Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
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Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Les derniers échanges au sujet des portraits de la reine en cavalière par Brun m’ont incité à relire attentivement le catalogue de l’exposition consacrée à ce peintre en 2016 (« Louis-Auguste Brun, peintre de Marie-Antoinette, de Prangins à Versailles », la Bibliothèque des Arts, 2016).
Je l’avais parcouru rapidement à sa sortie, la réattribution d’un portrait de la reine à une autre princesse, cette fois la comtesse de Provence, me paraissant des plus contestables. Je n’ai rien par principe contre les réattributions car les connaissances évoluent, mais j’ai besoin d’arguments solides et convaincants (à défaut des sources indiscutables qui le plus souvent nous manquent). Or Je n’en trouve aucun dans l’article signé par Laurent Hugues (« En marge de l’Académie royale, artistes étrangers et peintres non académiciens au service de la famille royale sous Louis XVI », pages 64 à 75).
Je suis même plutôt embarrassé qu’un spécialiste aussi émérite assoie son hypothèse sur la seule observation, très vague, d’un sourcil épais et d’un œil noir. J’y reviendrai une autre fois dans le fil consacré à Brun car cette interprétation, reprise avec empressement par la très rigoureuse Aurore Chéry, me semble être une farce.
Laurent Hugues est un grand spécialiste du portrait de cour au XVIIIe siècle. L’article qu’il a signé sur « La famille royale et ses portraitistes sous Louis XV et Louis XVI » dans le collectif « De soie et de poudre » fait autorité (Actes Sud, 2003, sous la direction de Xavier Salmon). Son intervention sur « Les dons de portraits du roi sous Louis XVI » lors du colloque « Political Portraiture in the United States and France during the Revolutionary and Federal areas, ca. 1776-1814 » est une autre synthèse de grande qualité. (Ce colloque à la National Portrait Gallery de Washington en 2014 avait été organisé par Todd Lawrence Larkin, professeur d’histoire de l’Art l’Université de l’Etat du Montana, « le » spécialiste de l’iconographie de Marie-Antoinette aux USA). J’étais donc plus que bien disposé en abordant son texte dans le catalogue Brun.
Malheureusement, j’y ai rencontré plusieurs difficultés, et pas simplement celle liée à Madame.
Je m’arrêterai ici à un seul détail de l’article, quand Laurent Hugues fait référence à un portrait inédit de Marie-Antoinette, pour lequel la dauphine a posé dans les années 1772-1773 devant Johann Heinrich Schmidt, jeune peintre originaire de Thuringe alors en séjour à Paris (pages 70-71).
Il écrit : « (…) cet artiste connut un succès certain à Paris et à Versailles où il demeura de 1771 à 1773, peignant notamment le Dauphin et la Dauphine (14). » La note 14 en question précise : « Arndt-Oberwartha, Zwei Porträts Louis XVI. und Marie Antoinettes von Joh. Heinr. Schmidt, in Blätter für Gemäldekunde, Theodor von Frimmel (dir.), 2/2, Vienne, 1906, pp. 41-44 ».
Un inédit ? Une référence précise ! Génial ! Mais quel dommage alors de ne pas le montrer !
J’ai donc cherché et j’ai retrouvé cette revue autrichienne sur un site universitaire allemand. Et là, surprise ! Non seulement le portrait en question ne correspond en rien à la physionomie de Marie-Antoinette, mais la coiffure du modèle conduit d’emblée à réfuter toute datation entre 1771 et 1773.
Laurent Hugues a-t-il vraiment consulté cette archive avant de la citer sans réserve ? J’en doute !
Voici l’image, je vous laisse juge…
Deux sources différentes présentent des œuvres, à l’huile ou au pastel, qui semblent découler de cette minuscule vignette (14,5 x 18 cm) de Schmidt. Bien sûr, les deux auteurs ne disent pas la même chose !
Une version au pastel, très proche du croquis, se trouve dans le « Dictionnaire en ligne des pastellistes au XVIIIe siècle » de Neil Jeffares (voir article Johann Friedrich Schmidt, page 4, reproduit en couleur page 5). Neil Jeffares reprend l’identification donnée en vente publique chez Sotheby’s en 2001, la princesse représentée est Marie-Thérèse d’Autriche (1767-1827), fille de Leopold II et de Marie-Louise d’Espagne, aînée des seize enfants du couple. C’est donc la nièce de Marie-Antoinette, c’est aussi la future reine de Saxe aux côtés de son époux Antoine 1er. La notice de Sotheby’s fait état d’une œuvre issue des collections royales de Saxe (Lot 591, 16-17 octobre 2001). C’est Neil Jeffares qui précise le nom de Schmidt en 2006, le pastel étant attribué à un anonyme lors de la vente de 2001.
Marie-Thérèse d’Autriche (1767-1827), reine de Saxe en 1827
pastel (35,0 x 28,0 cm)
Sotheby’s Amsterdam, lot 591, 16-17 octobre 2001
Une deuxième hypothèse est proposée par Xavier Salmon dans son catalogue de l’exposition « Cent portraits pour un siècle » (Musée Lambinet à Versailles, Xavier Salmon, 2019). Il y voit le portrait de Marie-Caroline Antoinette Joséphine de Savoie (1764-1782), jeune sœur de nos comtesses de Provence et d’Artois à Versailles. Remarquez que nous ne sommes pas très loin de la première hypothèse puisque, dans l’un et l’autre cas, le mari de ces dames est le même…, le quatrième fils de Frédéric IV de Saxe et de son épouse Marie-Antoinette de Bavière, le futur roi de Saxe en 1827. La princesse de Savoie est sa première épouse, celle de Parme la seconde…
Xavier Salmon voit dans ce portrait une représentation « identique » à celle d’une « autre toile (sic) de plus petites dimensions qui se trouvait en mai 1905 dans la collection de Fritz Arndt à Oberwartha près de Dresde et qui avait été publiée par son propriétaire comme un portrait de Marie-Antoinette, dauphine de France ». A bien regarder les deux princesses, je penche pour la seconde épouse plutôt que pour la première (disparue à l’âge de 18 ans). Le petit portrait d’Oberwartha me semble montrer une femme plus âgée et, si « identité » il doit y avoir, elle me paraît plus convaincante avec le pastel qui représente Marie-Thérèse d’Autriche. J’opte donc pour Jeffares et non pour Salmon.
A lire en parallèle les textes de Salmon et Hugues, je trouve les traces d’une petite querelle d’experts au sujet de Johann Heinrich Schmidt.
Déroulé en trois étapes :
1. Dans son catalogue des pastels conservés à Versailles (« Musée national du Château de Versailles, les pastels », RMN, 1997) Xavier Salmon avait prudemment attribué un petit pastel représentant le duc de Choiseul à « l’école française » (pages 132 et 133). Voici le pastel en question.
2. Or il existe un autre pastel du duc, pratiquement identique, avec en pendant le portrait de la duchesse. Ces deux portraits peints à Chanteloup sont dus à Johann Heinrich Schmidt. Laurent Hugues les présente dans le catalogue Brun (2016, pages 68 et 69), il donne ainsi une attribution que Salmon avait ignorée.
