

Qui sait ?
Quant à la " supposée duplicité ", je ne vois pas ce qui serait supposé ?

Lecréateur a écrit:Encore des fuites...L'an dernier je m'étais proposé pour faire un reportage sur la fuite à Varennes (avec l'aide d'un informateur habitant le coin). Tout d'abord j'ai pris du retard, puis c'est mon informateur qui  me demanda de reporter notre petiit expédition au mois d'août août 2022. Hier soir j"ai repris contact avec lui... et voilà que ce matin j'appris qu'il était à nouveau question de la "fuite" dans le forum ! De toute évidence, il y eut des fuites ! A bientôt pour mon reportage.

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Il nous tarde de vous lire, cher ami. A quand votre reportage très attendu?

Axel Fersen est nommément désigné comme "un des principaux agents de cette entreprise" (= la fuite à Varennes) dans le journal des débats de l'Assemblée Nationale :

le duc d'Ostrogothie a écrit:Axel Fersen est nommément désigné

Oui, il est même figuré ici auprès du roi et de la reine sur cette intéressante estampe (N° 10988 de la Collection Hennin, source de l'image Gallica).
La première phrase du texte indique clairement :
"Louis XVI, déguisé en cuisinier, s'avance précédé de la reine, qui elle-même s'appuie sur le comte Fersen, indigne fils d'un si glorieux père, vers le fiacre où Madame Royale et le dauphin sont prêts d'entrer".






On se rappelle aussi que Marie-Antoinette a mis en garde le comte de Fersen le 29 juin, dans cette fameuse lettre qui commence par "J'existe" :
"On sait que c'est vous qui nous avez sorti d'ici, vous seriez perdu si vous paraissiez".

Présentée prochainement en vente aux enchères, cette représentation populaire de l'arrestation de la famille royale à Varennes :

D'un lot de 2 gravures rehaussées titrées : “Arrestation du Roi et de sa famille à Varenne le 22 juin 1791” (...)
Imprimée à Orléans chez Letourmi, vers 1791
H. 21 x L. 27 cm
* Source et infos complémentaires : Giquello & Associés - Vente Révolution ! (Partie 2), Paris le 16 février 2023

Le musée Carnavalet possède dans ses collections la matrice de cette gravure :

Arrestation du roi et de sa famille à Varennes le 22 juin 1791
Jean-Baptiste Letourmi (éditeur)
Bois gravé
33.2 cm x 24.2 cm
Poids : 1.3 kg
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Ainsi qu'une version monochrome :

Arrestation du roi et de sa famille à Varennes le 22 juin 1791
Jean-Baptiste Letourmi (éditeur)
Estampe, 18e siècle
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Nous connaissons également une autre version, assez proche, mais avec quelques variantes, notamment dans le texte d'accompagnement :


Arrestation du Roi et de sa famille desertant le Royaume (...)
Anonyme
Eau-Forte, 18e siècle
31,1 x 42,4 cm
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

" Le Roi et sa famille étant partis furtivement de Paris la nuit du 20 juin leur voiture escortée par des hussards Et Dragons fut suspectée a St Menehoult le 22 par le / Mtre de poste qui la suivi et la devança vers minuit à Varennes district de clermont de parlement de la meuse ou il déclara hautement de fortes suspiçions les nomée Paul le blanc / Et joseph Pontant se presenterent les premiers a s'opposer à l'inpetuosité de leurs passage qu'ils ne parvinrent a arrêter qu'en menaçant de tirer sur les personnes qui / étaient dans la voiture, on sonne Lallarme les secours furent pronpt Et l'affluence non breuse les fugitifs forcés de descendre sont alors reconnues par le Seur Mangin / qui Les decele a ses concitoyens et bientot plus de 4000 les prenent sous leur garde le Roi Et sa famille son ramenes sans honneurs Et arrivent a Paris escorte par plus de 50 mille / Soldats Citoyens le 25 juin 1791 "

Ah chic alors ! Rendez-vous noté.
Merci pour cette annonce !