3. Salmon reprend « l’avantage » en réfutant la note de Hugues au sujet de l’inédit de Marie-Antoinette dans le catalogue de l’exposition du Musée Lambinet en 2019-2020 (mais je pense qu’il se trompe lui aussi, comme je viens de le dire...). Il reproduit à son tour les deux portraits du duc et de la duchesse qui font partie de la collection du CPDHS exposée au Muse Lambinet (pages 74 et 75). S’il fait bien référence à la version du portrait du duc conservée à Versailles (page 76) et cite son propre catalogue, il omet de préciser que l’attribution est erronée dans le texte auquel il renvoie...
Et Marie-Antoinette dans tout ça, me direz-vous ?
J’y viendrai dans les prochains jours.
Mais je crois que vous êtes déjà sur la piste, impossible en effet que le pastel de la duchesse ne vous évoque rien…
Je l’avais parcouru rapidement à sa sortie, la réattribution d’un portrait de la reine à une autre princesse, cette fois la comtesse de Provence, me paraissant des plus contestables. Je n’ai rien par principe contre les réattributions car les connaissances évoluent, mais j’ai besoin d’arguments solides et convaincants (à défaut des sources indiscutables qui le plus souvent nous manquent). Or Je n’en trouve aucun dans l’article signé par Laurent Hugues (« En marge de l’Académie royale, artistes étrangers et peintres non académiciens au service de la famille royale sous Louis XVI », pages 64 à 75).
Je suis même plutôt embarrassé qu’un spécialiste aussi émérite assoie son hypothèse sur la seule observation, très vague, d’un sourcil épais et d’un œil noir. J’y reviendrai une autre fois dans le fil consacré à Brun car cette interprétation, reprise avec empressement par la très rigoureuse Aurore Chéry, me semble être une farce.
Laurent Hugues est un grand spécialiste du portrait de cour au XVIIIe siècle. L’article qu’il a signé sur « La famille royale et ses portraitistes sous Louis XV et Louis XVI » dans le collectif « De soie et de poudre » fait autorité (Actes Sud, 2003, sous la direction de Xavier Salmon). Son intervention sur « Les dons de portraits du roi sous Louis XVI » lors du colloque « Political Portraiture in the United States and France during the Revolutionary and Federal areas, ca. 1776-1814 » est une autre synthèse de grande qualité. (Ce colloque à la National Portrait Gallery de Washington en 2014 avait été organisé par Todd Lawrence Larkin, professeur d’histoire de l’Art l’Université de l’Etat du Montana, « le » spécialiste de l’iconographie de Marie-Antoinette aux USA). J’étais donc plus que bien disposé en abordant son texte dans le catalogue Brun.
Malheureusement, j’y ai rencontré plusieurs difficultés, et pas simplement celle liée à Madame.
Je m’arrêterai ici à un seul détail de l’article, quand Laurent Hugues fait référence à un portrait inédit de Marie-Antoinette, pour lequel la dauphine a posé dans les années 1772-1773 devant Johann Heinrich Schmidt, jeune peintre originaire de Thuringe alors en séjour à Paris (pages 70-71).
Il écrit : « (…) cet artiste connut un succès certain à Paris et à Versailles où il demeura de 1771 à 1773, peignant notamment le Dauphin et la Dauphine (14). » La note 14 en question précise : « Arndt-Oberwartha, Zwei Porträts Louis XVI. und Marie Antoinettes von Joh. Heinr. Schmidt, in Blätter für Gemäldekunde, Theodor von Frimmel (dir.), 2/2, Vienne, 1906, pp. 41-44 ».
Un inédit ? Une référence précise ! Génial ! Mais quel dommage alors de ne pas le montrer !
J’ai donc cherché et j’ai retrouvé cette revue autrichienne sur un site universitaire allemand. Et là, surprise ! Non seulement le portrait en question ne correspond en rien à la physionomie de Marie-Antoinette, mais la coiffure du modèle conduit d’emblée à réfuter toute datation entre 1771 et 1773.
Laurent Hugues a-t-il vraiment consulté cette archive avant de la citer sans réserve ? J’en doute !
Voici l’image, je vous laisse juge…
Deux sources différentes présentent des œuvres, à l’huile ou au pastel, qui semblent découler de cette minuscule vignette (14,5 x 18 cm) de Schmidt. Bien sûr, les deux auteurs ne disent pas la même chose !
Une version au pastel, très proche du croquis, se trouve dans le « Dictionnaire en ligne des pastellistes au XVIIIe siècle » de Neil Jeffares (voir article Johann Friedrich Schmidt, page 4, reproduit en couleur page 5). Neil Jeffares reprend l’identification donnée en vente publique chez Sotheby’s en 2001, la princesse représentée est Marie-Thérèse d’Autriche (1767-1827), fille de Leopold II et de Marie-Louise d’Espagne, aînée des seize enfants du couple. C’est donc la nièce de Marie-Antoinette, c’est aussi la future reine de Saxe aux côtés de son époux Antoine 1er. La notice de Sotheby’s fait état d’une œuvre issue des collections royales de Saxe (Lot 591, 16-17 octobre 2001). C’est Neil Jeffares qui précise le nom de Schmidt en 2006, le pastel étant attribué à un anonyme lors de la vente de 2001.
Marie-Thérèse d’Autriche (1767-1827), reine de Saxe en 1827
pastel (35,0 x 28,0 cm)
Sotheby’s Amsterdam, lot 591, 16-17 octobre 2001
Une deuxième hypothèse est proposée par Xavier Salmon dans son catalogue de l’exposition « Cent portraits pour un siècle » (Musée Lambinet à Versailles, Xavier Salmon, 2019). Il y voit le portrait de Marie-Caroline Antoinette Joséphine de Savoie (1764-1782), jeune sœur de nos comtesses de Provence et d’Artois à Versailles. Remarquez que nous ne sommes pas très loin de la première hypothèse puisque, dans l’un et l’autre cas, le mari de ces dames est le même…, le quatrième fils de Frédéric IV de Saxe et de son épouse Marie-Antoinette de Bavière, le futur roi de Saxe en 1827. La princesse de Savoie est sa première épouse, celle de Parme la seconde…
Marie-Caroline Antoinette Joséphine de Savoie (1764-1782)
huile sur toile (37,0 x 29,7 cm)
Collection du Conservatoire du portrait du dix-huitième siècle (CPDHS)
huile sur toile (37,0 x 29,7 cm)
Collection du Conservatoire du portrait du dix-huitième siècle (CPDHS)
Xavier Salmon voit dans ce portrait une représentation « identique » à celle d’une « autre toile (sic) de plus petites dimensions qui se trouvait en mai 1905 dans la collection de Fritz Arndt à Oberwartha près de Dresde et qui avait été publiée par son propriétaire comme un portrait de Marie-Antoinette, dauphine de France ». A bien regarder les deux princesses, je penche pour la seconde épouse plutôt que pour la première (disparue à l’âge de 18 ans). Le petit portrait d’Oberwartha me semble montrer une femme plus âgée et, si « identité » il doit y avoir, elle me paraît plus convaincante avec le pastel qui représente Marie-Thérèse d’Autriche. J’opte donc pour Jeffares et non pour Salmon.
A lire en parallèle les textes de Salmon et Hugues, je trouve les traces d’une petite querelle d’experts au sujet de Johann Heinrich Schmidt.
Déroulé en trois étapes :
1. Dans son catalogue des pastels conservés à Versailles (« Musée national du Château de Versailles, les pastels », RMN, 1997) Xavier Salmon avait prudemment attribué un petit pastel représentant le duc de Choiseul à « l’école française » (pages 132 et 133). Voici le pastel en question.
Etienne-François, duc de Choiseul-Stainville (1719-1785)
pastel et rehauts de gouache blanche sur parchemin (22,3 x 17,2 cm)
Musées de Versailles et de Trianon
pastel et rehauts de gouache blanche sur parchemin (22,3 x 17,2 cm)
Musées de Versailles et de Trianon
2. Or il existe un autre pastel du duc, pratiquement identique, avec en pendant le portrait de la duchesse. Ces deux portraits peints à Chanteloup sont dus à Johann Heinrich Schmidt. Laurent Hugues les présente dans le catalogue Brun (2016, pages 68 et 69), il donne ainsi une attribution que Salmon avait ignorée.
Etienne-François de Choiseul-Stainville et Louise -Honorine Crozat du Châtel, duc et duchesse de Choiseul
pastels sur vélin (22,5 x 16,8 cm pour le duc ; 22,4 x 16,8 cm pour la duchesse)
Collection du Conservatoire du portrait du dix-huitième siècle (CPDHS)
pastels sur vélin (22,5 x 16,8 cm pour le duc ; 22,4 x 16,8 cm pour la duchesse)
Collection du Conservatoire du portrait du dix-huitième siècle (CPDHS)
3. Salmon reprend « l’avantage » en réfutant la note de Hugues au sujet de l’inédit de Marie-Antoinette dans le catalogue de l’exposition du Musée Lambinet en 2019-2020 (mais je pense qu’il se trompe lui aussi, comme je viens de le dire...). Il reproduit à son tour les deux portraits du duc et de la duchesse qui font partie de la collection du CPDHS exposée au Muse Lambinet (pages 74 et 75). S’il fait bien référence à la version du portrait du duc conservée à Versailles (page 76) et cite son propre catalogue, il omet de préciser que l’attribution est erronée dans le texte auquel il renvoie...
Et Marie-Antoinette dans tout ça, me direz-vous ?
J’y viendrai dans les prochains jours.
Mais je crois que vous êtes déjà sur la piste, impossible en effet que le pastel de la duchesse ne vous évoque rien…
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Je vous vois venir...
A nouveau merci, cher Bonnefoy, pour le partage de vos recherches.
Je poste ci-après une version avec couleurs du pastel évoqué ci-dessus. Nous l'avions posté dans le sujet : Etienne-François de Choiseul
Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul (1719-1785)
Anonyme français
Pastel et rehauts de gouache
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
A nouveau merci, cher Bonnefoy, pour le partage de vos recherches.
Je poste ci-après une version avec couleurs du pastel évoqué ci-dessus. Nous l'avions posté dans le sujet : Etienne-François de Choiseul
Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul (1719-1785)
Anonyme français
Pastel et rehauts de gouache
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
La nuit, la neige a écrit:Je poste ci-après une version avec couleurs du pastel évoqué ci-dessus.
Ah merci, cela change tout! Ce catalogue des pastels est désormais bien daté, il mériterait une édition en couleurs avec de nouvelles prises de vue.
Et que dire des introuvables catalogues des peintures du Musée par Claire Constans en 1985?...
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Bonnefoy du Plan a écrit:
Et Marie-Antoinette dans tout ça, me direz-vous ?
J’y viendrai dans les prochains jours.
Tout vient à point pour qui sait attendre !
Nous sommes suspendus à votre clavier, cher Bonnefoy .
Bonnefoy du Plan a écrit:J’y reviendrai une autre fois dans le fil consacré à Brun car cette interprétation, reprise avec empressement par la très rigoureuse Aurore Chéry, me semble être une farce.
M'est avis qu'Aurore Chéry a un parterre de groupies dans notre Forum !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55512
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
La ressemblance avec la reine de Saxe, jusqu'aux inflexions des sourcils, est très convaincante.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Bonnefoy du Plan a écrit:Et Marie-Antoinette dans tout ça, me direz-vous ?
J’y viendrai dans les prochains jours
Qui est donc Johann Heinrich Schmidt, dont l’exposition « 100 portraits pour un siècle » présentait trois tableaux à Versailles, en 2019-2020 au Musée Lambinet (le duc et la duchesse de Choiseul, au pastel ; Marie-Caroline de Savoie, sœur cadette des comtesses de Provence et d’Artois, à l’huile) ?
Originaire de Hildburghausen en Thuringe, Schmidt commence une carrière de portraitiste à la Cour de Saxe à l’âge de vingt ans. L’électeur envoie très vite le jeune artiste à Paris se perfectionner à l’Académie royale de Peinture et de Sculpture où il devient l’élève de Jean-Baptiste Marie Pierre en juin 1771. Le peintre s’illustre dès lors auprès d’une clientèle choisie et Xavier Salmon souligne qu’il est considéré « comme un habile portraitiste, capable de saisir la ressemblance en deux séances ».
Cette particularité fait son succès et les portes de la Cour et de la Ville lui sont largement ouvertes. Ses papiers personnels confirment qu’il ne réalise pas moins de 117* portraits pendant son premier séjour en France, de 1771 à 1773.
(* information extraite à la page 42 de l’article de Fritz Arndt dans la revue Blätter für Gemäldekunde : « Arndt-Oberwartha, Zwei Porträts Louis XVI. und Marie Antoinettes von Joh. Heinr. Schmidt, in Blätter für Gemäldekunde, Theodor von Frimmel (dir.), 2/2, Vienne, 1906 »)
Johann Heinrich travaille vite, ses portraits sont alors presqu’exclusivement des effigies de petit format, voire de très petit format, les dimensions typiques que j’ai relevées pour ses pastels (l’essentiel alors de sa production) ne dépassant pas 16 à 25cm en hauteur pour 13 à 20 en largeur. Le peintre part d’un prototype où les modèles sont représentés de trois quarts, en buste et sans les mains. Il s’intéresse essentiellement au visage et son habileté à en saisir l’expression fait tout l’intérêt d’une production de qualité, au caractère souvent très intime.
A la cour de Versailles, il peint notamment la jeune comtesse de Provence. Satisfaite de son portrait, Madame l’envoie à Turin en mars 1773 faire celui de sa sœur Marie-Thérèse, future comtesse d’Artois, attendue à Versailles en novembre. Le 19 mars, le comte de la Marmora, ambassadeur du roi de Sardaigne, écrit ainsi à Monsieur de Lascaris, son Ministre des Affaires étrangères : « Madame la comtesse de Provence, qui m’avait déjà prévenu il y a quelques jours qu’elle souhaitait fort envoyer à Turin un peintre qui put lui rapporter un portrait ressemblant de Madame Marie-Thérèse sa sœur, et peint de la manière la plus conforme au goût de ce pays-ci, et qui m’avait même presque ordonné d’en faire partir un, m’a envoyé lundi dernier le sieur Schmidt, peintre en pastel et à l’huile en figures de petite grandeur, qui a beaucoup de succès ici par son habileté à saisir les ressemblances et à les rendre avec tout l’avantage dont elles sont susceptibles ; et elle l’accompagne de la lettre dont je joins ici copie, par laquelle elle verra que cette princesse me prescrit de le faire passer sans délai à Turin. » (Catalogue de l’exposition au Musée Lambinet, Xavier Salmon, p.75).