INTOX

Non franchement, ce qu'il ne faut pas lire !
Ainsi Louis-Sébastien Mercier se moquait-il de la fatale berline :

" château des Tuileries en petit : il y avait salon, chambre à coucher, salle de garde-robe, salle à manger, cuisine; il n'y manquait que la chapelle et l'orchestre des musiciens ... "

( Source : Charles-Eloi Vial, Marie-Antoinette )


Il manquait aussi, cruellement, le jacuzzi .  

Nous avons beaucoup de chance car ces documents sont extrêmement lisibles !  
Informations sur le vif sur l'évasion des Tuileries du roi et sa famille :

Dans le registre permanent du district de Compiègne, les délibérations du 21 juin montre l'émotion qui se répand dans le pays où court la nouvelle de la fuite de la famille royale, présentée comme un " enlèvement du roi " par des " ennemis de la Constitution ".

On craint des émeutes mettant en péril les nouvelles institutions. D'où la circulaire ci-dessous, par laquelle le district charge les communes de veiller à ce que " la tranquillité et le calme ne soient pas troublés, et arrêter toutes personnes suspectes ".

Le lendemain à 5 heures du matin, le comité du district entend les dernières nouvelles de Paris de la bouche du courrier de la malle; à six heures du soir, il lui est rendu compte des mesures d'ordre public prises par la municipalité de Hautefontaine et il reçoit du département le texte des décrets de l'Assemblée nationale.

La nouvelle de l'arrestation du roi à Varennes-en-Argonne ramena le calme dans les esprits.



Décret de l'Assemblée nationale portant qu'on ait à rechercher la famille royale, 21 juin 1791, expédition authentique reçue par le département de la Meuse.
L'expédition du décret est signée par Alexandre de Beauharnais, président de l'Assemblée nationale, premier mari de la future impératrice Joséphine, guillotiné le 23 juillet 1794, et de Régnier, député de la Meurthe, futur ministre de la Justice de l'Empire et duc de Massa.
( Archives départementales de Meurthe-et-Moselle )

Merci pour ces documents d'archive. Ils sont bien nombreux à signer le registre de Compiègne...

Oui, n'est-ce pas ! Tous signent, comme un seul homme, la fable de l'enlèvement du roi.

Concernant la malheureuse fuite de la famille royale à qui la faute de la capture de la famille royale ?
Au marquis de Bouillé et au duc de Choiseul ?

Les rois furent capturés parce que les troupes n'étaient pas là pour les garder et ces troupes étaient sous le commandement de ces deux hommes.

Honnêtement, je ne comprends pas le roi Louis XVI. Depuis la chute de la Bastille, il aurait dû commander la résistance et fuir avec sa famille vers une forteresse. Il n'agit pas, attendant passivement un miracle de Dieu et se soumettant à tout ce que veut l'Assemblée pour « ne pas verser le sang des Français ». Il a constaté que l'Assemblée sapait de plus en plus son autorité, qu'elle ne se souciait pas d'arrêter le crime et même alors, il n'a résisté qu'une seule fois en opposant son veto à l'expulsion de prêtres non assermentés. C'était un homme vertueux, bon mais faible et sans aucune vision du danger qu'ils couraient, alors qu'il était clair que l'Assemblée préparait la République.

Plan de Montmédy au XVIIIe que je viens d’acquérir sur EBay

Le responsable de cet échec, c'est Louis XVI.

Dès le départ, il n'y croit pas, il ne veut pas. Marie-Antoinette et Fersen s'occupent de tout, il ne veut pas s'en mêler, on a presque l'impression qu'il se fait enlever. Quand il est reconnu, il baisse les bras tout de suite et quand il a la possibilité de s'en sortir par la force, il refuse.
La berline trop lourde, le retard, les approximations, tout ça c'est du détail. Qu'il ait perdu l'amour de son peuple, il refuse de le croire, viscéralement. Si on ajoute à ça ses scrupules religieux, sa foi aveugle, tout est consommé.

Certains diront que ce refus était tout à son honneur de souverain. Peut-être, n'empêche qu'au passage, il a condamné à mort sa femme, son fils et sa sœur.