Schmidt arrive à Turin début avril et se met tout de suite au travail. La correspondance entre Marie-Antoinette d’Espagne, reine de Sardaigne, et sa fille à Versailles précise qu’il travaille aussi au portrait du roi Victor-Amédée III : « Le roi a eu Schmidt qui a entrepris son portrait à l’huile sur la toile et de grandeur naturelle. Il a été environ trois quarts d’heure par pièces et morceaux et je vous assure que sa physionomie y est déjà. Il va toujours beaucoup mieux que ce vieux [inconnu] qui est venu cent fois pour faire un mauvais portrait qu’il n’a pas achevé et qui reviendra cent autres pour un second qu’il a ébauché hier, c’est-à-dire crayonné, mais il semble un peu moins mal. Ce qui pis est, est que je suis menacée aussi de toutes ces peintures. Jugez de ma joie ! » (Article Johann Heinrich Schmidt dans le « dictionnaire des pastellistes avant 1800 », Neil Jeffares, p. 1).
Citation intéressante à plus d’un titre. Elle souligne tout d’abord la difficulté pour les cours « périphériques » de disposer d’un bon peintre, capable de répondre aux commandes officielles les plus exigeantes. C’est à des artistes de passage, appelés parfois à grand frais, qu’il revient alors le plus souvent de peindre les grands portraits d’apparat. Anton Mengs a ainsi laissé du couple royal de Turin de très beaux tableaux (dont copies à Versailles). Ensuite, la reine nous apprend que Schmidt travaille à l’huile, mais alors pour une toile de « grandeur naturelle ».
Dès le 17 mai, Johann Heinrich est de retour à Versailles et livre son portrait à Madame. Marie-Joséphine est à nouveau satisfaite et Schmidt reprendra bientôt la route de Turin pour un second séjour à la Cour de Piémont-Sardaigne et d’autres portraits. En 1775, il est de retour à Dresde, il y poursuit sa carrière à la cour avant de s’illustrer plus tard en Russie.
Le « dictionnaire en ligne des pastellistes avant 1800 » (http://www.pastellists.com) de Neil Jeffares consacre neuf pages à Johann Friedrich Schmidt. Voici quelques exemples de la production de ce peintre au moment de son séjour en France, ou juste avant. Il a alors entre 20 et 22 ans :
De gauche à droite, Louise-Gabrielle de Châtillon, duchesse de Sully ; Madame ; Louise -Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul ; Marie-Antoinette de Bavière, reine de Saxe
(source Neil Jeffares, dictionnaire en ligne des pastellistes du XVIIIe siècle, article J.H. Schmidt)
Même approche, tout aussi caractéristique, pour les tableaux d’hommes. Les deux premiers datent du séjour parisien, les deux autres font partie de la production de Schmidt à Dresde en 1770 :
De gauche à droite : Louis de Jarente, évêque d’Orléans ; le duc de Choiseul ; le prince Antoine de Saxe, roi en 1827 (époux des deux princesses également peintes par Schmidt et reproduites dans mon premier article) ; le prince Frédéric-Auguste de Saxe, électeur de Saxe de 1763 à 1806, puis premier roi de Saxe en 1806 (frère aîné du précédent ; Marie-Antoinette de Bavière, ci-dessus, est leur mère)
(source Neil Jeffares, dictionnaire en ligne des pastellistes du XVIIIe siècle, article J.H. Schmidt)
Les portraits de Madame et de la duchesse de Choiseul renvoient à trois petits portraits de Marie-Antoinette, commodément rangés jusqu’ici dans le tiroir à fonds multiples de « l’école française » …
Vous les connaissez, les voici d’abord « en petit », à la suite de celui de la comtesse de Provence.
Le premier est bien documenté depuis les travaux d’Albert Vuaflart et d’Henri Bourin sur l’iconographie de Marie-Antoinette (« Les portraits de Marie-Antoinette, Volume II, La Dauphine 1770-1774, Paris, 1910 », p. 38), il est aussi reproduit sur Gallica dans les archives photographiques de la Collection De Vinck (N°5571). Les deux chercheurs précisent d’emblée qu’il s’agit d’une « copie moderne d’un original exécuté en 1771 ». Précision intéressante : « Le duc de Choiseul le posséda ».
Les deux auteurs ne connaissaient manifestement pas Johann Heinrich Schmidt, aussi vont-ils chercher la source du portrait chez Ducreux et Van Loo, pistes sur lesquelles je ne les suis pas. Ils expriment aussi une interrogation sur le voile disposé sur la gorge, qui « s’accorde mal avec la mode de l’époque, et nous pensons qu’il a été rajouté sur la copie moderne destiné à l’évêque d’Orléans ». Il sera intéressant de lire notre Marie-Jeanne à ce sujet, car j’observe plus haut que les gorges sont couvertes, y compris chez une femme aussi jeune que la comtesse de Provence. La copie tardive pourrait donc avoir repris un détail qui figurait déjà sur l’original…
Les dimensions de la toile reprennent le format usuel chez Schmidt. Il est permis d’y voir une copie à l’identique d’un original de Schmidt (probablement un pastel) en possession des Choiseul, que le peintre avait aussi portraiturés comme nous l’avons vu. Ce portrait autographe de la dauphine était-il l’original peint à Versailles en sa présence, ou une copie – avec variante, peut-être – destinée à Choiseul ? Pas de certitudes ici, il faut bien que certaines questions demeurent… Malheureusement, nous ne connaissons aujourd’hui ni la version Choiseul, ni celle de l’évêque, toutes deux perdues ou non localisées.
Je ne retiens pas l’attribution d’Olivier Blanc à Drouais (« Portraits de femme, Carpentier, 2006 », p. 111). Il date bien la toile de 1771 mais la situe dans l’ancienne collection de Mouchy (?), sans prendre pour autant la peine d’expliquer sur quelles sources « inédites » il s’appuie. Drouais ? Pour un portrait de format 19 x 25 cm ? Alors que cet artiste – qui a déjà manqué le rendez-vous de Vienne ! – n’a jamais peint la dauphine et qu’il livre en série de magnifiques portraits de Madame du Barry depuis (et pour encore) quelques années ? Une façon bien curieuse de faire sa cour et de préparer l’avenir… Non, Drouais n’est pas une piste sérieuse.
Copie de la seconde moitié du XIXe siècle d’un original réalisé en 1771 pour le duc de Choiseul
huile sur toile (19 x 25cm)
Johann Heinrich Schmidt, auteur probable de l’original
Début du XXe siècle au Château de la Jonchère (Loiret), collection du comte de Lacombe
Le deuxième tableau est une version en couleur du premier. Il est issu de la collection Louis Weiler et – si je ne fais pas erreur (?) – sa dernière présentation en vente publique date du 5 avril 2011, chez Gros & Delettrez (Lot 40). La toile est donnée comme un travail de « l’école française, vers 1770, entourage de François-Hubert Drouais », une attribution qui renvoie au livre d’Olivier Blanc.
C’est encore un petit format (16 x 20 cm), tout-à-fait compatible avec le travail de Schmidt. Sommes-nous vraiment en présence d’une toile du XVIIIe siècle ? Et si c’est bien le cas, pourrait-il s’agir du tableau de l’ancienne collection Choiseul ? Johann Heinrich réalise avant tout des pastels, mais il n’est pas à exclure qu’il ait préféré l’huile pour la dauphine. Il emploie aussi cette technique, la reine de Sardaigne nous a renseigné sur ce point. Mais alors pourquoi n’avoir pas élargi le format (on se souvient que la reine précise que le roi de Sardaigne est peint « à l’huile sur la toile et de grandeur naturelle »). C’est une difficulté suffisante, je crois, pour attribuer ce portrait sans réserve à Johann Heinrich Schmidt lui-même. Mais à défaut d’un original, il pourrait à nouveau s’agir d’une copie, plus ancienne que la précédente pour Mgr Dupanloup, qui respecterait le format tout en modifiant la technique de l’original.
Quoi qu’il en soit, l’enchère s’est envolée en 2011, le prestige d’une grande collection et l’identité du modèle faisant en règle générale le bonheur du commissaire-priseur.
Huile sur toile (16 x 20 cm), dix-huitième siècle
Johann Heinrich Schmidt, auteur de l’original ici probablement copié
ancienne collection Louis Weiler (vente publique Gros & Delettrez, Paris, 5 avril 2011, Lot 40)
Le troisième tableau conserve les caractéristiques essentielles du modèle mais propose une mise en situation différente. La dignité royale de la jeune femme est ici soulignée, mais on reconnait bien la dauphine : ce sont les mêmes yeux en amandes (le même regard, un peu tombant, dont Gautier Dagoty donnera lui aussi une interprétation très stylisée et diversement appréciée), la même coiffure et jusqu’à la boucle d’oreille identique.
Ce n’est ni un pastel, ni une huile sur toile, mais une huile sur cuivre. Le format est toujours aussi réduit :
17 x 23 cm.
Avant restauration, dans son improbable encadrement au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux
J’ai retrouvé dans son œuvre la preuve que Johann Heinrich Schmidt maîtrisait aussi la technique sur cuivre, même si les exemples sont plus tardifs et datent de 1801. A cette époque, Schmidt peint l’amiral Nelson et utilise un support en cuivre, avec de l’huile ou du pastel (je ne connaissais pas pour ma part le pastel sur cuivre). L’huile sur cuivre est en collection privée, le pastel sur cuivre est au National Maritime Museum de Greenwich (si je lis bien la notice). Je n’ai pas retrouvé les dimensions de la miniature à l’huile, mais le pastel fait 30 x 24 cm.
Johann Heinrich Schmidt (1749-1829)
Portrait miniature du vice-amiral Horatio Nelson, 1er vicomte Nelson KB, 1801
huile sur cuivre à gauche, collection privée
pastel sur cuivre à droite, National Maritime Museum de Greenwich (30 x 24 cm)
La pratique artistique de Johann Heinrich Schmidt n’exclut donc pas qu’un petit tableau à l’huile sur cuivre puisse lui être attribué. A ce stade, j’avancerai donc l’hypothèse que le portrait de Marie-Antoinette au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux est de la main de ce peintre. En l’absence d’identification formelle du (ou des) tableau(x) de la dauphine réalisé(s)à Versailles entre 1771 et 1773, il est possible que ce portrait soit ou bien l’original (mais alors j’aimerais retrouver la trace d’autres exemples de peintures sur cuivre au début de la carrière de Schmidt) ou bien une reprise plus tardive, lorsque le peintre était plus familier de cette technique. On peut très bien imaginer qu’il ait souhaité garder le souvenir du portrait pour lequel Marie-Antoinette avait posé dans sa jeunesse, et qu’il ait alors travaillé à partir d’un croquis préparatoire qu’il aurait conservé. J’ai commencé le premier article à partir d’un tel croquis, c’est une piste qu’il est donc légitime d’envisager.
Le portrait de Bordeaux a été restauré et la reproduction désormais disponible sur le site du Musée des Beaux-Arts en permet une tout autre appréciation.
La dauphine Marie-Antoinette à l’âge de quinze ans
Johann Heinrich Schmidt (attr.), vers 1771-1772
huile sur cuivre (23 x 17 cm)
Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, ancienne collection d’Auguste Poirson
Johann Heinrich Schmidt (attr.), vers 1771-1772
huile sur cuivre (23 x 17 cm)
Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, ancienne collection d’Auguste Poirson
En conclusion, je pense que les trois tableaux de Marie-Antoinette montrés dans ce sujet se rattachent très directement à un original peint par Johann Heinrich Schmidt en 1771 ou 1772, et que le dernier d’entre eux doit être attribué à la main même de ce peintre.
Ce portrait original était probablement au pastel, comme la plus grande partie de la production de l’artiste au début des années 1770. Les papiers de Schmidt attestent bien qu’il a fait le portrait du dauphin et la dauphine pendant son séjour en France entre 1771 et 1773. La présence d’un portrait de la dauphine, caractéristique de la production de Schmidt, dans la collection du duc de Choiseul laisse à penser que l’effigie de la dauphine a été copiée ou alors que la princesse a voulu offrir l’original à l’auteur de son mariage.
Si le premier des trois tableaux est une reprise tardive au XIXe siècle du tableau de la collection Choiseul, le second est à l’évidence une copie plus ancienne ; elle pourrait dater de l’époque à laquelle l’original a été peint, à supposer qu’il ne s’agisse pas de l’original lui-même (?). Il faudrait pouvoir expertiser le tableau et s’assurer pour commencer qu’il date bien du XVIIIe siècle. Ensuite, il faudrait retenir l’idée que Schmidt a peint la dauphine à l’huile plutôt qu’au pastel, sans pour autant changer de format. Lorsqu’il est envoyé à Turin, Schmidt est présenté par l’ambassadeur comme « peintre en pastel et à l’huile en figures de petite grandeur ». Mais au regard de sa production du moment, je considère l’hypothèse d’un original à l’huile plus faible, sans être pour autant impossible. Je penche donc ici pour la copie.
Le dernier tableau, d’une technique différente sur cuivre, est celui des trois qui me paraît présenter le plus de titres pour une attribution à Johann Heinrich Schmidt lui-même. Mais alors, plutôt que l’original de 1771-1772, il pourrait s’agir d’une reprise tardive par son auteur du portrait de la dauphine, disparu depuis, ou encore d’une variante de celui-ci. Cette réplique pourrait être datée de l’époque où le peintre travaille sur le cuivre et une meilleure connaissance de son œuvre permettrait de proposer une date.
Un tableau commémoratif, peut-être, nimbé d’une nostalgie qu’exprime le sourire à peine esquissé de la jeune princesse ?
Une petite réflexion pour terminer vraiment.
L’iconographie de Marie-Antoinette reste considérable en dépit des autodafés du citoyen Garat et de ses acolytes incendiaires de moindre envergure. S’y ajoutent quantités de témoignages sur le vif, que les observateurs de la cour et les visiteurs de passage ont consigné dans leurs mémoires et souvenirs. Le rapprochement entre les deux est souvent frappant, tellement ils se complètent et se recoupent.
Un portrait cherche à « attraper la ressemblance » mais il doit surtout réussir à dire "quelque chose" sur l’identité profonde du modèle, sinon il reste muet. Celui du comte de Provence que j’ai posté l’autre jour (l’étude en buste par Duplessis) me reste en mémoire tant il me renvoie une image conforme à celle que j’ai du bonhomme (pour dire comme Eléonore). Pour la reine, et sans aucune intention d’ouvrir un sujet à tiroirs, je n’ai jamais suivi les commentaires des XIXe et XXe siècles qui ont tous ou presque systématiquement préféré les portraits les moins « flatteurs », sous prétexte qu’ils seraient le gage d’une plus grande sincérité chez l’artiste. Non sans arrière-pensées politiques, aussi claires et précises d’ailleurs que leurs sources documentaires sont bancales ! Et tous ces doctes messieurs de disserter, à longueur d’articles et avec une mâle certitude, sur la beauté de la reine, pour conclure évidemment qu’elle n’existait pas. La question de la sincérité du peintre est légitime, bien sûr, mais aussi – mais surtout, me semble-t-il ! – celle de la maîtrise de son art. Feriez-vous confiance aujourd’hui à un photographe irréprochable pour les cadrages mais incapable de régler ses lumières ?
Face à un tableau, j’ai aussi besoin de connaître les conditions dans lesquelles il a été peint pour en nuancer l’appréciation. Ce n’est pas la même chose en effet de parler d’un portrait pour lequel le modèle a posé et d’un autre simplement copié à partir d’un « prototype » fait pour être répliqué. J’éprouve parfois de la gêne à lire certains commentaires peu informés qui privilégient, encore aujourd’hui, les seconds aux dépens des premiers. Boze plutôt que Vigée Le Brun en somme, et je caricature à peine ! Même maladroit, un portrait « posé » me semblera toujours avoir « quelque chose en plus » à exprimer. Je ne dis pas que les autres n’auraient rien à raconter sur le personnage, mais ils sont pour moi dans une autre catégorie.
Sans doute Johann Heinrich Schmidt n’est-il pas un peintre considérable mais il a sur beaucoup d’autres un avantage certain : la dauphine a posé pour lui, il n’a pas recopié un modèle. Et, si l’hypothèse que je présente a quelque fondement, il nous montre alors une Marie-Antoinette telle qu’il faut l’imaginer en ces années 1771 / 1772, une toute jeune fille encore, réservée et – semble-t-il – manquant encore beaucoup d’assurance.
Joli portrait, limité dans son ambition, certes, mais émouvant et sensible.
Portrait sans collier, sans polémique…
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
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Localisation : Le Maine
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
La gorge recouverte de cette manière n'est pas impossible à cette date, bien que non adéquate aux codes versaillais. Cette forme n'est pas commune à la cour de France, ou traditionnellement on portait une palatine, sorte de longue écharpe de dentelle plus ou moins sophistiquée, croisée dans le décolleté. Ce qui me fait penser, avec une quasi certitude, que ce portrait est une œuvre destinée au domaine privée.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
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Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
privÉ !
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
A mon tour de...
Merci beaucoup, cher Bonnefoy, pour le partage de vos recherches et de vos inédits !
Rien à ajouter à cette brillante démonstration, sauf peut-être quelques illustrations complémentaires dans ce sujet :
La version non encore restaurée, mais sans son " improbable "cadre, du portrait conservé au musée des Beaux-Arts de Bordeaux :
Voir notre sujet : Portraits de Marie-Antoinette, non attribués
Après restauration, donc :
La dauphine Marie-Antoinette à l’âge de quinze ans
Johann Heinrich Schmidt (attr.), vers 1771-1772
huile sur cuivre (23 x 17 cm)
Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, ancienne collection d’Auguste Poirson
Une image du portrait vendu aux enchères en 2011, mais cette fois-ci avec son cadre (à peine moins improbable que l'autre ). Les petites dimensions de ces portraits sont d'autant plus remarquables avec leurs cadres...
Voir notre sujet : Portraits de Marie-Antoinette par et d'après François-Hubert Drouais
Merci beaucoup, cher Bonnefoy, pour le partage de vos recherches et de vos inédits !
Rien à ajouter à cette brillante démonstration, sauf peut-être quelques illustrations complémentaires dans ce sujet :
La version non encore restaurée, mais sans son " improbable "cadre, du portrait conservé au musée des Beaux-Arts de Bordeaux :
Voir notre sujet : Portraits de Marie-Antoinette, non attribués
Après restauration, donc :
La dauphine Marie-Antoinette à l’âge de quinze ans
Johann Heinrich Schmidt (attr.), vers 1771-1772
huile sur cuivre (23 x 17 cm)
Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, ancienne collection d’Auguste Poirson
Une image du portrait vendu aux enchères en 2011, mais cette fois-ci avec son cadre (à peine moins improbable que l'autre ). Les petites dimensions de ces portraits sont d'autant plus remarquables avec leurs cadres...
Voir notre sujet : Portraits de Marie-Antoinette par et d'après François-Hubert Drouais
Dernière édition par La nuit, la neige le Sam 13 Mar 2021, 22:53, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18138
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Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Passionnant ! Bravo cher Bonnefoy ! Et quel travail de bénédictin !!!
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Inégalable Bonnefoy, nous buvons vos paroles ... Merci, merci !
C'est étrange, ces yeux de cocker de Marie-Antoinette dans le portrait conservé à Bordeaux reflètent une infinie tristesse qui étonne chez une toute jeune-fille . Le sourire n'est qu'une timide ébauche . Pauvre petite !
C'est étrange, ces yeux de cocker de Marie-Antoinette dans le portrait conservé à Bordeaux reflètent une infinie tristesse qui étonne chez une toute jeune-fille . Le sourire n'est qu'une timide ébauche . Pauvre petite !
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Mme de Sabran- Messages : 55512
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Mme de Sabran a écrit:Inégalable Bonnefoy, nous buvons vos paroles ... Merci, merci !
C'est étrange, ces yeux de cocker de Marie-Antoinette dans le portrait conservé à Bordeaux reflètent une infinie tristesse qui étonne chez une toute jeune-fille . Le sourire n'est qu'une timide ébauche . Pauvre petite !
Mille fois merci cher Bonnefoy pour votre exposé clair comme de l'eau de la Ville d'Avray
Quant à la dauphine, pas étonnant qu'un voile de tristesse plane sur son visage juvénile. Etre arrachée de son pays natal en tant que teenager, ne plus voir sa famille, pour se retrouver seule et sans appui dans un pays étranger, pour épouser un parfait inconnu, il n'y avait pas de quoi être très gai...
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Je suis content que cet article sur Johann Heinrich Schmidt vous ait intéressé!
Merci de vos encouragements, de vos commentaires et illustrations en complément.
Les énigmes à résoudre restent si nombreuses…
Si les réponses ne sont pas toujours accessibles, essayons au moins de poser les bonnes questions et d’éliminer les fausses pistes. Je pense resserrer mon article pour l’envoyer à Bordeaux où les conservateurs en charge trouveront peut-être quelque utilité à poursuivre les recherches dans la direction que je propose.
Ceci dit je reviens sur une grosse bêtise que j’ai sans doute écrite en faisant référence à un « pastel sur cuivre »
La mention de cette technique était d’ailleurs un sujet d’étonnement suffisant pour que j’ajoute tout de suite après dans l'article « (je ne connaissais pas pour ma part le pastel sur cuivre) », et aussi la légende consultée dans le « dictionary of pastellists before 1800 » :
La consultation du site du National Maritime Museum de Greenwich permet d’accéder au pastel de Nelson, ainsi qu’à d’autres par Schmidt, mais sans retrouver de mention quelconque au sujet du cuivre. Je vais donc interroger le musée pour clarifier ce point et sans doute aussi directement Neil Jeffares pour comprendre ce que j’ai mal lu dans sa légende…
J’aurai donc je l’espère très vite l’occasion de revenir sur ce petit « mystère ». Cette remarque n’enlève rien au fait que l’huile sur cuivre du même Nelson est attestée dans une collection privée, et que Schmidt a bien travaillé cette technique que l’on retrouve à Bordeaux.
Merci de vos encouragements, de vos commentaires et illustrations en complément.
Les énigmes à résoudre restent si nombreuses…
Si les réponses ne sont pas toujours accessibles, essayons au moins de poser les bonnes questions et d’éliminer les fausses pistes. Je pense resserrer mon article pour l’envoyer à Bordeaux où les conservateurs en charge trouveront peut-être quelque utilité à poursuivre les recherches dans la direction que je propose.
Ceci dit je reviens sur une grosse bêtise que j’ai sans doute écrite en faisant référence à un « pastel sur cuivre »
La mention de cette technique était d’ailleurs un sujet d’étonnement suffisant pour que j’ajoute tout de suite après dans l'article « (je ne connaissais pas pour ma part le pastel sur cuivre) », et aussi la légende consultée dans le « dictionary of pastellists before 1800 » :
La consultation du site du National Maritime Museum de Greenwich permet d’accéder au pastel de Nelson, ainsi qu’à d’autres par Schmidt, mais sans retrouver de mention quelconque au sujet du cuivre. Je vais donc interroger le musée pour clarifier ce point et sans doute aussi directement Neil Jeffares pour comprendre ce que j’ai mal lu dans sa légende…
J’aurai donc je l’espère très vite l’occasion de revenir sur ce petit « mystère ». Cette remarque n’enlève rien au fait que l’huile sur cuivre du même Nelson est attestée dans une collection privée, et que Schmidt a bien travaillé cette technique que l’on retrouve à Bordeaux.
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Taratata !Bonnefoy du Plan a écrit:
Ceci dit je reviens sur une grosse bêtise que j’ai sans doute écrite en faisant référence à un « pastel sur cuivre »
Je suis bien tranquille que vous allez nous tirer au clair cette petite méprise avec votre brio habituel, cher Bonnefoy .
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Mme de Sabran- Messages : 55512
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
La semaine passée, fut vendu en vente aux enchères un portrait au pastel dont l'attribution de l'auteur est celle de son modèle n'ont pas été communiqués par les experts.
Il était simplement présenté comme un...
Portrait de jeune fille
Ecole française du XVIIIe siècle
Pastel. 21,5 x 16 cm
* Source et infos complémentaires : Ader Nordmann & Dominique - Paris, vente du 20 mai 2022
Voici le portrait photographié avec son cadre dans la salle d'exposition peu avant la vente. Le pastel étant encadré sous verre, la photographie est difficile !
1) Autant que je puisse en juger sur une image et avec ces quelques infirmations : le sujet, le format, la technique et le style me font penser à quelques-uns des portraits au pastel de Johann Heinrich Schmidt que nous présentons dans ce sujet.
Je vous renvoie à la lecture des recherches passionnantes de notre ami Bonnefoy du Plan, et en particulier à son article publié ci-dessus (dont la lecture est obligatoire !!!) :
Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-73
ainsi qu'au travail Neil Jeffares, bien connu ici grâce à son incontournable Dictionary of pastellists before 1800 dans lequel un article illustré est consacré à :
Johann Heinrich Schmidt
Par exemple (et jusqu'au cadre, qui est le même) :
A gauche : portrait de Louise-Gabrielle de Châtillon, duchesse de Sully
Johann Heinrich Schmidt
18e siècle
Pastel, 16 x 21,7 cm
Image et infos complémentaires : LM Galerie, Paris
Ou encore, même combat...
A gauche : portrait de Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul
Johann Heinrich Schmidt
Pastel, 16,5 cm x 22,5 cm
Image et infos complémentaires : Artcurial
2) J'ajoute que je crois voir là un portrait de la toute jeune Marie-Antoinette, dauphine...
Et je vous renvoie bien sûr à la lecture (obligatoire !! ) de l'article de notre ami Bonnefoy, et en particulier son analyse détaillée de....
J'ignore si ce portrait pourrait être le pastel "matrice" évoqué par Bonnefoy ou s'il s'agit d'une version dessinée par l'artiste, la seule ici avec cette technique et ce support, caractéristiques de Schmidt ?
Mais s'il est désormais admis que les trois huiles (copies et/ou variante tardive), sont bien des portraits de Marie-Antoinette, alors je n'ai guère de doute que celui-ci en est un autre...
Et en particulier si on le compare au troisième, qui serait le plus " attribuable " à l'artiste lui-même.
Il était simplement présenté comme un...
Portrait de jeune fille
Ecole française du XVIIIe siècle
Pastel. 21,5 x 16 cm
* Source et infos complémentaires : Ader Nordmann & Dominique - Paris, vente du 20 mai 2022
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Voici le portrait photographié avec son cadre dans la salle d'exposition peu avant la vente. Le pastel étant encadré sous verre, la photographie est difficile !
1) Autant que je puisse en juger sur une image et avec ces quelques infirmations : le sujet, le format, la technique et le style me font penser à quelques-uns des portraits au pastel de Johann Heinrich Schmidt que nous présentons dans ce sujet.
Je vous renvoie à la lecture des recherches passionnantes de notre ami Bonnefoy du Plan, et en particulier à son article publié ci-dessus (dont la lecture est obligatoire !!!) :
Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-73
ainsi qu'au travail Neil Jeffares, bien connu ici grâce à son incontournable Dictionary of pastellists before 1800 dans lequel un article illustré est consacré à :
Johann Heinrich Schmidt
Bonnefoy du Plan a écrit:
Voici quelques exemples de la production de ce peintre au moment de son séjour en France, ou juste avant. Il a alors entre 20 et 22 ans :
De gauche à droite, Louise-Gabrielle de Châtillon, duchesse de Sully ; Madame ; Louise -Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul ; Marie-Antoinette de Bavière, reine de Saxe
(source Neil Jeffares, dictionnaire en ligne des pastellistes du XVIIIe siècle, article J.H. Schmidt)
Même approche, tout aussi caractéristique, pour les tableaux d’hommes. Les deux premiers datent du séjour parisien, les deux autres font partie de la production de Schmidt à Dresde en 1770 :
De gauche à droite : Louis de Jarente, évêque d’Orléans ; le duc de Choiseul ; le prince Antoine de Saxe, roi en 1827 (époux des deux princesses également peintes par Schmidt et reproduites dans mon premier article) ; le prince Frédéric-Auguste de Saxe, électeur de Saxe de 1763 à 1806, puis premier roi de Saxe en 1806 (frère aîné du précédent ; Marie-Antoinette de Bavière, ci-dessus, est leur mère)
(source Neil Jeffares, dictionnaire en ligne des pastellistes du XVIIIe siècle, article J.H. Schmidt)
Par exemple (et jusqu'au cadre, qui est le même) :
A gauche : portrait de Louise-Gabrielle de Châtillon, duchesse de Sully
Johann Heinrich Schmidt
18e siècle
Pastel, 16 x 21,7 cm
Image et infos complémentaires : LM Galerie, Paris
Ou encore, même combat...
A gauche : portrait de Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul
Johann Heinrich Schmidt
Pastel, 16,5 cm x 22,5 cm
Image et infos complémentaires : Artcurial
2) J'ajoute que je crois voir là un portrait de la toute jeune Marie-Antoinette, dauphine...
Et je vous renvoie bien sûr à la lecture (obligatoire !! ) de l'article de notre ami Bonnefoy, et en particulier son analyse détaillée de....
Bonnefoy du Plan a écrit:
(...) trois petits portraits de Marie-Antoinette, commodément rangés jusqu’ici dans le tiroir à fonds multiples de « l’école française »
(...)
(...)
(...)
En conclusion, je pense que les trois tableaux de Marie-Antoinette montrés dans ce sujet se rattachent très directement à un original peint par Johann Heinrich Schmidt en 1771 ou 1772, et que le dernier d’entre eux doit être attribué à la main même de ce peintre.
J'ignore si ce portrait pourrait être le pastel "matrice" évoqué par Bonnefoy ou s'il s'agit d'une version dessinée par l'artiste, la seule ici avec cette technique et ce support, caractéristiques de Schmidt ?
Mais s'il est désormais admis que les trois huiles (copies et/ou variante tardive), sont bien des portraits de Marie-Antoinette, alors je n'ai guère de doute que celui-ci en est un autre...
Et en particulier si on le compare au troisième, qui serait le plus " attribuable " à l'artiste lui-même.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Cher La nuit, la neige, je crois reconnaître aussi la toute jeune Marie-Antoinette dans ce portrait. Mais cette fois, plus que simplement triste, comme l'indiquait Mme de Sabran, elle paraît au bord des larmes... Je trouve ce portrait extrêmement touchant. La personne qui le possède aujourd'hui a beaucoup de chance !
Reine Hortense- Messages : 79
Date d'inscription : 07/08/2020
Localisation : Paris
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
C'est plutôt école allemande alors...
Encore des experts fainéants qui ne veulent pas faire leur boulot !
Encore des experts fainéants qui ne veulent pas faire leur boulot !
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Bravo mon cher LNLN d'avoir identifié, et le peintre et le modèle.
Même cadre, mêmes dimensions, même représentation à demi-buste, le petit ruban dans le corsage si caractéristique : moi aussi, je pense que nous sommes en présence d'une oeuvre de Johann Heinrich Schmidt.
Je pense aussi que nous sommes en présence de la jeune Marie-Antoinette : cela me paraît évident lorsque l'on compare ce pastel à la peinture conservée au musée des Beaux Arts de Bordeaux. Même ovale du visage, même nez, même bouche, même couleur des yeux (même si les yeux de la peinture de Bordeaux sont un peu plus "globuleux").
Quelques détails :
Même cadre, mêmes dimensions, même représentation à demi-buste, le petit ruban dans le corsage si caractéristique : moi aussi, je pense que nous sommes en présence d'une oeuvre de Johann Heinrich Schmidt.
Je pense aussi que nous sommes en présence de la jeune Marie-Antoinette : cela me paraît évident lorsque l'on compare ce pastel à la peinture conservée au musée des Beaux Arts de Bordeaux. Même ovale du visage, même nez, même bouche, même couleur des yeux (même si les yeux de la peinture de Bordeaux sont un peu plus "globuleux").
Quelques détails :
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Voici deux photos publiées cette semaine sur le compte Twitter du Musée des arts décoratifs de Paris qui annoncent la future exposition Des cheveux et des poils organisée du 5 avril au 17 septembre 2023.
Cet adorable petit portrait de Marie-Antoinette sera l'une des 600 oeuvres présentées à l'occasion de cette exposition consacrée aux cheveux et aux poils dans le monde occidental, ou comment la coiffure et l’agencement des poils humains participent depuis des siècles à la construction des apparences.
Il est présenté ici dans sa phase d'enregistrement préparatoire au montage de l'exposition.
Images : Twitter MAD Paris
Je lis sur le "constat d'état" (première photo, en haut à droite), que l'oeuvre est toujours référencée comme celle d'un "auteur : anonyme du XVIIIe siècle".
Je vous renvoie donc aux recherches concernant le probable peintre de ce portrait, présentées par notre expert en portraits de Marie-Antoinette : ci-dessus
Cet adorable petit portrait de Marie-Antoinette sera l'une des 600 oeuvres présentées à l'occasion de cette exposition consacrée aux cheveux et aux poils dans le monde occidental, ou comment la coiffure et l’agencement des poils humains participent depuis des siècles à la construction des apparences.
Il est présenté ici dans sa phase d'enregistrement préparatoire au montage de l'exposition.
Images : Twitter MAD Paris
Je lis sur le "constat d'état" (première photo, en haut à droite), que l'oeuvre est toujours référencée comme celle d'un "auteur : anonyme du XVIIIe siècle".
Je vous renvoie donc aux recherches concernant le probable peintre de ce portrait, présentées par notre expert en portraits de Marie-Antoinette : ci-dessus
Dernière édition par La nuit, la neige le Lun 27 Mar 2023, 13:37, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
La nuit, la neige a écrit:l'oeuvre est toujours référencée comme celle d'un "auteur : anonyme du XVIIIe siècle".
Le musée de Bordeaux aurait en effet tout intérêt à consulter les experts de notre Forum, et notamment cette discussion à laquelle vous renvoyez (à l'époque qualifiée d' "utile" par Neil Jeffares. Et là, expert pour expert, le qualificatif est indiscutable...).
Il faudrait que je trouve le temps de remodeler les contributions qui précèdent pour faire un courrier à la conservation du MBA de Bordeaux. Qui sait, nous avons ainsi déjà fait changer de pied le Musée royal de Turin au sujet d'un certain pastel de Ducreux (toujours grâce à Neil Jeffares et avec l'entremise d'un collectionneur français... ).
Merci pour cette annonce!
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
PS : ils ont osé pour le cadre!!!
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
Bonnefoy du Plan a écrit:Qui sait, nous avons ainsi déjà fait changer de pied le Musée royal de Turin au sujet d'un certain pastel de Ducreux (toujours grâce à Neil Jeffares et avec l'entremise d'un collectionneur français...
Ça bosse ici, bravo à tous !
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Johann Heinrich Schmidt, peintre de la dauphine vers 1772-1773
... à vous, nos experts !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55512
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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